3 juin 2015

Le Mystère de la section 8 (1937) de Victor Saville

Titre original : « Dark Journey »

Le Mystère de la section 81915, la Première Guerre mondiale. Dans la capitale de la Suède qui s’est déclarée neutre, Madeleine Goddard est à la tête d’un magasin de mode qui vend des robes faites à Paris. Elle travaille aussi pour les services secrets et fait passer des informations…
Réalisé par le britannique Victor Saville et produit par Alexander Korda, Dark Journey est pour la jeune Vivien Leigh la première occasion d’être tout en haut de l’affiche (1). L’actrice y montre déjà une belle aisance qui couplée à sa beauté naturelle lui donne une grande présence à l’écran. Elle forme un beau couple avec le grand séducteur Conrad Veidt (l’acteur allemand dont l’épouse était juive s’était réfugié à Londres). L’actrice a avoué ne pas tout avoir compris dans cette histoire, il faut dire que la neutre Stockholm est présentée comme une place où les agents (parfois doubles) des différentes nations en guerre se font face et se côtoient (2). Cela engendre des situations assez compliquées car on ne sait pas toujours très bien qui est avec qui et contre qui. Soulignons que le but du propos n’est visiblement pas d’exalter la fibre patriotique, on ne prend pas partie car c’est l’amour qui au final est le plus fort. L’ensemble est de bonne facture, porté par la présence lumineuse de Vivien Leigh.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Conrad Veidt, Vivien Leigh, Joan Gardner
Voir la fiche du film et la filmographie de Victor Saville sur le site IMDB.

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Dark Journey
Vivien Leigh et Conrad Veidt dans Le Mystère de la section 8 de Victor Saville

Remarque :
* La base de l’histoire est de Victor Saville lui-même avec l’aide de l’américain John Monk Saunders et du scénariste de Korda, Lajos Biró.

(1) Victor Saville avait prévu d’engager Miriam Hopkins mais le producteur Alexander Korda la subtilisa pour un autre film (Men are not Gods, 1936) et lui proposa la jeune Vivien Leigh à la place.

(2) Sur ce plan, on peut faire le parallèle avec Casablanca, film où Conrad Veidt joue également (l’officier allemand de la Gestapo).

Dark Journey
Conrad Veidt et Vivien Leigh dans Le Mystère de la section 8 de Victor Saville

27 mai 2015

Quatre de l’espionnage (1936) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Secret Agent »

Quatre de l'espionnagePendant la Première Guerre mondiale, un officier britannique est envoyé en mission à Genève pour traquer un agent allemand. Il y est accompagné par un homme de main et découvre, à son arrivée, que les services secrets ont également envoyé une jeune femme qui doit passer pour être sa femme… Dans la période anglaise d’Alfred Hitchcock, Secret Agent (Quatre de l’espionnage) vient juste après le magnifique Les 39 marches. Il est hélas d’une qualité bien différente. Pour en écrire l’histoire, le cinéaste a choisi comme inspiration deux nouvelles de Somerset Maugham extraites de son recueil Ashenden et une pièce de Campbell Dixon également adaptée de ce recueil. Le résultat est une histoire un peu complexe mais bien développée avec de belles trouvailles (la chocolaterie, la longue-vue, etc.) et de beaux moments de tension. En revanche, et de l’aveu même du cinéaste, le personnage principal est problématique car il ne tient pas son rôle de héros : il est hésitant, réticent à remplir sa mission, « il doit tuer un homme et il ne veut pas le faire, c’est un but négatif et cela donne un film d’aventures qui n’avance pas, qui tourne à vide ». Il est vrai qu’il nous apparaît bien fade, d’autant plus que John Gielgud a un physique et un jeu sans éclat. Le choix de Robert Young, acteur marqué par ses rôles de comédie, n’est pas très heureux non plus. Le personnage le plus fort est indéniablement celui de l’acolyte homme de main, merveilleusement interprété par un Peter Lorre mielleux et équivoque à souhait.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Madeleine Carroll, Peter Lorre, John Gielgud, Robert Young
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Quatre de l'espionnage
John Gielgud, Madeleine Carroll et Peter Lorre  dans Quatre de l’espionnage d’Alfred Hitchcock (1936).

Remarques :
* Ne pas confondre :
Secret Agent (titre français : Quatre de l’espionnage) avec
Sabotage (titre français : Agent secret)
tous deux des films d’Alfred Hitchcock datés de 1936.

* Cameo : Hitchcock apparaît fugitivement à la 7e minute parmi les passagers qui descendent du bateau.

16 mars 2015

L’Adieu aux armes (1932) de Frank Borzage

Titre original : « A Farewell to Arms »

L'adieu aux armesPendant la Première Guerre mondiale, en Italie, un lieutenant-ambulancier rencontre une infirmière dans un hôpital. Ils tombent amoureux l’un de l’autre mais la guerre les sépare à nouveau… Dans sa version de 1932, L’Adieu aux armes est la première adaptation d’un roman d’Ernest Hemingway au cinéma (1). Pour Frank Borzage, c’est avant tout une histoire d’amour et Hemingway sera dépité face à tout le romanesque déployé. La guerre ne devient en effet qu’une simple toile de fond sur laquelle Borzage exprime les thèmes qui lui sont chers, à savoir que l’Amour est plus fort que tout, il est plus fort que la guerre, il est plus fort que le mort. Hemingway avait toutefois un peu tort car au-delà du romanesque, L’Adieu aux armes reste un grand film pacifique où la cruauté de la guerre est bien démontrée. Le film eut quelques soucis avec la censure mais l’homosexualité latente de l’ami chirurgien (merveilleusement interprété par Adolphe Menjou) et aussi celle de l’amie infirmière est bizarrement passée au travers. Le principal handicap du film se situe certainement au niveau du couple formé par Helen Hayes et Gary Cooper : il manque une certaine alchimie qui nous ferait vraiment croire à l’amour-passion…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Helen Hayes, Gary Cooper, Adolphe Menjou
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Borzage sur le site IMDB.
A lire aussi : une présentation plus enthousiaste d’Olivier Bitoun sur DVDClassiks

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L'Adieu aux armes (1932) de Frank Borzage
Gary Cooper, Adolphe Menjou, Mary Philips et Helen Hayes dans L’Adieu aux armes de Frank Borzage

Remarques :
* Le film a été distribué aux Etats-Unis avec deux fins différentes, laissées au choix des directeurs de salles : l’une triste conforme au roman, l’autre plus heureuse.
* Lors de la ressortie du film en 1938, pour se conformer au Code Hays alors en place, 12 minutes furent enlevées. Certaines sources parlent également d’une scène ajoutée afin de bien valider le mariage : un gros plan pour montrer l’échange des anneaux. Heureusement, la version originale fut conservée par David O. Selznick.
* A noter : plusieurs plans en caméra subjective lorsque Gary Cooper est emmené à l’hôpital.

* Remakes :
L’adieu aux armes (A Farewell to Arms) de Charles Vidor (1957) avec Rock Hudson et Jennifer Jones
et aussi :
Les Amants de l’enfer (Force of Arms) de Michael Curtiz (1951) avec William Holden et Nancy Olson, une transposition de l’histoire dans la Seconde Guerre mondiale (Hemingway n’étant pas crédité).

L'Adieu aux armes (1932) de Frank Borzage
Gary Cooper et Helen Hayes dans L’Adieu aux armes de Frank Borzage.

(1) Il faudra attendre 11 ans pour voir la seconde adaptation d’un roman d’Ernest Hemingway à l’écran : Pour qui sonne le glas (1943) de Sam Wood avec… Gary Cooper.

3 décembre 2014

J’accuse (1919) de Abel Gance

J'accuse!(film muet) Poète et amoureux de la vie, Jean Diaz aime Edith qui a été contrainte par son père de se marier avec François Laurin. Quand la guerre est déclarée, tous les hommes de leur petit village de Provence doivent partir au front où les deux hommes vont se retrouver… Alors que la guerre n’est pas encore terminée, Abel Gance reprend le titre du célèbre article de 1898 d’Emile Zola pour la défense de Dreyfus, pour dénoncer les méfaits de la guerre sur les êtres humains. Il se base sur l’histoire d’un poilu devenu pacifiste pour écrire un grand mélodrame où deux hommes sont amoureux de la même femme.

J’accuse est toujours présenté comme un film pacifiste, ce qu’il est indéniablement mais il l’est d’une façon qui peut nous sembler assez inhabituelle, nous qui avons un siècle de recul. S’il dénonce bien le cortège de morts inutiles, la scène finale éclaire de façon étonnante son propos : si les morts se relèvent, c’est pour venir accuser les vivants de s’être mal comportés en leur absence (femmes infidèles, profiteurs), ils veulent que ceux qui leur survivent soient dignes d’eux, et ainsi ils « ne seront pas morts pour rien ». On peut même trouver que certaines scènes ont une connotation patriotique. Mais en fait, son propos est surtout humaniste, il se place du côté de ces poilus et de leurs vies brisées. Il refuse de faire une approche politique.

J’accuse est un film également remarquable d’inventivité dans la forme. Dès les premières minutes, c’est un festival et cela continue pendant les quelque 2h45 du film : un montage très dynamique, étonnamment moderne, de nombreux effets (différents) de superposition, des scènes de bataille d’un réalisme inégalé, utilisation d’images réelles, utilisation du clair-obscur, nombreuses métaphores visuelles, etc. La célèbre (et inoubliable) scène finale voit sa force décuplée par son traitement. Abel Gance, qui a bénéficié de moyens importants, est alors très largement devant tout le monde. On ne voit pas quel réalisateur (américain ou autre) est à ce niveau de modernisme et d’inventivité. Le succès de J’accuse fut important et international, ce qui permit à Abel Gance de mettre sur pied un film encore plus remarquable et abouti, La Roue.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Romuald Joubé, Séverin-Mars, Maryse Dauvray
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Remarques :
* Film en grande partie perdu, J’accuse a été magnifiquement restauré en 2007 à partir de plusieurs morceaux de provenances différentes. Alors qu’un DVD est sorti aux Etats-Unis dès 2008 (chez Flicker Alley, le même éditeur que pour La Roue qui n’est à ce jour seulement disponible aux Etats Unis), il aura fallu attendre 7 années (!) pour que le film soit enfin visible en France.

* Arte a récemment diffusé le film avec une musique composée par Philippe Schoeller (concert  du 8 novembre 2014 Salle Pleyel). Ce style de musique conceptuelle ne convient pas du tout à l’esprit d’Abel Gance et (à mes yeux) dénature son oeuvre : elle en accentue inutilement les aspects les plus noirs et atténue l’humanité du propos. J'accuse!Il s’agit plus d’un concert illustré par un film que d’un film accompagné par une musique.
En revanche, il ne faut pas hésiter à se procurer le DVD qui vient sortir chez Lobster Films qui comporte la nouvelle musique orchestrale composée par le toujours excellent Robert Israel (toutes les musiques qu’il compose pour accompagner les restaurations de films muets sont parfaites). A noter que Serge Bromberg de Lobster Films a été l’un des artisans de la restauration.

* Détail terrifiant : Les figurants interprétant les morts de la scène finale sont des soldats qui revenaient de Verdun et qui devaient retourner au front huit jours plus tard. 80% n’en sont pas revenus.

* Blaise Cendrars a été assistant sur la tournage. L’écrivain, qui avait perdu un bras au combat en 1915, est également l’un des morts de la scène finale.

* Abel Gance a refait son film en 1938, alors qu’une autre guerre s’annonçait, une version sonore qui reprend certaines images de la version de 1919 :
J’accuse d’Abel Gance avec Victor Francen (1938).

Lire aussi : article sur le blog Ann Harding’s Treasures … (dont l’auteure est la traductrice du livre de Kevin Brownlow La Parade est passée, livre qui comporte un chapitre de 60 pages consacré à Abel Gance).

J'accuse d'Abel Gance
Plan très court mais qui se remarque : des soldats alignés pour former le mot « J’accuse ».

Abel Gance salué par David W. Griffith
Abel Gance (à g.) félicité par David W. Griffith peu après la première américaine de J’accuse.

14 août 2014

À l’ouest rien de nouveau (1930) de Lewis Milestone

Titre original : « All Quiet on the Western Front »

À l'ouest rien de nouveauEn août 1914, alors que défilent au dehors des soldats, un professeur exhorte ses jeunes élèves de 17 ans à s’engager. Leur exaltation va vite être refroidie lors de l’entraînement et surtout quand ils seront placés sur le front. Ils vont vivre alors l’enfer des tranchées… Ce grand film antimilitariste adapté d’un roman d’Erich Maria Remarque est enfin visible dans une version non censurée proche de celle de sa sortie en 1930. Avec un budget de 1,25 millions de dollars et plus de 2000 figurants, À l’ouest rien de nouveau est une superproduction du producteur Carl Lemmle (fondateur d’Universal Pictures) qui a voulu donner un grand réalisme au récit. Le but est largement atteint, l’horreur de la guerre est montrée sans fard, avec une violence rare pour l’époque (1). Le propos anti-guerre est sans équivoque : « la guerre n’apporte pas la gloire, elle n’apporte que l’enfer ». Les défauts du film, notamment dans ses dialogues pas toujours très convaincants, sont balayés par plusieurs grandes scènes qui marquent les esprits. Vu aujourd’hui, le film conserve toute sa puissance et il délivre toujours son message pacifique et humaniste avec force.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Louis Wolheim, Lew Ayres, John Wray
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À l'ouest rien de nouveauRemarques :
* Techniquement parlant, le plus étonnant est certainement cette belle utilisation d’une grue sur dollie pour faire un long travelling surplombant les tranchées. Le réalisme des scènes de bombardement et de combats est très poussé, dépassant le film de King Vidor de 1925 La Grande Parade qui était déjà très impressionnant sur ce point.

* Les nazis ont tout fait pour perturber les projections du film en Allemagne et empêcher les spectateurs de le voir. Ils réussiront rapidement à faire interdire le film.

* Le film a connu une carrière mouvementée : rapidement des coupes furent faites pour ne pas froisser les allemands (notamment toute la scène où Paul revient en permission et tente de dire la vérité à des écoliers de 15 ans qui le traitent de lâche). Le film fut ensuite interdit dans plusieurs pays dont la France (jusqu’en 1963). Avant sa mort en 1980, Lewis Milestone avait demandé à Universal de restaurer le film le film dans sa version d’origine. Ce ne sera fait que 20 ans plus tard.

* Le producteur officiel du film est Carl Lemmle Jr., le fils de Carl Lemmle. Il avait alors 22 ans (son jeune âge ne l’empêchait d’être, en outre, président d’Universal).

(1) Quatre années plus tard, après l’implantation généralisée du Code Hays en 1934, le film n’aurait certainement pu sortir, du moins sans de sérieuses coupures.

4 août 2014

Good Morning Babylon (1987) de Paolo Taviani et Vittorio Taviani

Titre original : Good Morning Babilonia

Good morning BabiloniaArtisans de génie spécialisés dans la restauration d’églises et de monuments, les deux frères Andrea et Nicola quittent leur Italie natale dans les années dix pour aller tenter leur chance en Amérique. Après une période difficile, ils réussissent finalement à se faire embaucher comme décorateurs par D.W. Griffith pour son nouveau film Intolérance… Les frères Taviani mêlent fiction et réalité dans cette fable qui aborde plusieurs thèmes assez différents : l’émigration vers le rêve américain, les pionniers du cinéma, la notion de créateur, l’importance des traditions et de la transmission du savoir-faire (et même du patriarcat), la mémoire, l’absurdité de la guerre. C’est sans doute beaucoup pour un seul film. Pour l’amateur de films muets, Good morning Babylon est assez fascinant par sa récréation de l’Hollywood des années dix et des toutes premières grandes productions. Charles Dance fait un Griffith très crédible. En revanche, le décor grandiose d’Intolérance (reconstitué avec des toiles peintes) n’a vraiment aucune ampleur (1). Pour le reste, Good morning Babylon sait faire preuve de lyrisme et la photographie est très belle.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vincent Spano, Joaquim de Almeida, Greta Scacchi, Charles Dance
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Remarques :
* La façade sur laquelle travaillent les artisans au début du film est celle de la cathédrale de Pise, Place des Miracles.

* Cabiria, le film de Giovanni Pastrone que visionne Griffith, est sorti en 1914. Par ses décors grandioses, son authenticité, ses mouvements de camera (c’est le premier film avec des travelings), Cabiria a influencé Griffith et d’autres réalisateurs. Cabiria a connu un immense succès aux Etats-Unis.

(1) A la décharge des Frères Taviani, il faut reconnaitre que l’immense décor d’Intolérance était impossible à recréer. Aujourd’hui, on pourrait faire appel aux images de synthèse mais en 1987, ce n’est pas vraiment possible.

28 juin 2014

Entente cordiale (1939) de Marcel L’Herbier

Entente cordialeA la fin du règne de la reine Victoria, des tensions apparaissent entre la France et l’Angleterre à propos de l’Egypte. Pendant ce temps, le Prince de Galles passe une bonne partie de son temps à Paris où il apprécie la bonne compagnie et fait preuve d’une grande ouverture d’esprit… Entente cordiale est, pour Marcel L’Herbier, une commande. Alors que la guerre paraît chaque jour plus certaine, l’idée est de rappeler comment anglais et français ont, quelque 30 ans plus tôt, oublié leurs différents pour s’unir face à un ennemi potentiel, l’Allemagne ; une situation très identique à celle de 1939. C’est un livre d’André Maurois (1) qui est choisi pour retracer le parcours du roi d’Angleterre Edouard VII, fils de la Reine Victoria. Marcel L’Herbier s’en acquitte avec grand professionnalisme mais sans éclat. Ce film a toutefois atteint le but fixé de propagande puisqu’il fut très populaire à sa sortie en France. Aujourd’hui, Entente cordiale peut paraître un peu terne mais il reste instructif sur cette période de l’Histoire et le film, par son existence-même, a lui-même une indéniable valeur historique.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Gaby Morlay, Victor Francen, Pierre Richard-Willm, André Lefaur, Janine Darcey
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Remarques :
* Alors que les autorités britanniques avaient été partie prenante dans la production, le film fut interdit outre-Manche car il n’était pas admis que soit représentés des membres de la famille royale quand leur disparition était trop récente (la reine Victoria est décédée en 1901 et Edouard VII en 1910).
* Auparavant difficile à voir, le film vient de ressortir restauré en DVD.

(1) André Maurois « Edouard VII et son temps » (Editions de France, 1933)

13 avril 2014

Charlot soldat (1918) de Charles Chaplin

Titre original : « Shoulder Arms »

Charlot soldat (Muet, 45 mn) Charlot est un soldat qui a du mal à marcher au pas mais qui se porte volontaire pour des missions dangereuses…
Sorti quelques mois avant l’armistice, Charlot soldat était initialement prévu pour être un long métrage (1). Le sujet est très délicat : faire rire avec la guerre est périlleux, d’autant plus que certains détracteurs de Chaplin lui reprochaient son manque de patriotisme. Avec grand art, il parviendra néanmoins à trouver l’équilibre parfait et son film sera l’un de ses plus populaires. Il emploie le thème du héros malgré lui qui, tout en montrant une certaine maladresse, accomplit de vrais exploits. Cela n’empêche pas le film d’être globalement antimilitariste, soulignant l’absurdité de la guerre. Charlot soldat est parsemé de très bons gags, à commencer par cette scène hilarante en début de film où on le voit essayer de marcher au pas sans avoir les pieds écartés… Charlot ne rentrera jamais dans le rang !
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Edna Purviance, Charles Chaplin, Syd Chaplin, Henry Bergman
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Remarque :
En 1918, Chaplin était victime des nombreuses copies pirates de ses films. C’est pour cette raison que l’on peut le voir « signer » son film au tout début : cette signature était censée freiner les ardeurs des exploitants malhonnêtes.

(1) De nombreuses scènes montrant Charlot en famille avant d’être enrôlé ont été tournées mais elles n’ont pas été retenues pour le montage final.

14 mars 2014

Cheval de guerre (2011) de Steven Spielberg

Titre original : « War Horse »

Cheval de guerreA la veille de la Première Guerre mondiale, un fermier sans le sou achète un superbe cheval à la grande joie de son fils. Il doit d’abord être éduqué pour labourer une parcelle qui doit les sauver de la ruine. Mais le destin de ce superbe cheval ne va pas s’arrêter là… Cheval de guerre est adapté d’un roman pour la jeunesse de l’anglais Michael Morpurgo. Steven Spielberg en fait un beau film à grand spectacle. Il faut toutefois être patient car les quarante premières minutes sont d’une grande platitude, d’un lyrisme fabriqué de toutes pièces avec la musique de John Williams en renfort. Les violons et les cuivres ne chôment pas. Le film prend une autre dimension au moment où l’histoire bascule dans la guerre, Spielberg créant alors des scènes assez magistrales, d’une grande perfection de mise en scène. Il parvient à créer de la magie dans l’environnement le plus terrible qui soit, faisant l’impasse sur les côtés les plus noirs sans pour autant sacrifier le réalisme de ses scènes. Cheval de guerre conserve son parfum de conte pour enfants. Ses recettes, très hollywoodiennes, peuvent rebuter mais lorsqu’elles sont appliquées avec une telle maestria, il est difficile de ne pas se laisser faire.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeremy Irvine, Peter Mullan, Emily Watson, Niels Arestrup
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10 mars 2014

À l’est d’Eden (1955) de Elia Kazan

Titre original : « East of Eden »

À l'est d'EdenDans la Californie de 1917, à la veille de l’entrée en guerre des Etats Unis, un fermier rigoriste vit avec ses deux fils. Cal ne se sent pas aimé comme peut l’être son frère, il pense qu’il incarne le mal. Il a récemment découvert que sa mère n’est pas morte, comme son père a toujours affirmé, et qu’elle vit dans une ville voisine… Cette adaptation du roman de John Steinbeck À l’est d’Eden ne porte que sur une petite partie du livre. Elia Kazan ne fait pas particulièrement preuve de légèreté en en faisant une variation biblique de l’histoire de Caïn et Abel, aux effets mélodramatiques appuyés. Avec le recul, cette lourdeur semble apparaître d’autant plus. Le film doit en partie sa réputation au fait d’être le premier des trois grands films de James Dean, alors un jeune acteur peu connu de théâtre et de télévision. Très marqué Actors Studio, son jeu est assez puissant (d’autant plus puissant que le personnage de Cal avait quelque écho avec sa propre vie) À l'est d'Eden mais a le défaut d’être en décalage total avec les autres acteurs. Elia Kazan ne parvient pas à atteindre la fusion, à tel point que l’on a parfois l’impression qu’il y a deux films : celui où joue James Dean et celui où jouent les autres acteurs. Quoiqu’il en soit, À l’est d’Eden marquera les esprits pour ce portrait de James Dean en adolescent tourmenté et en rupture, désespérément en quête d’amour et dont les aspirations se heurtent au puritanisme du père.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Julie Harris, James Dean, Raymond Massey, Burl Ives, Richard Davalos, Jo Van Fleet
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Remarque :
* À l’est d’Eden est le seul des 3 films de James Dean à être sorti avant sa mort (l’accident qui lui coûta la vie eut lieu le 30 septembre 1955).