27 février 2018

L’attente des femmes (1952) de Ingmar Bergman

Titre original : « Kvinnors väntan »

L'attente des femmesDans leur villa de vacances, quatre femmes attendent leurs maris, les frères Lobelius, qui doivent les rejoindre. L’une d’elles est très déprimée par le vide de son couple et, pour la réconforter, les trois autres lui racontent un épisode peu avouable de leur vie qui a changé l’orientation de leur couple…
Ingmar Bergman a tourné L’attente des femmes juste avant Monika. Il en a écrit le scénario avec sa (troisième) femme Gun Grut. Il se présente comme un film à sketches avec trois histoires indépendantes, une formule qui a séduit le cinéaste qui a pu adopter à chaque fois un style très différent. La première, un triangle amoureux très classique, est peut-être celle où il adopte un style le plus personnel. Il y montre de la sensibilité dans son approche des personnages. La deuxième histoire, particulièrement ennuyeuse, est d’un style inspiré de l’expressionnisme allemand et la troisième est une comédie assez amusante de type screwball, une typique « comédie du remariage ». Ingmar Bergman cherche son style et n’a pas encore cette faculté de nous emmener profondément dans ses personnages. De ce fait, l’ensemble n’échappe pas à une certaine banalité apparente.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Anita Björk, Eva Dahlbeck, Maj-Britt Nilsson, Birger Malmsten, Gunnar Björnstrand, Jarl Kulle
Voir la fiche du film et la filmographie de Ingmar Bergman sur le site IMDB.

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L'attente des femmes
Anita Björk, Gerd Andersson (à l’arrière-plan), Eva Dahlbeck et Aino Taube dans L’attente des femmes de Ingmar Bergman.

11 septembre 2017

Mademoiselle et son bébé (1939) de Garson Kanin

Titre original : « Bachelor Mother »

Mademoiselle et son bébéPolly Parish, vendeuse en fin de contrat dans un grand magasin de jouets, est prise par erreur pour la mère d’un bébé que l’on vient d’abandonner à la porte d’un orphelinat. Le fils de son patron accepte de la garder pour qu’elle puisse élever son enfant… Garson Kanin est plus réputé pour ses talents de scénaristes que de réalisateur mais ce n’est pas lui qui a écrit le scénario de Bachelor Mother. Il s’agit du remake d’un film austro-hongrois de 1935 et le scénario se révèle être une petite merveille car il nous emmène jamais là où on croit aller. Démarrant presque comme un drame social, il devient rapidement une comédie savoureuse qui nous surprend constamment. Il y a des trouvailles vraiment remarquables. Ginger Rogers, qui bizarrement n’aimait guère le scénario et a tout fait pour se retirer, est parfaite dans ce rôle de femme intelligente et moderne, « attirante sans être traitée comme un objet sexuel, romantique sans jamais symboliser la pureté fragile » (1). L’humour est bien dosé, l’ensemble est parfaitement équilibré même si la réalisation n’est pas franchement remarquable. L’important succès du film à sa sortie eut un impact non négligeable sur la carrière Garson Kanin et de Ginger Rogers. Bachelor Mother est à classer parmi les meilleures comédies screwball.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ginger Rogers, David Niven, Charles Coburn, Frank Albertson
Voir la fiche du film et la filmographie de Garson Kanin sur le site IMDB.

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Voir les livres écrits par Garson Kanin… (son livre sur Hollywood, où il nous raconte sa collaboration avec Sam Goldwyn, est des plus intéressants)

(1) Cette très juste description du personnage est de Richard Corliss (rapportée par Tavernier et Corsodon dans 50 ans de cinéma américain)

Remake de :
Kleine Mutti (Petite Maman) de Henry Koster (1935) avec Franciska Gaal sur un scénario écrit par l’allemand Felix Jackson.
Remake :
Bundle of Joy (Le Bébé de Mademoiselle) de Norman Taurog (1956) avec Debbie Reynolds et Eddie Fisher.

Bachelor Mother
David Niven et Ginger Rogers dans Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin.

Bachelor Mother
David Niven et Ginger Rogers dans Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin.

Mademoiselle et son bébé
Charles Coburn, Ginger Rogers et David Niven dans Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin.

30 août 2017

Laura nuda (1961) de Nicolò Ferrari

Laura nudaLaura n’a pas encore vingt ans. Elle n’est guère enthousiaste d’accepter la demande de Franco, jeune homme très sage qui la presse de l’épouser. Elle s’interroge sur son devenir, sa relation avec les hommes, la place que la femme doit tenir… Malgré un titre quelque peu racoleur (exploité par les distributeurs comme on peut le voir sur l’affiche), Laura nuda est un film sensible, assez délicat qui questionne la place de la femme dans la société des années soixante. Laura est très belle, les fiancés potentiels se bousculent devant elle mais elle n’en tire aucune vanité. Cela provoque chez elle plutôt un certain désenchantement car elle ressent que l’intérêt des hommes se placent surtout sur le plan de la sexualité. En outre, l’empressement de sa meilleure amie à se jeter dans le mariage et la maternité la laisse dubitative. Nicolò Ferrari, qui a coécrit le scénario, trouve le ton juste pour ce portrait générationnel qui a un petit parfum de Nouvelle Vague (plus sur le fond que sur la forme qui reste classique). Giorgia Moll, actrice rare, donne une belle interprétation de son personnage. Totalement inédit en France (jusqu’à sa diffusion en 2017 au Cinéma de Minuit de Patrick Brion), Laura nuda est vraiment une étonnante découverte.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Giorgia Moll, Tomas Milian, Anne Vernon, Nino Castelnuovo
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicolò Ferrari sur le site IMDB.

Remarque :
* Nicolò Ferrari est âgé de 32 ans au moment du tournage. Il a été auparavant assistant-réalisateur sur le Bel Antonio de Mauro Bolognini (1960) et a participé à l’écriture de deux films de la série des Hercule sous le pseudonyme Archibald Zounds Jr. Par la suite, il réalisera un second long-métrage en 1970 et, bien plus tard, trois documentaires. Ceci explique qu’il soit absent des dictionnaires de réalisateurs et des livres sur le cinéma italien.

Laura Nuda
Nino Castelnuovo (debout), Anne Vernon, Giorgia Moll et Françoise De Quental dans Laura nuda de Nicolò Ferrari.

Giorgia Moll
Giorgia Moll (portrait de la Warner, donc probablement ca. 1963).

13 janvier 2016

Les nuits de la pleine lune (1984) de Eric Rohmer

Les nuits de la pleine luneFraîchement sortie d’Arts déco, Louise (Pascale Ogier) vit avec Rémi (Tchéky Karyo) en banlieue. Lui est plutôt casanier et aspire à une vie calme. Elle a envie de sortir et voir du monde. Pour avoir un espace de liberté, Louise décide de retaper un studio en plein Paris où elle travaille et a des relations amicales avec un journaliste, Octave (Fabrice Luchini). Contraint, Remi l’accepte… Les nuits de la pleine lune est le quatrième volet de la série Comédies et Proverbes d’Eric Rohmer. Le cinéaste porte un regard sur une certaine jeunesse des années 80, volage et butineuse en amour. Même s’il s’en défend, il porte aussi un jugement et montre sa désapprobation. Le dicton populaire placé en exergue, « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison », est sans équivoque. Mais il faut dépasser les aspects conformistes et moralisateurs du propos et jouir de la qualité du dialogue et des différents échanges, avec toujours cette connotation littéraire si plaisante. L’image est assez brute, empreinte d’une certaine austérité. Le film est illuminé par la prestation de Pascale Ogier, à la fois forte et fragile, déterminée, un personnage d’une belle complexité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Pascale Ogier, Tchéky Karyo, Fabrice Luchini
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Remarques :
* C’est Pascale Ogier qui a décoré et meublé le studio de Louise.
* Pascale Ogier est décédée d’une crise cardiaque, deux mois après la sortie du film, quelques semaines après avoir reçu le Prix d’interprétation féminine au festival de Venise pour ce film. L’actrice était âgée de 25 ans.

Les Nuits de la pleine lune
Fabrice Luchini et Pascale Ogier dans Les nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer

Les Nuits de la pleine lune
Pascale Ogier et Tchéky Karyo dans Les nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer

19 octobre 2015

Charulata (1964) de Satyajit Ray

CharulataA Calcutta, en 1879, la jeune Charulata s’ennuie dans sa belle et grande maison. Son mari, tout occupé à publier un hebdomadaire politique, ne s’occupe guère d’elle. Il profite même du séjour de son cousin, jeune et enjoué qui se destine à la littérature, pour lui demander de pousser son épouse à reprendre la plume… Adapté d’un roman de Rabindranath Tagore, Charulata est un drame sentimental se déroulant presqu’en huis clos. C’est un film très harmonieux, d’une très grande délicatesse, où nous avons l’impression d’effleurer les personnages. La mise en scène de Satyajit Ray est proche de la perfection que ce soit dans ses placements ou mouvements de caméra, ses nombreux gros plans. Il en découle une sensation de grande fluidité (1) et même, pourrait-on ajouter, de musicalité. Les premières minutes du film sont souvent citées comme l’une des plus remarquables ouvertures de film : il n’y a pratiquement pas une parole et pourtant, dans cette mise en place du personnage principal, tout est dit. Le récit se situe à une période charnière de l’histoire de l’Inde et Ray nous fait sentir en arrière-plan le bouillonnement et les aspirations au renouveau, un certain idéalisme qui rend le personnage du mari d’autant plus maladroit dans les relations avec ses proches. Charulata est un très beau film, probablement la meilleure introduction au cinéma si attirant de Satyajit Ray.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Soumitra Chatterjee, Madhabi Mukherjee, Shailen Mukherjee
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Remarques :
* La nouvelle Nastanirh (Le nid brisé) de l’écrivain bengali Rabindranath Tagore a été publiée en 1901.
* La scène de la balançoire est certainement un hommage à Jean Renoir (Partie de campagne).

 

Charulata
Madhabi Mukherjee dans Charulata de Satyajit Ray
.

Charulata
Madhabi Mukherjee et Soumitra Chatterjee dans Charulata de Satyajit Ray
.

 

(1) Seuls les zooms ne semblent pas très heureux et se remarquent beaucoup trop mais il faut préciser, à la décharge de Satyajit Ray, que l’effet de zoom était une « maladie » répandue chez les réalisateurs dans les années 60 et le début des années 70. Heureusement, l’attrait pour le zoom s’est ensuite éteint…

5 octobre 2015

Le Mariage de Maria Braun (1979) de R.W. Fassbinder

Titre original : « Die Ehe der Maria Braun »

Le Mariage de Maria BraunMariée à la hâte sous les bombardements, Maria Braun attend le retour de son mari après la fin de la guerre dans un Berlin en ruines où l’on manque de tout. Un ami soldat lui annonce qu’il est mort. Maria doit s’en sortir et trouve un emploi d’entraineuse dans un bar où elle a une liaison avec un soldat américain… Le Mariage de Maria Braun est le premier volet d’une tétralogie consacrée à l’Allemagne nazie et post-nazie au travers de quatre destins de femmes (1). Le Mariage de Maria Braun débute à la fin de guerre et s’achève lors de la victoire de l’Allemagne à la Coupe de football 1954, symbole d’une nation qui tourne la page de la défaite. Splendidement personnifiée par Hanna Schygulla, Maria Braun est une femme à la fois victime et ambitieuse. La dure réalité de l’immédiat Après-guerre l’a métamorphosée en lutteuse hardie qui sait provoquer la chance plutôt que de l’attendre. La mise en scène de Fassbinder est d’une belle précision, parfaitement maitrisée. La prestation d’Hanna Schygulla est vraiment remarquable avec un mélange de distanciation et de sensualité assez unique. Le film connut un succès mérité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hanna Schygulla, Klaus Löwitsch, Ivan Desny
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Le Mariage de Maria Braun
Hanna Schygulla (à droite) dans Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

Remarques :
* Caméo : Fassbinder apparaît en trafiquant au marché noir. Il propose à Maria une robe noire et, en soldes, les oeuvres complètes du poète Kleist… tout un symbole.
* Les producteurs voulaient Romy Schneider dans le rôle principal mais des propos publics peu amènes de Fassbinder à son propos ont rendu la collaboration impossible…

(1) Le Mariage de Maria Braun (1979), Lili Marleen (1981), Lola, une femme allemande (1981) et Le Secret de Veronika Voss (1982). Fassbinder ne les a pas tournés dans l’ordre chronologique, puisque Lili Marleen traite d’une période se situant avant Le Mariage de Maria Braun et l’histoire de Lola se situe après celle de Veronika Voss.

Le Mariage de Maria Braun
Hanna Schygulla dans Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

Le Mariage de Maria Braun
Photo de tournage : Hanna Schygulla, R.W. Fassbinder  et Gottfried John sur le tournage du  Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

24 juillet 2015

La Dame sans camélia (1953) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « La signora senza camelie »

La Dame sans caméliaLa jeune actrice Clara attend avec anxiété les réactions à la projection de son nouveau film. Elles sont plutôt positives. Le producteur qui l’a découverte la presse de l’épouser. Elle finit par accepter… La Dame sans camélia est le deuxième des cinq premiers longs métrages d’Antonioni, ceux que l’on appelle parfois « Antonioni avant Antonioni ». Comme pour le précédent, il s’agit d’un portrait de femme qui ne parvient pas à s’affranchir de la tutelle des hommes pour prendre son destin en main. Le milieu est cette fois celui du cinéma où la beauté de Clara, alliée à une certaine fragilité, l’enferme dans un schéma où elle restera sous l’emprise des hommes (destin qui n’est si éloigné de celui de Lucia Bosé, l’actrice qui l’interprète). Par ces aspects romanesques, La Dame sans camélia peut paraître assez conventionnel mais son traitement par Antionioni, sans atteindre la perfection formelle de ses films ultérieurs, lui donne une certaine force. Dans de très nombreuses scènes de tension, Clara est presque muette, ce sont les hommes qui gravitent autour d’elle qui se dévoilent. De plus, comme le souligne Mathias Sabourdin dans un excellent article sur le réalisateur (1), Antonioni montre de l’élégance dans sa mise en scène basée sur de longs plans accompagnant le mouvement des comédiens, où les personnages sont toujours replacés dans leur contexte.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lucia Bosé, Gino Cervi, Andrea Checchi, Ivan Desny, Alain Cuny
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La Dame sans camelia
Ivan Desny et Lucia Bosé dans La Dame sans camélia de Michelangelo Antonioni

(1) Dictionnaire du cinéma italien, ses créateurs de 1943 à nos jours, Editions du Nouveau Monde 2014.

12 avril 2015

Tourments (1964) de Mikio Naruse

Titre original : « Midareru »

TourmentsMariée très jeune, Reiko ne l’est restée que quelques mois, son jeune mari étant mort à la guerre. Depuis dix-huit ans, elle s’est entièrement dévouée à faire prospérer le commerce de sa belle famille tout en espérant que le jeune frère de son défunt mari prenne un jour le relais. Il a maintenant 25 ans mais mène une vie quelque dissolue. Pendant ce temps, les supermarchés s’implantent et font une sérieuse concurrence aux petits commerces… Tourments fait partie des derniers films de Mikio Naruse. Le cinéaste japonais en a, lui-même, écrit la base de l’histoire. Une fois de plus, il s’agit d’un très beau portrait de femme dont la fidélité, l’effacement et l’abnégation émeuvent profondément. Le mélodrame peut paraître classique dans ses fondements, voire assez simple ou du moins, épuré, mais la perfection de sa mise en scène par Naruse force l’admiration. La progression est remarquable, partant d’une certaine légèreté pour finir dans une grande intensité. Actrice fétiche du réalisateur, Hideko Takamine fait preuve de grande délicatesse dans son interprétation, exprimant à la fois la force de son personnage mais aussi sa fragilité et son aspiration secrète à l’amour. La filmographie de Mikio Naruse est loin d’être aussi connue qu’elle le mériterait et, au sein de celle-ci, Tourments est l’un des films les moins répandus… Quel dommage !
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Yûzô Kayama, Mitsuko Kusabue, Yumi Shirakawa, Aiko Mimasu
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Tourments de Mikio Naruse
L’émouvante Hideko Takamine dans Tourments de Mikio Naruse

Homonymes :
Ne pas confondre avec….
Tourments (Hets) de Alf Sjöberg (1944) sur un scénario d’Ingmar Bergman
Tourments (El) de Luis Bunuel (1953) également chroniqué sur ce blog
Tourments de Jacques Daniel-Norman (1954) avec Tino Rossi
Tourments (Trápení) du tchèque Karel Kachyna (1962)

11 décembre 2014

Alice (1990) de Woody Allen

AliceAlice est une jeune quarantenaire de la haute bourgeoisie new yorkaise qui mène une vie aisée mais futile. Elle consulte le Docteur Yang pour un vague mal de dos. Ce docteur qui a des ressources étonnantes et la rencontre fortuite d’un homme vont l’amener à reconsidérer sa vie… Le thème d’Alice n’est pas original en soi mais son traitement l’est beaucoup plus. Non seulement, Woody Allen choisit la légèreté et l’humour mais en plus il fait intervenir une bonne dose d’irrationnel dans ce portrait de femme, nouvelle preuve de cet amour du cinéaste pour la magie (1). Il parvient à mêler les genres et c’est ce mélange qui rend le film attrayant malgré la grande superficialité de son personnage principal. En filigrane, on retrouve cette même recherche de la vraie vie que l’on trouvait dans plusieurs de ses films précédents : Alice est finalement assez proche sur le fond de Une autre femme, même si les formes sont bien différentes : ici, c’est la satire et l’humour qui soutiennent le propos.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mia Farrow, William Hurt, Joe Mantegna, Keye Luke, Judy Davis
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(1) Si Alice est l’un des plus marqué sur ce plan, il est facile de remarquer que la plupart de ses films comportent une ou plusieurs petites touches de magie. Cet amour de la magie remonte à son adolescence : Woody Allen était alors très habile et impressionnait tout son entourage par ses tours de cartes et de magie.

Mia Farrow et Keye Luke dans Alice (1990)
(ci-dessus) Mia Farrow et Keye Luke dans Alice
Mia Farrow et Joe Mantegna dans Alice (1990)
(ci-dessus) Mia Farrow et Joe Mantegna dans Alice.

5 novembre 2014

Une autre femme (1988) de Woody Allen

Titre original : « Another Woman »

Une autre femmeParvenue à la cinquantaine, Marion estime avoir une vie satisfaisante et bien remplie. Elle est mariée et brillante professeur de philosophie. Pour écrire son nouveau livre, elle loue un appartement situé juste à côté du cabinet d’un psychiatre dont elle entend les conversations par un défaut des conduites d’aération. Les confessions d’une cliente en particulier vont l’amener à réfléchir sur sa propre vie… Another Woman fait partie des films introspectifs de Woody Allen, pour simplifier on peut aussi dire « bergmanien ». C’est un très beau portrait d’une femme qui prend soudainement conscience du fait qu’elle s’est fixée des standards trop élevés, qu’elle a fait le vide autour d’elle, qu’elle n’engendre qu’une admiration respectueuse chez ses proches. Cette fois, Woody Allen rentre en profondeur dans le sujet sans utiliser l’artifice de l’humour qui est ici totalement absent. La construction est habile, mêlant rêves et souvenirs. Celle qui découvre en elle une autre femme, c’est Gena Rowlands, ici loin des rôles toujours énergiques de Cassavetes, qui exprime brillamment toutes les interrogations et la froideur de son personnage. L’actrice fait montre d’une grande sobriété et d’une indéniable dignité. Elle éclipse tous les autres acteurs et Woody Allen la filme superbement. Une autre femme est un très beau film.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gena Rowlands, Mia Farrow, Ian Holm, Gene Hackman
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Remarques :
* Le directeur de la photographie n’est autre que Sven Nykvist, le chef opérateur préféré d’Ingmar Bergman. Woody Allen tournera trois autres films avec lui (New York Stories, Crimes et Délits et Celebrity).

* Mia Farrow était alors enceinte de leur fils Satchel. Elle a accouché pendant le tournage qu’elle a donc fini avec une prothèse ventrale pour être raccord.

* Le tournage de Another Woman a débuté alors que son film précédent, September, autre film introspectif, n’était pas encore sorti. Le fait que ces deux films n’aient pas rencontré le succès escompté a poussé Woody Allen à revenir ensuite sur le terrain de la comédie.

Une autre femme (1988) de Woody Allen
Woody Allen, Gena Rowlands et Gene Hackman sur le tournage de Une autre femme de Woody Allen (1988).