14 décembre 2018

Enemy (1985) de Wolfgang Petersen

Titre original : « Enemy Mine »

EnemyFin du XXIe siècle. La guerre fait rage dans l’espace entre les Humains et un peuple d’extra-terrestres reptiliens, les Dracs. Un pilote de chasse terrien et un Drac entre-détruisent leurs vaisseaux respectifs et atterrissent à la surface d’une planète inhabitée. Ils vont devoir s’entre-aider pour survivre…
Le thème de la peur de « l’autre » prend toujours une dimension particulière dans la science-fiction, où « l’autre » peut être extrêmement éloigné de nos critères standards d’humanité. Le scénario d’Enemy Mine (non basé sur un livre) est assez simple mais se révèle prenante et  la réalisation soignée de l’allemand Wolfgang Petersen lui donne une certaine ampleur. Les décors et effets spéciaux sont en effet de belle facture. Ce conte philosophique accorde une bonne place à la psychologie d’un extraterrestre et aux possibilités de dépasser les préjugés. Que le Drac soit interprété (de toute évidence malgré le costume et le maquillage) par un acteur noir n’est pas innocent. Le film n’eut hélas aucun succès.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dennis Quaid, Louis Gossett Jr., Brion James
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Remarque :
* Le projet avait démarré sous la direction de Richard Loncraine qui fut renvoyé par la Fox. Wolfgang Petersen reprit le projet mais n’utilisa aucune des scènes, pourtant fort coûteuses, déjà tournée par Loncraine.

Enemy Mine
Dennis Quaid et Louis Gossett Jr. dans Enemy de Wolfgang Petersen.

Le film repose sur la même base de scénario que :
1) Robinson Crusoe sur Mars (Robinson Crusoe on Mars) de Byron Haskins (1964)
2) Duel dans le Pacifique (Hell in the Pacific) de John Boorman (1968)

Homonyme :
Enemy de Denis Villeneuve (2013) avec Jake Gyllenhaal et Mélanie Laurent.

21 avril 2018

Valérian et la Cité des Mille Planètes (2017) de Luc Besson

Titre original : « Valerian and the City of a Thousand Planets »

Valérian et la Cité des Mille PlanètesEn 2740, l’immense station spatiale Alpha, lointaine descendante de la station spatiale internationale terrestre, dérive lentement dans l’espace intersidéral et abrite 17 millions d’êtres vivants de toutes les races. Valérian et Laureline sont des agents du Service Spatio-temporel de Galaxity, mégapole terrienne et capitale d’un empire galactique. Cette fois, ils sont chargés de récupérer un réplicateur qui se trouve dans de mauvaises mains au marché noir…
Superproduction européenne, Valérian et la Cité des Mille Planètes est une adaptation de l’univers de la série de bande dessinée française Valérian et Laureline, dessinée par Jean-Claude Mézières et scénarisée par Pierre Christin. C’est une bande dessinée qui a marqué toute une génération de jeunes amateurs de science-fiction par la féerie de ses nombreux univers et la magie qui s’en dégageait. Luc Besson en fait partie et il a écrit, produit et réalisé ce projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps. Une première vision du film peut laisser sur une légère déconvenue, du fait de la profusion des effets visuels à la limite de la surenchère, l’ensemble paraissant même un peu disparate. Une seconde vision permet de mieux se laisser submerger par la magie de ces mondes et des créatures qui les habitent. Comme dans tous ses films, Besson a soigné son héroïne : Laureline est charmante, intelligente, vive et maline et très bien interprétée par Cara Delevingne. Face à elle, Valérian paraît doté d’un QI d’huître et passe son temps à demander sa compagne en mariage avec une agaçante insistance. En outre, l’acteur Dane DeHaan n’a pas une grande présence à l’écran. Mais hormis cela, Valérian et la Cité des Mille Planètes est finalement une adaptation assez fidèle de la bande dessinée dont l’esprit est bien respecté. Tout au plus aurait-on aimé une plus grande part de rêve…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen, Rihanna, Ethan Hawke, Alain Chabat
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Valérian et la Cité des Mille Planètes
Dane DeHaan et Cara Delevingne dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

Valerian et Laureline
… et leurs modèles.

Remarques :
* Le titre du film fait référence au deuxième album, L’Empire des mille planètes, paru en 1971, mais le scénario reprend principalement la trame du sixième album, L’Ambassadeur des Ombres, paru en 1975.
* Le ministre de la Défense qui apparaît dans l’intercom est interprété par Herbie Hancock !

Valérian et la Cité des Mille Planètes
Dane DeHaan et Cara Delevingne (déguisés en touristes) dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

Valérian et la Cité des Mille Planètes
Les habitants de la planète Mül dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

Valérian et la Cité des Mille Planètes
La station Alpha dans Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson.

27 mars 2018

The Thing (1982) de John Carpenter

The ThingAntarctique, hiver 1982. Dans les étendues vides et enneigées, un hélicoptère norvégien pourchasse un chien isolé. Arrivé dans une station de recherche américaine, l’homme continue à tirer sur l’animal sans se soucier de blesser les hommes à proximité tout en prononçant des phrases incompréhensibles. Il est abattu par le chef de station…
Trois ans après Alien de Ridley Scott, John Carpenter reprend le thème de la créature extraterrestre phagocytaire. Il s’agit toutefois du remake de La chose d’un autre monde, film produit par Howard Hawks (1) qui avait connu un grand succès en 1951. Autres temps, autres mœurs : alors que tout l’art de la première version avait été de ne pas montrer la créature et de laisser notre imagination travailler au grand galop, le film de John Carpenter montre et remontre une bestiole aussi multiforme que sanguinolente (il est judicieux d’éviter de voir le film après un repas trop copieux) avec jets d’acide et tentacules réglementaires que tout monstre digne de ce nom se doit de posséder. Les effets spéciaux sont élaborés et de vrais organes d’animaux ont également été utilisés (bon appétit!). C’est un cinéma efficace. Le scénario a été simplifié à l’extrême : John Carpenter a évacué toute dimension psychologique ou sociétale pour se concentrer sur la lutte pour la survie. Plutôt mal reçu à sa sortie (mais revalorisé par la suite), The Thing de John Carpenter sera sans aucun doute plus apprécié par les amateurs de films d’horreur que par les amateurs de science-fiction qui préfèreront revoir la version d’Howard Hawks.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kurt Russell, Wilford Brimley
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* Préquelle :
The Thing, film américain de Matthijs van Heijningen Jr. (2011), raconte la découverte du vaisseau.

(1) Certains pensent qu’Howard Hawks l’a également réalisé, laissant le crédit à Christian Nyby pour qu’il puisse être membre de la Director’s Guild (ce que Hawks a toujours nié).

The Thing
Mac (Kurt Russell) …

The Thing
… fait équipe avec Windows (Thomas G. Waites) …
… dans The Thing de John Carpenter
(rappelons que le premier Mac ne sortira qu’en 1984 et Windows 1 en 1985 !)

14 décembre 2017

Starman (1984) de John Carpenter

StarmanEncouragé par les messages de bienvenue portés par Voyager 2, un extra-terrestre arrive sur la planète Terre. Son vaisseau ayant été endommagé, il demande à une jeune femme de l’accompagner jusqu’à un point de rendez-vous à 3000 kms de là. Pour cela, il prend la forme de son défunt mari… Starman est un film qui surprend dans la filmographie de John Carpenter. Le réalisateur avait besoin d’un succès pour se remettre en selle et a accepté cette commande. Le scénario est visiblement inspiré de Rencontres du troisième type dont il reprend l’idée pour se concentrer sur la relation intimiste entre l’extraterrestre et la femme forcée de le transporter. Il s’installe ainsi une étrange relation entre ces deux êtres fondamentalement différents mais le scénario est un peu paresseux et reste sur des notions très simples et très classiques, telle la force de l’amour (que l’humain est le seul à avoir découvert dans tout l’univers). On peut juste dire que les intentions sont louables. Le meilleur reste le début du film où Jeff Bridges installe brillamment son personnage de Candide mais la suite est vraiment trop répétitive et prédictible.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jeff Bridges, Karen Allen, Charles Martin Smith
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Remarques :
* La Columbia avait le choix entre les scénarios de Starman et de E.T. et a choisi le premier. Après le succès d’ E.T. dès sa sortie en 1982, Starman est resté plus de deux ans au placard avant que le studio ne se décide à le sortir.

* Le cratère de l’épilogue est bien situé près de Winslow, Arizona. Vu de haut sous Google Maps, il ressemble vraiment à un cratère lunaire : plus de 1 km de diamètre, une profondeur de 170 mètres, il fut créé par la chute d’un objet de 50 mètres de large il y a 50 000 ans. A l’époque, la région était recouverte d’une végétation luxuriante (ce n’est plus le cas aujourd’hui!)

* En 1986, la Columbia a tenté de prolonger le film par une série TV basée sur l’enfant né du couple qui avait des pouvoirs paranormaux. Ce fut un échec.

Starman
Jeff Bridges montre à Karen Allen où est sa maison dans Starman de John Carpenter.

25 octobre 2017

Premier contact (2016) de Denis Villeneuve

Titre original : « Arrival »

Premier contactAlors que douze mystérieux vaisseaux extraterrestres apparaissent à douze endroits différents du globe, l’experte en linguistique comparée Louise Banks est recrutée par l’armée américaine pour entrer en contact avec leurs occupants… Sachant que les comparaisons ne manqueront pas, marcher sur les traces d’un film comme Rencontres du troisième type est une entreprise périlleuse. Denis Villeneuve y parvient brillamment. Basée sur une nouvelle de Ted Chiang scénarisée par Eric Heisserer, Arrival est une belle histoire de communication qui met en avant l’importance du langage et sur ses liens avec notre perception du monde. Denis Villeneuve sait rester à l’écart des nombreux travers de la science-fiction moderne : aucune surenchère dans le spectaculaire ici. En revanche, le film est très inventif sur les extraterrestres, à la fois sur leur forme et sur leur langage. En outre, la construction est élégamment intégrée au scénario dont elle devient un élément-clé. Cinématographiquement, le cinéaste québécois montre une fois de plus de son habileté, sa mise en scène est efficace et maitrisée. Un très beau film.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker
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Arrival
Amy Adams dans Premier contact de Denis Villeneuve.

Remarques :
* Le mot « guerre » peut effectivement être traduit en sanskrit par un mot signifiant « désir de plus de vaches » (la vache ayant en Inde une symbolique bien particulière, notamment de pureté, de la mère, de la non-violence) mais cette interprétation dépend beaucoup du contexte. Lire… (en anglais)
* Le film d’apprendre (du moins en ce qui me concerne) l’existence de l’hypothèse de Sapir-Whorf… Wikipedia

Arrival
Amy Adams dans Premier contact de Denis Villeneuve.

15 juin 2017

Under the Skin (2013) de Jonathan Glazer

Under the SkinUn alien, ayant pris l’apparence d’une jeune femme très séduisante (Scarlett Johansson), sillonne les rues de Glasgow en Ecosse au volant d’un van. Elle cherche à attirer des hommes seuls pour les conduire dans une maison où ils sont comme « consommés » ou « assimilés »… Basé sur un roman de Michel Faber, néerlandais et écossais d’adoption, Under the Skin est un film pour le moins étonnant. Il ne ressemble à nul autre. L’anglais Jonathan Glazer a mis près de dix ans à le mettre sur pied. La base du scénario est assez classique, un thème récurrent dans la science-fiction : la découverte de la richesse du ressenti humain par un extraterrestre le pousse à vouloir devenir humain (thème que j’ai toujours trouvé un peu présomptueux, soit-dit en passant!) Mais, ce thème ne sert finalement que de trame. Si le film est envoûtant, c’est plus par sa forme et les belles trouvailles de Jonathan Glazer : il crée un contraste surprenant entre les scènes « humaines » au style de documentaire social avec des vues réelles, et les scènes « aliens » épurées à l’extrême, très stylisées. La rareté des paroles alliée à une musique très pleine, parfois à la limite de la dissonance, contribue à créer une atmosphère forte et étrange. L’hiver écossais est bien exploité par le réalisateur : le brouillard qui symbolise le passage d’un monde à l’autre pour l’héroïne, la forêt aux allures féériques qui symbolise sa difficulté à décrypter l’esprit humain. Tout cela est assez superbe. La médiatisation du fait que Scarlett Johansson a fait elle-même toutes les scènes de nu a contribué à donner au film une audience très large. Film étrange, unique, prégnant, Under the Skin pourra être diversement apprécié.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Scarlett Johansson
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Remarques :
* Jonathan Glazer fait un hommage à Kubrick dans la première scène et les motards sont un hommage à Cocteau : ces émissaires de l’intelligence alien, chargés des basses besognes et également de retrouver Scarlett pour la remettre dans le droit chemin, rappellent en effet les messagers de la Mort dans Orphée.
* Les hommes qui montent dans le van ne savaient pas qu’il s’agissait d’un film, ils n’ont été prévenus qu’après, à l’exception toutefois de l’homme au visage déformé, Adam Pearson atteint d’une maladie génétique, qui a été recruté.
* Le van était truffé de huit caméras, camouflées et tournant simultanément, de minuscules caméra CCD de la taille d’une GoPro mais pouvant être montée avec un (gros) objectif anamorphique super16.

Under the Skin
Scarlett Johansson dans Under the Skin de Jonathan Glazer.

Under the Skin
La « fabrication » de Scarlett Johansson ouvre le film…  un évident hommage à 2001, l’odyssée de l’espace. Jonathan Glazer rapproche visuellement l’infiniment grand, l’espace, et l’infiniment petit. Superbe.

25 septembre 2016

Le Géant de fer (1999) de Brad Bird

Titre original : « The Iron Giant »

Le Géant de fer1957. Un géant de métal venu de l’espace échoue sur Terre pour une raison inconnue. C’est un petit garçon qui le découvre en premier et, convaincu qu’il est amical, va tout faire pour ne pas qu’il ne soit pas découvert… Premier film de Brad Bird, The Iron Giant est librement adapté d’un livre pour enfants du poète anglais Ted Hughes. Il en a gardé l’esprit, c’est-à-dire une fable anti-guerre prônant les vertus de l’autodétermination. Il a été réalisé avec les techniques traditionnelles de dessin animé auxquelles est venu se greffer un personnage généré par ordinateur en 3D (le géant de métal). Le résultat est vraiment convaincant. Par rapport aux autres films d’animation, The Iron Giant a l’avantage d’être moins formaté, il a une fraîcheur et une maturité qui lui sont propres. L’humour est constant mais assez subtil, intelligent aurait-on envie d’ajouter. C’est une belle fable dotée de plusieurs niveaux de lecture et donc destinée aussi bien aux adultes qu’aux enfants. Bien qu’il reçût de bonnes critiques à sa sortie, le film fut un échec commercial, en grande partie à cause d’une erreur de marketing de la part de Warner Bros. La réputation du film a grandi après des passages répétés sur la télévision américaine. Le film est ressorti sur les écrans américains fin 2015. Pour la France, ce sera fin 2016.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jennifer Aniston, Vin Diesel
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Voir un livre sur L’art du Géant de fer….

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Le Géant de fer
Le Géant de fer de Brad Bird.

Le géant de fer

Le Géant de fer

Le Géant de fer

Remarques :
* Pete Townshend (des Who) est producteur exécutif. Au départ, il avait le projet d’un opéra-rock dans la lignée de Tommy. Pete Townshend a d’ailleurs sorti un album intitulé « The Iron Man: The Musical » (1989) qui fut monté sur scène à Londres quatre ans plus tard.

* Le nom de l’enfant, Hogarth Hughes, est à la fois un clin d’oeil à l’auteur du livre et aussi à Howard Hughes (et le père du garçonnet était aviateur…)

* Le film fait des clins d’oeil à plusieurs films de science-fiction des années cinquante : Le jour où la Terre s’arrêta (1951) de Robert Wise (le rayon qui fait disparaître les tanks), La Guerres des mondes (1953) de Byron Haskin (les trois vrilles qui sortent de la tête du géant en mode combat) et un beau poster de Planète interdite (1956) dans la chambre de l’enfant.

* La Signature Edition, récemment éditée aux Etats-Unis, ne comporte que deux minutes en plus, principalement une scène de rêve du robot qui fut storyboardée mais non réalisée à l’époque.

28 octobre 2015

La Guerre des mondes (1953) de Byron Haskin

Titre original : « The War of the Worlds »

La Guerre des mondesLeur planète devenant inhospitalière, les martiens ont décidé d’envahir la Terre. Intrigués par la chute d’un météore, les habitants d’un petit village de Californie le voient s’ouvrir pour livrer passage à des machines qui détruisent tout sur leur passage… Même s’il faut mentionner la très remarquée adaptation radiophonique d’Orson Welles en 1938 qui sema la panique tant elle était réaliste, La Guerre des mondes de Byron Haskin (produite par George Pal) est la première grande adaptation du célèbre roman de H.G. Wells. Elle diffère du livre sur de nombreux points mais en reste fidèle à l’esprit ; la différence la plus discutable est l’inclusion d’une dimension religieuse, en montrant la fin comme une intervention divine. Le scénario est finalement très simple mais le film tire toute son intensité de l’utilisation intelligente d’effets spéciaux très spectaculaires pour l’époque, effets qui dévorèrent les trois-quarts de l’important budget du film, et du choix judicieux de ne montrer qu’à peine les martiens. La tension n’en est que plus forte. Vu aujourd’hui, le film conserve son impact même si les effets spéciaux ne peuvent nous subjuguer autant. La Guerre des mondes reste l’un des grands films de science-fiction des années cinquante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gene Barry, Ann Robinson, Les Tremayne
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La Guerre des mondes
La Guerre des mondesAnn Robinson et Gene Barry dans La Guerre des mondes de Byron Haskin

Remarques :
* Les machines martiennes étaient prévues au départ pour être des tripodes comme dans le livre de Wells mais il fut impossible d’imaginer leur marche. Il fut donc décidé d’opter pour des machines volantes. Elles sont remarquablement dessinées.

* Les machines martiennes ont été réalisées en cuivre et à l’échelle réelle, ce qui accroit leur effet à l’image (les esprits chagrins feront toutefois remarquer que certains des nombreux câbles utilisés pour les soutenir restent visibles à l’écran).

* En ce début des années cinquante où la paranoïa anticommuniste était à son maximum, le thème d’une invasion extraterrestre se voyait doté d’un impact accru. Le caractère de métaphore est obligatoirement présent mais il paraît tout de même moins net que dans d’autres films.

* Remake :
La Guerre des mondes (The War of the Worlds) de Steven Spielberg (2005) avec Tom Cruise.

24 octobre 2015

Rencontres du troisième type (1977) de Steven Spielberg

Titre original : « Close Encounters of the Third Kind »

Rencontres du troisième typeD’étranges phénomènes surviennent à plusieurs endroit du globe : des avions disparus mystérieusement il y a trente ans ressurgissent soudainement au Mexique, un cargo porté disparu est découvert échoué au beau milieu du désert de Gobi et un petit groupe d’américains voient passer de petits vaisseaux spatiaux devant eux… Avec Star Wars sorti quelques mois plus tôt, Rencontres du troisième type a grandement initié le retour de la science-fiction en tant que film à grand spectacle. Le film de Spielberg forme en quelque sorte un diptyque avec E.T. qu’il tournera cinq ans plus tard, reposant sur une vision très idéaliste de contacts avec des extra-terrestres bienveillants. Ce que Spielberg réussit parfaitement à transmettre, c’est l’émerveillement presque enfantin qu’une telle situation peut générer dans nos esprits. Certes, les effets spéciaux de 1977 n’ont plus le pouvoir de nous étonner aujourd’hui mais le film n’en paraît que meilleur car la magie des images et du propos n’en est que plus évidente. On en ressort ébloui… En outre, la musique de John Williams est superbe.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Richard Dreyfuss, François Truffaut, Teri Garr, Melinda Dillon, Bob Balaban
Voir la fiche du film et la filmographie de Steven Spielberg sur le site IMDB.

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Rencontres du Troisième type
Rencontres du Troisième Type
François Trffaut dans Rencontres du troisième type de Steven Spielberg.
(à noter que c’est sa seule apparition en tant qu’acteur dans un film dirigé par un autre réalisateur que lui-même).

Remarques :
* Le scénario a été écrit (dès 1973) en grande partie par Paul Schrader (futur réalisateur et auteur du scénario de Taxi Driver) qui a demandé à enlever son nom du générique : la mésentente venait du fait que Spielberg voulait un héros ordinaire alors que Schrader était allergique à tout américain moyen : « Si quelqu’un doit me représenter, moi et la race humaine toute entière, je n’ai pas envie que envie que ce soit un type qui prend ses repas chez McDonalds ! » disait-il. « Mais, c’est justement ce que je veux ! » répondait Spielberg.

* Trois types de rencontres ont été définis par l’ufologue J. Allen Hynek (qui fait une petite apparition dans le film) :
– 1er type : Observation visuelle d’OVNI
– 2e type : Découverte d’une preuve de visite extra-terrestre.
– 3e type : Entrer en contact avec des extra-terrestres.

* Le petit garçon est interprété par Cary Guffey (5 ans). Il était si bon que l’équipe l’avait surnommé « One Take Cary » (= une seule prise). Impressionné par sa prestation, Kubrick voulut l’engager pour jouer le petit garçon de Shining. En fait, Cary Guffey ne tournera ensuite que dans quelques films de moindre importance (Cross Creek de Martin Ritt mis à part toutefois) et ne poursuivra pas au-delà de l’âge de douze ans.

* Le scientifique est français car le personnage est basé sur l’ufologue et astronome Jacques Vallée.

* Ray Bradbury a déclaré qu’il s’agissait du plus grand film de science-fiction jamais réalisé.

* Versions :
1. Version commerciale de 1977 de 135 mn.
2. Special Edition : version remaniée par Spielberg de 132 mn avec notamment l’ajout de la scène dans le désert de Gobi, de la salle de bain et une scène finale où l’on entre avec Richard Dreyfus dans le vaisseau.
3. Director’s Cut ou Collector’s Edition : version de 137 mn où Spielberg a (fort justement) enlevé la scène à l’intérieur du vaisseau, préférant le laisser à l’imagination du spectateur.

23 juillet 2015

Contact (1997) de Robert Zemeckis

ContactAprès des années de recherches, l’astrophysicienne Eleanor Arroway capte un signal venant de l’étoile Vega. Aucun doute n’est permis : il s’agit bien d’un message qui nous est adressé… Pour tout amateur de hard science-fiction (1) qui se respecte, l’adaptation de Contact de Carl Sagan était très attendue car le roman de ce scientifique est l’un des meilleurs du genre. L’histoire se situe tout naturellement dans le cadre du vaste et enthousiasmant programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence, recherche d’une intelligence extraterrestre) dont Carl Sagan était l’un des promoteurs. L’adaptation par Robert Zemeckis s’est révélée être excellente, avec le même degré d’assise scientifique. Carl Sagan en a, il est vrai, suivi de près la préparation mais n’a pu hélas le voir terminé du fait de son décès en cours de tournage. Le niveau de réalisme est excellent, les problèmes soulevés sont effectivement ceux qui ne manqueraient pas de se poser dans une telle situation et les images créées (scène d’ouverture et voyage) sont superbes. Le film sera toutefois diversement apprécié selon sa sensibilité au sujet. A mes yeux, Contact est l’un des meilleurs films de science-fiction jamais réalisés.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jodie Foster, Matthew McConaughey, Tom Skerritt, William Fichtner, John Hurt
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Contact
Jodie Foster est à l’écoute du ciel profond dans Contact de Robert Zemeckis

Remarques :
* Au départ, Contact a été un projet de film que Carl Sagan a écrit en 1980 avec sa femme Ann Druyan. Le projet n’a pas abouti et Carl Sagan en a fait un roman (paru en 1985).

* Peu après la sortie de Contact, Warner Bros a reçu un avertissement de la Maison Blanche pour avoir utilisé des images du président Bill Clinton sans autorisation. Il faut dire que ces insertions sont fort bien faites, on pourrait croire qu’il a joué dans le film. En la matière, Zemeckis a l’expérience de Forrest Gump.

* Le radiotélescope du début du film est celui d’Arecibo sur l’île de Porto-Rico. Il a été et est toujours utilisé dans le cadre de SETI. C’est le plus grand au monde en taille physique (mais pas en taille effective où il est largement dépassé par de plus petits mis en batterie). Les radiotélescopes vus ensuite sont ceux du Very Large Array (VLA) situé aux Etats-Unis dans l’état du Nouveau Mexique.

* La scène d’ouverture, un travelling arrière depuis la Terre jusqu’aux amas de galaxies, est absolument superbe. On peut la voir sur Youtube (mais, même en HD, les algorithmes de compression montrent nettement leurs limites : ils en font de la bouillie).

(1) La « hard science-fiction » (= science-fiction dure) est un genre de science-fiction qui s’appuie sur des bases scientifiques solides. Pour donner les auteurs les plus représentatifs, on peut citer Arthur C. Clark (2001, odyssée de l’espace), Poul Anderson, Stanislaw Lem (Solaris), Carl Sagan, Kim Stanley Robinson, … Et Jules Vernes est un peu le père spirituel de la « hard SF ».