14 octobre 2023

La Voix humaine (2020) de Pedro Almodóvar

Titre original : « The Human Voice »

La Voix humaine (La voz humana)Dans un grand appartement, une femme attend que son ex-amant vienne prendre ses affaires rassemblées dans trois valises. Il est censé venir les chercher mais n’arrive jamais. Enfin, le téléphone sonne…
La Voix humaine est un moyen métrage de 30 minutes écrit et réalisé par Pedro Almodóvar d’après la pièce de théâtre homonyme de Jean Cocteau. Cette pièce, écrite en 1929, a été adaptée de nombreuses fois sur les planches, à la télévision et même au cinéma. Almodovar s’en était inspiré très librement pour Femmes au bord de la crise de nerfs (1988) et dans La Loi du désir (1987) il avait déjà repris la fin du monologue. L’originalité est de cette pièce de n’avoir qu’un seul personnage qui parle au téléphone. Cela ne nous empêche pas d’apprendre beaucoup sur la nature de la liaison de cette femme et de son amant. Pedro Almodóvar l’a tourné en anglais, une première pour le cinéaste, et Tilda Swinton fait une belle prestation. Les décors, pleins de couleurs, sont remarquables.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tilda Swinton
Voir la fiche du film et la filmographie de Pedro Almodóvar sur le site IMDB.
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Tilda Swinton dans La Voix humaine (La voz humana) de Pedro Almodóvar.

15 juin 2017

Under the Skin (2013) de Jonathan Glazer

Under the SkinUn alien, ayant pris l’apparence d’une jeune femme très séduisante (Scarlett Johansson), sillonne les rues de Glasgow en Ecosse au volant d’un van. Elle cherche à attirer des hommes seuls pour les conduire dans une maison où ils sont comme « consommés » ou « assimilés »… Basé sur un roman de Michel Faber, néerlandais et écossais d’adoption, Under the Skin est un film pour le moins étonnant. Il ne ressemble à nul autre. L’anglais Jonathan Glazer a mis près de dix ans à le mettre sur pied. La base du scénario est assez classique, un thème récurrent dans la science-fiction : la découverte de la richesse du ressenti humain par un extraterrestre le pousse à vouloir devenir humain (thème que j’ai toujours trouvé un peu présomptueux, soit-dit en passant!) Mais, ce thème ne sert finalement que de trame. Si le film est envoûtant, c’est plus par sa forme et les belles trouvailles de Jonathan Glazer : il crée un contraste surprenant entre les scènes « humaines » au style de documentaire social avec des vues réelles, et les scènes « aliens » épurées à l’extrême, très stylisées. La rareté des paroles alliée à une musique très pleine, parfois à la limite de la dissonance, contribue à créer une atmosphère forte et étrange. L’hiver écossais est bien exploité par le réalisateur : le brouillard qui symbolise le passage d’un monde à l’autre pour l’héroïne, la forêt aux allures féériques qui symbolise sa difficulté à décrypter l’esprit humain. Tout cela est assez superbe. La médiatisation du fait que Scarlett Johansson a fait elle-même toutes les scènes de nu a contribué à donner au film une audience très large. Film étrange, unique, prégnant, Under the Skin pourra être diversement apprécié.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Scarlett Johansson
Voir la fiche du film et la filmographie de Jonathan Glazer sur le site IMDB.
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Remarques :
* Jonathan Glazer fait un hommage à Kubrick dans la première scène et les motards sont un hommage à Cocteau : ces émissaires de l’intelligence alien, chargés des basses besognes et également de retrouver Scarlett pour la remettre dans le droit chemin, rappellent en effet les messagers de la Mort dans Orphée.
* Les hommes qui montent dans le van ne savaient pas qu’il s’agissait d’un film, ils n’ont été prévenus qu’après, à l’exception toutefois de l’homme au visage déformé, Adam Pearson atteint d’une maladie génétique, qui a été recruté.
* Le van était truffé de huit caméras, camouflées et tournant simultanément, de minuscules caméra CCD de la taille d’une GoPro mais pouvant être montée avec un (gros) objectif anamorphique super16.

Under the Skin
Scarlett Johansson dans Under the Skin de Jonathan Glazer.

Under the Skin
La « fabrication » de Scarlett Johansson ouvre le film…  un évident hommage à 2001, l’odyssée de l’espace. Jonathan Glazer rapproche visuellement l’infiniment grand, l’espace, et l’infiniment petit. Superbe.