4 septembre 2022

Les Tueurs de la lune de miel (1970) de Leonard Kastle

Titre original : « The Honeymoon Killers »

Les tueurs de la lune de miel (The Honeymoon Killers)Martha Beck est une infirmière-chef au tempérament maussade, complexée en raison de son surpoids. Elle fait la rencontre de Raymond Fernandez grâce à un club de rencontres et le suit à New York. Il lui révèle qu’il est un escroc qui gagne sa vie en séduisant des femmes seules…
Initialement, The Honeymoon Killers était prévu pour être dirigé par Martin Scorsese (cela aurait été son second long métrage) mais il fut renvoyé dès le début du tournage parce qu’il travaillait trop lentement. Leonard Kastle, qui en a écrit le scénario, se retrouva en charge de le réaliser. Ce sera l’unique réalisation de ce compositeur d’opéra. L’histoire est basée sur des faits réels survenus à la fin des années quarante. L’approche choisie par Kastle est neutre. Il a tourné en noir et blanc, avec un budget réduit, dans un style qui évoque par moments un documentaire. Le résultat est assez dérangeant. Alors que nombre de films nous offre une vision idéalisée du banditisme (pensons par exemple à Bonnie & Clyde sorti trois ans plus tôt), The Honeymoon Killers nous présente ce couple criminel dans sa réalité, sans concessions ni artifice, et cette réalité est sordide, moche, sans éclat… et dérangeante. Le film n’a pas connu un grand succès à sa sortie mais a acquis le statut de film culte au fil des ans. Un groupe de punk-rock américain a pris le nom The Honeymoon Killers en 1983, en hommage au film. Le film est ressorti en 1992.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Shirley Stoler, Tony Lo Bianco
Voir la fiche du film et la filmographie de Leonard Kastle sur le site IMDB.

Remarque :
* Texte en prologue : « Ce drame incroyable et choquant que vous êtes sur le point de voir est probablement l’affaire la plus bizarre des annales du crime américain. Les événements incroyables montrés sont basés sur des comptes rendus de journaux et des archives judiciaires. C’est une histoire vraie. »

Les tueurs de la lune de miel (The Honeymoon Killers)Tony Lo Bianco et Shirley Stoler dans Les tueurs de la lune de miel (The Honeymoon Killers) de Leonard Kastle

Autre adaptation de la même affaire réelle :
Coeurs perdus (Lonely Hearts) de Todd Robinson (2006) avec John Travolta et Salma Hayek.

5 décembre 2021

Les Dents du diable (1960) de Nicholas Ray

Titre original : « The Savage Innocents »
Titre original italien : « Ombre bianche »

Les dents du diable (The Savage Innocents)Inuk est un inuit. Robuste et excellent chasseur, il a toujours de quoi manger et se vêtir mais il sait qu’il doit maintenant trouver une femme…
The Savage Innocents (on peut oublier le titre français qui doit être une erreur car on ne voit vraiment pas à quoi il se rapporte) est une production anglo-franco-italienne. Il s’agit de l’adaptation du roman Top of the World de l’écrivain suisse Hans Ruesch qui se déroule dans le monde polaire des Inuits. Ce film assez méconnu étonne à priori dans la filmographie de l’américain Nicholas Ray. La première moitié du film est une description presque ethnologique du mode de vie d’un chasseur inuit, montrant les pratiques pour chasser, manger, se mettre en couple et les autres habitudes de la vie courante. Anthony Quinn est étonnamment crédible en Inuit, il se donne entièrement et, hormis la langue (ils parlent anglais), l’immersion est totale. Ensuite, à la moitié du récit, notre héros va se retrouver confronté à la société moderne, sous la forme d’une poignée d’occidentaux venus acheter des peaux et d’un missionnaire. Leur méconnaissance des traditions Inuits va engendrer une situation dramatique. On retrouve là l’un des thèmes chers à Nicholas Ray, une approche très rousseauiste (« l’homme est bon par nature, c’est la société qui le corrompt ») que l’on peut trouver certainement un peu simplificatrice dans son application ici, sans que cela enlève aux qualités du film. Il est non seulement intéressant mais aussi très beau avec ses belles images tournées dans le Grand Nord canadien. Les scènes tournées en studio sont aisément identifiables, certes, mais elles restent très crédibles. Une intéressante découverte.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Quinn, Yôko Tani, Peter O’Toole, Carlo Giustini, Anna May Wong
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Remarques :
* Hans Ruesch, auteur du roman, n’a en réalité jamais vu un seul inuit de sa vie. Il a basé son récit en partie sur le film Eskimo de W.S. Van Dyke (1933).
* Bob Dylan admirateur du film, a écrit en 1967 la chanson Quinn the Eskimo (The Mighty Quinn) en hommage à l’interprétation d’Anthony Quinn. La chanson a été reprise par Manfred Mann en 1968 qui en a fait un tube planétaire (« Come on without, come on within, you’ll not see nothing like the Mighty Quinn« ).
* Peter O’Toole (qui interprète l’un des deux policiers blancs) a demandé que son nom soit retiré du générique car sa voix est doublée. A noter que l’acteur n’était pas encore connu, il tournera Lawrence d’Arabie deux ans plus tard.
* Une séquence supplémentaire de chasse à l’ours a été perdue dans un accident d’avion.
* Le réalisateur de la seconde équipe est l’italien Baccio Bandini.

Les dents du diable (The Savage Innocents)Anthony Quinn dans Les dents du diable (The Savage Innocents) de Nicholas Ray.

Les dents du diable (The Savage Innocents)Yôko Tani, Anthony Quinn et Kaida Horiuchi dans Les dents du diable (The Savage Innocents) de Nicholas Ray.

21 octobre 2021

Vers l’autre rive (2015) de Kiyoshi Kurosawa

Titre original : « Kishibe no tabi »

Vers l'autre rive (Kishibe no tabi)Mizuki, veuve depuis trois ans, vit seule en donnant des cours de piano aux enfants. Un soir, son mari revient à la maison. Il lui annonce que son corps a bien disparu en mer, mangé par les crabes mais que, depuis, il a parcouru le Japon et sympathisé avec des vivants et d’autres personnes « comme lui ». Il demande à Mizuki de l’accompagner pour découvrir tout ce qu’il a fait et vu…
Vers l’autre rive est un film japonais réalisé par Kiyoshi Kurosawa (qui, rappelons-le, n’a aucun lien de parenté avec Akira Kurosawa). C’est l’adaptation d’un roman de Kazumi Yumoto, auteure japonaise qui semble avoir beaucoup écrit de romans pour la jeunesse (assez étrangement, car ce film n’est pas vraiment un film pour enfants). Si le début nous intrigue surtout, c’est assez subtilement que la suite du récit nous touche plus profondément sans que l’on prenne conscience de ce changement de registre. L’art de Kiyoshi Kurosawa est de donner une apparence naturelle à des situations surnaturelles, de donner un visage très simple à des réflexions plus complexes. Il n’utilise aucun effet, évite le spectaculaire ; ses paisibles scènes du quotidien évoquent le cinéma d’Ozu. Avec subtilité et délicatesse, le récit se nourrit d’une réflexion philosophique sur l’existence, le couple, la mort, l’absence mais aussi les rencontres et les petits riens qui sont le sel de nos vies. Le film peut dérouter mais il peut aussi nous emmener assez loin et avec douceur.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Eri Fukatsu, Tadanobu Asano
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Vers l'autre rive (Kishibe no tabi)Eri Fukatsu et Tadanobu Asano dans Vers l’autre rive (Kishibe no tabi) de Kiyoshi Kurosawa.

16 août 2021

Hôtel Singapura (2015) de Eric Khoo

Titre original : « In the Room »

Hôtel Singapura (In the Room)L’hôtel Singapura est en pleine décrépitude mais il a connu des jours plus prestigieux. Depuis la seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, des couples s’y sont retrouvés pour parler d’amour et le faire…
Hôtel Singapura (In the Room) est un film singapourien réalisé par Eric Khoo. L’idée de départ est séduisante : placer six histoires (et même un peu plus) étalées à dix ans d’intervalle sur soixante ans (et même un peu plus) dans une unique chambre d’hôtel. L’intention était de traduire l’évolution des mœurs et de la société à travers de scènes intimes où il est question d’amour (un peu) et de sexe (beaucoup). Le résultat n’est pas tout à fait à la hauteur des espérances mais le film d’Eric Khoo ne manque pas de qualités. La principale est certainement d’avoir six histoires très différentes, ce qui, toutefois, n’empêche pas de ressentir une petite sensation de longueurs. Hormis la séquence hilarante des professionnelles des années cinquante, le fond du propos est d’une grande tristesse, l’amour restant inaccessible et laissant la place à des étreintes sexuelles mécanistes. Hôtel Singapura ne manque pas de style et se montre d’une indéniable originalité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Josie Ho, Ian Tan, Nadia Ar, Shô Nishino, Lawrence Wong, Choi Woo-sik
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Remarques :
* La distribution réunit plusieurs actrices et acteurs des pays d’extrême-orient : Josie Ho vient de Hong-kong, Shou Nishino est japonaise, Lawrence Wong vient de Malaisie, Netnaphad Pulsavad est thaïlandaise, George Young, Daniel Jenkins et Koh Boon sont basés à Singapour.
* Le tournage a été bouclé en dix jours.

Hôtel Singapura (In the Room)Ian Tan et Nadia Ar dans Hôtel Singapura (In the Room) de Eric Khoo.

18 juin 2021

Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020) de Emmanuel Mouret

Les choses qu'on dit, les choses qu'on faitMaxime rend visite à son cousin François à la campagne, mais celui-ci a dû s’absenter et c’est sa compagne, Daphné, enceinte de trois mois, qui l’accueille. Pendant quatre jours, Maxime et Daphné font connaissance en se racontant leurs récentes histoires amoureuses aux multiples rebondissements…
Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait est le dixième long métrage d’Emmanuel Mouret. Une fois de plus, il s’agit d’une « histoire de sentiments » pour reprendre l’expression qu’il met dans la bouche de son personnage principal, expression qu’il préfère aux réductrices « histoires d’amour ». Son scénario est joliment écrit, décrivant avec beaucoup de délicatesse les liaisons qui se font et se défont. Le film cherche à illustrer une thèse du philosophe René Girard sur le caractère mimétique du désir (1), concept qui, il faut bien l’avouer, n’est pas facile à appréhender rapidement et les quelques extraits habilement insérés dans deux ou trois scènes restent un peu obscurs sans que toutefois cela soit gênant. Par beaucoup de points, notamment la direction d’acteurs, Emmanuel Mouret se situe dans la lignée d’Eric Rohmer ou encore d’Alain Resnais. Son cinéma montre plus que jamais une indéniable maturité. A noter, une très belle utilisation de la musique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne, Émilie Dequenne, Jenna Thiam, Guillaume Gouix, Julia Piaton, Louis-Do de Lencquesaing
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(1) Professeur de littérature à la fin des années cinquante, René Girard (1923-2015) a conçu cette thèse à partir de l’étude des personnages créés par les écrivains. Le philosophe décrit « le caractère mimétique du désir » dans son premier livre, Mensonge romantique et vérité romanesque (1961).
Selon Girard, tout désir est l’imitation du désir d’un autre. Loin d’être autonome (c’est l’illusion romantique), notre désir est toujours suscité par le désir qu’un autre – le modèle – a d’un objet quelconque. Le sujet désirant attribue un prestige particulier au modèle : l’autonomie métaphysique ; il croit que le modèle désire par lui-même. Le rapport n’est pas direct entre le sujet et l’objet : il y a toujours un triangle. À travers l’objet, c’est le modèle, que Girard appelle médiateur, qui attire ; c’est l’être du modèle qui est recherché. (Merci Wikipédia)
Le philosophe a ensuite étendu son analyse au sacré et à la violence collective.

Les choses qu'on dit, les choses qu'on faitJulia Piaton, Niels Schneider et Jenna Thiam dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait de Emmanuel Mouret.

6 février 2021

Le Futur est femme (1984) de Marco Ferreri

Titre original : « Il futuro è donna »

Le Futur est femme (Il futuro è donna)Dans une boite de nuit, Anna et Gordon rencontre Malvina, une femme seule et enceinte qui n’a pas d’endroit où dormir. Ils l’hébergent et un lien va peu à peu les unir…
Le Futur est femme est un film franco-germano-italien réalisé par Marco Ferreri. C’est un film assez surprenant, étrange, une variation sur la place de la femme et sur la maternité. Si Ferreri a quelquefois été accusé de misogynie dans ses premiers films, il met ici la femme sur un piédestal : les femmes ont pris le contrôle de leur vie, s’affranchissant totalement des règles sociales. Les hommes n’ont qu’un rôle secondaire, réduits à regarder, souvent grotesques. Ferreri utilise merveilleusement décors et éclairages pour créer un climat un peu surréaliste avec une recherche esthétique de tous les plans. Et parmi les objets, les plus remarquables sont incontestablement ces immenses têtes en cire de Greta Garbo et Marlène Dietrich. Le film repose sur un beau trio d’acteurs, même si hélas deux d’entre eux sont doublés en italien. La grossesse d’Ornella Muti était bien réelle. Le Futur est femme est un film doté d’une belle personnalité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ornella Muti, Hanna Schygulla, Niels Arestrup
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Le Futur est femme (Il futuro è donna)Hanna Schygulla et Ornella Muti dans Le Futur est femme (Il futuro è donna) de Marco Ferreri.

25 novembre 2020

Valley of Love (2015) de Guillaume Nicloux

Valley of LoveIsabelle et Gérard, un couple séparé de longue date, se retrouvent dans un hôtel proche de la vallée de la Mort aux États-Unis. Leur fils Michael s’est suicidé six mois auparavant et leur a demandé par lettre de se rendre ensemble dans ce lieu à cette date, promettant de leur apparaître. Malgré l’absurdité de la situation, ils décident de suivre le programme initiatique imaginé par Michael. Chaque jour, ils doivent aller dans l’un des lieux emblématiques de l’endroit…
Ecrit et réalisé par Guillaume Nicloux, Valley of Love est un film assez particulier. Son histoire est assez étrange mais sa petite coloration surnaturelle n’est que secondaire. Le point central, ce sont les retrouvailles de ce couple séparé depuis plus de vingt ans. Sans règlement de comptes, ils font le bilan de leur vie et ont des façons très différentes de faire le deuil de ce fils qu’ils n’ont pas assez connu. Les dialogues sont écrits avec sensibilité et justesse. Il est étonnant de voir une discussion démarrée sur des banalités se terminer sur des réflexions bien plus profondes. Le film est porté par deux très grands acteurs qui se retrouvent pour la première fois depuis 35 ans (1). Guillaume Nicloux entretient une petite ambigüité sur leur proximité avec leurs personnages (mêmes prénoms, même profession d’acteur, perte d’un fils, même lieu de naissance). Il sait exploiter aussi la corpulence de Depardieu en parallèle des chaleurs extrêmes de l’endroit. Un film atypique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Gérard Depardieu
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(1) Isabelle Huppert et Gérard Depardieu n’avaient pas joué ensemble depuis Loulou de Maurice Pialat en 1980, dans lequel ils avaient les deux rôles principaux. Avant cela, il y avait eu Les Valseuses de Bertrand Blier (1974) mais Isabelle Huppert n’y avait qu’une courte scène.

Valley of LoveGérard Depardieu et Isabelle Huppert dans Valley of Love de Guillaume Nicloux.

Valley of LoveGérard Depardieu et Isabelle Huppert dans Valley of Love de Guillaume Nicloux.

16 novembre 2020

Hier, aujourd’hui et demain (1963) de Vittorio De Sica

Titre original : « Ieri oggi domani »

Hier, aujourd'hui et demain (Ieri oggi domani)Adelina : Ne pouvant payer une forte amende pour vente de cigarettes de contrebande, une jeune mère de famille découvre qu’elle ne peut être envoyée en prison car elle est enceinte. Elle décide alors d’enchaîner les grossesses…
Anna : La femme d’un riche industriel milanais s’offre une balade en voiture avec son amant, un intellectuel désargenté…
Mara : Une prostituée de standing va devoir remettre dans le droit chemin son voisin, un jeune séminariste prêt à renoncer à sa vocation après l’avoir vue…

Ce film à sketches de Vittorio de Sica met en scènes trois histoires d’époques, de lieux et de styles très différents. Le premier sketch est celui de l’hier, il se déroule dans l’Italie du sud à Naples, dans un style néoréaliste tirant fortement vers la comédie. Le scénario d’Eduardo De Filippo s’inspire d’un fait divers où une femme aurait enchaîné dix-neuf grossesses ! Le second est celui de l’aujourd’hui, de l’Italie prospère et renaissante du Nord (Milan), dans un style qui semble vouloir parodier Antonioni. Le scénario signé Zavattini est basé sur une nouvelle de Moravia. C’est le plus court des trois, le plus bâclé sans doute. Le troisième est celui de demain, de la liberté des mœurs de la Rome moderne, dans un style léger, de pure comédie. Le scénario est également signé Cesare Zavattini. Mastroianni y est hilarant et Sophia Loren nous gratifie d’un strip-tease qui est resté dans les annales. Les trois sketches reposent sur le duo d’acteurs qui montrent là leur grande vitalité et leur capacité à jouer des rôles très différents. L’ensemble est plaisant mais pas vraiment remarquable. Oscar du meilleur film étranger.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sophia Loren, Marcello Mastroianni, Aldo Giuffrè, Tina Pica
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Remarque :
* Aujourd’hui, demain et après-demain (Oggi, domani, dopodomani) de Eduardo De Filippo, Marco Ferreri et Luciano Salce (1965) tentera de reprendre le même principe des trois sketches (avec Marcello Mastroianni mais sans Sophia Loren).

Hier, aujourd'hui et demain (Ieri oggi domani)Marcello Mastroianni et Sophia Loren dans le sketch Adelina de Hier, aujourd’hui et demain (Ieri oggi domani) de Vittorio De Sica.

Hier, aujourd'hui et demain (Ieri oggi domani)Sophia Loren et Marcello Mastroianni dans le sketch Anna de Hier, aujourd’hui et demain (Ieri oggi domani) de Vittorio De Sica.

Hier, aujourd'hui et demain (Ieri oggi domani)Marcello Mastroianni et Sophia Loren dans le sketch Mara de Hier, aujourd’hui et demain (Ieri oggi domani) de Vittorio De Sica.

25 juillet 2020

So Long, My Son (2019) de Wang Xiaoshuai

Titre original : « Di Jiu Tian Chang »

So Long, My Son (Di Jiu Tian Chang)Trente ans de la vie d’une famille chinoise, des années 1980 aux années 2010, marquée par un deuil soudain…
Wang Xiaoshuai a écrit et réalisé So Long, My Son. A travers ce portrait d’un couple durablement marqué par un drame, il cherche à montrer comment la politique de contrôle des naissances en Chine a profondément influencé la vie de toute une génération de parents. Le film est très long (3 heures), particulièrement lent, mais le plus déroutant pour le spectateur est la structure du récit « en puzzle ». Le réalisateur assume le flou ainsi créé tout en espérant que les incertitudes sont ensuite levées. En réalité, on perd mentalement beaucoup de temps à essayer de recoller les morceaux sans vraiment y parvenir. A moins d’avoir lu à l’avance le synopsis remis en ordre normal (lire sur Wikipédia), il faudrait certainement visionner le film une deuxième fois pour entrevoir et éventuellement apprécier tout l’intérêt de cette structure éclatée. Les bruits d’ambiance et d’arrière-plan sont forts et constants. Le film a été plutôt bien reçu par la critique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Wang Jingchun, Yong Mei, Qi Xi
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Remarques :
* Nos notes auraient certainement été différentes si nous avions pu lire le synopsis avant de voir le film (un principe que nous ne souhaitons pas adopter mais qui, dans le cas présent, semble indispensable).

* Wang Xiaoshuai explique : « Aujourd’hui, notamment chez les jeunes générations, il y a une plus grande prise de conscience de l’importance de l’épanouissement individuel, mais la réalité chinoise telle que je la perçois, c’est que ce pays ne s’est jamais complètement éloigné de la primauté du collectif sur l’individu ».

* A propos du titre original :
地久天长 (Dì jiǔ tiān cháng), littéralement « terre ancienne ciel vaste » est un idiome de Lao Tseu généralement compris comme « perdurer aux côtés de la création », et véhicule ainsi l’idée d’éternel.

So Long, My Son (Di Jiu Tian Chang)Yong Mei et Wang Jingchun dans So Long, My Son (Di Jiu Tian Chang) de Wang Xiaoshuai

26 août 2019

Monsieur et Madame Adelman (2017) de Nicolas Bedos

Mr & Mme AdelmanSarah Adelman enterre son mari, un écrivain à succès, prix Goncourt et membre de l’Académie française. Elle reçoit un journaliste venu l’interviewer pour écrire une biographie. Elle évoque alors les quarante-cinq années de leur relation…
Monsieur et Madame Adelman est un film fait en circuit fermé : le couple (à la ville comme à l’écran) Nicolas Bedos / Doria Tillier ont écrit un scénario fortement inspiré de leur vie personnelle, tiennent les deux rôles principaux et l’un des deux le dirige. Comme leurs personnages, ils théâtralisent leur vie (c’est Nicolas Bedos lui-même qui le reconnait). L’histoire n’est pas très originale, bourrée de lieux communs et de procédés scénaristiques standardisés. Le meilleur est dans la vivacité des dialogues, même si l’humour est souvent assez facile et veut visiblement donner dans l’humour mordant ou même méchant. Le film est amusant sur le moment mais s’oublie très vite.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Doria Tillier, Nicolas Bedos, Denis Podalydès, Antoine Gouy, Christiane Millet, Pierre Arditi
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Mr & Mme AdelmanDoria Tillier et Nicolas Bedos dans Mr & Mme Adelman de Nicolas Bedos.