4 mars 2024

Amsterdam (2022) de David O. Russell

AmsterdamNew York, 1933. Burt Berendsen, vétéran de la guerre partiellement mutilé, est un docteur aux méthodes aventureuses et peu reconnues. Son ami Harold Woodsman, un avocat afro-américain rencontré au front, lui demande de réaliser de manière officieuse l’autopsie de Bill Meekins, un sénateur qui était leur commandant de régiment. Sans le savoir, ils vont se retrouver au centre d’une énigme extraordinaire…
Amsterdam est un film américain écrit et réalisé par David O. Russell qui s’est inspiré de faits réels (1). Hormis les quelques notes gores heureusement ponctuelles (toujours cette attirance des réalisateurs pour les autopsies…), le récit oscille entre drame et comédie sans parvenir à trouver le bon équilibre. Il faut dire que le sujet se prête difficilement à l’humour et son propos social ou politique est complètement noyé. Christian Bale semble s’être beaucoup amusé à jouer ce rôle de docteur instable et hors du commun et il semble souvent sur-jouer son personnage. Hélas, le spectateur s’amuse moins et aucun suspense ne nous retient. Le scénario est rendu d’abord artificiellement opaque pour nous l’expliquer laborieusement ensuite plusieurs fois. Le casting était pourtant prestigieux et la reconstitution soignée. Gros échec commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Christian Bale, Margot Robbie, John David Washington, Rami Malek, Robert De Niro, Alessandro Nivola, Andrea Riseborough, Chris Rock, Matthias Schoenaerts, Michael Shannon, Mike Myers, Timothy Olyphant, Zoe Saldana
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(1) NE LISEZ PAS CETTE PETITE NOTE SI VOUS AVEZ L’INTENTION DE VOIR CE FILM. L’histoire s’inspire d’une affaire appelée « Business Plot », un projet de complot politique, de quelques grands industriels, en 1933 aux États-Unis, qui avait pour but de renverser le gouvernement du président Franklin D. Roosevelt et d’installer un dictateur d’inspiration fasciste. Le général contacté pour prendre la tête de l’insurrection refusa le rôle et dévoila l’affaire. Lire sur Wikipédia (la version en anglais est la plus complète).

Christian Bale, Margot Robbie et John David Washington dans Amsterdam de David O. Russell.

25 février 2024

Barbie (2023) de Greta Gerwig

BarbieBarbieland est un monde parfait où les poupées Barbie vivent joyeusement, persuadées d’avoir rendu les filles humaines heureuses. Mais un jour, une Barbie commence à se poser des questions. Elle part pour le monde réel afin de retrouver la fille à laquelle elle appartenait afin de pouvoir retrouver sa perfection. Dans sa quête, elle est accompagnée par un Ken qui est fou amoureux d’elle…
Barbie est un film américano-britannique réalisé par Greta Gerwig, qui en a écrit le scénario avec Noah Baumbach. Le projet répond à la volonté de Mattel de changer l’image de ses poupées, accusées d’enfermer les femmes dans des stéréotypes depuis leur plus jeune âge. Le film est ainsi une pure opération de marketing. Pour ce faire, Mattel n’a pas hésité à faire appel à une réalisatrice connue pour ses positions plutôt féministes. Assez logiquement, même en prenant tout au second degré, le résultat est ambigu, le fond du propos étant noyé dans la promotion de son contraire. Vu en oubliant cela, comme un simple divertissement, le film manque un peu de folie et, le scénario, d’audace. C’est amusant mais, personnellement, je m’attendais à bien plus amusant. On attend toujours que le film décolle enfin, mais cela ne vient jamais. Finalement, le point fort du film est un dream-ballet (principe calqué sur Singing in the Rain), uniquement masculin, joliment chorégraphié et éclairé. Grâce à une intense promotion relayée complaisamment par la presse, le succès a été énorme et les récompenses nombreuses (1).
Elle: 1 étoile
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Margot Robbie, Ryan Gosling, Kate McKinnon, Emma Mackey, Michael Cera, Will Ferrell
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(1) Greta Gerwig est la première réalisatrice à réaliser un film remportant plus d’un milliard de dollars de recettes. Dans la liste des plus gros succès du box-office mondial, le film est actuellement en 14e position. Voir

Margot Robbie dans Barbie de Greta Gerwig.

26 janvier 2024

Asteroid City (2023) de Wes Anderson

Asteroid CityL’écrivain Conrad Earp rédige et monte une pièce intitulée Asteroid City. Asteroid City est une ville minuscule, en plein désert, dans le sud-ouest des États-Unis. Nous sommes en 1955. Le site est surtout célèbre pour son gigantesque cratère de météorite et son observatoire astronomique. Ce week-end, les militaires et les astronomes accueillent cinq enfants surdoués, distingués pour leurs créations scientifiques, afin qu’ils présentent leurs inventions…
Asteroid City est un film américain écrit et réalisé par Wes Anderson. Il nous propose une fantaisie dans son style inimitable, avec atmosphère vintage, couleurs pastellisées et un look « miniatures ». Nous avons l’impression d’être un observateur doté de beaucoup de recul. Wes Anderson joue aussi avec la construction du film en entremêlant la réflexion de l’auteur (ou des acteurs) avec le récit lui-même. Il aborde les thèmes de la création, du regard, de l’inventivité, du progrès technique, de notre réaction face à l’inconnu, de la filiation. Tout cela avec beaucoup d’humour et une bonne dose de mélancolie. Le plateau d’acteurs est très riche. Le plus remarquable avec Wes Anderson, c’est qu’il parvient toujours à nous surprendre bien que l’on soit habitué à son style. Personnellement, j’adore mais je conçois aisément que tout le monde ne partage pas cet enthousiasme… Effectivement, l’accueil semble avoir été mitigé.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jason Schwartzman, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Jeffrey Wright, Bryan Cranston, Edward Norton, Liev Schreiber, Tilda Swinton, Rupert Friend, Steve Carell, Hope Davis, Matt Dillon, Jeff Goldblum, Adrien Brody, Willem Dafoe, Margot Robbie
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Jason Schwartzman et Tom Hanks dans Asteroid City de Wes Anderson.
Scarlett Johansson dans Asteroid City de Wes Anderson.
Steve Carell, Aristou Meehan et Liev Schrieber dans Asteroid City de Wes Anderson.
Asteroid City de Wes Anderson.

29 septembre 2023

Babylon (2022) de Damien Chazelle

BabylonHollywood, fin des années 1920. Manuel Torres, un immigré d’origine mexicaine, est homme à tout faire pour le petit studio Kinoscope. Il rêve d’être assistant réalisateur. Lors d’une soirée orgiaque, il rencontre Nellie LaRoy, une jeune femme qui cherche à devenir actrice…
Babylon est un film américain écrit et réalisé par le franco-américain Damien Chazelle. Le film démarre très fort par une douche de caca d’éléphant puis une scène de fête débridée, style orgie décadente, qui dure près de trente minutes. Damien Chazelle donne le ton, il ne fait pas de la dentelle. Il nous dresse un portrait outrancier d’Hollywood au moment de la transition du parlant : hystéries à tous les étages, tournages dans la confusion, films faits n’importe comment le jour, fêtes lubriques et décadentes la nuit.
En fait, Damien Chazelle s’est beaucoup inspiré du livre à scandale Hollywood Babylon de Kenneth Anger, livre assez nauséabond qui fait un étalage malsain des excès des acteurs, colportant ragots et légendes urbaines dont la plupart ont été démentis par les historiens. Damien Chazelle ne s’intéresse qu’au côté sombre, à l’envers du décor qui est, comme de bien entendu, peu reluisant. Au final, il donne une idée fausse de ce qu’était le cinéma muet à la fin des années vingt : s’il existait encore beaucoup de petites productions où régnaient la débrouillardise, l’amateurisme n’avait plus sa place dans les films qui sont passés à la postérité, dans ces films qui ont fait Hollywood.
Techniquement, on peut louer la performance des acteurs mais tout est dans l’excès, certainement pour appuyer l’hystérie ambiante ; même la musique est agaçante à vouloir tout souligner. La longueur est tout aussi excessive (3 heures). Cet étalage racoleur est vite ennuyeux. Babylon a été un gros échec commercial… sauf en France où il semble avoir été apprécié par le public et par une bonne partie de la critique.
Elle: 1/2 étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva, Jean Smart, Olivia Wilde
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Margot Robbie dans Babylon de Damien Chazelle.

17 août 2023

The Suicide Squad (2021) de James Gunn

The Suicide SquadLes super-vilains Harley Quinn, Bloodsport, Peacemaker, King Shark, Ratcatcher 2 et Polka-Dot Man, enfermés à la prison de Belle Reve, rejoignent la Task Force X, dite la « Suicide Squad », d’Amanda Waller, qui les envoie sur l’île de Corto Maltese pour effacer toute trace d’un projet top-secret : le projet Starfish. Mais une fois sur place, ils vont découvrir une réalité bien plus sinistre que tout ce qu’ils ont eu à affronter jusque-là…
The Suicide Squad est un film de super-héros américain écrit et réalisé par James Gunn. Dixième film de l’univers cinématographique DC de la Warner, il s’agit d’une suite indépendante du film Suicide Squad de David Ayer, sorti en 2016 (que, personnellement, je n’ai pas vu mais qui est plutôt mal considéré malgré son succès). Le tout s’inspire de la bande dessinée DC Comics du même nom dont l’idée de base est de donner à des super-vilains des missions-suicides pour sauver le monde (ou les Etats-Unis, les américains diront que c’est la même chose…) Cette variation ici présente est assez plaisante. Elle repose sur des scènes d’action spectaculaires et inédites, et aussi sur un humour alimenté par les relations saugrenues entre les personnages qui sont vraiment très… particuliers. A mes yeux, le personnage le plus réussi est Harley Quinn (Margot Robbie), anti-héroïne issue de l’univers Batman : toutes ses scènes sont pleines d’humour et assez jouissives. Bien que plus appréciée, cette suite n’est pas parvenue à égaler le nombre d’entrées de son prédécesseur homonyme, la pandémie expliquant en partie cela.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Margot Robbie, Idris Elba, John Cena, Daniela Melchior, Joel Kinnaman, Michael Rooker, Viola Davis
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The Suicide SquadMargot Robbie dans The Suicide Squad de James Gunn.

27 mars 2021

Scandale (2019) de Jay Roach

Titre original : « Bombshell »

Scandale (Bombshell)Roger Ailes est l’un des créateurs de la chaîne de télévision d’information en continu américaine Fox News. Il use de méthodes peu scrupuleuses avec comme objectif l’audience à tout prix. Il veut des journalistes sexy et leur fait des propositions sexuelles. L’une d’elles, évincée, attaque son ancien patron en justice pour harcèlement sexuel…
Basés sur des faits réels, Scandale nous raconte le combat mené en 2016 par les journalistes vedettes de Fox News Gretchen Carlson et Megyn Kelly contre leur patron Roger Ailes. Le film a le mérite de nous montrer la difficulté pour les victimes de harcèlement de se dévoiler quand cette démarche risque de compromettre durablement leur carrière. Pour d’autres, c’est le sentiment de honte d’avoir cédé qui freine la libération de la parole. Le début du film nous montre également comment Gretchen Carlson s’était opposée au candidat Donald Trump sur ses propos sexistes et grossiers envers les femmes. Toute autre connotation politique a été évincée, fort heureusement car le fait que Megyn Kelly soit une journaliste passablement réactionnaire n’a pas vraiment à entrer en ligne de compte. A noter que le personnage de la troisième journaliste (interprétée par Margot Robbie) a été inventé par les scénaristes. Sur le fond, on peut trouver paradoxal que la communication autour du film ait beaucoup joué sur le côté bimbo des personnages, précisant avec insistance que les actrices ont dû porter de multiples prothèses (sans parler du titre original assez racoleur (1)). La forme joue sur un découpage rapide, le spectateur est submergé par un flot d’informations assénées à un rythme effréné, ce qui rend le film un peu pénible à regarder.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charlize Theron, Nicole Kidman, Margot Robbie, John Lithgow, Allison Janney, Malcolm McDowell
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Scandale (Bombshell)Charlize Theron et John Lithgow dans Scandale (Bombshell) de Jay Roach.

(1) En anglais, « bombshell » (littéralement « obus » ou « douille d’obus ») signifie certes « une énorme surprise », mais en langage courant il signifie aussi « bombe sexuelle ». En français, on retrouve la même double signification dans le mot « bombe ». Pour une fois, les distributeurs français n’ont pas opté pour ce côté racoleur.

29 septembre 2020

Once Upon a Time… in Hollywood (2019) de Quentin Tarantino

Once Upon a Time... in HollywoodHollywood, 1969. Rick Dalton est une star de télévision et de séries B sur le déclin. Son ami le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, l’accompagne et le suit dans sa carrière. Son agent lui annonce qu’il est désormais ringard, à force de toujours jouer des méchants perdants dans des séries. Il lui propose, pour redonner un souffle à sa carrière, de partir en Italie pour tourner un western spaghetti…
Once Upon a Time… in Hollywood est un film américano-britannique écrit, coproduit et réalisé par Quentin Tarantino. Le réalisateur dresse le portrait d’une industrie en pleine mutation au sein d’une société qui l’était tout autant en cette fin des années soixante. Il met à l’affiche deux grandes stars, Leonardo DiCaprio et Brad Pitt, ce qui constitue un atout commercial évident. L’atmosphère est particulièrement bien récréée. C’est surtout un film d’atmosphère d’ailleurs car il n’y a que peu de scénario ; le récit piétine et le film paraît long, ennuyeux même. Comme on le sait, Tarantino est un grand connaisseur du cinéma de série B de cette époque et il parsème l’histoire de multiples références qui sont le délice de ceux qui les détectent. Il évoque plus particulièrement un évènement tragique, l’assassinat de Sharon Tate, en transformant ostensiblement la réalité dans un épilogue presque puéril (qui a le seul mérite d’être à contre-pied de ce que l’on attend). La critique a été majoritairement dithyrambique.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Emile Hirsch, Al Pacino
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Once Upon a Time... in HollywoodLeonardo DiCaprio et Brad Pitt dans Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino.

30 mai 2019

Moi, Tonya (2017) de Craig Gillespie

Titre original : « I, Tonya »

Moi, TonyaIssue d’un milieu très pauvre, Tonya s’entraine depuis l’âge de quatre ans au patinage artistique sous la pression d’une mère violente. Elle devient rapidement l’une des meilleures patineuses des États-Unis. À 15 ans, elle rencontre Jeff qui, lorsqu’ils se marient, devient, lui aussi, rapidement violent…
En 1994, la patineuse olympique Tonya Harding a été au centre d’un fait divers qui a secoué les Etats Unis (et même, paraît-il…, le monde entier). L’australien Craig Gillespie nous raconte cette sombre affaire sous la forme d’un faux documentaire en se basant sur les recherches de son scénariste, l’américain Steven Rogers. Le film est assez étrange car, si cette plongée dans l’Amérique profonde est un peu sordide et même terrifiante, le ton adopté est celui d’une comédie d’humour noir. Voir présentées sur le ton de l’humour la violence de la mère sur sa fille, ou la violence du mari sur sa très jeune femme (qui trouve cela naturel), a de quoi créer un certain malaise. Comme pour se justifier, le réalisateur prend ouvertement le parti de la jeune patineuse, allant jusqu’à présenter comme plutôt inique le jugement final rendu par la justice. La réalisation est particulièrement efficace avec des poussées d’audaces et de virtuosité. Les scènes de patinage sont assez époustouflantes de réalisme. L’interprétation de Margot Robbie et d’Allison Janney (la mère) sont assez remarquables.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Margot Robbie, Sebastian Stan, Allison Janney, Julianne Nicholson, Paul Walter Hauser
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Moi Tonya
Margot Robbie (deux secondes avant de nous gratifier d’un regard-caméra saisissant) dans Moi, Tonya de Craig Gillespie.

Moi Tonya
Sebastian Stan, Margot Robbie et Julianne Nicholson dans Moi, Tonya de Craig Gillespie.