27 juillet 2023

Chère Louise (1972) de Philippe de Broca

Chère LouiseUne quadragénaire, divorcée et sans famille, fait la rencontre d’un jeune immigré italien désoeuvré…
Chère Louise est un film français réalisé par Philippe de Broca. Contrairement à son habitude, le cinéaste a peu participé à l’écriture du scénario qui est l’œuvre de Jean-Loup Dabadie, d’après L’Éphèbe de Subiaco, une des quatre nouvelles qui composent Le Thé sous les cyprès du romancier français Jean-Louis Curtis. Le réalisateur est en dehors de son registre habituel : Chère Louise est un film dramatique avec une certaine mélancolie. L’histoire a beau être inspirée de faits réels, elle ne paraît guère crédible. La mise en scène est précise et l’interprétation parfaite mais on garde l’impression d’assister à une représentation, d’être face à des acteurs qui jouent un rôle. Ce ne serait pas si grave si le contenu montrait une certaine profondeur. Mais ce n’est hélas pas le cas. L’ensemble est plutôt terne et décevant. Un film atypique dans la filmographie de Philippe de Broca.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Julian Negulesco, Didi Perego, Yves Robert
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Chère LouiseJulian Negulesco et Jeanne Moreau dans Chère Louise de Philippe de Broca.

25 juillet 2023

Tre Piani (2021) de Nanni Moretti

Tre PianiA Rome, dans un immeuble cossu de trois étages, Lucio et Sara, habitent au rez-de-chaussée. Ils confient souvent leur fille de sept ans, Francesca, à leurs voisins de palier âgés. A l’étage au-dessus, Monica qui vient d’accoucher est seule car son mari est constamment à l’étranger. Au dernier étage vivent Dora et Vittorio, tous deux magistrats, et leur fils de vingt ans. L’histoire commence alors que celui-ci, conduisant en état d’ébriété, percute et tue une passante…
Tre Piani (= trois étages) est un film italien réalisé par Nanni Moretti, d’après le roman de l’israélien Eshkol Nevo, paru en 2017. C’est la première fois que Nanni Moretti adapte un roman. Transposée de Tel Aviv à Rome, l’histoire nous dresse le portrait de trois familles dysfonctionnelles et aborde plusieurs thèmes majeurs : la transmission parents/enfants, l’éthique, la culpabilité, les peurs et obsessions, le lien social. Ce sont là des thèmes riches et il est un peu décevant, surtout de la part d’un réalisateur qui sait donner de la profondeur à ses films, que le résultat paraisse finalement assez anodin. Certes, les histoires ne manquent pas d’intérêt mais l’ensemble ne montre pas d’ampleur. Les personnages n’ont pas la force attendue, l’interprétation est même un peu inégale. Dans sa filmographie, le film le plus proche est incontestablement La Chambre du fils (2001) mais il est loin d’en avoir l’intensité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Riccardo Scamarcio, Elena Lietti, Alba Rohrwacher, Adriano Giannini, Margherita Buy, Nanni Moretti, Denise Tantucci, Alessandro Sperduti
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Tre PianiNanni Moretti, Margherita Buy, Adriano Giannini et Alba Rohrwacher dans Tre Piani de Nanni Moretti.

24 juillet 2023

Chambre commune (1960) de Wojciech Has

Titre original : « Wspólny pokój »

Chambre commune (Wspólny pokój)A la fin des années 1920, le jeune Lucjan arrive à Varsovie avec l’espoir de se lancer dans une carrière littéraire. Il emménage dans un appartement à pièce unique sous-loué à plusieurs personnes : il y a là un de ses amis, poète et journaliste à ses heures, un poète, deux étudiants et la sœur de l’un d’eux…
Chambre commune est un film polonais réalisé par Wojciech Has, adaptation, d’un roman de Zbigniew Unilkowski, paru en 1932, qui décrivait les membres du groupe littéraire et poétique « Kwadryga » (1). Le film décrit l’état d’esprit de l’époque de l’entre-deux guerres à travers un petit groupe de co-locataires qui passent leur temps entre leur appartement et le café. Leurs discussions sont marquées par un humour constant, qui se présente comme un dérivatif au fort pessimisme ambiant. Le sentiment d’imminence d’une catastrophe transparaît. La mise en scène de Wojciech Has est très maitrisée avec des cadrages précis et, une fois encore, de très beaux gros plans.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mieczyslaw Gajda, Gustaw Holoubek, Adam Pawlikowski, Anna Lubienska, Beata Tyszkiewicz
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(1) Actif de 1926 à 1933, Kwadryga est un groupe d’amis, membres du Cercle littéraire de l’Université de Varsovie, créé à l’initiative de Stanisław Dobrowolski (1907-1985). Leurs poèmes, très éclectiques, s’articulent autour des postulats de l’art socialisé, de la justice sociale et de la dignité de travail. Le groupe Żagary (1931-1934) réunit les étudiants de la faculté de belles lettres polonaises de l’Université de Vilnius dont Czesław Miłosz (1911-2004), Jerzy Putrament (1910-1986), Jerzy Zagórski (1907-1984) et (pendant un moment) Stanisław Mackiewicz (1896-1966). Ils recherchent un nouveau chemin poétique, en croyant comme les symbolistes et les romantiques avant eux, à la force des symboles. Leur poésie, remplie d’anxiété, est dominée par un pressentiment funeste de la guerre. La poésie de Miłosz est plus intellectuelle, philosophique, pleine d’élan, de métaphores et des visions de l’apocalypse, tandis que le radicalisme de Putrament le conduit droit au communisme. (extrait de Wikipédia)

Chambre commune (Wspólny pokój)Mieczyslaw Gajda et Gustaw Holoubek dans Chambre commune (Wspólny pokój) de Wojciech Has.

Chambre commune (Wspólny pokój)Adam Pawlikowski et Zdzislaw Maklakiewicz dans Chambre commune (Wspólny pokój) de Wojciech Has.

Chambre commune (Wspólny pokój)Beata Tyszkiewicz et Adam Pawlikowski dans Chambre commune (Wspólny pokój) de Wojciech Has.

22 juillet 2023

Oranges sanguines (2021) de Jean-Christophe Meurisse

Oranges sanguinesUn couple de retraités surendettés tente de remporter un concours de rock, un ministre de l’économie est soupçonné d’avoir un compte à l’étranger, une jeune adolescente rencontre un détraqué sexuel…
Oranges sanguines est un film français réalisé par Jean-Christophe Meurisse, son second long métrage. Il prend la forme d’un film choral pour former une comédie qui se veut grinçante. « Les oranges sanguines, ce sont les personnages, c’est nous, les Français » précise le réalisateur qui a donc pour ambition de dresser un portrait de notre société. Son humour « décapant » parait d’abord très inégal, souvent poussif, quelquefois hilarant (Blanche Gardin et Denis Podalydès sont excellents). Le film sombre ensuite dans le mauvais goût, l’horreur et le macabre. Le réalisateur cherche visiblement à frapper le spectateur : « Il faut être au bord de l’indécence » fait-il dire à l’un de ses personnages. Le metteur en scène ajoute dans le dossier de presse : « J’ai compris un truc, le plus important pour une œuvre ou un artiste, c’est qu’on en parle, en bien ou en mal, peu importe. » Hum, quand un artiste part sur ce principe, ce n’est pas bon signe…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Alexandre Steiger, Christophe Paou, Lilith Grasmug, Olivier Saladin, Denis Podalydès, Blanche Gardin, Céline Fuhrer
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Oranges sanguinesDenis Podalydès, Alexandre Steiger et Christophe Paou dans Oranges sanguines de Jean-Christophe Meurisse.

20 juillet 2023

Revoir Paris (2022) de Alice Winocour

Revoir ParisSurprise par un orage à Paris alors qu’elle circule à moto, Mia se réfugie au hasard à L’Étoile d’or. Quelques instants plus tard, le restaurant est attaqué par des terroristes qui mitraillent la clientèle. Mia parvient à échapper à l’attentat qui dure plusieurs heures. Traumatisée et partiellement amnésique, elle passe les trois mois suivants à la campagne chez sa mère. Puis elle décide de retourner à Paris…
Revoir Paris est un film français réalisé par Alice Winocour. Elle en a écrit le scénario avec Jean-Stéphane Bron et Marcia Romano. Il nous fait suivre le rétablissement psychologique de cette femme prise dans un attentat. C’est une situation que Alice Winocour connait puisque son frère était au Bataclan lors des attentats de 1975. Son récit nous permet de mesurer à quel point il est pour nous difficile d’imaginer les bouleversements entrainés par une telle situation, tout en soulignant que les conséquences peuvent prendre des formes très différentes selon chacun. Le récit n’utilise aucun effet, l’approche est délicate et Virginie Efira a une interprétation très juste.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin, Maya Sansa, Amadou Mbow, Nastya Golubeva Carax, Dolores Chaplin
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Revoir ParisBenoît Magimel et Virginie Efira dans Revoir Paris de Alice Winocour.

18 juillet 2023

Les Adieux (1958) de Wojciech Has

Titre original : « Pozegnania »

Les adieux (Pozegnania)Pawel est étudiant, issu d’une famille aristocratique. Il s’oppose à son père et un soir décide d’avoir une aventure avec Lidka, une entraineuse de cabaret. Quelques années plus tard, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils se rencontreront de nouveau mais les rapports seront très différents…
Les Adieux est un film polonais écrit et réalisé par Wojciech Jerzy Has, son second long métrage, d’après un roman de Stanislaw Dygat paru en 1948. Le récit met tout d’abord en relief les rapports de classe sociale entre l’étudiant et l’entraineuse pour mieux les retourner dans une seconde partie : l’entraineuse est en effet devenue comtesse après avoir épousé le cousin de l’étudiant. Ce dernier, qui semble avoir tout perdu, va accepter d’être serveur dans un restaurant. La guerre a donc « rebattu les cartes ». Il est difficile de percevoir l’intention du propos et l’histoire manque de force, elle est même un peu confuse dans la seconde partie. Sur la plan de la forme, on ne retrouve pas les audaces de cadrages de son précédent film, l’ensemble est moins remarquable. Le film fut néanmoins très bien accueilli, ce serait le plus grand succès de la Polish Film School (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Maria Wachowiak, Tadeusz Janczar, Gustaw Holoubek
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(1) Le terme Polish Film School (Polska Szkoła Filmowa) désigne un groupe informel de réalisateurs polonais de la période 1956-1963 : Andrzej Wajda, Jerzy Kawalerowicz, Andrzej Munk, Tadeusz Konwicki, Wojciech Jerzy Has, Kazimierz Kutz, Stanisław Różewicz. Ces réalisateurs montraient souvent une influence du néoréalisme italien.

Remarque :
Le site de Cinémathèque polonaise propose l’étonnante interprétation suivante : « Le film est basé sur une structure de chanson, avec des strophes, des intervalles et un refrain. Le refrain se compose des regards du protagoniste à travers la fenêtre. »

Les adieux (Pozegnania)Tadeusz Janczar dans Les adieux (Pozegnania) de Wojciech Has.

Les adieux (Pozegnania)Maria Wachowiak dans Les adieux (Pozegnania) de Wojciech Has.

16 juillet 2023

Le Noeud coulant (1958) de Wojciech Has

Titre original : « Petla »

Le Noeud coulant (Petla)Kuba, un artiste alcoolique, est réveillée par Krystyna, la jeune femme qui l’aime. Elle l’a convaincu d’aller voir un docteur à 18h00 pour se faire soigner. Il est bien décidé à tenir jusqu’au soir mais les heures vont être bien longues avant l’heure du rendez-vous…
Le Nœud coulant est un film polonais réalisé par Wojciech J. Has, son premier long métrage à l’âge de 33 ans. Il en a co-écrit le scénario avec Marek Hłasko, écrivain que l’on peut décrire (très) succinctement comme un Jack Kerouac polonais. Outre les tentations et les à priori des personnes à l’entour, le récit décrit la profonde crise existentielle du personnage principal, ce qui donne au film une indéniable profondeur. Pour sa première réalisation, Wojciech J. Has montre déjà une étonnante maitrise et surtout son attrait pour les cadrages et la composition. Il affectionne déjà d’étoffer son image en créant des avant-plans. Ses gros plans sont superbes. L’utilisation de la lumière montre une influence de l’expressionnisme allemand, ce qui bien entendu sied parfaitement au sujet. Tout cela donne un ensemble assez intense.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gustaw Holoubek, Aleksandra Slaska, Teresa Szmigielówna, Tadeusz Fijewski, Stanislaw Milski
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Remarque :
Vu sur le site de la cinémathèque polonaise (sous-titres anglais ou polonais seulement).

Gustaw Holoubek et Aleksandra Slaska dans Le Noeud coulant (Petla) de Wojciech Has.

Le Noeud coulant (Petla)Gustaw Holoubek dans Le Noeud coulant (Petla) de Wojciech Has.

Le Noeud coulant (Petla)Gustaw Holoubek dans Le Noeud coulant (Petla) de Wojciech Has.

14 juillet 2023

La Corruption (1963) de Mauro Bolognini

Titre original : « La corruzione »

La Corruption (La corruzione)Après des études dans un pensionnat suisse, Stefano Mattioli, adolescent timide et sensible, se destine à la prêtrise par idéalisme. Mais son père, grand éditeur milanais, lui fait part de son souhait de le voir lui succéder à la tête de l’entreprise ; il va tout mettre en œuvre pour le faire changer d’avis…
La Corruption est un film franco-italien réalisé par Mauro Bolognini. L’histoire met en scène l’opposition entre les idéaux du jeune homme et le matérialisme de la société, personnalisé par son père. Bolognini dresse un portrait sans concession du consumérisme des années soixante. La critique manque de subtilité, les personnages sont typés, proches de la caricature. L’atmosphère est étrange : est-ce dû aux accords discordants de Giovanni Fusco, ou aux cadrages insolites de Leonida Barboni ? L’ensemble paraît irréel et superficiel. Un film qui me semble mineur dans la filmographie de Mauro Bolognini (mais visiblement tout le monde ne partage pas mon avis).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Alain Cuny, Rosanna Schiaffino, Jacques Perrin, Isa Miranda
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La Corruption (La corruzione)Rosanna Schiaffino et Jacques Perrin dans La Corruption (La corruzione) de Mauro Bolognini.

12 juillet 2023

Les Fantômes d’Ismaël (2017) de Arnaud Desplechin

Les fantômes d'IsmaëlIsmaël Vuillard, réalisateur de films, est perturbé par le retour de Carlotta, sa femme disparue vingt ans plus tôt et dont il n’a pas réussi à faire le deuil. Elle s’immisce au sein du couple qu’il forme avec Sylvia, sa nouvelle compagne…
Les Fantômes d’Ismaël est un film français écrit et réalisé par Arnaud Desplechin. Il met en scène un cinéaste, natif de Roubaix (tiens donc…), particulièrement perturbé par ses « fantômes » : il y a sa femme disparue qui veut reprendre la place qu’elle a abandonnée, son frère diplomate avec lequel il nourrit un contentieux dont on ne connaitra pas vraiment la nature, son beau-père, réalisateur célèbre face auquel il est un petit enfant et ses cauchemars qui le hantent chaque nuit. L’ensemble apparaît désordonné. Aucun fil n’est vraiment approfondi et les personnages ont fréquemment des comportements excessifs, des emportements et des réactions disproportionnés (le réalisateur a qualifié son personnage principal de « frénétique »). Dans ces moments, Matthieu Amalric a un jeu excessif assez gênant. Il y a bien quelques moments de grâce, quelques beaux passages mais l’impression générale reste plutôt négative. Présenté en ouverture du festival de Cannes 2017, Les Fantômes d’Ismaël été bien accueilli par la critique, un enthousiasme qui ne semble pas avoir été partagé par le public.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mathieu Amalric, Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg, Louis Garrel, Alba Rohrwacher, László Szabó, Hippolyte Girardot
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Extrait du dossier de presse (qui personnellement ne m’a pas vraiment éclairé):
Pour Arnaud Desplechin, Les Fantômes d’Ismaël est un film comprenant cinq films. Il développe : « C’est le portrait d’Ivan, un diplomate qui traverse le monde sans n’y rien comprendre. C’est le portrait d’Ismaël, un réalisateur de film qui traverse sa vie sans n’y rien comprendre non plus. C’est le retour d’une femme, d’entre les morts. C’est aussi un film d’espionnage… Cinq films compressés en un seul, comme les nus féminins de Pollock. Ismaël est frénétique. Et le scénario est devenu frénétique avec lui ! Pourtant, Ismaël dans son grenier essaie de faire tenir ensemble les fils de la fiction…
Je décrivais ainsi mon projet à un ami : « il me semble avoir inventé une pile d’assiettes de fiction, que je fracasse contre l’écran. Quand les assiettes sont toute cassées, eh bien, le film s’achève ».

Les fantômes d'IsmaëlMarion Cotillard et Mathieu Amalric dans Les Fantômes d’Ismaël de Arnaud Desplechin.

10 juillet 2023

La Bataille de Midway (1976) de Jack Smight

Titre original : « Midway »

La Bataille de Midway (Midway)En juin 1942, l’amiral japonais Isoroku Yamamoto élabore un plan complexe pour surprendre et éliminer les porte-avions américains restants après la bataille de la mer de Corail. Il ignore que les Américains ont partiellement décrypté le code japonais et savent que l’attaque aura lieu à Midway…
La Bataille de Midway (Midway) est un film de guerre américain réalisé par Jack Smight en 1976. Le film a été conçu comme un film à grand spectacle avec un large plateau de vedettes. Par-dessus les faits historiques, une petite histoire inventée de toutes pièces a été greffée. Elle est plutôt ridicule : le fils du personnage principal (un officier) s’est emmouraché d’une américano-japonaise soupçonnée par le FBI d’être une militante anti-américaine (de beaux dilemmes en vue). Mais le problème principal du film est ailleurs : l’ensemble est particulièrement confus et disparate, et évoque plus le bric-à-brac narratif que le récit historique. Des scènes réelles, parfois coloriées à la hâte, ont été intégrées dans les scènes d’action ; elles sont très repérables, certaines étant même intégrées plusieurs fois. La production a également acheté plusieurs séquences du film Tora ! Tora ! Tora ! de Richard Fleisher (1970). Les dialogues sont très conventionnels.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Henry Fonda, James Coburn, Glenn Ford, Hal Holbrook, Toshirô Mifune, Robert Mitchum, Cliff Robertson, Robert Wagner, Robert Webber
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Remarque :
* Ce long-métrage fut l’un des rares à avoir exploité le dispositif d’effets spéciaux sonores Sensurround, inauguré avec le film Tremblement de terre (Earthquake, 1974). Le système consistait à utiliser des infrabasses, inaudibles à l’oreille mais ressentis par les spectateurs en vibrations. Seules certaines salles étaient équipées.

La Bataille de Midway (Midway)Charlton Heston dans La Bataille de Midway (Midway) de Jack Smight.

Les autres évocations de la bataille de Midway au cinéma :
La Bataille de Midway (Battle of Midway) de John Ford (1942), film documentaire de 18 minutes.
Midway de Roland Emmerich (2019).