7 juillet 2017

Gerry (2002) de Gus Van Sant

GerryGerry et Gerry roulent en voiture, sans un mot, dans un paysage rocailleux et désertique. Ils s’arrêtent et continuent à pied sur un chemin de grande randonnée. Plus loin, ils prennent un chemin de traverse et se perdent… Pour écrire Gerry, Gus van Sant et ses deux acteurs sont partis d’un simple fait divers. Le résultat est un film très étonnant où nous suivons les deux personnages dans leur errance silencieuse. Ils ne savent pas où ils vont mais ils avancent avec obstination. Si on ne peut que saluer l’originalité de la forme et les libertés prises avec le cadre traditionnel du récit cinématographique, on peut être déçu par le contenu réel (ou symbolique…) : soit Gus van Sant tombe dans les clichés (thème du double, le chemin, etc.), soit il donne dans l’abscons le plus total (la parabole « j’ai conquis Thèbes », la métaphore du rocher). Là où Gus van Sant réussit le mieux, c’est quand il fait du « Béla Tarr » : comme dans Les Harmonies Werckmeister, il fait de longs plans-séquences de marche, très près des personnages, où il joue avec le son des pas qui développent un rythme hypnotique, une musique propre (Gus van Sant admire Béla Tarr). Visuellement, le désert est assez photogénique dans son dénuement et les accélérés de nuages ont une beauté magistrale. La musique d’Arvo Pärt est aussi très belle. Mais l’ensemble nous laisse sur une impression de vacuité : on aimerait tant que tout cela ait un peu plus de sens (du moins un sens qui nous soit accessible)…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Casey Affleck, Matt Damon
Voir la fiche du film et la filmographie de Gus Van Sant sur le site IMDB.
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Gerry
Matt Damon dans Gerry de Gus Van Sant.

Gerry
Le plan le plus extraordinaire du film (à mes yeux) : un plan-séquence de plus de quatre minutes où les deux personnages (on ne voit que leurs visages, parfaitement parallèles) marchent côte à côte avec le son des pas (mixé assez fort) sur le sol caillouteux. Le son développe une musique hypnotique. Les pas sont d’abord synchronisés puis se désynchronisent peu à peu. Superbe. Matt Damon et Casey Affleck dans Gerry de Gus Van Sant.

Gerry
La métaphore (?) du rocher… Le double s’est mis dans une situation d’où il ne peut se libérer seul… Casey Affleck et Matt Damon dans Gerry de Gus Van Sant.

6 juillet 2017

La Charge de la huitième brigade (1964) de Raoul Walsh

Titre original : « A Distant Trumpet »

La Charge de la huitième brigadeEn 1883, le jeune lieutenant Matt Hazard est affecté dans un fort isolé de l’Arizona, près de la frontière avec le Mexique où s’est réfugié War Eagle, le dernier chef indien encore en guerre contre le gouvernement des Etats-Unis… Adapté d’un roman de Paul Horgan, A Distant Trumpet est l’ultime réalisation de Raoul Walsh. A l’instar de John Ford, Raoul Walsh a opté sur le tard pour une vision plus empathique vis-à-vis des indiens : ici, ils sont montrés impitoyables, certes, mais aussi victimes des promesses non tenues par les « politiciens de Washington ». Cet antifédéralisme n’a rien d’original, pas plus que le scénario qui est vraiment très classique avec toutefois un triangle amoureux assez bien traité. L’accent est mis sur l’éthique et le sens de l’honneur. Mais c’est dans les scènes d’action que Raoul Walsh montre tout son talent : les mouvements de centaines de chevaux sont aussi impressionnants que photogéniques et les combats nous laissent haletant. Walsh a une maitrise étonnante de l’action rapide. Bien qu’il ait bénéficié d’un bon budget, le réalisateur aux 130 films n’a pas eu droit à des acteurs connus : Troy Donahue manque un peu de charisme mais Suzanne Pleshette a plus de présence. La photographie est assez belle, avec un lieu jamais montré au cinéma (voir ci-dessous). A Distant Trumpet n’est pas un grand Raoul Walsh mais il vient clore honorablement une longue liste de films réalisés sur un demi-siècle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Troy Donahue, Suzanne Pleshette, Diane McBain, James Gregory
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Remarques :
* Le titre du film rappelle Distant Drums (en français Les Aventures du Capitaine Wyatt) que Walsh a réalisé en 1951 et qui mettait en scène un épisode plus tardif de la guerre contre les indiens.

A Distant Trumpet
Troy Donahue (à gauche) dans La Charge de la huitième brigade de Raoul Walsh.

A Distant Trumpet
Suzanne Pleshette dans La Charge de la huitième brigade de Raoul Walsh.

A Distant Trumpet
Diane McBain (qui a un petit air de Tippi Heddren) dans La Charge de la huitième brigade de Raoul Walsh.

A Distant Trumpet

 

Grand Falls, Arizona
(Photo non tirée du film)  Les spectaculaires cascades d’eaux boueuses sont celles de Grand Falls, Arizona, situées sur le territoire de la réserve indienne de Navajo Nation (en fait assez loin de la frontière mexicaine). Elles sont assez époustouflantes : voir une vidéo touristique… (elles ne sont pas toute l’année comme cela toutefois, le débit peut se réduire à un filet pendant plusieurs mois, la rivière est Little Colorado River).

4 juillet 2017

Out of Africa (1985) de Sydney Pollack

Autre titre français : « Out of Africa – Souvenirs d’Afrique »

Out of Africa - Souvenirs d'AfriqueEn 1914, Karen Dinesen, une jeune aristocrate danoise, rejoint le Kenya (alors colonie britannique) pour y épouser le baron von Blixen, le frère de l’homme qu’elle aimait et qui l’a rejetée. Elle devient ainsi la baronne Karen Blixen et s’applique à faire pousser des caféiers sur les terres de sa ferme. Elle fait la rencontre de Denys Fitch Hatton, un chasseur très épris de liberté… Out of Africa est basé sur les écrits autobiographiques de Karen Blixen (La Ferme africaine publié en 1937). Ce qui est remarquable dans cette belle adaptation de grande ampleur, c’est la façon dont Sydney Pollack a su traiter avec délicatesse et retenue les émotions et donner au récit une dimension philosophique. Il s’inscrit ainsi en marge du cinéma hollywoodien classique qui a toujours une fâcheuse tendance à nous fabriquer de l’épique au kilomètre. Out of Africa est non seulement un émerveillement pour les yeux mais aussi une ode à la Nature, une réflexion sur les rapports humains et touche à la définition de l’humanité.  Les images sont magnifiques et la musique de John Barry donne une dimension supplémentaire au film : la scène du vol en avion est d’une beauté rare, la musique contribuant à nous élever et à nous baigner dans un sentiment de béatitude. Out of Africa est certainement l’un des films les plus parfaits dans son dosage. Le film connut un succès mérité et reçut pas moins de sept Oscars.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Meryl Streep, Robert Redford, Klaus Maria Brandauer, Michael Kitchen, Malick Bowens
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Remarques :
* Le titre Out of Africa (qui était déjà le titre de l’édition anglaise du livre de Karen Blixen, La Ferme Africaine) vient des écrits de l’historien Pline l’Ancien parlant de la prolifération d’espèces animales sur le continent africain : « l’Afrique produit toujours quelque chose de nouveau », expression traduite en anglais par « Out of Africa always something new ».

Out of Africa

Out of Africa
Meryl Streep et Robert Redford dans Out of Africa  de Sydney Pollack.

Out of Africa
Meryl Streep et Robert Redford dans Out of Africa de Sydney Pollack.

3 juillet 2017

Faces (1968) de John Cassavetes

FacesUn quinquagénaire désire quitter sa femme pour une autre femme, une escort-girl qu’il fréquente…Deuxième film de Cassavetes en indépendant, Faces n’est pas vraiment un film facile à aborder. La démarche de Cassavetes est de chercher à appréhender les rapports entre les êtres dans ce qu’ils ont de plus brut. Pour cela, il va les filmer de très près ses personnages, le plus souvent dans des états extrêmes (ébriété, hilarité excessive), dans un grand désordre apparent, accentuant ici et là le caractère imprévisible des comportements, étirant les scènes de façon inhabituelle. C’est une démarche totalement originale et théoriquement intéressante mais la forme est en pratique assez rebutante : caméra à l’épaule, mouvements incessants des personnes, image (16mm gonflée en 35) granuleuse, très mauvais son (heureusement nous avons les sous-titres). Et on peut se demander si le fait de mettre en scène les personnages dans des états assez extrêmes ne force pas à rester en surface : on ne saura finalement que peu de choses, la plupart des dialogues n’ayant aucun intérêt. De par son caractère novateur, Faces connut un succès inattendu à sa sortie et Cassavetes poussera la méthode jusqu’à la limite dans son film suivant, Husbands.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: John Marley, Gena Rowlands, Seymour Cassel
Voir la fiche du film et la filmographie de John Cassavetes sur le site IMDB.

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Remarques :
* Contrairement à son film précédent Shadows, il n’y a que de très peu d’improvisation dans Faces. La méthode de Cassavetes est d’écrire les dialogues et de les affiner en faisant répéter ses acteurs.
* Cassavetes utilise plusieurs caméras simultanément pour filmer de longs plans-séquences.
* Le tournage a eu lieu début 1965.

Faces
Gena Rowlands et John Marley dans Faces de John Cassavetes.

Faces
Seymour Cassel dans Faces de John Cassavetes.

2 juillet 2017

Bande à part (1964) de Jean-Luc Godard

Bande à partOdile raconte à Franz et Arthur que, dans la maison de sa tante où elle habite, se trouve une grosse somme d’argent appartenant semble t-il à un locataire. Les deux compères veulent cambrioler la maison pour s’en emparer… Comparé au Mépris, tourné juste avant par Jean-Luc Godard, Bande à part paraît bien plus mineur. Tournée rapidement, en noir et blanc, avec un budget réduit, cette histoire est très librement basée sur un roman de la Série Noire écrit par Dolores Hitchens. Mais l’histoire n’a que peu d’importance, c’est plutôt l’impression de liberté et d’insouciance que Godard a voulu insuffler qui tient le film. Les deux scènes les plus célèbres sont à ce titre assez emblématiques du propos : l’iconoclaste visite-éclair au Louvre et la danse du Madison improvisé. Ceci mis à part, ses personnages n’ont pas de choses très intéressantes à dire, ils revendiquent plutôt le fait de ne s’intéresser à rien et donc certaines scènes paraissent bien longues (le cours d’anglais bat tous les records). Cette liberté s’applique donc autant à Godard qu’à ses personnages, il considère qu’il n’a pas obligatoirement à intéresser le spectateur. Le film fut accueilli très fraîchement à sa sortie. En revanche, aujourd’hui, il est le plus souvent tenu en haute estime.
Elle: 1 étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Anna Karina, Sami Frey, Claude Brasseur
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Remarques :
* A l’époque Jean-Luc Godard et Anna Karina sont mariés mais leur couple va mal. Anna Karina est dépressive et avec Bande à part Godard veut lui « offrir un cadeau » pour qu’elle retrouve la joie de vivre. Il lui place même une scène où elle peut chanter car elle adore cela.

* Quentin Tarantino a appelé sa maison de production A Band Apart en référence à ce film dont il est grand fan.

Bande à part
Madison : Claude Brasseur, Anna Karina et Sami Frey dans Bande à part de Jean-Luc Godard.

Bande à Part
Visiter le Louvre en moins de 45 secondes ? C’est possible. Claude Brasseur, Sami Frey et Anna Karina dans Bande à part de Jean-Luc Godard.

1 juillet 2017

Star Trek: Generations (1994) de David Carson

Star trek: Générations2293. Le capitaine en retraite James T. Kirk est invité avec des journalistes au lancement de la dernière version du vaisseau l’Enterprise. Lors du voyage inaugural, l’équipage reçoit un appel de détresse et tente de porter secours à deux transports de réfugiés pris dans un mystérieux ruban magnétique. L’opération tourne mal… Star Trek : Générations constitue une transition entre la série originale et celle de The Next Generation, dont la série TV venait de s’achever après 176 épisodes (soit plus du double de la série originale). L’histoire débute ici quelques mois après Star Trek VI, puis fait un bond en avant de 75 ans pour se retrouver avec toute l’équipe de Next Generation. C’est une histoire assez complexe mais bien tournée, avec plusieurs intrigues secondaires, donc assez travaillée sur le plan du scénario. Les effets sont en partie confiés à Industrial Light and Magic et des images de synthèse commencent à être utilisées. Le film est généralement plutôt (très) mal jugé. A mes yeux, c’est un film riche et vraiment plaisant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Stewart, Jonathan Frakes, Brent Spiner, Gates McFadden, Malcolm McDowell, William Shatner
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Remarque :
* Un site internet fut créé fin 1994 pour accompagner la sortie du film. C’est le premier du genre (site internet dédié à un film).

Star Trek Generations
Rencontre improbable (ils sont nés à 80 ans d’écart) entre les capitaines Jean-Luc Picard et James T. Kirk : Patrick Stewart et William Shatner dans Star Trek: Générations de David Carson.

Star Trek Generations
Ruban d’énergie créée par ILM dans Star Trek: Générations de David Carson.


Malcolm McDowell dans Star Trek: Générations de David Carson.

Star Trek Generations

30 juin 2017

Sommaire de juin 2017

Le marquis s'amuseAmour défenduBarry LyndonTenue de soiréeUn jour avec, un jour sansLe Jour le plus longUne merveilleuse histoire du tempsPauvres millionnaires

Le marquis s’amuse

(1981) de Mario Monicelli

Amour défendu

(1932) de Frank Capra

Barry Lyndon

(1975) de Stanley Kubrick

Tenue de soirée

(1986) de Bertrand Blier

Un jour avec, un jour sans

(2015) de Hong Sang-soo

Le Jour le plus long

(1962) de Ken Annakin, Andrew Marton et Bernhard Wicki

Une merveilleuse histoire du temps

(2014) de James Marsh

Pauvres millionnaires

(1959) de Dino Risi

La Femme aux miraclesLe DirigeableLe SacrificeTutti dentroJuliette ou la Clef des songesUnder the SkinSylvia ScarlettDangereuse sous tous rapports

La Femme aux miracles

(1931) de Frank Capra

Le Dirigeable

(1931) de Frank Capra

Le Sacrifice

(1986) de Andreï Tarkovski

Tutti dentro

(1984) de Alberto Sordi

Juliette ou la Clef des songes

(1951) de Marcel Carné

Under the Skin

(2013) de Jonathan Glazer

Sylvia Scarlett

(1935) de George Cukor

Dangereuse sous tous rapports

(1986) de Jonathan Demme

César et RosalieNanaRome ville libreLes Mariés de l'an deuxLove and FriendshipCharles mort ou vifLes Horizons perdusNelly et Mr. Arnaud

César et Rosalie

(1972) de Claude Sautet

Nana

(1955) de Christian-Jaque

Rome ville libre

(1946) de Marcello Pagliero

Les Mariés de l’an deux

(1971) de Jean-Paul Rappeneau

Love and Friendship

(2016) de Whit Stillman

Charles mort ou vif

(1969) de Alain Tanner

Les Horizons perdus

(1937) de Frank Capra

Nelly et Mr. Arnaud

(1995) de Claude Sautet

6 Femmes pour l'assassinGrimsby ? Agent trop spécial

6 Femmes pour l’assassin

(1964) de Mario Bava

Grimsby – Agent trop spécial

(2016) de Louis Leterrier

Nombre de billets : 26

29 juin 2017

Le marquis s’amuse (1981) de Mario Monicelli

Titre original : « Il marchese del Grillo »

Le Marquis s'amuseRome, début du XIXe siècle alors que les troupes françaises de Napoléon occupent la ville. Bien qu’il soit attaché au service du pape Pie VII et membre d’une famille austère, le marquis Del Grillo est un anticonformiste, amateur de femmes et de plaisanteries. Avec son fidèle valet Ricciotto, il joue des tours parfois cruels à ses proches et à ceux qu’il rencontre… Le personnage du marquis Onofrio Del Grillo a bien existé mais les historiens ont du mal à dater son existence avec exactitude. Le personnage est une figure légendaire assez populaire en Italie. C’est un bon sujet pour Mario Monicelli car le récit est riche et picaresque. Il réussi à en faire une comédie fort drôle, souffrant certes quelques baisses de rythme du fait de sa longueur (2h20), mais assez relevée et où une certaine satire sociale se mêle à l’humour. Monicelli donne en effet une certaine éthique de pensée à son personnage dont les plaisanteries peuvent exprimer ses aspirations progressistes (démontrer la corruption, prôner l’égalité à la française). Monicelli en profite pour dresser un portrait de cette portion de l’histoire de la Rome papale. Alberto Sordi fait une excellente prestation, sans aucun excès et heureusement car il est dans toutes les scènes. Le marquis s’amuse est aujourd’hui un film plutôt rare, hélas.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Paolo Stoppa, Flavio Bucci
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Le Marquis s'amuse
Alberto Sordi dans Le marquis s’amuse de Mario Monicelli.

28 juin 2017

Amour défendu (1932) de Frank Capra

Titre original : « Forbidden »

Amour défenduFrustrée de rester seule, la jeune Lulu Smith retire toutes ses économies pour passer une semaine de vacances à La Havane. Elle y fait la rencontre de Bob Grover, un avocat. Ils s’éprennent l’un de l’autre. Ce n’est qu’au retour qu’il lui apprend qu’il est déjà marié et qu’il ne peut quitter sa femme… Fait assez inhabituel, le jeune Frank Capra a lui-même écrit l’histoire qui sert de base à Forbidden. Il faut bien avouer que celle-ci est lourde, bien mal écrite et peu apte à nous émouvoir. Malgré cela, le film reste intéressant à visionner pour son formidable duo d’acteurs : Barbara Stanwyck fait montre de beaucoup de charme et de richesse dans son jeu et l’élégant Adolphe Menjou a un rôle plus complet qu’à l’habitude, prouvant ainsi l’étendue de ses qualités. C’est un vrai plaisir de les voir évoluer. On remarquera aussi le jeune Ralph Bellamy, dans l’un de ses tous premiers rôles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Adolphe Menjou, Ralph Bellamy
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Remarques :
* A propos de Forbidden, Frank Capra ne dit que peu de choses dans ses mémoires : « Je me suis mis en tête que je pouvais écrire. M’inspirant du roman Back Street de Fannie Hurst, j’ai écrit une histoire originale : Forbidden. J’aurais dû rester couché. »
(Note : L’adaptation de Back Streets sortira quelques mois plus tard chez Universal sous la direction de John M. Stahl)

* Une fois le Code Hays généralisé en 1934, Forbidden ne pourra être projeté en raison de l’adultère qui est au centre du film.

Forbidden
Adolphe Menjou et Barbara Stanwyck dans Amour défendu de Frank Capra (photo publicitaire).

Forbidden
Adolphe Menjou et Barbara Stanwyck dans Amour défendu de Frank Capra (photo publicitaire).

Forbidden
Frank Capra, Barbara Stanwyck et Adolphe Menjou sur le tournage de Amour défendu de Frank Capra (photo publicitaire).

Homonyme (sans aucun rapport) :
Défense d’aimer (Forbidden) d’Anthony Page (1984) avec Jacqueline Bisset et Jürgen Prochnow.

27 juin 2017

Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick

Barry LyndonXVIIIe siècle. Barry est un jeune irlandais sans le sou, qui s’engage dans l’armée à la suite d’un duel, puis déserte, devient ensuite espion puis joueur, fait un mariage d’argent puis connait un irrémédiable déclin…
Après trois films situés dans le futur, Stanley Kubrick plonge dans le passé. Sa tentative de monter Napoléon ayant échouée, le réalisateur anglais jette son dévolu sur un roman picaresque écrit en 1843 par William Makepeace Thackeray (romancier anglais plus connu pour Vanity Fair, La Foire aux vanités). Cette vaste fresque de trois heures est universellement louangée. Il n’est donc point besoin de souligner la beauté des images, la précision des recherches pour une reconstitution très fidèle (la peinture du XVIIIe fut la principale source d’inspiration), les prouesses techniques de l’éclairage à la bougie, l’économie des dialogues dans les scènes fortes, la superbe musique : Haendel, Bach, Mozart, Vivaldi… que du XVIIIe bien entendu, seule entorse Schubert (XIXe)… et caetera. Tout cela est vrai et participe au plaisir de chaque nouvelle vision. Mais c’est aussi  l’occasion de remarquer que Barry Lyndon tire toute sa puissance et son universalité du fait qu’il nous fait plonger au plus profond de l’âme humaine (Stroheim n’est pas loin). Nous éprouvons pour son héros un mélange d’attirance/répulsion car le personnage condense beaucoup des travers de la nature humaine. Le film prend ainsi une autre dimension à nos yeux. A sa sortie, le film fut un échec… sauf en France.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ryan O’Neal, Marisa Berenson, Patrick Magee, Hardy Krüger, Godfrey Quigley, Leonard Rossiter, Michael Hordern
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Barry Lyndon
Le premier plan du film Barry Lyndon de Stanley Kubrick… Woah, quelle composition de plan!

Barry Lyndon
Ryan O’Neal, Gay Hamilton et Leonard Rossiter dans Barry Lyndon de Stanley Kubrick.

Barry Lyndon

Barry Lyndon
Murray Melvin et Marisa Berenson dans Barry Lyndon de Stanley Kubrick.
Pour les fameuses scènes éclairées à la bougie, Kubrick avait réussi à mettre la main sur trois objectifs Zeiss 50mm f0.7 restant d’une commande pour la NASA. Inutile de dire qu’à cette ouverture, la profondeur de champ était passablement réduite et les acteurs ne devaient pas trop bouger de leur place. Il y avait juste un très léger éclairage venant du dessus mais l’essentiel venaient des bougies. Dans le même ordre d’idée (la recherche d’authenticité), l’essentiel des éclairages des scènes intérieures de jour venaient des fenêtres (quitte à ajouter des gros spots à l’extérieur pour stabiliser l’éclairage).

Barry Lyndon
Ryan O’Nealet et Marisa Berenson dans Barry Lyndon de Stanley Kubrick.