7 juin 2018

Le Roi des rois (1927) de Cecil B. DeMille

Titre original : « The King of Kings »

Le Roi des roisThe King of Kings de Cecil B. DeMille met en scène certains épisodes de la vie de Jésus depuis la conversion de Marie-Madeleine jusqu’à la Résurrection. Il s’agit du deuxième grand film biblique de Cecil B. DeMille, quatre ans après Les Dix Commandements. Le réalisateur va s’investir totalement dans ce grand projet, considérant qu’il œuvre pour un grand dessein. Cecil B. DeMille est croyant mais pas dogmatique ; il prend ainsi quelques libertés avec les Evangiles, notamment en accentuant fortement la fourberie de Judas et de Caïphe. Le début est inattendu, montrant avec insistance (et en couleurs !) Marie-Madeleine en riche et puissante femme fatale. The King of Kings est conçu pour marquer profondément l’esprit des spectateurs et Cecil B. DeMille utilise tout son savoir-faire dans des effets visuels étonnants (telle la sortie des sept péchés capitaux de Marie-Madeleine) ou dans l’éclairage (Jésus est inondé de lumière de telle sorte que la lumière semble provenir de son corps) ou encore dans les scènes à grand spectacle (le tremblement de terre lors de la Crucifixion) et les grands mouvements de foule. La fin du film, la Résurrection,  est également en Technicolor. The King of Kings  est un film d’une grande force. Il a été brillamment restauré en 2017 par Lobster Film. (film muet, 155 mn)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: H.B. Warner, Jacqueline Logan, Ernest Torrence, Joseph Schildkraut, Dorothy Cumming
Voir la fiche du film et la filmographie de Cecil B. DeMille sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le choix de H.B. Warner pour interpréter Jésus fut difficile à imposer. Que l’acteur ait plus de 50 ans au lieu de 30 était facilement compensé par une excellente forme physique. Bien plus problématique était sa solide réputation de coureur de jupons. Cecil B. DeMille s’en sortit en faisant ajouter des clauses de bonne moralité à son contrat : l’acteur ne devait rien faire pendant le tournage qui puisse ternir son image biblique (interdiction de fréquenter des night-clubs, d’aller à la plage ou même de rouler en décapotable) et, pendant cinq ans, ne devait accepter aucun rôle jugé préjudiciable à cette image sacrée.
* Les acteurs Rudolph Schildkraut (Caïphe) et Joseph Schildkraut (Judas) sont père et fils.
* The King of Kings fut le premier film diffusé au Grauman’s Chinese Theater à Hollywood.

Le Roi des rois
La résurrection de Lazare : H.B. Warner dans Le Roi des rois de Cecil B. DeMille.

Le Roi des rois
Marie-Madeleine en femme fatale : Jacqueline Logan dans Le Roi des rois de Cecil B. DeMille (séquence en couleurs).

Le Roi des rois

Le Roi des rois
Jésus face à Ponce-Pilate et Caïphe : H.B. Warner, Victor Varconi et Rudolph Schildkraut dans Le Roi des rois de Cecil B. DeMille.

5 juin 2018

Un oiseau rare (1935) de Richard Pottier

Un oiseau rareUn milliardaire aussi oisif qu’excentrique décide de se faire passer pour un homme pauvre afin d’étudier la nature humaine. Il profite d’un séjour à la montagne gagné par son valet de chambre dans un concours…
Second film réalisé par Richard Pottier, Un oiseau rare est bien plus abouti que le premier (Si j’étais le patron). On y retrouve la même équipe, notamment Jacques Prévert qui est maintenant seul scénariste et qui a écrit ici une petite merveille d’humour à partir d’un roman de l’allemand Erich Kästner. Le retournement des positions sociales n’est certes pas très original en soi mais il est ici très habilement complexifié par un double quiproquo. Le propos fustige l’obséquiosité, la servilité et l’attrait de l’argent. L’humour est constant, dans les situations et les dialogues qui jouent avec la langue, mais c’est un humour assez conventionnel, Prévert n’ayant pas encore le mordant qu’il développera ensuite. Est-ce pour cette raison que le film est généralement mal considéré ? Ou est-ce à cause de la réalisation qui est, il faut bien l’avouer, assez sommaire ? Un oiseau rare est néanmoins une comédie très divertissante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Max Dearly, Pierre Brasseur, Pierre Larquey, Monique Rolland, Jean Tissier
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Un oiseau rare
Max Dearly et Pierre Brasseur dans Un oiseau rare de Richard Pottier.

Un oiseau rare
Pierre Brasseur et Monique Rolland dans Un oiseau rare de Richard Pottier.

Un oiseau rare
Pierre Larquey et Jean Tissier dans Un oiseau rare de Richard Pottier.

3 juin 2018

Mon roi (2015) de Maïwenn

Mon roiImmobilisée dans un centre de rééducation après une grave chute de ski, Toni se remémore l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec le séduisant Georgio…
Ecrit par Maïwenn et Etienne Comar, Mon roi nous raconte l’histoire d’une passion destructrice. Il ne faut pas attendre une exploration profonde des personnages car nous restons plutôt en surface et les mystères de l’addiction amoureuse restent entiers. En revanche, l’interprétation donne au film un certain attrait : celle d’Emmanuelle Bercot est très naturelle et Vincent Cassell  est la séduction incarnée, charmeur, absolument irrésistible. Mais c’est peut-être de là que le film trouve ses limites : on voit difficilement comment la pauvre Toni aurait pu rester insensible à son charme et cela limite fortement l’étude de caractères. On compatit pour elle, c’est tout… La réalisation de Maïwenn est parfaitement maitrisée.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild Le Besco
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Mon roi

Mon roi
Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot dans Mon roi de Maïwenn.

1 juin 2018

L’homme à l’imperméable (1957) de Julien Duvivier

L'homme à l'imperméableSa femme étant absente pour une semaine, Albert, modeste musicien d’orchestre, se retrouve temporairement célibataire. Un de ses collègues lui vante les mérites de la belle Eva qu’il fréquente lui-même. Après moult hésitations, il se rend chez la jeune femme qui est assassinée alors qu’il se trouve dans la pièce voisine…
Julien Duvivier et René Barjavel ont écrit cette adaptation quelque peu étrange d’un roman de James Hadley Chase. L’homme à l’imperméable est en effet étrange car Julien Duvivier semble osciller constamment entre l’intrigue policière et la comédie loufoque sans parvenir à la symbiose entre les deux. Certaines comédies britanniques (on pense à celles de la Ealing) y parviennent merveilleusement alors qu’ici tout paraît bancal. Cela se ressent jusque dans l’interprétation qui n’est en rien homogène : certains acteurs jouent de façon réaliste alors que d’autres jouent de façon loufoque. Au final, n’étant ni un suspense policier, ni un film burlesque, le film ne réussit vraiment sur aucun tableau.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fernandel, Bernard Blier, Jacques Duby, Jean Rigaux, Judith Magre
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L'homme à l'imperméable
Bernard Blier et Fernandel dans L’homme à l’imperméable de Julien Duvivier.

31 mai 2018

Sommaire – mai 2018

Café SocietyÀ la françaiseUn château en enferL'Or et la chairPersonaGouttes d'eau sur pierres brûlantesJeremiah JohnsonSherlock Holmes

Café Society

(2016) de Woody Allen

À la française

(1963) de Robert Parrish

Un château en enfer

(1969) de Sydney Pollack

L’Or et la chair

(1937) de Rowland V. Lee

Persona

(1966) de Ingmar Bergman

Gouttes d’eau sur pierres brûlantes

(2000) de François Ozon

Jeremiah Johnson

(1972) de Sydney Pollack

Sherlock Holmes

(2009) de Guy Ritchie

Police judiciaireDe l'or en barresVive le sport!Si j'étais le patronManon des sourcesHarmoniumOpération Tonnerre

Police judiciaire

(1958) de Maurice de Canonge

De l’or en barres

(1951) de Charles Crichton

Vive le sport!

(1925) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Si j’étais le patron

(1934) de Richard Pottier

Manon des sources

(1952) de Marcel Pagnol

Harmonium

(2016) de Kôji Fukada

Opération Tonnerre

(1965) de Terence Young

Nombre de billets : 15

30 mai 2018

Café Society (2016) de Woody Allen

Café SocietyAu milieu des années trente, le jeune Bobby arrive à Hollywood pour échapper à la pression familiale. Son oncle, un agent artistique qui représente de grandes stars, accepte de l’engager comme coursier et demande à l’une de ses assistantes de lui faire visiter la ville…
Woody Allen utilise le passé pour mettre en scène une histoire où se mêle harmonieusement romance et humour. Son film est bien équilibré, élégant et nous plonge délicieusement au cœur d’Hollywood dans ses années les plus mythiques. C’est un réel plaisir. La photographie, signée par le triple-oscarisé Vittorio Storaro, est très belle. Jonglant habilement avec plusieurs personnages, Woody Allen semble renouer avec sa meilleure verve et montre que ses talents de conteur sont loin d’être émoussés.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Steve Carell, Blake Lively
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Café society
Jesse Eisenberg et Kristen Stewart dans Café Society de Woody Allen.

Café Society
Steve Carell dans Café Society de Woody Allen.

Homonymes :
Cafe Society (Femme du monde) de Edward H. Griffith (1939) (aucun lien avec D.W. Griffith) avec Madeleine Carroll, Fred MacMurray et Shirley Ross
Café Society de Raymond De Felitta (1995) avec Frank Whaley et Peter Gallagher

29 mai 2018

À la française (1963) de Robert Parrish

Titre original : « In the French Style »

À la françaiseUne jeune américaine qui aspire à devenir peintre s’installe à Paris. Elle fait rapidement la rencontre d’un jeune français…
Sur un scénario d’Irwin Shaw, In the French Style nous fait partager l’attirance d’une jeune femme pour la liberté de la vie parisienne dans le monde des arts. Il est difficile de ne pas sourire devant tous ces clichés sur la France et ses mœurs libres (inutile de préciser qu’au final c’est l’American style qui triomphera). Le plus original dans cette histoire est qu’elle est racontée d’un point de vue féminin. C’est Jean Seberg qui sauve le film avec une interprétation délicate et pleine de sensibilité. Robert Parrish, visiblement sous le charme, la filme avec une profusion de gros plans. Le choix de Stanley Baker est plus étonnant, l’acteur gallois à la carrure de rugbyman se prêtant difficilement aux rôles sentimentaux. L’ensemble est, il faut bien l’avouer, un peu ennuyeux. À noter, la musique de Joseph Kosma.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Seberg, Stanley Baker, Philippe Forquet
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Remarque :
* Né en 1916, Robert Parrish fut un enfant-acteur (dans L’Aurore de Murnau ou Les Lumières de la ville de Chaplin notamment) avant d’être monteur puis réalisateur. Son livre de mémoires J’ai grandi à Hollywood est l’un des meilleurs témoignages sur cette grande époque hollywoodienne, et l’un des plus passionnants à lire.

In the french style
Philippe Forquet et Jean Seberg dans À la française de Robert Parrish.

In the french style
Jean Seberg, James Leo Herlihy et Stanley Baker dans À la française de Robert Parrish.

27 mai 2018

Un château en enfer (1969) de Sydney Pollack

Titre original : « Castle Keep »

Un château en enferA l’hiver 1944, dans les Ardennes belges, une petite unité américaine de 8 militaires arrive dans un château proche de Bastogne pour éviter que les allemands ne le reprennent. Dans cette vaste demeure millénaire, un comte et sa jeune épouse vivent entourés d’innombrables œuvres d’art. Le major est prêt à tenir jusqu’au bout alors que son capitaine, grand amateur d’art, voudrait protéger la bâtisse et son contenu…
Adapté d’un roman de William Eastlake par Daniel Taradash (scénariste de Tant qu’il y aura des hommes), Castle Keep est un film très original qui montre un propos ambitieux mais n’est que partiellement convaincant. Il s’agit d’une réflexion philosophique sur la guerre, l’art, la vanité, la destinée, et même d’autres thèmes encore. Cela fait beaucoup. L’atmosphère est très particulière, assez onirique où semblent se mêler plusieurs époques, ce qui donne un caractère assez atemporel à l’ensemble. La bataille finale est presque irréelle et fascinante. Dans l’ensemble, le film fut assez mal perçu et compris. La musique est signée Michel Legrand.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Patrick O’Neal, Jean-Pierre Aumont, Peter Falk, Astrid Heeren, Bruce Dern
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Remarque :
* Le château de Maldorais n’a jamais existé. Le château utilisé pour le tournage a été construit de toutes pièces en ex-Yougoslavie.

Castle Keep
Burt Lancaster et Patrick O’Neal dans Un château en enfer de Sydney Pollack.

26 mai 2018

L’Or et la chair (1937) de Rowland V. Lee

Titre original : « The Toast of New York »

L'or et la chairUn bonimenteur itinérant et son associé font fortune pendant la Guerre Civile américaine en achetant illégalement du coton aux fermiers du Sud pour le vendre aux industriels du Nord. Une fois la guerre finie, ils se lancent dans des opérations financières de plus grande ampleur…
Basé sur un livre de Bouck White, The Toast of New York s’inspire librement de la vie du spéculateur James Fisk et du scandale Fisk-Gould qu’il déclencha en spéculant sur le marché de l’or à la Bourse de New York en septembre 1869. De toute évidence, l’histoire comporte des exagérations et les relations de l’homme d’affaires avec une jeune actrice paraissent bien romancées. Edward Arnold fait une composition très joviale du personnage et montre beaucoup de présence à l’écran. Jack Oakie, et dans une certaine mesure Donald Meek, apportent une bonne dose d’humour. En revanche, Cary Grant est singulièrement fade, la faute ne revenant sans doute pas tant à l’acteur qu’au scénario. Toujours est-il que son personnage est quasiment inexistant. On se désintéresse assez rapidement de cette suite d’opérations douteuses. Le film, qui avait bénéficié d’un beau budget, fut le plus grand échec commercial de l’année 1937 pour la RKO.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Edward Arnold, Cary Grant, Frances Farmer, Jack Oakie, Donald Meek
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Remarque :
* Le projet fut en premier confié à Alexander Hall. Alors que plus de la moitié du tournage était effectué, le metteur en scène tomba gravement malade et dût être remplacé par Rowland V. Lee qui refit la plupart des scènes. La quantité de séquences tournées par Alexander Hall restant dans le montage final n’est pas connue.

Toast of New York
Jack Oakie, Edward Arnold et Cary Grant dans L’or et la chair de Rowland V. Lee.

24 mai 2018

Persona (1966) de Ingmar Bergman

PersonaEn pleine représentation, une célèbre actrice s’interrompt brusquement au beau milieu d’une tirade et se réfugie dans un mutisme complet. Brièvement soignée dans une clinique, elle est envoyée par son médecin au bord de la mer en compagnie de la jeune infirmière Alma…
Au milieu des années soixante, Ingmar Bergman traverse une période difficile. Il est persuadé qu’il ne tournera plus. C’est la rencontre avec Liv Ullmann qui va le remettre en selle : frappé par sa ressemblance avec Bibi Andersson, il va construire un film autour de ces deux actrices et leur laissera même une certaine latitude sur le déroulé de l’histoire. Si on peut voir Persona comme une variation très jungienne autour de la personnalité (1), ce n’est pas selon Bergman « un film qu’il faut comprendre, c’est une expérience émotionnelle ». C’est surtout vrai dans le prologue, l’un des plus décortiqués (même si on peut s’interroger sur l’intérêt de le visionner ainsi plan par plan puisqu’il est conçu pour être vu à vitesse réelle) de l’histoire du cinéma : c’est un poème surréaliste qui se ressent (assez durement), une série de chocs visuels que chacun peut interpréter suivant sa perception. C’est vrai aussi, dans une moindre mesure, pour le reste du film où semblent s’opposer les deux faces d’une même personnalité appelées à fusionner. La photographie est très belle avec de superbes éclairages et une profusion de très gros plans. Par ses audaces formelles, Persona est un film qui enchante et fascine.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bibi Andersson, Liv Ullmann
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Remarque :
* Le tournage a débuté à Stockholm et Bergman était très insatisfait du résultat. Il décida alors de déménager le tournage sur l’île de Fårö où tout se déroula à merveille. Bergman finira par s’installer définitivement sur cette petite île située au nord de l’île de Gotland.

(1) Pour Carl Jung, l’homme est en conflit entre la persona (le masque social) et l’alma (le subconscient).

Persona
Bibi Andersson et Liv Ullmann oto dans Persona de Ingmar Bergman.

Persona