Nombre de films présentés : 20
31 janvier 2021
Blog cinéma, commentaires de films ... (anciennement films.blog.lemonde.fr)
31 janvier 2021
Nombre de films présentés : 20
30 janvier 2021
Au début des années 1980, la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est à son comble. Tommaso Buscetta, membre de Cosa Nostra, fuit son pays pour se cacher au Brésil. Pendant ce temps, en Italie, les règlements de comptes s’enchaînent, et les proches de Buscetta sont assassinés les uns après les autres. Arrêté par la police brésilienne puis extradé, Buscetta, prend une décision qui va changer l’histoire de la Mafia : rencontrer le juge Falcone et briser l’omertà…
Le Traître de Marco Bellocchio nous relate la lutte contre la Mafia en se concentrant sur le parcours de l’un des premiers repentis dont les révélations vont permettre au juge Falcone et à l’Etat italien de comprendre beaucoup mieux le fonctionnement de Cosa Nostra. Le film recrée également le Maxi-Procès de Palerme qui a vu plusieurs centaines de mafieux condamnés. Le Traître n’est pas un film de Mafia comme les autres, en ce sens qu’il ne joue pas avec cette fascination qu’exerce habituellement la Mafia sur le public, notamment par son prétendu code d’honneur. Marco Bellocchio la ridiculise plutôt, parvenant même à introduire de l’humour dans les scènes de procès. Le récit respecte la vérité historique. Il manque toutefois un peu de limpidité, le début du film est particulièrement confus. Il est aussi trop long. Le film a été encensé par la critique.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Pierfrancesco Favino, Luigi Lo Cascio, Fausto Russo Alesi, Fabrizio Ferracane
Voir la fiche du film et la filmographie de Marco Bellocchio sur le site IMDB.
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Pierfrancesco Favino dans Le Traitre (Il traditore) de Marco Bellocchio.
29 janvier 2021
Dans un futur proche, au Brésil, les habitants du petit village isolé de Bacurau du Sertão, dans la région du Nordeste, enterrent la matriarche de leur communauté. Peu après, les villageois font face à des événements très étranges…
Bacurau est un film brésilien écrit et réalisé par Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles. Il est difficile de le définir parce qu’il emprunte à plusieurs genres : le thriller, la science fiction, le western, le slasher movie et le film de cangaço (1), un genre typiquement brésilien très lié à l’imaginaire cinématographique du Sertão. L’histoire est assez étrange, surtout dans sa première moitié, et si le film ne réserve pas de grosses surprises, il se révèle très prenant grâce à une tension grandissante. Certaines scènes sont assez violentes dans sa seconde moitié mais sans qu’il y ait toutefois d’insistance excessive sur ces scènes. Bien entendu, le récit est aussi une allégorie politique pour dénoncer les méthodes du gouvernement d’extrême-droite actuel. Le préfet du film ressemble physiquement d’ailleurs quelque peu à Bolsonaro. Le film a été tourné en Panavision en utilisant des objectifs anamorphiques ce qui lui donne une touche cinéma américain des années soixante, originale pour un film brésilien. Grand Prix du Jury à Cannes 2019.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Bárbara Colen, Thomas Aquino, Udo Kier
Voir la fiche du film et la filmographie de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.
Remarque :
* « Bacurau » signifie en portugais « engoulevent », un oiseau crépusculaire et nocturne qui se camoufle très bien quand il se repose sur une branche d’arbre. Juliano Dornelles dresse le parallèle entre l’animal et le village : « Il ne sera remarqué que s’il a lui-même envie d’apparaître. Le village de Bacurau se porte ainsi, il est intime du noir, il sait se cacher et attendre, et préfère même ne pas être aperçu. » (Extrait du dossier de presse)
(1) Le cangaço a été une forme de banditisme social dans le Nordeste de la fin du XIXe siècle et début du XXe. Dans cette région aride où les inégalités sont fortes, de nombreux hommes et femmes sont devenus des bandits nomades, comme une forme de révolte à la domination des propriétaires terriens et du gouvernement. Le cinéma brésilien des années 1950 et 1960 a beaucoup exploré cette figure. (Extrait du dossier de presse)
Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho.
27 janvier 2021
Elisabeth, 30 ans, vient de divorcer. Pressée de retrouver sa liberté, elle a pris les torts sur elle. Elle cherche à retrouver un poste d’assistante bilingue et se lance dans des activités qu’elle n’a pu faire jusque là et qui l’attirent, comme le chant et la danse…
Margarethe von Trotta a écrit le scénario de Feu de paille avec son mari Volker Schlöndorff en s’inspirant de sa propre vie. Comme son héroïne, elle s’est retrouvée mariée très tôt, trop tôt, et a divorcé avant de rencontrer Volker Schlöndorff. Ses aspirations sont celles d’une génération de femmes de la fin des années soixante et du début des années soixante-dix. Margarethe von Trotta est lucide, elle admet le côté désordonné de ses ambitions d’indépendance que son avocate qualifie de « feu de paille » mais montre bien qu’elles se heurtent aux fondements d’une société profondément patriarcale. La photographie est signée Sven Nykvist (le directeur de la photographie attitré d’Ingmar Bergman). Le film est intéressant de visionner un demi-siècle plus tard pour mieux visualiser ce qui a évolué depuis… et aussi ce qui n’a guère évolué.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Margarethe von Trotta, Friedhelm Ptok, Martin Lüttge
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Margarethe von Trotta et Martin Lüttge dans Feu de paille (Strohfeuer) de Volker Schlöndorff.
26 janvier 2021
Au début des années 1960, la Ford Motor Company connaît des problèmes financiers. Désireux de changer son image, Henry Ford II a le projet de battre Ferrari au 24 Heures du Mans. L’ex-pilote Carroll Shelby va ainsi développer la Ford GT40 Mk II avec l’aide de Ken Miles, un pilote britannique au caractère bien trempé qui ne plaît pas trop au sein de Ford…
Cette histoire tout à fait véridique avait tout pour séduire Hollywood, à tel point qu’elle parait très conventionnelle. L’image du visionnaire un peu excentrique qui parvient, non sans mal, à créer une avancée majeure dans son domaine est en effet assez récurrente dans le cinéma hollywoodien et souvent génératrice de succès. Le scénario joue beaucoup sur cet aspect think outside the box, de façon assez répétitive, insistant sur l’opposition des bureaucrates de Ford. Heureusement, les scènes de courses viennent couper ce qui aurait paru vraiment très long sans elles. Les vues prises de l’intérieur des voitures sont souvent époustouflantes. La course finale, les 24 Heures du Mans 1966, est particulièrement bien mise en scène avec un suspense intense et des images très prenantes. James Mangold a tenu à utiliser des images réelles, sans trucage numérique, pour mieux faire ressentir au spectateur les risques insensés que prenaient les pilotes à cette époque. Sur ce plan, il a vraiment réussi.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Matt Damon, Christian Bale, Jon Bernthal, Caitriona Balfe, Josh Lucas, Tracy Letts
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Matt Damon et Christian Bale dans Le Mans ’66 (Ford v Ferrari) de James Mangold.
25 janvier 2021
Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…
Les Misérables est co-écrit et réalisé par Ladj Ly, cinéaste français né au Mali. Ce fut d’abord un court métrage qui fut très remarqué à sa sortie en 2016, ce qui l’a incité à le refaire en long métrage, son premier. Il y raconte son quartier, les Bosquets à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), et il tient à préciser que « tout ce qui est dedans est basé sur des choses vécues » (y compris le vol du lionceau). Le regard qu’il porte montre beaucoup de recul, il ne porte pas de jugement à l’emporte-pièce. Son récit met autant en lumière les violences policières en cité que les difficultés pour les forces de l’ordre d’exercer leur mission convenablement. Même s’il n’est pas dépourvu de maladresses, le film a une très grande puissance et frappe nos esprits. Les Misérables a connu un grand succès en salles.
Elle:
Lui :
Acteurs: Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Zonga, Issa Perica
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Remarque :
* Dans le roman de Victor Hugo Les Misérables, Jean Valjean rencontre Cosette pour la première fois à Montfermeil. Depuis 2012, la ville est intégrée dans un circuit touristique « Sur les pas et dans les pages de Victor Hugo ». C’est pour cette raison que Ladj Ly a choisi ce titre.
Damien Bonnard, Alexis Manenti et Djebril Zonga dans Les Misérables de Ladj Ly.
Lire aussi :
Les Misérables de Raymond Bernard (1934), adaptation du roman de Victor Hugo.
23 janvier 2021
20 mai 1927. Charles Lindbergh s’apprête pour une audacieuse tentative : voler de New York à Paris sans escale dans son monoplace Spirit of Saint Louis et réaliser ainsi le premier vol transatlantique de l’histoire humaine…
Si Billy Wilder est célèbre pour ses merveilleuses comédies, l’examen de sa filmographie montre qu’il a abordé de nombreux genres différents. Mais, même en gardant cela à l’esprit, force est de considérer ce The Spirit of St. Louis comme un film totalement à part. Film historique, centré sur un seul personnage, il ne montre aucun des traits caractéristiques du style du cinéaste. Le récit est vraiment très classique et empâté des clichés hollywoodiens habituels (y compris une touche mystico-religieuse vraiment surprenante de la part de Wilder). Tout au plus, pourra-t-on remarquer la présence de l’humour wildérien dans certains flashbacks. Le scénario est basé sur l’autobiographie de Charles Lindbergh parue en 1954 (Prix Pulitzer) où l’aviateur ne se dévoile finalement que très peu. C’est l’un des principaux reproches qui a été fait au film, de même que le choix de James Stewart, bien trop âgé pour le rôle : l’acteur avait 47 ans au moment du tournage alors que Lindbergh n’en avait que 25. Le film n’eut aucun succès à sa sortie. Il est un peu mieux considéré aujourd’hui mais n’en reste pas moins oubliable.
Elle: –
Lui :
Acteurs: James Stewart, Murray Hamilton
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James Stewart dans L’odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of St. Louis) de Billy Wilder.
22 janvier 2021
Victor, un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où Antoine, un brillant entrepreneur, lui propose une attraction d’un genre nouveau : mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique, cette entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour…
La Belle Époque est le second long métrage écrit et réalisé par Nicolas Bedos. Après avoir mis en scène son couple, il met en scène son milieu social, un milieu bourgeois aisé très parisien où il est de bon ton de paraître désabusé et revenu de tout. Ses personnages principaux sont tous odieux et les dialogues ne sont qu’une suite de répliques vachardes. S’il n’y en avait que quelques-unes, ce serait amusant mais, en suite ininterrompue, cela devient consternant. Et quand il abandonne le registre de la méchanceté, Nicolas Bedos tombe dans la mièvrerie la plus plate, la fin en est embarrassante. Il avait pourtant réuni un beau plateau d’acteurs qui sont loin toutefois de se montrer sous leur meilleur jour. Le film a été bien reçu par une partie de la critique et a fait un tabac à la cérémonie des César de 2020.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier, Fanny Ardant, Pierre Arditi, Denis Podalydès
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Doria Tillier et Daniel Auteuil dans La Belle époque (La Belle Époque) de Nicolas Bedos.
20 janvier 2021
Alfonso, la quarantaine, épouse Regina, une jeune fille catholique et vierge afin de l’initier au devoir conjugal selon ses désirs. Mais Regina va vite s’avérer insatiable et l’épuiser totalement…
L’Ape Regina (littéralement : la Reine des abeilles) est le premier long métrage italien de Marco Ferreri. Le réalisateur italien a en effet tourné ses trois premiers films en Espagne. Il a écrit le scénario de celui-ci avec un ami espagnol, le scénariste Rafael Azcona. Il s’agit d’une comédie qui dresse un portrait acide des conventions bourgeoises et fustige l’hypocrisie de l’Eglise sur le thème de la procréation. Ugo Tognazzi est magnifique, débutant en affreux machiste pour finalement nous attendrir et faire pitié, tout cela en nous faisant rire souvent. L’acteur tournera de nouveau avec Ferreri à sept reprises. Face à lui, Marina Vlady nous offre une composition complexe et riche : énigmatique, douce et belle, inquiétante parfois. Bien que doublée, l’actrice fut primée à Cannes qui réserva un très bon accueil au film. Ce ne fut pas le cas d’une bonne partie de la critique française qui n’avait alors d’yeux que pour la Nouvelle Vague.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Ugo Tognazzi, Marina Vlady, Walter Giller, Riccardo Fellini
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Remarques :
* Les distributeurs français sont restés insensible à l’humour du titre original en choisissant un titre français assez réducteur.
* Certaines scènes furent coupées par la censure italienne.
* Le film a été restauré en 2019.
* Riccardo Fellini, qui interprète Riccardo, est le frère de Frederico Fellini. Il n’a que peu tourné, il s’agit d’ailleurs de son ultime film. Il a également réalisé un film (Storie sulla sabbia, 1963)
Ugo Tognazzi et Marina Vlady dans Le Lit conjugal (Una storia moderna – L’ape regina) de Marco Ferreri.
18 janvier 2021
Début des années 1990. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d’Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l’indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean…
120 battements par minute est le troisième long métrage de Robin Campillo. Le réalisateur a rejoint l’association Act Up-Paris en 1992. Il s’est bien entendu fortement inspiré de sa propre expérience mais précise toutefois que le film n’est pas autobiographique. Il a cherché à reconstituer les débats qui animaient leurs réunions hebdomadaires et les actions musclées du groupe. En marge, une histoire d’amour condamné naît entre Nathan et Sean. C’est un film militant, ou plus exactement un film de militant, qui ne remet jamais en cause la stratégie du groupe et laisse dans l’ombre (et même ridiculise) les autres associations oeuvrant dans le même but. Le film a le mérite de nous montrer le vrai visage du sida, ses attaques physiques et ce que signifie être atteint par ce virus. Il joue donc un rôle important dans la prise de conscience de la nécessité de poursuivre les recherches et aide à comprendre la radicalité des membres du groupe. Le film n’est pas sans défaut, le réalisateur étire certaines scènes inutilement mais la force du propos nous les fait oublier. Récompensé à Cannes, 120 battements par minute a été louangé par la critique.
Elle:
Lui :
Acteurs: Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz
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Remarques :
* Robin Campillo revient sur le choix du titre de son film, 120 battements par minute : « C’est notamment une référence à la house music de l’époque que j’aimais beaucoup et qui est à 124 battements par minute. Je voulais rendre hommage à cette musique qui accompagnait l’époque. C’était une musique à la fois festive et inquiète, comme la situation vécue par la communauté gay à l’époque. »
Aloïse Sauvage, Arnaud Valois et Adèle Haenel dans 120 battements par minute de Robin Campillo.