6 mai 2013

Hugo Cabret (2011) de Martin Scorsese

Titre original : « « Hugo » »

Hugo CabretDans le Paris de 1930, Hugo Cabret est un garçon qui vit dans les greniers de la gare Montparnasse où il doit remonter régulièrement les grandes horloges. Passionné par les mécanismes, il tente de réparer un automate, seul souvenir de son père décédé. Dans la gare, il fait la rencontre d’un marchand de jouets… Adaptation d’un roman de Brian Selznick, Hugo Cabret nous fait revivre le moment de la redécouverte de George Méliès, à une époque où il était tombé dans l’oubli (1). Martin Scorsese (qui n’avait pas fait de film « tous publics » depuis près de vingt ans) recrée ce moment sous la forme d’un conte pour enfants avec force images de synthèse. A un siècle d’intervalle, il crée autant de magie que Méliès pouvait en créer ; les trucages, rudimentaires mais ingénieux, de Méliès ont aujourd’hui cédé la place aux ordinateurs. Pour un amateur de cinéma, c’est surtout à la partir de la mi-film que cela devient le plus intéressant, avec des extraits habilement insérés et surtout la reconstitution, devant nos yeux émerveillés, de certains tournages de Méliès dans son studio tout en verre. C’est assez magique et ces scènes à elles seules, justifient la vision du film. D’un budget pharaonique, Hugo Cabret utilise beaucoup d’effets et multiplie les plans spectaculaires et vertigineux. Le film est finalement un bel hommage à ce grand pionnier du cinéma.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ben Kingsley, Sacha Baron Cohen, Asa Butterfield, Chloë Grace Moretz, Emily Mortimer, Christopher Lee, Michael Stuhlbarg, Jude Law
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(1) Le dernier film de George Méliès date de 1913. Criblé de dettes, il a ensuite monté de petits spectacles. En 1925, il retrouve son actrice fétiche, Jeanne d’Alcy, qui tient une petite échoppe de jouets dans la gare Montparnasse. Il l’épouse et l’aide à tenir la petite boutique. C’est là qu’il fut redécouvert en 1929 par le directeur de Ciné-Journal.

5 mai 2013

Le Havre (2011) de Aki Kaurismäki

Le HavreUn ex-écrivain bohème s’est volontairement exilé au Havre où il est cireur de chaussures. Il vit dans un petit quartier avec sa femme. Il trouve sur son chemin un jeune garçon, immigré clandestin d’Afrique Noire recherché par la police… Le Havre est le premier film qu’Aki Kaurismäki tourne en français. C’est une histoire assez universelle et atemporelle qui met en valeur l’humanité et la solidarité. Aki Kaurismäki insuffle beaucoup d’humour dans son récit, ne serait-ce que par le jeu des acteurs, avec des intonations très policées qui donnent une certaine noblesse (et même une certaine grandeur) aux personnages. C’est un style qui peut bien évidemment surprendre mais il suffit de se laisser gagner par l’atmosphère, finalement assez proche d’un conte. Ce style permet d’ailleurs de s’écarter du réalisme qui n’est pas ici recherché. L’histoire étant atemporelle, Kaurismäki mêle les époques, modernisme et nostalgie des années soixante se côtoient. Et l’image est superbe, Kaurismäki n’a pas son pareil pour créer une palette de couleurs subtile, un brin désuète, et dont les grandes masses de couleur peuvent évoquer l’univers de la bande dessinée style ligne claire. Le résultat lui est propre, assez unique et très beau. Sur le fond, Le Havre n’a pas de solution toute faite à donner, il met seulement en valeur les notions humaines d’humanisme et de liberté.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Darroussin
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Remarques :
* Originaire du Havre, Little Bob interprète son propre rôle, ainsi qu’un morceau avec son groupe.
* On remarquera la présence de Pierre Etaix, en improbable docteur, et de Jean-Pierre Léaud en voisin dénonciateur.

1 mai 2013

Another Earth (2011) de Mike Cahill

Another EarthTrès attirée par l’astrophysique, Rhoda est une jeune et brillante diplômée qui s’apprête à intégrer le prestigieux M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology). Alors que l’on vient de découvrir une planète jumelle à la Terre, Rhoda tue accidentellement, en sortant d’une fête trop arrosée, la femme et le fils d’un compositeur de musique. Au moment où elle sort de prison, quatre années plus tard, la planète jumelle s’est considérablement rapprochée de la Terre… Another Earth est un film remarquable. Ecrit par Mike Cahill et Brit Marling (qui également en interprète le rôle principal), le scénario mêle habilement drame et science-fiction, ces deux éléments se renforçant l’un l’autre pour donner une histoire forte et pleine de sensibilité. Il s’agit d’une variation sur le thème des mondes parallèles qui vient donner ici une tout autre dimension (c’est le cas de le dire) Another Earth à un drame remarquablement bien développé qui aurait pu donner un film à lui tout seul. Brit Marling apporte beaucoup de sincérité et de sensibilité à son personnage, émouvant et très attachant. Il s’agit de son premier grand rôle au cinéma. Another Earth est d’autant plus remarquable qu’il a été tourné avec très peu de moyens, moins de 200 000 dollars. Bêtement boudé par une bonne partie de la critique, le film a reçu un bon accueil du public. Il vient nous prouver que la bonne science-fiction, celle qui se situe dans la grande lignée, peut encore exister au cinéma… mais sans doute pas à Hollywood.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Brit Marling, William Mapother
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22 avril 2013

Le tableau (2011) de Jean-François Laguionie

Le tableauDans un tableau, laissé inachevé par le peintre, les personnages ont pris vie et une hiérarchie s’est mise en place : le somptueux château a été investi par les « Toupins », personnages finis par le peintre et qui veulent asservir les autres personnages, les « Pafinis » (incomplètement peints) et les « Reufs » (esquisses crayonnées). Le peintre ne va pas revenir, affirment les Toupins pour asseoir leur suprématie. Refusant de baisser les bras, trois personnages vont partir à sa recherche… Le tableau est un film d’animation très original qui a le mérite de trancher assez nettement avec la production américaine actuelle. Il a été fait en 3D mais son aspect évoque le dessin et la peinture. Le réalisateur Jean-François Laguionie a soigné son quatrième film, gestation et réalisation ayant nécessité sept années. L’histoire en elle-même est une belle combinaison de naïveté et de magie. Le tableau peut donc être vu par tous les âges, même les très jeunes. Visuellement, il est très beau, très riche et varié, une source d’émerveillement constant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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21 avril 2013

Oncle Boonmee (2010) de Apichatpong Weerasethakul

Titre original : « Loong Boonmee raleuk chat »
Titre complet : « Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) »

Oncle BoonmeeBoonmee, un apiculteur thaïlandais d’une soixantaine d’années, sent la mort approcher. Un soir, sa femme défunte et son fils disparu depuis des années font une apparition à la table du dîner. Le fils a pris l’apparence d’un grand singe aux yeux rouges brillants. Boonmee a la faculté de se souvenir de ses vies antérieures. Accompagné de sa famille, il va traverser la jungle jusqu’à une grotte au sommet d’une colline, lieu de naissance de sa première vie… Inspiré du livre « A Man Who Can Recall Past Lives » du moine thaïlandais Phra Sripariyattiweti, livre qui serait basé sur une histoire vraie, Oncle Boonmee a pour thème central la réincarnation et c’est un film que l’on peut ressentir différemment selon ses attirances vers une certaine spiritualité de l’existence. Il n’est pas ici question que de vies antérieures mais aussi d’une certaine superposition (ou entrelacement) de différents degrés de réalités, dans lesquels des créatures fantastiques (et/ou imaginaires) peuvent apparaître. Le film est particulièrement lent mais certaines scènes sont très belles et pleines de douceur. C’est en tous cas un film qui a le mérite d’être différent. Oncle Boonmee a été primé à Cannes en 2010, l’année où Tim Burton était président du jury.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Thanapat Saisaymar, Jenjira Pongpas
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19 avril 2013

Carnage (2011) de Roman Polanski

CarnageDans un square de Brooklyn, un enfant de 11 ans blesse l’un de ses camarades de jeu lors d’une bagarre. Les parents se retrouvent peu après, avec l’intention de régler l’incident de manière civilisée. La rencontre va prendre un tour inattendu… Sa filmographie le prouve, Roman Polanski a une prédilection pour les huis clos, particulièrement ceux où la tension devient si forte qu’elle révèle des traits de la personnalité normalement cachés. Carnage est adapté d’une pièce de Yasmina Reza qui en a coécrit l’adaptation avec le cinéaste. Unité de lieu, un appartement newyorkais, et unité de temps, le film se déroule sans ellipse, en temps réel donc, sur 1h15 de temps. La situation évolue sans cesse, les échanges très urbains du début ne résistent pas à la tension qui s’installe, nous glissons d’une situation à une autre de façon assez subtile, des rapports de force se créent et s’évanouissent tout aussi rapidement. Carnage est assez remarquable par son écriture, d’autant plus que l’humour est assez présent, c’est une comédie. De nombreux passages sont même jubilatoires. Sous le vernis d’une civilité plus ou moins forcée, des sentiments resurgissent, plus triviaux, empreints d’un certain cynisme. Nul doute qu’après son assignation à résidence, l’adaptation de cette pièce qui fustige les bien-pensants d’une fausse largeur d’esprit n’était pas pour déplaire à Roman Polanski. C’est en tout cas très brillant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz, John C. Reilly
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Remarque :
La pièce de Yasmina Reza Le Dieu du Carnage a d’abord été jouée en France en 2008 (avec Isabelle Huppert) puis à Broadway en 2009.

5 avril 2013

Les Infidèles (2012) de Jean Dujardin & 7 réalisateurs

Les infidèlesSur une idée de départ de Jean Dujardin et Gilles Lellouche, Les Infidèles est composé d’une petite dizaine de sketches ayant tous pour personnages principaux deux quadras immatures et dragueurs. De façon surprenante pour une comédie, le ton général n’est pas si enjoué que cela, certaines histoires étant même assez déprimantes. Nous sommes donc loin des films à sketches italiens qui étaient, eux, si réjouissants. Les histoires sont assez prévisibles et manquent souvent d’originalité, le meilleur sketch, et le plus amusant, étant à mes yeux celui de la réunion des « Infidèles Anonymes » où Sandrine Kiberlain tente de mener une thérapie de groupe. L’ensemble donne l’impression d’avoir été écrit à la hâte. Le marketing d’un tel film est facile…
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Sandrine Kiberlain, Alexandra Lamy, Manu Payet
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Les sketches :
Le Prologue réalisé par Fred Cavayé
Bernard réalisé par Alexandre Courtes
La Bonne Conscience réalisé par Michel Hazanavicius
Lolita réalisé par Éric Lartigau
Thibault réalisé par Alexandre Courtes
La Question réalisé par Emmanuelle Bercot
Simon réalisé par Alexandre Courtes
Les Infidèles Anonymes réalisé par Alexandre Courtes
Las Vegas réalisé par Jean Dujardin et Gilles Lellouche

1 avril 2013

L’Arnacoeur (2010) de Pascal Chaumeil

L'arnacoeurAlex est briseur de couples professionnel. Un de ses riches clients lui donne pour mission d’empêcher le mariage de sa fille qui a lieu dans une semaine… L’Arnacoeur est une comédie qui a rencontré un franc succès, tant auprès des critiques que du public. Il s’agit du premier film de Pascal Chaumeil. Le scénario est savamment dosé avec une pointe d’impertinence, une pointe de vulgarité et une bonne dose de charme. Le film repose sur un duo d’acteurs, chacun restant conforme à son image. Le meilleur est certainement à chercher du côté des seconds rôles où l’inventivité est bien plus grande. Il faut sans doute que le cinéma français soit capable de faire de tels films à recette (dans les deux sens du terme) mais on a le droit de trouver le résultat ennuyeux…
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Romain Duris, Vanessa Paradis, Julie Ferrier, François Damiens
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28 mars 2013

Take Shelter (2011) de Jeff Nichols

Take ShelterCurtis vit paisiblement avec sa femme et sa fille de cinq ans sourde et muette dans l’Ohio. Peu à peu, il devient obsédé par la menace d’un cataclysme et voit des menaces de tempête dans le ciel. Il veut se préparer pour pouvoir mettre sa famille à l’abri… Take Shelter est le second métrage de Jeff Nichols qui en a écrit lui-même le scénario. Avec cette histoire d’homme gagné par la schizophrénie, il a voulu dresser le portrait de son époque, une époque où l’on se génère des angoisses, des terreurs, où on se laisse gagner par la peur de son environnement. Pour appuyer son propos, il parvient à créer une atmosphère troublante et même angoissante, sur un rythme lent mais particulièrement insidieux car son caractère paisible est trompeur. La photographie est assez belle, contribuant à apporter une douceur (elle aussi trompeuse) à l’ensemble. Seule la fin paraît plus faible : Jeff Nichols la laisse ambigüe et ouverte à différentes interprétations, ce qui paraît bien inutile.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michael Shannon, Jessica Chastain, Shea Whigham
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Remarque sur la fin :
(Ne lisez pas ce paragraphe si vous n’avez pas vu le film)
Si la scène finale de Take Shelter était réelle (ce qui détruirait tout le propos et ferait tomber le film dans le paranormal), le réalisateur aurait placé d’autres personnages dans la scène, des affolements, des cris, pour bien montrer sa réalité… Cela pourrait être un rêve, mais placer un rêve de plus en dernière scène n’apporterait rien… Non, le sens de cette scène finale est, à mes yeux, plus large que cela : Curtis a réussi à communiquer ses angoisses et ses phobies à sa famille et maintenant, au lieu d’être seul à avoir ces visions d’apocalypse, ils sont deux (voire trois avec la fillette). Une manière de souligner le caractère contagieux de l’angoisse.

1 mars 2013

Le Cochon de Gaza (2011) de Sylvain Estibal

Titre anglais : « When Pigs Have Wings »

Le cochon de GazaLe lendemain d’une tempête, Jafaar, un pêcheur palestinien de Gaza, trouve dans ses filets un cochon vivant. Il ne sait comment faire pour se débarrasser de cet animal impur. Il tente tout d’abord de le proposer discrètement aux observateurs des Nations-Unies mais sans succès… Cette comédie qui se déroule à Gaza est le premier long métrage d’un journaliste et romancier français né en Uruguay, Sylvain Estibal. Il en a écrit lui-même le scénario. Le sujet a beau être délicat, surtout quand il s’agit de faire de l’humour, il sait trouver le ton juste. Son humour n’est jamais méchant ni même trop caustique et il est difficile de ne pas adhérer au fond du propos qui prône le rapprochement des peuples. Sylvain Estibal joue beaucoup avec le côté saugrenu et même ubuesque de certaines situations. Il y a vraiment de belles trouvailles d’humour et de belles réparties. Le Cochon de Gaza est une réussite.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sasson Gabai, Baya Belal, Myriam Tekaïa, Khalifa Natour, Ulrich Tukur
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