Une jeune femme paralysée depuis un accident d’auto, Marie Kastner, meurt écrasée par sa propre voiture. Son mari, Paul Kastner, hérite de sa fortune à de surprenantes conditions. De plus, un homme lui fait un étrange chantage… Un meurtre est un meurtre est un film français réalisé par le belge Étienne Périer. Il est basé sur le roman du même nom de Dominique Fabre qui en a co-écrit l’adaptation avec le réalisateur. Il s’agit d’un suspense qui ressemble à du Claude Chabrol (qui joue d’ailleurs un petit rôle, assez burlesque) et la présence de Stéphane Audran renforce cette impression. Hélas, le film n’en a pas les mêmes qualités. L’histoire est pourtant bien agencée mais la réalisation reste terne. Malgré une distribution prestigieuse, il manque l’étincelle qui donnerait une personnalité au film. Cela se regarde toutefois sans déplaisir mais reste anodin. Elle: – Lui :
Remarque : Le réalisateur belge Etienne Périer a principalement tourné des films policiers dont de nombreux téléfilms. Dans Un si petit village (1978) il a reconstitué la célèbre affaire de Brouay-en-Artois.
Stéphane Audran et Jean-Claude Brialy dans Un meurtre est un meurtre de Etienne Périer.
Vincent et Françoise sont mariés depuis deux ans. Insatisfaits de la routine de leur vie à Genève, ils décident de s’expatrier en Afrique pour donner un sens à leur vie. Ils contactent un ami en poste à Alger qui facilitera leur insertion mais, la veille du départ, un télégramme d’Algérie leur demande de surseoir au départ et d’attendre une lettre explicative. Ils s’enferment dans leur appartement vide… Le Retour d’Afrique est un film suisse écrit et réalisé par Alain Tanner. Dans sa filmographie, il vient après La Salamandre qui avait reçu un accueil dithyrambique. En introduction, le cinéaste définit son film comme une ode à la parole et aux mots, « ceux qu’on dit aux autres, ceux qu’on dit en silence ». Sur le fond, il retourne l’argumentaire tiers-mondiste des années 70, le couple étant empêché de partir. S’enfermant dans leur appartement vidé de tout, ils s’isolent du reste du monde et découvrent, petit à petit, les véritables motifs de leur envie de départ. Le propos fustige le mode de vie bourgeois et sa routine aliénante. Le dénouement peut surprendre mais il s’inscrit dans l’idée de Tanner qu’il est impossible de se libérer de ce mode de vie bourgeois. (1) Même s’ils n’ont pas toujours la profondeur attendue, du moins en apparence, les dialogues sont bien écrits. L’ensemble est inégal, avec des moments plus faibles, mais reste suffisamment intéressant et suscite une réflexion. L’accueil critique fut cette fois plus mitigé, beaucoup n’y voyant qu’un pamphlet politique mais le film connut un certain succès en salles. Elle: – Lui :
(1) Le cinéaste précise : « La première partie du film, le couple enfermé dans la chambre attendant de partir, c’est moi il y a vingt ans, et la seconde partie, qui décrit l’installation dans la vie quotidienne neuf mois après, c’est en fait moi aujourd’hui, c’est-à-dire que ces neuf mois de durée cinématographique correspondent à vingt années de ma propre évolution dans la vie. » Enfin, Tanner poursuit en développant ce qu’il appelle les « techniques de distanciation ». « J’ai horreur de raconter une histoire au premier degré, de laisser le spectateur être trompé par l’apparence de réalité et donc se couper de toute possibilité de réflexion … » C’est pour cette raison que Tanner conçoit notamment son film, dès le stade du scénario, comme une soixantaine de courts métrages, chaque scène ayant un début et une fin, le tout formant, plutôt qu’un récit lié, un ensemble fragmenté en petits épisodes. Sources : Marthe Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007
Après dix-huit années de vie commune, Jean vient d’annoncer à Nadine qu’il la quitte. D’avord dévastée par le chagrin, reprend courage, aidée par son fils de 17 ans… La Femme de Jean est un film français écrit et réalisé par Yannick Bellon, son second long métrage. Il s’inscrit dans une époque où le féminisme s’affirmait de plus en plus, parfois avec une hostilité marquée envers les hommes. Rien de tel ici. Yannick Bellon (qui, rappelons-le, est une femme, son vrai prénom est Marie-Annick) se concentre sur un personnage de femme qui va se reconstruire, commencer à exister par elle-même au lieu d’être « la femme de… ». Elle reprend confiance en elle. C’est donc d’une renaissance dont il est question. Le sujet peut sembler rebattu à nos yeux actuels mais il ne l’était pas à l’époque à sa sortie. Le seul petit reproche que l’on pourrait faire est que tout se déroule de façon idéale, notamment le fils (joué par le jeune Hippolyte Girardot qui fait ses débuts à l’écran) est parfait, il l’encourage quand elle est trop timorée. Mais l’idée est de montrer la voie, un bel exemple du cinéma « comment vivre ? ». L’approche de Yannick Bellon est délicate, porteuse d’idées positives qui poussent à évoluer. La réalisatrice aborde aussi le thème du temps (1), le temps qui passe et qui détruit mais qui permet aussi de reconstruire (car il détruit aussi le négatif). Belle interprétation de France Lambiotte, actrice non professionnelle. Elle: – Lui :
Un tueur professionnel français se rend à Los Angeles pour éliminer un personnage du milieu. Ceci fait, il est lui-même poursuivi par un tueur dans une ville qu’il ne connait pas… Un homme est mort est un film français réalisé par Jacques Deray. Le scénario qu’il a écrit avec Jean-Claude Carrière est bien tourné et riche en rebondissements. En outre, Jacques Deray utilise merveilleusement les décors de la ville de Los Angeles et cela se voit dès le générique avec de belles vues d’avion. Il nous montre aussi sa faune, souvent interlope (mais pas toujours). Certaines scènes, telle celle dans la chambre funéraire qui montre un indéniable humour noir, sont mémorables La distribution est assez prestigieuse. Hélas, j’ai vu ce film en version française et comme Trintignant est le seul acteur français (Michel Constantin n’apparaît qu’en fin de film), tous les acteurs sont doublés. C’est horrible, le doublage dans les années soixante-dix était vraiment épouvantable… Je n’ai vu qu’après coup qu’il existe version en anglais (titrée The Outside Man), la langue utilisée pour le tournage. À voir impérativement en anglais. Elle: – Lui : (VO) – (VF)
En 2130, un petit vaisseau spatial d’exploration découvre un trou noir avec un gigantesque vaisseau stabilisé à proximité. Il s’agit du Cygnus, considéré comme perdu. Il semble abandonné mais il est en fait occupé par un scientifique. Aidé par de nombreux robots, il projette de traverser le trou noir… Le Trou noir est un film de science-fiction américain réalisé par Gary Nelson et produit par Walt Disney Productions. S’il a été produit pour tenter de répondre à Star Wars sorti deux ans plus tôt, le projet date du début des années soixante-dix et a traversé plusieurs phases de réécriture. Malgré cela, le scénario ne brille guère. Il paraît d’abord prometteur, semblant vouloir aborder des thèmes assez philosophiques comme l’a fait 2001, mais son développement ne fait que décevoir et les dialogues sont affligeants. Les emprunts sont visibles : le capitaine du vaisseau isolé est calqué sur le capitaine Némo, les réactions du robot Vincent (1) sont copiées sur celles de R2D2. Les incohérences sont innombrables et font souvent sourire. Le seul attrait du film à sa sortie était d’ordre technique avec des effets spéciaux informatiques et une habile utilisation de matte-painting. Hélas, tout cela ne fait plus d’effet aujourd’hui et il ne reste qu’un film-catastrophe dans l’espace peu prenant. La fin, promise comme époustouflante, est bien plate et ses connotations religieuses prêtent à sourire. Le film a été un échec commercial, il faut dire que le film s’est retrouvé classé PG (Parental Guidance = accord parental souhaitable) aux Etats-Unis, une première, et une catastrophe, pour le studio qui a toujours fait des films « tous publics ». Elle: – Lui :
(1) Le vrai nom du robot est V.I.N.CENT = Vital Information Necessary CENTralize.
Ernest Borgnine, Anthony Perkins, Yvette Mimieux et Robert Forster dans Le Trou noir (The Black Hole) de Gary Nelson.Le Trou noir (The Black Hole) de Gary Nelson.
Dessinateur de bandes dessinées, Giorgio s’est retiré de la vie parisienne, où il a femme et enfants, pour aller vivre avec son chien Melampo sur un îlot rocheux au sud de la Corse. Sa vie se voit perturbée par l’arrivée de Liza, une belle jeune femme assez snob. Ne supportant pas l’indifférence de Giorgio, en un étrange jeu cruel, elle tue le chien. Désormais seule en face de Giorgio, elle décide de prendre la place de l’animal… Liza est un film franco-italien réalisé par Marco Ferreri. Adaptation du roman Melampo d’Ennio Flaiano, le scénario a été écrit par Jean-Claude Carrière et Marco Ferreri. L’histoire met en scène une relation d’amour à sens unique très inhabituelle. Contrairement à ce que l’affiche laisse supposer, il n’y a rien de scabreux, ce n’est pas une relation sadomasochiste (la laisse de l’affiche ci-dessus a été ajoutée par les commerciaux). Non, c’est juste une relation étrange et l’on ne perçoit pas toutes les motivations de deux protagonistes. Ferreri était hanté par l’idée de bestialité à l’époque et (d’après Jean-Claude Carrière) il avait surtout très envie de tourner avec Mastroianni et Deneuve. Le couple s’était formé peu auparavant sur le tournage de Ça n’arrive qu’aux autres de Nadine Trintignant au grand bonheur des tabloïds. Pour Mastroianni, c’est une nouvelle occasion de tourner en français, langue qu’il maitrise parfaitement. Le décor est assez magique : les Îles Lavezzi au sud de la Corse, désertiques, avec des superbes rochers et un soleil éblouissant. Liza est un film original, étrange, d’une belle personnalité. Elle: – Lui :
Dans les années 50, Sandy et Jonathan partagent une chambre d’étudiants et ont de longues discussions sur leur vision des femmes. Sandy est timide et tend à les idolâtrer tandis que Jonathan les voit comme des objectifs à conquérir. Leurs vies prennent des chemins différents : l’un se marie, l’autre reste un coureur invétéré. Dix et vingt ans plus tard, ils se retrouveront pour faire le point sur l’évolution de leur vie… Ce plaisir qu’on dit charnel (Carnal Knowledge = « connaissance charnelle ») est un film américain écrit par Jules Feiffer et réalisé par Mike Nichols. Quatre ans après Le Lauréat (1967), le cinéaste sembler vouloir poursuivre son portrait d’une génération (d’hommes). Le résultat est moins convaincant sur ce point puisque ses deux personnages sont aux antipodes l’un de l’autre, et de façon un peu caricaturale. Malgré l’absence de scènes visuellement explicites, le film fit scandale à l’époque car il parlait sans détours de questions sexuelles, utilisant des mots rarement entendus dans le cinéma hollywoodien. La Cour suprême des Etats-Unis dut intervenir pour établir que le film n’était pas « obscène » et lever les interdictions régionales. Toute cette agitation parait bien désuète aujourd’hui. Représentatif du climat de libération sexuelle de cette époque, Carnal Knowledge se voit maintenant plutôt comme une comédie, avec une opposition somme toute assez classique de deux visions du sexe opposé (précisons que le film ne parle que de la vision des hommes sur les femmes, l’inverse est… hors-sujet). Côté interprétation, c’est Jack Nicholson qui crève l’écran, l’acteur semble à l’aise dans toutes les scènes, même les plus intenses dramatiquement. Pourtant, c’est Ann-Margret qui fut nominée pour les Oscars. Si Candice Bergen donne de la force à son personnage en montrant une belle présence, Art Garfunkel est bien plus fade. Le fond du propos peut certes paraître un peu simple mais le film est finalement intéressant et mérite d’être vu. Elle: – Lui :
Voir les autres films de Mike Nichols chroniqués sur ce blog…
Jack Nicholson et et Art Garfunkel dans Ce plaisir qu’on dit charnel (Carnal Knowledge) de Mike Nichols.Jack Nicholson et Candice Bergen dans Ce plaisir qu’on dit charnel (Carnal Knowledge) de Mike Nichols.Ann-Margret dans Ce plaisir qu’on dit charnel (Carnal Knowledge) de Mike Nichols.
Un homme, fils de marchand, doit laisser temporairement son épouse pour aller faire des affaires dans une ville éloignée pendant cinq ans. Un esprit prend malicieusement son apparence, et tombe amoureux de sa femme tout en lui avouant la supercherie. Mais le mari finit par revenir… Duvidha (également sous-titré Le Dilemme) est un film indien réalisé par Mani Kaul. C’est l’adaptation d’une histoire courte du même nom écrite par Vijaydan Detha. Originaire du Rajasthan (nord-ouest de l’Inde), Mani Kaul est un cinéaste indien peu connu en occident (1), que le l’on peut classer dans le « Nouveau Cinéma indien » des années soixante-dix. La sortie récente de quatre de ses films nous permet de le découvrir. Duvidha, son troisième long métrage, est sa première réalisation en couleurs. Il s’agit d’un conte sur le dilemme entre l’amour et l’argent. Mais ce n’est tant l’histoire qui est importante, ce qui enflamme les critiques est plutôt à chercher du côté de la forme, très épurée, avec de nombreux plans fixes, parfois agrémentés d’un lent traveling, des dialogues épars dits en voix off ou par les personnages quand ils sont hors-champ, d’une voix égale et monocorde. Cette recherche de l’épure évoque le cinéma de Robert Bresson. Personnellement, je dois avouer avoir beaucoup de mal avec ce genre de recherches. Elle: – Lui :
(1) Ne cherchez pas Mani Kaul dans vos dictionnaires de cinéma, vous ne le trouverez pas. Personnellement, je ne l’ai trouvé dans ma bibliothèque que rapidement mentionné dans un ouvrage sur le cinéma indien où il est décrit ainsi : « Le style individualiste de Kaul enchante ceux qui y voient l’abstraction et l’intellectualisme propres aux films dits d’auteur, plutôt rares pour la scène indienne. » (Dictionnaire de 65 cinéastes indiens par Aruna Vasudev et Partha Chatterjee dans Les Cinémas indiens, série CinémAction n°29-30, Editions du Cerf 1984.)
Raisa Padamsee dans Duvidha de Mani Kaul.
Autres longs métrages de Mani Kaul ressorti en 2023 : – Uski Roti (1970) – Un jour avant la saison des pluies (1971) – Nazar (1990), adaptation de La Douce de Dostoïevski, précédemment adapté par Robert Bresson en 1969. (Je n’ai réussi à regarder aucun de ces trois autres films jusqu’au bout (!) donc il me semble inutile de les commenter. Je réessayerai peut-être plus tard…)
Trinita et Bambino sont deux demi-frères aux physiques et caractères diamétralement opposés. L’un est longiligne et séducteur, l’autre massif et bougon. Ensemble, ils repoussent les assauts de bandits qui voulaient attaquer une colonie de pacifiques mormons… On l’appelle Trinita est un film italien écrit et réalisé par Enzo Barboni. Il s’agit d’un western spaghetti totalement atypique, on peut même parler de parodie burlesque. Contrairement au cliché du justicier taciturne et impitoyable, les personnages sont ici plutôt bavards. Les duels et confrontations se terminent souvent de façon comique, les plus gros problèmes se règlent avec les poings plutôt qu’au révolver. L’ensemble est amusant. Le film fut tourné avec un tout petit budget dans les environs de Rome. Le succès au box-office fut très important, apportant la notoriété aux acteurs italiens Terence Hill et Bud Spencer (respectivement Mario Girotti et Carlo Pedersoli de leur vrai nom) qui avaient précédemment plusieurs fois tournés ensemble dans de petites productions. Elle: – Lui :
Remarque : Le film ne connut qu’une suite On continue à l’appeler Trinita (…continuavano a chiamarlo Trinità) en 1971 mais les distributeurs français ont ressorti les anciens films de Terence Hill et Bud Spencer en changeant leur titre pour y placer le mot « Trinita » : * Dieu pardonne… moi pas ! de Giuseppe Colizzi (1967) est devenu Trinita ne pardonne pas. * La Colline des bottes de Giuseppe Colizzi (1969) est devenu Trinita va tout casser. * La Colère du vent de Maro Camus (1970) est devenu Trinita voit rouge. * Django, prépare ton cercueil ! de Ferdinando Baldi (1968) devient Trinita, prépare ton cercueil ! * Rita nel West de Ferdinando Baldi (1968) devient T’as le bonjour de Trinita.
Bud Spencer et Terence Hill dans On l’appelle Trinita (Lo chiamavano Trinità…) de Enzo Barboni.
Après un bref séjour en prison, l’escroc juif Harry Plotnick retrouve une situation qui a bien changé. Son petit, mais juteux, racket dans l’univers du jeu est menacé de toutes parts et il est surveillé de près par son officier de probation. Il tente de renouer avec sa famille qui ne le voit pas d’un bon œil… Harry Plotnick seul contre tous est une comédie américaine écrite et réalisée par Michael Roemer, son deuxième long métrage. Le film n’a pas connu de sortie commerciale en 1970 (une semaine dans un cinéma de quartier tout au plus) car personne ne le trouvait drôle. Vingt ans plus tard, le réalisateur désirait de mettre tous ses films sur bande à l’intention de ses enfants. Constatant que le technicien riait beaucoup en effectuant le transfert, Michael Roemer décide de faire deux copies en 35 mm et de les soumettre aux festivals du film de New York et de Toronto. Les deux festivals acceptent le film, qui est ensuite distribué dans le commerce, en 1989, avec succès. Cette « jewish comedy » est affectivement assez amusante par la nonchalance de son personnage principal qui engrange les déconvenues. Il est débordé, avec toujours un téléphone qui sonne même dans les endroits les plus incongrus. Sa famille, juive et très pratiquante, est haute en couleur, les fêtes juives sont pittoresques. La galerie de personnages donne au film tout son sel. Les acteurs sont des non professionnels. Le film mérite bien d’être découvert. Elle: – Lui :