16 juin 2021

La Môme vert de gris (1953) de Bernard Borderie

La Môme vert de grisL’agent du FBI Lemmy Caution est envoyé à Casablanca pour déjouer un projet d’attaque d’un convoi d’or américain…
La Môme vert de gris est le premier de la série de films policiers mettant en scène le personnage Lemmy Caution créé par l’auteur britannique Peter Cheyney. Il est personnifié par Eddie Constantine qui va abandonner ses ambitions de devenir chanteur pour faire l’acteur. L’histoire est un peu brouillonne et pleine de clichés mais réserve quelques bons rebondissements. La mise en scène de Bernard Borderie est bien plate. Eddie Constantine montre déjà tous les traits qui le caractériseront : c’est un dur décontracté avec un impossible accent américain et qui ingurgite de grandes quantités de whisky (boisson exotique pour les français de l’époque). Il montre aussi une grande raideur dans son jeu qui rend souvent son personnage assez improbable. Le succès en France sera très important et six films suivront. Un peu difficile à comprendre aujourd’hui, ce succès peut s’expliquer en tenant compte du contexte de l’époque.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Eddie Constantine, Dominique Wilms, Howard Vernon
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Remarques :
* La Môme vert de gris est également un premier film pour Dominique Wilms dont le personnage de femme fatale est entièrement copié sur Veronica Lake. Elle fera une carrière dans ce type de personnage tant que la vogue des films de détective durera.
* On remarquera dans les seconds rôles la présence de Maurice Ronet et de Roger Hanin, alors en tout début de carrière.
* Le vert-de-gris est un produit de corrosion du cuivre. Sous l’action conjuguée de l’humidité et du dioxyde de carbone, le cuivre s’oxyde à froid par l’air atmosphérique. Le vert-de-gris est toxique pour tous les organismes vivants, c’est un poison dangereux (le titre original du roman de Peter Cheyney est Poison Ivy). Par dérivation, le vert de gris est aussi une couleur, celle que prennent les statues en cuivre avec le temps.

La Môme vert de grisDominique Wilms et Eddie Constantine dans La Môme vert de gris de Bernard Borderie.

* La série des 7 films :
1) La Môme vert-de-gris de Bernard Borderie (1952) avec Eddie Constantine, Dominique Wilms, Howard Vernon
2) Les femmes s’en balancent de Bernard Borderie (1953) avec Eddie Constantine, Nadia Gray, Dominique Wilms
3) Cet homme est dangereux de Jean Sacha (1953) avec Eddie Constantine, Grégoire Aslan, Colette Deréal
4) Vous pigez ? de Pierre Chevalier (1956) avec Eddie Constantine, Maria Frau, René Clermont
5) Comment qu’elle est ? de Bernard Borderie (1960) avec Eddie Constantine, Françoise Brion, Alfred Adam
6) Lemmy pour les dames de Bernard Borderie (1962) avec Eddie Constantine, Françoise Brion, Claudine Coster
7) À toi de faire… mignonne de Bernard Borderie (1963) avec Eddie Constantine, Philippe Lemaire, Christiane Minazzoli

* Jean-Luc Godard rendra son hommage au personnage dans :
Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution de Jean-Luc Godard (1966) avec Eddie Constantine et Anna Karina

4 juin 2021

Eté violent (1959) de Valerio Zurlini

Titre original : « Estate violenta »

Été violent (Estate violenta)Italie, ville côtière de Riccione (au sud-est de Bologne), durant l’été 1943. Sans se préoccuper de la guerre qui a épargné l’endroit jusqu’alors, des jeunes gens aisés mènent une vie insouciante. Carlo, l’un d’eux, se lie d’amitié avec une jeune veuve de guerre, Roberta. Bientôt, leur relation évolue vers une folle passion…
Été violent est le deuxième long métrage de Valerio Zurlini. Le scénario est signé Suso Cecchi d’Amico et Giorgio Prosperi sur une idée originale du réalisateur. Le récit se concentre sur la naissance du sentiment amoureux, sur les petits riens qui alimentent la naissance d’une passion. Zurlini filme doucement ces sentiments qui enflent, avec un sens aigu du cadrage mais aussi avec une délicatesse qui peut être ressentie comme une lenteur . En revanche, il se montre plus maladroit pour inscrire cette passion au sein d’une période historique dramatique avec une scène finale certes spectaculaire mais qui paraît artificiellement plaquée sur le récit. Été violent  est indéniablement moins remarquable que La Fille à la valise (La ragazza con la valigia) que Zurlini tournera en 1961 à nouveau sur la naissance du sentiment amoureux..
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Eleonora Rossi Drago, Jean-Louis Trintignant, Jacqueline Sassard, Lilla Brignone, Raf Mattioli
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Remarque :
L’histoire évoque quelque peu Le Jardin des Finzi-Contini (1970) de Vittorio De Sica adapté d’un roman de Giorgio Bassani paru en 1962, donc postérieur au film.

Été violent (Estate violenta)Jean-Louis Trintignant et Eleonora Rossi Drago dans Été violent (Estate violenta) de Valerio Zurlini.

23 mai 2021

Gas-oil (1955) de Gilles Grangier

Gas-oilAlors qu’il fait nuit noire et qu’il pleut à verse, le camion de Jean Chappe roule sur un corps étendu sur la chaussée, à côté de sa voiture. Cet homme avait participé quelques heures auparavant à un braquage sanglant. Ses complices retrouvent Jean et tentent de l’intimider, pensant qu’il a récupéré le butin du braquage lors de l’accident…
Réalisé par Gilles Grangier, Gas-oil est un film basé sur un roman de George Bayle paru dans la Série noire, Du raisin dans le gaz-oil. L’adaptation est signée par Michel Audiard et Jacques Marcerou. Précisons tout de suite que l’on ne retrouve pas ici la verve qui sera plus tard la marque de fabrique d’Audiard. Le scénario ne brille pas par son originalité sur le plan de l’intrigue policière, en outre assez simplette et presque caricaturale dans les personnages des gangsters. En fait, l’histoire semble surtout être un prétexte pour nous faire pénétrer le monde des camionneurs dont nous entrevoyons le quotidien et le fonctionnement de leurs « courses ». Le film a été patronné par une organisation professionnelle de routiers. Donc les routiers sont sympas ! La grande partie du récit se déroule en zone rurale, dans le Puy-de-Dôme. Jean Gabin a un jeu sobre et retenu. Face à lui, on retrouve Jeanne Moreau, dont la carrière débutait alors brillamment, et Ginette Leclerc, actrice sous-estimée qui fut hélas toujours cantonnée dans les rôles de garce (et c’est encore le cas ici).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Jeanne Moreau, Ginette Leclerc, Marcel Bozzuffi, Roger Hanin
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Gas-oilJean Gabin dans Gas-oil de Gilles Grangier.

4 mai 2021

Track of the Cat (1954) de William A. Wellman

Track of the CatUne nuit, dans un ranch isolé des Montagnes Rocheuses, un fauve attaque le troupeau. Une légende parle d’une panthère noire revenant tous les ans aux premières neiges. Curt, l’aîné de la famille, part avec son frère pour suivre la piste du fauve…
Track of the Cat est un western américain réalisé par William A. Wellman sur un scénario de A.I. Bezzerides basé sur un roman de Walter Van Tilburg Clark (que l’on connait pour avoir signé The Ox-Bow Incident, adapté par Wellman en 1943). Il s’agit d’un drame familial assez sombre où les tensions sont très fortes entre les personnages. Beaucoup de scènes se tiennent dans la pièce principal du ranch, ce qui donne une impression de pièce théâtrale ; la comparaison avec les pièces d’Eugène O’Neill a quelquefois été évoquée. L’analyse des personnages par William Wellman paraît toutefois plus morale que psychologique ce qui peut la faire paraître un peu simpliste. Le film est assez remarquable par sa photographie. Wellman a dit avoir toujours voulu tourner un film noir et blanc en couleurs. Il a donc utilisé des tons neutres avec seulement quelques objets importants aux couleurs vives qui ressortent de l’image. Dans les scènes d’extérieurs et de neige, on raconte qu’il aurait même fait peindre des feuilles d’arbres en noir. Le résultat est superbe et contribue à l’atmosphère si particulière du film. Track of the Cat n’est jamais sorti en France.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Teresa Wright, Diana Lynn, Tab Hunter, Beulah Bondi, Philip Tonge, William Hopper
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Track of the CatRobert Mitchum et William Hopper dans Track of the Cat de William A. Wellman.

19 mars 2021

L’Amour à la ville (1953) de Michelangelo Antonioni, Federico Fellini, Alberto Lattuada, Carlo Lizzani, Francesco Maselli, Dino Risi et Cesare Zavattini

Titre original : « L’amore in città »

L'amour à la ville (L'amore in città)L’idée de départ de L’amore in città, on la doit au scénariste Cesare Zavattini : réunir six réalisateurs pour un film à sketchs sur l’amour dans une grande ville. Plus que d’écrire des histoires, il s’agit de porter un regard sociologique sur toutes les formes de l’amour à la ville et de faire jouer non pas des acteurs mais des personnes ordinaires qui vivent cela au quotidien.
Thèmes abordés : la prostitution des quartiers pauvres, le suicide par amour, le bal populaire où se font et se défont les couples, les agences matrimoniales, les abandons d’enfants et le voyeurisme dans les rues de Rome.
Il s’agit aussi d’une expérience de prolongement du néoréalisme, expérience qui va jusqu’aux limites dans le sketch Histoire de Catherine, une histoire véridique où la personne à qui cela est arrivé tient son propre rôle, rejouant notamment la scène de l’abandon de son enfant ce qui n’est pas sans soulever d’évidentes questions déontologiques.
Par ailleurs, le regard sociologique montre ses limites dans les sketchs sur la prostitution et le suicide où Lizzani et Antonioni ne font que survoler un sujet en questionnant les personnes impliquées. Le sujet était-il trop important pour l’exercice? De son côté, Fellini n’a pas joué le jeu : il a écrit une histoire, introduisant une touche de fantastique. Le résultat est remarquable mais il est hors sujet… Le dernier sketch est là pour apporter une note de légèreté, une fausse caméra cachée sur les regards insistants des hommes sur les femmes. Malgré ses faiblesses, L’amore in città reste un film important dans l’histoire du néoréalisme italien, une sorte d’expérience ultime. Le film n’eut que peu de succès et donc les suites prévues ne virent pas le jour.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Antonio Cifariello, Livia Venturini
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Remarques :
* Jean A. Gili définit L’amore in città comme un tournant vers la fin du néoréalisme : « un brillant exercice autour d’une idée forte, un film charnière entre une époque qui se clôt sur une utopie impossible et une autre qui s’ouvre en redonnant la priorité à l’imagination créatrice des auteurs ». (Jean A. Gili, Le cinéma italien p 144, Ed. La Martinière 2011)

* Le titre initial est : Le Spectateur (Revue cinématographique) – Année 1953, n°1 : L’amour à la ville.

* Les 6 sketchs :
1) L’Amore che si paga (L’amour qu’on paie) de Carlo Lizzani (11′). Ce sketch sur la prostitution a été censuré et supprimé des versions distribuées en France.
2) Tentato suicidio (Tentative de suicide) de Michelangelo Antonioni (22′)
3) Paradiso per tre ore (Le Paradis pendant trois heures ou Le Bal du samedi soir) de Dino Risi (11′)
4) Agenzia matrimoniale (Agence matrimoniale) de Federico Fellini (16′)
5) Storia di Caterina (Histoire de Catherine) de Francesco Maselli et Cesare Zavattini (27’)
6) Gli italiani si voltano (Les Italiens se retournent) de Alberto Lattuada (14’). A noter que l’homme corpulent qui transpire pour suivre une jeune femme dans les escaliers de la Trinité des Monts n’est autre que Marco Ferreri, producteur associé du film.

L'amour à la ville (L'amore in città)Livia Venturini et Antonio Cifariello dans le sketch Agence matrimoniale de Frederico Fellini
dans L’amour à la ville (L’amore in città).

16 mars 2021

L’habit fait le moine (1958) de Charles Crichton

Titre original : « Law and Disorder »

L'habit fait le moine (Law and Disorder)Un arnaqueur britannique ment à son fils à propos de ses fréquents séjours en prison en inventant des voyages lointains. Mais les choses vont se compliquer lorsque son fils grandit et souhaite devenir assistant d’un juge…
Le scénario de Law and Disorder a été écrit par T.E.B. Clarke sur la base du roman Smuggler’s Circuit de Denys Roberts. Le film se place dans le pur style des comédies britanniques des années cinquante. Ce n’est certainement pas le meilleur ni le plus connu des films de Charles Crichton mais il se regarde sans déplaisir grâce à des situations originales et inattendues, une écriture assez brillante et une interprétation pleine d’entrain mais aussi de retenue. L’humour y est constant, distillé par petites touches.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Redgrave, Robert Morley, Ronald Squire, Elizabeth Sellars, Joan Hickson, Lionel Jeffries
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L'habit fait le moine (Law and Disorder)Joan Hickson et Michael Redgrave dans L’habit fait le moine (Law and Disorder) de Charles Crichton.

23 janvier 2021

L’odyssée de Charles Lindbergh (1957) de Billy Wilder

Titre original : « The Spirit of St. Louis »

L'odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of St. Louis)20 mai 1927. Charles Lindbergh s’apprête pour une audacieuse tentative : voler de New York à Paris sans escale dans son monoplace Spirit of Saint Louis et réaliser ainsi le premier vol transatlantique de l’histoire humaine…
Si Billy Wilder est célèbre pour ses merveilleuses comédies, l’examen de sa filmographie montre qu’il a abordé de nombreux genres différents. Mais, même en gardant cela à l’esprit, force est de considérer ce The Spirit of St. Louis comme un film totalement à part. Film historique, centré sur un seul personnage, il ne montre aucun des traits caractéristiques du style du cinéaste. Le récit est vraiment très classique et empâté des clichés hollywoodiens habituels (y compris une touche mystico-religieuse vraiment surprenante de la part de Wilder). Tout au plus, pourra-t-on remarquer la présence de l’humour wildérien dans certains flashbacks. Le scénario est basé sur l’autobiographie de Charles Lindbergh parue en 1954 (Prix Pulitzer) où l’aviateur ne se dévoile finalement que très peu. C’est l’un des principaux reproches qui a été fait au film, de même que le choix de James Stewart, bien trop âgé pour le rôle : l’acteur avait 47 ans au moment du tournage alors que Lindbergh n’en avait que 25. Le film n’eut aucun succès à sa sortie. Il est un peu mieux considéré aujourd’hui mais n’en reste pas moins oubliable.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Stewart, Murray Hamilton
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L'odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of St. Louis)James Stewart dans L’odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of St. Louis) de Billy Wilder.

12 décembre 2020

La bête s’éveille (1954) de Joseph Losey

Titre original : « The Sleeping Tiger »

La Bête s'éveille (The Sleeping Tiger)À Londres, un psychiatre décide, avec l’accord de la police, d’héberger chez lui pour une durée de six mois un jeune voyou qui avait tenté de l’agresser dans la rue, afin de l’étudier. L’épouse du docteur, d’abord réticente, est par la suite attirée par le jeune homme…
En 1952, alors qu’il était sur un tournage en Italie, l’américain Joseph Losey apprend qu’il est accusé d’être communiste et se retrouve sur la liste noire sans mettre avoir comparu devant la commission dirigée par McCarthy. Le cinéaste choisit alors de se réfugier en Angleterre mais les producteurs anglais hésitent à lui confier un projet. Il parviendrait finalement à tourner The Sleeping Tiger sous un nom d’emprunt, Victor Hanbury (un réalisateur britannique qui n’avait rien tourné depuis 1944), ce qui permettra au film d’être distribué aux Etats-Unis. Basée sur un roman de Maurice Moiseiwitsch, l’histoire met en avant la psychanalyse en tant que méthode. Le film a été tourné très rapidement, avec peu de moyens. Sans être un grand film, il montre une certaine intensité et on y reconnaît le style d’approche des personnages spécifique à Joseph Losey. C’est surtout net pour Dirk Bogarde, ici dirigé par Losey pour la première fois, mais aussi pour l’actrice américaine Alexis Smith. La mise en scène est assez élégante et stylée. Le film est considéré comme mineur mais il se révèle très prenant par son atmosphère et ses personnages. Il ne dépare pas avec le reste de la filmographie de Joseph Losey.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dirk Bogarde, Alexis Smith, Alexander Knox
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La Bête s'éveille (The Sleeping Tiger)Alexander Knox et Alexis Smith et Dirk Bogarde dans La Bête s’éveille (The Sleeping Tiger) de Joseph Losey.

La Bête s'éveille (The Sleeping Tiger)Dirk Bogarde dans La Bête s’éveille (The Sleeping Tiger) de Joseph Losey.

22 novembre 2020

Les Onze Fioretti de François d’Assise (1950) de Roberto Rossellini

Titre original : « Francesco, giullare di Dio »

Les onze fioretti de François d'Assise (Francesco, giullare di Dio)En 1210, le pape Innocent III valide et reconnaît l’ordre franciscain qui prône une pauvreté matérielle absolue. Revenant de Rome, François et ses disciples se retirent dans une petite chapelle bâtie de leurs mains près de la ville d’Assise. Vivant de l’aumône, ils y façonnent les principes de leur enseignement, avec une béatitude et une humilité quotidiennes…
Les onze fioretti de François d’Assise a été tourné par Roberto Rossellini juste après Stromboli qui montrait déjà une connotation religieuse. Dans sa filmographie, c’est le premier film où le fort sentiment chrétien du cinéaste se montre si clairement. Tout en appliquant les grands principes du néoréalisme (décors naturels, acteurs non professionnels, son direct), il exprime les fondements de la philosophie franciscaine par la forme de son film : dénuement et austérité marquent autant le récit que l’image. La joie et la béatitude viennent, quant à eux, du jeu des acteurs. S’il est indéniablement moins majeur que les films bergmaniens (Ingrid-bergmaniens) du cinéaste, le film est néanmoins important pour mieux comprendre la démarche de Rossellini. On peut d’ailleurs considérer le personnage joué par Ingrid Bergman dans Europa 51 dans le prolongement de celui de ce François d’Assise.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Aldo Fabrizi, Nazario Gerardi
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Remarques :
* Les Fioretti (« petites fleurs ») sont un recueil anonyme du XIVe siècle contant sur un ton naïf et humoristique les miracles et petites histoires (53) qui seraient advenus autour de saint François d’Assise (1181-1226) et de ses premiers disciples. L’auteur considéré comme le plus probable serait Ugolino Brunforte, frère mineur toscan (1262-1343), un siècle plus tard.
* Le titre original du film se traduit ainsi : « Le Jongleur de Dieu ».
* Le seul acteur professionnel est Aldo Fabrizi qui interprète Nicolas, le pittoresque tyran de Viterbe.

Les onze fioretti de François d'Assise (Francesco, giullare di Dio)Nazario Gerardi (à gauche) dans Les onze fioretti de François d’Assise (Francesco, giullare di Dio) de Roberto Rossellini.

1 novembre 2020

La Deuxième Femme (1950) de James V. Kern

Titre original : « The Second Woman »

La Deuxième femme (The Second Woman)Un brillant architecte est tourmenté à la suite de l’accident qui a coûté la vie à sa fiancée, la veille de leur mariage. Sa culpabilité est amplifiée par le fait qu’il est persuadé d’être victime de malchance du fait d’une série d’incidents. C’est alors qu’il rencontre Ellen, venue visiter sa tante…
The Second Woman est un film à petit budget très peu connu. Un peu difficile à classer, il s’agit d’un suspense psychologique qui évoque quelque peu Rebecca ou encore Suspicion d’Alfred Hitchcock. Le scénario est habile, il a été écrit par Mort Briskin et Robert Smith qui sont tous deux producteurs. Si l’histoire est assez prenante et convaincante, l’ensemble nous laisse sur l’impression qu’il aurait pu avoir une toute autre dimension entre les mains d’un plus grand réalisateur et doté d’une distribution plus remarquable. Les prestations de Betsy Drake et de Robert Young sont toutefois tout à fait honorables. Le film mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Young, Betsy Drake, John Sutton, Florence Bates
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 La Deuxième femme (The Second Woman)Betsy Drake et Robert Young dans La Deuxième femme (The Second Woman) de James V. Kern.