19 mars 2018

L’Adorable Voisine (1958) de Richard Quine

Titre original : « Bell Book and Candle »

L'adorable voisineUn soir de Noël, à New York, une ravissante jeune femme se désole de ne pouvoir tomber amoureuse d’un homme et mener une vie ordinaire. Elle ne fréquente en effet que des personnes de « son espèce ». Elle aimerait tant pouvoir ainsi passer une soirée avec son nouveau voisin…
Bell Book and Candle est adapté d’une pièce de John Van Druten qui n’avait connu qu’un très petit succès à Broadway au début de la décennie. Cette comédie légère sur le thème des sorcières est mise en scène à l’écran par Richard Quine, artisan des comédies à la Columbia. Beaucoup la considère comme sa réalisation la plus réussie. L’humour repose sur le décalage entre le monde courant et le monde des mages et sorcières. On peut voir le film comme une tentative de retrouver l’humour de la série des Topper (1937) (Cary Grant a d’ailleurs cherché à avoir le rôle) ou encore de I Married a Witch de René Clair (1942). Sans être aussi réussi, l’ensemble est très amusant. Le choix de Kim Novak paraît judicieux pour ce rôle ambivalent (à noter que Vertigo venait tout juste de sortir sur les écrans). L’actrice joue ici avec son propre chat. James Stewart a déclaré n’avoir pas été très à l’aise dans son rôle de businessman mais, s’il montre une petite gêne, celle-ci colle très bien avec son personnage. La présence de Jack Lemmon est plus inattendue ; elle ajoute des notes d’humour supplémentaires. Bell Book and Candle nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Kim Novak, Jack Lemmon, Ernie Kovacs, Elsa Lanchester, Janice Rule
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Quine sur le site IMDB.

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Bell Book and Candle
Kim Novak et son chat Pyewacket dans L’adorable voisine de Richard Quine.

Remarques :
* Richard Quine a été amoureux de Kim Novak pendant des années.
* La Columbia avait prêtée Kim Novak à la Paramount pour Vertigo. L’arrangement prévoyait une réciprocité. C’est ainsi que James Stewart s’est retrouvé dans cette production Columbia.
* Le français Philippe Clay est bien visible en chanteur dans deux scènes situées dans le Zodiac Club. Il y fait un beau numéro.
* L’expression Bell book and candle (= cloche, livre et bougie) fait référence aux trois accessoires nécessaires dans un rite latin d’excommunication par anathème (merci Wikipedia). A noter toutefois qu’il n’est jamais fait allusion à la religion dans cette histoire.

Bell Book and Candle
James Stewart et Kim Novak dans L’adorable voisine de Richard Quine.

Bell Book and Candle
Elsa Lanchester, Kim Novak et Jack Lemmon dans L’adorable voisine de Richard Quine.

13 mars 2018

Quarante tueurs (1957) de Samuel Fuller

Titre original : « Forty Guns »

Quarante tueursGriff Bonnel, accompagné de ses frères Wes et Chico, arrive à Tombstone où la puissante propriétaire terrienne Jessica Drummond fait la loi à la tête d’une petite troupe de quarante hommes. Elle a aussi un jeune frère qui estropie par jeu un adjoint du shérif. Griff le maitrise et le met sous les verrous…
A sa sortie, Forty Guns était un western unique en son genre et soixante ans plus tard il l’est tout autant. Tourné rapidement avec un budget très faible, c’est un film d’auteur qui privilégie le style sur le déroulement du récit. L’histoire est surtout celle d’un amour impossible : il ne faut pas attendre un film d’action. Samuel Fuller réussit de nombreux plans mémorables, à commencer par une scène d’introduction pleine de furie qui nous laisse abasourdi. Il traite les scènes classiques du western (duels, chevauchées, etc.) de façon franchement inédite : le duel final est ainsi dans toutes les mémoires (de ceux qui l’ont vu…) Le plus remarquable est dans la simplicité de ses solutions qui nécessitent toutefois une grande maitrise technique. Inévitablement, certains spectateurs seront certainement déroutés par Forty Guns mais son style et son atmosphère le rendent assez enthousiasmant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Barry Sullivan, Dean Jagger, John Ericson, Gene Barry
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Forty Guns
Barry Sullivan et Barbara Stanwyck dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.

Remarques :
* Dans son encyclopédie sur le western, l’américain Phil Hardy qualifie Forty Guns d’ « exemple typique des différences entre les Etats-Unis et l’Europe dans le regard porté sur les productions hollywoodiennes : les américains considèrent le film comme étant franchement raté alors que les européens l’admirent pour son style et sa vigueur. »
(Ceci dit, il n’a pas fait l’unanimité en Europe : sur ce film, on retrouve globalement le clivage pro-/con- Nouvelle Vague).

* Barbara Stanwyck, 49 ans au moment du tournage, a toujours été une intrépide cavalière. Lorsque sa doublure a jugé trop dangereux de se laisser trainer au sol par un cheval au galop, l’actrice n’a pas hésité à le faire elle-même. Elle en est sortie indemne, avec tout de même ecchymoses et éraflures.

Forty GunsBarbara Stanwyck et John Ericson dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.
Le duel final est unique en son genre. Samuel Fuller a expliqué dans une interview qu’initialement il avait prévu que Barbara Stanwyck soit tuée par Griff. Les studios ayant refusé cette fin, il a alors trouvé un moyen très original de ne pas retourner la scène.

Forty GunsEve Brent dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.
Célèbre plan où le frère de Griff regarde la jeune et jolie armurière à travers le canon d’un fusil (démonté). Jean-Luc Godard fera un clin d’oeil à cette scène dans A bout de souffle lorsque Belmondo regarde Jean Seberg à travers un magazine roulé.
Parmi les autres scènes mémorables, il faut citer le long travelling sur Barry Sullivan marchant à travers la ville.

Quarante tueursBarry Sullivan et Barbara Stanwyck dans Quarante tueurs de Samuel Fuller.

3 mars 2018

Sourires d’une nuit d’été (1955) de Ingmar Bergman

Titre original : « Sommarnattens leende »

Sourires d'une nuit d'étéAux alentours de 1900, l’avocat Frederik Egerman a épousé en secondes noces la jeune Anne, qui a l’âge de son fils Henrik, étudiant en théologie. Il apprend que son ancienne maîtresse, la célèbre comédienne Désirée Armfeldt, vient se produire dans sa ville et ne peut résister à l’envie de la revoir…
Sourires d’une nuit d’été est assez inattendu de la part d’Ingmar Bergman car c’est une comédie légère, un marivaudage baigné de belles répliques et de traits d’humour. On peut le voir comme un prolongement du style des comédies américaines screwball, genre que le cinéaste suédois admirait mais dans lequel il n’a jamais pleinement réussi. C’est en tous cas pour lui un moyen d’espérer obtenir un succès commercial qui lui donnerait plus de libertés. Le film est parfois rapproché de la Règle du Jeu de Renoir ; personnellement je le verrais plutôt dans le style de L’importance d’être constant d’Oscar Wilde. Si Bergman montre un talent certain pour écrire des répliques relevées d’un humour  parfois cinglant, celles-ci ne tombent pas toujours très bien. Il montre aussi de la maladresse pour ajouter une dimension tragi-comique : le personnage du fils évolue fort mal et devient pesant. L’ensemble est toutefois très amusant et, fort heureusement, ce fut un succès. Sourires d’une nuit d’été fut remarqué à Cannes où il reçut le Prix de l’humour poétique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Eva Dahlbeck, Gunnar Björnstrand, Ulla Jacobsson, Harriet Andersson, Margit Carlqvist, Jarl Kulle
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Remarques :
* « Sommarnattens leende » (en réalité Les sourires de la nuit d’été et non Sourires d’une nuit d’été) désigne les sourires de la nuit de la Saint-Jean en Scandinavie, où le soleil ne se couche guère (et cela explique qu’à 1 heure du matin, il fasse encore jour).
* Le Svensk Filmindustri avait annoncé à Bergman qu’il ne financerait plus ses films si celui-ci ne rentrait pas dans ses frais.
* La légende veut que Bergman ne fût pas au courant de la présentation de son film à Cannes et qu’il apprit la nouvelle de sa récompense en lisant son journal dans les toilettes.
* Woody Allen fait des références répétées au film dans Comédie érotique d’une nuit d’été (1982).

Sourires d'une nuit d'été
Eva Dahlbeck et Jarl Kulle dans Sourires d’une nuit d’été de Ingmar Bergman.

Sourires d'une nuit d'été
Margit Carlqvist, Gunnar Björnstrand, Ulla Jacobsson et Björn Bjelfvenstam dans Sourires d’une nuit d’été de Ingmar Bergman.

1 mars 2018

Monika (1953) de Ingmar Bergman

Titre original : « Sommaren med Monika »
Autres titres français : « Un été avec Monika », « Monika et le désir »

MonikaPeu après s’être rencontrés, Harry, garçon livreur, et Monika, ouvrière dans un magasin d’alimentation, décident de quitter la ville de Stockholm. Ils se rendent sur l’île d’Ornö où ils mènent une vie libre et idyllique…
Ingmar Bergman a tourné Monika avec très peu de moyens alors qu’il traversait une période délicate (qui l’avait contraint à tourner des films publicitaires). L’histoire, adaptée d’un roman de Per Anders Fogelström, est très simple mais ce qui rend le film si remarquable est la façon dont Bergman l’aborde en privilégiant les personnages sur le récit. Sa caméra nous place au milieu d’eux, elle semble vouloir nous placer en troisième personnage comme en témoigne le long et célèbre regard-caméra. Avec le recul, il est étonnant de voir à quel point le film est précurseur de la Nouvelle Vague. Il est si en avance que les « jeunes turcs » des Cahiers du cinéma ne le remarqueront pas tout de suite : Rohmer et Godard ne le verront sous cet angle qu’en 1958, lors d’une rediffusion à la Cinémathèque. Il faut dire qu’à sa sortie ses aspects érotiques avaient pris le dessus et occulté tout le reste (érotisme qui ne saute plus vraiment aux yeux aujourd’hui mais bien réel en 1953). C’est Godard qui pointera sa valeur subversive sur le plan moral, avec une remise en cause du schéma traditionnel de la famille, et le déclarera comme étant une source d’inspiration pour le « jeune cinéma moderne ». Monika a ainsi acquis le statut de mythe…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harriet Andersson, Lars Ekborg
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Monika
Harriet Andersson et Lars Ekborg dans Monika de Ingmar Bergman.

Monika
Le célèbre regard-caméra d’Harriet Andersson dans Monika de Ingmar Bergman.
En 1958, Godard dit de ce plan : « Il faut avoir vu Monika rien que pour ces extraordinaires minutes où Harriet Andersson, avant de recoucher avec un type qu’elle avait plaqué, regarde fixement la caméra, ses yeux rieurs embués de désarroi, prenant le spectateur à témoin du mépris qu’elle a d’elle-même d’opter volontairement pour l’enfer contre le ciel. C’est le plan le plus triste de l’histoire du cinéma. »
On peut aussi y voir autre chose, un regard de défi, Bergman nous mettant à la place d’Harry. C’est un regard soutenu pendant de nombreuses secondes, assez inexpressif, comme vidé de tout sentiment. Monika sait ce qu’elle va faire mais ses désillusions la rendent indifférente.
Ces deux façons de voir l’héroïne ont partagé (et partagent toujours) les cinéphiles : Monika est-elle une victime qui se libère d’un cadre trop étroit ou fait-elle preuve d’un égoïsme aussi extrême que blâmable ?

Monika
Lars Ekborg et Harriet Andersson dans Monika de Ingmar Bergman.

27 février 2018

L’attente des femmes (1952) de Ingmar Bergman

Titre original : « Kvinnors väntan »

L'attente des femmesDans leur villa de vacances, quatre femmes attendent leurs maris, les frères Lobelius, qui doivent les rejoindre. L’une d’elles est très déprimée par le vide de son couple et, pour la réconforter, les trois autres lui racontent un épisode peu avouable de leur vie qui a changé l’orientation de leur couple…
Ingmar Bergman a tourné L’attente des femmes juste avant Monika. Il en a écrit le scénario avec sa (troisième) femme Gun Grut. Il se présente comme un film à sketches avec trois histoires indépendantes, une formule qui a séduit le cinéaste qui a pu adopter à chaque fois un style très différent. La première, un triangle amoureux très classique, est peut-être celle où il adopte un style le plus personnel. Il y montre de la sensibilité dans son approche des personnages. La deuxième histoire, particulièrement ennuyeuse, est d’un style inspiré de l’expressionnisme allemand et la troisième est une comédie assez amusante de type screwball, une typique « comédie du remariage ». Ingmar Bergman cherche son style et n’a pas encore cette faculté de nous emmener profondément dans ses personnages. De ce fait, l’ensemble n’échappe pas à une certaine banalité apparente.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Anita Björk, Eva Dahlbeck, Maj-Britt Nilsson, Birger Malmsten, Gunnar Björnstrand, Jarl Kulle
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L'attente des femmes
Anita Björk, Gerd Andersson (à l’arrière-plan), Eva Dahlbeck et Aino Taube dans L’attente des femmes de Ingmar Bergman.

4 février 2018

Cet homme est dangereux (1953) de Jean Sacha

Cet homme est dangereuxLemmy Caution se fait passer pour un dangereux criminel américain venu se réfugier sur la Côte d’Azur. Il est en réalité chargé d’infiltrer la bande du caïd Siégalla qui projette d’enlever une jeune et riche héritière…
Cet homme est dangereux est adapté d’un roman (annoncé « célèbre » dans le générique) de Peter Cheyney, auteur anglais de romans policiers publiés en France dans la collection Série Noire. Il s’inscrit dans une série d’une petite dizaine de films mettant en scène le personnage de Lemmy Caution, agent du FBI interprété par Eddie Constantine. Ce redoutable détective a deux armes principales : le charme (pour les femmes) et les poings (pour les hommes). Et c’est un malin… Que ces films aient pu avoir un attrait au moment de leur sortie est compréhensible : le récit prend beaucoup de libertés avec les conventions sociales, les femmes sont entreprenantes, les dialogues sont modernes, le personnage ne boit que du whisky (boisson alors exotique en France). Mais, pour quiconque n’a pas vécu ces émois à l’époque, la vision de ces films risque de n’en provoquer aucun aujourd’hui. Le déroulement de l’histoire est quelque peu confus et la mise en scène laisse deviner une certaine précipitation de tournage.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Eddie Constantine, Colette Deréal, Grégoire Aslan, Véra Norman
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Sacha sur le site IMDB.

Remarque :
* Jean Sacha a été monteur, entre autres sur Othello d’Orson Welles. Bertrand Tavernier, grand amateur de ces films avec Eddie Constantine qu’il a vus dans sa jeunesse, estime que l’on retrouve clairement l’influence de Welles dans la mise en scène de ce film (il fait bien de nous prévenir car ce n’est pas évident…)

Cet homme est dangereuxEddie Constantine dans Cet homme est dangereux de Jean Sacha.

Cet homme est dangereuxVoilà le genre de plans très audacieux qui avaient de quoi émouvoir en 1953 : Les jambes de Colette Deréal et Eddie Constantine dans Cet homme est dangereux de Jean Sacha. Est-ce ce genre de contre-plongée où Tavernier décèle l’influence de Welles ? 🙂

Cet homme est dangereuxVéra Norman et Colette Deréal dans Cet homme est dangereux de Jean Sacha.

30 janvier 2018

Financement de la restauration du film « Paris est toujours Paris » (1951) de Luciano Emmer

Titre original : « Parigi è sempre Parigi »

Paris est toujours ParisLa Société Cinématographique Lyre a eu la bonne idée de se lancer dans la restauration du film franco-italien Paris est toujours Paris que Luciano Emmer a tourné juste après Dimanche d’août. Il s’agit d’une amusante comédie qui nous montre le Paris de 1951 à travers les yeux d’un groupe de touristes italiens venus soutenir leur équipe de football nationale. C’est un film choral avec de nombreux personnages. On remarque la présence du (encore quasi débutant) Marcello Mastroianni et surtout du grand Henri Alekan derrière la caméra.

L’appel au financement participatif est de 12 000 € et se termine le 11 février 2017.
C’est ici : https://www.celluloid-angels.com

Acteurs: Aldo Fabrizi, Henri Guisol, Ave Ninchi, Jeannette Batti, Hélène Rémy, Henri Génès, Marcello Mastroianni, Lucia Bosé, Carlo Sposito, Giuseppe Porelli, Janine Marsay, Galeazzo Benti, Paolo Panelli, Franco Interlenghi, Yves Montand
Voir la fiche du film et la filmographie de Luciano Emmer sur le site imdb.com.



Communiqué de la Société Cinématographique Lyre :

Notre Société travaille dans le cinéma depuis 1952 et est toujours indépendante. Aujourd’hui, nous cherchons à restaurer un film de 1951, « Paris est toujours Paris », qui suit un groupe de supporters italiens dans sa découverte de la capitale.

Réalisé à Paris par Luciano Emmer, photographié par le grand Henri Alekan, avec de merveilleux acteurs italiens ou français (dont Marcello Mastroianni), il montre même un tout jeune Yves Montand qui y chante, notamment, « Les feuilles mortes ».

Le tout est une petite pépite de bonheur, pétillante et drôle, qui nous fait découvrir ce Paris de 1951 dont on voit qu’il oscille entre la pauvreté de l’immédiat après-guerre et la prospérité des trente Glorieuses à venir.

Notre projet est d’entreprendre la restauration (donc la numérisation et la restauration digitale de l’image et du son) de ce film afin de le faire découvrir au public d’aujourd’hui, et pour ce faire, nous avons lancé une opération de crowd-funding sur le site : https://www.celluloid-angels.com/movie/paris-est-toujours-paris

Nous aimerions mener à bien notre restauration :
– avant qu’Hélène Rémy, une des actrices du film aujourd’hui âgée de 85 ans et avec un début d’Alzheimer, ne perde toute sa mémoire et ne puisse goûter aux réactions du public. Qui seront positives, nous n’en doutons pas, car tous ceux qui ont vu le film en sont ressortis enchantés, et énergisés ! 🙂
– et aussi avant l’anniversaire de Venantino Venantini, le « Pascal » des TONTONS FLINGUEURS, qui fêtera en avril prochain ses 88 ans et qui a généreusement accepté de parrainer notre campagne.

Nous avons fixé notre objectif de campagne à 12 000 euros : ceci nous permettra de démarrer les travaux. L’atteindre serait merveilleux, le dépasser serait magique. Or notre campagne entre dans sa dernière ligne droite (moins de 15 jours) et nous sommes encore loin du but… MAIS nous avons bon espoir que, grâce à votre aide, si vous acceptez de relayer cette information auprès de toutes les personnes de votre réseau, nous puissions y parvenir!

Afin que les gens intéressés puissent se faire une meilleure idée du film, voici un article paru le 25 janvier dans le Figaro-on-line dans lequel figurent deux extraits.

Patricia Barsanti
Société Cinématographique Lyre (Paris)

29 janvier 2018

Rue de l’Estrapade (1953) de Jacques Becker

Rue de l'EstrapadeFrançoise (Anne Vernon) est une jeune femme pleine de vie et très amoureuse de son mari Henri (Louis Jourdan), pilote automobile, mais lorsqu’elle découvre qu’il a une liaison avec une jeune femme-mannequin, elle fait aussitôt ses valises et part louer une chambre sous les toits… Le succès d’Edouard et Caroline a incité Jacques Becker à tourner, non pas une suite, mais une autre comédie dans le même esprit, avec la même équipe. Le scénario de Rue de l’Estrapade est donc signé de nouveau par la très jeune (et belge) Anne Wademant. Il est assez conventionnel en apparence mais résolument moderne dans les détails. Nous retrouvons aussi le couple d’acteurs formé par Anne Vernon et Daniel Gelin, à ceci près que ce dernier n’a pas le premier rôle masculin donné à Louis Jourdan. Dans cette histoire de couple en crise, les hommes ne sont pas montrés sous leur meilleur jour alors que le personnage féminin fait preuve d’une liberté et d’une modernité rares pour l’époque. Il insuffle aussi beaucoup de fraîcheur à l’ensemble. Anne Vernon a une belle présence à l’écran. Le film est d’une grande perfection formelle et la mise en scène de Jacques Becker est élégante. Ce n’est certes pas son meilleur film mais il n’en est pas moins d’un haut niveau.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Daniel Gélin, Louis Jourdan, Anne Vernon, Jean Servais, Micheline Dax
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Becker sur le site IMDB.

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Rue de l'estrapade
Anne Vernon et Louis Jourdan dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker.

rue de l'Estrapade
Superbe regard caméra : nous sommes à la place du miroir dans lequel se regarde Anne Vernon qui essaie une robe chez un couturier. Lucienne Legrand et Anne Vernon dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker.

Rue de l'estrapade
Daniel Gélin et Anne Vernon dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker. Daniel Gélin n’apparaît qu’après 45 minutes.

Remarque :
* Rue de l’Estrapade est le premier film avec une chanson de George Brassens, Le Parapluie, chantée ici par Daniel Gélin. Brassens débutait alors, non sans difficulté, sa carrière. Éditée sur disque en même temps que la sortie du film en salle, cette chanson sera distinguée par l’Académie Charles-Cros l’année suivante en obtenant le Grand Prix du disque 1954.

Rue de l'Estrapade
Quand il s’agit de faire de superbes gros plans, Jacques Becker n’est pas manchot ! Daniel Gélin dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker.

Rue de l'Estrapade
Jean Servais dans Rue de l’Estrapade de Jacques Becker. Et paf! un autre regard-caméra : cette fois, nous sommes à la place d’Anne Vernon qui s’avance vers l’énigmatique (et, chose très rare pour le cinéma de cette époque, bisexuel) couturier.

Remarque :
* La rue de l’Estrapade existe bel et bien à Paris dans le 5e arrondissement. Le numéro 7 est bien face au lycée Henri IV. A noter que cette rue doit son nom à un supplice (assez horrible) nommé l’estrapade, qui était infligé à cet endroit au XVIIIe siècle. Est-ce sa proximité sonore avec « escapade » qui a poussé Jacques Becker à choisir ce nom ? (l’estrapade devenant ainsi une escapade ratée…)

21 janvier 2018

La Madone des sleepings (1955) de Henri Diamant-Berger

La Madone des sleepingsLady Diana Wyndham est une riche et belle veuve dont les multiples aventures sont à la une des journaux populaires. Elle ne se déplace qu’en train, dans un wagon particulier, ce qui lui vaut d’être appelée La Madone des sleepings. Ses terres en Amérique centrale recèlent des gisements d’uranium qui sont convoités par plusieurs puissances étrangères…
La Madone des sleepings fut tout d’abord un roman best-seller de Maurice Dekobra en 1925 que Pathé a aussitôt porté à l’écran en muet, puis une seconde fois vingt-cinq ans plus tard dans cette version signée Henri Diamant-Berger, alors âgé de 83 ans. Le roman possède certainement des qualités mais il est bien difficile d’en trouver une seule dans ce film très plat, aux personnages inconsistants et mal interprétés. C’est assez épouvantable.  Erich von Stroheim n’a qu’un petit rôle. Le voir  échouer dans une production si insipide est attristant, d’autant plus qu’il s’agit de son dernier film.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Giselle Pascal, Jean Gaven, Philippe Mareuil, Erich von Stroheim, Jacques Jouanneau
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La Madone des sleepings
( de g. à dr.) Jacques Jouanneau, Jean Gaven, Giselle Pascal, Philippe Mareuil et Katherine Kath dans La Madone des sleepings de Henri Diamant-Berger.

Remarques :
* Précédente adaptation :
La Madone des sleepings de Marco de Gastyne et Maurice Gleize (1928) avec Claude France.

* Maurice Dekobra est un auteur de romans populaires, faciles à lire, généralement empreints d’exotisme. Il est également l’auteur de Macao, l’enfer du jeu adapté en 1942 par Jean Delannoy (ne pas confondre avec le Macao de Josef von Sternberg).

18 janvier 2018

Belles mais pauvres (1957) de Dino Risi

Titre original : « Belle ma povere »
Autre titre français : « Beaux mais pauvres »

Belles mais pauvresRomolo et Salvatore sont comme fiancés à Marisa et Anna-Maria, tous quatre amis d’enfance. Mais pour se marier, ils doivent gagner leur vie…
Issu de la première période Dino Risi, celle où il cherchait encore son style, Belles mais pauvres est la suite de Pauvres mais beaux qui avait connu un grand succès quelques mois plus tôt. Par rapport à son prédécesseur, ce deuxième volet se révèle beaucoup moins complet : la peinture sociale est mise en retrait pour se focaliser sur la comédie pure et sur l’immaturité des deux jeunes garçons. On pourra toutefois y voir un portrait du mâle italien, montré particulièrement machiste et conservateur, et aussi les difficultés d’une modernisation économique au travers de l’exemple d’une formation professionnelle accélérée assez pittoresque. Le film traîne en longueur dans sa seconde moitié et l’ensemble est bien en deçà du premier volet.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marisa Allasio, Maurizio Arena, Renato Salvatori, Lorella De Luca, Alessandra Panaro
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Belles mais pauvres
Renato Salvatori, Lorella De Luca et Alessandra Panaro dans Belles mais pauvres de Dino Risi.

Les 3 films sur les déboires de Romolo et Salvatore, réalisés par Dino Risi :
1. Pauvres mais beaux (Poveri ma belli, 1957)
2. Belles mais pauvres (Belle ma povere, 1957)
3. Pauvres millionaires (Poveri milionari, 1959)