2 février 2013

Les Femmes de la nuit (1948) de Kenji Mizoguchi

Titre original : « Yoru no onnatachi »

Les femmes de la nuitDans le Japon de l’après-guerre, Fusako apprend que son mari dont elle espérait le retour est décédé. Elle doit subvenir seule à ses besoins et à celle de sa sœur qu’elle a retrouvée, entraineuse dans un cabaret. Elle en vient à envisager la prostitution… Impressionné par les premiers films néoréalistes italiens (1), Kenji Mizoguchi change de style et signe son film le plus sombre. Tourné en grande partie en décors réels, dans les quartiers pauvres d’Osaka encore fortement marqués par les dégâts de la guerre, Les Femmes de la nuit décrit la descente aux enfers de trois femmes qui en viennent à se prostituer pour simplement pouvoir vivre. Avec son scénariste Yoshikata Yoda, le réalisateur est allé à la rencontre des prostituées et parvient donc à une description très réaliste des relations qu’elles ont entre elles. Il montre comment ces femmes reproduisent la violence que la société leur fait subir. Ses images sont brutes et sans fard. Certaines scènes sont très fortes, assez violentes aussi. Toute la dernière scène du film est particulièrement poignante et puissante. En montrant la condition tragique de certaines femmes, Mizoguchi dresse aussi le portrait de son pays, dévasté et meurtri par la guerre, le montrant sans optimisme dans sa triste réalité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kinuyo Tanaka, Sanae Takasugi, Tomie Tsunoda, Mitsuo Nagata
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Remarques :
* Le film est adapté d’un roman d’Eijirô Hisaita.
* Un autre film de 1948 porte en français un titre très proche : Femmes dans la nuit (Women of the night) de l’américain William Rowland.

(1) Le premier grand film néoréaliste Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini est sorti en 1945.

 

29 janvier 2013

L’Amour de l’actrice Sumako (1947) de Kenji Mizoguchi

Titre original : « Joyû Sumako no koi »

L'amour de l'actrice SumakoProfesseur passionné de théâtre moderne, Shimamura choisit une jeune actrice en rupture pour interpréter la pièce d’Ibsen qu’il monte. Une relation étroite s’installe entre eux… Tourné peu après la fin de la guerre, L’amour de l’actrice Sumako est une biographie romancée de l’actrice Sumako Matsui (1886-1919), actrice célèbre à une époque où cela n’était guère concevable pour une femme. Le scénario est une fois de plus signé Yoshikata Yoda. Mizoguchi s’est volontairement écarté de la vérité, rendant son personnage plus sympathique qu’il ne l’était en réalité, pour mieux se concentrer sur son sujet : la passion pour l’Art. Pour lui, ses deux personnages, Shimamura et Sumako, vont tout sacrifier, famille et amis, affronter les critiques de l’intelligentsia, surmonter les obstacles. Le film manque un peu d’élan, on ne retrouve pas ici le souffle de création que l’on avait dans Cinq femmes autour d’Utamaro. Le film est quelque peu empâté par la relation amoureuse qui est amplifiée pour édulcorer l’ensemble mais se révèle être assez plate et conventionnelle. L’amour de l’actrice Sumako semble un film plutôt mineur dans la filmographie de Mizoguchi.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kinuyo Tanaka, Sô Yamamura, Eitarô Ozawa, Eijirô Tôno
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Remarque :
En cette même année 1947, mais chez Toho le studio concurrent de la Shôchiku,  sortit un autre film sur la biographie de Sumako Matsui film que Mizoguchi aurait dit préférer à son propre film (!) :
L’actrice (Joyu) de Teinosuke Kinugasa (1947), film semble t-il perdu.
Ce film n’est pas à confondre avec L’actrice (Eiga joyu) de Kon Ichikawa (1987), film qui relate la carrière de Kinuyo Tanaka et ses relations avec Mizoguchi.

19 janvier 2013

Cinq Femmes autour d’Utamaro (1946) de Kenji Mizoguchi

Titre original : « Utamaro o meguru gonin no onna »

Cinq femmes autour d'UtamaroUn jeune élève de l’école de peinture traditionnelle Kano abandonne tout pour devenir le disciple d’Utamaro, graveur populaire qui sait mettre beaucoup de vie dans ses superbes portraits de femmes. Utamaro ne vit que pour son art et trouve ses modèles dans le « quartier des plaisirs » d’Edo… Kenji Mizoguchi réalise Cinq femmes autour d’Utamaro juste après la guerre. Après ces années d’horreurs et d’humiliation, il célèbre l’Art et la recherche de la beauté. La démarche du peintre Utamaro est parfaite pour illustrer cette quête d’absolu, le graveur étant totalement voué à son œuvre et sa recherche stylistique ; cette démarche entière ne pouvait que plaire à Mizoguchi qui s’est certainement identifié à son personnage. En outre, le réalisateur dresse le portrait des cinq femmes du titre et introduit l’amour comme étant un leurre puisqu’il ne mène qu’à la mort. Cinq femmes autour d’Utamaro fait partie, sans aucun doute, des plus beaux films sur l’Art.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Minosuke Bandô, Kinuyo Tanaka, Kôtarô Bandô, Hiroko Kawasaki
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Utamaro - Trois beautés de notre tempsRemarque :
Kitagawa Utamaro (1753-1806) est un peintre et graveur japonais dont les œuvres les plus connues sont ses représentations de femmes. Ses estampes sont très célèbres, y compris en Occident depuis le XIXe siècle. Il fut surnommé « le peintre des maisons vertes » (les maisons closes) pour ses très nombreuses estampes consacrées au Yoshiwara (quartier des plaisirs à Edo, aujourd’hui Tokyo). On peut voir plusieurs estampes d’Utamaro dans la collection de Claude Monet à Giverny (portraits de femmes et série sur les oiseaux).

17 janvier 2013

La Belle Aventurière (1949) de Frederick De Cordova

Titre original : « The gal who took the West »

La belle aventurièreUn journaliste enquête sur l’histoire d’une riche famille de l’Ouest américain. On lui raconte comment deux cousins qui se haïssaient depuis toujours tombèrent amoureux de la même femme, une chanteuse venue de l’est… La belle aventurière est une comédie en Technicolor qui n’a d’autres prétentions que de nous divertir. Effectivement, elle ne fait que cela, rien de plus. L’histoire est très simple, elle permet de mettre en valeur la belle Yvonne De Carlo qu’Universal aimait présenter alors comme étant la plus belle femme du monde. Le point le plus original du film est sa construction, peu courante à l’époque, en quatre flashbacks : quatre personnes vont en effet successivement raconter les mêmes évènements, chaque version venant enrichir la précédente en ajoutant certains aspects et nous amènant à tout reconsidérer d’un œil nouveau. Mais cela ne suffit pas pour éveiller vraiment notre intérêt.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Yvonne De Carlo, Charles Coburn, Scott Brady, John Russell
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7 janvier 2013

The Shanghai Gesture (1941) de Josef von Sternberg

Titre français parfois utilisé : « Shanghai »

The Shanghai GestureA Shanghai, une jeune femme échappe à la police grâce à l’intervention d’un étrange Dr Omar. Il l’emmène dans une salle de jeux tenue par Mother Gin Sling où il travaille… The Shanghai Gesture est le premier film vraiment réalisé par Josef von Sternberg depuis 1935. Le film est adapté d’une pièce de John Colton qui avait connu un grand succès à Broadway dans les années vingt. C’est un sujet parfait pour Sternberg qui peut revenir ainsi à cet exotisme sensuel qu’il sait si bien mettre en scène. L’atmosphère est très forte, énigmatique, ambigüe, avec de constantes allusions à une certaine dépravation et une corruption que l’affairisme des occidentaux ne fait qu’amplifier. Cette atmosphère est rendu encore plus forte par la mise en scène de Sternberg toujours très inventif dans le placement de sa caméra ou dans ses angles de prises de vue (quel plan que celui où l’on découvre la salle de casino au début du film !) Et ses gros plans sont fabuleux. Car l’autre atout de The Shanghai Gesture, c’est le casting. The Shanghai Gesture Agée de 20 ans, Gene Tierney est d’une beauté à couper le souffle qui contribue à distiller un érotisme, subtil certes mais puissant. Autour d’elle, les personnages sont énigmatiques à souhait. Bien qu’elle ne soit pas présente, le film semble marqué par Marlene Dietrich : le personnage d’Omar, joué par Victor Mature, est le pendant masculin des femmes fatales que Marlene personnifiait avec tant de classe et le personnage de Mother Gin Sling, avec son extravagante coiffure et sa présence altière, semble être taillé sur mesure pour Marlene Dietrich. The Shanghai Gesture Les décors style art-déco sont merveilleux. Sur le fond du propos, le film s’attaque plus au pouvoir de l’argent qu’à la société chinoise (1). Probablement trop subtil et ambigu pour le public américain de l’époque, The Shanghai Gesture n’eut aucun succès à sa sortie et les critiques furent très mauvaises (2). La carrière de Josef von Sternberg fut hélas à nouveau stoppée, il ne tournera son film suivant que dix ans plus tard. Dans les années cinquante, le film sera mieux considéré, essentiellement en France et en Europe. A juste titre… car The Shanghai Gesture est une merveille.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gene Tierney, Walter Huston, Victor Mature, Ona Munson, Phyllis Brooks, Albert Bassermann
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Remarques :
The Shanghai Gesture* On peut se demander comment un film comme The Shanghai Gesture a pu passer le cap de censure. Avec toute cette dépravation exotique, l’érotisme sous-jacent, la drogue (certes non montrée), les femmes en cages vendues aux marins, le film aurait dû être refusé mille fois. D’ailleurs, avant le film de Sternberg, Will Hays et le Production Code auraient refusé pas moins de 30 projets d’adaptation de la pièce de John Colton !

* Les costumes de Gene Tierney ont été dessinés par Oleg Cassini, son mari depuis seulement quelques semaines, que l’actrice avait réussi à faire engager.

(1) La Chine a émis une protestation à l’époque. Un avertissement en début de film a été placé pour préciser que le film n’avait rien à voir avec la réalité… Mais en fait, c’est plutôt la société américaine qui est visée, la société de l’argent ; cela pourrait d’ailleurs expliquer le mauvais accueil du film aux Etats-Unis.
(2) Il faut toutefois tenir compte du fait que le film est sorti 15 jours après Pearl Harbour ; l’exotisme oriental ne faisait plus beaucoup rêver alors. Mais, encore aujourd’hui, le film semble moins plaire aux cinéphiles américains qu’européens.

The Shanghai GestureThe Shanghai GestureThe Shanghai Gesture


The Shanghai Gesture
The Shanghai Gesture
The Shanghai Gesture

31 décembre 2012

L’épée Bijomaru (1945) de Kenji Mizoguchi

Titre original : « Meitô bijomaru »
autre titre français : « L’excellent sabre Bijomaru »

L'excellent sabre BijomaruL’apprenti Kiyone Sakurai forge un sabre pour son bienfaiteur le samouraï Onoda. Il espère par la même gagner le cœur de sa fille. Hélas, le sabre se brise lors du premier combat et le samouraï est assigné à résidence par son seigneur. Pour se racheter, Sakurai tente de créer un autre sabre… L’épée Bijomaru a été tourné en trois semaines, pendant la guerre. Les films alors produits devaient exalter les nobles valeurs guerrières du Japon au service de l’Empereur, sujet qui n’était pas pour plaire à Mizoguchi. Dans ce strict cadre imposé, il parvient à réaliser un film assez personnel, bien loin du classique film de propagande : tout d’abord, il place l’action un siècle en arrière, à l’époque de la fin du Shogunat, il donne une grande place (presque documentaire) à la philosophie nécessaire à la création d’un sabre parfait et enfin, et surtout, il place une femme au premier plan d’une histoire à priori très masculine ; c’est à elle qu’incombe de porter le coup justicier. Même s’il a été tourné en hâte avec peu de moyens, L’épée Bijomaru ne déçoit aucunement et comporte même de très belles scènes. Il reste toutefois en deçà des autres films du réalisateur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Shôtarô Hanayagi, Eijirô Yanagi, Isuzu Yamada
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26 novembre 2012

Printemps tardif (1949) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Banshun »
Autre titre français : « La fin du printemps »

La fin du printempsDepuis le décès prématuré de sa mère, la jeune Noriko vit seule avec son père. Elle est heureuse ainsi et n’a aucune envie de se marier, ce qui commence à inquiéter son père et sa tante… Printemps tardif est le premier film de la période la plus célèbre Yasujirô Ozu, période pendant laquelle il tournera plusieurs variantes et plusieurs points de vue d’un même moment de vie, celui de la nécessaire rupture d’une jeune fille avec sa famille lors d’un mariage. Ici, Ozu la met en scène dans sa forme la plus simple, du moins en apparence, celle d’une relation père-fille forte, sans élément extérieur perturbateur. On trouve déjà dans Printemps tardif tous les éléments constitutifs du style d’Ozu que l’on retrouvera dans ses films ultérieurs : longs plans fixe, caméra proche du sol, sobriété du décor et importance des objets, champs-contrechamps rapides. L’histoire est épurée, empreinte d’une grande quiétude et de douceur ; elle se concentre sur les sentiments. Avec son tempo calme et régulier, le cinéma d’Ozu nous offre une certaine définition de la vie et ainsi nous affecte tous. Par leur profondeur et leur équilibre parfait, ses films forment un ensemble harmonieux dans lequel nous avons envie de plonger et de nous immerger. Printemps tardif en est l’un des plus beaux exemples.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Chishû Ryû, Setsuko Hara, Yumeji Tsukioka, Haruko Sugimura
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Remarque :
Le jardin zen que contemplent le père et son ami Onodera est le jardin de pierres du monastère zen Ryōan-ji situé dans le Nord-Ouest de Kyōto, construit au XVe siècle et inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Remake :
Fin d’Automne (1960) de Yasujirô Ozu.

22 novembre 2012

Monsieur Verdoux (1947) de Charles Chaplin

Monsieur VerdouxAprès avoir été mis à la porte de la banque où il travaillait et ne pouvant trouver un travail pour faire vivre sa famille, Monsieur Verdoux a l’idée d’épouser de riches veuves pour les faire ensuite disparaître… Au sein de la filmographie de Charles Chaplin, Monsieur Verdoux peut étonner. Pourtant il s’y inscrit parfaitement. Le film est une fable sociale qui dénonce cette société capable de broyer les individus et que Verdoux combat avec ses propres armes (« le meurtre est l’extension logique des affaires »). La combat-il d’ailleurs puisqu’il cherche avant tout à s’y réinsérer? Le personnage est complexe : l’identification du spectateur avec lui ne peut être totale, il s’agit d’un meurtrier, mais pourtant ce Monsieur Verdoux ne manque pas de charme. C’est un être sensible, terriblement séducteur, élégant par son langage, cynique certes mais pouvant faire preuve de grande compassion comme en témoigne cette scène avec la jeune fille qu’il recueille. C’est aussi un film contre la guerre, comme le montre le propos vers la fin du film.Monsieur Verdoux Monsieur Verdoux peut ainsi être vu comme un condensé des Lumière de la ville, des Temps Modernes et du Dictateur. Bien entendu, le film n’est pas dénué de scènes comiques mais le burlesque tourne essentiellement autour d’un seul personnage, l’une de ses femmes qui a une chance extraordinaire. C’est un comique assez noir, toutefois. Le film est parfait dans sa forme, que se soit par sa construction ou son rythme. L’interprétation de Chaplin est remarquable. Monsieur Verdoux n’eut aucun succès à sa sortie. Victime de la paranoïa anticommuniste, Chaplin était alors l’objet d’une vaste campagne de dénigrement. Il fut mieux accueilli en Europe. Avec le temps, le film a regagné la place qu’il mérite. Monsieur Verdoux fait partie des très beaux films de Chaplin. C’est un film subtil et profond, mais aussi d’une grande sensibilité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Martha Raye, Isobel Elsom, Marilyn Nash
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Monsieur Verdoux
Remarque :
C’est Orson Welles qui a donné à Chaplin l’idée de base de Monsieur Verdoux : Welles avait pour projet de tourner un documentaire romancé sur Landru et désirait que Chaplin en soit l’interprète principal. Chaplin refusa en disant qu’il ne s’était fait diriger par aucun metteur en scène jusqu’à présent et qu’il n’avait pas l’intention de commencer. Intéressé toutefois par l’idée, Chaplin racheta le script de Welles pour le réécrire ensuite entièrement.

16 novembre 2012

The villain still pursued her (1940) de Edward F. Cline

Titre alternatif (U.K.) : « He done her wrong »

The Villain Still Pursued HerUne veuve et sa jeune et jolie fille sont à la merci d’un homme fourbe et cupide qui cherche à récupérer à bon compte leur maison gravement hypothéquée… The Villain Still Pursued Her a l’originalité d’avoir Buster Keaton dans un second rôle ; le film est réalisé par son comparse Edward Cline. Bien que l’histoire se déroule en extérieurs et dans des décors différents, cette parodie de mélodrame prend la forme d’une pièce jouée (1), surtout pour faire intervenir le public qui conspue le vilain ou ovationne les moments positifs. Les acteurs forcent leur jeu et appuie leur dialogues de moult gestes à l’instar des pièces populaires de la fin du XIXe siècle. L’humour ne fonctionne pas toujours très bien, tous les plans sur le faux public sont bien inutiles, les farces des gamins étant bien répétitives. Ce n’est pas Buster Keaton qui alimente l’humour (Keaton qui rappelons-le n’a pas bien réussi à prendre le virage du parlant). Le plus amusant est incontestablement Hugh Herbert, comique alors très populaire, mais il n’a qu’un rôle très réduit. Cela ne l’empêche pas d’être placé en tête d’affiche. The Villain Still Pursued Her est une curiosité, guère plus.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Hugh Herbert, Anita Louise, Richard Cromwell, Buster Keaton
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(1) L’histoire est basée sur la pièce The Drunkard, une très célèbre pièce créée aux alentours de 1850.

1 novembre 2012

Un million clefs en mains (1948) de H.C. Potter

Titre original : « Mr. Blandings builds his dream house »

Un million clefs en mainsJim Blandings vit avec sa femme et ses deux enfants à Manhattan, dans un appartement trop étroit. Une publicité va lui donner envie d’aller vivre à la campagne. Il trouve une maison délabrée à acheter et à retaper dans le Connecticut, à une heure de train de son travail. Tout ne va pas être aussi simple qu’il l’aurait voulu… Adaptation d’un roman d’Eric Hodgins, Mr. Blandings Builds His Dream House ( = Mr Blandings construit la maison de ses rêves) joue avec les mésaventures rencontrées lors de l’achat et de la construction d’une maison : géologie récalcitrante, mauvaises surprises, luttes entre artisans et surtout imprévus qui font grossir la note. En ces années d’après-guerre, c’est aussi un film qui montre la face cachée du rêve américain en mettant en relief, avec beaucoup d’humour toutefois, les déconvenues diverses qui attendent les aspirants-propriétaires et le coût final : « Mais comment font ceux qui ne gagnent pas 15 000 dollars par an ? » (1) demande le personnage interprété par Cary Grant. Et aussi, la démesure des désirs du couple, ce qu’ils considèrent comme « l’indispensable » (le boudoir, les 4 salles de bains, etc.), est gentiment raillée. Le film est servi par un excellent trio d’acteurs et de bons dialogues. Mr. Blandings Builds His Dream House est une comédie plaisante qui remporta un bon succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Myrna Loy, Melvyn Douglas
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(1) Il est beaucoup question de coûts dans Mr. Blandings Builds His Dream House. Il est intéressant de les actualiser. Mr Blandings est créatif dans une agence de publicité (profession qui revient souvent dans les films américains, c’est à cette époque l’archétype de la profession moderne et supérieure qui fait rêver les spectateurs). Il gagne 15 000 dollars par an, c’est à dire l’équivalent de 144 000 dollars actuels (110 000 euros) ce qui est très confortable. Il achète le terrain avec la maison en ruines 15 000 dollars, soit un an de son salaire, et la construction de sa maison (avec 4 salles de bains!) lui coûte 20 000 dollars (150 000 euros actuels).