21 juin 2014

Faust (2011) de Aleksandr Sokurov

Faust« Librement inspiré de l’histoire de Goethe, Alexandre Sokourov réinterprète radicalement le mythe. Faust est un penseur, un rebelle et un pionnier, mais aussi un homme anonyme fait de chair et de sang conduit par la luxure, la cupidité et les impulsions. Après Moloch (Hitler), Taurus (Lenine) et Le soleil (Hirohito), Faust est la dernière partie de la tétralogie de Sokourov. » (Présentation du dossier de presse) Après trois films-portraits démystifiant trois dictateurs, Sokurov se penche plus généralement sur la nature humaine, montrant ses faiblesses, ses pulsions. Cet être imparfait n’est-il pas lui-même générateur des totalitarismes qu’il subit ? L’approche de Sokurov est fortement esthétisée, dans un style évoquant le « chaos métaphysique et grotesque d’un Jérôme Bosch » (1). Les premières minutes sont assez dures (si certaines personnes peuvent regarder sans ciller l’autopsie d’un cadavre à moitié putréfié, je dois avouer que je n’en fais pas partie) et le malaise perdure quelque peu durant tout le film, accentué par le rythme soutenu des dialogues et des sons qui forme souvent une certaine agression. Qu’il s’agisse d’une nouvelle et notable interprétation du mythe de Faust est indéniable, mais personnellement j’ai été plutôt rebuté par la forme.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Johannes Zeiler, Anton Adasinsky, Isolda Dychauk
Voir la fiche du film et la filmographie de Aleksandr Sokurov sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.
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Voir les livres sur Aleksandr Sokurov

Principales adaptations du mythe de Faust :
Faust et Marguerite de Georges Méliès (1897)
La Damnation du Docteur Faust de Georges Méliès (1904)
Faust de F.W. Murnau (1926)
La beauté du diable de René Clair (1950) avec Gérard Philipe et Michel Simon
Marguerite de la nuit de Claude Autant-Lara (1955) avec Michèle Morgan et Yves Montand
Doctor Faustus de Richard Burton et Nevill Coghill (1967) avec Richard Burton et Elizabeth Taylor
Faust d’Alexandre Sokurov (2011)

(1) La formule est de Jean-François Rauger du Monde. Je me permets de la reprendre car je la trouve particulièrement juste et éclairante.

15 juillet 2013

L’Homme à la caméra (1929) de Dziga Vertov

Titre original : « Chelovek s kino-apparatom »

L'homme à la caméra« Le film que vous allez voir est un essai de diffusion cinématographique de scènes visuelles. Sans recours aux intertitres (le film n’a pas d’intertitres), sans recours à un scénario (le film n’a pas de scénario), sans recours au théâtre (le film n’a pas de décor, pas d’acteurs, etc.) Cette oeuvre expérimentale a pour but de créer un langage cinématographique absolu et universel complètement libéré du langage théâtral ou littéraire. »
Film expérimental muet, L’Homme à la caméra est un film-manifeste destiné à montrer et mettre en pratique les principes énoncés par les Kinoks, ce petit collectif de réalisateurs soviétiques dont Dziga Vertov est la pièce angulaire. C’est un film sans scénario, sans acteur et aussi sans décor puisque, et c’est là l’un des grands principes, il s’agit de capter « la vie à l’improviste », la vraie vie, quel que soit l’endroit, dans les rues, dans une chambre à coucher, sur une plage, etc. Le « ciné-oeil » permet de restituer la vie, créant une simple connexion entre le réel et le spectateur. Dziga Vertov révèle les procédés cinématographiques : le caméraman apparaît très souvent à l’image, montré alors qu’il filme (souvent dans des positions passablement périlleuses d’ailleurs). Le media est ainsi démystifié.
L'homme à la caméraUn autre grand principe des Kinoks est la « théorie des intervalles » : le montage va permettre de prolonger un mouvement par autre plan qui peut n’avoir aucun lien avec le précédent. Il en résulte la création d’échos, d’analogies et de rimes qui forment un rythme presque musical qu’aucun intertitre ne vient interrompre.
L’Homme à la caméra est un film extrêmement dense, très riche de signifiant, dont il est impossible de tout percevoir en une seule vision. Notre oeil est constamment stimulé par un montage rapide, des superpositions, Vertov crée des rapprochements qui surprennent. Pour mieux le comprendre et l’analyser, il faut donc plusieurs visions et prendre le temps de lire certaines analyses. Chacun de ses plans a un sens, une signification. Regarder L’Homme à la caméra est une expérience sensorielle hors du commun.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Dziga Vertov sur le site imdb.com.

Remarques :
* Le caméraman est Mikhaïl Kaufman, le frère de Dziga Vertov (dont le vrai nom est Denis Kaufman). Lorsqu’il est visible à l’écran, c’est Dziga Vertov qui le filme. La monteuse est Elizaveta Svilova qui est devenue la femme de Vertov après avoir rejoint les Kinoks au début des années 20.
* L’Homme à la caméra est le deuxième film-manifeste des Kinoks après Kinoglaz (Ciné oeil – La vie à l’improviste, 1924) du même Dziga Vertov.

Lectures possibles pour en savoir plus :
Le manifeste Ciné-Oeil de Dziga Vertov
Dossier du CNDP par Bamchade Pourvali
Dossier CNC/Cahiers du Cinéma
– Vidéo : conférence de Bamchade Pourvali au Forum des Images
Présentation et analyse par le Ciné-Club de Caen
Présentation du film sur DVDClassik

28 septembre 2012

Quand passent les cigognes (1957) de Mikhail Kalatozov

Titre original : « Letyat zhuravli »

Quand passent les cigognesA Moscou, en 1941, Veronika et Boris sont amoureux. La guerre éclate et Boris décide de s’engager volontairement au grand désespoir de sa famille et de Veronika… Quand passent les cigognes a été tourné quatre ans après la mort de Staline et marque un tournant dans le cinéma soviétique. Plus que tout autre, ce grand film romantique symbolise la libération du carcan des films de propagande et le retour à une grande créativité qui rappelle celle des années vingt. Quand passent les cigognes a effectivement en commun avec les grands films muets cette beauté formelle qui se manifeste tant dans la lumière que dans le mouvement. Les éclairages sont travaillés avec des gros plans de toute beauté, la caméra est étonnamment mobile, capable de filer, de virevolter, de suivre les personnages dans une enivrante frénésie. Les scènes remarquables sont nombreuses(1). Kalatanov maitrise parfaitement sa créativité foisonnante, tout est parfait, rien n’est gratuit. Quand passent les cigognes Son plus grand talent est de savoir mettre la virtuosité technique au service de l’histoire qui se retrouve transcendée, puissamment élevée par un lyrisme qui nous traverse et nous bouleverse. Tatiana Samoïlova est remarquable, d’abord par sa très grande beauté juvénile, mais surtout par son interprétation très complète, exprimant à la fois de la force et de la fragilité, constamment touchante. La scène finale, ahurissante par son ampleur et sa virtuosité, est émouvante, poignante, d’un lyrisme rarement égalé. Palme d’Or à Cannes, Quand passent les cigognes connut fort justement un très succès, aussi bien dans son pays qu’à l’international.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Tatyana Samojlova, Aleksey Batalov, Vasili Merkuryev, Aleksandr Shvorin
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(1) « Les principaux moments de bravoure : l’adieu matinal dans l’escalier, le départ pour la guerre, le viol pendant le bombardement, la découverte de la maison détruite, la fuite après le discours de l’hôpital, la scène finale sur le quai de la gare passent le stade de la simple bravoure pour déboucher sur une beauté fort authentique. Il y a aussi un certain nombre de scènes d’intimité d’un naturel et d’une vivacité étincelants. » (J. Doniol-Valcroze)

7 août 2012

Le miroir (1975) de Andreï Tarkovski

Titre original : « Zerkalo »

Le miroirFrappé par la maladie, un homme de quarante ans se penche sur son passé et sur son pays, L’U.R.S.S. Il revoit sa mère dans sa maison natale, puis la femme dont il est séparé (jouée par la même actrice) et enfin son fils dont il sent que l’éducation qu’il lui donnée est un échec… Le miroir est un film autobiographique, ou plutôt introspectif, d’Andreï Tarkovski. C’est un film qui ne se livre pas facilement, surtout à nos yeux d’occidentaux qui ne peuvent qu’imparfaitement intégrer « l’esprit russe ». Car la mémoire du cinéaste se mêle à la mémoire collective et, au-delà de sa propre histoire, Le miroir est pour lui une recherche de l’identité russe, celle de la Russie éternelle. Il est d’autant plus important d’en avoir les clés que le film n’a pas une structure linéaire évidente. Il est joliment ponctué par la poésie d’Arseni Tarkovski, père du cinéaste, récitée par le poète lui-même (1). Longtemps bloqué par les autorités, le film n’est sorti en France qu’en 1978.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Margarita Terekhova
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(1) Dans la version originale sous-titrée, il semblerait que les poèmes ne soient pas intégralement traduits alors qu’ils le sont dans la version française. Ceci dit, la V.O. nous fait profiter de la voix d’Arseni Tarkovski ; à l’écoute de cette merveilleuse et envoutante musique des mots en russe, on comprend d’ailleurs mieux l’importance de la poésie de la Russie.

> Lire une belle analyse du film de Jean Gavril Sluka sur le site DVD Classik …

6 juillet 2012

Andreï Roublev (1966) de Andreï Tarkovski

Titre original : « Andrey Rublyov »

Andreï RoublevPour évoquer la vie du peintre Andreï Roublev, Tarkovski ne pouvait se baser sur des faits historiques puisque nous ne savons rien de la vie de ce moine russe du XVe siècle. Il s’est donc attaché à retranscrire l’âme du peintre. Il le fait en huit tableaux plus un prologue (1) et un épilogue où le film passe en couleurs pour nous montrer son œuvre (2). Il nous dépeint un Andreï Roublev tourmenté par l’idée de la vengeance du Jugement dernier, refusant ainsi l’image d’un Dieu implacable et même cruel, une idée qui aidait les seigneurs de cette époque à garder les paysans en semi-esclavage. En filigrane, Tarkovski nous fait partager ses propres interrogations sur le rôle de l’artiste sous un régime totalitaire, une lecture qui n’a pas échappé aux autorités et lui valu blocages et interdictions. Pour Andreï Roublev, Dieu ne peut qu’insuffler l’amour et ne peut que s’opposer à la cruauté omniprésente dans cette société du XVe siècle. Le film est superbe aussi dans sa forme, assez proche du cinéma d’Eisenstein. Certaines scènes sont d’une rare ampleur ; de nombreux plans sont superbes. Empreint d’un grand mysticisme, Andreï Roublev est un très beau film, puissant, profond et doté d’une grande énergie. (Film de 3h03)
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Anatoliy Solonitsyn, Ivan Lapikov, Nikolay Grinko, Nikolai Sergeyev
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Remarque :
Andreï Roublev Le scénario a été cosigné par Andreï Tarkovski et Andreï Konchalovsky.

(1) Le prologue reprend l’idée que le ballon à air chaud aurait été inventé en Russie bien avant les frères Montgolfier. Sauf que cette théorie attribue l’invention à Furvin Kryakutnoi en l’an 1731. Tarkovski va donc encore plus loin en créant une invention encore antérieure, au XVe siècle.
(2) Les icones montrées dans l’épilogue ne sont pas toutes d’Andreï Roublev mais datent toutes de son époque.

30 juin 2012

La Mère (1926) de Vsevolod Poudovkine

Titre original : « Mat »

La mèreEn 1905, dans la Russie tsariste, une mère qui vient de perdre son mari est emplie de crainte de voir son fils prendre une part active dans le soulèvement qui se prépare. Le fils est arrêté…
Tout comme Le Cuirassé Potemkine, La mère est une commande du gouvernement soviétique pour célébrer le vingtième anniversaire de la révolution avortée de 1905. Si l’on peut trouver une certaine similitude dans le déroulement global du récit (soulèvement qui se termine par une répression sanglante), le cinéma de Poudovkine est très différent de celui d’Eisenstein. Elève de Koulechov, Poudovkine accorde une grande importance au montage qu’il considère comme un langage à part entière. Par un découpage rigoureux, il obtient un montage très riche où les rythmes varient, souvent rapides, frénétiques parfois, et aboutit à un final lyrique. Poudovkine détermine la durée de chaque plan dès l’écriture du scénario, allant jusqu’à utiliser des formules mathématiques. Autre différence majeure avec Eisenstein, il bâtit son récit autour de quelques personnages principaux (le spectateur peut ainsi s’identifier à un personnage) et utilise des acteurs professionnels pour atteindre une plus grande intensité. Sur le plan de l’histoire en elle-même, on retrouve bien entendu le thème récurrent de la prise de conscience politique face à la sauvagerie et à l’injustice ; mais le récit est épuré, réduit à l’essentiel et cette simplicité, couplée à la force des images générée par le montage, a donné à son film toute sa puissance et son impact auprès du public. La mère fut un très grand succès populaire.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Vera Baranovskaya, Nikolai Batalov, Aleksandr Chistyakov, Ivan Koval-Samborsky
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La mère

Remarques :
* Le scénario est librement adapté du roman de Maxime Gorki.

* « Alors qu’un film d’Eisenstein est un cri, les films de Poudovkine sont des chants modulés et prenants. » Cette citation célèbre de Léon Moussinac décrit parfaitement la différence entre les deux cinéastes. Léon Moussinac est un historien et critique du cinéma dont le premier livre sur le cinéma soviétique a paru en 1928.
Léon Moussinac a également écrit à propos de La mère :
« Les « types » de Poudovkine sont simples et complets parce qu’ils figurent non pas un « moment » de l’humanité mais la nature même de l’humanité, dans ce qu’elle a d’éternel et de fatal. Ces types sont aussi inoubliables parce qu’ils sont intimement et puissamment liés au thème général abordant les grands faits sociaux auxquels les hommes, avec ou contre leur gré, participent sans cesse. »

* La scène de la fonte des glaces sur le fleuve de La mère a été, sans aucun doute, inspirée de celle de Way down East de D.W. Griffith (1921). Poudovkine en fait une puissante métaphore du peuple en colère qui va se heurter aux troupes à cheval.

Autres adaptations du roman de Gorki :
La Mère (Mat) du soviétique Mark Donskoy (1956), adaptation plus fidèle au roman.
La Mère (Mat) du soviétique Gleb Panfilov (1993).

25 juin 2012

Stalker (1979) de Andreï Tarkovski

StalkerA la suite d’un min-cataclysme créé, pense-t-on, par la chute d’un météorite, une région est déclarée zone interdite, gardée par les autorités. Seuls quelques passeurs, les stalkers, parviennent à entrer. L’un deux accepte d’emmener un écrivain et un physicien à la recherche d’un lieu mythique, la Chambre, où chacun peut voir ses désirs exaucés… Adaptation assez libre d’un roman des frères Strougatski, écrivains russes de science-fiction assez kafkaïenne, Stalker est un film à nul autre pareil. Dans cette longue et austère quête, Tarkovski oppose constamment la Foi et la Raison. Le stalker représente la Foi, le physicien la Raison, l’écrivain se situant un peu entre les deux dans une démarche de recherche artistique. Tarkovski oppose aussi la Russie (et non l’U.R.S.S.) et l’Occident. La Zone est un endroit de recherche spirituelle, où la nature et les humbles reprennent leurs droits. Bien qu’assez dépouillée, l’image est très travaillée. Avec peu de moyens, Tarkovski parvient à créer des lieux assez uniques, comme cette vaste salle aux petits monticules de sable. Stalker est un film assez marquant, il possède une dimension métaphysique qui le rend atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alisa Freyndlikh, Aleksandr Kaydanovskiy, Anatoliy Solonitsyn, Nikolay Grinko
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Stalker

21 février 2012

1812 (1912) de Vassili Gontcharov

1812Vassili Gontcharov est l’un des pionniers du cinéma russe. Initialement scénariste pour le théâtre, il a écrit le scénario du premier film russe connu, Stenka Razine de Vladimir Romachkov (1908). Rapidement, il réalise ses films en se spécialisant dans les films historiques. En 1911, il tourne un long métrage de 1h40 La défense de Sébastopol (le premier film connu filmé avec deux caméras) et l’année suivante, il tourne 1812 pour célébrer le centenaire de la victoire de la Russie sur les troupes napoléoniennes. La version visible aujourd’hui dure 33 minutes mais on peut supposer que la durée initiale était supérieure car il y a quelques sautes brutales de continuité. Le film est en quatre parties, chaque partie étant composée de plusieurs tableaux décrivant un épisode précis. Ce qui frappe en premier est l’abondance de scènes tournées en extérieurs. Cela ne l’empêche pas d’utiliser des maquettes dans certains plans, technique assez nouvelle qu’il avait introduite dans son film précédent. Le nombre de figurants est parfois important, notamment lors des défilés à cheval. La caméra est fixe. Les scènes de bataille sont très vivantes et assez comparables à ce que faisait Griffith à la même époque dans ses films sur la guerre de Sécession mais sans la scénarisation toutefois. 1812 est l’un des premiers films russes qui exalte le nationalisme, les guerres napoléoniennes étaient à cette époque encore très présentes dans les esprits. Le film se termine d’ailleurs en montrant deux personnes survivantes de cette époque (118 et 115 ans).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pavel Knorr
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Remarque :
Vassili Gontcharov mourra peu après en 1915, à l’âge de 53 ans.

20 février 2012

Les grades et les hommes (1929) de Yakov Protazanov

Titre original : « Chiny i lyudi »

Les grades et les hommes (Film muet) Adaptation de trois nouvelles de Tchekhov, Les grades et les hommes traite avec humour de l’influence de la hiérarchie sociale sur les comportements. La première histoire est la plus longue : La croix de Sainte Anne met en scène une jeune femme qui se marie sans amour à un riche bourgeois dans l’espoir de pouvoir aider sa famille dans la misère. Hélas son mari se révèle être un homme strict et avare. Mais un évènement va bouleverser leur vie… La seconde histoire La mort d’un fonctionnaire est celle d’un homme qui, après avoir éternué malencontreusement sur un général, n’aura de cesse que de vouloir s’excuser… La troisième, Le caméléon, montre un policier cherchant à verbaliser le propriétaire d’un chien qui a mordu un habitant. Lorsqu’il découvre que le chien appartient à un général, il change d’attitude… Le point commun de ces trois histoires est l’influence des grades sociaux sur nos comportements, comment ils peuvent modifier notre degré d’acceptation de certaines situations ou nos jugements. Après un début assez sombre, le ton devient soudainement léger, puis l’humour est de plus en plus présent ; la dernière histoire est une véritable pantalonnade. C’est tout à fait le genre de sujet qui convient à Protazanov qui a toujours été un cinéaste un peu à part.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mikhail Tarkhanov, Mariya Strelkova, Ivan Moskvin, Vladimir Popov
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9 février 2012

La nouvelle Babylone (1929) de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg

Titre original : « Novyy Vavilon »

La nouvelle BabyloneEn 1870, la population acclame les soldats qui partent se battre contre les prussiens. A Paris, la vie continue. Louise, une jeune vendeuse du grand magasin Nouvelle Babylone, est invitée au bal par son patron. Mais la fête est interrompue par l’annonce de la défaite. Il faut défendre Paris et une souscription populaire est lancée pour acheter des canons. Quand l’armée capitule et cherche à reprendre ces canons sur la butte Montmartre, cela provoque une insurrection… La nouvelle Babylone est un film russe de la fin du muet, l’un des très rares films qui évoquent la Commune de Paris de 1871. C’est un film assez étonnant, souvent exubérant. Les deux réalisateurs font une grande utilisation du mouvement : les scènes de liesse, de danses, de fête sont tourbillonnantes, frénétiques, excessives même. Les scènes montrant l’ardeur au travail sous la Commune sont superbes (telle cette lavandière qui éclabousse largement tout autour d’elle). Ces scènes de grande agitation contrastent avec des scènes plus calmes, parfois statiques même. Le montage est assez remarquable, les réalisateurs juxtaposent des scènes qui semblent au final former un kaléidoscope énivrant. Le jeu des acteurs peut paraître parfois outré. Sur le plan du contenu, le film ne fait pas un récit vraiment chronologique mais reprend quelques temps forts. L’accent est bien entendu mis sur l’opposition de classes. Chostakovitch (alors âgé de 23 ans) composa sa première musique de film pour La nouvelle Babylone, musique dans laquelle il reprend divers airs révolutionnaires français qu’il mêle à un thème d’Offenbach.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yelena Kuzmina, David Gutman, Pyotr Sobolevsky
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Remarques :
Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg ont fondé à Leningrad en 1921 le collectif d’avant-garde théâtral FEKS (La Fabrique de l’Acteur Excentrique) qui s’étendit rapidement au cinéma où il tint un rôle important. En 1921, ils avaient 16 et 19 ans.

Versions :
La version la plus complète est actuellement celle durant 1h33, restaurée en 2004 avec la musique de Chostakovitch. Il existe également une version de 1h15 (version allemande du début des années 80), version tronquée avec réintégration de chutes de montage, accompagnée d’une musique au piano.