20 février 2012

Les grades et les hommes (1929) de Yakov Protazanov

Titre original : « Chiny i lyudi »

Les grades et les hommes (Film muet) Adaptation de trois nouvelles de Tchekhov, Les grades et les hommes traite avec humour de l’influence de la hiérarchie sociale sur les comportements. La première histoire est la plus longue : La croix de Sainte Anne met en scène une jeune femme qui se marie sans amour à un riche bourgeois dans l’espoir de pouvoir aider sa famille dans la misère. Hélas son mari se révèle être un homme strict et avare. Mais un évènement va bouleverser leur vie… La seconde histoire La mort d’un fonctionnaire est celle d’un homme qui, après avoir éternué malencontreusement sur un général, n’aura de cesse que de vouloir s’excuser… La troisième, Le caméléon, montre un policier cherchant à verbaliser le propriétaire d’un chien qui a mordu un habitant. Lorsqu’il découvre que le chien appartient à un général, il change d’attitude… Le point commun de ces trois histoires est l’influence des grades sociaux sur nos comportements, comment ils peuvent modifier notre degré d’acceptation de certaines situations ou nos jugements. Après un début assez sombre, le ton devient soudainement léger, puis l’humour est de plus en plus présent ; la dernière histoire est une véritable pantalonnade. C’est tout à fait le genre de sujet qui convient à Protazanov qui a toujours été un cinéaste un peu à part.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mikhail Tarkhanov, Mariya Strelkova, Ivan Moskvin, Vladimir Popov
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29 août 2010

La dame de pique (1916) de Yakov Protazanov

Titre original : « Pikovaya dama »

Pikovaya damaLui :
Bien qu’il ait hélas laissé peu de traces, le cinéma russe a bien existé avant le cinéma soviétique (1). Yakov Protazanov, spécialiste des adaptations de chefs-d’œuvre littéraires russes, est l’un des réalisateurs les plus importants de la période tzariste. Ici, c’est l’adaptation d’une nouvelle de Pouchkine La Dame de Pique : un jeune officier tente par tous les moyens d’obtenir d’une vieille comtesse un secret qui lui permettrait de gagner à coup sûr au jeu. Cet officier, c’est Ivan Mosjoukine, acteur russe très célèbre (2), qui joue ici beaucoup avec son regard (largement surligné de noir). Si son jeu reste encore un peu trop chargé d’emphase par moments, il manifeste une très forte présence à l’écran. Il est indéniablement le pivot central de cette production assez ambitieuse qui a utilisé une cinquantaine de figurants pour certaines scènes. On notera également quelques effets spéciaux d’incrustation à la toute fin par double-exposition de la pellicule. Rare rescapé du cinéma russe, La Dame de Pique est intéressant ne serait-ce que pour son aspect historique.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ivan Mosjoukine, Vera Orlova, Elizaveta Cheboueva, Tatiana Douvan
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(1) Le premier film russe connu est de 1908. On peut dater les débuts du cinéma soviétique au 27 août 1919, date à laquelle Lénine a signé le décret de nationalisation du cinéma. Les débuts du cinéma soviétique furent difficiles par manque de moyens. L’un des premiers grands films du nouveau régime sera Aelita (1924) du même Protazanov… revenu en Union Soviétique après avoir d’abord émigré en France juste après la Révolution.
(2) Après avoir tourné près de 50 films en Russie jusqu’en 1918, Ivan Mosjoukine émigrera en France où il continuera à tourner. Il a réalisé un remarquable film avant-gardiste : Le Brasier Ardent (1923).

Autres adaptations de la nouvelle de Pouchkine :
La Dame de Pique de Fyodor Otsep (1937) avec Marguerite Moreno
La Reine des Cartes (Queen of Spades) de Thorold Dickinson (1949) avec Edith Evans et Anton Walbrook
Pikovaya Dama de Roman Tikhomirov (1960) avec Oleg Strizhenov
La Dame de Pique de Léonard Keigel (1965) avec Dita Parlo
+ de nombreuses adaptations pour la télévision.