14 mars 2016

Femmes d’un été (1958) de Gianni Franciolini

Titre original : « Racconti d’estate »

Femmes d'un étéDans une station balnéaire huppée sur la côte italienne en plein été, nous suivons plusieurs personnages assez divers… Gianni Franciolini est un réalisateur italien assez peu connu qui a réalisé une petite vingtaine de films entre 1939 et 1959, notamment des comédies de moeurs. Femmes d’un été est l’avant-dernier d’entre eux. L’histoire est écrite par Alberto Moravia et parmi les scénaristes on remarque quelques grands noms comme Sergio Amidei et Rodolfo Sonego, ou encore René Barjavel. Le titre laisse penser à une comédie mais, s’il y a bien des notes d’humour avec quelques personnages secondaires, il s’agit plutôt d’une étude de moeurs avec des portraits très variés de femmes mais aussi d’hommes. Ce n’est pas un film à sketches, c’est plutôt ce que l’on appelle aujourd’hui un film choral puisque l’on saute d’un personnage à l’autre pour y revenir ensuite. Moravia a écrit un texte assez riche sur le thème de la séduction : tous ses personnages séduisent, volontairement ou involontairement, ou cherchent à séduire. Il nous en offre ainsi de multiples variations, depuis la séduction tapageuse d’une bimbo en quête d’un riche mari jusqu’à la séduction qui survient sans que l’on s’y attende, en passant par la séduction forcée, la séduction intéressée, la séduction naïve, etc. Le film est ainsi plus profond qu’il ne paraît, cette intensité se manifestant de façon évidente lorsque que le couple Michèle Morgan / Marcello Mastroianni entre en scène à la moitié du film. Parfaitement écrit, Femmes d’un été mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Michèle Morgan, Marcello Mastroianni, Sylva Koscina, Gabriele Ferzetti, Dorian Gray, Franca Marzi
Voir la fiche du film et la filmographie de Gianni Franciolini sur le site IMDB.

Racconti d'estate
Dorian Gray dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Dany Carrel et Alberto Sordi dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Femmes d'un été
Sylva Koscina et Gabriele Ferzetti dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Michèle Morgan et Marcello Mastroianni dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

13 mars 2016

Madeleine, zéro de conduite (1940) de Vittorio De Sica

Titre original : « Maddalena… zero in condotta »

Madeleine, zéro de conduiteElisa Malgari est professeur de correspondance commerciale dans un collège privé de jeunes filles, chahutée par ses élèves. Comme exercice, elle fait écrire des lettres à un certain Alfredo Hartman à Vienne, un personnage fictif qu’elle a fini par idéaliser et dont elle est secrètement amoureuse au point de lui écrire une lettre enflammée. Une élève lui vole la lettre et l’expédie… Après avoir été acteur très populaire pendant près de dix ans, Vittorio De Sica passe à la réalisation et Madeleine, zéro de conduite est sa deuxième réalisation (sa première où il est seul). Il n’abandonne pas pour autant ses rôles de séducteur puisqu’il en interprète le personnage principal. C’est l’adaptation d’une pièce hongroise de László Kádár. L’histoire est totalement abracadabrante mais bien écrite, avec un humour quasi constant et de nombreuses bonnes trouvailles, notamment sur les personnages de second plan. Certes, les recettes sont celles du « cinéma des téléphones blancs » en vogue sous Mussolini, avec une dose de rêve offert par le milieu de la haute-bourgeoisie et une bonne dose de légèreté frivole offerte par le cadre du collège de jeunes filles mais le traitement est plutôt brillant. Madeleine, zéro de conduite est ainsi un film plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Vera Bergman, Carla Del Poggio
Voir la fiche du film et la filmographie de Vittorio De Sica sur le site IMDB.

Voir les autres films de Vittorio De Sica chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Vittorio De Sica

Madeleine, zéro de conduite
Vera Bergman dans Madeleine, zéro de conduite de Vittorio De Sica.

Madeleine, zéro de conduite
Carla Del Poggio et Dora Bini dans Madeleine, zéro de conduite de Vittorio De Sica.

Madeleine, zéro de conduite
Roberto Villa et Vittorio De Sica dans Madeleine, zéro de conduite de Vittorio De Sica.

12 mars 2016

La Couronne de fer (1941) de Alessandro Blasetti

Titre original : « La corona di ferro »

La Couronne de ferSedemondo n’hésite pas à tuer son propre frère à l’issue d’une bataille pour régner seul sur le Royaume de Kindaor. Survient alors un messager qui transporte une couronne pour aller l’offrir au Pape. Cette sainte relique a un pouvoir magique : elle ne peut quitter un endroit où prévaut l’injustice… Basé sur une histoire écrite par le futur réalisateur Renato Castellani, La Couronne de fer est réalisé par Alessandro Blasetti en 1941, soit en pleine période fasciste. Si cette légende fait une bonne place à une histoire d’amour, il est indéniable qu’elle met aussi en avant le besoin d’un leader charismatique fort pour obtenir paix et prospérité. Le film s’inscrit donc pleinement dans la propagande mussolinienne. La production bénéficia d’un budget très important et le tournage eut lieu entièrement dans les studios flambants neufs de Cinecittà avec un nombre impressionnant de figurants. Les décors sont souvent assez chargés et un peu grandiloquents. Située dans un Moyen-Âge de pacotille, l’histoire est particulièrement riche et pleine de rebondissements qui maintiennent l’intérêt constant. L’ensemble est de qualité. La Couronne de fer a indéniablement sa place dans la lignée des films mythologiques italiens qui, depuis le Cabiria de Pastrone (1914), préfigurent l’explosion du péplum des années cinquante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Elisa Cegani, Luisa Ferida, Gino Cervi, Massimo Girotti, Rina Morelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Alessandro Blasetti sur le site IMDB.

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Remarques :
* Lors du Festival de Venise 1941, La Couronne de fer a remporté la Coupe Mussolini (c’est le nom du grand prix entre 1934 et 1942, il ne prendre le nom de Lion d’Or qu’en 1949).

* Luisa Ferida (Tundra dans le film) et son compagnon Osvaldo Valenti (Eriberto, le prince compétiteur d’apparence mongole) ont été très liés au pouvoir fasciste pendant la guerre. Ils furent tous deux exécutés par des membres de la Résistance italienne en 1945, lors de la Libération de Milan. Leur histoire est le sujet du film Une histoire italienne de Marco Tullio Giordana avec Monica Bellucci (2008).

la Couronne de fer
Elisa Cegani et Gino Cervi dans La Couronne de fer de Alessandro Blasetti.

La Couronne de fer
Massimo Girotti et Luisa Ferida dans La Couronne de fer de Alessandro Blasetti.

8 mars 2016

La Grande Bellezza (2013) de Paolo Sorrentino

La Grande bellezzaA Rome, de nos jours, Jep Gambardella fête ses 65 ans et a invité toute la jet set de la ville. Il a écrit un roman à succès quand il était jeune et mène depuis une vie oisive et mondaine… Paolo Sorrentino a coécrit (avec Umberto Contarello) et réalisé La Grande Bellezza, un film qui veut visiblement renouer avec le faste et l’extravagance des films de Fellini. Le début est déconcertant et même plutôt pénible avec une utilisation immodérée des travelings à la grue et à la steadycam, le contenu n’étant guère plus avenant avec une bande de jetsetters grotesques et déchaînés. Heureusement, le personnage joué par Toni Servillo finit par paraître un peu sympathique malgré son cynisme et son égocentrisme. L’outrance fellinienne est recherchée, la filiation avec Roma paraît évidente (et dans une moindre mesure, La Dolce Vita), mais la différence majeure est dans le contenu dont la vacuité déconcerte : l’introspection de ce dandy mondain est alimentée par des truismes et la satire est souvent assez imprécise. De plus Sorrentino intercale des scènes oniriques, ou voulues plus féériques, dont la magie ne fonctionne pas très bien et où le calquage (on est presque dans la copie) sur Fellini  paraît encore plus criant. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de bons et beaux moments dans La Grande Bellezza mais le film pêche par son manque de finalité : nous sommes ici dans l’extravagance pour l’extravagance. Les nombreux supporters du film y voient un retour du grand cinéma.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Toni Servillo, Carlo Verdone, Sabrina Ferilli, Carlo Buccirosso
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La Grande Bellezza
Toni Servillo dans La Grande bellezza de Paolo Sorrentino.

27 février 2016

Pauvres mais beaux (1957) de Dino Risi

Titre original : Poveri ma belli

Pauvres mais beauxRomolo et Salvatore sont voisins et amis depuis toujours. Ils font tout ensemble, y compris draguer les filles après le travail. Mais après avoir fait la connaissance de Giovanna, leur amitié est mise durement à l’épreuve car ils sont tous deux amoureux d’elle… Parmi les premiers films de Dino Risi (il s’agit de son 6e long métrage), Pauvres mais beaux est l’un des plus personnels. Ecrit par une nouvelle génération de scénaristes (le tandem Pasquale Festa Campanile et Massimo Franciosa), il montre un ton nouveau. Avec le recul, on mesure mieux à quel point cette comédie est le reflet d’un profond changement dans la société italienne et annonce la révolution sociale des années soixante. Même s’ils sont pauvres, et le décor pourrait être celui d’un film néoréaliste, ses personnages ne sont pas des victimes des mutations économiques mais bénéficient d’une modernité où l’insouciance retrouve une place prépondérante (1). L’autre élément marquant est le personnage de jeune fille très émancipée et sûre d’elle-même qui, dans un environnement pourtant très machiste, entend choisir son prétendant et n’hésite pas à les mettre en compétition. C’est un personnage de femme très moderne. Mais Pauvres mais beaux est avant tout une comédie avec une bonne dose d’humour. Les dialogues et situations sont savoureux. L’ensemble est très positif. Le film connut un grand succès, à tel point que Dino Risi lui a donné deux suites : Beaux mais pauvres (Belle ma povere, 1957) et Poveri milionari (1959).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marisa Allasio, Maurizio Arena, Renato Salvatori
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Remarques :
* Le film a été tourné directement dans les rues de Rome.
* Marisa Allasio, qui montre à la fois beaucoup de charme et beaucoup de présence à l’écran, n’a pas eu une grande carrière au cinéma. Elle n’a que peu tourné après s’être mariée en 1958 à un comte.

(1) On peut ainsi situer ce film dans la lignée de Dimanche d’Août de Luciano Emmer (1950).

Pauvres mais beaux
Renato Salvatori, Marisa Allasio et Maurizio Arena dans Pauvres mais beaux de Dino Risi (photo publicitaire).

18 février 2016

La classe ouvrière va au paradis (1971) de Elio Petri

Titre original : « La classe operaia va in paradiso »

La Classe ouvrière va au paradisLudovico Massa, alias Lulù, est ouvrier dans une usine métallurgique : payé à la pièce, il a développé une telle rapidité que ses chefs le prennent comme exemple pour imposer ses cadences stakhanovistes aux autres ouvriers. Il se jette bestialement dans le travail et n’a plus de vie sociale. Un accident va profondément changer sa vision des choses… Film politique par excellence, Palme d’Or à Cannes en 1972 (1), La classe ouvrière va au paradis d’Elio Petri s’inscrit dans une période riche en remises en question sociales et politiques. Rares sont les films italiens qui mettent ainsi un simple ouvrier au premier plan, le néoréalisme ayant toujours privilégié les paysans, les pêcheurs ou les chômeurs. Elio Petri nous décrit la prise de conscience de cet « ouvrier modèle » qui en arrive à la grève. Politiquement, le propos est délicat à situer car Petri renvoie dos à dos les syndicats qui ne font que réclamer des améliorations de salaires mais enferment les ouvriers dans leur conditions (2) et les étudiants gauchistes qui beuglent des slogans au porte-voix chaque matin et chaque soir aux portes de l’usine mais qui restent sur une ligne théorique, incapables de se soucier du sort d’une personne en particulier. Le propos de Petri est assez noir puisqu’il semble vouloir nous dire (par le rêve final raconté par Lulù) qu’il ne croit pas à un paradis possible pour la classe ouvrière. L’ensemble est un peu confus. Gian Maria Volonte incarne cet ouvrier avec force et un jeu très appuyé, que l’on peut même trouver excessif. Le film est indéniablement marqué par son époque car notre société a évolué entre temps mais les questions les plus profondes, comme notre rapport au travail, restent bien évidemment très actuelles. La musique est signée Ennio Morricone.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volontè, Mariangela Melato, Salvo Randone
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(1) Il a partagé la Palme d’Or avec L’Affaire Mattei de Francesco Rosi avec également Gian Maria Volonte dans le rôle principal. Les deux films se complètent, offrant deux développements très différents d’une mise en relief des défauts de la société italienne.
(2) Rappelons que, si Elio Petri a bien été membre du Parti Communiste à une époque, il a rendu sa carte en 1956, à la suite de l’invasion de la Hongrie par l’URSS.

La classe ouvrière va au paradis
La classe ouvrière va au paradisGian Maria Volontè dans La classe ouvrière va au paradis de Elio Petri.

14 février 2016

L’Évadé du bagne (1948) de Riccardo Freda

Titre italien : « I Miserabili »

Première partie : Caccia all’uomo (= Chasse à l’homme) (92 mn)
Seconde partie : Tempesta su Parigi (= Tempête sur Paris) (85 mn)

L'évadé du bagneLe succès du film d’aventures L’Aigle Noir (1946) permet à Riccardo Freda de réaliser quatre grandes adaptations littéraires. Les Misérables de Victor Hugo est la première d’entre elles. Sans s’éloigner du roman, Freda l’interprète en omettant certains passages et en développant certains autres. Comme le souligne l’historien Jacques Lourcelles, il a voulu un Jean Valjean le moins moralisant possible et l’a pour cela débarrassé de ses aspects religieux et moraux.
I MiserabiliSon héros peut certes paraître un peu plus simple, et aussi peut-être plus énigmatique, mais Freda sait insuffler un surcroît de romanesque au récit. Sans être très important, le budget lui a permit d’introduire de grandes scènes, celle de l’insurrection étant la plus spectaculaire, une scène pour laquelle il a obtenu des figurants qu’ils se battent et tombent réellement. Servi par une solide interprétation, cette adaptation (aujourd’hui assez rare) des Misérables est ainsi intéressante à plus d’un titre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gino Cervi, Valentina Cortese, Hans Hinrich, Luigi Pavese
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Remarques :
* Les deux parties sont sorties en Italie à une semaine d’intervalle en janvier 1948.
En France, le film est sorti en une seule fois en 1952, une version de 110 minutes, sous le titre L’Évadé du bagne. Riccardo Freda ne fut pas consulté pour ce montage raccourci.

* Au tout début de la seconde partie, dans l’imprimerie clandestine, on peut voir le jeune Marcello Mastroianni.

I Miserabili
Gino Cervi (Jean Valjean) et Hans Hinrich (Javert) dans Caccia all’uomo, première partie de l’adaptation des Misérables de Riccardo Freda.

I Miserabili
Luigi Pavese (Thénardier) et Gino Cervi (Jean Valjean) dans Tempesta su Parigi, seconde partie de l’adaptation des Misérables de Riccardo Freda
.

Les grandes adaptations du roman de Victor Hugo :
Les Misérables d’Albert Capellani (1912), en 2 films pour une durée totale de 2h20
Les Misérables d’Henri Frescourt (1925) en quatre parties (muet, 8h30)
Les Misérables de Raymond Bernard (1934) en trois parties (4h40)
Les Misérables (I Miserabili) de Riccardo Freda (Italie, 1948) en deux parties (3h10), sorti en France en version raccourcie en 1952 sous le titre L’évadé du bagne (1h50).

Autres adaptations (liste incomplète) :
Les Misérables de Richard Boleslawski (USA, 1935) avec Fredric March
Les Misérables (La Vie de Jean Valjean) de Lewis Milestone (USA, 1952) avec Michael Rennie
Les Misérables de Jean-Paul Le Chanois (1958) avec Jean Gabin et Bernard Blier
Les Misérables de Glenn Jordan (UK TV, 1978) avec Richard Jordan et Anthony Perkins
Les Misérables de Robert Hossein (1982) avec Lino Ventura et Michel Bouquet
Les Misérables de Claude Lelouch (1995) avec Jean-Paul Belmondo
Les Misérables de Bille August (USA, 1998) avec Liam Neeson et Uma Thurman
Les Misérables de Tom Hooper (USA, 2012) avec Hugh Jackman et Rusell Crowe

25 janvier 2016

Ça s’est passé à Rome (1960) de Mauro Bolognini

Titre original : « La giornata balorda »

Ça s'est passé à RomeDavid Saraceno est un jeune chômeur d’un quartier populaire qui cherche un emploi stable pour pouvoir épouser une jeune fille avec laquelle il vient d’avoir un enfant. Il se rend dans le centre de Rome et va rencontrer des personnes de divers milieux au cours d’une journée particulièrement chargée… Ça s’est passé à Rome est un film assez rare de Mauro Bolognini. Tiré des Nouvelles Romaines d’Alberto Moravia, le scénario a été écrit par Pier Paolo Pasolini (*). Ça s’est passé à Rome est ainsi dans le même esprit que Les Garçons (1959) : le film est ancré dans le néo-réalisme mais avec une certaine recherche esthétique et une approche similaire à celle de la Nouvelle Vague. La caméra est mobile, tournant le plus souvent en décors naturels, et nous suivons les déambulations de ce jeune romain, avec pour accompagnement la musique jazz de Piero Piccioni. A la différence des héros du film Les Garçons, le jeune David désire trouver un vrai travail honnête et durable mais, balloté entre les bureaux et les vagues promesses, il va découvrir la corruption de la société et même une certaine injustice. Lui-même oscille encore entre l’insouciance de la jeunesse avec ses quêtes amoureuses et le sentiment de responsabilité de père d’un nouveau-né. C’est le français Jean Sorel qui incarne avec une belle présence ce jeune aspirant à une vie meilleure. Le film fut mutilé et interdit en Italie, officiellement pour « amoralité » mais surtout parce qu’il était contraire aux valeurs que le gouvernement italien cherchait à insuffler.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Sorel, Lea Massari, Jeanne Valérie
Voir la fiche du film et la filmographie de Mauro Bolognini sur le site IMDB.

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Remarque :
* La scène d’ouverture du film est absolument superbe : il s’agit un lent traveling-avant en contre-plongée (quasi-verticale) entre deux rangées d’immeubles populaires reliées par des passerelles à chaque étage et le linge à sécher, avec les gens qui s’interpellent, certains habitants regardant la caméra depuis les passerelles, le tout sur la musique de Piero Piccioni. L’image est à la fois imposante et fascinante… un spectacle impressionnant. Magistral.

(*) Pasolini a écrit pour Bolognini pour quatre films entre 1958 et 60 : Les Jeunes Maris, Les Garçons, Ça s’est passé à Rome et Le Bel Antonio. Il est ici assisté de Marco Visconti (aucune relation de parenté avec le réalisateur Luchino Visconti).

Ca s'est passé à Rome
Jeanne Valérie et Jean Sorel dans Ça s’est passé à Rome de Mauro Bolognini

Ca s'est passé à Rome
Jean Sorel (ci-dessus) a de quoi troubler Lea Massari (ci-dessous) dans Ça s’est passé à Rome de Mauro Bolognini…
Ca s'est passé à Rome

16 janvier 2016

Messaline (1951) de Carmine Gallone

Titre original : « Messalina »

MessalineMariée à l’empereur Claude, l’impératrice Messaline ne cesse d’intriguer en coulisses et collectionne les amants qu’elle n’hésite pas à faire tuer s’ils deviennent gênants… Carmine Gallone est un cinéaste italien prolifique dont certains films furent des piliers du cinéma fasciste, tel son fameux Scipion l’Africain (1937). Il revient au péplum(1) avec ce Messaline, une production italo-franco-espagnole de l’Après-guerre, film moins chargé d’idéologie. La distribution est aussi cosmopolite que la production puisqu’aux côtés des acteurs italiens, on note la présence de plusieurs acteurs français et le premier rôle est assez brillamment tenu par la grande star mexicaine Maria Félix. L’histoire est hélas assez répétitive et l’on se lasse rapidement des intrigues politiques et amoureuses de la belle impératrice. Une longue séquence reconstitue le grand spectacle des jeux du cirque avec combats de gladiateurs et courses de chevaux. Le film connut un grand succès en Italie à sa sortie.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: María Félix, Georges Marchal, Memo Benassi, Jean Tissier, Jean Chevrier, Michel Vitold
Voir la fiche du film et la filmographie de Carmine Gallone sur le site IMDB.

(1) A noter, qu’en 1951, le mot « péplum » n’était pas encore utilisé. Il apparaitra peu après, les années cinquante étant la grande décennie du péplum.

Messaline
María Félix est l’impératrice Messaline dans le film de Carmine Gallone.

Voir aussi :
Messaline (Messalina Venere imperatrice) de Vittorio Cottafavi (1960).

10 janvier 2016

La Vengeance de l’Aigle noir (1951) de Riccardo Freda

Titre original : « La vendetta di Aquila Nera »

La Vengeance de l'Aigle noirLe Prince Yuravleff intrigue auprès du tsar pour se faire nommer gouverneur. Il fait piller le château et tuer la famille de Vladimir Dobrovsky, surnommé l’Aigle Noir, dont il jalouse la renommée. Celui-ci n’aura alors de cesse de trouver les coupables et de se venger… En 1946, Riccardo Freda avait connu un grand succès avec son film L’Aigle noir adapté de Pouchkine, un film historique à grand spectacle. Son opposition ouverte au courant néoréaliste lui vaudra alors le désamour durable de la critique. Cinq ans plus tard, il en concocte une suite : La Vengeance de l’Aigle noir avec le même acteur principal, Rossano Brazzi. Comme le premier et comme les autres films qu’il a réalisés entre deux, il s’agit d’un film romanesque d’action, genre dans lequel son savoir-faire est évident. Réalisé avec de solides moyens, le film se déroule dans de beaux décors judicieusement utilisés et le rythme est soutenu. L’action est constamment relancée et les nombreuses péripéties rendent le film plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rossano Brazzi, Gianna Maria Canale, Peter Trent, Vittorio Sanipoli, Franca Marzi
Voir la fiche du film et la filmographie de Riccardo Freda sur le site IMDB.

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Suite de :
L’Aigle Noir (Aquila nera) de Riccardo Freda (1946).

La Vengeance de l'Aigle Noir
Rossano Brazzi dans La Vengeance de l’Aigle noir de Riccardo Freda.