5 novembre 2020

The Pillow Book (1996) de Peter Greenaway

The Pillow BookEn souvenir de son père qui calligraphiait son visage à chacun de ses anniversaires, la jeune japonaise Nagiko n’a de cesse de chercher l’amant idéal qui saura écrire sur son corps. Après plusieurs échecs, elle fait la rencontre d’un jeune traducteur anglais qui la convainc d’être le pinceau plutôt que le papier…
Ecrit et réalisé par Peter Greenaway, The Pillow Book est une ode au corps et à l’écriture. Le cinéaste anglais fait montre d’une belle inventivité, montrant autant d’intérêt au langage cinématographique que ses personnages à la calligraphie. Il utilise ainsi différents formats d’écran, incrustations, images dans l’image, sous-titres et autres raffinements. Le film a ainsi une indéniable beauté formelle et même une élégance qui sied parfaitement à son sujet. L’ensemble forme une œuvre originale, séduisante par son audace.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vivian Wu, Yoshi Oida, Ken Ogata, Ewan McGregor
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Remarque :
* Le titre du film se réfère à l’oeuvre Notes de chevet, une œuvre majeure de la littérature japonaise du XIe siècle, attribuée à Sei Shōnagon dame de compagnie de l’impératrice consort Teishi durant les années 990 et au début du XIe siècle de l’époque de Heian. Ce n’est pas toutefois une adaptation : ce recueil de sentiments et de poésie est simplement lu par la mère à sa fille.

The Pillow BookVivian Wu dans The Pillow Book de Peter Greenaway.

The Pillow BookEwan McGregor et Vivian Wu dans The Pillow Book de Peter Greenaway.

15 octobre 2020

La Route sauvage (2017) de Andrew Haigh

Titre original : « Lean on Pete »

La Route sauvage (Lean on Pete)Charley Thompson est un adolescent américain de 15 ans qui vit seul avec un père inconstant et peu présent. Tout juste arrivé dans l’Oregon, il trouve un petit boulot chez un petit éleveur de chevaux de course et se prend d’affection pour « Lean on Pete », un pur-sang en fin de carrière. Il aimerait aussi retrouver sa tante dont il n’a qu’un lointain souvenir…
Réalisé par le britannique Andrew Haigh (son quatrième long métrage), Lean on Pete est adapté d’un roman de l’américain Willy Vlautin, publié en 2010. Si le thème principal est celui du besoin de figure parentale, c’est aussi le portrait d’une Amérique, celle que l’on voit moins, pas toujours très prestigieuse. Tout cela peut sembler un peu convenu mais le réalisateur montre de la délicatesse dans son approche. Et, surtout, l’interprétation rend le film assez remarquable : le jeune Charlie Plummer, âgé de 17 ans au moment du tournage, est de tous les plans et fait preuve d’une grande présence sans effets ni artifices. Steve Buscemi est toujours parfait dans ce type de rôle. Le cinéaste exploite fort bien les étendues des vastes plaines et les grands espaces du Haut Désert de l’Oregon.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charlie Plummer, Travis Fimmel, Steve Buscemi, Chloë Sevigny
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La Route sauvage (Lean on Pete)Chloë Sevigny et Charlie Plummer dans La Route sauvage (Lean on Pete) de Andrew Haigh.

La Route sauvage (Lean on Pete)Steve Buscemi dans La Route sauvage (Lean on Pete) de Andrew Haigh.

25 septembre 2020

Sous le plus petit chapiteau du monde (1957) de Basil Dearden

Titre original : « The Smallest Show on Earth »

Sous le plus petit chapiteau du monde (The Smallest Show on Earth) Matt Spenser, petit écrivain sans le sou, hérite d’un cinéma nommé le « Bijou ». Matt et sa femme découvrent que le cinéma est à l’abandon et en état de délabrement. Le propriétaire du rutilant cinéma concurrent ne leur offre qu’une somme dérisoire pour racheter le « Bijou » et en faire un parking. Pour faire monter le prix, Matt et sa femme n’ont qu’une solution : rouvrir le « Bijou »…
Réalisé par Basil Dearden, The Smallest Show on Earth est tout à fait dans l’esprit des comédies anglaises des années 1950 : une bonne dose d’humour et d’ironie, un peu de nonsense et beaucoup de tendresse pour des personnages un peu pitoyables (ici, trois vieux employés) mais très attendrissants. Peter Sellers et Margaret Rutherford s’en donnent à cœur joie pour rendre leur personnage haut en couleur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Virginia McKenna, Bill Travers, Margaret Rutherford, Peter Sellers, Bernard Miles, Leslie Phillips
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Remarques :
* Le titre fait bien entendu référence au film de Cecil B. DeMille : Sous le plus grand chapiteau du monde (The Greatest Show on Earth, 1957) avec James Stewart, Charlton Heston, Betty Hutton et Gloria Grahame qui se déroulait dans le monde du cirque.

* Le film muet que se projettent les trois employés est Comin’ Thro’ the Rye de l’anglais Cecil M. Hepworth (1923) avec Shayle Gardner et Alma Taylor. Cette dernière a d’ailleurs un petit rôle de figuration ici, une spectatrice dans la salle de l’autre cinéma, juste derrière Bill Travers et Viginia McKenna.

* Les autres films montrés (Killer Riders of Wyoming, The Mystery of Hell Valley, Devil Riders of Parched Point) sont fictifs et ont certainement été tournés pour ce film.

 Sous le plus petit chapiteau du monde (The Smallest Show on Earth)Margaret Rutherford, Bill Travers et Virginia McKenna dans Sous le plus petit chapiteau du monde (The Smallest Show on Earth) de Basil Dearden.

 Sous le plus petit chapiteau du monde (The Smallest Show on Earth)Bernard Miles, Peter Sellers et Margaret Rutherford
dans Sous le plus petit chapiteau du monde (The Smallest Show on Earth) de Basil Dearden.

26 août 2020

Music of my Life (2019) de Gurinder Chadha

Titre original : « Blinded by the Light »

Music of my Life (Blinded by the Light)Dans l’Angleterre de la fin des années 1980, Javed, adolescent d’origine pakistanaise, grandit à Luton, une petite ville qui n’échappe pas au difficile climat social de l’époque Tatcher. Il se réfugie dans l’écriture pour échapper au racisme et au destin que son père, très conservateur, imagine pour lui. Mais sa vie va être bouleversée le jour où l’un de ses camarades lui fait découvrir l’univers de Bruce Springsteen…
Music of my Life est inspiré du livre autobiographique Greetings from Bury Park du journaliste Sarfraz Manzoor. Ce Britannique d’origine pakistanaise y évoque son enfance, son rêve de devenir écrivain, ses rapports complexes avec son père et sa passion pour la musique de Bruce Springsteen. La réalisatrice Gurinder Chadha réalise un film dans l’esprit de son Joue-la comme Beckham (2002) et met en évidence les tiraillements d’une jeunesse anglo-indienne écartelée entre traditions et modernisme. La musique de Bruce Springsteen, et surtout ses paroles qui prônent l’émancipation face au déterminisme social, vont jouer le rôle de déclencheur et permettre à l’adolescent d’écouter ses aspirations. Le ton général est léger avec des scènes joyeuses et enlevées ; c’est un  feel-good movie. C’est aussi un bel hommage aux textes de Bruce Springsteen.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Viveik Kalra, Kulvinder Ghir, Dean-Charles Chapman, Nell Williams, Hayley Atwell
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Music of my Life (Blinded by the Light)Viveik Kalra dans Music of my Life (Blinded by the Light) de Gurinder Chadha.

24 août 2020

Roméo et Juliette (1968) de Franco Zeffirelli

Titre original : « Romeo and Juliet »

Roméo & Juliette (Romeo and Juliet)A Vérone, les Montaigu et les Capulet se vouent une haine féroce de longue date. Les provocations qui dégénèrent en batailles dans les rues sont fréquentes malgré l’interdiction du Prince. Pourtant, lorsque que le jeune fils Montaigu, Roméo, rencontre Juliette Capulet, un amour très fort nait instantanément…
Après sa brillante adaptation de La Mégère apprivoisée (1967), Franco Zeffirelli s’attaque à une autre pièce célèbre de William Shakespeare, Roméo et Juliette. Ce n’est pas la première adaptation de cette pièce, mais cette version passe pour être la meilleure de toutes. Elle a tout d’abord l’avantage d’avoir deux acteurs qui ont l’âge de leurs personnages : Leonard Whiting a alors 17 ans et Olivia Hussey 16 ans. Ensuite, le soin porté aux décors et aux costumes lui donne un certain faste, mais on peut justement lui reprocher que tout y soit trop beau. De plus, il y règne une atmosphère d’agitation qui paraît un peu artificielle. Le film fit scandale à cause d’une scène de nudité des deux acteurs principaux (qui étaient mineurs au moment du tournage). Le succès en salles fut au rendez-vous. La musique de Nino Rota est restée célèbre. Roméo et Juliette est un film charmant mais il ne faut pas lui en demander plus.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Leonard Whiting, Olivia Hussey, John McEnery, Milo O’Shea, Pat Heywood, Robert Stephens, Michael York
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Remarques :
* Production italo-britannique.
* Sir Laurence Olivier est le narrateur (non crédité au générique). Il a aussi doublé Antonio Pierfederici, acteur italien qui interprète Lord Montaigu ainsi que des personnages mineurs.

Roméo & Juliette (Romeo and Juliet)Olivia Hussey et Leonard Whiting dans Roméo & Juliette (Romeo and Juliet) de Franco Zeffirelli.

Les principales adaptations de la pièce de Shakespeare :
Romeo and Juliet de J. Gordon Edwards (1916) avec Theda Bara
Romeo und Julia im Schnee d’Ernst Lubitsch (1920) (parodie)
Roméo et Juliette (Romeo and Juliet) de George Cukor (1936)
… avec Norma Shearer et Leslie Howard
Les Amants de Vérone d’André Cayatte (1949)
… avec Anouk Aimée et Serge Reggiani
Roméo et Juliette (Romeo and Juliet) de Renato Castellani (1954)
… avec Laurence Harvey et Susan Shentall
Roméo et Juliette (Guiletta e Romeo) de Riccardo Freda (1964)
Roméo et Juliette (Romeo and Juliet) de Franco Zeffirelli (1968)
… avec Leonard Whiting et Olivia Hussey
Roméo + Juliette (Romeo + Juliet) de Baz Luhrmann (1996)
… avec Leonardo DiCaprio et Claire Danes
Tromeo and Juliet de Lloyd Kaufman (1996) avec Jane Jensen et Will Keenan
Romeo and Juliet de Carlo Carlei (2013) avec Douglas Booth et Hailee Steinfeld

19 juillet 2020

1984 (1984) de Michael Radford

Titre original : « Nineteen Eighty-Four »

1984 (Nineteen Eighty-Four)Le monde est dominé par trois grandes puissances, qui se livrent une guerre perpétuelle depuis trente. Océania est dirigé par un parti unique, personnifié par le visage de Big Brother, qui a instauré un régime collectiviste et totalitaire. A Londres, Winston est un employé au service du Parti, son travail consiste à « corriger » les archives du quotidien Times…
Ecrit par George Orwell et publié en 1949, le roman 1984 est une analyse des mécanismes du totalitarisme et une réflexion sur la liberté de pensée. Cette dystopie s’inspirait à la fois du stalinisme et du nazisme pour constituer une puissante mise en garde. Le roman avait déjà été porté, très librement, à l’écran en 1956. Cette version est bien plus fidèle au livre et sa sortie a été calculée pour coïncider avec l’année du titre. Le résultat et assez décevant et témoigne de la difficulté d’adapter certaines œuvres à l’écran. L’image prend ici le pas sur les idées, elle asphyxie la réflexion. On reste de marbre devant ce récit bien fade qui ne parvient à faire passer aucune des émotions du personnage. Le film de Michael Radford est surtout austère, glauque, et même parfois difficile à regarder. Pire, il risque de décourager les lecteurs potentiels d’un grand roman.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: John Hurt, Richard Burton, Suzanna Hamilton
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 1984 (Nineteen Eighty-Four)John Hurt et Suzanna Hamilton dans 1984 (Nineteen Eighty-Four) de Michael Radford.

Autre adaptation :
1984 de l’anglais Michael Anderson avec Michael Redgrave et Edmond O’Brien.

17 juillet 2020

La Charge de la brigade légère (1968) de Tony Richardson

Titre original : « The Charge of the Light Brigade »

La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)Dans les années 1850, en Angleterre, le capitaine Nolan rejoint le 11e régiment de hussards commandée par le colonel Cardigan. Une rivalité s’installe rapidement entre les deux hommes. Le régiment va se retrouver en première ligne lors de la Guerre de Crimée…
Dans sa version anglaise de 1968 réalisée par Tony Richardson, l’un des principaux animateurs du Free Cinema britannique des années 60, La Charge de la brigade légère est bien différent du film homonyme américain de Michael Curtiz (1936). Il n’est plus question ici de glorifier le militarisme et l’héroïsme mais au contraire de dresser un portrait mordant et caustique du système militaire britannique. Le récit souligne l’incompétence, et même la bêtise, des officiers supérieurs. Notre première impression est de trouver le propos exagéré mais il n’en est rien (voir ci-dessous) ; même l’épisode de la « bouteille noire » est authentique. On peut se demander d’ailleurs si le film est antimilitariste ou s’il est simplement anti-bêtise. Personne n’est épargné : même le personnage présenté positivement pendant les trois quarts du film est montré ensuite sous un jour fort différent. L’humour est toutefois très présent. De plus, à divers moments, Tony Richardson a inclus de courtes séquences d’animations exaltant le patriotisme dans le style des dessins politiques satiriques, initiative aussi originale que réussie. La Charge de la brigade légère est un film assez remarquable dans le style très britannique de la satire. Commercialement parlant, le film n’eut pas le succès escompté.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Trevor Howard, Vanessa Redgrave, John Gielgud, Harry Andrews, Jill Bennett, David Hemmings
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La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)John Gielgud et David Hemmings dans La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade) de Tony Richardson.

Contexte historique :
Pendant la Guerre de Crimée, une brigade de cavalerie britannique reçut l’ordre inconsidéré d’attaquer de front une série de batteries d’artillerie russe et en sortit décimée. Cet événement fut étudié dans les écoles militaires d’Europe comme le contre-exemple à ne pas suivre : un ordre imprécis, une hiérarchie confuse (on est entre Lords !), la morgue toute britannique qui n’a que mépris pour ses alliés français et ses ennemis russes: toutes ces fautes accumulées conduisent au désastre. (Source Wikipédia)

Les mêmes faits historiques avaient inspirés Michael Curtiz pour son film La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade, 1936, avec Errol Flynn et Olivia de Havilland) mais le film de Tony Richardson n’est pas un remake du film de Michael Curtiz.

Animations :
Les séquences en animation ont été dessinées par Richard Williams (futur directeur de l’animation sur Who Framed Roger Rabbitt ?) Les dessins sont basés sur le style d’un magazine satirique très influent à Londres dans les années 1850 :  Punch; or, The London Charivari.

La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)Harry Andrews (au centre) dans La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade) de Tony Richardson.

6 juillet 2020

Confident Royal (2017) de Stephen Frears

Titre original : « Victoria & Abdul »

Confident Royal (Victoria & Abdul)En Inde, en 1887, un indien musulman est choisi par les autorités coloniales britanniques pour aller présenter un cadeau d’une pièce commémorative à la Reine Victoria à l’occasion de son jubilé. La reine le remarque et, séduit par sa beauté et son enthousiasme, lui demande d’être son secrétaire particulier…
Confident Royal est adapté du livre Victoria & Abdul de Shrabani Basu, basé sur des faits historiques dont la pleine connaissance n’est que très récente (la révélation des carnets de Mohammed Abdul Karim par ses descendants en Inde en 2010). Stephen Frears a pris quelques libertés pour donner plus d’impact à son film. Il dresse un portrait plutôt indulgent de la Reine Victoria, celui d’une femme souffrant de la solitude et du rôle qu’on lui fait jouer ; certains critiques le lui ont reproché. Cependant, le fond du propos ne fait aucun doute : il s’agit de fustiger l’esprit colonial britannique et les rigidités protocolaires et de prôner la tolérance. Tout l’art de Stephen Frears est de faire passer un message assez fort tout en donnant un ton léger à son film. La reconstitution est particulièrement soignée et Judi Dench fait une prestation remarquable.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Judi Dench, Ali Fazal, Tim Pigott-Smith, Eddie Izzard
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Confident Royal (Victoria & Abdul)Judi Dench et Ali Fazal dans Confident Royal (Victoria & Abdul) de Stephen Frears.

29 juin 2020

Mission (1986) de Roland Joffé

Titre original : « The Mission »

Mission (The Mission)Dans les années 1750, le prêtre jésuite espagnol Père Gabriel pénètre dans la jungle aux confins de l’Argentine, du Paraguay et du Brésil dans le but de convertir la communauté Guarani au christianisme. Il gagne leur confiance grâce à la musique. Il est rejoint par un ancien mercenaire et marchand d’esclave qui cherche à se racheter d’avoir tué son frère. Mais un traité signé en Europe a établi le partage entre portugais et espagnols sur ces territoires; De plus, les gouvernements cherchent à diminuer l’influence des Jésuites…
Sur un scénario de l’anglais Robert Bolt (qui a beaucoup écrit pour David Lean), The Mission relate de façon très condensée les quelque 150 ans d’histoire des missions catholiques guaranies (1). Le britannique Roland Joffé, souvent décrit comme un cinéaste engagé (qualificatif qui peut convenir à la première moitié de sa filmographie), montre la réalité de la conquête du Nouveau Monde par les espagnols et les portugais, et surtout le dilemme moral des hommes d’église partagés entre humanisme et obéissance aux autorités de tutelle. Mais, dans ce film, ce ne sont pas les intentions qui posent problème mais la volonté évidente de créer un film commercial à grand spectacle, avec force effets de caméra, utilisation de décors naturels grandioses (les chutes d’Iguazú) et une musique tonitruante et grandiloquente d’Ennio Morricone. Tout cela est bien trop visible et donne un caractère artificiel à l’ensemble qui nous éloigne du récit.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Jeremy Irons, Ray McAnally, Aidan Quinn, Cherie Lunghi, Liam Neeson
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Remarque :
* Palme d’Or au Festival de Cannes 1986. Ce choix surprenant a été d’autant plus critiqué que la sélection cette année-là était de grande qualité.

(1) Le terme exact pour désigner les missions catholiques en Amérique du Sud des XVIIe et XVIIIe siècles est « réductions » (« réduire » étant à prendre ici dans le sens de « soumettre »). Une réduction est un village autonome administré par un conseil élu uniquement composé d’Indiens. Le territoire lui-même est contrôlé et administré par les Jésuites qui veillent à garder son indépendance vis-à-vis des colonies espagnoles et portugaises voisines.

Mission (The Mission)Robert De Niro et Jeremy Irons dans Mission (The Mission) de Roland Joffé.

19 juin 2020

Chacal (1973) de Fred Zinnemann

Titre original : « The Day of the Jackal »

Chacal (The Day of the Jackal)En 1963, après l’échec de l’attentat du Petit-Clamart, trois dirigeants de l’OAS engagent un tueur professionnel pour assassiner le président Charles de Gaulle. Totalement inconnu des services de police, son nom de code est Chacal et pour payer ses services, l’OAS commet une série de braquages qui éveille l’attention de la police française. Mais comment trouver un homme dont on ne sait rien ? …
Chacal est un film franco-britannique tiré d’un best-seller de Frederick Forsyth, journaliste anglais qui avait suivi le Général de Gaulle lors du putsch d’Alger. Précisons tout de suite que ces évènements n’ont jamais eu lieu mais la bonne connaissance du sujet rend l’ensemble très crédible. Le récit est en effet particulièrement documenté, nous suivons pas à pas l’enquête dont tous les mécanismes sont détaillés. Cette précision est au prix d’une indéniable froideur et aussi d’une certaine longueur (2h23) mais le film se révèle être vraiment très prenant (bien que nous connaissions d’avance l’issue puisque nous savons que le Général n’a pas été assassiné). Tourné en grande partie en France, sa distribution compte beaucoup d’acteurs français. La superbe musique est signée Georges Delerue.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward Fox, Michael Lonsdale, Terence Alexander, Michel Auclair, Delphine Seyrig
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Remarques :
* On peut remarquer dans de petits rôles Jean Sorel (Jean-Marie Bastien-Thiry), Jacques François (Pascal), Philippe Léotard (policier qui contrôle Chacal à la fin), Andréa Ferréol (femme de ménage à l’Hôtel « La Bastide de Tourtour »), Féodor Atkine (un des tireurs de l’OAS dans l’Attentat du Petit Clamart)
* Remake américain :
Le Chacal (The Jackal) de Michael Caton-Jones avec Bruce Willis, Richard Gere et Sidney Poitier, l’histoire étant transposée aux Etats-Unis.

 Chacal (The Day of the Jackal)Edward Fox et Delphine Seyrig dans Chacal (The Day of the Jackal) de Fred Zinnemann.