1 juin 2017

Grimsby – Agent trop spécial (2016) de Louis Leterrier

Titre original : « The Brothers Grimsby »

Grimsby - Agent trop spécialA Grimsby en Angleterre, Nobby n’a pas de travail mais vit très heureux avec ses neuf enfants qui l’adorent et ses copains supporters de foot. Il regrette seulement son frère dont il a été séparé quand il était enfant et qu’il n’a jamais revu. Il va le retrouver par hasard : il est devenu agent secret de haut niveau, l’un des meilleurs agents du MI6… Sacha Baron Cohen a confié la réalisation de son cinquième opus au français Louis Leterrier. Comme on le sait, l’humoriste n’a pas pour habitude de faire de la petite dentelle mais il avait toujours su éviter de tomber dans le mauvais goût. Cette fois, il a décidé d’y aller franchement et nous livre un condensé d’humour potache et trash, sous couvert de satire des films d’espionnage. Sacha Baron Cohen ose tout (c’est même à ça qu’on le reconnait…) Il y a des passages très drôles mais, finalement, le plaisir est plus dans le souvenir que l’on garde (on pense « il fallait oser ») qu’au moment du visionnage (pendant lequel on pense sans arrêt « c’est pas vrai… »), visionnage qui est finalement un peu pénible.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sacha Baron Cohen, Mark Strong, Isla Fisher, Penélope Cruz
Voir la fiche du film et la filmographie de Louis Leterrier sur le site IMDB.
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Remarque :
* Grimsby existe bel et bien : cette ville de 80 000 âmes est située sur la côte est de l’Angleterre. Comme on peut s’en douter, ses habitants n’ont pas été franchement ravis de l’image donnée d’eux… Il est vrai que cela ne donne pas envie d’aller y passer ses vacances !

 

Brothers Grimsby
Mark Strong et Sacha Baron Cohen dans Grimsby – Agent trop spécial de Louis Leterrier (admirez l’écriteau sur la porte du pub…)

23 avril 2017

L’Homme de Berlin (1953) de Carol Reed

Titre original : « The Man Between »

L'homme de BerlinLa jeune Susanne arrive à Berlin pour rendre visite à son frère, médecin militaire anglais. Dès son arrivée, elle remarque que la femme allemande de son frère a un comportement étrange, faisant tout pour paraître joyeuse alors qu’elle est en réalité très soucieuse… Basée sur une histoire de l’allemand Walter Ebert, l’histoire de The Man Between se situe dans le Berlin de l’après-guerre, à l’époque où la circulation entre les deux zones était toujours possible tout en étant contrôlée de très près (le mur sera construit en 1961). L’atmosphère et le traitement de l’histoire ne sont pas sans rappeler Le Troisième Homme que Reed a réalisé quatre ans plus tôt. La mise en place intrigue beaucoup (surtout lorsque l’on ne sait rien de l’histoire) et le développement assez complexe fait monter la tension jusqu’à une longue poursuite très réussie. Quelques notes d’humour viennent étrangement se mêler au récit, la palme en ce domaine revenant à la scène de l’enlèvement avec une voiture pleine de neige assez unique en son genre. James Mason fait une belle performance linguistique : il s’exprime à la fois en allemand (avec un très bon phrasé, paraît-il) et en anglais avec un accent germanique. Même s’il n’a pas la puissance du Troisième Homme, cet Homme de Berlin est prenant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Mason, Claire Bloom, Hildegard Knef, Geoffrey Toone
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Remarques :
* The Man Between est également le titre de l’autobiographie de Carol Reed (Chatto & Windus, 1990, pas d’édition française à ce jour).

The Man Between
Claire Bloom et James Mason dans L’homme de Berlin de Carol Reed.

The Man Between

10 avril 2017

La Malédiction des pharaons (1959) de Terence Fisher

Titre original : « The Mummy »

La Malédiction des pharaonsEn 1895, trois archéologues anglais découvrent le tombeau de la princesse Ananka, grande prêtresse égyptienne du temple de Karnak, morte il y a quatre mille ans. Mais dès l’ouverture de cette tombe, l’un d’entre eux perd la raison sans que l’on comprenne pourquoi… Après Frankenstein et Dracula, Terence Fisher et la Hammer poursuivent leur démarche de réappropriation des grands thèmes fantastiques des années 30 en reprenant le thème de la momie. Mais le film n’est pas tant un remake du fameux The Mummy de Karl Freund (1932), il s’agit plutôt du remake de The Mummy’s Hand de Christy Cabanne (1940). Si le scénario n’est pas spécialement riche, le film est plutôt réussi et ne manque pas de charme : la photographie de Jack Asher est remarquable, l’atmosphère est prenante à souhait et la silhouette de Christopher Lee en momie vivante est imposante (l’acteur mesurait 1m96 et paraît faire au moins 20 cm de plus). La Malédiction des pharaons montre en outre tout le savoir faire de la Hammer pour obtenir un résultat très convaincant avec des moyens limités : c’est particulièrement net dans les séquences se déroulant dans l’Egypte ancienne qui sont très réussies. La mise en scène de Terence Fisher est sans faille, le réalisateur sait rester à l’écart de tout effet facile. La Hammer donnera trois suites au film au cours de la décennie suivante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter Cushing, Christopher Lee, Yvonne Furneaux
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The MummyLa française Yvonne Fourneaux dans les bras de Christopher Lee dans La Malédiction des pharaons de Terence Fisher.

The MummyPeter Cushing est aux aguets dans La Malédiction des pharaons de Terence Fisher.

9 avril 2017

Centre Terre, 7e continent (1976) de Kevin Connor

Titre original : « At the Earth’s Core »

Centre terre, septième continentEpoque victorienne. Aux commandes d’une foreuse révolutionnaire, le professeur Perry et son assistant s’enfoncent dans les entrailles de la Terre. Ils découvrent un monde tropical à la lumière étrange et se retrouvent prisonniers des Mahars, créatures cruelles dotés de grands pouvoirs télépathiques… At the Earth’s Core est l’adaptation du premier roman du Cycle de Pellucidar (1914-1942), œuvre d’Edgar Rice Burroughs (le créateur de Tarzan). Ce cycle est basé sur l’idée que la Terre pourrait être creuse. Le scénario est indéniablement bien construit, avec de bons rebondissements, mais la réalisation souffre d’un évident manque de moyens et le résultat fait plutôt sourire. Les créatures (sorte de perroquets géants) sont manifestement des acteurs déguisés et la fixité de leurs prothèses est déroutante. Les décors sont également très rudimentaires. Le meilleur est du côté de l’interprétation de Peter Cushing qui apporte une bonne dose d’humour par son indéfectible flegme britannique, n’hésitant pas à affronter un monstre avec son parapluie ou lançant à ses tourmenteurs sur le point de prendre le contrôle de son esprit : « Vous ne pourrez pas m’hypnotiser, je suis citoyen britannique ! »
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Doug McClure, Peter Cushing, Caroline Munro
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Remarques :
* At the Earth’s Core (Centre Terre, 7e continent) fait suite au succès de The Land That Time Forgot (Le Sixième Continent, 1975) du même Kevin Connor, autre adaptation d’un roman de Burroughs, cette fois sur le thème du continent oublié et peuplé de dinosaures.
* At the Earth’s Core est l’avant-dernier film produit par Amicus, compagnie britannique rivale de la Hammer.

Centre Terre - 7e continentPeter Cushing et Doug McClure dans Centre terre, septième continent de Kevin Connor.

Centre Terre - 7e ContinentCaroline Munro (qui sera une James Bond Girl l’année suivante)
apporte la réglementaire note de charme à Centre terre, septième continent de Kevin Connor.

7 avril 2017

Quand les dinosaures dominaient le monde (1970) de Val Guest

Titre original : « When Dinosaurs Ruled the Earth »

Quand les dinosaures dominaient le mondeDans un monde où les hommes vivent au temps des dinosaures, les rares femmes aux cheveux blonds sont destinées à être offertes au Dieu Soleil. L’une d’elles parvient à s’échapper en se jetant à la mer. Elle est recueillie par un homme d’une tribu adverse… Après le succès de One Million Years B.C. (1966), la Hammer désire lui donner une suite. La recette est simple : associer dinosaures et jeunes femmes en bikini. C’est ainsi Victoria Vetri, élue Playmate de l’année 1968, qui prend la suite de Raquel Welch. L’histoire est niaise et, bien entendu, sans aucune crédibilité mais le film est remarquable par deux éléments. Tout d’abord, il n’y a aucune parole intelligible : plusieurs années avant Jean-Jacques Annaud (La Guerre du feu, 1981), les scénaristes ont inventé un langage préhistorique et l’utilisent largement. Il n’est toutefois pas très élaboré, le mot « akita » revenant beaucoup trop souvent. Second élément remarquable, les effets spéciaux sont très réussis : ils sont l’œuvre de Jim Danforth qui fut nominé aux Oscars pour son travail d’animation des dinosaures en stop-motion. Très convaincantes, ces animations sont toutes remarquables pour l’époque (seul le ptérodactyle paraît moins réussi mais les animaux volants sont les plus difficiles). L’intégration est très bonne. Il faudra attendre les images de synthèse des années 90 pour avoir vraiment mieux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Victoria Vetri, Robin Hawdon
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Quand les dinosaures dominaient le mondeLes producteurs ne voulant pas de bipède, Jim Danforth a dû inventer un dinosaure quadrupède carnassier
dans Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest.

Quand les dinosaures domainaient le mondeIl n’est guère judicieux de déranger un chasmosaurus pendant la sieste…
dans  Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest.

Remarques :
* Dans Jurassic Park (1993), Spielberg rend hommage au film dans la scène où un tyrannosaure fait irruption dans un musée : il fait tomber une grande banderole donnant le titre de l’exposition qui s’appelle « When Dinosaurs Ruled the Earth ».

* Le film reprend deux courtes scènes du film Le Monde perdu (The Lost World, 1960) de Irwin Allen (le dinosaure genre iguane qui avance dans la jungle en sortant sa langue et le combat de deux dinosaures qui bloque le passage aux deux fuyards). Ces animations ne sont pas en stop-motion.

Quand les dinosaures domainaient le mondeVictoria Vetri et Robin Hawdon dans Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest.

Quand les dinaosaures domainaient le mondeJim Danforth anime un elasmosaurus pour Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest.

1 avril 2017

Les Aventures du baron de Munchausen (1988) de Terry Gilliam

Titre original : « The Adventures of Baron Munchausen »

Les aventures du baron de MunchausenDans une ville assiégée par les Turcs, une pièce de théâtre conte les aventures du fameux baron de Münchhausen sous l’œil du dirigeant très bureaucrate de la ville. Surgit alors un vieillard affirmant être le vrai baron de Münchhausen. Tous le prennent pour un fou. Seule Sally, fille du directeur de la troupe de théâtre, le prend au sérieux. Il lui raconte… Les Aventures du baron de Munchausen est un sujet qui semble fait pour Terry Gilliam. Ces récits invraisemblables, imaginées en premier par Rudolf Erich Raspe à la fin du XVIIIe siècle, permettent à l’ex-Monty Python de créer un délire narratif et visuel permanent comme il les affectionne. Le fond du propos est une fois de plus de mettre l’accent sur les aspects absurdes de notre société réputée policée et sur l’importance du rêve comme unique moyen d’évasion. Le tournage fut, lui aussi, délirant : éprouvant pour les acteurs, il va finir par coûter deux fois plus cher que prévu. Les décors sont multiples, la figuration importante et les effets nombreux et variés, rien ne semble arrêter Terry Gilliam. Le résultat est une belle fantasmagorie, avec de belles envolées lyriques, même si on peut trouver certaines scènes moins réussies (à mes yeux, l’épisode sur la Lune est le plus faible… malgré toutes ses références littéraires). A la suite d’un changement de direction à la tête du studio, Columbia sabota la sortie américaine et le film fut un échec commercial aux Etats-Unis. Terry Gilliam eut bien des difficultés à obtenir de gros budgets par la suite.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Neville, Eric Idle, Sarah Polley, Oliver Reed, Jonathan Pryce, Uma Thurman, Robin Williams
Voir la fiche du film et la filmographie de Terry Gilliam sur le site IMDB.

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Les Aventures du baron de Munchausen

Les Aventures du baron de Munchausen
John Neville dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Les Aventures du baron de Munchausen
Botticelli n’est pas loin : Uma Thurman en Vénus dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Remarques :
* Le tournage eut lieu aux studios Cinecittà de Rome et aux studios Pinewood en Angleterre, les extérieurs étant tournés en Espagne.
* John Neville était alors surtout un acteur de théâtre.
* Les Aventures du baron de Munchausen est le premier rôle joué pour le cinéma par Uma Thurman. En revanche, ce n’est pas le premier pour Sarah Polley (8 ans), future réalisatrice.
* Sting fait une brève apparition en soldat ayant fait preuve de bravoure (Sting était alors voisin de Terry Gilliam et c’est ainsi que serait née l’idée).
* Terry Gilliam fait une brève apparition (le chanteur dans le poisson).
* La présence d’une annonce à la fin sur l’absence de lien avec le film de 1943 est juste une protection juridique : les ayant-droits de ce film prétendaient en effet que le film de Gilliam était un remake.

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Le Baron de Crac de Karel Zeman (1962)
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)

14 février 2017

Le Chien des Baskerville (1959) de Terence Fisher

Titre original : « The Hound of the Baskervilles »

Le Chien des BaskervilleEn l’an 1790, Sir Hugo Baskerville, un aristocrate cruel, est attaqué par un énorme chien alors qu’il vient de poignarder une paysanne sur la lande. De là naît la légende du chien des Baskerville. Plusieurs décennies plus tard, Charles Baskerville meurt sur la lande dans des circonstances mystérieuses. Son neveu, Sir Henry hérite du domaine familial. Le détective Sherlock Holmes est contacté pour veiller sur lui… Le Chien des Baskerville de Terence Fisher est la deuxième grande adaptation du célèbre roman de Conan Doyle. Cette version prend quelques libertés par rapport au roman, sans le dénaturer toutefois. Le film étant issu des studios Hammer, on peut s’attendre à ce que le côté terrifiant soit développé mais il n’en est rien. Même l’apparition de la bête ne fait pas frémir. Le film est plutôt remarquable par son atmosphère, vraiment inquiétante, due à la précision du scénario, au jeu des acteurs et à leur forte présence. Le film joue beaucoup plus sur les nuances que sur le démonstratif. C’est sans doute pour cette raison que le film a plutôt déçu les amateurs des films de la Hammer et les suites prévues ne furent pas mises en chantier. Aujourd’hui, il est mieux considéré. A juste titre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter Cushing, André Morell, Christopher Lee, John Le Mesurier
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Le Chien des Baskerville
André Morell (Watson) et Peter Cushing (Sherlock Holmes) dans Le Chien des Baskerville de Terence Fisher.

Le Chien des Baskerville
Peter Cushing (Sherlock Holmes) et Christopher Lee (Sir Henry Baskerville) dans Le Chien des Baskerville de Terence Fisher.

Les plus grandes adaptations du roman à l’écran :
1. Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) de Sidney Lanfield (USA 1939) avec Basil Rathbone, Nigel Bruce et Richard Greene
2. Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) de Terence Fisher (UK 1959) avec Peter Cushing et Christopher Lee
3. Priklyucheniya Sherloka Kholmsa i doktora Vatsona: Sobaka Baskerviley d’Igor Maslennikov (TV russe, 1981) avec Vasiliy Livanov et Nikita Mikhalkov
4. The Hound of the Baskervilles de Douglas Hickox (TV UK, 1983) avec Ian Richardson et Denholm Elliott
5. The Hound of the Baskervilles de Brian Mills (TV UK, 1988) avec Jeremy Brett et Edward Hardwicke
6. The Hound of the Baskervilles de Dave Attwood (TV UK, 2002) avec Richard Roxburgh et Ian Hart

21 janvier 2017

Phase IV (1974) de Saul Bass

Phase IVUn scientifique anglais découvre que certaines colonies de fourmis dans le désert de l’Arizona ont un comportement étrange et construisent des structures inhabituelles. Avec un spécialiste du langage, ils s’enferment dans une bulle-laboratoire à proximité pour observer leur comportement… Saul Bass est surtout connu pour ses très beaux génériques graphiques (Hitchcock, Preminger, etc.) mais il a aussi réalisé un (unique) film assez hors du commun. On pourrait décrire Phase IV comme l’improbable croisement entre Les Oiseaux d’Hitchcock et 2001 de Kubrick. Avec le premier, il partage le thème de l’animal inoffensif qui se retourne contre l’homme ; avec le second, il partage l’idée que l’homme pourrait bien ne pas être la phase ultime de l’évolution. Hormis une influence cosmique juste évoquée et donc la présence d’une intelligence supérieure, le film ne développe aucune explication fumeuse, ni ne cherche à culpabiliser l’homme. Il décrit et illustre un processus. Saul Bass utilise beaucoup les gros plans pour créer des images très graphiques et donne une bonne place aux images de fourmis filmées en macro par le photographe animalier Ken Middleham. Film étrange, parfois maladroit, Phase IV est presque un film expérimental ; la fin prévue initialement prévue par Saul Bass (voir ci-dessous) allait en ce sens. Elle aurait donné une dimension supplémentaire au film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nigel Davenport, Michael Murphy, Lynne Frederick
Voir la fiche du film et la filmographie de Saul Bass sur le site IMDB.

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Remarques :
* Ken Middleham avait déjà filmé les images d’insectes pour la fiction documentaire The Hellstrom Chronicle (Des insectes et des hommes), écrit par David Seltzer et dirigé par Walon Green en 1971. Ce film partage avec Phase IV l’idée que les insectes nous survivront du fait de leur plus grande adaptabilité.

* De façon assez paradoxale, l’artiste du générique Saul Bass n’a pas fait de générique de début à son propre film. Et même le logo Paramount n’apparaît pas.

* En 2012, une copie de la fin originalement prévue par Saul Bass (et coupée par la Paramount) a été retrouvée. Elle prolonge la scène de fin de quelque 4 minutes, montrant avec beaucoup de lyrisme et de recherches graphiques, le prolongement de l’évolution de l’homme. Assez étonnant. Elle a été projetée dans quelques salles aux Etats-Unis. Elle est visible sur YouTube.

Phase IV

Phase IV

Phase IV
Michael Murphy dans Phase IV de Saul Bass.

Homonyme (sans lien avec le présent film) :
Phase IV (2002), un thriller réalisé par le canadien Bryan Goeres.

18 janvier 2017

Imitation Game (2014) de Morten Tyldum

Titre original : « The Imitation Game »

Imitation GameEn 1951, un inspecteur de police enquêtant sur le cambriolage du domicile d’un certain Alan Turing s’étonne que la victime semble souhaiter éviter toute enquête. Il décide de fouiller le passé de ce professeur et découvre que son dossier est classé secret… Adapté d’une biographie signée Andrew Hodges, le film britannique Imitation Game retrace le rôle joué par le mathématicien Alan Turing pendant la Seconde Guerre mondiale : enfermé avec une petite équipe à Bletchley Park en Angleterre, il parviendra à concevoir un moyen de décoder les messages allemands cryptés par la machine Enigma. Cette connaissance de tous les messages de l’état-major allemand et la gestion habile de cet avantage seront décisifs dans l’issue de la guerre. Ce point n’a été déclassifié qu’en 1996 (le premier livre à en parler date toutefois de 1974). Même s’il  met en relief la séparation entre recherche fondamentale et recherche appliquée, le film du norvégien Morten Tyldum n’aborde pas les principes mathématiques de la cryptographie mais se concentre sur la personnalité d’Alan Turing, son isolement affectif, sa maladresse pour communiquer et son homosexualité qui lui vaudra d’être condamné après la guerre. Même s’il se conforme aux clichés des biopics (avec, par exemple, l’inévitable scène « Euréka! »), Imitation Game est un film très réussi, vraiment prenant, un bel hommage à ce brillant mathématicien qui a contribué à tracer la route vers les machines intelligentes. L’interprétation est excellente, Benedict Cumberbatch en tête.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode, Rory Kinnear, Mark Strong
Voir la fiche du film et la filmographie de Morten Tyldum sur le site IMDB.
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Imitation game
Benedict Cumberbatch est Alan Turing dans Imitation Game de Morten Tyldum.

Remarques :
* Imitation Game est le nom que Turing avait donné à son test sur l’intelligence artificielle. Le nom « Test de Turing » n’apparaitra qu’en 1968 sous la plume du romancier de science-fiction Arthur C. Clarke et le terme restera. A ce jour, aucune machine n’a réussi à passer ce test de façon incontestable (mais nous en sommes indéniablement très proches).

* Une pomme entamée a été découverte à côté du lit d’Alan Turing et il est vraisemblable qu’il l’ait utilisée pour absorber le cyanure. La légende selon laquelle elle aurait inspiré les créateurs du logo d’Apple a été démentie mille fois mais elle circule toujours autant…

* La reine Élisabeth II a gracié Alan Turing à titre posthume en 2013, soit 61 ans après sa condamnation.

* Précédent film sur le décryptage du code allemand :
Enigma (2001) de Michael Apted avec Kate Winslet et Dougray Scott, film d’espionnage qui ne cherche pas à être historiquement exact et qui ne mentionne pas Alan Turing d’ailleurs.

imitation game
Keira Knightley, Matthew Beard, Benedict Cumberbatch, Matthew Goode et Allen Leech dans Imitation Game de Morten Tyldum.

Imitation game
Charles Dance et Benedict Cumberbatch dans Imitation Game de Morten Tyldum.

5 janvier 2017

Slow West (2015) de John Maclean

Slow WestEn 1870, un jeune aristocrate écossais de 16 ans, Jay Cavendish, décide de traverser à cheval l’Ouest américain vers le Colorado à la recherche de son amour, Rose Ross, une jeune paysanne. Son chemin croise celui de Silas Selleck, un homme solitaire et aguerri qui accepte de le prendre sous sa protection… Slow West est un western britannico-néo-zélandais écrit et réalisé par l’écossais John Maclean, ex-musicien de rock, qui signe là son premier film. Avec un tel pedigree, on ne sera pas étonné que Slow West soit un western assez hors du commun. Il évoque quelque peu le très beau True Grit des frères Coen. Le scénario se déroule placidement au rythme de l’avancée des deux personnages et des rencontres qu’ils font en chemin. La naïveté de l’adolescent se trouve confrontée à la réalité violente d’une civilisation balbutiante et c’est cette opposition qui est intéressante. La photographie est très belle (les scènes américaines ont été tournées en Nouvelle-Zélande) et Michael Fassbender fait une excellente prestation. Même s’il ne pourra plaire à tous les amateurs de western, du fait de son rythme et de son contenu, Slow West est un western vraiment remarquable. Un premier coup de maître pour John Maclean. Le film n’est pas encore sorti en salles en France.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Kodi Smit-McPhee, Michael Fassbender, Ben Mendelsohn, Caren Pistorius
Voir la fiche du film et la filmographie de John Maclean sur le site IMDB.

 

Slow West
Michael Fassbender et Kodi Smit-McPhee dans Slow West de John Maclean.

Slow West
Kodi Smit-McPhee et Michael Fassbender dans Slow West de John Maclean.