19 décembre 2016

L’Emprise du crime (1946) de Lewis Milestone

Titre original : « The Strange Love of Martha Ivers »

L'emprise du crimeDans une petite ville de Pennsylvanie, une nuit de 1928, la jeune Martha Ivers (13 ans) fugue avec son ami Sam Masterson pour échapper à la tyrannie de sa riche tante. La police les retrouve. Le même soir, un tragique évènement va forcer Sam à fuir seul. Dix-huit ans plus tard, il repasse en automobile dans la ville et un accident le force à s’y arrêter… Adaptation d’une histoire du dramaturge John Patrick (futur Prix Pulitzer en 1954), The Strange Love of Martha Ivers est un film noir assez peu connu mais qui mérite pourtant toute notre attention. C’est une superbe étude psychologie criminelle sur fond de mœurs provinciales. Le thème du poids du passé a certes souvent été traité au cinéma mais rarement avec autant de réussite. Le déroulement du scénario est remarquable et surprend plus d’une fois (plus que jamais, il faut éviter tous ces sites et livres qui racontent le scénario si vous avez l’intention de voir ce film). L’interprétation est remarquable. C’est le deuxième film de Lizabeth Scott et le premier pour Kirk Douglas. Ils font tous deux de très belles prestations, avec déjà une forte présence à l’écran, Douglas exprimant parfaitement toutes les fêlures de son personnage. Van Heflin est admirable, on se demande bien pourquoi, avec toutes ses qualités, il n’a pas eu une plus grande carrière. Barbara Stanwick est impériale dans ce type de rôle de femme machiavélique. The Strange Love of Martha Ivers mérite de figurer parmi les classiques du genre. Un film à découvrir.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Van Heflin, Lizabeth Scott, Kirk Douglas, Judith Anderson
Voir la fiche du film et la filmographie de Lewis Milestone sur le site IMDB.

Voir les autres films de Lewis Milestone chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Kirk Douglas

Remarques :
* Le jeune marin que Van Heflin a pris en stop est joué par Blake Edwards (non crédité au générique). Blake Edwards a en effet fait de la figuration entre 1942 et 1948, avant de se consacrer à l’écriture puis à la réalisation (à partir de 1955-56).
* C’est Humphrey Bogart et Lauren Bacall qui ont poussé le producteur Hal B. Wallis à aller voir une pièce où jouaient Laureen Bacall et son ex-camarade de cours dramatique Kirk Douglas.
* Dans son autobiographie, Kirk Douglas raconte que Van Heflin l’a bien aidé sur le tournage de ce premier film.
* Lewis Milestone a abandonné le tournage plusieurs jours pour soutenir la grève des décorateurs. Il fut alors remplacé par Byron Haskin (non crédité au générique). De plus, dans une interview, Lewis Milestone a indiqué que le producteur Hal B. Wallis avait filmé et ajouté quelques gros plans de Lizabeth Scott contre son gré. Milestone a déclaré qu’il ne retravaillerait jamais pour lui.

L'emprise du crime
Barbara Stanwyck, Van Heflin et Kirk Douglas dans L’Emprise du crime de Lewis Milestone.

L'emprise du crime
Barbara Stanwyck, Van Heflin et Kirk Douglas dans L’Emprise du crime de Lewis Milestone.

L'emprise du crime
Van Heflin, Lizabeth Scott et Barbara Stanwyck dans L’Emprise du crime de Lewis Milestone (il n’y a pas que Lana Turner qui porte des shorts blancs en 1946… Clin d’oeil ? Probablement pas puisque Le facteur sonne toujours deux fois est sorti seulement deux mois avant L’Emprise du crime)

L'emprise du crime
Lewis Milestone, Kirk Douglas, Van Heflin et Barbara Stanwyck sur le tournage de L’Emprise du crime de Lewis Milestone.

17 décembre 2016

Cape et poignard (1946) de Fritz Lang

Titre original : « Cloak and Dagger »

Cape et poignardVers la fin de la Seconde Guerre mondiale, un chercheur en physique nucléaire reçoit pour mission d’aller en Europe pour entrer en contact avec des physiciens que les nazis forcent à travailler pour eux. Le but est d’empêcher l’ennemi de travailler sur la bombe atomique… Cloak and Dagger était le surnom donné à l’Office of Strategic Services (OSS), agence de renseignement américaine créée en 1942 (et qui sera remplacée en 1945 par la CIA). C’est aussi le titre d’un livre-enquête paru en 1946 qui a été source d’inspiration pour le scénario de ce film (qui n’est pas vraiment basé sur des faits réels). On peut le classer parmi les films de propagande, même s’il est sorti après la fin de la guerre ; Hiroshima était alors très récent et il était nécessaire de justifier la bombe et ne pas effrayer les populations. La fin initiale que Fritz Lang avait prévue et tournée (voir ci-dessous) fut d’ailleurs escamotée par la Warner pour placer une fin plus heureuse. Cloak and Dagger apparaît en deçà des autres réalisations de Lang. Ce n’est pas tant le flagrant manque de crédibilité qui joue en sa défaveur mais plutôt son manque de cohésion. Personne ne semble à l’aise dans son rôle, à commencer par Gary Cooper. En fait, ce sont les scènes d’action (ou plus exactement de grande tension) qui sont les plus réussies, comme cette scène de lutte silencieuse dans l’entrée d’un immeuble. Dans ces moments-là, Fritz Lang montre tout son art.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Lilli Palmer, Robert Alda, Vladimir Sokoloff
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.

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Voir les livres sur Fritz Lang

Remarques :
* Fritz Lang a raconté à Lotte Eisner que la scène finale du film constituait « un avertissement contre la nouvelle terreur représentée par les capacités destructrices de la bombe » mais qu’elle a été coupée et même détruite.
* Il semble que cette fin se déroulait ainsi :
Le chercheur italien meurt de ses blessures dans l’avion. Juste avant de mourir, il montre une photo prouvant que les nazis ont bien un centre actif de recherches en Bavière. Un commando est envoyé sur place. Jesper (Gary Cooper) les accompagne. Ils découvrent un site abandonné et supposent que le centre de recherches a été démantelé, probablement transféré mais où ? En Espagne ? En Argentine ? Ailleurs ? La scène finale montrait Gary Cooper sortant du site abandonné, observant la nature riante et déclarant : « Nous ne sommes qu’au début de l’ère atomique et que Dieu nous garde si nous pensons garder cela pour nous ou si nous croyons pouvoir mettre un terme aux guerres avec cette arme sans nous détruire nous-mêmes. »

Cloak and Dagger
Gary Cooper et Lili Palmer dans Cape et poignard de Fritz Lang.

16 décembre 2016

L’insoutenable légèreté de l’être (1988) de Philip Kaufman

Titre original : « The Unbearable Lightness of Being »

L'insoutenable légèreté de l'êtrePrague, printemps 1968. Un vent de liberté souffle sur la Tchécoslovaquie. Tomas est un jeune et séduisant chirurgien du cerveau qui multiplie les conquêtes féminines. Il cultive une forme d’amitié érotique avec une artiste, Sabina, et développe un amour plus sérieux pour Tereza, une jeune serveuse rencontrée lors d’un déplacement en province… L’insoutenable légèreté de l’être est un roman à succès de Milan Kundera, adapté ici pour le grand écran par Jean-Claude Carrière. Le thème principal est l’opposition entre légèreté et gravité : comment peut-on être léger et insouciant face à la pesanteur des destinées? Tereza finit par trouver insoutenable la légèreté de Tomas alors qu’ils assistent impuissants à l’écrasement de leur pays. Le récit de Kundera a en effet aussi un aspect historique, par son témoignage de l’irruption des chars et soldats soviétiques à Prague en août 1968 et du processus de « normalisation » qui a suivi. Kundera a orné son récit d’une sensualité érotique que l’on retrouve à l’écran. Elle contribue à l’équilibre général de l’ensemble en lui donnant une plus grande accessibilité (ou bien Kundera aurait-il cherché à privilégier une certaine légèreté ?) Bien qu’un peu trop long (près de 3 heures), le film de Philip Kaufman est une belle adaptation du roman.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Daniel Day-Lewis, Juliette Binoche, Lena Olin, Stellan Skarsgård
Voir la fiche du film et la filmographie de Philip Kaufman sur le site IMDB.

Remarques :
* L’insoutenable légèreté de l’être a lancé la carrière internationale de Juliette Binoche.
* Roman (publié en 1984) et film précèdent la chute du Mur de quelques années. Kundera a écrit son roman juste après la mort de Brejnev (qui avait ordonné la « normalisation » de la Tchécoslovaquie en 1968).

 

L'insoutenable légèreté de l'être
Légèreté : Lena Olin et Daniel Day-Lewis dans L’insoutenable légèreté de l’être de Philip Kaufman.

L'insoutenable légèreté de l'être
Gravité : Juliette Binoche dans L’insoutenable légèreté de l’être de Philip Kaufman.

15 décembre 2016

Looking for Richard (1996) de Al Pacino

Looking for RichardSous une forme proche d’un documentaire, Looking for Richard nous plonge dans le processus créatif d’une adaptation moderne de la pièce de Shakespeare Richard III. Avec chewing-gum et casquette à l’envers, le très américain Al Pacino cherche comment rendre la pièce plus accessible à un public large, comment trouver une approche nouvelle de l’œuvre, comment transmettre sa signification. La forme est originale puisqu’elle juxtapose des scènes de répétition ou de réflexion sur les directions à donner avec des scènes de la pièce jouée en costumes dans divers décors, sautant de l’un à l’autre avec vivacité. Globalement, le film suit le déroulement de la pièce. Le travail de montage paraît donc remarquable, surtout lorsque l’on sait que Pacino avait accumulé près de 80 heures de rushes sur quelque trois années (le projet fut fréquemment interrompu du fait des engagements de l’acteur). Accompagné de son metteur en scène Frederic Kimball, Pacino s’est même rendu en Angleterre, interviewé des acteurs anglais et des grands spécialistes de William Shakespeare. L’ensemble est assez intéressant mais on peut se demander si les desseins pédagogiques sont atteints car l’intensité de la pièce n’est pas totalement perceptible du fait de l’inévitable fragmentation. L’interprétation de la pièce est assez appuyée, beaucoup semblant surjouer quelque peu (c’est particulièrement net pour Penelope Allen, la reine). Al Pacino en revanche est souvent splendide en Richard III. Entre autres, la scène où il se déclare à Lady Anne (Winona Ryder) est assez forte. Il ne peut toutefois faire oublier Laurence Olivier…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Alec Baldwin, Kevin Spacey, Estelle Parsons, Winona Ryder
Voir la fiche du film et la filmographie de Al Pacino sur le site IMDB.

Voir les livres sur Al Pacino

Remarques :
* Grand acteur de théâtre, Al Pacino tient en très haute estime l’oeuvre de Shakespeare. Il avait déjà interprété Richard III sur les planches dans les années soixante-dix et animé des séminaires sur le sujet. Ce film est un projet très personnel.
* Parmi les acteurs anglais shakespeariens interviewés, on remarque : Vanessa Redgrave, John Gielgud, Kenneth Branagh, Rosemary Harris, Derek Jacobi et le metteur en scène Peter Brook.

Looking for Richard
Al Pacino met en scène et joue Richard III dans  Looking for Richard.

Les adaptations de Richard III au cinéma :
Richard III (1912) de André Calmette et James Keane avec Frederick Warde. En 1996, une copie en bon état de ce film précédemment inconnu a été découverte. Sa durée de 55 mn en fait l’un des tous premiers longs métrages.
Richard III (1955) de et avec Laurence Olivier, la version la plus remarquable.
Richard III (1995) de Richard Loncraine avec Ian McKellen, où la pièce est transposée au XXe siècle, dans une Angleterre fictive sous régime fasciste dans les années 1930.
Richard III (2008) de Scott Anderson avec Scott Anderson

13 décembre 2016

Le Mystère Andromède (1971) de Robert Wise

Titre original : « The Andromeda Strain »

Le Mystère AndromèdeUn satellite militaire, chargé de capturer des micro-organismes dans l’espace proche, s’écrase dans le désert du Nevada. Tous les habitants d’un petit village proche sont retrouvés morts. Cela semble être dû à une infection biologique. Suivant un scénario prévu pour ce genre d’alerte, l’armée consigne quatre éminents scientifiques dans un laboratoire secret ultramoderne pour tenter d’identifier la bactérie ou l’organisme responsable de leur mort…
Le Mystère Andromède est adapté d’un roman à succès de Michael Crichton qui met en garde contre les dangers de la science : l’homme peut se retrouver impuissant face aux conséquences de recherches qu’il ne maitrise pas totalement. C’est un propos qui, en matière de biotechnologie, est on ne peut plus actuel 45 ans plus tard. Adaptation fidèle du roman, le film recrée avec minutie un complexe scientifique souterrain très réaliste. Robert Wise a déclaré qu’au terme « science-fiction », il préférait appliquer celui de « science fact » à son film (1). Semblant dans un premier temps fasciné par ce qu’il a créé (les séances de décontamination à l’arrivée au centre paraissent un peu longues), Robert Wise parvient ensuite à créer une forte tension sur un sujet pourtant à priori peu affriolant et sans utiliser d’acteur connu. On se met en effet à suivre avec grand intérêt la progression de ces chercheurs. Le film utilise assez largement des images, ou plus exactement des motifs, créés par ordinateur. Par sa portée, par l’importance des problèmes soulevés,  Le Mystère Andromède fait incontestablement partie des films majeurs de la science-fiction.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Arthur Hill, David Wayne, James Olson, Kate Reid
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Wise sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Wise chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Le roman de Crichton a été adapté en série TV en 2008 sous le même titre The Andromeda Strain (Menace Andromède en français).
* Des membres de L’American Society for the Prevention of Cruelty to Animals (ASPCA) étaient présents pour le tournage de la scène de la mort du petit singe. La mort a été simulée en le rendant inconscient par CO2 (la cage vitrée du singe était pleine d’oxygène, dans une pièce remplie de CO2). A la fin de la scène, on voit l’ombre de l’assistant (en tenue de plongée) qui se précipite pour ranimer l’animal avec un masque à oxygène (il n’y a eu qu’une prise). La scène a fait polémique.

(1) Robert Wise ajoute : « Nous nous sommes limités à tourner avec des objets, des mécanismes et costumes utilisés quotidiennement par nos scientifiques dans des laboratoires existants. »

Le mystère AndromèdeJames Olson, Arthur Hill, Kate Reid et David Wayne sont les quatre scientifiques experts dans Le Mystère Andromède de Robert Wise.

Le Mystère AndromèdeLe centre de recherches Wildfire dans Le Mystère Andromède de Robert Wise.

11 décembre 2016

La Bataille de la planète des singes (1973) de J. Lee Thompson

Titre original : « Battle for the Planet of the Apes »

La Bataille de la planète des singesAmérique du Nord 2670. Un professeur orang-outan raconte comment César, vingt-sept ans après le soulèvement des singes (soit en 2017), a du faire face à son général Aldo (1), un gorille belliqueux qui désirait en finir avec les humains… Le quatrième opus devait être le dernier mais la tentation était trop forte pour la Fox d’en faire un petit dernier avant de commencer à décliner le thème en série TV. Comme précédemment, le scénario est très simple, les personnages sont très typés. La bataille annoncée par le titre est à la hauteur du budget, c’est-à-dire réduite et un peu ridicule. On a la sensation en regardant ce film que le filon a été exploité par la Fox jusqu’à la corde. Ce fut une bonne affaire pour la fox car, si chaque film a rapporté moins que celui qui le précédait, tous les cinq ont été largement bénéficiaires.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Roddy McDowall, Claude Akins, Natalie Trundy, Lew Ayres, Paul Williams
Voir la fiche du film et la filmographie de J. Lee Thompson sur le site IMDB.

Voir les autres films de J. Lee Thompson chroniqués sur ce blog…

(1) Dans le 3e opus, Zira avait raconté que son peuple vénérait la mémoire d’Aldo qui avait initié le soulèvement des singes contre les humains. Bizarrement, le 4e opus montrait le soulèvement mené par César et non Aldo (seul un personnage très secondaire se prénommait Aldo) et l’Aldo de ce 5e opus n’est de toute évidence pas celui du récit de Zira. Ceci dit, avec le paradoxe temporel engendré par le retour de Zira et Cornelius dans le passé, on peut toujours dire que l’on est dans une réalité alternative…

La Bataille de la Planète des singes
Paul Williams, Roddy McDowall et Austin Stoker dans La Bataille de la planète des singes de J. Lee Thompson.

Tous les films :
A) Cinq films de 1968 à 1973 :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (1968) de Franklin J. Schaffner
Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) (1970) de Ted Post
Les Évadés de la planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) (1971) de Don Taylor
La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) (1972) de J. Lee Thompson
La Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) (1973) de J. Lee Thompson.

B) Nouvelle adaptation du roman :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (2001) de Tim Burton.

C) Série « Reboot » :
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) (2011) de Rupert Wyatt
La Planète des singes : L’Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) (2014) de Matt Reeves
La Planète des singes : Suprématie (War for the Planet of the Apes) (2017) de Matt Reeves.
La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of Apes) (2024) de Wes Ball

10 décembre 2016

La Conquête de la planète des singes (1972) de J. Lee Thompson

Titre original : « Conquest of the Planet of the Apes »

La Conquête de la planète des singesDans un avenir proche (1990), les singes ont remplacé les animaux domestiques décimés par un virus. Les hommes les éduquent de manière violente à accomplir diverses tâches. Elevé en secret, le fils de Zira et Cornélius est bouleversé du traitement infligé à ses semblables… Pas question de changer la recette : la Fox confie à nouveau l’écriture de ce quatrième opus à Paul Dehn qui, une fois de plus, ne cherche pas le vraisemblable. Il s’agit avant tout de faire de la révolte des singes (annoncée dans le film précédent) un spectacle. La nuance n’est pas non plus de mise : la société décrite est une dictature très caricaturale avec des policiers qui ressemblent à des nazis et un abominable gouverneur, fanatique de l’ordre. Roddy McDowall a pris goût à la série puisqu’il interprète maintenant César, le fils, après avoir interprété Cornelius, le père. Et c’est Natalie Trundy (qui interprétait déjà une mutante dans le 2e volet et le Docteur Branton dans le 3e) qui incarne sa compagne. Le budget a encore baissé et cela se sent dans la réalisation qui est assez sommaire.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Roddy McDowall, Don Murray, Natalie Trundy, Ricardo Montalban
Voir la fiche du film et la filmographie de J. Lee Thompson sur le site IMDB.

Remarque :
* Initialement, le gouverneur se faisait (assez logiquement) sauvagement massacrer par les singes. Après une projection-test où le public a mal réagi, la scène a été modifiée : le studio a fait réenregistrer un dialogue pacifique (un peu vaseux) à Roddy McDowall et un plan des gorilles frappant le gouverneur avec la crosse de leurs fusils a été inversé pour montrer qu’ils relevaient leur fusil, afin de l’épargner…

La Conquête de la planète des singes
Hari Rhodes (à gauche), Don Murray (au sol) et Roddy McDowall (à droite) dans La Conquête de la planète des singes de J. Lee Thompson.

Tous les films :
A) Cinq films de 1968 à 1973 :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (1968) de Franklin J. Schaffner
Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) (1970) de Ted Post
Les Évadés de la planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) (1971) de Don Taylor
La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) (1972) de J. Lee Thompson
La Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) (1973) de J. Lee Thompson.

B) Nouvelle adaptation du roman :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (2001) de Tim Burton.

C) Série « Reboot » :
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) (2011) de Rupert Wyatt
La Planète des singes : L’Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) (2014) de Matt Reeves
La Planète des singes : Suprématie (War for the Planet of the Apes) (2017) de Matt Reeves.
La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of Apes) (2024) de Wes Ball

9 décembre 2016

Les Évadés de la planète des singes (1971) de Don Taylor

Titre original : « Escape from the Planet of the Apes »

Les évadés de la planète des singesPour échapper à l’anéantissement de leur planète, le Docteur Milo, Zira et Cornélius se sont envolés à bord de la navette spatiale du Capitaine Taylor et, pour une raison inexpliquée, ont remonté le temps pour se retrouver sur Terre en 1973. Ils sont aussitôt mis en observation…
Après le succès commercial de la première suite de La Planète des Singes, il fut rapidement décidé de mettre un troisième film en chantier avec le même scénariste, Paul Dehn. Celui-ci confirme qu’il n’est pas très versé dans la science-fiction, les incohérences et omissions sont nombreuses. Le film aurait pu être le négatif de La Planète des Singes, puisque la situation est inversée, mais il n’en est rien. Les Évadés de la planète des singes est plus un film sentimental qu’autre chose : c’est la force de la relation entre Cornelius et Zira qui le cimente. En cherchant bien, on pourra déceler ici et là quelques allusions religieuses (le Massacre des innocents, la Nativité, …) mais tout cela reste très discret. Les meilleurs passages sont du registre de l’humour, alimenté par la stupeur des humains dans la première partie du film. La Fox n’a pas changé de recette : utiliser un réalisateur de télévision habitué à travailler avec peu de moyens. Car le budget continue sa descente, le fait de n’avoir cette fois que deux personnages à maquiller arrangeant bien les choses et plus aucun effort n’est nécessaire sur les décors puisque l’histoire a été ramenée à l’époque actuelle. Sur le plan économique, Les Évadés de la planète des singes a atteint son objectif : rapporter plus qu’il ne coûte…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Roddy McDowall, Kim Hunter, Bradford Dillman, Natalie Trundy, Eric Braeden, Ricardo Montalban
Voir la fiche du film et la filmographie de Don Taylor sur le site IMDB.

Remarque :
* Sal Mineo espérait relancer sa carrière avec ce film. Mais, supportant mal les longues (3h30 env.) séances de maquillage, le scénario fut modifié pour faire mourir son personnage, le docteur Milo, plus tôt.

Les évadés de la Planète des singes
Sal Mineo, Roddy McDowall et Kim Hunter dans Les Évadés de la planète des singes de Don Taylor.

Tous les films :
A) Cinq films de 1968 à 1973 :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (1968) de Franklin J. Schaffner
Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) (1970) de Ted Post
Les Évadés de la planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) (1971) de Don Taylor
La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) (1972) de J. Lee Thompson
La Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) (1973) de J. Lee Thompson.

B) Nouvelle adaptation du roman :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (2001) de Tim Burton.

C) Série « Reboot » :
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) (2011) de Rupert Wyatt
La Planète des singes : L’Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) (2014) de Matt Reeves
La Planète des singes : Suprématie (War for the Planet of the Apes) (2017) de Matt Reeves.
La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of Apes) (2024) de Wes Ball

 

8 décembre 2016

Le Secret de la planète des singes (1970) de Ted Post

Titre original : « Beneath the Planet of the Apes »

Le Secret de la planète des singesUn vaisseau chargé de retrouver Taylor s’écrase sur la planète. Seul survivant, l’astronaute Brent rencontre Nova qui est seule. Elle emmène Brent jusqu’au village des singes qui sont sur le pied de guerre. Les gorilles veulent envahir la zone interdite… Le succès de La Planète des singes avait surpris la 20th Century Fox qui eut rapidement l’idée de faire une suite, pratique qui n’était pas habituelle à l’époque. Après avoir fait plancher Rod Serling, puis Pierre Boulle, le studio retiendra l’idée de l’écrivain anglais Paul Dehn : une variation sur le thème de l’arme atomique. Le film est loin d’avoir la richesse de l’opus précédent, les personnages sont peu exploités, l’histoire est pleine d’incohérences et devient souvent grotesque (notamment dans toute la partie chez les mutants où le film mérite vraiment d’être qualifié  « d’épouvantable nanar ») ; c’est la reproduction du choc visuel de La Planète des singes qui est surtout recherchée par les producteurs. Le budget est encore plus restreint que précédemment ; la Fox traversait alors une période difficile après le flop de plusieurs films couteux. Les décors du premier opus sont donc réutilisés et les masques sont le plus souvent préférés aux longues séances de maquillages. Malgré toutes ses imperfections, Le Secret de la planète des singes n’est pas totalement ennuyeux, voire plutôt divertissant mais c’est grâce à l’ombre de son prédécesseur car, vu seul, il eut semblé être très mauvais.
Elle: 1 étoile
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Franciscus, Kim Hunter, Maurice Evans, Linda Harrison, Charlton Heston
Voir la fiche du film et la filmographie de Ted Post sur le site IMDB.

Remarques :
* Charlton Heston n’était pas enchanté de tourner cette suite, même dans un petit rôle. Il n’a accepté qu’à la condition que la fin empêche tout prolongement. Il eut satisfaction mais, comme on le sait, cela n’empêcha pas les suites (sans son personnage, il est vrai).
* La Fox a trouvé un bel ersatz de Charlton Heston (qui avait refusé d’avoir le premier rôle) en la personne de James Franciscus, acteur de télévision.
* Le sit-in des chimpanzés contre la guerre évoque les manifestations alors très actives contre la Guerre du Vietnam.

Le secret de la Planète des singes
James Franciscus et Linda Harrison dans Le Secret de la planète des singes de Ted Post.

Tous les films :
A) Cinq films de 1968 à 1973 :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (1968) de Franklin J. Schaffner
Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) (1970) de Ted Post
Les Évadés de la planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) (1971) de Don Taylor
La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) (1972) de J. Lee Thompson
La Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) (1973) de J. Lee Thompson.

B) Nouvelle adaptation du roman :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (2001) de Tim Burton.

C) Série « Reboot » :
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) (2011) de Rupert Wyatt
La Planète des singes : L’Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) (2014) de Matt Reeves
La Planète des singes : Suprématie (War for the Planet of the Apes) (2017) de Matt Reeves.
La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of Apes) (2024) de Wes Ball

7 décembre 2016

La Planète des singes (1968) de Franklin J. Schaffner

Titre original : « Planet of the Apes »

La Planète des singesParti en 1972, un vaisseau spatial emporte ses quatre membres d’équipage à une vitesse proche de celle de la lumière. Au terme d’un voyage de 18 mois, équivalent à 2000 années terrestres (selon la théorie de la relativité restreinte), ils atterrissent en catastrophe sur une mystérieuse planète, au cœur d’une région désertique. Ils vont découvrir que ce monde est peuplé d’hommes primitifs dominés par une race de singes très évolués… Adapté du roman de Pierre Boulle, La Planète des singes est l’un des films de science-fiction les plus célèbres. Il est hélas souvent réduit à sa dernière scène, un puissant twist final qui donne un sens différent à tout ce qui le précède, mais le film est en réalité bien plus riche. Procédant par inversion des situations, La Planète des singes est une inépuisable source de réflexions philosophiques. Il aborde un nombre impressionnant de thèmes différents : le racisme, la place de la science, le rôle de la religion, la nature de l’homme, les chasses aux sorcières, la vivisection et il nous alerte sur les dangers de la prolifération des armes (nous sommes alors en pleine Guerre froide). Les studios ne croyaient guère dans le projet et le budget fut donc limité, réduisant la ville des singes à un petit village (inspiré de Gaudí). L’utilisation habile de décors naturels et les maquillages élaborés donnent beaucoup de force au film. Son impact visuel est puissant. Le succès fut important ce qui poussa Hollywood à faire de multiples suites, pas toujours avec bonheur…
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Roddy McDowall, Kim Hunter, Maurice Evans, Linda Harrison
Voir la fiche du film et la filmographie de Franklin J. Schaffner sur le site IMDB.

Voir les livres sur la Planète des singes

Remarques :
* L’adaptation du roman de Pierre Boulle a été écrite par Rod Serling, le créateur de La Quatrième Dimension, et Michael Wilson.
* Le scénariste Michael Wilson a été victime du maccarthysme : il est passé devant le House Un-American Activities Committee avnt d’être inscrit en 1951 sur la liste noire de Hollywood. C’est lui qui a eu l’idée d’ajouter la scène de simulacre de procès.

La Planète des singes
Scène de fin de chasse dans La Planète des singes de Franklin J. Schaffner.

La Planète des Singes
Charlton Heston, Linda Harrison, Kim Hunter, Roddy McDowall et Lou Wagner dans La Planète des singes de Franklin J. Schaffner.

La Planète des singes
L’homme en captivité dans La Planète des singes de Franklin J. Schaffner.

Tous les films :
A) Cinq films de 1968 à 1973 :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (1968) de Franklin J. Schaffner
Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) (1970) de Ted Post
Les Évadés de la planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) (1971) de Don Taylor
La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) (1972) de J. Lee Thompson
La Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) (1973) de J. Lee Thompson.

B) Nouvelle adaptation du roman :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (2001) de Tim Burton.

C) Série « Reboot » :
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) (2011) de Rupert Wyatt
La Planète des singes : L’Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) (2014) de Matt Reeves
La Planète des singes : Suprématie (War for the Planet of the Apes) (2017) de Matt Reeves.
La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of Apes) (2024) de Wes Ball

 

La Planète des Singes : le maquillage
Roddy McDowall en pleine séance de maquillage (4h30 tous les jours) pour La Planète des singes de Franklin J. Schaffner.

La Planète des Singes : Kim Hunter
Kim Hunter, avant et après maquillage pour La Planète des singes de Franklin J. Schaffner.