18 octobre 2011

L’opération diabolique (1966) de John Frankenheimer

Titre original : « Seconds »

L'opération diaboliqueUn quinquagénaire, déçu de son existence dominée par la réussite matérielle, reçoit un appel mystérieux d’un ami mort il y a plusieurs années. Cet ami le met en contact avec une organisation secrète qui propose à ses clients de redémarrer une nouvelle vie sous une autre apparence et une autre identité… L’opération diabolique est basé sur un roman de science-fiction de David Ely. Le film est surtout marqué par l’inventivité du directeur de la photographie James Wong Howe (1) qui a utilisé avec maestria les déformations d’images et les objectifs grand angle tout en filmant d’assez près. Dès le générique, le film nous plonge ainsi dans une ambiance assez angoissante et les vingt premières minutes sont les plus réussies : on perçoit le malaise du personnage, on ressent son mal-être, son dilemme. Hélas, le film est plus inconsistant ensuite avec notamment une scène de bacchanales hippies aussi longue qu’inutile. La présence de Rock Hudson n’arrange rien, certes, mais le film souffre en son milieu d’un flagrant manque de développement de son scénario. La fin, en revanche, est saisissante et même hallucinante. L’opération diabolique fut très mal reçu par la critique et le public (2). Cet insuccès lui a valu le statut de film maudit et un petit culte s’est peu à peu développé autour du film. La forme est en tous cas assez originale et remarquable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rock Hudson, John Randolph, Salome Jens, Wesley Addy, Will Geer
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Remarques :
(1) James Wong Howe est l’un des plus célèbres directeurs de la photographie américains. Il apparaît au générique de plus de 140 films (sous le nom de James Howe avant 1934). Il a débuté sa carrière comme assistant dans l’équipe de Cecil B. DeMille à la fin des années 1910. Grace à son inventivité, il est devenu, dès les années trente, pratiquement le caméraman le plus célèbre d’Hollywood. Quand il tourne L’opération diabolique, il est âgé de 67 ans. Voir sa filmographie sur le site IMDB
(2) Au festival de Cannes 1966, le film fut si mal reçu que John Frankenheimer refusa de se rendre à la conférence de presse alors qu’il était tout près, à Monte Carlo exactement, pour le tournage de Grand Prix.

15 octobre 2011

Castle in the Desert (1942) de Harry Lachman

Castle in the DesertDans un grand manoir isolé dans le désert des Mojaves, Charlie Chan enquête sur de mystérieux empoisonnements. Tout semble accuser la propriétaire, une descendante des Borgia…
Castle in the Desert est le 30e des 47 films mettant en scène le détective asiatique Charlie Chan. Après avoir été incarné à l’écran par Warner Oland, le détective est interprété depuis 1938 par Sidney Toler qui a un jeu un peu plus mécanique, il semble plus lointain, moins impliqué. Il a bien entendu toujours son inépuisable réserve de proverbes mais ils paraissent sortir de façon automatique. L’intrigue est joliment complexe avec une ambiance de château inquiétant : ancienne salle de torture, apothicairerie et des armures décoratives, utilisées de façon amusante. Castle in the Desert est loin d’être le meilleur des Charlie Chan mais il reste très plaisant pour son atmosphère. C’est le dernier Charlie Chan fait par la 20th Century Fox. La série se continuera chez Monogram avec une certaine baisse de budget et de qualité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sidney Toler, Victor Sen Yung, Arleen Whelan, Douglass Dumbrille, Henry Daniell
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14 octobre 2011

The invention of lying (2009) de Ricky Gervais et Matthew Robinson

The Invention of LyingDans un monde où les gens ne savent que dire la vérité, un homme acquiert un certain pouvoir en inventant le mensonge… L’idée de base du scénario de The Invention of Lying est originale et amusante : comment seraient les rapports humains si chacun d’entre nous était incapable de mentir et devait dire toujours ce qu’il pense réellement? L’idée est d’autant plus originale que les scénaristes ont choisi un héros qui a pour profession d’être… scénariste ! En effet : quel visage pourrait donc avoir le cinéma dans de telles conditions? Incapable d’inventer quoi que ce soit, il ne pourrait que raconter des faits qui se sont réellement passés… et comme il est inconcevable de jouer, c’est un historien qui raconte des faits réels. Le côté intéressant du film, ce sont ces petites divagations sociologiques : comme on s’y attend, dans le monde du travail, la franchise se traduit souvent en méchanceté et en cruauté mais les rapports hommes-femmes sont aussi bouleversés. Hélas, le film s’enlise assez rapidement dans une histoire sentimentale qui devient assez ennuyeuse et il ne parvient pas à rebondir. Ricky Gervais tient lui-même le premier rôle, l’humoriste anglais joue avec son physique peu avantageux face à la sculpturale Jennifer Garner. Même s’il s’essouffle trop rapidement, The Invention of Lying reste amusant et nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ricky Gervais, Jennifer Garner, Jonah Hill, Louis C.K., Jeffrey Tambor
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13 octobre 2011

Une fine mouche (1936) de Jack Conway

Titre original : « Libeled Lady »

Une fine moucheAprès avoir été diffamée par un journal à scandales, une riche jeune femme (Myrna Loy) demande cinq millions de dollars de dommages et intérêts. Pour sauver son journal de la ruine, le rédacteur en chef (Spencer Tracy) engage un séducteur (William Powell) pour la compromettre. Il n’hésite pas à demander à sa petite amie (Jean Harlow) d’épouser le séducteur pour que la riche jeune femme apparaisse comme une briseuse de ménage… Pour Une fine mouche (Libeled Lady), la MGM a aligné quatre de ses grandes stars pour frapper un grand coup. Le scénario de cette comédie est assez pernicieux, jouant constamment sur la tromperie des uns vis-à-vis des autres : bien entendu, il est aussi passablement improbable. La réussite du film doit beaucoup à l’alchimie entre les acteurs qui se sont parfaitement entendus sur le tournage (William Powell et Jean Harlow vivaient alors ensemble). C’est William Powell qui brille tout particulièrement, ce rôle de séducteur mondain lui va comme un gant. Il y montre beaucoup d’esprit. Les dialogues sont brillants. Une fine mouche est à classer parmi les meilleures « screwball comedies » des années trente.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Harlow, William Powell, Myrna Loy, Spencer Tracy, Walter Connolly
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Remarques :
* C’est la première fois que Spencer Tracy joue dans une comédie.
* Une fine mouche est l’un des derniers films de Jean Harlow qui mourra l’année suivante à l’âge de 26 ans (d’une néphrite aiguë). Elle fut enterrée dans l’une des robes qu’elle porte dans ce film.

8 octobre 2011

Double assassinat dans la rue Morgue (1932) de Robert Florey

Titre original : « Murders in the Rue Morgue »

Double assassinat dans la rue MorgueA Paris, en 1845, le Docteur Mirakle exhibe un gorille au comportement humain dans une baraque de foire. Pour prouver la parenté de l’homme et du gorille, il mène en secret des expériences où il injecte du sang de gorille dans les veines de jeunes femmes… Double assassinat dans la rue Morgue est librement inspiré d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe. Robert Florey et Bela Lugosi ont tous deux été écartés du tournage de Frankenstein et Universal leur donne cette adaptation en guise de consolation. Les décors sont quelque peu inspirés de l’expressionnisme allemand, ils évoquent des films comme Le Cabinet du Docteur Caligari, il faut certainement y voir la patte de Karl Freund, directeur de la photographie. Il faut aussi noter une belle scène de balançoire et une scène finale du gorille sur les toits qui préfigure King Kong. La mise en scène est en revanche un peu terne, assez abrupte aussi. Bela Lugosi est particulièrement convaincant dans son rôle de savant démoniaque. Double assassinat dans la rue Morgue  n’est pas dénué de charmes mais il semble loin des autres films fantastiques de ce début des années trente.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sidney Fox, Bela Lugosi, Leon Ames, Bert Roach, Arlene Francis
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Remarques :
* Signalons la présence d’un jeune dialoguiste : John Huston. Il écrit dans ses mémoires : « Mon souci était de faire passer dans les dialogues l’étrange poésie de Poe mais le metteur en scène estima que mon texte était trop littéraire. Avec son assistant, il le réécrivit entièrement au fur et à mesure du tournage. Il en résulte un curieux mélange : un langage moderne dans une ambiance du XIXe siècle ».

* Autre erreur du réalisateur : Si les plans lointains du gorille sont assez réussis en utilisant un acteur déguisé, le metteur en scène a cru bon d’insérer des très gros plans d’un animal véritable. Seulement, au lieu de prendre un gorille, Robert Florey a utilisé un gentil petit chimpanzé qui ne provoque pas vraiment une grande émotion chez le spectateur !

Autres adaptations de cette nouvelle de Poe :
Le fantôme de la Rue Morgue (Phantom of the Rue Morgue) de Roy Del Ruth (1954) avec Karl Malden
Murders in the Rue Morgue de Gordon Hessler (1971) avec Jason Robards

7 octobre 2011

Annie du Klondike (1936) de Raoul Walsh

Titre original : « Klondike Annie »

Annie du KlondikeRose Carlton, chanteuse de cabaret, s’enfuit sur un cargo après avoir poignardé son protecteur qui la retenait prisonnière. Sur le bateau, elle rencontre une missionnaire de l’Armée du Salut qui décède peu après. Recherchée par la police, Rose prend la place de la missionnaire et arrive ainsi au Klondike… Le scénario de Annie du Klondike est assez surprenant. C’est Mae West elle-même qui l’a écrit d’après sa pièce  Frisco Kate écrite en 1921. Il est surprenant car il est étonnamment sage bien que, comme on s’en doute, Mae West sera une missionnaire assez inhabituelle. L’actrice s’amuse avec son image. Il n’était toutefois pas encore assez sage pour la censure qui imposa des coupes (1) ; Mae West était la bête noire de la censure avec ses attitudes provocantes, son déhanchement si particulier et ses jeux de mots souvent très connotés sexuellement (2). Annie du Klondike est une amusante comédie, calme et plutôt bien équilibrée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mae West, Victor McLaglen, Phillip Reed, Helen Jerome Eddy
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Remarques :
(1) La censure fit enlever la scène où Mae West se bat avec son protecteur chinois : alors qu’il tente de la poignarder car elle cherche à s’enfuir, c’est elle qui le poignarde un peu accidentellement avec sa fameuse dague. Cette scène fait cruellement défaut car la transition est abrupte. La censure fit également enlever la scène où Mae West habille en prostituée la missionnaire décédée pour leurrer la police. 8 minutes sont ainsi perdues.

(2) « Give a man a free hand and he’ll try to put it all over you » (jeu de mot sur le double sens de free hand = « laissez un peu de liberté à un homme et il essayera de vous mettre la main partout » ou « laissez un homme avoir une main libre et il essayera de vous la mettre partout ».)
Autres bonnes réparties :
(parlant des hommes) Between two evils, I always pick the one I never tried before.
(à son partenaire) You ain’t no oil painting but you’re a fascinating monster.

Chansons interprétées par Mae West :
* I’m an occidental woman in an oriental mood for love
* Mister Deep Blue Sea.

5 octobre 2011

Le cambrioleur (1957) de Paul Wendkos

Titre original : « The burglar »

Le cambrioleurUn cambrioleur parvient avec ses complices à subtiliser un collier de grande valeur. Malheureusement pour lui, il a été vu par deux policiers en patrouille. Le cambrioleur préfère donc se cacher et d’attendre avant de revendre le collier mais ses complices sont plus impatients… Le cambrioleur est un film noir adapté d’un roman de David Goodis qui en a écrit lui-même l’adaptation. C’est le premier long métrage de Paul Wendkos. Grand admirateur d’Orson Welles, il en reprend l’audace : très inventif dans ses plans de caméra, parfois jusqu’à l’excès mais le plus souvent de façon fort réussie, il étonna la critique et même Columbia qui le prit sous contrat. Il fignola lui-même le montage, ce qui lui prit une année ; le résultat montre une certaine perfection. Le scénario, en revanche, est assez faible, l’histoire tournant rapidement en rond. A noter la belle interprétation de Dan Duryea et même de la jeune Jayne Mansfield : un personnage assez éloigné des rôles de plantureuse idiote dans lesquels elle sera ensuite cantonnée. Le cambrioleur reste assez peu connu, il est pourtant très inventif et original dans sa forme. Les films suivants de Paul Wendkos ne furent pas hélas au niveau de cet étonnant premier essai.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dan Duryea, Jayne Mansfield, Martha Vickers, Peter Capell, Mickey Shaughnessy
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Remake :
Le Casse d’Henri Verneuil (1971) avec Jean-Paul Belmondo.

4 octobre 2011

Boulevard de la mort (2007) de Quentin Tarantino

Titre original : « Death proof »

Boulevard de la mortA deux périodes différentes, un même cascadeur psychopathe attaque un groupe jeunes filles parties faire la bringue… Boulevard de la mort est composé de deux histoires similaires, normalement séparées par quatorze mois, nous dit-on. Seulement Quentin Tarantino se plaît à brouiller les repères : la première est plutôt placée dans les années soixante dix mais comporte des objets ou références actuelles (téléphone portable, mention des images de synthèse, etc.), la seconde histoire est située au temps présent. Comme tous les films de Tarantino, Boulevard de la mort est très bavard, on assiste à de longues discussions assez futiles et émaillées d’un langage assez cru. Il parvient néanmoins à rendre ses personnages assez attachants. Le clou du film est une poursuite automobile assez échevelée et haletante. Quentin Tarantino rend hommage aux films d’actions des années soixante et soixante dix, les références et inspirations sont nombreuses (1). Il s’amuse à ajouter du grain, des rayures, des sautes d’images pour rappeler les conditions de visionnage de l’époque, les copies diffusées étant souvent usées jusqu’à la corde. Beaucoup moins violent et moins racoleur que ses autres films, Boulevard de la mort est assez… euphorisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kurt Russell, Zoe Bell, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito, Sydney Tamiia Poitier, Tracie Thoms, Rose McGowan, Jordan Ladd, Mary Elizabeth Winstead
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Remarques :
Initialement, Boulevard de la mort était conçu pour sortir avec le film de Robert Rodriguez Planet Terror, les deux films étant séparés par de fausses bandes-annonces ; l’ensemble était nommé Grindhouse. Devant le peu de succès aux Etats-Unis, les producteurs ont décidé de sortir les films séparément dans les pays non anglophones. Tarantino a alors remonté son film pour passer de 87 minutes à 114 minutes.

(1) Les inspirations les plus évidentes sont Faster, Pussycat! Kill! Kill! De Russ Meyer (1966) et Vanishing Point (Point Limite Zéro) de Richard C. Sarafian (1971).

2 octobre 2011

Folie douce (1941) de Jack Conway

Titre original : « Love Crazy »

Folie douceAlors que Steve et Susan Ireland se font une joie de fêter leur quatrième anniversaire de mariage, un enchaînement de circonstances va les plonger dans une situation inextricable… Love Crazy est une screwball comedy assez loufoque. Le scénario est assez remarquable dans le sens où, autant les évènements paraissent peu crédibles, autant le rythme de l’histoire nous fait tout accepter sans broncher et avec même un plaisir certain. Rarement, une histoire n’a été aussi alambiquée et surprenante, versant souvent dans le nonsense. Elle conduira même à montrer William Powell jouer en femme (et, chose très rare, sans moustache) dans une scène assez hilarante. Le couple Myrna Loy / William Powell, n’est certes pas nouveau à l’écran, mais il est ici admirablement utilisé. Jack Conway, réalisateur à la longue filmographie qui passe pour avoir été un exécutant, fait une ici réalisation nette et efficace. Love Crazy est un vrai petit plaisir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Gail Patrick, Jack Carson, Florence Bates
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26 septembre 2011

Qu’est-il arrivé à Baby Jane? (1962) de Robert Aldrich

Titre original : « What ever happened to Baby Jane? »

Qu'est-il arrivé à Baby Jane?Blanche Hudson et Baby Jane Hudson sont deux sœurs ennemies, ex-stars du cinéma et du music hall. Elles vivent recluses dans une maison de Los Angeles. Blanche est paralysée à la suite d’un accident où sa sœur a tenté de la tuer…
Qu’est-il arrivé à Baby Jane? a quelque peu surpris à sa sortie. Plusieurs critiques paraphrasèrent le titre en écrivant « Qu’est-il arrivé à Robert Aldrich ? ». Cette histoire macabre de rivalité féroce a effectivement des côtés grand-guignolesques et va très loin dans la caricature monstrueuse. Hollywood fabrique des monstres…(1) Aldrich eut la bonne idée de choisir deux actrices qui se vouaient déjà une haine féroce et cela se sent à l’écran (2). Les deux actrices n’hésitent pas à jouer avec leur image et leur âge, c’est surtout vrai pour Bette Davis qui est visuellement monstrueuse. L’actrice réalise un véritable tour de force d’interprétation. Le film est aussi célèbre pour son retournement final, les trois dernières minutes obligent le spectateur à se repasser mentalement tout le film pour le voir d’un nouvel œil, c’est alors que l’on réalise que le regard d’Aldrich sur ses personnages est bien plus subtil qu’il nous semblait. Malgré certaines critiques réservées, le succès fut immense. Qu’est-il arrivé à Baby Jane? a d’ailleurs inauguré une vague de films que l’on pourrait appeler psycho-angoissants. Aldrich lui-même tournera deux ans plus tard Chut, Chut Chère Charlotte sur une trame similaire avec, à nouveau, deux sœurs rivales et, à nouveau, Bette Davis (mais pas Joan Crawford qui se fera porter malade dès le premier jour de tournage).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Joan Crawford, Victor Buono, Maidie Norman
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(1) Sur ce point, le film fait penser à Sunset Boulevard de Billy Wilder.
(2) Joan Crawford dut être soignée après la scène où Bette Davis lui donne des coups car l’actrice tapait réellement! On raconte aussi que Joan Crawford avait placé de lourds poids dans ses poches pour la scène où Bette Davis la traîne sur le sol. Conséquence : Bette Davis eut un terrible mal de dos.

Remarques :
* L’actrice qui interprète la jeune fille de la voisine n’est autre que Barbara Merrill, la fille de Bette Davis.
* Robert Aldrich a tourné la scène finale, sur la plage, exactement au même endroit que la scène finale de son Kiss me Deadly. La maison que l’on voit en arrière plan lors du dialogue entre les deux sœurs est la maison où la fameuse boîte est ouverte.
* Le « mauvais film » visionné par le producteur mécontent est composé d’extraits de Parachute Jumper (1933) d’Alfred Green avec Bette Davis et Douglas Fairbanks Jr. et de Ex-Lady (1933) de Robert Florey avec Bette Davis et Gene Raymond.
Le film regardé à la télévision par la voisine est Sadie McKee (1934) de Clarence Brown avec Joan Crawford, Gene Raymond et Franchot Tone.