22 septembre 2011

From the manger to the cross (1912) de Sidney Olcott

From the manger to the cross Très méconnu, Sydney Olcott est un réalisateur d’origine canadienne qui fait partie des tous premiers réalisateurs outre-Atlantique. From the Manger to the Cross (= De la crèche à la croix) est son film le plus marquant. Il reconstitue l’histoire du Christ, de Bethléem au Golgotha. Il est remarquable pour au moins deux raisons : durant un peu plus de 70 minutes, il s’agit de l’un des tous premiers longs métrages américains (1) et le film a été tourné entièrement sur les lieux mêmes, pratique totalement inédite à l’époque. Sydney Olcott s’est en effet rendu en Palestine avec une petite équipe (une traversée de plusieurs semaines) et a utilisé de nombreux figurants sur place (2)(3). From the Manger to the Cross Dans sa forme, le film est plutôt moins novateur : il est organisé en tableaux, scènes où la caméra est fixe (4) et dont le contenu est le plus souvent annoncé par un intertitre composé d’une citation de la Bible. Citer la Bible permettait d’ajouter du crédit au film (5). Les liaisons entre les tableaux sont rares. En 1912, cette forme de cinéma était sur le point de disparaître. Le point fort du film est donc l’authenticité des lieux et le soin porté aux reconstitutions ; c’est certainement pour ces raisons que le succès à l’époque fut immense. (film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Henderson-Bland, Gene Gauntier
Voir la fiche du film et la filmographie de Sidney Olcott sur le site IMDB.

Remarques :
* Certains tableaux sont très fortement inspirés de la Bible Tissot, série de 365 gouaches du peintre nantais James Tissot (1836-1902).
>> Voir la Bible Tissot sur le site de la B.N.F.
* Dans certaines versions, des scènes ont été ajoutées après la fin initiale (la mort du Christ sur la croix) pour montrer la résurrection. Ces images proviendraient d’un film italien datant de 1916 : « Christus » de Giulio Antamoro.

(1) D’après nos connaissances actuelles, le premier long métrage de l’histoire du cinéma serait La défense de Sébastopol du russe Vasili Goncharov (1911, 6 bobines, 100 mn).

(2) Si la vie du Christ a été portée à l’écran de très nombreuses fois (environ 70 fois), le film de Sydney Olcott est le seul à avoir été tourné en Palestine.

Première Passion (3) Le tournage de From the Manger to the Cross est raconté dans un merveilleux documentaire de Philippe Baron « Première Passion » (55 minutes). Le parcours de l’équipe de tournage est reconstitué et les lieux de tournage sont retrouvés. Un remarquable (et passionnant!) travail de recherche.

(4) On notera cependant deux panoramiques : un pour élargir le champ dans une scène avec de nombreux figurants, un autre pour suivre Judas marchant le long d’un mur.

(5) Il ne faut oublier qu’en 1912, le cinéma était encore une attraction foraine et populaire. Il était donc délicat de traiter un sujet plus sérieux et ô combien sacralisé. Avant la sortie, la Kalem Company organisa des projections privées aux membres du clergé qui trouvèrent le film approprié. Ainsi la publicité faite autour film put ensuite mentionner : « approuvé par les représentants de l’Eglise ».

>> Voir aussi un site dédié au réalisateur : Sydney Olcott, le premier oeil

21 septembre 2011

La femme aux cigarettes (1948) de Jean Negulesco

Titre original : « Road House »

La femme aux cigarettesLily est embauchée comme chanteuse par le propriétaire du bar-bowling d’une petite ville, contre l’avis du gérant. Lily est une femme affranchie qui sait tenir tête aux deux hommes qui sont attirés par son caractère indépendant et par son charme… A partir d’un scénario précédemment refusé par trois réalisateurs et à la demande de Darryl F. Zanuck de faire un film simple avec de l’action et du charme, Jean Negulesco a réalisé un fort beau film, reposant sur une atmosphère tendue et des rapports entre les personnages qui ne demandent qu’à exploser. Les trois rôles principaux sont remarquablement tenus avec une mention spéciale à Ida Lupino qui montre beaucoup de présence et de charme (1) et à Richard Widmark, qui reprend brillamment le type de rôle un peu pervers qui l’avait fait remarquer l’année précédente dans son premier film (2). Pas assez connu, La femme aux cigarettes est un beau film noir qui mérite d’être découvert.

4 étoiles

Acteurs: Ida Lupino, Cornel Wilde, Richard Widmark, Celeste Holm
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Negulesco sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jean Negulesco chroniqués sur ce blog…

(1) Ida Lupino interprète elle-même ses chansons, notamment le très beau « One for my Baby (and one more for the road) » et le non moins beau « Again ».
(2) Le Carrefour de la Mort (Kiss of death, 1947) d’henry Hathaway avec Victor Mature et Brian Donlevy. Richard Widmark est là dans son premier rôle à l’écran.

Homonyme :
Road House (Bar routier, 1989) de Rowdy Herrington avec Patrick Swayze.

 

18 septembre 2011

La charge victorieuse (1951) de John Huston

Titre original : « The red badge of courage »

La charge victorieusePendant la Guerre de Sécession, un jeune soldat fuit son premier champ de bataille. Après une errance dans les bois, il rejoint sa compagnie. Quand il faudra repartir à l’attaque, il trouvera le courage de combattre… La charge victorieuse est l’adaptation d’un roman de Stephen Crane, jeune auteur très talentueux (1). Il ne faut surtout pas se limiter à une lecture militariste (ou même antimilitariste), le propos est plus de montrer la réalité psychologique d’un champ de bataille et les mécanismes de la peur. Le film eut une histoire mouvementée. Dès l’écriture du scénario, le film fut l’objet de vives tensions à la tête de la MGM (2). A la fin du tournage, John Huston s’est détaché du film pour aller préparer le tournage d’African Queen. Dépité par les réactions de rejet des publics-test, il laissa ses producteurs faire de larges coupes et ajouter une voix off. Au final, le film fut en bonne partie défiguré et ne durait plus que 69 minutes, une durée trop courte pour une bonne exploitation commerciale (3). Ce n’est qu’avec le temps que La charge victorieuse fut reconnu comme un film d’importance. Bien qu’il paraisse assez décousu, le film brille par la profondeur de son étude psychologique par son réalisme, les scènes de bataille font penser à Griffith (4). L’image est assez belle, avec des côtés bucoliques qui tranchent avec la dureté des combats. Assez paradoxalement, John Huston avait choisi comme interprète principal, Audie Murphy, l’homme qui était connu pour être le soldat le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Audie Murphy, Bill Mauldin, Douglas Dick, Royal Dano
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Huston chroniqués sur ce blog…

Remarques :
(1) Stephen Crane est né juste après la Guerre de Sécession et n’avait pas l’expérience directe d’un champ de bataille. Néanmoins, son livre a été jugé très réaliste. Il s’est appuyé sur des interviews et des récits de vétérans.
(2) Louis B. Mayer était opposé à l’idée d’adapter le roman de Stephen Crane, persuadé que ce serait un échec commercial. Dore Schary, alors vice-président chargé de la production, était au contraire partisan de tourner le film. Il alla trouver Nicholas Schenck (président de Loew’s Inc.), homme discret qui avait tous les pouvoirs, et obtint son soutien. Le film fut donc mis en chantier. Mis ainsi sur la touche, Louis B. Mayer en profita pour quitter le studio et prendre sa retraite.
(3) Toute l’histoire de la production de ce film a été l’objet d’un livre de la journaliste du New Yorker Lillian Ross : « Picture : A story about Hollywood ». La version complète du film, tel que Huston le voyait, est hélas perdue. Cette version aurait probablement montré un grand film.
(4) Les scènes de bataille furent d’ailleurs tournées à San Fernado Valley, près d’Hollywood, là où D.W. Griffith avait filmé les batailles de Naissance d’une Nation. Le film de John Huston fait également penser à certains courts-métrages de Griffith.

15 septembre 2011

Les aventures du capitaine Wyatt (1951) de Raoul Walsh

Titre original : « Distant Drums »

Les aventures du capitaine WyattPendant la guerre contre les indiens Séminoles en Floride en 1840, une petite troupe de soldats menée par le capitaine Wyatt est envoyée détruire un fort contrôlé par les indiens. Après avoir réussi, ils sont poursuivis par un groupe de Séminoles dans les marais tropicaux des Everglades… Raoul Walsh utilise une trame très proche de son film Aventures en Birmanie (Objective, Burma !), grand classique qu’il a tourné six ans plus tôt. Le thème de la troupe de soldats poursuivie en terrain hostile par un ennemi est donc transposé d’Asie en Floride. Certes, l’histoire en elle-même est plutôt sans originalité mais Raoul Walsh utilise merveilleusement le décor des Everglades ; il réalise aussi de belles scènes nocturnes lors de l’attaque du fort espagnol et même une belle scène sous-marine. Son héros, interprété avec laconisme par Gary Cooper, est intéressant, personnage assez complexe qui est à la fois en marge de l’armée tout en y étant intégré. Les aventures du capitaine Wyatt est un film assez épuré et droit, sans fioritures ni égarement, très beau à l’oeil.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Mari Aldon, Richard Webb, Arthur Hunnicutt
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

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Remarque :
Séminoles est un terme désignant plusieurs tribus indiennes vivant en Floride au XIXe siècle. Après le rachat par les Etats-Unis de la Floride aux espagnols, un traité fut signé avec les indiens leur attribuant une réserve au centre de l’Etat. Peu après, en 1830, le président Andrew Jackson vit voter l’Indian Removal Act, une loi qui prévoyait de déporter tous les indiens à l’ouest du Mississippi. Les Séminoles refusèrent et ce fut le début d’une guerre de type guérilla qui dura 7 ans, la Guerre de Floride (ou Seconde Guerre séminole). Au terme de ce conflit, les indiens obtinrent un nouveau territoire au sud de l’Etat, droit qui leur sera contesté quelque dix ans plus tard. Ce sera la Troisième Guerre séminole qui aura pour résultat la déportation de la majorité des indiens Séminoles plus de  1 000 kms à l’ouest.

11 septembre 2011

Le petit lord Fauntleroy (1921) de Alfred E. Green et Jack Pickford

Titre original : « Little Lord Fauntleroy »

Little Lord FauntleroyUnique héritier d’un comte, le jeune Cedric doit se rendre avec sa mère en Angleterre. Il y fait connaissance de son grand-père. Une nouvelle vie commence… Le petit lord Fauntleroy est un livre pour enfants écrit par l’anglaise Frances Hodgson Burnett. On ne sera donc pas surpris de trouver l’histoire plutôt gentillette et pavée de bonnes intentions. Le jeu de Mary Pickford est, comme toujours, assez exubérant et expressif ce qui a pour effet d’amplifier les aspects très conventionnels du film. Cependant, cette version est assez remarquable car Mary Pickford y interprète deux rôles : celui de la mère et celui du jeune fils de 10 ans Little Lord Fauntleroy (rappelons que l’actrice avait alors 29 ans). Les scènes où les deux personnages sont à l’écran sont assez nombreuses et il a fallu beaucoup d’expertise au caméraman Charles Rosher pour les réaliser (1). De plus, il y a une nette différence de taille entre la mère et le fils (2) qui rend l’ensemble parfaitement crédible. Malgré une histoire plutôt mièvre, Le petit lord Fauntleroy est finalement assez étonnant. (film muet)
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Claude Gillingwater, Joseph J. Dowling, James A. Marcus
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred E. Green sur le site IMDB.

Remarque :
Jack Pickford est le frère de Mary Pickford. L’actrice l’a fait employer pour lui rendre service mais il n’avait aucune expérience de la réalisation. On peut considérer qu’Alfred Green est donc le seul réalisateur.

Little Lord Fauntleroy (1) Nous sommes en 1921 et il n’est bien entendu pas question d’incrustation. La seule technique possible était alors la double exposition : on filme avec un cache sur une partie de l’image. On rembobine, on place le cache de l’autre côté et on filme une seconde fois. En pratique, cela demandait beaucoup de minutie.
De plus, dans l’une des scènes au début du film, le fils embrasse sa mère, son visage passant alors légèrement derrière celui de sa mère endormie. Le cache devait donc épouser parfaitement le profil du visage maternel pour que ce soit parfait. Il a fallu 15 heures pour tourner ces quelques secondes.

Little Lord Fauntleroy (2) Se grandir pour jouer la mère était facile mais pour jouer l’enfant, Mary Pickford devait paraître plus petite qu’elle n’est. L’actrice est certes réputée pour sa petite taille (1m54) mais c’est encore beaucoup trop pour jouer un enfant qui semble mesurer 1m20. Le réalisateur a donc certainement joué avec les perspectives pour créer l’illusion. Il y a tout de même une scène étonnante où le vieux comte s’appuie sur l’épaule de l’enfant pour marcher, scène plutôt délicate à réaliser.

Autres adaptations au cinéma de ce livre pour enfants :
Le petit Lord Fauntleroy (Little Lord Fauntleroy) de John Cromwell (1936) avec Freddie Bartholomew et C. Aubrey Smith
Le petit Lord Fauntleroy (Little Lord Fauntleroy) de Jack Gold (1980) avec Rick Schroder et Alec Guinness

9 septembre 2011

L’ennemi public n° 1 (1934) de W.S. Van Dyke

Titre original : « Manhattan Melodrama »

L'ennemi public n° 1Le destin de deux amis d’enfance, tous deux orphelins : le premier devient procureur tandis que l’autre est un petit gangster vivant du jeu… Manhattan Melodrama est surtout célèbre pour avoir été le film que Dillinger est allé voir avant d’être abattu par la police à la sortie du cinéma. En France (et dans plusieurs pays européens), le titre fut alors changé de Un drame à Manhattan en L’ennemi public n°1. C’est pourtant bien un mélodrame, bien plus qu’une biographie de gangster. Le scénario a beau être écrit par le jeune Mankiewicz, il reste très conventionnel et sans surprise. L’interprétation est l’attrait principal du film : Clark Gable est un gangster plein de charme et de séduction, William Powell voit sa (déjà longue) Un drame à Manhattan carrière d’acteur rebondir, Manhattan Melodrama est le premier film où il apparaît en tandem avec Myrna Loy, ici particulièrement séduisante. A noter aussi la présence du très jeune Mickey Rooney qui interprète l’un des deux gamins au début de l’histoire. Le film fut un grand succès à l’époque… au point de réussir à faire sortir un véritable ennemi public n°1 de sa cachette.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clark Gable, William Powell, Myrna Loy, Leo Carrillo, Nat Pendleton, Mickey Rooney
Voir la fiche du film et la filmographie de W.S. Van Dyke sur le site IMDB.
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Remarques :
* La M.G.M. aurait demandé à George Cukor de tourner quelques scènes additionnelles après montage, alors que W.S. Van Dyke était déjà occupé à réaliser son film suivant, The Thin Man.
* L’accident du General Slucum montré au début du film est un évènement authentique. Ce bateau qui remontait l’East River pour amener ses passagers à un pique-nique paroissial prit feu et sombra le 15 juin 1904 devant Manhattan, faisant plus de 1000 morts. En nombre de morts, c’est ainsi la plus grande tragédie de la ville de New York après celle du 11 septembre 2001.
* La chanson The bad in every man chantée dans le club par Shirley Ross a été légèrement réécrite peu après pour devenir Blue Moon, célèbre standard repris d’innombrables fois notamment par Django Reinhardt, Billie Holiday, Elvis Presley, Bob Dylan, Rod Stewart et Eric Clapton.

** Ne pas confondre ce film avec L’Ennemi public (The public enemy) de William A. Wellman (1931) avec James Cagney, Jean Harlow.
** Public enemies (2009) de Michael Mann, film qui retrace la vie de Dillinger, comporte quelques scènes de Manhattan Melodrama.

8 septembre 2011

La fille sur la balançoire (1955) de Richard Fleischer

Titre original : « The girl in the red velvet swing »

La fille sur la balançoireStanford White, un architecte connu, marié et presque cinquantenaire, s’éprend une très jolie danseuse de Broadway âgée de 16 ans. Harry Thaw, un jeune millionnaire au caractère très instable, en est également amoureux… La fille sur la balançoire est inspiré d’un fait divers qui a ému l’Amérique de 1906. Les scénaristes n’ont pu coller totalement à la réalité par crainte de la censure et l’histoire est, il faut bien l’avouer, un peu plate. Tous les détails révélés lors du procès sur le petit nid d’amour secret ont sagement été gommés. L’interprétation, retenue et parfois même terne, ne montre guère de flamboyance ; elle est surtout marquée par la noble rigidité de Ray Milland qui fait une belle prestation. La jeune actrice anglaise, Joan Collins, montre surtout la beauté de son visage. Richard Fleischer s’est plus attaché à fournir une belle reconstitution de l’ambiance mondaine du début de siècle, utilisant avec beaucoup de style et de minutie le (nouveau) format Cinémascope et c’est là le point fort du film qui reste assez plaisant à visionner. Le réalisateur souligne également comment les différences sociales sont bien l’un des moteurs du drame.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ray Milland, Joan Collins, Farley Granger, Glenda Farrell
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Remarques :
La véritable Evelyn Nesbit, alors âgée de 65 ans, aurait été consultée pour l’écriture du scénario.

Autre adaptations de l’affaire Thaw-Stanford White :
Ragtime de Milos Forman (1981) (l’affaire n’est pas le sujet principal mais elle est largement évoquée)
La fille coupée en deux de Claude Chabrol (2007), l’affaire étant transposée à la période actuelle.

22 août 2011

Sa femme et sa secrétaire (1936) de Clarence Brown

Titre original : « Wife vs. Secretary »

Sa femme et sa secrétaireLa femme d’un séduisant patron de presse devient peu à peu suspicieuse et jalouse de la secrétaire de son mari… L’histoire est particulièrement simple et cette comédie de Clarence Brown serait parfaitement insignifiante sans le charme de ses trois interprètes principaux. La MGM réunit ici trois de ses plus grosses vedettes et ne prend aucun risque : chacun est dans son rôle de prédilection. Clark Gable est l’homme idéal que toute femme voudrait avoir pour mari : attentionné, moderne, brillant et aisé. Myrna Loy est l’épouse idéale, sage et amoureuse. Jean Harlow représente la tentation, séduisante jeune femme au grand cœur. L’ensemble est très sage, aucune connotation sexuelle à l’horizon (on pourra d’ailleurs noter que Jean Harlow est un peu moins blonde que d’habitude), la cible est visiblement ‘tous publics’. Le film était à l’époque fortement connoté de modernisme : les métiers de l’édition Sa femme et sa secrétaire et de la publicité étaient alors les plus modernes et les plus enviables qui soient, d’ailleurs Clark Gable semble toujours s’amuser. Le film reflète aussi un sujet alors très actuel, le dilemme pour une femme entre carrière professionnelle et vie sentimentale. A noter la présence de James Stewart dans un petit rôle ; c’est son 4e film. Sa femme et sa secrétaire a beau être un produit très calibré, il n’en reste pas moins plaisant. Mais il n’est guère plus que cela…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Jean Harlow, Myrna Loy, May Robson, James Stewart
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21 août 2011

Shutter Island (2010) de Martin Scorsese

Shutter IslandEn 1954, un officier de police fédéral arrive sur l’île de Shutter Island proche de Boston, un asile psychiatrique pénitencier où sont enfermés de dangereux criminels. Il doit enquêter sur une évasion bien mystérieuse… Shutter Island est adapté d’un best-seller de Dennis Lehane sur les traitements psychiatriques opérés sur les criminels dans les années cinquante et sur la paranoïa. L’intrigue est particulièrement bien mise en place, réservant des surprises de taille. Nous sommes constamment déstabilisés, d’abord par certaines images, par le parallèle avec les expériences humaines menées par les nazis, puis par le renversement de nos certitudes. Nous avons l’impression de perdre pied face au labyrinthe mental qui se dévoile peu à peu. La tension est permanente, amplifiée par les images parfaitement maitrisées de Scorsese. Le réalisateur emploie une fois de plus son acteur fétiche, DiCaprio, qui fait ici une très belle prestation, riche et complexe. Shutter Island est un film puissant, assez angoissant mais terriblement prenant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Emily Mortimer, Patricia Clarkson, Max von Sydow
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17 août 2011

Frigo l’esquimau (1922) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The Frozen North »

Frigo l'esquimauDans le Grand Nord, un homme sans scrupule tente de cambrioler un saloon et se comporte avec les femmes avec une certaine brutalité… Dans Frigo l’esquimau (The Frozen North), Buster Keaton se moque de William S. Hart, acteur célèbre de l’époque qui interprétait dans tous ses films un cowboy jouant au dur (1). Il y a beaucoup de belles trouvailles de gags, de nombreux détournements d’objets. L’ensemble est très inventif. Quelques éléments ont probablement inspiré Chaplin pour sa Ruée vers l’Or. L’enchainement des scènes est parfois surprenant mais nous en avons l’explication à la toute fin. On remarquera les petits clins d’œil à Theda Bara et à Erich von Stroheim (Folies de femmes venait de sortir).
(Court métrage de 17 minutes.)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Joe Roberts, Sybil Seely
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(1) William S. Hart avait publiquement condamné Fatty Arbuckle, ancien partenaire et ami de Buster Keaton, dans l’affaire qui mit fin à sa carrière (une jeune fille avait été retrouvée morte chez Fatty dans une de ses soirées débridées). Keaton avait donc de bonnes raisons de vouloir se moquer de lui.

Remarque :
Il est probable que la version de 17 minutes qui est parvenue jusqu’à nous soit une version incomplète. Il manquerait 3 minutes.