24 mars 2013

Pour le pire et pour le meilleur (1997) de James L. Brooks

Titre original : « As Good as It Gets »

Pour le pire et pour le meilleurMelvin est un écrivain new yorkais, solitaire, souffrant de troubles obsessionnels compulsifs. Sa vie va être bouleversée par son voisin, un artiste homosexuel, et par la serveuse du restaurant où il a ses habitudes… Pour le pire et pour le meilleur est surtout un film d’acteur : Jack Nicholson y est magnifique, toujours proche du cabotinage mais sans jamais franchir la ligne jaune. Il crée ainsi un personnage totalement hors du commun, à la limite de l’asociabilité, difficile à cerner. C’est du grand art et quand les dialogues sont à la hauteur, comme c’est le cas dans la première moitié du film, le résultat est un régal. Face à lui, Helen Hunt est assez remarquable, parvenant par moment à faire jeu égal avec Nicholson. Hélas, comme c’est souvent le cas avec les films qui reposent sur des numéros d’acteurs, il est difficile de tenir la longueur : la première heure passée, le film s’enlise dans le conventionnel, devient très long et même ennuyeux.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Helen Hunt, Greg Kinnear, Cuba Gooding Jr, Skeet Ulrich, Shirley Knight
Voir la fiche du film et la filmographie de James L. Brooks sur le site IMDB.

Remarque :
Jack Nicholson et Helen Hunt ont reçu tous deux un Oscar pour leur rôle dans As Good as It Gets.

23 mars 2013

Quel phénomène! (1929) de Clyde Bruckman

Titre original : « Welcome Danger »

Quel phénomène!Harold Bledsoe, étudiant en botanique, est appelé à San Francisco, où son défunt père était chef de la police, pour combattre le commerce de l’opium dans le quartier chinois. En chemin, il fait la connaissance d’une jeune femme, Billie… Après Speedy, Harold Lloyd entreprit de tourner un film se déroulant dans les bas-fonds de Chinatown intitulé « The Butterfly Catcher ». Le film était beaucoup trop long (16 bobines) et c’est pendant qu’il travaillait à le raccourcir qu’il assista à une séance de cinéma parlant. Il décida aussitôt de transformer son film muet en film parlant, retournant une bonne partie des scènes ce qui lui coûta au final une petite fortune. Welcome Danger Le résultat est assez particulier, Welcome Danger est un film de transition : il a le rythme global d’un film muet, beaucoup de ses scènes reposent sur des gags assez visuels mais il y a aussi des dialogues, qui sont parfois assez plaqués (1), beaucoup de bruitages et des gags sonores (il y a même une scène uniquement sonore puisqu’elle se déroule dans le noir). Malgré quelques longueurs, l’ensemble est réussi car l’humour est toujours là, avec de bonnes trouvailles qui témoignent de l’inventivité d’Harold Lloyd. Welcome Danger est souvent jugé un peu sévèrement, un peu trop sans doute car, malgré ses petits défauts, il reste vraiment très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Barbara Kent, Noah Young
Voir la fiche du film et la filmographie de Clyde Bruckman sur le site IMDB.

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Remarque :
Quel phénomène! La version muette de Welcome Danger a été distribuée dans les cinémas non équipés pour le parlant et dans les pays étrangers. Cette version n’est pas parvenu jusqu’à nous dans sa totalité mais elle a pu être récemment reconstituée et beaucoup de ceux qui ont vu les deux versions disent préférer la version muette.

(1) Des dialogues ont parfois été ajoutés sur des scènes de la version muette. C’est particulièrement visiblement car le mouvement des lèvres n’est pas synchronisé avec ces dialogues.

22 mars 2013

Les Feux de la rampe (1952) de Charles Chaplin

Titre original : « Limelight »

Les feux de la rampeA Londres, en 1914, Calvero est un clown autrefois célèbre mais aujourd’hui sans contrat. Il sauve et recueille une jeune fille qui avait tenté de se suicider. Il l’aide à reprendre goût à la vie… Il est bien entendu difficile de ne pas voir dans Les Feux de la rampe le testament artistique de Chaplin. Il l’avait d’ailleurs conçu pour être son ultime réalisation (1). Chaplin avait été très affecté par l’échec de Mr Verdoux et était en outre la cible d’une campagne de dénigrement, l’Amérique étant alors en plein maccarthisme (2). L’histoire en elle-même aurait pu donner un mélodrame très classique mais Chaplin lui donne une profondeur étonnante, Les feux de la rampe exposant ses réflexions sur la vie, l’avancée en âge, le caractère éphémère et fragile du succès, le désamour du public. Il sous-tend toutefois l’ensemble d’une note positive : le passage de témoin à la jeune génération, pleine de vie et d’avenir. Il mêle le spectacle de music-hall, numéros comiques et danse, à son propos. Le final est particulièrement brillant : le numéro qu’il fait en duo avec Buster Keaton est une merveille d’humour et le dénouement est particulièrement intense. Les Feux de la rampe est un film très complet.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Claire Bloom, Nigel Bruce, Buster Keaton, Sydney Chaplin, Norman Lloyd
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Remarques :
* Chaplin situe l’action à Londres en 1914, soit exactement l’époque où il a quitté la capitale de l’Angleterre pour aller aux Etats-Unis. La boucle est en quelque sorte bouclée…
* En 1952, Buster Keaton est hélas un comique oublié. Ce n’est que quelques années plus tard, vers la fin des années cinquante,  qu’il sera vraiment redécouvert.
* Edna Purviance, qui a tourné tant de films avec Chaplin à l’époque du muet, fait partie des extras mais ce n’est pas certain qu’elle apparaisse dans le film car Chaplin avait pour habitude de lui verser systématiquement un salaire qu’elle tienne un rôle ou pas. Le site IMDB lui attribue le rôle d’une certaine Mrs Parker.
* Les enfants que l’on voit dans la toute première scène (qui disent à Calvero que la logeuse est sortie) sont les propres enfants de Chaplin : Josephine (3 ans), Michael (6 ans) et Geraldine Chaplin (8 ans).
* L’un des trois musiciens de rue est Snub Pollard, comique du cinéma muet qui a tourné notamment avec Harold Lloyd avant de tenter une carrière en solo.

(1) Chaplin réalisera encore deux autres films après Les Feux de la rampe : Un roi à New York (1957) et La Comtesse de Hong Kong (1967).
(2) La campagne de dénigrement était si importante que Chaplin décida que la première de son film se ferait à Londres. C’est en cours de traversée qu’il apprit que son visa de retour lui serait refusé (Chaplin était toujours officiellement de nationalité anglaise). C’est ainsi que les Etats-Unis ont mis l’un de leurs plus grands artistes à la porte.

21 mars 2013

Colors (1988) de Dennis Hopper

ColorsA Los Angeles, un policier expérimenté doit faire équipe avec un jeune plein de fougue. Ils patrouillent dans les quartiers infestés par de très nombreux gangs… Ce n’est pas tant la relation entre les deux policiers, qui peut paraître très classique, qui fait l’originalité de Colors mais plutôt le traitement très réaliste, du moins proche de la réalité, du quotidien des patrouilles de policiers face aux gangs. Il en découle une indéniable authenticité presque documentaire. Cela n’empêche pas les deux rôles principaux d’être merveilleux tenus, le tandem formé par Robert Duvall et Sean Penn montrant une certaine richesse et donnant de l’épaisseur à l’ensemble. Denis Hopper sait éviter tout sensationnalisme et tout sentimentalisme pour se concentrer sur son sujet. Il montre aussi beaucoup de maitrise dans les scènes d’action, avec des poursuites très prenantes. La violence est bien entendu omniprésente, paraissant aussi inutile qu’inéluctable. La musique donne une large place au rap avec également des morceaux originaux d’Herbie Hancock. Le style très réaliste de Colors a été, par la suite, largement copié par de très nombreux films et séries policières.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Penn, Robert Duvall
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19 mars 2013

Les Joies de la famille (1935) de Clyde Bruckman

Titre original : « Man on the Flying Trapeze »
Autre Titre (U.K.) : « The Memory Expert »

Les joies de la familleLa vie d’Ambrose Wolfinger n’est pas rose : mal considéré par sa femme, il doit aussi supporter une belle-mère désagréable et un beau-frère oisif. Seule sa fille (issue d’un premier mariage) lui témoigne de l’affection. Il va devoir, en outre, affronter des cambrioleurs qui se sont introduits dans sa cave. Il est plutôt apprécié dans son travail mais une fausse excuse pour aller assister à un match de catch va avoir de fâcheuses conséquences…… En 1934, W.C. Fields est au sommet de sa carrière et Man on the Flying Trapeze est un bel exemple de son grand talent de comique. Après un démarrage un peu lent, il y a un bel enchainement de situations saugrenues et de gags. Certains sont des petites merveilles d’humour comme toute la scène de la contravention, les cambrioleurs chantants, … … Le film est souvent classé parmi les meilleurs de W.C. Fields.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Mary Brian, Kathleen Howard, Walter Brennan
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Remarques :
Les joies de la familleClyde Bruckman (dont c’est ici le dernier film) étant toujours sous l’emprise de l’alcool, Man on the Flying Trapeze a été en grande partie dirigé par W.C. Fields lui-même.

On pourra remarquer que W.C. Fields a donné les deux rôles féminins les plus favorables à son personnage à deux actrices qui lui sont proches : sa fille est interprétée par Mary Brian, amie et voisine de Fields, qui avait déjà joué sa fille dans Running Wild (1927), une histoire assez proche de celle-ci. Sa secrétaire est interprétée par Carlotta Monti qui a été et sera la maitresse de W.C. Fields pendant quatorze années. Carlotta Monti a d’ailleurs  écrit un livre, W.C. Fields and Me, qui sera porté à l’écran sous ce nom en 1976 par Arthur Hiller.

18 mars 2013

L’Équipée sauvage (1953) de Laslo Benedek

Titre original : « The Wild One »
Autre titre (Belgique) : « Le gang descend sur la ville »

L'equipée sauvageUne bande de jeunes motards roule à toute allure sur les routes, perturbent une compétition de course de motos et arrivent dans une petite ville où l’un d’entre eux est renversé par un vieil homme en voiture. Ils restent sur place et la tension monte… A défaut d’être un grand film, L’Équipée sauvage est un film qui eut une grande influence sociétale. Il a établi durablement l’image du blouson noir et celle du rebelle. L’histoire est adaptée d’un roman de Frank Rooney qui est basé sur un fait réel (1). Le film oppose assez maladroitement le mal de vivre de la jeunesse à une population locale rétrograde pour ensuite développer un aspect mélodramatique trop appuyé et finir sur une note de tolérance bienveillante. C’est vraiment Marlon Brando qui donne au film toute sa force, absolument superbe dans ce personnage de rebelle, placide et déterminé, avec cette façon de laisser poindre sous la carapace une certaine fragilité. Plus qu’un personnage, Brando a créé un icone.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Mary Murphy, Robert Keith, Lee Marvin, Jay C. Flippen
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Remarques :
L'equipée sauvage* Une légende voudrait que John Lennon ait choisi le nom de son groupe d’après le nom de la bande adverse dans L’Équipée sauvage : the Beetles. Cette légende a toutefois toutes les chances d’être fausse. Le film a d’ailleurs été interdit pendant 13 ans au Royaume Uni où il n’est sorti qu’en 1967.
* En dehors de L’Équipée sauvage et de La Mort d’un commis voyageur (1951) (d’après Arthur Miller), Laslo Benedek, scénariste et monteur d’origine hongroise, n’a pas vraiment réalisé de films notables.

(1) The Cyclists Raid, court roman de Frank Rooney, est basé sur des incidents qui eurent lieu le 4 juillet 1947 à Hollister en Californie. Les festivités et les courses organisées ce jour-là attirèrent près de 4000 motards dans une petite ville qui ne comptaient guère plus d’habitants. Les quelques bars furent envahis, les motards éméchés parcourant bruyamment la ville sans qu’il y ait toutefois de réelles violences. Assez mineurs, ces incidents furent montés en épingle par la presse (locale et nationale) mais furent bien moins dramatiques que ceux du film de Laslo Benedek.

4 mars 2013

Maudite Aphrodite (1995) de Woody Allen

Titre original : « Mighty Aphrodite »

Maudite AphroditeLenny et Amanda ont adopté leur fils Max. Lorsqu’il réalise, quelques années plus tard, que son fils est particulièrement brillant, Lenny a envie de rencontrer sa vraie mère. Il se lance à sa recherche mais il est plutôt décontenancé quand il la trouve… Il est difficile de ne pas voir dans Maudite Aphrodite certaines similitudes avec la situation personnelle de Woody Allen, notamment sa récente rupture avec Mia Farrow (1). La situation est toutefois différente. La construction est originale puisque Woody Allen a pris l’option de faire commenter les évènements par un choeur de théâtre grec antique avec même des interventions directes dans les scènes de personnages comme Oedipe, Laïos, Jocaste, Tirésias et Cassandre. Cela donne un amusant caractère de fable moderne à cette histoire. Maudite Aphrodite Le personnage joué par Woody Allen est cette fois un peu différent, moins intellectuel que d’habitude (c’est un journaliste sportif), ce qui ne l’empêche pas d’avoir de superbes réparties car les dialogues sont particulièrement brillants, avec un humour assez élégant même quand il devient un peu grivois. On peut noter quelques scènes sans doute inutiles (avec le souteneur, par exemple) et le jeu d’Helena Bonham Carter est assez fade (est-ce voulu?) mais l’ensemble est réussi et très amusant. Maudite Aphrodite est généralement jugé comme plus léger que les autres films de Woody Allen. Il l’est sans doute mais ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mira Sorvino, Helena Bonham Carter, Jack Warden
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Remarques :
* Les scènes de théâtre grec ont été filmées à Taormine en Sicile.
* Maudite Aphrodite a été un beau tremplin pour Mira Sorvino qui a reçu l’Oscar du meilleur second rôle.

(1) Mia Farrow a quitté Woody Allen en 1992 après avoir découvert son attrait pour sa fille adoptive Soon-Yi Previn alors âgée de 22 ans (qu’il épousera en 1997 et qui est toujours sa femme aujourd’hui). Woody Allen aurait proposé le rôle d’Amanda à Mia Farrow… Réponse de l’agent de l’actrice : « Vous êtes cinglé ou quoi ? ».

3 mars 2013

Blade Runner (1982) de Ridley Scott

Blade RunnerDans un futur proche, un ancien chasseur de primes est rappelé pour traquer des réplicants, des androïdes très perfectionnés, qui se sont évadés des mondes extérieurs où ils sont normalement confinés… Plus que l’adaptation du roman de Philip K. Dick « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? », Ridley Scott s’est attaché à recréer une atmosphère de film noir dans un environnement ultra futuriste. Blade Runner emprunte ainsi autant à Chandler qu’à Dick, Harrison Ford personnifiant un Philip Marlowe du futur. Par rapport au livre, l’histoire paraît plus simple, même si on a pu lui prêter plus d’interprétations qu’elle n’en porte (1). La grande force du film Blade Runner est dans l’environnement futuriste créé, noir et oppressant, montrant une mégapole surpeuplée, un immense Chinatown grouillant et envahi de technologie, survolé par des vaisseaux publicitaires géants. Le côté inhumain est renforcé par l’absence de plein jour et une pluie battante omniprésente. Les décors, qui montrent une filiation avec ceux de Metropolis, ont été dessinés par Syd Mead, désigner futuriste de génie (2) ; les effets spéciaux sont créés par l’excellent Douglas Trumbull (3). L’ensemble est très crédible et nous sommes littéralement immergés dans ce monde aussi fascinant qu’anxiogène. Blade Runner est ainsi plutôt un film d’atmosphère et c’est sans doute pour cette raison que le film fut plutôt mal reçu aux Etats-Unis à sa sortie (mais mieux en Europe). Ce n’est qu’à partir de 1992 que Blade Runner sera mieux considéré et acquierera son statut de film mythique.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, M. Emmet Walsh, Daryl Hannah
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Les trois versions principales :
1) La version commerciale de 1982 avec une voix off (Harrison Ford) et une scène de fin en voiture rajoutée au dernier moment par les producteurs (il s’agit en réalité de plans non utilisés de Shining de Kubrick !)
2) La version Director’s Cut de 1992 sans voix off.
3) La version Final’s Cut de 2007 pour laquelle certaines scènes ont été tournées à nouveau par Ridley Scott.

(1) Avec la version de 1992, la question de savoir si Deckard est lui aussi un réplicant a pu ressurgir, donnant ainsi au film une tout autre dimension, questionnant sur la notion même d’humanité.
(2) Syd Mead a également dessiné le formidable univers électronique de Tron (1982), créé des décors de Star Trek (1979), 2010 (1984), Aliens 2 (1986), etc.
(3) Douglas Trumbull a également créé les effets spéciaux de 2001, l’Odyssée de l’espace (1968), Rencontres du troisième type (1977), Star Trek (1979), …

27 février 2013

Mines de rien (1940) de Edward F. Cline

Titre original : « The Bank Dick »

Mines de rienChez lui, Egbert Sousé est maltraité par tout le monde, depuis sa fillette espiègle jusqu’à sa belle-mère acariâtre. Il préfère donc passer son temps dans son bar favori. Grâce à une rencontre, il est embauché au pied levé pour remplacer un metteur en scène alcoolique. Ensuite, les apparences laissent croire qu’il a capturé deux cambrioleurs de banque. Pour le remercier, le directeur de la banque lui propose un poste de vigile… Ecrit par W.C. Fields, The Bank Dick est un excellent film, certainement l’un des meilleurs du célèbre comique américain. C’est son avant-dernier film. On peut certes trouver, comme certains critiques, qu’il manque d’unité mais il est tellement bourré de gags et de bons mots que le résultat est indéniablement une réussite. Le rythme est assez soutenu, sans aucun temps mort, les enchainements sont assez rapides. Edward Cline a dirigé de nombreux films de Buster Keaton et on sent nettement l’influence du cinéma burlesque muet dans la poursuite finale, assez échevelée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Una Merkel, Franklin Pangborn, Grady Sutton
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Remarques :
* Le personnage du metteur en scène fin saoul et donc incapable de diriger peut certainement être vu comme une allusion à Clyde Bruckman que W.C. Fields a du plus ou moins remplacer (dans Man on the flying trapeze en 1934) pour cette même raison.

* W.C. Fields a signé le scénario sous le nom de Mahatma Kane Jeeves (pour le jeu de mots, lire le commentaire ci-dessous…)

23 février 2013

Les Amants de la nuit (1948) de Nicholas Ray

Titre original : « They Live by Night »

Les amants de la nuitLe jeune Bowie vient de s’évader de prison avec deux complices. Il tombe amoureux de Keechie, la nièce de l’un deux chez qui ils se sont réfugiés. Après un cambriolage de banque, commence une cavale sans fin… Les amants de la nuit est adapté d’un roman d’Edward Anderson « Thieves like us ». C’est le premier film de Nicholas Ray qui a bénéficié d’une grande autonomie sur le tournage et a pu se livrer à quelques expérimentations. Si le film peut évidemment être classé parmi les films noirs, c’est aussi et surtout une histoire d’amour, celle de deux êtres qui ne peuvent trouver leur place dans la société (on apprend très tôt dans le film que Bowie n’a au départ rien d’un gangster et qu’il a été emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis). Ils sont condamnés à errer malgré leur très forte envie de s’établir et mener une vie normale. La grande réussite du film est dans son atmosphère, sombre, distillant une certaine claustrophobie qui nous fait partager les sentiments du jeune couple. Farley Granger et Cathy O’Donnell sont très touchants, montrant beaucoup de naïveté et de vulnérabilité. Les amants de la nuit est un très beau film, très personnel aussi. Tourné en 1947, le film est resté deux ans dans les tiroirs de la RKO. Quand il a fini par sortir, il n’a pas vraiment été bien reçu sauf en Europe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Farley Granger, Cathy O’Donnell, Howard Da Silva, Jay C. Flippen
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Remarque :
They Live by Night a été souvent rapproché d’autres films sur des couples en cavale, des rapprochements aussi superficiels qu’inutiles. Le film de Nicholas Ray est ainsi très différent de You only live once (1937) de Fitz Lang, il est encore plus différent de Gun Crazy de Joseph H. Lewis (1950). Dire qu’il préfigure Bonnie & Clyde d’Arthur Penn (1967) est une affirmation vraiment incompréhensible. Ces trois films sont toutefois de grande valeur et c’est sans doute là leur plus principal point commun avec They Live by Night !

Remake :
Nous sommes tous des voleurs (Thieves like us) de Robert Altman (1974) avec Keith Carradine et Shelley Duvall.