14 mai 2019

Nazarin (1959) de Luis Buñuel

Titre original : « Nazarín »

NazarinDans le Mexique du début du XXe siècle, le Père Nazario exerce son ministère pastoral dans un esprit très proche des valeurs évangéliques : il aide ses paroissiens très pauvres et leur donne tout ce qu’il possède. Après avoir protégé une prostituée ayant commis un meurtre, il doit fuir…
Adaptation d’un roman de l’espagnol Benito Pérez Galdós, Nazarin de Luis Buñuel a suscité beaucoup de malentendus à sa sortie. Comment un cinéaste reconnu par tous comme anticlérical pouvait-il produire un tel film sur la Foi, film qui fut à deux doigts de recevoir le Prix de l’Office catholique du cinéma ? (1) Ce fut l’incompréhension qui domina parmi ses amis et soutiens. En réalité, son film est une réflexion sur la mise en pratique de grands principes évangéliques : son prêtre est ce que l’on appellerait volontiers « un saint homme », il ne cherche qu’à faire le bien autour de lui et vit dans le dénuement le plus total. Mais son action n’est pas toujours profitable aux autres, elle est même parfois préjudiciable comme dans la scène du chantier de construction. Le cinéaste s’en prend aussi aux institutions : le « saint homme » est en effet rejeté par l’Eglise qui le défroque. Et, au final, le doute finit par le gagner. Il y a certainement d’autres lectures possibles de ce film : Alain Bergala y voit une tentative de « comprendre la circulation du mal dans le monde à travers les expériences et la conscience de son personnage » (2). Dans sa forme, le film est à l’image du propos, épuré, sans artifice avec une photographie sobre mais assez belle.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Francisco Rabal, Marga López, Rita Macedo
Voir la fiche du film et la filmographie de Luis Buñuel sur le site IMDB.

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Remarques :
* « Dieu merci, je suis encore athée ». Cette citation de Luis Buñuel figure dans tous les dictionnaires de citations mais, comme bien souvent, vouloir réduire une pensée à six mots est réducteur. En fait, ce n’est ni une pirouette ni juste un trait d’humour. Pour comprendre sa pensée, il faut mieux lire le chapitre « Athée grâce à Dieu » de ses mémoires où il aborde les questions du hasard, de l’existence de Dieu et de l’imaginaire.
En réalité, Buñuel croit fermement dans le hasard et pense que si Dieu existe vraiment, cela ne change rien pour nous : « Dieu ne s’occupe pas de nous. S’il existe, c’est comme s’il n’existait pas. Raisonnement que j’ai résumé jadis dans cette formule : Je suis athée, grâce à Dieu. Une formule qui n’est contradictoire qu’en apparence. » (Luis Buñuel, Mon dernier soupir, éditions Robert Lafon 1982, p 214)

* Le cinéaste poursuivra sa réflexion, notamment en s’attaquant aux dogmes, dans Viridiana (1961), Simon du désert (1965) et dans La Voie lactée (1969).

(1) Buñuel aurait été bien embarrassé de recevoir ce Prix de l’Office catholique. Il refusa plus tard de recevoir d’un prélat américain un diplôme d’honneur pour le film.
(2) Alain Bergala, Luis Buñuel, éditions Le Monde/Les Cahiers du cinéma 2007, p 54.

Nazarin
Marga López et Francisco Rabal dans Nazarin de Luis Buñuel.

12 mai 2019

1 homme de trop (1967) de Costa-Gavras

1 homme de tropEn 1943, un commando de résistants d’un maquis des Cévennes prend d’assaut une prison gardée par les allemands dans le but de libérer douze condamnés à mort. L’opération est une réussite mais, dans leur fuite, les maquisards réalisent qu’ils ont libéré treize prisonniers au lieu de douze. Ils se demandent s’il ne s’agirait pas d’un mouchard…
Adapté du roman homonyme et autobiographique de Jean-Pierre Chabrol, 1 homme de trop est le deuxième long métrage de Costa-Gavras. Sans avoir l’efficacité de ses réalisations ultérieures, le film est assez percutant par sa profusion de scènes d’action très réalistes sur les actions des maquisards. Costra-Gavras l’a décrit comme un « western dans le maquis ».  C’est un film sur un groupe, plus que sur des individualités, mais le réalisateur parvient à donner une certaine épaisseur à tous ses personnages. Il est aidé, il est vrai, par un beau plateau d’acteurs. Pas vraiment de contenu politique même sous-jacent, si ce n’est une réflexion sur l’absurdité de la guerre. L’ensemble est très prenant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Vanel, Bruno Cremer, Jean-Claude Brialy, Michel Piccoli, Gérard Blain, Claude Brasseur, Jacques Perrin, François Périer, Pierre Clémenti
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Remarques :
* Le producteur est le canadien Harry Saltzmann, le producteur des premiers James Bond,  car le premier film de Costa-Gavras, Compartiment tueurs, avait très bien marché aux Etats-Unis.
* Le film n’eut que peu de succès à l’époque. Le réalisateur pense aujourd’hui que le refus de s’engager du personnage joué par Piccoli a beaucoup gêné en France parce que le mythe d’une France entière soutenant la Résistance était encore très présent dans les esprits.
* Dans la réalité, l’auteur, Jean-Pierre Chabrol (aucun lien avec le cinéaste), était le treizième homme. Il était beaucoup plus jeune (19 ans) que Piccoli. Il s’est finalement engagé dans la Résistance, dans la brigade du Languedoc formée de soldats issus des maquis du sud, ce qui l’a conduit jusqu’à Berlin.

1 homme de trop
Michel Piccoli, Bruno Cremer et Jean-Claude Brialy dans 1 homme de trop de Costa-Gavras.

11 mai 2019

Sage femme (2017) de Martin Provost

Sage femmeClaire est une sage-femme qui vit seule depuis le départ de son grand fils. Un jour, elle reçoit un appel de Béatrice, l’ancienne maitresse de son père aujourd’hui disparu…
Ecrit et réalisé par Martin Provost, Sage femme met en scène deux femmes que tout oppose : Claire est ouverte aux autres, elle a une vie sage et réfléchie alors Béatrice est fantasque et égoïste, son exacte opposée. Le rapprochement de ces deux femmes ne va pas se faire facilement, d’autant que subsiste un lourd contentieux datant de plusieurs dizaines d’années ; mais chacune va profiter du pas qu’elle fera vers l’autre. Il se dégage une indéniable tendresse de ce double portrait. Martin Provost fait preuve de délicatesse et aussi de justesse même si ses personnages pourront sembler trop typés. Le film est une fable, une fable humaniste qui met en valeur le don.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Catherine Frot, Olivier Gourmet, Quentin Dolmaire, Mylène Demongeot
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Sage femme
Catherine Deneuve et Catherine Frot dans Sage femme de Martin Provost.

Remarques :
* Avec son film, Martin Provost voulait rendre hommage à sa manière à la sage-femme qui lui sauvé la vie à la naissance. « Elle m’a donné son sang et m’a ainsi permis de vivre. Elle a fait cela avec une discrétion et une humilité incroyables », raconte-t-il. « J’ai donc décidé de lui rendre hommage à ma façon et de lui dédier ce film, et à travers elle, de le dédier à toutes ces femmes qui œuvrent dans l’ombre, vouant leur vie aux autres, sans jamais rien attendre en retour ». Le réalisateur tient toutefois à préciser que son film n’a rien d’autobiographique.

* Les accouchements montrés sont réels. Catherine Frot y a réellement participé après avoir été formée. Pour cela, Martin Provost a dû tourner ces scènes en Belgique car la loi française ne permet pas de tourner avec des bébés de moins de trois mois.

10 mai 2019

Cherry 2000 (1987) de Steve De Jarnatt

Cherry 2000Dans un futur proche, Sam Treadwell perd sa compagne androïde, un modèle rare qui n’est plus fabriqué. Il décide d’engager un tracker pour aller chercher un corps de remplacement dans de vieux entrepôts situés dans une zone peu fréquentable…
Cherry 2000 est un « film d’exploitation » (= film fait sans souci de qualité dans l’optique d’un bénéfice rapide) de science-fiction. Le début de l’histoire, dans la ville moderne, montre quelques idées intéressantes, tel ce monde incapable de produire des choses nouvelles ou encore la complexité des rapports hommes/femmes. Hélas, le film tourne rapidement à la fable post-apocalyptique dans le désert qui le réduit à n’être qu’une pâle copie de Mad Max. Un temps mis en attente, le film a été vite sorti du placard lorsque la popularité de Melanie Griffith a explosé avec Working Girl. On notera, dans les rôles secondaires, la présence de plusieurs acteurs dont le nom ne nous est pas inconnu. Cherry 2000 est bien moins intéressant que Miracle Mile du même réalisateur.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: David Andrews, Melanie Griffith, Harry Carey Jr., Ben Johnson, Laurence Fishburne, Pamela Gidley, Brion James
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Remarques :
* Le film est censé se dérouler en 2017.

Cherry 2000
Melanie Griffith et David Andrews dans Cherry 2000 de Steve De Jarnatt.

9 mai 2019

Miss Sloane (2016) de John Madden

Miss SloaneMadeline Elizabeth Sloane est l’une des lobbyistes les plus réputées de Washington. Lorsqu’on lui propose de mener la campagne contre un projet de loi visant à mieux contrôler  les ventes d’armes, elle démissionne du cabinet qui l’emploie pour rejoindre le cabinet concurrent, pourtant moins bien pourvu en ressources. Pour gagner, il lui faut convaincre seize sénateurs…
Réalisé par John Madden, le réalisateur peu prolifique de Shakespeare in Love (1998), Miss Sloane est surtout marqué par l’interprétation de Jessica Chastain. L’actrice nous livre ici une prestation du type « habitée par son personnage », le type qui aimante les Oscars. Elle ne parvient pas totalement à éliminer les excès et outrances de ce style d’interprétation mais, force est de reconnaître, qu’elle s’impose magistralement et occupe tout l’écran pendant plus deux heures. Ce thriller bien ficelé a en outre le mérite de nous faire découvrir de l’intérieur les rouages du lobbying à l’américaine où, c’est le moins que l’on puisse dire, tous les coups sont permis. En filigrane, on pourra noter que le film affirme, à l’instar de Machiavel, que « la fin justifie les moyens ». Un film un peu long, mais plaisant et édifiant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jessica Chastain, David Wilson Barnes, John Lithgow, Alison Pill, Mark Strong
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Miss Sloane
Jessica Chastain dans Miss Sloane de John Madden.

Remarque :
* Jessica Chastain n’a finalement pas obtenu l’Oscar attendu (dont l’attribution est, soit-dit en passant, régentée par un intense lobbying…)

8 mai 2019

Mal de pierres (2016) de Nicole Garcia

Mal de pierresAnnées cinquante dans le sud de la France. Dès son adolescente, Gabrielle rêve de vivre une grande passion ce qui la pousse à avoir des comportements qui effraient son entourage. Désemparée, sa famille lui fait épouser un homme qu’elle n’aime pas. Envoyée suivre une cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, elle fait la rencontre d’un lieutenant blessé dans la guerre d’Indochine…
Mal de pierres est adapté du roman homonyme écrit par l’italienne Milena Agus et paru en 2006. Au delà de la recherche d’absolu et d’appétit de vivre, cette histoire est un portrait de femme dressé avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse. Marion Cothillard est de tous les plans, passant de la fin d’adolescence à la quarantaine. Elle fait une prestation assez remarquable, sachant exprimer de nombreux sentiments en demi-teinte, sans aucun excès. Nicole Garcia montre une belle maitrise dans la réalisation, sachant soigner ses cadrages quand il le faut et la photographie est très belle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marion Cotillard, Alex Brendemühl, Louis Garrel
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Remarque :
* L’hôtel suisse utilisé pour le tournage est le Berghotel Schatzalp à Davos en Suisse, un imposant hôtel dans le style Art nouveau et construit en 1900 (le même hôtel qui a servi de cadre à Youth de Paolo Sorrentino en 2015).

Mal de pierres
Marion Cotillard dans Mal de pierres de Nicole Garcia.

Mal de pierres
Marion Cotillard et Alex Brendemühl dans Mal de pierres de Nicole Garcia.

Mal de pierres
Louis Garrel dans Mal de pierres de Nicole Garcia.

7 mai 2019

La Maison des otages (1955) de William Wyler

Titre original : « The Desperate Hours »

La Maison des otagesTrois évadés, deux frères et une grosse brute, font irruption dans la maison d’une famille paisible où vivent quatre personnes : un garçonnet de neuf ans, une grande adolescente et leurs deux parents. Les gangsters disent vouloir attendre qu’un complice leur apporte de l’argent le soir même…
The Desperate Hours est l’adaptation du roman et de la pièce homonyme de Joseph Hayes, inspirés de faits réels. C’est l’avant-dernier film tourné par Humphrey Bogart. Il retrouve là un grand rôle de gangster en cavale à la Duke Mantee, le personnage qu’il interprétait dans The Petrified Forest (1936) qui lança sa carrière. La présence de Fredric March contribue à faire penser au film d’Archie Mayo. La situation de départ de Desperate Hours est simple mais génératrice de choix cornéliens pour les victimes : faut-il collaborer ou résister ? Après une mise en place rapide, le film développe un suspense intense et il faut attendre la toute fin pour que la tension retombe. Bogart maitrise parfaitement son rôle, l’épaissit d’une belle complexité et il n’y a que Fredric March qui ne fasse pâle figure face à lui. Il fait, lui aussi, une superbe prestation. De l’ensemble émane une certaine force.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Fredric March, Arthur Kennedy, Martha Scott, Dewey Martin, Gig Young, Mary Murphy
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Remarques :
* L’idée originelle était de réunir Humphrey Bogart et Spencer Tracy mais, bien qu’ils soient grands amis, ils ne purent s’entendre sur l’ordre d’affichage de leurs noms sur l’affiche.
* A Broadway, la pièce était interprétée par Paul Newman, beaucoup plus jeune donc qu’Humphrey Bogart dans le film.

* Michael Cimino a tourné un remake, généralement peu apprécié : Desperate Hours (1990) avec Mickey Rourke et Anthony Hopkins.

Deperate hours
Mary Murphy, Humphrey Bogart et Martha Scott (en haut, à l’arrière-plan : Dewey Martin, Fredric March et Richard Eyer) dans un superbe plan de La Maison des otages de William Wyler.

5 mai 2019

Wonder Wheel (2017) de Woody Allen

Wonder WheelParc d’attraction de Coney Island à New York, début des années cinquante. Mickey, le maitre nageur de la plage, raconte l’histoire de Ginny et Humpty dont la vie déjà tourmentée va se trouver bouleversée par l’arrivée de Carolina, la fille de Humpty avec laquelle il était fâché depuis qu’elle était partie se marier avec un gangster…
Si le lieu populaire peut laisser supposer une comédie nostalgique à la Radio Days, le film se révèle rapidement tout autre : Wonder Wheel est une tragédie puissante qui évoque plutôt Un Tramway nommé désir de Tennessee Williams. Agissons-nous toujours de façon rationnelle ? Non, nous répond Woody Allen, surtout lorsque les errements de l’amour nous entrainent sur des voies que l’on ne souhaitait pas suivre. Ce thème est très ancien chez le cinéaste mais, cette fois, il le traite sans humour, en tragédie pure. Kate Winslet fait une très belle composition de son personnage, sans glamour, avec un jeu très affirmé. Face elle, James (alias Jim) Belushi donne une interprétation tout aussi puissante. La photographie de Vittorio Storaro est très travaillée ; même s’il abuse des éclairages rasants, il répartit joliment ses couleurs vives dans le cadre et la composition des images est superbe. L’attribution des dominantes aux deux personnages féminins, les couleurs chaudes à l’une (Ginny) et les couleurs froides pour l’autre (Carolina), est sans doute un peu trop voyante parfois mais contribue à affirmer une atmosphère. Avec Wonder Wheel, Woody Allen nous livre un film d’une puissance inhabituelle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Kate Winslet, Jim Belushi, Justin Timberlake, Juno Temple
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.
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Remarques :
* Après Café Society, c’est la deuxième fois que Woody Allen tourne avec le chef-opérateur Vittorio Storaro (trois fois Oscarisé pour Apocalypse Now, Reds et Le Dernier Empereur).
* En plaçant une affiche du film d’Anthony Mann Winchester ’73 à l’entrée du cinéma, Woody Allen date précisément son film à l’été 1950.

Wonder wheel
Justin Timberlake et Kate Winslet dans Wonder Wheel de Woody Allen.

Wonder Wheel
Juno Temple dans Wonder Wheel de Woody Allen.

4 mai 2019

Une femme est une femme (1961) de Jean-Luc Godard

Une femme est une femmeAngela veut un enfant de l’homme qu’elle aime et elle le veut dans les 24 heures. Ce dernier n’est pas si pressé. Angela pense alors s’adresser à un ami commun mais elle hésite…
Après A bout de souffle, Jean-Luc Godard entreprend de revisiter plusieurs genres cinématographiques (1) poursuivant ses recherches sur le rapport du spectateur à l’image et au son. Une femme est une femme est ainsi une comédie. J.-L. Godard prend une histoire type roman-photo, donc à priori sans intérêt, et cherche à la « transfigurer ». Il expérimente de nouvelles approches, visuelles ou sonores ou narratives, pratique le contre-emploi, les regards-caméra. Si toutes ces idées semblent intéressantes, il faut bien reconnaître que le résultat n’est pas toujours aussi heureux que l’on pourrait le souhaiter. Et l’histoire n’en paraît, hélas, pas plus intéressante. Les clins d’œil sont nombreux (à commencer par le nom du personnage joué par Belmondo, Alfred Lubitsch) et l’humour se manifeste par quelques beaux traits dans les dialogues, le plus beau étant la punchline finale : « Angela, tu es infâme » « Non, je suis une femme ».
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Claude Brialy, Anna Karina, Jean-Paul Belmondo
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Luc Godard sur le site IMDB.

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Une femme est une femme
Jean-Claude Brialy et Anna Karina dans Une femme est une femme de Jean-Luc Godard.

(1) Citons notamment : l’espionnage avec Le Petit Soldat (1960), la comédie avec Une femme est une femme (1961), le mélo avec Vivre sa vie (1962), le pamphlet politique dans Les Carabiniers (1963), la tragédie avec Le Mépris (1963), le polar avec Bande à part (1964), la science-fiction avec Alphaville (1965).

Jean Luc Godard et Raoul Coutard sur le tournage de Une femme est une femme
Jean Luc Godard et Raoul Coutard sur le tournage de Une femme est une femme, rue du Faubourg-Saint-Denis à Paris.

3 mai 2019

Larguées (2018) de Eloïse Lang

LarguéesAlice et Rose sont deux sœurs totalement différentes, l’une est mère de famille rangée et responsable, l’autre est libre et rock n’roll. Elles sont bien décidées à remonter le moral de leur mère abandonnée par leur père parti avec une femme plus jeune. Toutes trois partent en vacances dans un club sur l’île de La Réunion…
Larguées est le remake du film danois All Inclusive d’Hella Joof (2014). On ne peut dire que le scénario fasse preuve de finesse : les stéréotypes sont appuyés et les situations prévisibles. L’humour a quelques traits brillants, le plus souvent dans les dialogues, mais se révèle trop souvent un peu consternant et n’évite pas totalement la vulgarité. Camille Cottin, qui vient de la télévision, semble être considérée comme la nouvelle comique du moment, jouant sur le style « nana agressive » qui est en vogue actuellement. Peut-être est-ce pour cela que la critique a été (à nos yeux) plutôt indulgente avec ce film. Dans les seconds rôles, le belge Johan Heldenbergh est le plus remarquable.
Elle: 1 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Miou-Miou, Camille Cottin, Camille Chamoux, Johan Heldenbergh, Thomas Scimeca
Voir la fiche du film et la filmographie de Eloïse Lang sur le site IMDB.
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Larguées
Camille Cottin, Miou-Miou et Camille Chamoux dans Larguées de Eloïse Lang.

Précédentes versions :
All Inclusive d’Hella Joof (2014) film danois
All inclusive de Karin Fahlén (2017), remake suédois du précédent.

Homonyme :
Larguées (Snatched) de Jonathan Levine (2017) avec Amy Schumer et Goldie Hawn (sans aucune autre relation que le titre)