22 décembre 2020

Gloria Mundi (2019) de Robert Guédiguian

Gloria MundiDaniel sort de prison où il était incarcéré depuis de longues années et retourne à Marseille. Sylvie, son ex-femme, l’a prévenu qu’il était grand-père : leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie. Daniel découvre une famille recomposée qui lutte par tous les moyens pour rester debout…
Robert Guédiguian a écrit (Sic transit) Gloria Mundi en collaboration avec Serge Valetti, son co-scénariste depuis maintenant trois films. A travers cette famille marseillaise, le réalisateur nous donne sa vision de notre société actuelle, où l’égoïsme a pris le pas sur l’entraide et la solidarité, où les rapports d’oppression sont omniprésents et pleinement acceptés par ceux qui en sont victimes. Une fois de plus, il oppose les générations : les anciens sont moins perméables au discours ambiant et savent garder le cap. C’est un de ses travers. On peut trouver ses personnages trop typés, voire caricaturaux mais c’est après tout un procédé assez courant dans le cinéma. Guédiguian délivre indéniablement un message politique mais il le fait avec subtilité. Tout son art est d’insuffler beaucoup d’humanisme dans son récit. Ainsi, on peut apprécier son film sans nécessairement partager sa vision très pessimiste du monde actuel. Pour Gloria Mundi, il s’est entouré de ses acteurs habituels qui font tous une belle prestation. Le film a été très apprécié par la critique et assez bien reçu par le public.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Guédiguian sur le site IMDB.
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Gloria MundiGérard Meylan et Ariane Ascaride dans Gloria Mundi de Robert Guédiguian.

21 mars 2014

Les neiges du Kilimandjaro (2011) de Robert Guédiguian

Les neiges du KilimandjaroDélégué syndical depuis toujours, Michel est licencié avec 19 autres personnes par un tirage au sort qu’il a lui-même institué. Grâce à sa femme, à sa famille et ses amis, il surmonte plutôt bien cette épreuve. Mais un soir, deux hommes masqués pénètrent chez eux, les frappent et les attachent pour s’enfuit avec leurs cartes de crédit… Robert Guédiguian met en relief le dilemme d’un homme qui a consacré toute sa vie aux autres et qui se retrouve confronté à une violence qu’il ne comprend pas. Pire, par son origine-même, elle remet en cause son engagement passé, ses choix de vie, sa satisfaction et sa bonne conscience. Cela se double d’un conflit de génération, ces syndicalistes de longue date ne comprennent pas une génération totalement désenchantée et sans repères. Guédiguian filme tout cela avec beaucoup d’humanisme et sans le dogmatisme qu’il a parfois montré, comme s’il partageait les interrogations et le désarroi de ses personnages. Malgré le sujet, son film est chaleureux, simple et sincère, foncièrement humaniste.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Marilyne Canto, Grégoire Leprince-Ringuet, Anaïs Demoustier
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Remarques :
* Les Neiges du Kilimandjaro, surtout sa fin, est librement inspiré du poème humaniste de Victor Hugo Les Pauvres Gens (un pêcheur et sa femme recueillent les enfants de leur voisine qui vient de mourir dans le plus grand dénuement). Lire le poème
* Le film Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian n’a aucun lien avec le livre homonyme d’Ernest Hemingway.

13 juillet 2012

La princesse de Montpensier (2010) de Bertrand Tavernier

La princesse de MontpensierEn 1566, à l’époque des guerres de religion sous la régence de Catherine de Médicis, Marie de Mezières aime depuis toujours Henri de Guise mais son père la contraint d’épouser le jeune et fade Prince de Montpensier. Lorsque son mari est appelé à la guerre, la princesse reste au château avec son précepteur, le comte de Chabannes… La princesse de Montpensier est une nouvelle de Madame de Lafayette sur la passion amoureuse que Bertrand Tavernier, grand féru d’Histoire, adapte ici brillamment. Il signe un film d’un grand classicisme, très beau, littéraire, mais aussi palpitant au gré de l’ardeur des sentiments, parfois haletant. Il y a beaucoup de fougue, avec un désir qui semble vouloir jaillir, exploser de toutes parts. Les dialogues sont remarquablement bien écrits, ils coulent joliment. A côté des belles prestations de Mélanie Thierry et de Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet a un jeu plus fade mais c’est aussi son personnage qui veut cela. Les seconds rôles sont tous très bien tenus. La photographie est superbe exploitant magnifiquement des décors naturels de certains châteaux (1). Bertrand Tavernier montre que le film dit « à costumes » peut être moderne, enlevé, brillant.
Elle: 3 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Mélanie Thierry, Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet, Gaspard Ulliel, Raphaël Personnaz, Michel Vuillermoz, Judith Chemla, Philippe Magnan
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Remarques :
* Le plan final, un plan moyen de Mélanie Thierry sur fond de neige, est de toute beauté.
* Tous les personnages sont historiques sauf, semble t-il, le comte de Chabannes qui aurait été imaginé par Madame de Lafayette.

(1) Lieux de tournage :
* Château du Plessis-Bourré, Écuillé (Maine-et-Loire) : le château entouré d’eau du Marquis de Mézières où vit Marie au début du film.
* Abbaye de Noirlac (Cher) : scène avec le Cardinal de Lorraine.
* Château de Messilhac, Raulhac (Cantal) : censé être le château de Champigny-sur-Veude, la demeure des Montpensier
* Château de Blois (Loir-et-Cher) : la cour censée être celle du Louvre, lors du duel entre Montpensier et De Guise.
* Palais Jacques-Cœur, Bourges (Cher)
* Rues de Chinon (Indre-et-Loire) : massacre de la Saint-Barthélemy.
* Château de Meillant (Cher) : le château censé être Blois tout à la fin, où s’entraine Henri de Guise.

11 octobre 2011

L’autre monde (2010) de Gilles Marchand

L'autre mondeDans le sud de la France, Gaspard occupe ses vacances avec ses amis et sa copine, Marion. Il rencontre une jeune femme qui l’intrigue et l’attire. Il la retrouve dans un jeu en réseau style Second Life où elle cherche un partenaire pour mourir avec elle… Le scénario de L’autre monde ne manque pas d’intérêt ni d’originalité mais, au final, déçoit quelque peu par son manque de développement. L’idée de créer des interactions entre le monde réel et le monde virtuel est intéressant, l’atmosphère recréée dans le jeu vidéo est joliment intrigante (à la David Lynch). En revanche, le réalisateur puise un peu trop dans l’histoire du cinéma pour créer ses scènes-choc (1). L’autre monde a été critiqué un peu trop durement. Ce que Gilles marchand a le mieux réussi c’est l’installation d’un climat étrange, assez prenant. Un scénario plus étoffé lui aurait certainement permis d’arriver à un résultat plus enthousiasmant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Grégoire Leprince-Ringuet, Louise Bourgoin, Melvil Poupaud, Pauline Etienne
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(1) La scène du bain de minuit dans la piscine est totalement copiée sur celle du dernier film (inachevé) de Marilyn Monroe (Something’s got to give), la scène des défis en voiture est largement inspirée (on peut aussi dire : une pâle copie) de la Fureur de Vivre.