18 juillet 2023

Les Adieux (1958) de Wojciech Has

Titre original : « Pozegnania »

Les adieux (Pozegnania)Pawel est étudiant, issu d’une famille aristocratique. Il s’oppose à son père et un soir décide d’avoir une aventure avec Lidka, une entraineuse de cabaret. Quelques années plus tard, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils se rencontreront de nouveau mais les rapports seront très différents…
Les Adieux est un film polonais écrit et réalisé par Wojciech Jerzy Has, son second long métrage, d’après un roman de Stanislaw Dygat paru en 1948. Le récit met tout d’abord en relief les rapports de classe sociale entre l’étudiant et l’entraineuse pour mieux les retourner dans une seconde partie : l’entraineuse est en effet devenue comtesse après avoir épousé le cousin de l’étudiant. Ce dernier, qui semble avoir tout perdu, va accepter d’être serveur dans un restaurant. La guerre a donc « rebattu les cartes ». Il est difficile de percevoir l’intention du propos et l’histoire manque de force, elle est même un peu confuse dans la seconde partie. Sur la plan de la forme, on ne retrouve pas les audaces de cadrages de son précédent film, l’ensemble est moins remarquable. Le film fut néanmoins très bien accueilli, ce serait le plus grand succès de la Polish Film School (1).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Maria Wachowiak, Tadeusz Janczar, Gustaw Holoubek
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(1) Le terme Polish Film School (Polska Szkoła Filmowa) désigne un groupe informel de réalisateurs polonais de la période 1956-1963 : Andrzej Wajda, Jerzy Kawalerowicz, Andrzej Munk, Tadeusz Konwicki, Wojciech Jerzy Has, Kazimierz Kutz, Stanisław Różewicz. Ces réalisateurs montraient souvent une influence du néoréalisme italien.

Remarque :
Le site de Cinémathèque polonaise propose l’étonnante interprétation suivante : « Le film est basé sur une structure de chanson, avec des strophes, des intervalles et un refrain. Le refrain se compose des regards du protagoniste à travers la fenêtre. »

Les adieux (Pozegnania)Tadeusz Janczar dans Les adieux (Pozegnania) de Wojciech Has.

Les adieux (Pozegnania)Maria Wachowiak dans Les adieux (Pozegnania) de Wojciech Has.

21 janvier 2023

Foxcatcher (2014) de Bennett Miller

FoxcatcherLorsque le médaillé d’or olympique Mark Schultz est invité par le riche héritier John du Pont à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour aider à mettre en place un camp d’entraînement dans l’optique des JO de Séoul de 1988, Schultz saute sur l’occasion : il espère pouvoir concentrer toute son attention sur son entraînement et ne plus souffrir d’être constamment éclipsé par son frère, Dave…
Foxcatcher est un film américain réalisé par Bennett Miller. Inspiré de faits réels, il raconte l’histoire « tragique et fascinante de la relation improbable entre un milliardaire excentrique et deux champions de lutte » (dixit l’argumentaire).  Tragique, cette histoire l’est, même s’il faut attendre la fin pour la percevoir ainsi. Fascinante, j’en suis moins sûr : j’ai eu toutes les peines du monde à m’y intéresser. Le cinéaste insiste lourdement sur la difficulté à saisir la personnalité de John du Pont et sur l’impossible mixité de deux mondes : il multiplie les scènes pour montrer que le lutteur est mal à l’aise chez les Du Pont et que John E. du Pont est mal à l’aise face au lutteur. L’ensemble est beaucoup trop long. La performance des acteurs est remarquable mais, là aussi, un peu trop appuyée. La critique a réservé un très bon accueil au film.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Steve Carell, Channing Tatum, Mark Ruffalo, Sienna Miller, Vanessa Redgrave, Anthony Michael Hall
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FoxcatcherChanning Tatum et Steve Carell dans Foxcatcher de Bennett Miller.

10 août 2022

Douce (1943) de Claude Autant-Lara

DouceÀ la fin du XIXe siècle, Irène, la gouvernante de la jeune Douce de Bonafé, a pour amant le régisseur Fabien, dont Douce est amoureuse. Fabien voudrait emmener Irène au Canada, mais celle-ci est tentée par l’idée d’épouser le maître de la maison, veuf, le père de Douce…
Douce est un film français réalisé par Claude Autant-Lara. Cosigné par Pierre Bost et Jean Aurenche, le scénario est librement adapté du roman homonyme de l’écrivaine Michel Davet, publié en 1940. Ils en ont fait une critique sociale particulièrement mordante. Certains historiens parlent d’illustration de la lutte des classes mais il paraît difficile d’adhérer à cette vision car personne n’est épargné, de la haute bourgeoisie jusqu’aux domestiques. La richesse du scénario donne à l’ensemble une réelle force et les dialogues souvent vachards sont brillants et même cocasses : une scène est restée célèbre, celle de la « visite aux pauvres » (cette scène fut coupée par la censure de Vichy). Les décors de Jacques Krauss et la photographie de Philippe Agostini contribuent à créer une atmosphère confinée qui évoque la noirceur des âmes. L’interprétation est irréprochable. Tout semble parfait sauf la fin, qui paraît bien plus faible.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Odette Joyeux, Madeleine Robinson, Marguerite Moreno, Jean Debucourt, Roger Pigaut, Gabrielle Fontan
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DouceJean Debucourt, Roger Pigaut et Madeleine Robinson et Marguerite Moreno dans Douce de Claude Autant-Lara.

DouceOdette Joyeux dans Douce de Claude Autant-Lara.
DouceMadeleine Robinson et Marguerite Moreno dans Douce de Claude Autant-Lara.

22 février 2021

Monsieur (2018) de Rohena Gera

Titre original : « Sir »

Monsieur (Sir)Ratna est une très jeune veuve. Elle est domestique chez Ashwin, le fils d’une riche famille de Mumbai (anc. Bombay). En apparence la vie du jeune homme semble parfaite, pourtant il est perdu. Ratna sent qu’il a renoncé à ses rêves. Elle, elle n’a rien, mais ses espoirs et sa détermination la guident obstinément…
Monsieur est un film indo-français, écrit et réalisé par l’indienne Rohena Gera ; il s’agit de son premier long métrage. Elle a écrit une histoire subtile et délicate qui, tout en montrant bien les séparations de classes en Inde et la condition des veuves, ne tombe pas dans la démonstration appuyée et évite tout manichéisme. La réalisatrice ne cherche pas la victimisation, elle met plutôt en avant la force de son héroïne. Le propos n’en garde pas moins tout son impact et le poids des conventions sociales nous paraît effrayant. On s’attache rapidement à ces deux personnages, interprétés avec beaucoup de retenue et peu de mots échangés. Monsieur est un très beau film.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tillotama Shome, Vivek Gomber
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Monsieur (Sir)Vivek Gomber et Tillotama Shome dans Monsieur (Sir) de Rohena Gera.

Homonymes  :
Monsieur (1964) de Jean-Paul Le Chanois, comédie avec Jean Gabin
Monsieur (2018) de Jean Delahousse, documentaire sur Jean d’Ormesson

21 mars 2020

Ma Loute (2016) de Bruno Dumont

Ma LouteAndré Van Peteghem arrive avec sa femme et ses enfants dans leur villa en baie de la Slack, sur la Côte d’Opale. Ils sont bientôt rejoints par sa sœur et son mari, qui est également le cousin d’André. Plusieurs disparitions ont eu lieu, un inspecteur ventripotent enquête. Dans les dunes vit une famille de pêcheurs, également passeurs : ils portent les personnes qui veulent traverser un petit bras de mer…
Après quelques films très remarqués dans un genre plutôt rude, Bruno Dumont avait surpris en optant pour le comique avec la série P’tit Quinquin pour Arte. Il poursuit dans cette veine avec Ma Loute, un film burlesque et outrancier, franchement surréaliste dans l’esprit. Bruno Dumont force le trait et même n’hésite pas à aller franchir allègrement les limites du bon goût (quelques scènes sont vraiment gore). Certains acteurs sont non professionnels mais ce sont les formidables prestations de Fabrice Luchini et de Juliette Binoche en grands bourgeois exaltés et tarabiscotés qui portent le burlesque à des sommets. Les seconds rôles ne sont pas en reste, avec notamment cet improbable inspecteur qui semble sorti d’une bande dessinée. Le film aurait sans doute gagné à être un peu plus court mais n’en est pas moins assez unique en son genre. Il pourra toutefois être diversement apprécié…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Fabrice Luchini, Juliette Binoche, Valeria Bruni Tedeschi, Jean-Luc Vincent, Brandon Lavieville, Didier Després
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Remarque :
* La (très surprenante) demeure des Van Peteghem est le Typhonium de Wissant (Pas-de-Calais), une villa de style art-nouveau et néo-égyptien ptolémaïque. Elle tient son nom de petits temples égyptiens trouvés à Denderah et à Edfou lors de la campagne d’Égypte.

Ma LouteFabrice Luchini, Juliette Binoche, Valeria Bruni Tedeschi et Jean-Luc Vincent dans Ma Loute de Bruno Dumont.

10 février 2020

Un amour impossible (2018) de Catherine Corsini

Un amour impossibleÀ la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d’une riche famille bourgeoise. De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille mais Philippe refuse l’idée de mariage et refuse de reconnaitre l’enfant…
Un amour impossible est l’adaptation du roman homonyme de Christine Angot. Le récit est entièrement centré sur le personnage de Rachel qui se retrouve mère célibataire alors que tout avait débuté comme une belle histoire d’amour. Catherine Corsini a su faire preuve de délicatesse et de subtilité dans la mise en scène de cette histoire, sans éclats, sans effets dramatiques trop appuyés, sans chercher à générer l’apitoiement. On aimerait penser que le comportement criminel de l’homme est une exagération de scénariste, mais hélas il n’en est rien. La reconstitution de l’atmosphère fin des années cinquante, puis soixante, est soignée. Virginie Efira est lumineuse.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Virginie Efira, Niels Schneider, Jehnny Beth, Estelle Lescure, Coralie Russier
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Remarques :
* Le livre de Christine Angot Un amour impossible a été également adapté au théâtre dans une mise en scène de Célie Pauthe avec Bulle Ogier et Maria de Medeiros en 2016-2017.

Un amour impossibleVirginie Efira, Ambre Hasaj et Niels Schneider dans Un amour impossible de Catherine Corsini.

6 février 2020

Parasite (2019) de Bong Joon-ho

Titre original : « Gisaengchung »

Parasite (Gisaengchung)Ki-taek, sa femme Chung-sook, leur fils Ki-woo et leur fille Ki-jung sont sans emploi et vivent entassés dans un appartement insalubre en sous-sol. Ils survivent en pliant des boîtes à pizza cartonnées. Un jour, ils reçoivent la visite d’un étudiant qui demande à Ki-woo, son ami, de le remplacer pour donner des cours particulier d’anglais à une jeune fille. Ki-jung, douée pour les arts, fabrique un faux diplôme pour Ki-woo qui va se présenter au superbe domicile des parents de la jeune fille…
Après deux films internationaux (Snowpiercer et Okja), Bong Joon-ho revient en Corée du Sud pour réaliser Parasite, un film assez étonnant car il mélange habilement la farce sociale, la comédie noire, le thriller et le film d’horreur. Cette progression est accompagnée d’une montée dans l’intensité et l’histoire nous réserve constamment des surprises (le réalisateur a bien insisté auprès des journalistes de ne pas dévoiler son développement). A partir des rapports entre maitres et domestiques, le propos met en relief le fossé entre les classes sociales et explore le thème de la domination sociale. La caméra de Bong Joon-ho est très fluide, elle évolue de pièce en pièce avec grâce. Palme d’or à Cannes 2019 et gros succès commercial.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Song Kang-ho, Lee Sun-kyun, Jo Yeo-jeong, Choi Woo-sik, Park So-dam, Lee Jeong-eun, Jang Hye-jin
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Remarques :
* Fort de son succès en salles et de l’engouement critique qu’il a suscité, Parasite ressort en salles dans une version en noir et blanc à partir du 19 février 2020, une nouvelle version supervisée par Bong Joon Ho lui-même.
* Parasite est le premier film sud-coréen à franchir la barre des 500 000 entrées en France, limite qu’il franchit allègrement puisqu’il a fini, après 6 mois d’exploitation, à plus de 1 700 000 entrées.

Parasite (Gisaengchung)Choi Woo-sik, Song Kang-ho, Jang Hye-jin et Park So-dam dans Parasite (Gisaengchung) de Bong Joon Ho.

Parasite (Gisaengchung)Choi Woo-sik, Jo Yeo-jeong et Lee Jeong-eun dans Parasite (Gisaengchung) de Bong Joon Ho.

ParasiteChoi Woo-sik, Song Kang-ho, Park So-dam et Jang Hye-jin dans Parasite (Gisaengchung) de Bong Joon Ho.

11 juin 2019

Le Détour (1922) de Cecil B. DeMille

Titre original : « Saturday Night »

Le DétourLes riches héritiers Iris Van Suydam et Richard Prentiss viennent d’annoncer leurs fiançailles, plus par convention sociale que par passion. Mais le sort va en décider autrement : Richard tombe amoureux d’une jeune blanchisseuse et l’épouse. De son côté, Iris se marie avec son chauffeur et, déshéritée par son oncle, part vivre chichement chez son mari. Ces deux couples vont-ils pouvoir surmonter leurs différences sociales ?
Le scénario de Saturday Night a été écrit par l’actrice Jeanie Macpherson dont on retrouve la signature sur bon nombre de films de Cecil B. DeMille. L’histoire met en scène la confrontation de deux classes sociales et développe la théorie que, « tout comme l’huile et l’eau », elles ne peuvent se mélanger. Il ne faut pas sombrer dans la facilité de voir là une théorie plutôt réactionnaire, chacun devant rester dans sa classe sociale, car ce serait oublier que bon nombre des films muets de Cecil B. DeMille (ce sont les moins connus, il est vrai) sont naturalistes avant l’heure. Il décrit avec une relative précision la vie des classes populaires et le film a aujourd’hui une indéniable valeur sociologique, à commencer par le titre (1). De plus, à cette époque, le réalisateur accédait, du fait de sa popularité grandissante, à un autre milieu que le sien et il n’est pas impossible qu’il ressentait lui aussi des difficultés à s’insérer parmi les milieux aisés d’Hollywood. Comme le souligne Luc Moulet dans son étude sur le réalisateur (2), DeMille est l’un des premiers cinéastes à traiter des rapports entre maîtres et serviteurs, thème qui deviendra le sujet favori des plus grands (Murnau, Renoir, Stroheim, Buñuel, Losey, Chabrol, Altman … la liste est longue). Saturday Night est assez admirable par la puissance de son récit, du fait d’une mise en scène précise. Il utilise sans excès des décors parfois spectaculaires (la salle de bains de la riche famille vaut le coup d’œil) et des scènes d’une belle ampleur (l’accident, la soirée Halloween, …) Il est vraiment dommage que ce film soit si mal connu car il nous confirme que Cecil B. DeMille est bien plus qu’un simple faiseur de films historiques.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Leatrice Joy, Conrad Nagel, Edith Roberts, Jack Mower, Julia Faye
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Remarques :
* Lors d’un dîner avec la presse au Club 21 de New York en février 1939, Alfred Hitchcock a fait une liste de ses dix films préférés. Saturday Night y figurait en première position (un autre Cecil B. DeMille était en 4e position : Forbidden Fruit de 1921) (3).
* Edith Roberts évoque Mary Pickford à la fois par son jeu et aussi sa taille : elle est même plus petite que Mary Pickford  (1m52 vs. 1m54).

Saturday NightJack Mower, Edith Roberts et Conrad Nagel dans Saturday Night de Cecil B. DeMille.

Saturday NightJack Mower, Cecil B. DeMille et Leatrice Joy sur le tournage de Saturday Night de Cecil B. DeMille.

 

(1) Dans les milieux populaires, on ne prenait un bain qu’une fois par semaine, le samedi juste avant de sortir pour la soirée alors que dans les milieux plus aisés, on prenait un bain tous les jours.
(2) Cecil B. DeMille, l’empereur du mauve de Luc Moullet (Editions Capricci, 2012)
(3) Liste des 10 films préférés d’Alfred Hitchcock, établie en 1939 :
1. Saturday Night (Le Détour) de Cecil B. DeMille, 1923
2. The Isle of Lost Ships (L’Ile des navires perdus) de Maurice Tourneur, 1923
3. Scaramouche de Rex Ingram, 1923
4. Forbidden Fruit (Le Fruit défendu) de Cecil B. DeMille, 1921
5. Sentimental Tommy de John S. Robertson, 1921
6. The Enchanted Cottage de John S. Robertson, 1924
7. Variétés de E.A. Dupont, 1925
8. The Last Command (Crépuscule de gloire) de Josef von Sternberg, 1928
9. The Gold Rush (La Ruée vers l’or) de Charles Chaplin, 1925
10. I Am a Fugitive from a Chain Gang (Je suis un évadé) de Mervyn LeRoy, 1932
… soit 9 films muets et 1 parlant.

Saturday NightAffiche pour Saturday Night de Cecil B. DeMille.
L’affiche illustre bien les oppositions de classe (regards, vêtements, arrière-plans) et le dessinateur a même ajouté des menottes pour exacerber la confrontation (ou pour symboliser le mariage ?)

6 juin 2019

La Traversée de Paris (1956) de Claude Autant-Lara

La Traversée de ParisA Paris, sous l’Occupation, Marcel Martin (Bourvil) doit transporter de nuit un cochon découpé dans quatre valises pour le compte d’un commerçant pratiquant le marché noir (Louis de Funès). Son habituel acolyte venant d’être arrêté, il propose à un inconnu rencontré dans un café, Grandgil (Jean Gabin), de l’accompagner…
Film bien connu que l’on ne présente plus, La Traversée de Paris est basé sur une nouvelle de Marcel Aymé, adaptée par Jean Aurenche et Pierre Bost. Le film surprit, et même dérangea, à sa sortie par son ton très acide. C’est en effet un portrait mordant de la monstruosité ordinaire, une vision finalement assez noire des rapports humains. Plus que détestables, les personnages paraissent toutefois plutôt pitoyables (Bourvil) ou très ambigus (Gabin). La force du propos est décuplée par la vivacité des dialogues. C’est Autant-Lara qui a imposé Bourvil, son premier grand rôle sérieux au cinéma, au grand dam de Marcel Aymé qui a tout fait pour contester ce choix. Jean Gabin est lui aussi dans un rôle assez inattendu, beaucoup plus exubérant qu’à l’habitude. Au final, c’est un film quasi parfait, souvent décrit comme le chef d’œuvre d’Autant-Lara.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Bourvil, Louis de Funès
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Remarque :
* La nouvelle de Marcel Aymé se terminait tragiquement : Marcel Martin tuait Grangil.

La Traversée de Paris
Jean Gabin et Bourvil dans La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara.

La Traversée de Paris
Louis de Funès et Bourvil dans La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara.

La Traversée de Paris
« Salauds de pauvres ! » Bourvil et Jean Gabin sur le point de dire sa célèbre réplique dans La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara.

4 avril 2017

Journal d’une femme de chambre (2015) de Benoît Jacquot

Journal d'une femme de chambrePeu avant 1900, le jeune Célestine est engagée comme femme de chambre par Les Lanlaire en Normandie. Madame est très stricte, monsieur est entreprenant et il a Joseph, énigmatique jardinier… En tant que réalisateur, il faut certainement avoir une haute opinion de soi-même pour passer derrière Renoir et Buñuel. « Benoît Jacquot a souhaité adapter le roman d’Octave Mirbeau car il y trouvait un écho direct avec le climat sociopolitique actuel » nous dit le dossier de presse. Benoît Jacquot parvient effectivement à moderniser l’ensemble, essentiellement par les dialogues, même si Léa Seydoux donne un peu trop l’impression d’être une jeune femme du XXIe siècle (élégamment) habillée à la mode 1900. En revanche, Benoît Jacquot ne parvient pas à restituer toute la puissance de cette histoire, qui est finalement aussi tragique que burlesque, et il faut se forcer pour s’y intéresser. On peut aussi regretter que l’insertion des flashbacks paraisse un peu maladroite et que les dialogues ne soient pas toujours compréhensibles lorsque les acteurs marmonnent. Le film a reçu un bon accueil critique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Léa Seydoux, Vincent Lindon, Clotilde Mollet
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Journal d'une femme de chambre
Vincent Lindon et Léa Seydoux dans Journal d’une femme de chambre de Benoît Jacquot.

Précédentes adaptations au cinéma :
Le Journal d’une femme de chambre (The Diary of a Chambermaid) de Jean Renoir (1946) avec Paulette Godard
Le Journal d’une femme de chambre de Luis Buñuel (1964) avec Jeanne Moreau.