6 juillet 2017

La Charge de la huitième brigade (1964) de Raoul Walsh

Titre original : « A Distant Trumpet »

La Charge de la huitième brigadeEn 1883, le jeune lieutenant Matt Hazard est affecté dans un fort isolé de l’Arizona, près de la frontière avec le Mexique où s’est réfugié War Eagle, le dernier chef indien encore en guerre contre le gouvernement des Etats-Unis… Adapté d’un roman de Paul Horgan, A Distant Trumpet est l’ultime réalisation de Raoul Walsh. A l’instar de John Ford, Raoul Walsh a opté sur le tard pour une vision plus empathique vis-à-vis des indiens : ici, ils sont montrés impitoyables, certes, mais aussi victimes des promesses non tenues par les « politiciens de Washington ». Cet antifédéralisme n’a rien d’original, pas plus que le scénario qui est vraiment très classique avec toutefois un triangle amoureux assez bien traité. L’accent est mis sur l’éthique et le sens de l’honneur. Mais c’est dans les scènes d’action que Raoul Walsh montre tout son talent : les mouvements de centaines de chevaux sont aussi impressionnants que photogéniques et les combats nous laissent haletant. Walsh a une maitrise étonnante de l’action rapide. Bien qu’il ait bénéficié d’un bon budget, le réalisateur aux 130 films n’a pas eu droit à des acteurs connus : Troy Donahue manque un peu de charisme mais Suzanne Pleshette a plus de présence. La photographie est assez belle, avec un lieu jamais montré au cinéma (voir ci-dessous). A Distant Trumpet n’est pas un grand Raoul Walsh mais il vient clore honorablement une longue liste de films réalisés sur un demi-siècle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Troy Donahue, Suzanne Pleshette, Diane McBain, James Gregory
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Raoul Walsh

Remarques :
* Le titre du film rappelle Distant Drums (en français Les Aventures du Capitaine Wyatt) que Walsh a réalisé en 1951 et qui mettait en scène un épisode plus tardif de la guerre contre les indiens.

A Distant Trumpet
Troy Donahue (à gauche) dans La Charge de la huitième brigade de Raoul Walsh.

A Distant Trumpet
Suzanne Pleshette dans La Charge de la huitième brigade de Raoul Walsh.

A Distant Trumpet
Diane McBain (qui a un petit air de Tippi Heddren) dans La Charge de la huitième brigade de Raoul Walsh.

A Distant Trumpet

 

Grand Falls, Arizona
(Photo non tirée du film)  Les spectaculaires cascades d’eaux boueuses sont celles de Grand Falls, Arizona, situées sur le territoire de la réserve indienne de Navajo Nation (en fait assez loin de la frontière mexicaine). Elles sont assez époustouflantes : voir une vidéo touristique… (elles ne sont pas toute l’année comme cela toutefois, le débit peut se réduire à un filet pendant plusieurs mois, la rivière est Little Colorado River).

23 janvier 2017

Gentleman Jim (1942) de Raoul Walsh

Gentleman JimEmployé de banque, Jim Corbett, un américain d’origine irlandaise, veut s’élever dans la société. De façon assez inattendue, c’est la boxe qui va lui en fournir le moyen… Gentleman Jim raconte l’ascension de James J. Corbett qui est considéré comme étant le père de la boxe moderne, celui qui apporta une certaine noblesse à cet art. A la fin du XIXe siècle, ce boxeur fut une véritable star de son temps, jouant au théâtre en parallèle de sa carrière. Le film de Raoul Walsh le présente comme un mélange de vantardise et de charme. Errol Flynn se révèle parfait dans ce type de rôle. L’acteur s’est beaucoup entraîné physiquement, ce qui ne l’a pas empêché d’avoir un léger arrêt cardiaque sur le tournage d’une scène de boxe. Il reprit le tournage une semaine plus tard, refusant toujours d’être doublé. Le déroulement du scénario est assez rapide et l’ensemble est parsemé d’un humour tapageur assez appuyé. Les scènes de boxe sont fort bien filmées, rendant bien la vélocité des boxeurs par un montage rapide, avec beaucoup de plans sur les spectateurs pour ajouter une note d’humour. On remarquera que, entre les lignes, le thème du rêve américain est omniprésent. On pourrait même dire que c’est le sujet principal du film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Alexis Smith, Jack Carson, Alan Hale, John Loder
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Raoul Walsh

Gentleman Jim
Errol Flynn est Gentleman Jim dans le film de Raoul Walsh (Jack Carson est à sa droite, la main sur son épaule).

Remarques :
* Le scénario est écrit par Vincent Lawrence et Horace McCoy d’après l’autobiographie The Roar of the Crowd de James J. Corbett.
* L’histoire est romancée : dans la réalité, James J. Corbett était un personnage calme et plutôt effacé. Il s’est marié avec une actrice (et non une femme de la haute société) et, ce, bien avant d’être champion du monde. D’autre part, Sullivan haïssait Corbett et donc ne lui remit jamais la fameuse ceinture (qu’il avait d’ailleurs mise au clou des années auparavant).
* Peu après la sortie du film, Errol Flynn fut accusé de viol (il sera finalement acquitté) et sa phrase finale dans le film, « I’m no gentleman », prit ainsi un sens inattendu dans l’esprit des spectateurs.

Gentleman Jim
Rhys Williams, Alexis Smith, Errol Flynn et Minor Watson dans Gentleman Jim de Raoul Walsh.

21 décembre 2016

Capitaine sans peur (1951) de Raoul Walsh

Titre original : « Captain Horatio Hornblower »

Capitaine sans peurEn 1807, alors que l’Angleterre est en guerre contre Napoléon, le Capitaine Horatio Hornblower appareille pour une destination secrète connue de lui seul. Après sept mois de navigation, son navire de guerre arrive près des côtes mexicaines, côté Pacifique. Le capitaine est proche de son but mais les évènements vont se précipiter… L’écrivain britannique C.S. Forester (également auteur de L’Odyssée de l’African Queen) a imaginé les aventures du Capitaine Hornblower pour en faire une dizaine de romans publiés entre 1937 et 1966. Capitaine sans peur est l’adaptation des trois premiers volumes de cette saga. Sous la direction de Raoul Walsh, c’est un film d’aventures maritimes de fort belle facture qui se déroule presque entièrement en mer. Le spectateur a l’impression d’être à bord tant la vie sur ces navires est bien recréée (en studio). Gregory Peck compose un héros assez inhabituel, raide et imperturbable, ne montrant aucune émotion, mais doté d’une belle présence. Les scènes de batailles navales sont assez réalistes et prenantes. L’ensemble forme un très bon divertissement. Le film fut un succès, le plus gros succès de l’année 1951 pour la Warner.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Virginia Mayo, Robert Beatty, James Robertson Justice
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Raoul Walsh

Remarques :
* La ville de Nantes a étrangement comme un petit air méditerranéen… En fait, les scènes d’extérieurs ont été tournées à Villefranche-sur-Mer et à l’entour.
* C.S. Forester ne cite aucun personnage réel comme source d’inspiration pour son Capitaine Hornblower. Certains pensent à Thomas Cochrane (1775-1860), surnommé « le loup des mers ».

Captain Horatio Hornblower
Robert Beatty et Gregory Peck dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

Captain Horatio Hornblower
Scène de bataille navale dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

Captain Horatio Hornblower
Gregory Peck et Virginia Mayo dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

5 novembre 2016

La Rivière d’argent (1948) de Raoul Walsh

Titre original : « Silver River »

La Rivière d'argentInjustement dégradé de l’armée pendant la Guerre de Sécession, Mike McComb décide de n’obéir désormais qu’à ses propres lois et de ne laisser personne se mettre en travers de son chemin. Et l’homme a de grandes ambitions. Il monte une grande salle de jeux dans une ville minière isolée mais prospère… Silver River est le septième film de Raoul Wash avec Errol Flynn (1). Ce sera le dernier, Raoul Walsh ne supportant plus l’alcoolisme de l’acteur. Le film est souvent considéré comme mineur. Assez injustement. Ce désamour peut s’expliquer par le fait qu’il n’y ait aucun personnage qui attire vraiment la sympathie. Certes, le personnage joué par Errol Flynn inspire, pour le moins, des sentiments mitigés, mais son personnage est joliment complexe : ambitieux, opportuniste, fonceur, cynique, individualiste, séducteur, homme d’affaires avisé, il est tout cela à la fois mais, par son parcours, il colle de très près au rêve américain qui se retrouve ainsi remis en cause. Un certain malaise se distille, alimenté en outre par l’ambiguïté attirance/répulsion. Seul le personnage de l’avocat alcoolique, remarquablement interprété par Thomas Mitchell, vient atténuer l’amertume latente et apporte même une dimension lyrique à l’ensemble. Comme presque tous les films qui remettent un tant soit peu en cause le modèle de société américain, Silver River est donc un film mal-aimé. C’est pourtant un très beau film, complexe sans aucun doute, mais très riche dans son propos.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Ann Sheridan, Thomas Mitchell, Bruce Bennett
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Raoul Walsh

Silver River
Errol Flynn et Ann Sheridan dans La Rivière d’argent de Raoul Walsh.

Silver River
Thomas Mitchell, Tom D’Andrea, Bruce Bennett et Errol Flynn dans La Rivière d’argent de Raoul Walsh.

(1) Les sept films de Raoul Walsh avec Errol Flynn en rôle principal :
1941 : La Charge fantastique (They Died with Their Boots On) (1941) avec Anthony Quinn
1942 : Sabotage à Berlin (Desperate Journey) avec Ronald Reagan et Nancy Coleman
1942 : Gentleman Jim (Gentleman Jim) avec Alexis Smith et Jack Carson
1943 : Du sang sur la neige (Northern Pursuit) avec Julie Bishop et Helmut Dantine
1944 : Saboteur sans gloire (Uncertain Glory) avec Paul Lukas et Lucile Watson
1944 : Aventures en Birmanie (Objective, Burma!) avec Henry Hull
1948 : La Rivière d’argent (Silver River) avec Ann Sheridan
Alors que la décennie des années trente avait été pour Flynn celle de Michael Curtiz (il a joué dans 12 films sous la direction de Curtiz entre 1935 et 1941), celle des années quarante aura été pour lui celle de Raoul Wash.

3 novembre 2016

Aventures en Birmanie (1945) de Raoul Walsh

Titre original : « Objective, Burma! »

Aventures en BirmanieEn 1943, un commando de parachutistes américains est lâché en pleine Birmanie pour aller détruire une station-radar japonaise… Objective, Burma! est sorti à chaud en janvier 1945, c’est-à-dire plusieurs mois avant la capitulation du Japon, alors que les opérations de reprise de la Birmanie aux mains des japonais étaient toujours en cours. Par certains aspects, le film de Raoul Walsh peut être qualifié de film de propagande mais il est bien plus que cela car le réalisateur montre une telle perfection à la fois dans le déroulement du scénario, dans l’acuité de la description psychologique des personnages et dans la mise en scène des images que le film est devenu un modèle du genre. Tout est idéalement dosé pour former un ensemble où la puissance du propos est remarquable : montrer la réalité de la guerre et le comportement des soldats face au danger. L’interprétation est juste et sobre, y compris celle d’Errol Flynn. Toutes ces qualités ont permis à Objective, Burma! d’être souvent qualifié, à juste titre, de film atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Henry Hull, James Brown, William Prince, George Tobias
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Raoul Walsh

Objective Burma
Errol Flynn (à droite) dans Aventures en Birmanie de Raoul Walsh.

Remarques :
* Objective, Burma! a été interdit en Grande Bretagne une semaine après sa sortie. Il lui était reproché de montrer les opérations en Birmanie comme étant uniquement américaines alors qu’elles furent essentiellement britanniques. De nombreux soldats britanniques et indiens y ont laissé leur vie. Cette interdiction durera jusqu’en 1952.
On reconnait-là le travers hollywoodien de toujours attribuer tous les mérites aux Etats Unis. Il faut souligner, à la décharge de Walsh, que le tournage a eu lieu à la mi-1944, alors que l’issue était encore incertaine (les opérations alliées de 1943 ont finalement été un échec).

* Dans le même registre, on pourra être assez étonné que l’attaque de la station radar ne laisse aucun survivant ennemi. Vue la différence de nombre, c’est totalement improbable mais il était bien entendu impensable de montrer des soldats américains forcés d’exécuter les éventuels survivants.

* Le film a connu un grand succès en France quand il est sorti peu après la Libération, en novembre 1945.

* Raoul Walsh utilisera une trame assez similaire dans son film Les aventures du capitaine Wyatt (1951), l’action étant située en 1840 en Floride, l’ennemi étant les indiens Séminoles.

Objective Burma
Errol Flynn dans Aventures en Birmanie de Raoul Walsh. Dans 50 ans de cinéma américain, Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier nous font remarquer que les personnages sont souvent partiellement masqués par des feuilles ou autres éléments de nature, une façon pour Raoul Walsh de renforcer de sentiment d’emprisonnement.

2 avril 2016

Intrigues en Orient (1943) de Raoul Walsh

Titre original : « Background to Danger »

Intrigues en OrientPendant la Seconde Guerre mondiale, un espion nazi tente d’assassiner l’ambassadeur allemand en Turquie en laissant croire que les coupables sont des russes. Son but est de pousser la Turquie qui est restée neutre à se mettre sous protection allemande. Son plan ayant échoué, il va tenter autre chose… Intrigues en Orient est adapté d’un roman d’Eric Ambler adapté par le grand scénariste W.R. Burnett. Le film fait partie des « petits » Raoul Walsh, le réalisateur avouant dans ses mémoires l’avoir « expédié ». C’est un de ces films destinés à renforcer le sentiment patriotique des américains. Il est néanmoins très bien fait et très prenant, la tension monte graduellement et on ne s’ennuie pas une seconde. Nous retrouvons face à face Sydney Greenstreet et Peter Lorre, tandem que la Warner a utilisé plusieurs fois, avec bonheur le plus souvent, au début de la décennie quarante. Tout laisse à penser que le studio tentait là de retrouver le succès qu’avait eu Casablanca. C’est George Raft qui, cette fois, interprète l’américain intrépide, déterminé et sans peur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George Raft, Brenda Marshall, Sydney Greenstreet, Peter Lorre, Osa Massen
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Raoul Walsh

Background to danger
George Raft et Osa Massen dans Intrigues en Orient de Raoul Walsh.

Background to danger
Peter Lorre, Brenda Marshall et George Raft dans Intrigues en Orient de Raoul Walsh.

Background to danger
George Raft et Sydney Greenstreet dans Intrigues en Orient de Raoul Walsh.

20 février 2015

La Femme à abattre (1951) de Bretaigne Windust et Raoul Walsh

Titre original : « The Enforcer »

La femme à abattreMalgré d’intenses mesures de protection, la police ne peut empêcher la mort d’un truand qui avait accepté de témoigner contre son patron. Celui-ci risque de sortir libre du tribunal le lendemain. Les enquêteurs repassent en revue toute l’enquête pour trouver une preuve qui leur permettrait d’empêcher cela… The Enforcer marque un tournant dans l’histoire du cinéma car il marque le passage du film noir vers le crime organisé. Basée sur les révélations du truand Abe Reles, l’histoire se situe au moment où la police découvre la constitution d’une sorte de syndicat du crime. The Enforcer est d’ailleurs le premier film où sont employés les mots contract, hit, finger man (1), mots qui laissent les enquêteurs vraiment perplexes. Bien entendu, la stupeur de cette découverte ne joue plus sur nous aujourd’hui mais le film reste assez prenant grâce à un excellent déroulé du scénario, très accessible malgré l’imbrication de flashbacks. La séquence qui clôt le film est assez remarquable (les haut-parleurs et le reflet dans la porte sont des idées superbes).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Zero Mostel, Ted de Corsia, Everett Sloane, Roy Roberts
Voir la fiche du film et la filmographie de Bretaigne Windust et celle de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

Remarques :
La femme à abattre* La plus grande partie de The Enforcer a été tournée sous la direction de Raoul Walsh : après quelques jours de tournage, le réalisateur Bretaigne Windust est tombé malade et c’est Humphrey Bogart qui a demandé à Raoul Walsh de le remplacer quelques jours. Sa maladie étant plus grave que prévue, Raoul Walsh a en réalité terminé le tournage ! Raoul Walsh n’est toutefois pas crédité au générique car il n’a pas voulu causer du tort à Bretaigne Windust qui pouvait percer grâce à ce film. Ce ne fut pas le cas : Bretaigne Windust n’a tourné ensuite que pour la télévision, son nom n’est guère connu des cinéphiles. A noter qu’il avait précédemment dirigé deux films avec Bette Davis : June Bride (1948) et Winter Meeting (1948) et qu’il était avant cela metteur en scène à Broadway.

The Enforcer
(de g. à d.) Roy Roberts, Zero Mostel et Humphrey Bogart dans The Enforcer.

* Le film est sorti au Royaume Uni sous le titre Murder, Inc. qui était dans la vie réelle le nom de l’organisation décrite par Abe Reles quelques mois avant le tournage du film.
* The Enforcer est le dernier film d’Humphrey Bogart pour la Warner, studio pour lequel il tournait depuis 1932.

Homonyme :
The Enforcer (L’inspecteur ne renonce jamais) de James Fargo (1976) avec Clint Eastwood en Dirty Harry.

(1) Contract = la commande du meurtre, hit = le meurtre lui-même, finger man = l’homme qui montre la cible.

12 avril 2014

La Blonde et le shérif (1958) de Raoul Walsh

Titre original : « The Sheriff of Fractured Jaw »

La blonde et le shérifJonathan Tibbs, digne héritier d’un important magasin d’armes anglais sur le déclin, décide d’aller dans l’Ouest américain pour trouver des acheteurs à ses fusils. Il arrive dans la petite bourgade de Fractured Jaw où deux bandes s’entredéchirent… Dans la vaste filmographie de Raoul Walsh, La blonde et le shérif (The Sheriff of Fractured Jaw) est certainement l’un des films les plus étranges. C’est aussi l’un des westerns les plus curieux. Le registre est clairement celui de l’humour : c’est le décalage entre le flegme britannique et la rustrerie des américains qui en est le moteur principal. Cela donne des situations assez amusantes où le très british Tibbs va déconcerter tout le monde et parviendra ainsi à trouver une issue à des situations inextricables. Raoul Wash tourne en dérision tous les grands poncifs du western, nous avons même droit à l’inévitable partie de poker (qu’il gagne en se faisant conseiller par un chien !) Kenneth More fait un bel abattage, toujours parfaitement dans son personnage. En regardant Jayne Mansfield, on mesure à quel point la Fox désirait alors créer un clone de Marilyn. Hélas, si ses qualités plastiques ne passent pas inaperçues, l’actrice ne parvient pas à aller au-delà, comme Marilyn savait si bien le faire en donnant une profondeur à ses rôles. Au final, La blonde et le shérif est une variante assez farfelue sur le thème du western, franchement surprenante de la part de Raoul Walsh.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenneth More, Jayne Mansfield, Henry Hull, Bruce Cabot
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Raoul Walsh

Remarques :
* The Sheriff of Fractured Jaw a été tourné entièrement en Europe, en Angleterre mais aussi en Espagne.
* Pour ses chansons, Jayne Mansfield est doublée par Connie Francis.

6 octobre 2013

Les Implacables (1955) de Raoul Walsh

Titre original : « The Tall Men »

Les implacablesPeu après la fin de la guerre de Sécession, deux frères arrivent dans les montagnes enneigées du Montana attirés par l’or. Ils kidnappent un homme qui transporte une importante somme d’argent. Il leur propose de l’aider à aller chercher un troupeau de bétail au Texas… Adaptée d’un roman de Heck Allen, l’histoire du western The Tall Men a de quoi surprendre quelque peu en son début : on y voit en effet Clark Gable, que l’on est habitué à voir symboliser la droiture, dans un rôle peu reluisant. La suite lui permettra de montrer sa vraie valeur, de montrer qu’il est un « grand homme ». L’histoire peut sembler ensuite assez conventionnelle mais elle surtout très limpide. Sans grands coups d’éclat, le film montre le grand professionnalisme de Walsh et de son équipe. Les scènes en extérieurs sont assez grandioses avec une remarquable utilisation du CinemaScope. Le réalisme des scènes dans les neiges du Montana est remarquable ; elles ont pourtant été tournées en studio. Le propos du film est de démontrer que l’on peut être ambitieux sans être matérialiste. Le héros est très « walshien », c’est-à-dire d’une grande noblesse de caractère et très chevaleresque : « Il est ce que tout petit garçon rêve de devenir quand il sera un homme et ce que tout homme d’âge mûr aurait voulu devenir » dira de lui son adversaire pour clore le film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Jane Russell, Robert Ryan, Cameron Mitchell, Juan García
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

29 avril 2013

La Fille du désert (1949) de Raoul Walsh

Titre original : « Colorado Territory »

La fille du désertLe pilleur de banques Wes McQueen parvient à s’évader de prison et retrouve, dans une ville abandonnée, deux complices de sa bande avec lesquels il doit faire son prochain coup. Il y a là aussi une jeune femme nommée Colorado… En 1941, Raoul Walsh avait déjà adapté ce roman de W.R. Burnett pour faire le superbe High Sierra (La Grande Evasion), film de gangster avec Humphrey Bogart. Huit ans plus tard, il décide de l’adapter à nouveau, cette fois en western : c’est Colorado Territory. Le bandit au grand coeur est interprété par Joel McCrea (1) qui sait rendre son personnage attachant et, face à lui, Virginia Mayo a une présence phénoménale et se montre d’une sensualité rare. L’adaptation et la réalisation sont parfaites, le film porte en lui beaucoup des canons du genre : les grands espaces, le désert et ses montagnes, une attaque de diligence, un hold-up de train, les trahisons. L’ensemble est d’un grand et beau classicisme, sans effets inutiles, direct et d’une grande simplicité. Le propos est assez sombre. On retrouve dans cette tragédie, car c’en est une, le thème de la difficulté d’échapper à son destin, de changer de route, le poids du passé, thème cher à Raoul Walsh. Colorado Territory est un grand classique du western.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joel McCrea, Virginia Mayo, Dorothy Malone, Henry Hull
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

Remarque :
On peut replacer Colorado Territory au sein d’une trilogie de westerns tragiques :
1. Pursued (La Vallée de la peur) de Raoul Walsh (1947) avec Teresa Wright et Robert Mitchum
2. Colorado Territory (La Fille du désert) de Raoul Walsh (1949) avec Joel McCrea et Virginia Mayo
3. Along the Great Divide (Le Désert de la peur) de Raoul Wash (1951) avec Kirk Douglas et Virginia Mayo.

Remake :
La Peur au ventre (I Died a Thousand Times) de Stuart Heisler (1955) avec Jack Palance et Shelley Winters

(1) Le choix de Joel McCrea est assez important car l’acteur n’est pas coutumier des rôles de hors-la-loi et possède un grand capital de sympathie auprès du public. Le cas était très différent pour Humphrey Bogart dans High Sierra huit ans auparavant car Bogart n’était alors connu que pour ses rôles de gangsters, rarement sympathiques au demeurant.