16 janvier 2016

Messaline (1951) de Carmine Gallone

Titre original : « Messalina »

MessalineMariée à l’empereur Claude, l’impératrice Messaline ne cesse d’intriguer en coulisses et collectionne les amants qu’elle n’hésite pas à faire tuer s’ils deviennent gênants… Carmine Gallone est un cinéaste italien prolifique dont certains films furent des piliers du cinéma fasciste, tel son fameux Scipion l’Africain (1937). Il revient au péplum(1) avec ce Messaline, une production italo-franco-espagnole de l’Après-guerre, film moins chargé d’idéologie. La distribution est aussi cosmopolite que la production puisqu’aux côtés des acteurs italiens, on note la présence de plusieurs acteurs français et le premier rôle est assez brillamment tenu par la grande star mexicaine Maria Félix. L’histoire est hélas assez répétitive et l’on se lasse rapidement des intrigues politiques et amoureuses de la belle impératrice. Une longue séquence reconstitue le grand spectacle des jeux du cirque avec combats de gladiateurs et courses de chevaux. Le film connut un grand succès en Italie à sa sortie.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: María Félix, Georges Marchal, Memo Benassi, Jean Tissier, Jean Chevrier, Michel Vitold
Voir la fiche du film et la filmographie de Carmine Gallone sur le site IMDB.

(1) A noter, qu’en 1951, le mot « péplum » n’était pas encore utilisé. Il apparaitra peu après, les années cinquante étant la grande décennie du péplum.

Messaline
María Félix est l’impératrice Messaline dans le film de Carmine Gallone.

Voir aussi :
Messaline (Messalina Venere imperatrice) de Vittorio Cottafavi (1960).

20 septembre 2015

Salomon et la reine de Saba (1959) de King Vidor

Titre original : « Solomon and Sheba »

Salomon et la reine de SabaFils de David, le pacifique Salomon hérite de la gouvernance de la Terre d’Israël au grand dam de son frère, le guerrier Adonias. Grand ennemi d’Israël, le pharaon d’Egypte accepte la proposition de la reine de Saba : celle-ci se propose d’aller séduire Salomon pour mieux connaitre ses faiblesses et permettre ainsi de l’anéantir… Salomon et la reine de Saba est un grand péplum qui puise son inspiration dans des évènements décrits dans la Bible. Le tournage, effectué en Espagne, fut marqué par le décès prématuré de Tyrone Power (44 ans), acteur principal et coproducteur, qui succomba à la suite d’une crise cardiaque sur le plateau. La production imposa pour le remplacer Yul Brynner qui était alors considéré comme le grand spécialiste des rôles de roi. King Vidor affirme lui-même que Brynner n’a pas compris la complexité du personnage et ses rapports avec l’acteur furent tendus. Le retournage des scènes fut donc difficile. Yul Brynner a effectivement une froideur et rigidité dans son jeu qui ne conviennent pas. Malgré cela, Salomon et la reine de Saba reste un beau spectacle, à classer parmi les grands péplums des années cinquante et soixante. Les scènes d’extérieurs et de batailles sont assez spectaculaires et la grande sensualité de Gina Lollobrigida, dans des robes particulièrement ajustées qui la mettent si bien en valeur, marque le film. On retrouve ici cet érotisme latent si particulier aux péplums. Malgré un mauvais accueil critique, Salomon et la reine de Saba connut un beau succès populaire. Ce sera le dernier long métrage de King Vidor.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yul Brynner, Gina Lollobrigida, George Sanders, Marisa Pavan, David Farrar
Voir la fiche du film et la filmographie de King Vidor sur le site IMDB.

Voir les autres films de King Vidor chroniqués sur ce blog…

Salomon et la reine de SabaMarisa Pavan (debout), Yul Brynner et Gina Lollobrigida dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaGeorge Sanders et Gina Lollobrigida dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaBelle illustration de l’érotisme latent aux limites de la permissivité de l’époque : Gina Lollobrigida dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaPhoto de la version avec Tyrone Power : Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaLa même scène telle qu’elle figure dans le film, tournée à nouveau avec Yul Brynner : Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Remarque :
* King Vidor explique dans ses mémoires qu’il a voulu refaire la célèbre scène de la barque de son Bardelys Le Magnifique (1926) : la reine et Salomon glissent en barque sous les branches d’un saule pleureur qui tombent jusqu’à toucher l’eau. Il n’a pas tout a fait réussi car la perruque de Gina Lollobrigida et la fausse barbe de Yul Brynner s’accrochaient dans les branches qui durent finalement être coupées ! (King Vidor, La Grande Parade, éditions J.C. Lattès 1981, page 236)
Il est amusant de revoir la scène en sachant cela : alors que dans le film de 1926, les branches venaient caresser langoureusement le visage des deux amants, ici ils passent leur temps à écarter les branches qui arrivent sur eux…

Salomon et la reine de SabaGina Lollobrigida et Yul Brynner dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

10 septembre 2015

Messaline (1960) de Vittorio Cottafavi

Titre original : « Messalina Venere imperatrice »

MessalineA Rome, en l’an 38 après J.-C., la jeune et ambitieuse vestale romaine (1) Valeria Messalina rencontre le centurion Lucius Maximus la veille de ses noces avec l’empereur Claude. Le jeune Lucius Maximus n’en sait rien puisqu’il est aussitôt envoyé livrer bataille dans une lointaine contrée. Parvenue au pouvoir, Messaline ne cesse de comploter pour assouvir ses désirs… Le personnage de Messaline, impératrice cruelle et débauchée, a toujours excité les imaginations par son mélange explosif de pouvoir, violence et sexualité. Réalisé en pleine période de surproduction de péplum italiens, le film de Cottafavi ne cherche pas, on s’en doute, la vérité historique mais plutôt à créer un spectacle à la sensualité épanchée. L’histoire se déroule, nous prévient-on en exergue, « à une période où la vie humaine n’avait aucune valeur » (diantre, on en frémit d’avance)… C’est l’anglaise Belinda Lee qui est chargée de minauder et de rouler des yeux devant la caméra mais elle ne parvient pas à donner une réelle dimension à son personnage. La réalisation est toutefois soignée ce qui écarte tout ennui à la vision du film. Messaline n’est pas le péplum de Cottafavi le plus remarquable : on pourra probablement lui préférer Les Légions de Cléopâtre tourné l’année précédente.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Belinda Lee, Spiros Focás
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Messaline
Belinda Lee dans Messaline de Vittorio Cottafavi

(1) Les vestales étaient des prêtresses de la déesse Vesta, des jeunes filles vouées à la chasteté et éduquées de façon très stricte.

Autres films centrés sur le personnage de Messaline :
Woman de Maurice Tourneur (1918) avec Flora Revalles
Messaline (Messalina) de Carmine Gallone (1951) avec María Félix et Georges Marchal
Messaline , impératrice et putain (Messalina, Messalina!) de Sergio Corbucci (1977) avec Anneka Di Lorenzo
Caligula et Messaline de Bruno Mattei (1981) avec Betty Roland

18 octobre 2014

Samson et Dalila (1949) de Cecil B. DeMille

Titre original : « Samson and Delilah »

Samson et DalilaMille ans avant Jésus-Christ, la tribu hébraïque des Danites vit sous le joug de Philistins brutaux. Samson, un berger à la force prodigieuse, voudrait libérer son peuple mais il s’éprend de la fille d’un riche marchand philistin… Inspiré de la Bible (le Livre des Juges de l’Ancien Testament), Samson et Dalila est avec Les Dix Commandements le péplum le plus populaire de Cecil B. DeMille. C’est un film grand spectacle en couleurs dont certaines scènes (le combat à mains nues avec un lion et, bien entendu, la démolition du temple) appartiennent à la mythologie du cinéma. Sur un fond (assez récurrent dans les péplums hollywoodiens) de lutte contre le paganisme, Samson et Dalila est avant tout une histoire d’amour impossible, assez fortement chargée d’un érotisme plutôt suggestif. Samson et Dalila Hedy Lamarr, actrice surnommée « la belle femme du monde » (1), et Victor Mature sont avant tout des corps qui ont une présence phénoménale à l’écran. Hedy Lamarr incarne de façon ardente la femme fatale et George Sanders apporte une petite touche de subtilité. La mise en scène un peu statique de Cecil B. DeMille apporte une certaine solennité qui sied au récit. Samson et Dalila est un cocktail savamment dosé, ce qui lui permet d’être toujours aussi plaisant à regarder aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hedy Lamarr, Victor Mature, George Sanders, Angela Lansbury, Henry Wilcoxon
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(1) « The Most Beautiful Woman in Films ». Ce surnom lui avait été donné par Louis B. Mayer.

Samson et Dalila (Samson and Delilah)Hedy Lamarr dans Samson et Dalila (Samson and Delilah) de Cecil B. DeMille.

23 février 2014

L’Égyptien (1954) de Michael Curtiz

Titre original : « The Egyptian »

L'égyptienDans l’Egypte ancienne, au cours de la XVIIIe dynastie, un jeune orphelin devient médecin. Il entre au service du nouveau pharaon Akhnaton avec son ami d’école, le guerrier Horemheb… L’Égyptien a été conçu comme une couteuse superproduction par Darryl F. Zanuck. Initialement, le casting devait être prestigieux avec Marlon Brando, Burt Lancaster et Kirk Douglas en tête d’affiche. Hélas, cela ne fit pas, Brando se retirant peu avant le tournage, et le choix final fut moins heureux. Est-ce la seule raison pour laquelle le film se révèle être décevant ? Probablement pas. Le scénario manque sans aucun doute de force et l’on se surprend à sourire parfois devant certains clichés. Il a pourtant été écrit par deux bons scénaristes, Philip Dunne et Casey Robinson, à partir d’un roman de Mika Waltari, écrivain finlandais. Comme dans certains peplums, on retrouve une certaine glorification maladroite du monothéisme. Si aucun acteur ne manifeste une belle présence, c’est aussi en grande partie dû à l’écriture car, finalement, on a l’impression que c’est un film qu’avec des seconds rôles. Le meilleur est certainement dans les décors, assez somptueux, et dans la reconstitution de la vie courante. La photographie abuse sans doute un peu des couleurs vives mais l’image est flamboyante à souhaits.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Edmund Purdom, Jean Simmons, Victor Mature, Gene Tierney, Michael Wilding, Bella Darvi, Peter Ustinov
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Remarques :
* Marilyn Monroe fit tout pour obtenir le rôle de Nefer, la belle tentatrice, mais Darryl F. Zanuck avait déjà réservé le rôle à Bella Darvi qui était alors sa maitresse.
* La Fox a revendu une partie des décors à Paramount pour le tournage du film de Cecil B. DeMille Les Dix Commandements.

2 octobre 2012

L’aigle de la neuvième légion (2011) de Kevin Macdonald

Titre original : « The Eagle »

L'aigle de la neuvième légionEn 140 après Jésus-Christ, un jeune centurion désire restaurer l’honneur de son père qui a disparu mystérieusement en Ecosse avec la Neuvième Légion vingt ans auparavant. Il se fait nommer en Bretagne (actuelle Angleterre) qui est alors séparée de l’actuelle Ecosse par le Mur d’Hadrien… Adaptation d’un roman publié dans les années cinquante de Rosemary Sutcliff, L’aigle de la neuvième légion de l’écossais Kevin Macdonald est un film d’action, variante péplum. Le film a été comparé à un western par certains observateurs et il est vrai qu’il en reprend largement les codes : longues chevauchées et traque solitaire, des écossais qui rappellent étrangement les indiens par leur village et leurs rites. Le scénario est étonnamment peu développé, les scènes de batailles sont confuses. Ancien mannequin, Channing Tatum a certes un physique avenant mais un jeu plutôt inexpressif. Une partie du film ayant été tournée dans les Highlands, il nous reste à profiter de quelques très beaux plans larges.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Channing Tatum, Jamie Bell, Donald Sutherland, Mark Strong, Tahar Rahim
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Remarques :
* Les historiens perdent effectivement la trace de la Neuvième Légion romaine en 120 après J.-C. mais aucun élément ne permet de corroborer l’hypothèse qu’elle se soit fait massacrer en Ecosse. Elle peut-être été simplement dissoute ou déplacée dans une autre région de l’empire.
* Le Mur d’Hadrien est une fortification en pierre et en tourbe construite à partir de 122 ap.  J.-C. par les Romains sur toute la largeur de l’actuelle Grande-Bretagne. ce mur était destiné à protéger le sud de l’île des attaques des tribus calédoniennes du nord. Il s’étendait sur 117 kms au niveau du sud de l’Ecosse actuelle. Vers l’an 140, il fut doublé plus au nord par le Mur d’Antonin (le fils adoptif d’Hadrien) long de 60 kms légèrement au nord de l’actuelle Glasgow.

13 septembre 2012

La chute de l’empire romain (1964) de Anthony Mann

Titre original : « The fall of the Roman Empire »

La chute de l'empire romainEn l’an 170 après Jésus Christ, Marc Aurèle règne sur l’Empire romain. Il affronte les Barbares au nord avec, à ses côtés, sa fille Lucilla, son fils Commode et Livius, un général de ses armées qu’il aimerait voir lui succéder… La chute de l’empire romain est l’une des plus fastueuses productions des années soixante mais aussi l’un des plus grands fiascos financiers. Le budget fut en effet colossal afin de créer des scènes d’une ampleur rare avec d’innombrables figurants. Décors et costumes sont magnifiques. Ces scènes grandioses sont le point fort du film qui pêche un peu par sa longueur. Sophia Loren, certes très belle notamment la scène d’ouverture, n’est guère convaincante (est-elle doublée? Il est probable que non) La chute de l'empire romain et les scènes entre elle et Stephen Boyd sont les plus faibles du film. Christopher Plummer fait en revanche une très belle prestation et les seconds rôles sont remarquablement bien tenus, par des acteurs de premier plan il est vrai. Anthony Mann contrôle parfaitement cette gigantesque production. Avec ses scènes de bataille, d’action (formidable course effrénée des deux chars), et ses scènes de foule, La chute de l’empire romain reste un beau et impressionnant spectacle.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sophia Loren, Stephen Boyd, Alec Guinness, James Mason, Christopher Plummer, Anthony Quayle, Mel Ferrer, Omar Sharif
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Mann sur le site IMDB.
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Remarques :
* Le décor du Forum de Rome avait une taille gigantesque : 400 x 250 mètres. Il détient toujours le record du plus grand décor extérieur jamais construit pour un film. Plus de 1000 ouvriers travaillèrent pendant sept mois à sa construction.
* Suite à l’échec financier du film, le producteur Samuel Bronston (neveu de Trotski) dut fermer toutes ses installations en Espagne, un vaste complexe de studios près de Madrid où La chute de l’empire romain a été tourné.
* Variations par rapport à l’Histoire : Marc Aurèle n’a pas été assassiné. Marc Aurèle désirait que son fils Commode lui succède. Le personnage de Livius est imaginaire. Lucilla a été assassinée sur ordre de son frère Commode après qu’elle ait participé à un complot contre lui. Commode est mort étranglé dans son bain.
* La chute de l’empire romain a été une source d’inspiration pour Gladiator de Ridley Scott (2000). Lire une mise en parallèle des deux films sur Peplums.info.

1 septembre 2012

Le fils prodigue (1955) de Richard Thorpe

Titre original : « The prodigal »

Le fils prodigueEn l’an 70 avant Jésus Christ, le fils d’un riche propriétaire hébreu quitte le domaine familial après avoir été ébloui par la beauté d’une grande prêtresse païenne… Le fils prodigue est basé sur la (courte) parabole homonyme de la Bible ; elle est donc très largement étendue et développée. Il s’agit d’une importante production avec de somptueux et couteux décors mais dont l’histoire est particulièrement manichéenne et le traitement très hollywoodien. Les dialogues sont étonnamment pauvres. Même la vision de Lana Turner en grande prêtresse de rites païens déçoit quelque peu car les scènes prêtent plutôt à sourire par leur côté kitsch vraiment marqué. L’actrice, qui n’appréciait guère de tourner dans des films à costumes, reste tout de même le meilleur atout de ce film. On notera aussi quelques bons seconds rôles.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lana Turner, Edmund Purdom, Louis Calhern, Neville Brand, Francis L. Sullivan
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Thorpe sur le site IMDB.

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24 février 2012

Jason et les Argonautes (1963) de Don Chaffey

Titre original : « Jason and the Argonauts »

Jason et les ArgonautesJason, fils du roi de Thessalie assassiné vingt années auparavant, part chercher la Toison d’or pour redonner espoir à son peuple et chasser l’usurpateur qui a pris sa place. Il est protégé par la déesse Héra dans son expédition qui va l’emmener dans des contrées inexplorées…
Jason et les Argonautes est librement inspiré de la mythologie grecque (1). Réalisé par l’anglais Don Chaffey, ce peplum est devenu l’archétype du film d’aventures et reste marquant par ses extraordinaires effets spéciaux signés Ray Harryhausen (2) qui anime de façon spectaculaire ses monstres et autres créatures malfaisantes. Bien évidemment, ces effets spéciaux peuvent faire sourire aujourd’hui mais on ne peut qu’être frappé par leur pouvoir de marquer nos esprits. Jason et les Argonautes Et comme le fait remarquer l’historien Jacques Lourcelles, leur maladresse relative donne aux créatures une certaine fragilité et par la même une certaine humanité. L’inventivité est remarquable, la mise en scène est parfaite. De l’ensemble, se dégage une indéniable poésie qui donne à ces aventures une dimension supplémentaire et unique.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Todd Armstrong, Nancy Kovack, Niall MacGinnis, Honor Blackman, Nigel Green
Voir la fiche du film et la filmographie de Don Chaffey sur le site IMDB.

Remarques :
La musique est signée Bernard Herrmann qui réutilise ou réarrange certains thèmes de ses films précédents.

(1) Plus précisément, la source d’inspiration principale de Jason et les Argonautes semblent avoir été les Argonautiques du poète grec Apollonios de Rhodes (IIIe siècle avant J.C.), une épopée en quatre chants qui relate le voyage des Argonautes, menés par Jason, dans leur quête de la Toison d’or.
(2) Ray Harryhausen est également producteur-associé aux côtés de Charles H. Schneer.

Remake (TV) :
Jason et les Argonautes 2000 de Nick Willing (2000) avec Jason London

28 janvier 2012

Cabiria (1914) de Giovanni Pastrone

CabiriaLa victoire dans la Guerre italo-turque en Libye (1911-12) raviva en Italie le désir de récits historiques. C’est ainsi que l’on vit naître les premiers grands péplums au cinéma : ce fut d’abord Quo Vadis en 1913 (le premier long métrage à dépasser les deux heures) mais c’est Cabiria qui frappera les esprits. Il marque un tournant dans l’Histoire du cinéma. Le scénario est extrêmement riche et très prenant. Bien qu’il soit officiellement signé de Gabriele D’Annunzio (écrivain alors très célèbre), c’est Giovanni Pastrone qui l’a écrit, D’Annunzio ayant en réalité seulement réécrit les intertitres (1). Le scénario place des personnes de fiction au sein de faits historiques de la Deuxième Guerre punique (IIIe siècle avant J.C.), l’intrigue étant articulée autour d’une fillette enlevée en Sicile et vendue à Carthage pour être sacrifiée aux dieux. Le sénateur Fulvio et son esclave Maciste sont sur ses traces…

CabiriaLe budget fut colossal. Des décors énormes furent fabriqués, des milliers de figurants engagés. Vu sur grand écran, le film reste impressionnant aujourd’hui. Rien ne paraît faux : par exemple, lorsque le palais s’écroule pendant l’éruption de l’Etna, on ressent la lourdeur des blocs de pierre qui tombent. La traversée des Alpes par Hannibal nous donne froid. Les décors ont toujours une forte présence, ce ne sont jamais des toiles peintes. Les costumes sont riches et très élaborés. Cela donne des scènes fastueuses où la lumière est remarquablement utilisée.

Cabiria Fosco Cabiria est révolutionnaire aussi pour une autre raison : c’est en effet le premier film avec des travellings. On doit certainement à Segundo de Chomón (réalisateur espagnol transfuge de Pathé, ici directeur de la photographie) l’idée de placer la caméra et l’opérateur sur un chariot pour pouvoir les déplacer sans s’arrêter de filmer. Les mouvements sont encore timides, utilisés soit pour donner de l’ampleur à une scène ou à un décor en laissant percevoir ainsi son relief, soit pour focaliser l’attention sur un personnage en se rapprochant de lui (les focales étaient bien évidemment fixes à l’époque, pas question de zoom) ; ils sont timides mais le principe est là. Pendant des années, le terme de « Cabiria movements » sera utilisé dans les studios pour désigner les travellings (2). Le montage est assez élaboré avec des plans de coupe, des gros plans sur des objets, donnant beaucoup de vie à l’ensemble.

Cabiria - affiche française (fin des années 20?) Le jeu des acteurs reste assez théâtral, un peu forcé et manquant souvent de naturel. C’est ce style de jeu qui trahit l’âge du film. Le personnage qui crève l’écran, c’est Maciste interprété par Bartolomeo Pagano, un docker du port de Gênes dont la célébrité sera immédiate. Ce personnage de Maciste, avec sa force herculéenne, sera repris dans des dizaines de films (3). Le film Cabiria eut un succès considérable, en Italie mais aussi aux Etats-Unis. Il a influencé de nombreux cinéastes, notamment D.W. Griffith (4). Souvent tronqué ou montré à une mauvaise vitesse, Cabiria a été restauré dans sa version intégrale de trois heures en 2006. (5)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lidia Quaranta, Umberto Mozzato, Bartolomeo Pagano, Italia Almirante-Manzini
Voir la fiche du film et la filmographie de Giovanni Pastrone sur le site IMDB.

Remarque :
(1) D’après les déclarations de Giovanni Pastrone en 1949, Gabriele d’Annunzio a signé une à une les 30 pages de scénario sans les lire. Il n’a réécrit les intertitres qu’en fin de production. C’est tout de même à lui que l’on devrait les noms de Cabiria et de Maciste.
A noter également que Giovanni Pastrone a signé la réalisation sous le nom Piero Fosco.

(2) Pastrone a déposé un brevet de ce principe (filmer en se déplaçant) qu’il a appelé « carello » (= travelling).

Cabiria - affiche française (fin des années 20?) (3) IMDB liste 49 films avec le personnage de Maciste. Tous ne sont pas de grande qualité, loin de là… Bartolomeo Pagano jouera dans près de trente d’entre eux, de 1914 à 1929. Il n’aura d’ailleurs jamais vraiment d’autres rôles au cinéma.

(4) Cabiria a fortement impressionné D.W. Griffith. Ce film l’aurait décidé à transformer The Mother and the Law qu’il était en train de tourner en une vaste fresque : ce sera Intolérance qui reprend des plans très similaires mais qui va encore plus loin dans la grandeur et l’innovation. Les sculptures monumentales d’éléphants sont reprises par Griffith comme par beaucoup d’autres par la suite. Cabiria a inspiré Sergueï Eisenstein pour ses déplacements de caméra du Cuirassé Potemkine. Cabiria a inspiré Fritz Lang pour la scène du Moloch de Metropolis. Fellini a nommé son personnage Cabiria dans son très beau film Les Nuits de Cabiria en référence à celui-ci.

(5) Les meilleures versions :
– Version de 123 minutes transcrite en 1990. Cette version n’est hélas pas disponible en France mais elle existe aux Etats-Unis éditée par Kino en 2000. Le DVD est ‘zone zéro’ donc lisible par tous les lecteurs (les intertitres sont en anglais, pas de sous-titres). L’image est de belle qualité, la vitesse est bonne, la musique est de Jacques Gauthier qui reprend la partition originale de Manilo Mazza.
– Version de 181 minutes, présentée pour la première fois à Cannes en 2006. Criterion avait alors annoncé la sortie ‘imminente’ d’un DVD. N’étant toujours pas sorti à ce jour, on peut se demander s’il sortira un jour (pour le centenaire?). Espérons-le.