11 octobre 2018

Les distractions (1960) de Jacques Dupont

Les distractionsReporter-photographe, Paul Frapier vient en aide à son ancien ami Laurent recherché pour meurtre. Ils furent tous deux parachutistes en Algérie et restent liés par une indéfectible amitié…
Adapté d’un roman de Jean Bassan, Les distractions a été tourné quelques mois seulement après A bout de souffle et force est de constater qu’il présente bien des similitudes avec le film de Godard qui a manifestement servi de modèle. Jean-Paul Belmondo y interprète de nouveau un jeune type amoral et blasé, très égocentrique dans ses rapports avec les personnes qui l’entourent, notamment les femmes. Le film est centré sur ce portrait, l’intrigue policière passant au second plan ce qui ne laisse à Claude Brasseur que bien peu de place. Jacques Dupont, se laissant porter par la Nouvelle Vague, ne montre pas une grande originalité dans sa réalisation et se perd un peu dans les méandres des misères sentimentales que son personnage occasionne. On retrouve toutefois avec plaisir l’atmosphère du Paris de 1960 avec quelques images nocturnes du meilleur effet.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Alexandra Stewart, Sylva Koscina, Claude Brasseur, Mireille Darc
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Dupont sur le site IMDB.

Remarque :
* Les Distractions est le second (et ultime) long métrage de Jacques Dupont, auparavant spécialisé dans les courts métrages ethnographiques sur l’Afrique.

Les distractions
Jean-Paul Belmondo et Alexandra Stewart dans Les distractions de Jacques Dupont.

Les distractions
Alexandra Stewart et Mireille Darc (son premier rôle au cinéma) dans Les distractions de Jacques Dupont.

26 juillet 2018

Notre-Dame de Paris (1956) de Jean Delannoy

Notre-Dame de ParisEn 1482, sous le règne de Louis XI, le poète sans le sou Pierre Gringoire a écrit une petite pièce qui doit être jouée le jour de la Fête des fous. Il se désole du manque d’attention du public mais remarque la danseuse bohémienne Esméralda qui captive l’attention de tous, y compris celle d’un homme en noir, l’alchimiste Claude Frollo…
Cette version du Notre-Dame de Paris de Victor Hugo est l’une des plus connues mais pas l’une des plus réussies. Pourtant l’adaptation a été écrite par Jean Aurenche et Jacques Prévert et la reconstitution est fastueuse, que ce soit dans les décors ou dans les costumes. L’interprétation d’Anthony Quinn en Quasimodo est assez remarquable et Gina Lollobrigida fait une Esméralda particulièrement sensuelle. Pourtant, le résultat paraît bien fade et d’une grande froideur : on reste à bonne distance et ce ne sont pas les gesticulations et vociférations du monde de la Cour des Miracles qui incitent au contraire. La volonté de créer un grand spectacle a emporté toute tension dramatique et le film apparaît bien bancal.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Gina Lollobrigida, Anthony Quinn, Alain Cuny, Robert Hirsch, Philippe Clay, Jean Danet, Jean Tissier
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Delannoy sur le site IMDB.

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Voir les livres sur Jean Delannoy

Remarque :
* Dans cette version, Frollo n’est pas l’Archidiacre de Notre-Dame de Paris mais un alchimiste qui habite dans les tours. Le transformer ainsi en laïque serait probablement dû à la volonté de distribuer le film aux Etats-Unis où le code de censure Hays interdisait de représenter un ecclésiastique ainsi soumis aux désirs de la chair.

Notre-Dame de Paris
Gina Lollobrigida dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy (à l’arrière-plan, avec le chapeau violet, Robert Hirsch).

Adaptations du roman de Victor Hugo :
1905 : La Esmeralda d’Alice Guy et Victorin Jasset (10 minutes)
1911 : Notre-Dame de Paris d’Albert Capellani (36 minutes)
1917 : The Darling of Paris de J. Gordon Edwards (60 min. env., film perdu)
1923 : Notre-Dame de Paris (The Hunchback of Notre Dame) de Wallace Worsley
1939 : Quasimodo (The Hunchback of Notre-Dame) de William Dieterle
1956 : Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy
1996 : Le Bossu de Notre-Dame (The Hunchback of Notre Dame) de Walt Disney Company
1999 : Quasimodo d’El Paris de Patrick Timsit (comédie)

26 juin 2018

Sherlock Holmes: Jeu d’ombres (2011) de Guy Ritchie

Titre original : « Sherlock Holmes: A Game of Shadows »

Sherlock Holmes: Jeu d'ombres1891. Le monde occidental est déstabilisé par une série d’attentats qui peut le faire basculer dans la guerre. Sherlock Holmes est le seul à déceler la marque du professeur Moriarty et va tout faire pour contrecarrer ses plans maléfiques…
Sherlock Holmes: Jeu d’ombres est la suite de Sherlock Holmes réalisé par le même Guy Ritchie. L’histoire a été cette fois imaginée et écrite par les époux Kieran et Michele Mulroney dans l’esprit des romans de Conan Doyle tout en gardant le personnage iconoclaste du premier volet. Si les ingrédients restent les mêmes, l’ensemble est mieux équilibré, plus subtil, avec une intrigue riche et joliment corsée. Même l’alchimie très particulière entre Holmes et Watson, toujours mâtinée un peu lourdement d’homosexualité, semble ici mieux intégrée. Certains effets paraissent superflus mais cet habituel défaut reste ici finalement assez négligeable. Avec son côté british qui lui apporte un peu d’élégance, Sherlock Holmes: Jeu d’ombres se révèle être une comédie policière rétro vraiment plaisante. Le film fut boudé par la critique mais pas par le public et un troisième volet est prévu pour 2020.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Downey Jr., Jude Law, Noomi Rapace, Rachel McAdams, Jared Harris, Stephen Fry
Voir la fiche du film et la filmographie de Guy Ritchie sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

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Sherlock Holmes Jeu d'ombres
Robert Downey Jr., Noomi Rapace et Jude Law dans Sherlock Holmes: Jeu d’ombres de Guy Ritchie.

29 mai 2018

À la française (1963) de Robert Parrish

Titre original : « In the French Style »

À la françaiseUne jeune américaine qui aspire à devenir peintre s’installe à Paris. Elle fait rapidement la rencontre d’un jeune français…
Sur un scénario d’Irwin Shaw, In the French Style nous fait partager l’attirance d’une jeune femme pour la liberté de la vie parisienne dans le monde des arts. Il est difficile de ne pas sourire devant tous ces clichés sur la France et ses mœurs libres (inutile de préciser qu’au final c’est l’American style qui triomphera). Le plus original dans cette histoire est qu’elle est racontée d’un point de vue féminin. C’est Jean Seberg qui sauve le film avec une interprétation délicate et pleine de sensibilité. Robert Parrish, visiblement sous le charme, la filme avec une profusion de gros plans. Le choix de Stanley Baker est plus étonnant, l’acteur gallois à la carrure de rugbyman se prêtant difficilement aux rôles sentimentaux. L’ensemble est, il faut bien l’avouer, un peu ennuyeux. À noter, la musique de Joseph Kosma.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Seberg, Stanley Baker, Philippe Forquet
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Parrish sur le site IMDB.

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Remarque :
* Né en 1916, Robert Parrish fut un enfant-acteur (dans L’Aurore de Murnau ou Les Lumières de la ville de Chaplin notamment) avant d’être monteur puis réalisateur. Son livre de mémoires J’ai grandi à Hollywood est l’un des meilleurs témoignages sur cette grande époque hollywoodienne, et l’un des plus passionnants à lire.

In the french style
Philippe Forquet et Jean Seberg dans À la française de Robert Parrish.

In the french style
Jean Seberg, James Leo Herlihy et Stanley Baker dans À la française de Robert Parrish.

30 janvier 2018

Financement de la restauration du film « Paris est toujours Paris » (1951) de Luciano Emmer

Titre original : « Parigi è sempre Parigi »

Paris est toujours ParisLa Société Cinématographique Lyre a eu la bonne idée de se lancer dans la restauration du film franco-italien Paris est toujours Paris que Luciano Emmer a tourné juste après Dimanche d’août. Il s’agit d’une amusante comédie qui nous montre le Paris de 1951 à travers les yeux d’un groupe de touristes italiens venus soutenir leur équipe de football nationale. C’est un film choral avec de nombreux personnages. On remarque la présence du (encore quasi débutant) Marcello Mastroianni et surtout du grand Henri Alekan derrière la caméra.

L’appel au financement participatif est de 12 000 € et se termine le 11 février 2017.
C’est ici : https://www.celluloid-angels.com

Acteurs: Aldo Fabrizi, Henri Guisol, Ave Ninchi, Jeannette Batti, Hélène Rémy, Henri Génès, Marcello Mastroianni, Lucia Bosé, Carlo Sposito, Giuseppe Porelli, Janine Marsay, Galeazzo Benti, Paolo Panelli, Franco Interlenghi, Yves Montand
Voir la fiche du film et la filmographie de Luciano Emmer sur le site imdb.com.



Communiqué de la Société Cinématographique Lyre :

Notre Société travaille dans le cinéma depuis 1952 et est toujours indépendante. Aujourd’hui, nous cherchons à restaurer un film de 1951, « Paris est toujours Paris », qui suit un groupe de supporters italiens dans sa découverte de la capitale.

Réalisé à Paris par Luciano Emmer, photographié par le grand Henri Alekan, avec de merveilleux acteurs italiens ou français (dont Marcello Mastroianni), il montre même un tout jeune Yves Montand qui y chante, notamment, « Les feuilles mortes ».

Le tout est une petite pépite de bonheur, pétillante et drôle, qui nous fait découvrir ce Paris de 1951 dont on voit qu’il oscille entre la pauvreté de l’immédiat après-guerre et la prospérité des trente Glorieuses à venir.

Notre projet est d’entreprendre la restauration (donc la numérisation et la restauration digitale de l’image et du son) de ce film afin de le faire découvrir au public d’aujourd’hui, et pour ce faire, nous avons lancé une opération de crowd-funding sur le site : https://www.celluloid-angels.com/movie/paris-est-toujours-paris

Nous aimerions mener à bien notre restauration :
– avant qu’Hélène Rémy, une des actrices du film aujourd’hui âgée de 85 ans et avec un début d’Alzheimer, ne perde toute sa mémoire et ne puisse goûter aux réactions du public. Qui seront positives, nous n’en doutons pas, car tous ceux qui ont vu le film en sont ressortis enchantés, et énergisés ! 🙂
– et aussi avant l’anniversaire de Venantino Venantini, le « Pascal » des TONTONS FLINGUEURS, qui fêtera en avril prochain ses 88 ans et qui a généreusement accepté de parrainer notre campagne.

Nous avons fixé notre objectif de campagne à 12 000 euros : ceci nous permettra de démarrer les travaux. L’atteindre serait merveilleux, le dépasser serait magique. Or notre campagne entre dans sa dernière ligne droite (moins de 15 jours) et nous sommes encore loin du but… MAIS nous avons bon espoir que, grâce à votre aide, si vous acceptez de relayer cette information auprès de toutes les personnes de votre réseau, nous puissions y parvenir!

Afin que les gens intéressés puissent se faire une meilleure idée du film, voici un article paru le 25 janvier dans le Figaro-on-line dans lequel figurent deux extraits.

Patricia Barsanti
Société Cinématographique Lyre (Paris)

5 février 2017

Police (1985) de Maurice Pialat

PoliceL’inspecteur Mangin enquête sur une affaire de drogue et parvient à arrêter l’un des frères Slimane et son amie Noria. Mais il lui faudrait des preuves ou des aveux et ni l’un ni l’autre ne semble décidé à reconnaître les faits… Si la trame de l’histoire peut sembler à priori classique, le traitement qu’en fait Pialat donne à Police un caractère assez unique : loin des standards du cinéma policiers, il nous place très près des personnages, imprimant ainsi une forte sensation de réalisme. Pour ce faire, la scénariste Catherine Breillat est allée s’immerger dans un commissariat de Belleville et a suivi une brigade. L’autre point remarquable est que Pialat évite le manichéisme et ne montre aucune complaisance que ce soit envers les enquêteurs ou envers les milieux tunisiens du trafic de drogue. Sophie Marceau et Gérard Depardieu font tous deux une belle performance. A noter que certains policiers jouent leur propre rôle. le film connut un certain succès, Police fut le plus gros succès du réalisateur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Sophie Marceau, Richard Anconina, Sandrine Bonnaire
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Remarques :
* Comme toujours avec Pialat, l’enfantement s’est fait dans la douleur et les conflits. Cela a commencé dès l’écriture : les mauvaises relations entre Catherine Breillat et Pialat se sont terminées devant la justice et c’est Sylvie Danton (future Madame Pialat) qui a pris la relève avec Jacques Fieschi.
Côté acteurs, si Pialat s’est réconcilié avec Depardieu qu’il avait précédemment décrit comme « une Rolls-Royce avec un moteur de Solex », sa protégée Sandrine Bonnaire est reléguée dans un petit rôle pour laisser la place à Sophie Marceau. La jeune actrice (18 ans), que Pialat avec sa délicatesse habituelle a qualifiée de « grosse conne » lors de la promotion du film, a dû en voir de toutes les couleurs avec ces deux gros machos. Elle a encaissé mais a soigneusement évité ensuite de tourner à nouveau avec Pialat ou Depardieu. Et l’actrice n’a pas oublié les mauvais traitements puisqu’à Cannes, trente ans plus tard en 2015, elle a qualifié Depardieu de prédateur (Depardieu a alors reconnu qu’à l’époque il était « un peu con » tout en ajoutant une grossièreté pour faire bonne mesure).
Mais le pire a été pour Richard Anconina : maltraité et humilié en permanence par Pialat, il en est venu presque aux mains, a quitté le tournage et n’est revenu qu’après lecture en public d’une lettre d’excuses du réalisateur. Résultat : sa performance est épouvantable. Maltraiter les acteurs pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, cela ne marche pas avec tout le monde…

Police
Gérard Depardieu et Sophie Marceau dans Police de Maurice Pialat.

13 mai 2016

Diplomatie (2014) de Volker Schlöndorff

DiplomatieLa nuit du 24 au 25 août 1944. Alors que les alliés avancent à grands pas, le sort de Paris est entre les mains du Général Von Choltitz, Gouverneur du Grand Paris, qui se prépare, sur ordre d’Hitler, à faire sauter la capitale. Le consul suédois Nordling parvient à s’introduire auprès de lui pour tenter de le convaincre de ne pas accomplir l’irréparable… Diplomatie est l’adaptation d’une pièce de Cyril Gély qu’André Dussollier et Niels Arestrup ont jouée plus de 200 fois sur les planches. Ils sont donc pleinement dans leurs personnages et savent donner une belle intensité à cette confrontation. La réalisation de Volker Schlöndorff, dont c’est ici le vingt-huitième long métrage, est sobre et juste, elle sait mettre en relief la qualité du texte. L’histoire est une extrapolation de faits réels puisque les deux hommes se sont effectivement rencontrés plusieurs fois mais il s’agissait de négocier un cessez-le-feu et la libération de prisonniers politiques. La réddition de Von Choltitz lors de la Libération de Paris avait déjà été l’objet du roman Paris brûle-t-il ? publié en 1964, adapté au cinéma deux ans plus tard par René Clément.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: André Dussollier, Niels Arestrup
Voir la fiche du film et la filmographie de Volker Schlöndorff sur le site IMDB.

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Remarque :
César de la meilleure adaptation en 2015.

Diplomatie
Niels Arestrup et André Dussollier dans Diplomatie de Volker Schlöndorff.

22 février 2016

Frantic (1988) de Roman Polanski

FranticUn médecin californien arrive avec sa femme à Paris pour un congrès. Après s’être rendu compte qu’elle s’était trompée de valise à l’aéroport, sa femme disparaît soudainement. Il est rapidement persuadé qu’elle a été enlevée mais peine à se faire prendre au sérieux par la police ou par son ambassade… La base du scénario et sa mise en place sont assez remarquables : un homme en situation périlleuse dans une ville où il ne connaît personne, dans un environnement plutôt hostile. Dès le départ, nous ressentons l’influence d’Hitchcock et, comme pour appuyer cette impression, Polanski place une scène-clé dans une douche. Comme dans les films du maître du suspense, le développement est marqué par une tension croissante que la musique lancinante d’Ennio Morricone vient souligner. Le Paris que Polanski nous montre rappelle celui du Locataire, en plus hostile ; nous somme loin de l’image touristique de la Ville des lumières. Harrison Ford est parfait, le film repose en grande partie sur ses épaules. Polanski a choisi de lui associer une jeune actrice de 19 ans, Emmanuelle Seigner, qui deviendra sa femme l’année suivante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harrison Ford, Betty Buckley, Emmanuelle Seigner
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Cameo :
Roman Polanski apparaît très brièvement en chauffeur de taxi (celui qui tend à Harrison Ford ses allumettes en arrivant au Blue Parrot)

Frantic
Harrison Ford et Emmanuelle Seigner dans Frantic de Roman Polanski.

13 janvier 2016

Les nuits de la pleine lune (1984) de Eric Rohmer

Les nuits de la pleine luneFraîchement sortie d’Arts déco, Louise (Pascale Ogier) vit avec Rémi (Tchéky Karyo) en banlieue. Lui est plutôt casanier et aspire à une vie calme. Elle a envie de sortir et voir du monde. Pour avoir un espace de liberté, Louise décide de retaper un studio en plein Paris où elle travaille et a des relations amicales avec un journaliste, Octave (Fabrice Luchini). Contraint, Remi l’accepte… Les nuits de la pleine lune est le quatrième volet de la série Comédies et Proverbes d’Eric Rohmer. Le cinéaste porte un regard sur une certaine jeunesse des années 80, volage et butineuse en amour. Même s’il s’en défend, il porte aussi un jugement et montre sa désapprobation. Le dicton populaire placé en exergue, « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison », est sans équivoque. Mais il faut dépasser les aspects conformistes et moralisateurs du propos et jouir de la qualité du dialogue et des différents échanges, avec toujours cette connotation littéraire si plaisante. L’image est assez brute, empreinte d’une certaine austérité. Le film est illuminé par la prestation de Pascale Ogier, à la fois forte et fragile, déterminée, un personnage d’une belle complexité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Pascale Ogier, Tchéky Karyo, Fabrice Luchini
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Remarques :
* C’est Pascale Ogier qui a décoré et meublé le studio de Louise.
* Pascale Ogier est décédée d’une crise cardiaque, deux mois après la sortie du film, quelques semaines après avoir reçu le Prix d’interprétation féminine au festival de Venise pour ce film. L’actrice était âgée de 25 ans.

Les Nuits de la pleine lune
Fabrice Luchini et Pascale Ogier dans Les nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer

Les Nuits de la pleine lune
Pascale Ogier et Tchéky Karyo dans Les nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer

7 décembre 2015

Le Café du Cadran (1947) de Jean Gehret et Henri Decoin

Le Café du cadranJulien et sa jeune femme Louise sont montés de leur Auvergne natale à Paris pour reprendre un café très bien situé près de l’Opéra. Ils font rapidement connaissance avec les habitués du lieu… Officiellement réalisé par Jean Gehret, premier film de cet acteur d’origine suisse passé à la réalisation, Le Café du Cadran aurait été en réalité dirigé par Henri Decoin, seulement crédité comme superviseur au générique : toujours sous le coup d’une mesure d’épuration lui interdisant de mettre en scène lui-même, Decoin devait en effet utiliser un prête-nom. Il s’agit essentiellement d’un film d’atmosphère car, s’il y a bien une intrigue, celle-ci paraît plaquée et le dénouement dramatique fait presque sourire tant on n’y croit guère. En revanche, l’atmosphère est particulièrement bien recréée, nous offrant ainsi une plongée dans la vie parisienne d’alors avec notamment une description du monde journalistique et l’arrivisme de certains de ses membres (notons que l’auteur du scénario est Pierre Bénard, ancien directeur du Canard Enchaîné). Une certaine amertume pointe de ce récit un peu désenchanté mais plein de vie. L’interprétation est de très bonne facture avec Blanchette Brunoy qui fait preuve de beaucoup d’émotions et Bernard Blier d’une belle subtilité dans le rôle du mari falot. De son côté, Félix Oudard s’amuse visiblement beaucoup avec son personnage exubérant qu’il interprète à la Raimu.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bernard Blier, Blanchette Brunoy, Aimé Clariond, Félix Oudart, Charles Vissières
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le Café du cadran
Bernard Blier, Robert Le Fort et Félix Oudard dans Le Café du Cadran d’Henri Decoin

Remarque :
Le Café du Cadran existe réellement. Il est toujours en activité au 1 Rue Daunou, au bord de l’Avenue de l’Opéra.