Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part… Le Deuxième Acte (intitulé initialement À notre beau métier) est un film français écrit et réalisé par Quentin Dupieux. C’est une comédie assez courte qui repose sur les dialogues entre quatre personnages. Quentin Dupieux s’amuse à brouiller la limite entre fiction et réalité : l’acteur prend la place du personnage sans crier gare et, rapidement, on ne sait plus très bien si c’est le personnage ou l’acteur qui parle, ou si une scène est un dérapage ou non. Le réalisateur pointe du doigt les travers du monde du cinéma : les interdits et la bien-pensance, l’ego surdimensionné des acteurs, le mirage d’Hollywood, le cercle fermé et même l’arrivée de l’intelligence artificielle. Les dialogues sont vifs et l’ensemble très amusant. Elle: – Lui :
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Remarque : • Les plans-séquence d’ouverture, avec les personnages marchant sur une route vers un but indéfini, font de toute évidence référence à Luis Buñuel (le plan final de Le Charme discret de la bourgeoisie) qui aurait certainement apprécié le « surréalisme » de Quentin Dupieux.
Raphaël Quenard, Manuel Guillot et Vincent Lindon dans Le Deuxième Acte de Quentin Dupieux.
Titre original : « L’ombra di Caravaggio » Autre titre français : « L’Ombre du Caravage »
Rome, vers 1600. Michele-Angelo Merisi, plus connu sous le nom de Caravaggio, est déjà un peintre connu et brillant. Apprenant qu’il utilise des prostituées, des voleurs et des vagabonds comme modèles pour ses tableaux et qu’il est accusé de meurtre, le pape fait effectuer une enquête sur sa moralité par un inquisiteur, appelé l’Ombre… Caravage est un film italien réalisé par Michele Placido. Il dresse un portrait du peintre dans les derniers mois de sa vie. Ce portrait correspond au mythe qui a longtemps entouré Le Caravage, insistant sur sa réputation sulfureuse et le montrant comme un rebelle contre les règles de l’Église. C’est l’image parfaite de « l’artiste maudit », figure dont raffolent les cinéastes. Il faut savoir que les recherches récentes mettent en doute cet aura de malédiction qui l’entoure (1). Tout paraît excessif dans ce film de Michele Placido : scènes de débauche et de violence, lumières extrêmement sombres pour évoquer le fameux « clair-obscur » du peintre, décors repoussants, cadrages imitant des tableaux, jeux outranciers. Bref, un film très tape-à-l’œil qui souffle dans le sens du vent. De plus, on peut s’interroger sur l’intérêt de faire jouer des acteurs français pour les doubler ensuite en italien (d’ailleurs Isabelle Huppert semble se demander ce qu’elle fait là et Louis Garrel a son visage mono-expressif des mauvais jours). Film assez bien reçu par la critique. Elle: Lui :
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Riccardo Scamarcio dans Caravage (L’ombra di Caravaggio) de Michele Placido.
(1) Lire à ce sujet « Mythe et réalité de l’artiste maudit » sur la page Wikipédia : « L’aura de malédiction qui l’entoure (notamment dans les films de Derek Jarman ou de Michele Placido) a été favorisée par « une extravagante interprétation » homoérotique de certains tableaux, apparue dans les années 1970. » Le mythe semble reposer beaucoup sur les affabulations de ses ennemis (de son vivant). De plus, aucun élément n’atteste d’une fin telle qu’elle est décrite dans le film. Les circonstances exactes de sa mort restent inconnues, même si un registre récemment découvert atteste qu’il est mort « à l’hôpital de Sainte-Marie-Auxiliatrice de Porto Ercole, des suites d’une maladie ».
Précédent film sur Le Caravage : Caravaggio de Derek Jarman (1986) avec Nigel Terry.
Dans une quête effrénée pour sauver Constance Bonacieux, enlevée sous ses yeux, D’Artagnan est contraint de s’allier à la mystérieuse Milady de Winter. La guerre contre les anglais étant déclarée, Athos, Porthos et Aramis ont rejoint le front à La Rochelle. Par ailleurs, un terrible secret du passé va briser toutes les anciennes alliances… Les Trois Mousquetaires : Milady est un film français réalisé par Martin Bourboulon. Il fait suite au premier volet Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan sorti l’année précédente, librement adapté du roman d’Alexandre Dumas père. Les deux parties ont été tournées dans la foulée, avec la même équipe et les mêmes acteurs. Même s’il est toujours aussi noir, ce second volet m’est apparu plus convaincant que le premier, mieux équilibré entre les scènes d’actions et la psychologie des personnages. En outre, les rôles les plus faibles du premier volet (comme Constance Bonacieux) sont moins présents. Milady bénéficie d’une mise en avant par rapport au roman et les scénaristes lui ont donné une profondeur et une humanité qui engendre l’empathie. L’histoire est hélas un peu plus confuse sur le plan politique. La qualité de la réalisation et de l’interprétation contribue à nous captiver. Le film semble connaitre le succès, non seulement en France mais aussi à l’international. Elle: – Lui :
Remarque : • Le personnage du mousquetaire noir, Hannibal, surprend quelque peu. Il n’est bien entendu pas dans le roman d’Alexandre Dumas, il est librement inspiré de la lecture du roman de Frédéric Couderc Prince ébène, publié en 2003, qui a révélé l’existence d’Aniaba, jeune prince venu d’Afrique, devenu le « filleul » de Louis XIV lors de son baptême célébré par Bossuet. Premier mousquetaire noir de l’Histoire en Europe (et premier officier noir de l’armée française), Aniaba a guerroyé en Flandres avant que sa trace se perde en Afrique. Certes, les périodes ne collent pas (siège de La Rochelle en 1627-1628, arrivée d’Aniaba en France en 1688)… mais l’esprit est là.
• Le producteur Dimitri Rassam (fils de Jean-Pierre Rassam) a annoncé qu’un troisième film est prévu, il devrait sortir d’ici à 2027 et adapter le roman Vingt Ans après.
Eric Ruf et Eva Green dans Les Trois Mousquetaires: Milady de Martin Bourboulon.
Quand Abel apprend que sa mère Sylvie, la soixantaine, est sur le point de se marier avec un homme en prison, il panique. Épaulé par Clémence, sa meilleure amie, il va tout faire pour essayer de la protéger. Mais la rencontre avec Michel, son nouveau beau-père, pourrait bien offrir à Abel de nouvelles perspectives… L’Innocent est un film français co-écrit et réalisé par Louis Garrel. Il s’est partiellement inspiré de sa vie personnelle : sa mère, l’actrice et réalisatrice Brigitte Sy, a animé des ateliers de théâtre en prison et s’est mariée avec un prisonnier. Elle a fait de cette expérience le sujet de son premier long métrage, Les mains libres. Selon Louis Garrel, « L’Innocent, c’est le récit de ce mariage du point de vue du fils. C’est un peu le contrechamp. » En outre, il tente de mêler la comédie avec le film policier, ce qui n’est que partiellement réussi. On peut trouver le film plaisant mais l’ensemble est indéniablement un peu brouillon, trop long à mettre en place et peu précis dans son développement. Côté acteurs, Noémie Merlant sort du lot. La critique a réservé un très bon accueil au film. Elle: Lui :
Dans la campagne du nord de la France après la Première Guerre mondiale, Juliette, une jeune fille orpheline de mère, vit avec son père Raphaël, un vétéran bourru de la guerre. En raison de sa nature rêveuse qui la pousse à s’isoler, elle n’est pas appréciée des autres villageois, en particulier des hommes. Un jour, au bord de la rivière, une femme lui prédit que des « voiles écarlates » arriveront pour l’emmener loin de là… L’envol est un film franco-italien réalisé par l’italien Pietro Marcello. Il en a écrit le scénario avec l’italien Maurizio Braucci et la française Maud Ameline, une libre adaptation de la nouvelle Les Voiles écarlates de l’écrivain russe Alexandre Grine. C’est un film assez original, qui débute sur un registre sombre et réaliste pour évoluer en conte (un peu) musical. Il y a plusieurs ruptures de tons au cours du récit, ce qui n’est pas sans engendrer un manque de cohésion, et déroute parfois. Sur le thème d’une relation père / fille assez inhabituelle se greffe une ode au rêve et à la liberté. Les trois acteurs principaux sont assez remarquables avec une mention particulière pour la jeune Juliette Jouan pour sa première apparition au cinéma qui joue et chante magnifiquement (en plus d’être actrice, elle est musicienne et pratique le chant lyrique). Elle: – Lui :
Le jeune Gascon fougueux D’Artagnan est laissé pour mort après avoir tenté de sauver une femme d’un enlèvement. Une fois arrivé à Paris, il tente par tous les moyens de retrouver ses agresseurs, mais il ignore que sa quête le mènera au cœur d’une véritable guerre où se joue l’avenir de la France… Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan est un film français réalisé par Martin Bourboulon, première partie de l’adaptation du roman Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, déjà porté de multiples fois à l’écran. C’est une adaptation assez libre. En comparaison avec les versions précédentes, la modernisation du récit reflète vraiment l’humeur de notre société : on n’est plus là pour rire, l’atmosphère est sombre. La légèreté du récit, le panache des mousquetaires ont été écartés pour laisser la place à une histoire très noire où les combats sont âpres. Même si personnellement je regrette ce changement de ton un peu trop dans l’air du temps, l’ensemble est assez réussi. Le film a bénéficié d’un beau budget et les choix des acteurs pour les quatre mousquetaires est aussi judicieux que prestigieux. La distribution des seconds rôles est moins brillante mais elle est adéquate. Le film a connu un beau succès, y compris (et c’est le plus remarquable) à l’international. La seconde partie, Milady, a été tournée pour une sortie prochaine en salles. Elle: – Lui :
b) Versions du parlant : 1932: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 246 mn) avec Aimé Simon-Girard 1935: The Three Musketeers de Rowland V. Lee (USA) avec Walter Abel 1939: The Three Musketeers de Allan Dwan (USA) avec Don Ameche (comédie) 1942: Los tres mosqueteros de Miguel M. Delgado (Mexique) (parodie) 1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly 1953: Les Trois Mousquetaires de André Hunebelle (France) avec Georges Marchal et Bourvil 1954: I cavalieri della regina de Mauro Bolognini (Italie) 1957: Les Trois Mousquetaires et demi de Gilberto Martínez Solares (Mexique)(parodie) 1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France en 2 parties) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot 1973: The Three Musketeers de Richard Lester (UK) avec Michael York et Raquel Welch 1974: The Four Musketeers de Richard Lester (UK) avec Michael York et Raquel Welch 1974: Les Quatre Charlots mousquetaires de André Hunebelle (France) (parodie) 1993: The Three Musketeers de Stephen Herek (USA) avec Charlie Sheen et Chris O’Donnell 2001: The Musketeer de Peter Hyams (UK) avec Justin Chambers et Catherine Deneuve 2005: Les Trois Mousquetaires de Pierre Aknine (France) avec Vincent Elbaz et Emmanuelle Béart 2011: The Three Musketeers de Paul W.S. Anderson (USA) avec Logan Lerman, Juno Temple, Orlando Bloom et Milla Jovovich 2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon avec François Civil et d’innombrables versions TV… … et beaucoup d’autres films d’un univers proche (suites, filiations, etc.)
Neige, divorcée et mère de trois enfants, rend régulièrement visite à Émir, son grand-père algérien qui vit désormais en maison de retraite. Elle adore et admire ce pilier de la famille, qui l’a élevée et surtout protégée de la toxicité de ses parents. La mort de ce grand-père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez Neige… ADN est un film français réalisé par Maïwenn. Elle en a coécrit le scénario avec Matthieu Demy (fils d’Agnès Varda). Le réalisatrice précise que le personnage principal lui ressemble mais que le film n’est pas autobiographique. D’un sujet que l’on peut trouver à priori peu affriolant, Maïween a réussi à construire un récit très relevé, plein de vie et même d’humour, tout en conservant une indéniable profondeur. Son film a bien le défaut d’être centré sur elle-même mais elle parvient à nous faire comprendre, au moins partiellement, son besoin de renouer avec ses origines. Et elle le fait avec un indéniable talent. Elle: Lui :
Dans les années 1920, Jakob est capitaine de cargos. Après être tombé malade en mer, son cuisinier lui conseille de prendre femme. Revenu à terre, Jakob, indifférent à l’idée, informe un ami qu’il a l’intention de se marier, peu importe qui sera sa femme. Il fait le pari qu’il épousera la première femme qui franchira le seuil du café où ils se trouvent. Voyant la belle Lizzy arriver, il lui propose de se marier dès le lendemain. Elle lui demande d’attendre une semaine… L’histoire de ma femme est un film hongrois réalisé par Ildikó Enyedi. Il s’agit de l’adaptation du roman du même nom paru en 1942 de l’écrivain hongrois Milán Füst, son roman le plus connu. Il se propose d’explorer les rapports hommes/femmes à travers une relation assez étrange où le détachement règne. Tout le récit est vue par les yeux de l’homme qui, en essayant de comprendre sa femme, cherche à donner un sens à sa vie. La réalisation est élégante et l’ensemble montre un esthétisme raffiné qui séduit au premier abord. Hélas, le propos n’est pas aussi riche qu’attendu, l’histoire est à la fois embrouillée et donne l’impression de tourner en rond. La longueur du film (2h40) paraît inappropriée. La plupart des scènes trainent en longueurs inutiles et l’on se désintéresse rapidement de l’ensemble. Elégant mais ennuyeux. La critique a réservé un bon accueil au film. Elle: Lui :
Mort Rifkin, septuagénaire et ancien professeur de cinéma, accompagne son épouse Sue, attachée de presse d’un jeune réalisateur brillant mais prétentieux, au Festival du Film de Saint-Sébastien. Attirances et rapprochements vont bouleverser leur couple… Rifkin’s Festival est un film américain écrit et réalisé par Woody Allen, son 49e (ou 50e) long métrage. On reconnait dans le personnage principal, interprété par Wallace Shawn, tous les traits habituels de la personnalité de Woody Allen : anxieux, hypocondriaque, cinéphile amoureux de Bergman et de la Nouvelle Vague, avec toujours cette verve brillante. On peut, bien entendu, reprocher une impression de déjà-vu mais l’ensemble est joliment relevé et bien interprété. Cela fait d’ailleurs partie du plaisir de voir que le style Woody Allen reste constant. L’originalité vient de l’insertion de pastiches de grands films, des scènes célèbres que l’on reconnait aisément (le nom du réalisateur est d’ailleurs glissé en voix-off), sous la forme de rêves en noir et blanc du personnage principal. Toujours aussi plaisant. Elle: Lui :
Clément, figurant de cinéma, est fou amoureux de Mona, vendeuse dans une sandwicherie de la gare du Nord sans savoir qu’elle doit impérativement rentrer tous les soirs dans la prison où elle est détenue. Clément désespère de ne pas parvenir à lui donner un rendez-vous. Son meilleur (et seul) ami, Abel, vient l’aider à conquérir Mona… Les deux amis est un film français réalisé par Louis Garrel. Il en a co-écrit le scénario avec Christophe Honoré, une adaptation très libre de la pièce Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset. Il s’agit de son premier long métrage. Il y a de bonnes choses, Louis Garrel multiplie les incursions dans différents genres et trouve un ton qui lui est particulier : l’assemblage comprend un triangle amoureux, du burlesque et de l’humour potache, des personnages volubiles et insouciants parfois jusqu’à l’idiotie. Alors on se demande pourquoi le film est plutôt ennuyeux. Sans doute, ce ton si particulier est-il trop parisien, trop intellectualisé ; l’ensemble ne parvient à se détacher d’une certaine artificialité. L’insistance des deux amis finit par exaspérer. Elle: – Lui :