9 septembre 2024

Les Grands Espaces (1958) de William Wyler

Titre original : « The Big Country »

Les grands espaces (The Big Country)Le capitaine James McKay a quitté la marine, désireux de s’installer dans l’Ouest pour y rejoindre sa fiancée Pat Terrill rencontrée sur la côte Est. Très vite, il est confronté à des mœurs et des valeurs viriles qui ne sont pas les siennes. Il se retrouve alors bien malgré lui au cœur d’un conflit opposant la famille de sa fiancée avec celle des Hannassey qui se vouent une animosité réciproque. En cause: un lopin de terre convoité par les deux clans…
Les Grands Espaces est un western américain réalisé par William Wyler, d’après le roman The Big Country de Donald Hamilton. L’histoire se situe dans l’Ouest profond à l’époque de l’open land, avant l’installation de la Loi (le shérif le plus proche est à plus de 300 kms). Deux propriétaires se vouent une haine féroce et le héros de cette histoire va prôner une attitude pacifique en s’immisçant entre les deux, refusant de répondre à la violence par la violence. Si la présence de Gregory Peck ne surprendra personne, car cela correspond à ses convictions, celle de Charlton Heston (qui plus est, dans un second rôle, ce qu’il n’apprécie guère) est plus inattendue mais il faut se souvenir que l’acteur n’a pas toujours été le fanatique supporteur des armes qu’il est devenu à partir des années 70. Au-delà de son propos pacifique, ce qui est remarquable dans ce film est la mise en valeur des grands espaces, le big country du titre. Rarement, les paysages de vastes prairies de l’Ouest ont été si bien mis en valeur à l’écran. Les personnages sont bien définis et assez intenses. L’interprétation est parfaite, pourtant le tournage a été difficile du fait du perfectionnisme de Wyler et de constantes réécritures de scénario (amis avant le tournage, Peck et Wyler sont restés ensuite plusieurs années sans vouloir se parler). La musique, signée Jerome Moross, a été oscarisée. Le succès fut au rendez-vous pour ce grand western de 2h45.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Jean Simmons, Carroll Baker, Charlton Heston, Burl Ives, Charles Bickford, Alfonso Bedoya, Chuck Connors
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Gregory Peck dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Jean Simmons et Gregory Peck dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Charles Bickford et Charlton Heston dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Burl Ives, Chuck Connors, Jean Simmons, Gregory Peck et Alfonso Bedoya
dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Carroll Baker et Jean Simmons dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Gregory Peck dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.

1 décembre 2022

Vacances romaines (1953) de William Wyler

Titre original : « Roman Holiday »

Vacances romaines (Roman Holiday)Ann, jeune princesse d’un royaume imaginaire, fait la tournée des capitales européennes. Arrivée à Rome, elle décide de fuir l’étouffant protocole et quitte le palais. Son médecin lui ayant administré un sédatif, elle s’endort sur un banc et attire l’attention d’un jeune et séduisant reporter…
Vacances romaines est un film réalisé par William Wyler sur un scénario de Dalton Trumbo. Il s’agit d’une comédie romantique sur l’amour impossible d’une princesse et d’un journaliste, un charmant conte de fée. Il s’agit du premier film hollywoodien de la britannique Audrey Hepburn qui a instantanément conquis l’Amérique, à commencer par Gregory Peck qui a demandé que son nom figure en aussi grosses lettres que le sien au générique. Il est vrai qu’elle rayonne dans ce rôle de princesse qui désire s’évader un moment de sa vie corsetée. L’histoire est plaisante avec quelques tours inattendus. Elle nous immerge dans le Rome très vivant de 1953. La photographie est signée par Henri Alekan et Franz Planer. Gros succès et trois Oscars dont celui de la meilleure actrice pour Audrey Hepburn.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Audrey Hepburn, Eddie Albert
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Vacances romaines (Roman Holiday)Gregory Peck et Audrey Hepburn dans Vacances romaines (Roman Holiday) de William Wyler.

Vacances romaines (Roman Holiday)Audrey Hepburn et Gregory Peck dans Vacances romaines (Roman Holiday) de William Wyler.

Remarque :
* Le scénariste Dalton Trumbo a obtenu son Oscar sous le pseudonyme de Ian McLellan Hunter ; victime du maccarthysme, il figurait en effet sur la liste noire ce qui lui interdisait de travailler à Hollywood. Il est toutefois crédité au générique d’ouverture.

7 mars 2022

Arabesque (1966) de Stanley Donen

ArabesqueA Londres, le premier ministre d’une république orientale demande à David Pollock, spécialiste des hiéroglyphes, de s’infiltrer chez son adversaire, Nejim Beshraavi, un magnat du pétrole, pour y décoder un message secret. Mais Beshraavi prend David en otage. Il parvient à s’évader grâce à l’aide de Yasmin, la maîtresse de Beshraavi…
Arabesque est un film américain réalisé par Stanley Donen qui reprend les principes de son Charade qui avait connu un beau succès trois ans plus tôt. Il s’agit donc d’une comédie où un homme paisible se retrouve embarqué malgré lui dans une histoire d’espionnage assez extravagante. Cette situation fait penser à Hitchcock, notamment La Mort aux trousses mais le ton est beaucoup plus léger, les méchants sont hauts en couleur et l’esthétique est raffinée. Les décors et les innombrables tenues de Sophia Loren (créées par Christian Dior) donnent à l’ensemble une tonalité très mode sixties. Les couleurs sont éclatantes, les mouvements de caméra sont vifs et les cadrages élaborés. Rebondissements et scènes d’action s’enchaînent bien, il n’y a que peu de temps morts. Amusant et plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Sophia Loren, Alan Badel, Kieron Moore, Carl Duering, John Merivale, Duncan Lamont
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ArabesqueSophia Loren et Gregory Peck dans Arabesque de Stanley Donen.

21 décembre 2016

Capitaine sans peur (1951) de Raoul Walsh

Titre original : « Captain Horatio Hornblower »

Capitaine sans peurEn 1807, alors que l’Angleterre est en guerre contre Napoléon, le Capitaine Horatio Hornblower appareille pour une destination secrète connue de lui seul. Après sept mois de navigation, son navire de guerre arrive près des côtes mexicaines, côté Pacifique. Le capitaine est proche de son but mais les évènements vont se précipiter… L’écrivain britannique C.S. Forester (également auteur de L’Odyssée de l’African Queen) a imaginé les aventures du Capitaine Hornblower pour en faire une dizaine de romans publiés entre 1937 et 1966. Capitaine sans peur est l’adaptation des trois premiers volumes de cette saga. Sous la direction de Raoul Walsh, c’est un film d’aventures maritimes de fort belle facture qui se déroule presque entièrement en mer. Le spectateur a l’impression d’être à bord tant la vie sur ces navires est bien recréée (en studio). Gregory Peck compose un héros assez inhabituel, raide et imperturbable, ne montrant aucune émotion, mais doté d’une belle présence. Les scènes de batailles navales sont assez réalistes et prenantes. L’ensemble forme un très bon divertissement. Le film fut un succès, le plus gros succès de l’année 1951 pour la Warner.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Virginia Mayo, Robert Beatty, James Robertson Justice
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Remarques :
* La ville de Nantes a étrangement comme un petit air méditerranéen… En fait, les scènes d’extérieurs ont été tournées à Villefranche-sur-Mer et à l’entour.
* C.S. Forester ne cite aucun personnage réel comme source d’inspiration pour son Capitaine Hornblower. Certains pensent à Thomas Cochrane (1775-1860), surnommé « le loup des mers ».

Captain Horatio Hornblower
Robert Beatty et Gregory Peck dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

Captain Horatio Hornblower
Scène de bataille navale dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

Captain Horatio Hornblower
Gregory Peck et Virginia Mayo dans Capitaine sans peur de Raoul Walsh.

17 avril 2016

La Ville abandonnée (1948) de William A. Wellman

Titre original : « Yellow Sky »
Autre titre français : « Nevada »

La Ville abandonnéePoursuivi par une escouade de cavalerie après avoir dévalisé une banque, un petit groupe de hors-la-loi se réfugient dans un désert de sel et tentent de le traverser. A bout de forces, ils arrivent à une ville abandonnée de tous ses habitants sauf une jeune femme et son grand-père… Yellow Sky est adapté d’une histoire écrite par le grand scénariste W.R. Burnett qui dit s’être très librement inspiré de La Tempête de William Shakespeare. C’est un western assez âpre où Wellman semble avoir privilégié plus l’esthétisme et l’atmosphère que la psychologie des personnages. La tension est forte et constante, culminant lors de certaines scènes sans jamais retomber vraiment. Face au chef de bande Gregory Peck, Richard Widmark, ici dans l’un des tous premiers rôles, fait une belle prestation, rendant son personnage particulièrement inquiétant. La photographie, signée Joseph MacDonald, est assez belle avec de trouvailles remarquées comme ce plan en vue subjective montrant Gregory Peck de l’intérieur du fusil tenu par Anne Baxter. Yellow Sky est un beau et puissant western.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Anne Baxter, Richard Widmark, John Russell, Harry Morgan
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Remake :
The Jackals (1967) de Robert D. Webb avec Vincent Price.

Yellow Sky
Anne Baxter et Gregory Peck dans La Ville abandonnée de William A. Wellman.

Yellow Sky
Richard Widmark (au centre) dans La Ville abandonnée de William A. Wellman.

16 avril 2016

Le Procès Paradine (1947) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Paradine Case »

Le Procès ParadineUn brillant avocat londonien accepte de défendre Maddalena Paradine, une femme en vue de la haute société qui est accusée d’avoir empoisonné son mari, un ex-officier militaire aveugle… Le Procès Paradine est assez généralement considéré comme l’un des films les moins notables de la filmographie d’Alfred Hitchcock. A juste titre. Le défaut le plus criant du film est dans son casting. Penser que le très américain Gregory Peck puisse être crédible une seule seconde en avocat britannique paraît assez surréaliste. Hitchcock a toujours imputé ce défaut et tous les autres au producteur David O. Selznick qui, il est vrai, avait l’habitude de s’impliquer dans le tournage des films qui lui tenaient à coeur : il a choisi certains acteurs, réécrit de nombreuses scènes arguant que Ben Hecht n’avait pas terminé sa tâche, ordonné de retourner de nombreuses scènes, supervisé le montage et l’insertion de la musique. Même si Le Procès Paradine n’est pas un grand Hitchcock, il comporte néanmoins de belles scènes, à commencer par la toute première du film où la caméra « enveloppe » Maddalena Paradine (cette belle et très juste formule est de Patrick Brion…), et aussi les scènes de procès filmées par trois ou quatre caméras, dont une placée très haut pour des plongées vertigineuses. La scène la plus étonnante, et la plus difficile à réaliser techniquement, est celle de l’arrivée de Louis Jourdan : par un habile mouvement tournant, on le voit passer derrière le box de l’accusée qui est au premier plan, n’osant se retourner pour le regarder.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Ann Todd, Charles Laughton, Charles Coburn, Ethel Barrymore, Louis Jourdan, Alida Valli
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Remarques :
* Caméo : Alfred Hitchcock est bien visible à l’arrivée du train dans le Cumberland. On le voit juste derrière Gregory Peck, portant une contrebasse.
* Selznick a acheté les droits du roman de Robert Smythe Hichens en 1933 avant même qu’il ne paraisse en librairie.
* Les scènes montrant la campagne du Cumberland ont réellement été tournées dans le Cumberland (qui, rappelons-le, est la très belle région au nord-ouest de l’Angleterre située juste sous l’Ecosse).
* Le conducteur de la petite calèche dans le Cumberland est interprété par Snub Pollard, acteur comique de l’époque du muet qui a joué avec Harold Lloyd. L’acteur a beaucoup tourné de petits rôles par la suite : IMDB le crédite de 584 films !

Le Procès Paradine
Gregory Peck et Ann Todd dans Le Procès Paradine de Alfred Hitchcock.

4 avril 2015

La Cible humaine (1950) de Henry King

Titre original : « The Gunfighter »

La cible humaineJimmy Ringo est connu pour être le tireur le plus rapide de l’Ouest mais cette réputation lui pèse. Constamment défié par de jeunes cowboys à la recherche de notoriété, il aspire maintenant à une vie plus calme et se rend dans la petite ville où se trouve la femme qu’il a aimée. Mais, comme partout où il se rend, son arrivée est loin de passer inaperçue et les ennuis arrivent vite… Basé sur une histoire d’André de Toth, The Gunfighter est un western assez peu traditionnel. Il n’y a que peu d’action dans ce portrait de héro fatigué. Du mythe, il nous montre le revers de la médaille. Le film se déroule quasiment en temps réel, presqu’en huis clos, deux points qui le rapprochent de High Noon (Le train sifflera trois fois) que Fred Zimmerman tournera deux ans plus tard. Henry King a tourné The Gunfighter avec une certaine simplicité et même une économie de moyens, sans musique. Gregory Peck y est affublé d’une moustache qui a, semble t-il, beaucoup dérouté à l’époque. Elle n’est pas très heureuse, il est vrai, mais lui attribuer l’échec commercial du film est certainement excessif. Celui-ci est certainement dû au manque d’action. The Gunfighter méritait mieux car c’est un film intéressant par son approche originale d’un des plus grands mythes de l’Ouest, celui du roi de la gâchette. Il est également, avec High Noon précédemment cité, l’un des premiers westerns à donner une grande place à la psychologie de ses personnages.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Helen Westcott, Millard Mitchell, Jean Parker, Karl Malden
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The Gunfighter
Gregory Peck (et sa moustache) dans La Cible humaine d’Henry King

The Gunfighter
Gregory Peck, Karl Malden (à l’arrière plan) et Skip Homeier dans La Cible humaine d’Henry King

Remarques :
* Le film a été distribué sous plusieurs titres français : La cible humaine à sa sortie en France en 1952 puis L’Homme aux abois à sa ressortie en 1962. En Belgique, le titre fut L’Homme au revolver.

* Le personnage a bien existé, Johnny Ringo (1850-1882), un tueur hors-la-loi mort dans des conditions mystérieuses.

15 mars 2015

Moby Dick (1956) de John Huston

Moby DickAttiré par la mer, le jeune Ismaël se rend dans un petit village de pêcheurs avec la ferme intention de partir pour la grande pêche qui soit : la chasse à la baleine. Il s’engage sur le Pequod du capitaine Achab, un capitaine très respecté qui a perdu une jambe dans une précédente expédition… Adapter le roman d’Herman Melville Moby Dick au cinéma n’est pas chose facile car c’est un récit chargé de symbolisme (1). Cette histoire est une allégorie de la lutte du Bien et du Mal, où l’orgueil et le désir de vengeance sont fustigés et où l’on peut déceler de nombreuses références bibliques. Pour John Huston, le thème fort du roman est le blasphème ; il voit dans l’obstination du capitaine un défi à Dieu (2) et c’est ainsi qu’il a voulut son adaptation à l’écran. Il en a écrit le scénario avec Ray Bradbury, l’écrivain bien connu pour ses écrits de science-fiction. Le tournage fut très difficile et éprouvant, « de tous mes films, le plus difficile à mener à son terme » précise John Houston dans son autobiographie (3). L’interprétation de Gregory Peck a été fortement critiquée, comme étant incapable de restituer toutes la dimension du personnage. Elle est pourtant assez juste mais certainement moins spectaculaire que celles de John Barrymore qui amplifiait le caractère halluciné du capitaine. John Huston la défend même s’il avait prévu au départ de prendre son père Walter Huston pour le rôle. Orson Welles, quant à lui, fait une belle prestation lors du sermon avant le départ. Le Moby Dick de John Huston est sans conteste la meilleure adaptation du roman.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Richard Basehart, Leo Genn, Orson Welles
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Moby Dick de John Huston
Gregory Peck est le Capitaine Achab du Moby Dick de John Huston (1956)

Remarques :
* La baleine blanche utilisée pour le tournage mesurait trente mètres de long et était trainée par un puissant remorqueur. Du fait des mauvaises conditions météorologiques, ils en perdirent deux. Le bateau utilisé pour le Pequod est un authentique navire racheté à la ville de Scarborough où il servait d’attraction touristique.

* En 1992, Ray Bradbury fait paraître La Baleine de Dublin (Green Shadows, White Whale), une version romancée de sa rencontre avec John Huston et de son séjour en Irlande pendant l’écriture du scénario.

(1) Moby Dick est un roman que l’on lit généralement beaucoup trop jeune (et dans une version courte) pour le comprendre parfaitement. Enfant, on le lit comme un roman d’aventures alors qu’il est bien plus que cela. (Houston va plus loin en déclarant que ceux qui affirment l’avoir lu très jeune sont des menteurs…)
(2) « Achab ne niait pas Dieu mais le considérait comme un assassin : une pensée parfaitement blasphématoire. »
(3) John Huston par John Huston (Pygmalion, 1982 pour l’édition française).

Moby Dick au cinéma :
Jim le harponneur (The Sea Beast) de Millard Webb (1926) avec John Barrymore (muet)
Moby Dick de Llloyd Bacon (1930) avec de nouveau John Barrymore (parlant)
Le Démon des mers (Dämon des Meeres) de Michael Curtiz (1931) avec William Dieterle (version allemande tournée simultanément au film précédent)
Moby Dick de John Huston (1956) avec Gregory Peck

et aussi :
Capitaine Achab de Philippe Ramos (2007) avec Denis Lavant (film centré sur le parcours du Capitaine Achab)

23 mai 2014

Duel au soleil (1946) de King Vidor et William Dieterle

Titre original : « Duel in the Sun »

Duel au soleilAprès que son père ait tué sa mère par jalousie, la jeune et jolie Pearl, qui a une moitié de sang indien, est confiée à une lointaine cousine qui vit dans un immense ranch au Texas. Là, elle se trouve en présence des deux fils de la maison qui sont immédiatement très attirés par elle… David O. Selznick a écrit et produit Duel au soleil pour être un tremplin à la carrière de sa seconde femme, Jennifer Jones. Désireux d’aller plus loin qu’Autant en emporte le vent, il a délibérément exagéré les sentiments, élargi les espaces et surtout exacerbé les passions. Le personnage de Jennifer Jones est fortement érotisé (tout en restant bien entendu dans le registre « tous publics », le film a fait scandale juste ce qu’il faut) et le manichéisme est poussé à l’extrême. Duel au soleil est surtout un film de Selznick qui est d’ailleurs si présent sur le tournage que King Vidor finit par jeter l’éponge. William Dieterle prendra sa place. Si l’on ajoute les réalisateurs de seconde équipe et les conseillers, pas moins de sept réalisateurs ont travaillé sur le film. Le budget, pourtant colossal, fut largement dépassé et le film devint ainsi le cher jamais réalisé. Côté acteurs, Selznick avait mis toutes les chances de son côté en choisissant deux acteurs très aimés du public, Gregory Peck et Joseph Cotten, auxquels il adjoint deux grandes figures du cinéma : Lionel Barrymore et Lillian Gish. Avec tant de calculs, d’exagérations de moyens et de dramatisation, on peut s’attendre à un résultat hétérogène et artificiel. Il n’en est rien. Le film n’est certes pas sans défaut, sans outrance, il manque parfois de liant mais Duel au soleil reste un grand drame de la passion destructrice et un spectacle magnifique. Il dépasse le cadre du genre western. Le succès populaire fut immense.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jennifer Jones, Joseph Cotten, Gregory Peck, Lionel Barrymore, Herbert Marshall, Lillian Gish, Walter Huston, Charles Bickford
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Remarques :
* Parts estimées de réalisation directe par chaque réalisateur :
Réalisateur principal 1 King Vidor : 45%,
Réalisateur principal 2 William Dieterle : 25%,
Seconde équipe Otto Brewer : 20%,
Conseiller pour la couleur Josef von Sternberg : quelques scènes additionnelles 3%
Conseiller et production designer William Cameron Menzies : quelques scènes
Sidney Franklin : ? (seconde équipe ?)
Producteur David O. Selznick : quelques scènes.
Appelée à trancher, la commission d’arbitrage de la Screen Directors Guild décida que seul King Vidor serait mentionné au générique.

* Scènes marquantes :
– L’incroyable scène qui ouvre le film, la danse de la mère de Pearl dans le bar, est de William Dieterle.
– L’étonnante scène où « Le Sénateur » rassemble tous ses cowboys a été tournée par la seconde équipe, donc par Otto Brewer.
– La scène finale, dans sa forme définitive, est l’oeuvre d’au moins trois ou quatre des réalisateurs.

* La voix du narrateur est celle d’Orson Welles

* Le film a été surnommé « Lust in the Dust » (luxure et poussière).

(1) Dans le livre sur les mémos de David O. Selznick, on peut lire le courrier que le producteur a envoyé à King Vidor pour tenter de le faire revenir, jouant beaucoup sur le thème « on ne va pas casser ainsi une amitié de vingt ans ». King Vidor est cependant resté ferme sur sa décision. Dans un autre mémo à un agent, il raconte l’altercation (une scène d’extérieurs à Lasky Mesa non finie à temps parce que Vidor désirait changer l’emplacement de la caméra) qui est visiblement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase (ce sont même les termes employés par Selznick). De son côté, King Vidor parle très peu du film dans autobiographie, disant simplement qu’il s’agit surtout d’un film de David O. Selznick.