16 novembre 2015

Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi

Titre original : « Pane, amore e….. »

Pain, amour, ainsi soit-ilCe troisième (et dernier italien) volet de la série Pain, amour, … est assez différent des deux premiers : il est en couleurs, réalisé par Dino Risi (ici, au début de sa carrière de réalisateur) et l’action a été déplacée ce qui permet de renouveler tous les acteurs hormis le maréchal des logis et sa gouvernante. Il s’est passé quelque chose de grave avec la nouvelle sage-femme et le maréchal est renvoyé dans sa ville natale de Sorrente. Il y est accueilli par son frère qui lui annonce que la maison familiale a été louée à une jeune marchande de poissons qui ne veut pas libérer les lieux… C’est Sophia Loren qui a été choisie pour remplacer Gina Lollobrigida et, dès le début, son personnage ne sonne pas très juste : elle a bien du mal à être crédible dans son rôle de poissonnière et son exubérance semble artificielle. Heureusement, son charme finit par opérer mais ne parvient pas toutefois à contrebalancer les faiblesses du scénario. Il y a une autre différence, plus fondamentale : ce troisième volet est entièrement sur le registre de la comédie. Tout l’héritage du néoréalisme a été gommé, l’esprit des deux premiers films n’est plus là.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Sophia Loren, Lea Padovani, Antonio Cifariello, Tina Pica
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Sophia Loren et Vittorio De Sica dans Pain, amour, ainsi soit-il de Dino Risi.

Remarque :
Le titre original est étrange : Pain, amour et… Faut-il y voir là une conséquence de la faiblesse du scénario ? Les producteurs n’ont pas su quoi ajouter! Le « ainsi soit-il » du titre français fait sans doute référence au fait que le frère du maréchal des logis est un abbé mais on ne peut pas dire que cela joue vraiment un rôle dans l’histoire. Personnellement, je l’aurais appelé « Pain, amour et poisson frit »… (je ne garantis pas que ce soit très « vendeur » mais ça rime !)

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

12 novembre 2015

Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini

Titre original : « Pane, amore e gelosia »

Pain, amour et jalousieL’histoire de Pain, amour et jalousie débute le lendemain matin du dernier jour de Pain, amour et fantaisie, dont le succès a poussé les producteurs à proposer une suite. Nous retrouvons ainsi les mêmes personnages, joués par les mêmes acteurs, et l’histoire a été prolongée… Il est déconseillé de voir ce film sans avoir vu le premier, ils sont indissociables. Le scénario est un peu moins riche que dans le premier, les situations paraissent un peu étirées parfois, mais le ton reste le même avec cette finesse dans la caricature et la réjouissante interprétation de Vittorio De Sica et de Gina Lollobrigida. De nouveau, l’actrice rayonne et illumine tout le film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Gina Lollobrigida, Marisa Merlini, Roberto Risso, Virgilio Riento, Tina Pica
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Pain, amour et jalousie
Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica dans Pain, amour et jalousie de Luigi Comencini

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

11 novembre 2015

Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini

Titre original : « Pane, amore e fantasia »

Pain, amour et fantaisieLe maréchal des logis Antonio Carotenuto, natif de Sorrente, est nommé dans un petit village isolé dans les montagnes des Abruzzes. Cinquantenaire mais toujours célibataire, il n’est pas insensible à la beauté simple de Maria, surnommée la Bersagliera, une jeune fille très pauvre qui vit avec sa mère et ses jeunes frères et dont toute la richesse est un âne… Pain, amour et fantaisie peut se décrire comme étant à mi-chemin entre le néo-réalisme et la comédie italienne. Il est le meilleur représentant du « néoréalisme rose », un terme utilisé souvent un peu péjorativement pour désigner un cinéma décrit comme consensuel. Quoiqu’il en soit, le film est une réussite d’équilibre et de finesse dans la caricature. Vittorio De Sica, dont c’est ici le grand retour en tant qu’acteur (1), a t-il pris part à la réalisation aux côtés de Comencini ? On ne le sait avec certitude. Son interprétation est en tous cas toujours juste, il ne charge jamais ses effets comiques. Gina Lollobrigida est absolument époustouflante : elle (qui, rappelons-le n’était pas encore très connue à cette époque) montre une palette étonnante, capable de tout faire avec une spontanéité confondante et un charme érotique naturel. « Le meilleur rôle de toute sa carrière » d’après l’historien Jacques Lourcelles. Les seconds rôles sont soignés avec des personnages typés, mais jamais trop. L’humour est assez constant, léger, particulièrement bien dosé. Pain, amour et fantaisie est un petit régal, une comédie dont l’humour ne cache pas la misère des ces petits villages isolés.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Gina Lollobrigida, Marisa Merlini, Virgilio Riento, Tina Pica, Roberto Risso
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Pain, amour et fantaisie
Memmo Carotenuto, Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica dans Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini

Pain, amour et fantaisie
Gina Lollobrigida dans Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini

Remarques :
L’explication du titre est dans une réplique : lorsque le maréchal des logis demande à un habitant qui mange un gros sandwich « Qu’est ce que tu as mis dans ton pain ? », celui-ci répond « De la fantaisie… » Il ouvre son sandwich et l’on voit qu’il n’y rien dedans.

(1) A la suite de l’échec commercial d’Umberto D. (1952) qui a même engendré des réactions hostiles qui le gêneront pour monter ses nouveaux films, Vittorio De Sica apparaitra par la suite plus souvent devant la caméra que derrière.

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

19 septembre 2013

L’Éventail de Lady Windermere (1925) d’Ernst Lubitsch

Titre original : « Lady Windermere’s Fan »

Lady Windermere's Fan(Film muet) Dans la haute société de Londres, Lord et Lady Windermere occupent une place de premier plan. Un matin, Lord Windermere reçoit une étrange lettre : une certaine Mrs Erlynne demande à le rencontrer pour éviter que certaines informations fâcheuses ne soient divulguées. Il se rend à son domicile… La pièce d’Oscar Wilde, L’Éventail de Lady Windermere, a été portée à l’écran (grand et petit) de nombreuses fois mais la version de Lubitsch reste la plus remarquable. La pièce écrite pour le théâtre comporte une grande quantité de textes et l’adapter en film muet est en soi une gageure. Lubitsch y parvient magnifiquement, de surcroit avec très peu d’intertitres : il réussit à tout dire par l’image, jouant beaucoup avec l’espace, les mouvements de caméra, le déplacement des personnages. La démesure des décors est assez notable : nous sommes dans la haute société et les pièces sont tellement hautes qu’il est impossible d’entrevoir le haut des fenêtres ou des portes (1). Lady Windermere's Fan Lubitsch a modifié quelque peu l’histoire originale mais en a gardé l’esprit, une satire des relations sociales bourgeoises, de l’hypocrisie et de la mesquinerie. A l’inverse des personnages, le spectateur est omniscient : Lubitsch nous dit tout et nous mesurons ainsi à quel point les personnages se trompent et tirent des conclusions erronées à partir d’informations partielles. Le drame et la comédie sont en symbiose, les touches d’humour sont constantes, inventives, subtilement entremêlées au drame qui se déroule devant nous. L’Éventail de Lady Windermere est un vrai petit bijou.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ronald Colman, Irene Rich, May McAvoy, Bert Lytell
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(1) A la vue de ces décors, la fameuse phrase « Doors ! Doors ! Doors ! » de Mary Pickford revient à l’esprit. L’actrice, qui avait joué deux ans plus tôt dans Rosita (1923), le premier film américain de Lubitsch, se plaignait qu’il s’intéresse plus aux portes qu’à elle. Elle l’avait qualifié de « director of doors ».

Autres adaptations :
Lady Windermere’s Fan de Fred Paul (1916)
Lady Windermeres Fächer de l’allemand Heinz Hilpert (1935) avec Lil Dagover
Historia de una mala mujer de l’argentin Luis Saslavsky (1948) avec Dolores del Rio
L’Éventail de Lady Windermere (The Fan) d’Otto Preminger (1949) avec Jeanne Crain, Madeleine Carroll et George Sanders
La séductrice (A Good Woman) de Mike Barker (2004) avec Helen Hunt et Scarlett Johansson

5 décembre 2012

Bonjour (1959) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Ohayô »

BonjourDans un quartier récent de petites maisons serrées les unes contre les autres, deux jeunes garçons envient le poste de télévision d’un de leurs voisins. Face au refus catégorique de leurs parents d’en acheter une, ils entament une grève de la parole… Bonjour est une comédie qui met en scène la vie quotidienne dans un petit quartier moderne où règnent les commérages et les jalousies. Ozu met en relief l’illusion du modernisme, s’amuse avec nos habitudes de communication et nous montre le regard des enfants sur le monde des adultes. Le film est léger, avec beaucoup de fraîcheur et d’humour. Le parallèle a parfois été fait avec les films de Tati. On peut aussi lui trouver un certain caractère atemporel dans le sens où nous assistons aujourd’hui à une survalorisation assez similaire du matériel. Comparé aux autres films d’Ozu, Bonjour est certainement moins profond mais, en contrepartie, il pourra présenter l’avantage d’être facile d’accès.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Keiji Sada, Yoshiko Kuga, Chishû Ryû, Kuniko Miyake, Haruko Sugimura
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Remarque :
Ozu avait tourné en 1932 un film sur un thème similaire : Gosses de Tokyo.