23 juillet 2017

Le Défunt récalcitrant (1941) de Alexander Hall

Titre original : « Here Comes Mr. Jordan »

Le Défunt récalcitrantEn route pour un combat majeur, le boxeur Joe Pendleton est victime d’un accident d’avion. Emporté par un messager céleste un peu prématurément, il apparaît qu’il n’était pas prévu qu’il décède. Hélas, il ne peut réintégrer son corps, déjà incinéré. On lui accorde donc d’utiliser le corps d’un autre homme, en l’occurence un jeune banquier connu, sur le point d’être assassiné par sa femme… Adapté de la pièce d’Harry Segall, Heaven can wait, par Sidney Buchman et Seton I. Miller, Here Comes Mr. Jordan est une merveilleuse comédie fantastique. Tout en ne montrant aucune faille, la réalisation n’est sans doute pas exceptionnelle mais le scénario est un véritable petit bijou d’écriture. Les rebondissements sont un délice pour le spectateur et l’ensemble est très amusant. Sidney Buchman et Seton I. Miller furent Oscarisés pour ce brillant scénario. Tous les seconds rôles sont très bien tenus avec une mention spéciale pour James Gleason. Here Comes Mr. Jordan a connu suites et remakes mais rien d’aussi réussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Montgomery, Evelyn Keyes, Claude Rains, Rita Johnson, Edward Everett Horton, James Gleason
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Remarques :
* Alexander Hall a donné une suite, Down to Earth (L’étoile des étoiles), en 1947, bien moins réussie.
* Remakes :
Heaven Can Wait (Le ciel peut attendre)(ne pas confondre avec le film de Lubitsch) de Warren Beatty et Buck Henry (1978)
Down to earth (Les pieds sur terre) de Chris Weitz, Paul Weitz (2001) avec Chris Rock

Here comes Mr Jordan
Edward Everett Horton, Robert Montgomery et Claude Rains dans Le Défunt récalcitrant de Alexander Hall.

Here comes Mr Jordan
Robert Montgomery, James Gleason et Claude Rains dans Le Défunt récalcitrant de Alexander Hall.

Here Comes Mr Jordan
Robert Montgomery et Evelyn Keyes dans Le Défunt récalcitrant de Alexander Hall.

20 juin 2017

Le Dirigeable (1931) de Frank Capra

Titre original : « Dirigible »

Le DirigeableAmis de longue date, Jack, commandant d’un dirigeable, et Frisky, pilote d’essai casse-cou, ont pour mission d’accompagner un explorateur tentant d’accéder au pôle Sud. Ayant peur de perdre son mari, la femme de Frisky demande à Jack de l’écarter de cette dangereuse… Aux alentours de 1930, les films sur l’aviation connurent une certaine vague de popularité (1). Le patron de la jeune Columbia, Harry Cohn, prend donc le risque d’une couteuse production, il  décide de ne pas regarder à la dépense pour ce Dirigible. C’est alors le film le plus couteux jamais réalisé par le studio. L’histoire écrite par Frank Wead (2) s’inspire du crash du dirigeable Italia près du pôle Nord en 1928. Un triangle amoureux y a été greffé mais l’essentiel du film repose sur l’action avec des scènes spectaculaires pour l’époque, comme ce crash d’un dirigeable pris dans une tempête. Bien fait, le film fut un succès commercial bienvenu pour la Columbia.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jack Holt, Ralph Graves, Fay Wray
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Le dirigeable
Fay Wray, Ralph Graves et Jack Holt dans Le Dirigeable de Frank Capra.

Le Dirigeable
Le dirigeable Los Angeles de la Marine américaine (oui les dirigeables sont des ships et dépendent de la Marine) a été utilisé pour le tournage de Le Dirigeable de Frank Capra. A noter que, dans la scène de l’accrochage de l’avion, certains plans ont été donnés par la Marine qui faisait alors de telles expérimentations.

Remarques :
* A l’époque du film, le pôle Sud avait déjà été atteint à pied par une expédition norvégienne en 1911 et survolé en avion en 1929. Ensuite, il faudra attendre 1956 pour qu’un avion s’y pose.

* Les scènes avec le Los Angeles ont été tournées à Lakehurst dans le New Jersey, son port d’attache (c’est là où le Hindenburg explosera quelques années plus tard). A la suite d’une grève des techniciens, le tournage a dû être déplacé. Les scènes du pôle Sud ont été tournées dans le désert californien sous un soleil de plomb, la neige étant simulée avec des cornflakes décolorés. Les acteurs avaient une poche de glace dans la bouche pour créer de la condensation ce qui posait quelques problèmes d’intelligibilité des paroles.

(1) Citons simplement Wings de Wellman (Paramount, 1927), Hell’s Angels d’Howard Hughes (United Artists, 1930), The Lost Zeppelin d’Edward Sloman (Tiffany, 1930) et bien entendu Flight (Columbia, 1929) dirigé par Frank Capra.
(2) Frank Wead est ce scénariste auquel John Ford a rendu hommage dans son film L’aigle vole au soleil (The Wings of Eagles, 1957).

4 juin 2017

Les Horizons perdus (1937) de Frank Capra

Titre original : « Lost Horizon »

Les horizons perdusDans une ville frontière chinoise en guerre, le diplomate et écrivain anglais Robert Conway assure l’évacuation de ses compatriotes. Son avion est détourné vers une destination mystérieuse et s’écrase dans les montagnes du Tibet. Les cinq survivants sont secourus et conduits dans la cité de Sangri-La, un paradis caché entre les montagnes… Lost Horizon est un film très étonnant, un projet ambitieux de la Columbia qui témoigne de la grande confiance d’Harry Cohn (patron du studio) envers Frank Capra. En ces années où les craintes d’une guerre ne cessaient de croitre, Capra choisit de nous parler d’un monde idéal où toute agressivité ou compétition a laissé la place à un bonheur universel. Il transforme le roman de James Hilton paru en 1933 en une fable philosophique. Sa vision est assez utopique, il n’explore pas vraiment le sujet, il semble plus chercher à convaincre et à nous entrainer dans sa vision très optimiste. Il émet toutefois des réflexions intéressantes. Les personnages sont assez typés (on peut se demander quel est l’intérêt d’avoir rendu le personnage du frère si primaire et antipathique). Les décors, extérieurs et intérieurs, sont grandioses, d’une superbe architecture art-déco. Le film divise les spécialistes de Capra qui estimait, lui, qu’il s’agissait de son meilleur film. Il est en tous cas plutôt atypique dans sa filmographie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ronald Colman, Jane Wyatt, Edward Everett Horton, Thomas Mitchell, Sam Jaffe
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Remarques :
* La version complète de 132 minutes a pu être restaurée en se basant sur une copie complète de la bande son. Après la découverte (en 2014) de scènes perdues, seules six minutes manquent à l’appel ; elles sont remplacées (assez habilement) par des images fixes.
* Les scènes dans la neige furent tournées dans un immense entrepôt frigorifique de 1200 m2. La buée qui sort des acteurs est donc bien réelle.
* Le budget du film fut supérieur à la moitié des investissements globaux de la Columbia pour une année entière.

Lost Horizon
Jane Wyatt et Ronald Colman à Shangri-La dans Les horizons perdus de Frank Capra.

18 novembre 2016

La Kermesse des aigles (1975) de George Roy Hill

Titre original : « The Great Waldo Pepper »

La Kermesse des aigles1926. Pilote de la Première Guerre mondiale, Waldo Pepper propose des baptêmes de l’air dans les campagnes du Nebraska. Mais le public commence à s’habituer aux avions et il faut faire des cascades de plus en plus périlleuses pour attirer le public dans des shows… La Kermesse des aigles est un film de passion pour George Roy Hill, lui-même pilote. Le film est assez spectaculaire lorsque l’on sait que toutes les prises de vues aériennes sont réelles, que rien n’a été reconstitué en studio, aucune scène n’a été tournée sur fond bleu. George Roy Hill pilotait parfois lui-même l’avion portant la caméra. Robert Redford a affirmé avoir réellement marché sur les ailes d’un avion en vol et les acteurs n’avaient ni parachutes ni harnais de sécurité. Oui, c’est bien un film de passionné… La Kermesse des aigles est très plaisant avec un bon déroulé de l’histoire. Il nous restitue fort bien l’état d’esprit de ces casse-cou des débuts de l’aviation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Redford, Bo Svenson, Bo Brundin, Susan Sarandon
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Remarques :
* La bataille aérienne reconstituée à la fin du film est inspirée celle de l’as allemand Werner Voss contre un groupe d’avions menés par l’as anglais James McCudden le 23 septembre 1917. L’issue dans la réalité est toute différente puisque Werner Voss a trouvé la mort dans ce combat héroïque, seul contre sept. « Beaucoup de pilotes allemands et alliés considérèrent Voss comme étant le meilleur pilote de chasse de la Grande Guerre » (dixit Wikipedia).

* Pepper en anglais est un verbe qui signifie (outre « poivrer ») « cribler un ennemi de balles ».

The Great Waldo Pepper
Robert Redford est un as de l’aviation dans La Kermesse des aigles de George Roy Hill.

La Kermesse des aigles
Susan Sarandon et Robert Redford dans La Kermesse des aigles de George Roy Hill.

La Kermesse des aigles
Là, espérons pour Redford  qu’il était doublé pour cette scène de La Kermesse des aigles de George Roy Hill.

3 novembre 2016

Aventures en Birmanie (1945) de Raoul Walsh

Titre original : « Objective, Burma! »

Aventures en BirmanieEn 1943, un commando de parachutistes américains est lâché en pleine Birmanie pour aller détruire une station-radar japonaise… Objective, Burma! est sorti à chaud en janvier 1945, c’est-à-dire plusieurs mois avant la capitulation du Japon, alors que les opérations de reprise de la Birmanie aux mains des japonais étaient toujours en cours. Par certains aspects, le film de Raoul Walsh peut être qualifié de film de propagande mais il est bien plus que cela car le réalisateur montre une telle perfection à la fois dans le déroulement du scénario, dans l’acuité de la description psychologique des personnages et dans la mise en scène des images que le film est devenu un modèle du genre. Tout est idéalement dosé pour former un ensemble où la puissance du propos est remarquable : montrer la réalité de la guerre et le comportement des soldats face au danger. L’interprétation est juste et sobre, y compris celle d’Errol Flynn. Toutes ces qualités ont permis à Objective, Burma! d’être souvent qualifié, à juste titre, de film atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Henry Hull, James Brown, William Prince, George Tobias
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Objective Burma
Errol Flynn (à droite) dans Aventures en Birmanie de Raoul Walsh.

Remarques :
* Objective, Burma! a été interdit en Grande Bretagne une semaine après sa sortie. Il lui était reproché de montrer les opérations en Birmanie comme étant uniquement américaines alors qu’elles furent essentiellement britanniques. De nombreux soldats britanniques et indiens y ont laissé leur vie. Cette interdiction durera jusqu’en 1952.
On reconnait-là le travers hollywoodien de toujours attribuer tous les mérites aux Etats Unis. Il faut souligner, à la décharge de Walsh, que le tournage a eu lieu à la mi-1944, alors que l’issue était encore incertaine (les opérations alliées de 1943 ont finalement été un échec).

* Dans le même registre, on pourra être assez étonné que l’attaque de la station radar ne laisse aucun survivant ennemi. Vue la différence de nombre, c’est totalement improbable mais il était bien entendu impensable de montrer des soldats américains forcés d’exécuter les éventuels survivants.

* Le film a connu un grand succès en France quand il est sorti peu après la Libération, en novembre 1945.

* Raoul Walsh utilisera une trame assez similaire dans son film Les aventures du capitaine Wyatt (1951), l’action étant située en 1840 en Floride, l’ennemi étant les indiens Séminoles.

Objective Burma
Errol Flynn dans Aventures en Birmanie de Raoul Walsh. Dans 50 ans de cinéma américain, Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier nous font remarquer que les personnages sont souvent partiellement masqués par des feuilles ou autres éléments de nature, une façon pour Raoul Walsh de renforcer de sentiment d’emprisonnement.

30 octobre 2016

Le Diamant du Nil (1985) de Lewis Teague

Titre original : « The Jewel of the Nile »

Le Diamant du NilEn vacances sur le voilier de Jack Colton en Méditerranée, Joan Wilder est invitée par un leader arabe sur le point de devenir un chef incontesté en Egypte pour écrire sa biographie… Malgré une bonne idée à la base du scénario et un budget doublé, cette suite de A la poursuite du diamant vert est loin d’être aussi enlevée. L’ensemble paraît bien décousu et même paresseux : quelques scènes d’action reliées par un semblant d’histoire faisant office de remplissage. Le scénario est si mauvais que Kathleen Turner a tenté de se retirer du projet. Elle n’a accepté que sous la contrainte, lorsque la Fox l’a menacée d’un procès (elle était tenue par contrat à accepter de tourner une suite) et que Michael Douglas, à nouveau producteur du film, a promis une réécriture. On ne retiendra que la scène de l’évasion en avion de chasse. Cela n’a pas empêché Le Diamant du Nil de connaître un succès commercial plus grand que son prédécesseur. Le troisième volet (The Crimson Eagle) n’a toutefois jamais dépassé le stade du pré-projet.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Michael Douglas, Kathleen Turner, Danny DeVito, Spiros Focás
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Le Diamant du Nil
Michael Douglas, Kathleen Turner et Danny DeVito dans Le Diamant du Nil de Lewis Teague.

26 août 2016

Le Château dans le ciel (1986) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Tenkû no shiro Rapyuta »

Le Château dans le cielUne fillette nommée Sheeta possède une pierre magique également convoitée aussi bien par un mystérieux personnage officiel flanqué d’un bataillon militaire que par des pirates particulièrement intrépides. Cette pierre permettrait de retrouver Laputa, une île légendaire flottant dans le ciel. Pour échapper à ses poursuivants, Sheeta va être aidée par Pazu, un jeune garçon très débrouillard qui l’a recueillie… Tourné en 1986 mais découvert en Europe qu’en 2003, Le Château dans le ciel est la première production des Studios Ghibli. Hayao Miyazaki a déclaré qu’il s’agissait de son préféré. Le scénario est assez riche, on y trouve tous les thèmes chers au réalisateur : le monde de l’enfance, le fantastique, les machines volantes, la plénitude de la Nature, le rejet des armes et du totalitarisme. L’idée de l’île volante lui a été inspirée par un passage des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Le rythme est très enlevé avec beaucoup de scènes d’action mais aussi de très belles scènes poétiques. Le Château dans le ciel est une petite perle de plus de la filmographie d’Hayao Miyazaki.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Le Château dans le cielSheeta et Pazu, les héros de Le Château dans le ciel de Hayao Miyazaki.

Le Château dans le cielLaputa, l’île volante dans Le Château dans le ciel de Hayao Miyazaki.

Le Château dans le cielDessin préparatoire pour Laputa, l’île volante dans Le Château dans le ciel de Hayao Miyazaki.
Laputa est dans son état initial ; l’arbre au sommet (qui a une grande importance par la suite) n’est pas encore présent.

14 avril 2016

International House (1933) de A. Edward Sutherland

International HouseA l’hôtel International House de la ville chinoise de Wu-Hu, des représentants des grandes puissances arrivent pour tenter d’acquérir l’invention du Professeur Wong : un procédé pour transmettre les images par la voie des airs… L’histoire de cette comédie loufoque et débridée n’est qu’un prétexte pour avoir des personnages très différents. Nous sommes là dans un genre proche des Marx Brothers avec des jeux de mots qui fusent et situations totalement farfelues. Face à un W.C. Fields en pleine forme (il n’apparaît qu’assez tardivement), le premier rôle féminin est tenu par Peggy Hopkins Joyce, une ex-danseuse des Ziegfeld Follies qui faisait alors régulièrement la une des journaux pour ses mariages à répétition avec des millionnaires. Elle joue son propre rôle, jouant avec son image scandaleuse et avec sa mauvaise réputation. On trouve aussi George Burns et Gracie Allen, un duo comique, ici franchement hilarant en docteur affublée d’une assistante un peu dérangée. On remarquera aussi la présence de Bela Lugosi, en agent russe et ex-mari jaloux, l’un de ses rares rôles comiques. Les démonstrations de l’invention du professeur (en fait, c’est ni plus ni moins qu’un mode primitif de télévision) sont l’occasion de petites scènes avec des vedettes de radio de l’époque mais aussi avec le crooner Rudy Vallee ou encore un morceau débridé de Cab Calloway.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peggy Hopkins Joyce, W.C. Fields, Rudy Vallee, Stuart Erwin, George Burns, Gracie Allen, Bela Lugosi, Franklin Pangborn
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Remarques :
* Dans une scène, Peggy Hopkins Joyce se demande sur quoi elle est assise et W.C.Fields, découvrant qu’il s’agit d’un chat, s’exclame « Oh, it’s just a pussy ». Cette réplique aurait particulièrement irrité le Hays Office dont le code de censure se généralisera l’année suivante. Il faut avouer qu’ils avaient d’autres raisons d’être scandalisés par ce film qui est, de toute évidence, à classer parmi les films « pre-Code ». A noter que la chanson de Cab Calloway « Reefer Man » a été souvent censurée lors des diffusions par les télévisions américaines car il y est fortement question de drogue.

* Peggy Hopkins Joyce a fait l’objet d’un livre : Gold Digger: The Outrageous Life of Peggy Hopkins Joyce de Constance Rosenblum (Metropolitan Books/Henry Holt & Company, 2000). Elle a collectionné les maris millionnaires et les diamants. Chaplin, qui a été l’un de ses amants, se serait inspiré de ses récits pour certaines scènes de A Woman of Paris.

International House
Edmund Breese, Peggy Hopkins Joyce et W.C. Fields dans International House d’Edward Sutherland.

10 mars 2016

Les Ailes (1927) de William A. Wellman

Les ailes1917. Dans leur petite ville américaine, Jack et David sont rivaux dans leur intérêt pour la jeune et jolie Sylvia. Jack ne se rend pas compte que sa voisine Mary est amoureuse de lui. Lorsque survient la mobilisation, les deux garçons s’engagent dans l’aviation. Leur hostilité fait place à une indéfectible amitié… Ce n’est pas le scénario qui rend Wings si remarquable : il est aussi prévisible que mal développé. En revanche, la reconstitution des batailles terrestres et surtout aériennes de la Première Guerre mondiale ont marqué à jamais le genre du film d’aviation. Des milliers de figurants, le concours de l’armée et toute une région du Texas comme terrain de jeu… il est assez étonnant que la Paramount ait confié un tel projet à un jeune réalisateur d’à peine trente ans : « J’étais le seul réalisateur qui ait été pilote combattant, j’étais le seul qui savait de quoi il s’agissait » (1) Le résultat est époustouflant, les scènes de combats aériens filmés en conditions réelles sans trucage nous placent littéralement dans le cockpit, face au pilote. Le ballet des avions, le survol des champs de bataille, les batailles au sol sont saisissant de réalisme. Wings est avant tout un spectacle : si on le compare à La Grande Parade (1925) ou à À l’ouest rien de nouveau (1930), on mesure à quel point il est dépourvu de vision sur la guerre. Mais cela ne l’empêche pas d’être intéressant à visionner et très prenant. A l’époque, le succès fut immense, la traversée de l’Atlantique que Lindbergh venait tout juste de réussir amplifiant l’attrait de l’aviation pour le public. (film muet).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Clara Bow, Charles ‘Buddy’ Rogers, Richard Arlen, Gary Cooper
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Remarques :
Les ailes* Cameo : William Wellman apparaît vers la fin du film. Il est le soldat qui s’exclame en mourant : « Attaboy. Them buzzards are some good after all. » (Bien joué! Finalement ces busards sont vraiment doués)
* Les deux minutes où Gary Cooper apparaît lui ont valu de pouvoir signer un contrat avec la Paramount. Il faut dire qu’il montre une belle présence dans cette scène. A noter que  son nom apparaîtra sur les affiches plus tardives, postérieures à son succès (voir ci-contre).
* La grande offensive reconstituée est la Bataille de Saint-Mihiel (Meuse) du 12 et 13 septembre 1918. Plus de 200 000 soldats américains ont été engagés dans cette vaste offensive qui fut victorieuse.
* Comme William Wellman, Richard Arlen avait été pilote pendant la guerre mais Charles Rogers, lui, n’avait jamais piloté auparavant. Il a appris  en cours de tournage. Pour ses premières sorties, un pilote-instructeur contrôlant l’avion était caché derrière lui.
* Clara Bow était particulièrement insatisfaite de son personnage (on la comprend, elle fait tapisserie).
* La scène aux Folies Bergères contient au tout début une utilisation étonnante de la grue qui nous fait voler en rase-mottes au dessus des tables.
* Le film est bien entendu en noir et blanc mais les flammes des armes et des avions en feu sont colorées en jaune avec la méthode Handschiegl (très globalement, un système reposant sur un système de pochoir). Certaines versions comportaient des séquences en Magnascope (un des premiers systèmes d’écran large) et certaines projections bénéficiaient d’un son synchronisé (musique et bruitages) avec le système Kinegraphone (alias Photophone, un système qui sera plus tard abandonné qui plaçait le son sur la pellicule pour une lecture optique).
* Les cascades, notemment les crash d’avions, sont réelles, aucun film d’archives de guerre n’a été utilisé. A ce sujet, Wellman raconte que lorsqu’un cascadeur a refusé de faire une cascade qu’il jugeait trop dangereuse, il a sauté dans l’avion pour aller la faire lui-même ! Un cascadeur a dû être hospitalisé à la suite d’une cascade ratée.
* Wings a remporté le premier Oscar de l’histoire du cinéma (en 1929) avec L’Aurore de Murnau.

(1) Entretien de William Wellman avec Kevin Brownlow dans « La parade est passée » (Actes Sud 2011 pour la traduction française.)

wings
Charles Rogers, Clara Bow et Richard Arlen dans Wings de William A. Wellman (photo publicitaire)

Wings

Wings
Charles Rogers, Richard Arlen et Gary Cooper dans Wings de William A. Wellman (photo de tournage assez proche de la scène vue dans le film)

Voir aussi la présentation du film sur DVDClassik (avec de nombreuses photos)…

9 mars 2016

Le Vent se lève (2013) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Kaze tachinu »

Le Vent se lèveDès son plus jeune âge, Jiro a rêvé de dessiner de magnifiques avions. Remarqué lors ses études, il est engagé par une importante entreprise d’ingénierie en 1927. Brillant ingénieur, il deviendra l’un des grands concepteurs aéronautiques japonais… Le vent se lève est le onzième et ultime long métrage d’animation réalisé par Hayao Miyazaki. Ce grand dessinateur et réalisateur japonais a en effet décidé de prendre sa retraite à l’âge de 72 ans, du moins dans le domaine du long métrage. Pour la première fois, son personnage principal est inspiré de personnes réelles, l’ingénieur en aéronautique Jiro Horikoshi et le romancier Tatsui Hori, tous deux nés au début du XXe siècle, sans aucune incursion dans le domaine du fantastique (si ce n’est quelques séquences de rêve). L’amour de l’aviation et le rejet de la guerre se retrouve une fois de plus au centre de ce beau récit qui nous émerveille par la beauté des images, le lyrisme du récit, et même l’humanisme du propos malgré toutes les réserves que l’on peut faire sur le fond. Miyazaki a gommé tout aspect polémique et présente son héros comme un idéaliste aveuglé par sa passion, qui n’a cure de savoir comment ses avions seront employés. Le vent se lève est ainsi une belle oeuvre poétique d’une grande perfection  formelle qui vient clore en beauté la filmographie d’Hayao Miyazaki.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Remarque :
* Le séisme au début du film est le séisme de Kantō de 1923 (magnitude 7.9) qui a ravagé la région juste au sud de Tokyo : 580 00 bâtiments détruits et 140 000 morts, beaucoup ayant péri dans les scènes de panique lors des gigantesques incendies se propageant rapidement dans Tokyo.

Le vent se lève
Le vent se lève

Homonymes :
Le vent se lève de Yves Ciampi (1959) avec Curd Jürgens et Mylène Demongeot
Le vent se lève (The Wind that Shakes the Barley) de Ken Loach (2006) avec Cillian Murphy.