15 décembre 2017

Une femme à sa fenêtre (1976) de Pierre Granier-Deferre

Une femme à sa fenêtreGrèce 1936. Margot, une jeune femme richissime et belle, visite des arènes isolées dans la campagne avec Raoul, un industriel français visiblement très attachée à elle, et Michel, un jeune activiste communiste recherché par la police, dont elle est visiblement amoureuse…
Une femme à sa fenêtre est adapté d’un roman de Pierre Drieu la Rochelle. L’histoire en elle-même n’est pas des plus passionnantes : la rencontre improbable entre une riche oisive en manque d’amour et un idéaliste politique. Cette passion qui couve est mise en parallèle avec la situation d’un pays tombant dans la dictature. Le plus remarquable dans ce film est sa construction : les relations entre les personnages ne paraissent tout d’abord pas très évidentes et ce n’est qu’après une suite de flashbacks et de sauts en avant que le spectateur acquiert la compréhension de leurs liens et de leurs sentiments (tout cela à condition de ne pas avoir lu de résumé avant de voir le film, bien entendu). Hélas, l’ensemble paraît très académique et laisse sur une impression de lourdeur et d’ennui. Romy Schneider est dans son habituel style d’interprétation (belle, lumineuse, etc.) ; Victor Lanoux est assez brillant pour exprimer le caractère plutôt gauche de son personnage ; Philippe Noiret est moins convaincant, ce qui est plus inhabituel.
Elle: 1 étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Romy Schneider, Philippe Noiret, Victor Lanoux, Umberto Orsini
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Remarques :
* En 1936, le général Ioánnis Metaxás a pris le pouvoir en Grèce pour installer une dictature s’inspirant des formes autoritaires du régime fasciste italien de Mussolini. Près de 15 000 Grecs furent arrêtés et torturés durant les cinq ans de la dictature de Metaxás. Son idéologie, nommée metaxisme par la suite, restait assez floue mais insistait sur le concept de Troisième Civilisation Hellénique, combinant les splendeurs de la Grèce antique païenne et de la Grèce byzantine chrétienne. Malgré sa fascination pour les régimes fascistes, Metaxás choisit la neutralité en 1939. Sa dictature ne prit fin qu’à sa mort début 1941. (Source principale : Wikipédia)

* Drieu la Rochelle a écrit son livre en 1929, l’histoire prenant donc place sous la Deuxième République hellénique. A cette époque, l’écrivain était encore plutôt socialisant que fascisant. Il publiera son essai Socialisme fasciste en 1934. Après s’être engagé en faveur de la Collaboration, l’écrivain s’est donné la mort à la Libération.

* Lorsque ce film est sorti en 1976, la dictature des colonels (1967-1974) venait juste de prendre fin en Grèce.

Une femme à sa fenêtre
Victor Lanoux et Romy Schneider dans Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre.

Une femme à sa fenêtre
Superbe automobile : une Cord 810 de 1936 dans Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre.

25 novembre 2017

La Loi du silence (1953) de Alfred Hitchcock

Titre original : « I Confess »

La Loi du silenceA Québec, un immigré allemand Otto Kluger, déguisé en prêtre, tue un avocat pour lui voler son argent. Il va ensuite se confesser auprès du prêtre qui l’emploie… Tourné juste après L’Inconnu du Nord-Express, La Loi du silence, beaucoup moins connu, semble en prolonger le thème : il s’agit une nouvelle fois d’une histoire de transfert de culpabilité. En se confessant, le meurtrier se décharge du crime et c’est le prêtre qui en porte le poids. Hitchcock crée une atmosphère lourde, pesante, austère, sans aucun des traits d’humour dont il est coutumier. Le film n’a pas fonctionné auprès du public et d’une bonne partie de la critique qui a situé le suspense sur la question de savoir si le prêtre allait ou non parler et a fini par trouver cela ridicule. Or, le suspense ne peut être là : Hitchcock a été élevé chez les jésuites et il a considéré que tout le monde savait qu’il ne pouvait parler. Non, le suspense est créé par l’emboitement assez terrifiant des évènements et par le postulat qu’il ne peut parler. La Loi du silence est ainsi un film d’une grande intensité, l’interprétation très sérieuse de Montgomery Clift (trop sérieuse selon le réalisateur qui ne s’est pas bien entendu avec son acteur principal) n’étant pas étrangère à cette intensité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Montgomery Clift, Anne Baxter, Karl Malden, Brian Aherne
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Remarques :
* Le scénario est adapté d’une « mauvaise pièce » (ce sont les mots de François Truffaut lorsqu’il interroge Hitchcock à ce sujet) de Paul Anthelme (1902) intitulée « Nos deux consciences ». C’est Louis Verneuil qui l’a indiquée (et vendue) à Hitchcock.
* Au départ, Hitchcock voulait jouer avec les accents : allemand pour Otto Kruger, français pour les autochtones, suédois pour l’actrice principale. Mais lorsque l’actrice suèdoise Anita Björk est arrivée en Amérique avec son amant et un bébé illégitime, les dirigeants de la Warner ont pris peur qu’un nouveau scandale suédois éclate (après l’affaire Ingrid Bergman / Rossellini dont ils étaient à peine remis). Tout ce petit monde fut donc remis prestement sur le bateau et Anne Baxter fut choisie pour la remplacer.
* Cameo : impossible de rater Alfred Hitchcock marchant en haut des escaliers car c’est la première image du film.
* La fin initialement prévue au scénario était bien plus dramatique mais les producteurs ont jugé que l’image d’un prêtre pendu serait trop traumatisante.

I Confess
Brian Aherme et Montgomery Clift dans La Loi du silence de Alfred Hitchcock.

I Confess
Karl Malden et Montgomery Clift dans La Loi du silence de Alfred Hitchcock.

21 novembre 2017

Combien tu m’aimes? (2005) de Bertrand Blier

Combien tu m'aimes?François (Bernard Campan) admire une très belle femme (Monica Bellucci) à travers la vitrine d’un bar de Pigalle. Il entre et lui fait une proposition inattendue : ayant gagné une forte somme au loto, il lui propose de venir vivre avec lui en échange d’un très gros salaire… Avec Combien tu m’aimes??, Bertrand Blier nous offre une fable sur le thème de la beauté et du désir. Le film démarre très bien avec une bonne mise en place et des personnages bien trouvés (Jean-Pierre Darroussin en ami docteur désabusé est très amusant). Hélas, l’histoire s’enlise ensuite avec des scènes qui semblent inutilement étirées et le personnage joué par Depardieu semble bien caricatural. Bertrand Blier s’est trop centré sur Monica Bellucci qu’il semble vouloir sublimer. L’ensemble est finalement un peu brouillon et on ne retrouve pas le brio des meilleurs films du réalisateur.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Monica Bellucci, Bernard Campan, Gérard Depardieu, Jean-Pierre Darroussin, Edouard Baer, Farida Rahouadj
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Remarques :
* Caméo : Bertrand Blier fait une apparition bien visible en client du bar à prostituées.

Combien tu m'aimes ?
Gérard Depardieu, Monica Bellucci et Bernard Campan dans Combien tu m’aimes? de Bertrand Blier.

Combien tu m'aimes ?
Jean-Pierre Darroussin et Monica Bellucci dans Combien tu m’aimes? de Bertrand Blier.

2 octobre 2017

Veillée d’amour (1939) de John M. Stahl

Titre original : « When Tomorrow Comes »

Veillée d'amourPhilip rencontre par hasard Helen dans le restaurant où est serveuse. Il est séduit par son charme et s’arrange pour la revoir… John M. Stahl est un réalisateur que l’on connait peu si ce n’est par le superbe Leave Her to Heaven (1945) avec Gene Tierney et par les remakes de certains de ses films par Douglas Sirk. Pour le reste, il est souvent qualifié péjorativement de faiseur de mélodrames mais l’essentiel de sa filmographie reste peu accessible. Ce When Tomorrow Comes laisse à penser que ses films méritent mieux que cela. Basé sur un roman de James M. Cain, le scénario est simple dans ses fondements mais finalement assez surprenant dans son assemblage d’éléments à priori disparates. L’ensemble fonctionne à merveille grâce au talent du couple d’acteurs que l’on venait de voir dans Love Affair de Leo McCarey : Irene Dunne donne beaucoup de corps à son personnage avec un jeu assez riche et Charles Boyer, avec son accent français, est toujours parfait dans ce genre de personnages qui allient délicatesse et élégance. Le rôle a été visiblement taillé pour lui. Bien que dialogues et mise en scènes restent assez conventionnels, on se laisse facilement happer par cette histoire d’amour impossible. Ce n’est pas un mélodrame qui va vous tirer des larmes, il y a d’ailleurs une bonne d’humour, ou au moins d’ironie ; il peut même être vu sous un angle social (plutôt évident mais, somme toute, peu développé). Le film n’eut aucun succès. Douglas Sirk en fera un remake vingt ans plus tard en appuyant sur l’aspect mélodramatique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Irene Dunne, Charles Boyer, Barbara O’Neil
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Remarque :
* Les scènes de l’ouragan ont été inspirées par le Grand ouragan de Nouvelle-Angleterre de 1938 qui (après être passé au nord des Caraïbes) a frappé Long Island et Rhode Island, causant la mort de 600 personnes.

Remakes :
Les amants de Salzbourg (interlude) de Douglas Sirk (1957) avec June Allyson et Rossano Brazzi
Interlude (1968) de l’anglais Kevin Billington avec Oskar Werner et Barbara Ferris

When Tomorrow comes
Irene Dunne et Charles Boyer dans Veillée d’amour de John M. Stahl.

13 septembre 2017

Le Dernier Nabab (1976) de Elia Kazan

Titre original : « The Last Tycoon »

Le Dernier nababDans les années trente à Hollywood, le trentenaire Monroe Stahr est à la tête d’un grand studio dont il dirige avec brio toutes les productions. Un soir, il aperçoit une jeune femme qui lui rappelle la femme de sa vie, une actrice décédée prématurément. Il cherche à la revoir… Le Dernier nabab est l’ultime réalisation d’Elia Kazan. Il est un peu dommage que la filmographie de ce grand réalisateur se termine avec ce film assez fade. A sa décharge, il faut préciser qu’il ne voulait pas le tourner (1). C’est Harold Pinter qui a écrit l’adaptation de ce roman inachevé de F. Scott Fitzgerald librement basé sur le personnage d’Irving Thalberg alors qu’il était à la tête M.G.M. Si le cinéphile ne peut qu’apprécier la reconstitution du fonctionnement des studios à l’époque, toute la partie inventée sur la romance du producteur avec une mystérieuse inconnue paraît d’autant plus interminable que l’actrice Ingrid Boulting qui interprète cette inconnue n’a vraiment aucune consistance (elle fut imposée à Kazan). En revanche, le reste de la distribution comprend moult grands noms dans les seconds rôles et De Niro fait une prestation tout en retenue. La jeune actrice Theresa Russell est étonnante, pour un premier rôle elle montre une très grande présence à l’écran. Kazan a dit à l’époque que la scène finale (Monroe Stahr s’éloignant dans la pénombre d’un immense hangar) symbolisait son propre adieu au cinéma.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Tony Curtis, Robert Mitchum, Jeanne Moreau, Jack Nicholson, Theresa Russell, Donald Pleasence, Ray Milland, Dana Andrews
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Sources d’inspiration :
* Le studio est la M.G.M.
* Le personnage de Monroe Stahr (Robert De Niro) est inspiré d’Irving Thalberg, le plus brillants des chefs de studios de la période classique. Le style de personnage et sa façon de diriger correspondent bien à son style. En revanche, toute la partie sentimentale est inventée de toutes pièces. Irving Thalberg a bien épousé une star de la MGM en 1927, la québécoise Norma Shearer, mais celle-ci est morte bien après lui (Irving Thalberg est hélas décédé très jeune, en 1936 à l’âge de 37 ans).
* Son associé (Robert Mitchum) est donc Louis B. Mayer.
* Louis B. Mayer avait bien une fille (et même deux) mais elles étaient plus âgées dans les années trente. L’aînée a épousé David O. Selznick en 1930.
* L’actrice (Jeanne Moreau) est probablement inspirée de Greta Garbo et/ou Marlene Dietrich (étrangère et suffisamment populaire pour pouvoir faire virer un metteur en scène, il n’y en avait pas beaucoup à cette époque…)

(1) Elia Kazan, dont les deux films précédents avaient été des échecs commerciaux, n’a accepté le projet qu’en raison de l’état de sa mère malade qu’il put ainsi installer à Los Angeles.

Le Dernier Nabab
Robert Mitchum et Robert De Niro dans Le Dernier Nabab d’Elia Kazan.

Le Dernier Nabab
Robert De Niro et Theresa Russell dans Le Dernier Nabab d’Elia Kazan.

Le Dernier Nabab
Jeanne Moreau dans Le Dernier Nabab d’Elia Kazan.

8 août 2017

La fièvre monte à El Pao (1959) de Luis Buñuel

La Fièvre monte à El PaoUne île, appartenant à une dictature (fictive) d’Amérique Centrale, reçoit tous les prisonniers politiques et de droit-commun du pays. Le gouverneur est assassiné en plein discours. Ramón Vázquez, son secrétaire, aux idées libérales, le remplace temporairement… C’est Gérard Philipe qui a prié Buñuel d’accepter d’adapter ce roman d’Henri Castillou, La fièvre monte à El Pao. L’histoire de cet homme en proie aux contradictions entre ses convictions et l’exercice du pouvoir avait tout pour séduire l’acteur (qui, rappelons-le, était proche du Parti Communiste). Buñuel semble avoir été moins motivé : sa réalisation est certes sans défaut, mais sans fulgurances non plus (1). La critique des dictatures qui fleurissaient alors, ces libérateurs qui se transforment en despotes, se retrouve mêlée avec une histoire sentimentale, relevée par la sensualité de María Félix. Mais, l’atout du film reste la performance de Gérard Philipe : il apparaît tout d’abord peu crédible physiquement dans son rôle mais, en grand acteur qu’il est, nous fait rapidement oublier cette sensation. Sa prestation est remarquable. La fièvre monte à El Pao sera hélas son dernier film : quelques mois après la fin du tournage, il sera emporté par un cancer fulgurant du foie, à l’âge de 36 ans.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Philipe, María Félix, Jean Servais
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(1) Bunuel a déclaré par la suite qu’il n’aimait pas La fièvre monte à El Pao et, depuis, le film traîne une mauvaise réputation. Elle est assez injustifiée ou, du moins, excessive.

La fièvre monte à El Pao
Gérard Philipe et María Félix dans La Fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel.

La Fièvre monte à El Pao
Jean Servais et María Félix dans La Fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel.

12 juillet 2017

Beau-père (1981) de Bertrand Blier

Beau-pèreRémi est un musicien qui cherche encore sa voie professionnelle. Lorsque Martine, sa compagne, est tuée dans un accident, la fille de celle-ci, Marion âgée de 14 ans, préfère rester avec Rémi plutôt que d’aller vivre chez son vrai père. La jeune fille lui avoue peu après être attirée par lui… Beau-père est adapté d’un roman écrit par Bertrand Blier lui-même. Il réussit à faire un film assez délicat sur un sujet qui pourrait se prêter à tous les excès. Ne cédant pas à la facilité, il reste discret sur les dimensions sexuelles de cette liaison (l’affiche ci-contre du film est en revanche nettement plus racoleuse) pour se concentrer sur le caractère un peu paumé de son personnage principal : Rémi est constamment en proie à des indécisions, cède soudainement à des pulsions inconséquentes et affiche un ahurissement protecteur quand il devine que les évènements vont tourner à son désavantage. Dewaere est merveilleux dans ce rôle et la jeune Ariel Besse fait une belle prestation pour un premier film. L’actrice n’a pas fait ensuite carrière au cinéma mais au théâtre.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Ariel Besse, Maurice Ronet, Nathalie Baye, Nicole Garcia
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Beau-père
Patrick Dewaere et Ariel Besse dans Beau-père de Bertrand Blier.

28 juin 2017

Amour défendu (1932) de Frank Capra

Titre original : « Forbidden »

Amour défenduFrustrée de rester seule, la jeune Lulu Smith retire toutes ses économies pour passer une semaine de vacances à La Havane. Elle y fait la rencontre de Bob Grover, un avocat. Ils s’éprennent l’un de l’autre. Ce n’est qu’au retour qu’il lui apprend qu’il est déjà marié et qu’il ne peut quitter sa femme… Fait assez inhabituel, le jeune Frank Capra a lui-même écrit l’histoire qui sert de base à Forbidden. Il faut bien avouer que celle-ci est lourde, bien mal écrite et peu apte à nous émouvoir. Malgré cela, le film reste intéressant à visionner pour son formidable duo d’acteurs : Barbara Stanwyck fait montre de beaucoup de charme et de richesse dans son jeu et l’élégant Adolphe Menjou a un rôle plus complet qu’à l’habitude, prouvant ainsi l’étendue de ses qualités. C’est un vrai plaisir de les voir évoluer. On remarquera aussi le jeune Ralph Bellamy, dans l’un de ses tous premiers rôles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Adolphe Menjou, Ralph Bellamy
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Remarques :
* A propos de Forbidden, Frank Capra ne dit que peu de choses dans ses mémoires : « Je me suis mis en tête que je pouvais écrire. M’inspirant du roman Back Street de Fannie Hurst, j’ai écrit une histoire originale : Forbidden. J’aurais dû rester couché. »
(Note : L’adaptation de Back Streets sortira quelques mois plus tard chez Universal sous la direction de John M. Stahl)

* Une fois le Code Hays généralisé en 1934, Forbidden ne pourra être projeté en raison de l’adultère qui est au centre du film.

Forbidden
Adolphe Menjou et Barbara Stanwyck dans Amour défendu de Frank Capra (photo publicitaire).

Forbidden
Adolphe Menjou et Barbara Stanwyck dans Amour défendu de Frank Capra (photo publicitaire).

Forbidden
Frank Capra, Barbara Stanwyck et Adolphe Menjou sur le tournage de Amour défendu de Frank Capra (photo publicitaire).

Homonyme (sans aucun rapport) :
Défense d’aimer (Forbidden) d’Anthony Page (1984) avec Jacqueline Bisset et Jürgen Prochnow.

17 juin 2017

Juliette ou la Clef des songes (1951) de Marcel Carné

Juliette ou La clef des songesDans sa prison, un jeune homme s’évade par le rêve et rend visite au Pays de l’Oubli. Il y recherche Juliette, la jeune fille qu’il aime mais aucun des habitants du village n’a de mémoire… Juliette ou La clef des songes est adapté d’une pièce écrite par Georges Neveux en 1927. Une première adaptation (sur laquelle avait travaillé Cocteau) avait débuté en 1941 avec Jean Marais et Micheline Presle mais la production en avait rapidement été arrêtée à cause de la guerre. Quand il la reprend quelque dix ans plus tard, Marcel Carné transforme entièrement le scénario. Il semble avoir voulu retrouver le climat poétique des Visiteurs du soir mais n’y parvient qu’imparfaitement. Malgré les bonnes interprétations de Gérard Philipe et Suzanne Cloutier (délicatement irréelle), il se dégage une certaine froideur de l’ensemble et nous restons à bonne distance. Cela nous permet d’apprécier à leur juste valeur les superbes décors d’Alexandre Trauner éclairés et filmés par Henri Alekan, deux maitres de leur spécialité. Les scènes de forêt sont absolument merveilleuses. Le film a souvent été jugé assez sévèrement ; certes il n’est pas parfait mais son atmosphère onirique n’est pas sans charme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Philipe, Suzanne Cloutier, Jean-Roger Caussimon, Yves Robert
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Remarques :
* Pour les scènes de forêt, Alexandre Trauner a ajouté des faux arbres parmi les vrais pour en contrôler la densité.
* Aussi incroyable que cela puisse paraître, le village est un décor.
* On peut noter une certaine influence du merveilleux film d’Henry Hathaway Peter Ibbetson (1935).
* Lire le dossier sur le film sur le site internet marcel-carne.com … avec notamment des articles d’époque parus dans Cinémonde et le scénario romancé paru dans Mon Film.

Juliettte ou la Clef des songes
Suzanne Cloutier est Juliette dans Juliette ou La clef des songes de Marcel Carné.

Juliettte ou la Clef des songes
Gérard Philipe dans Juliette ou La clef des songes de Marcel Carné.

Juliette ou La clef des songes
Gérard Philipe et Jean-Roger Caussimon dans Juliette ou La clef des songes de Marcel Carné.

19 mai 2017

Pauline à la plage (1983) d’ Eric Rohmer

Pauline à la plageFin de l’été sur une plage normande. Marion a la charge de Pauline, sa jeune cousine adolescente. Elles rencontrent Pierre et Henri et parlent de leurs visions de l’amour… Pauline à la plage est le troisième, et le plus connu, film de la série « Comédies et Proverbes » d’Éric Rohmer. Le proverbe illustré est « Qui trop parole, il se mesfait » de Chrétien de Troyes. On ne sera pas surpris qu’il y a soit question de paroles et de dialogues, sur un sujet éminemment subjectif : l’amour. Chacun des personnages en a sa propre définition, chacun a ses attentes. Malgré ce petit côté maniéré, ou du moins « maitrisé », toujours présent dans les films de Rohmer, les dialogues sonnent très justes, très authentiques ; ils semblent avoir été écrits par les personnages eux-mêmes. C’est bien cela qui est remarquable chez Rohmer : les dialogues sont toujours simples, les esprits chagrin pourront leur reprocher une absence de profondeur, et pourtant de l’ensemble ressort une réflexion des plus éclairantes, aux portes de la philosophie. Ici, ces différentes visions de l’Amour incitent au questionnement. Rohmer sait préserver simplicité et naturel chez ses personnages ; il joue ici parfaitement et sans en abuser avec la féminité d’Arielle Dombasle. Grace à toutes ces qualités, Pauline à la plage est atemporel : il se regarde avec autant d’intérêt aujourd’hui qu’il y a trente ans.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Amanda Langlet, Arielle Dombasle, Pascal Greggory, Féodor Atkine
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Remarques :
* Chrétien de Troyes est un poète français (env. 1130-1185) auteur de romans de chevalerie de la littérature arthurienne en octosyllabes tels Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Perceval ou le Conte du Graal ou encore Erec et Enide.

Le cycle Comédies et proverbes d’Éric Rohmer :
1. La Femme de l’aviateur (1981) ou « On ne saurait penser à rien »
2. Le Beau Mariage (1982) ou « Quel esprit ne bat la campagne ? qui ne fait château en Espagne ? »
3. Pauline à la plage (1983) ou « Qui trop parole, il se mesfait »
4. Les Nuits de la pleine lune (1984) ou « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison »
5. Le Rayon vert (1986) ou « Que le temps vienne où les cœurs s’éprennent »
6. L’Ami de mon amie (1987) ou « Les amis de mes amis sont mes amis »

Pauline à la plage
Amanda Langlet, Pascal Greggory et Arielle Dombasle dans Pauline à la plage de Éric Rohmer.

Pauline à la plage
Amanda Langlet, Simon de La Brosse et Féodor Atkine dans Pauline à la plage de Éric Rohmer.

Pauline à la plage
Eric Rohmer, Arielle Dombasle, Rosette et Pascal Greggory sur le tournage de Pauline à la plage de Éric Rohmer.