20 avril 2014

Ocean’s Twelve (2004) de Steven Soderbergh

Ocean's TwelveTrois ans après le spectaculaire braquage du Bellagio à Las Vegas, Danny Ocean et ses associés sont retrouvés par l’homme qu’ils ont dévalisé qui leur ordonne de restituer le magot… Donner une suite à un film à succès est un exercice périlleux. Les motivations commerciales entrainent plus facilement vers la facilité que vers la qualité. Steven Soderbergh ne parvient pas vraiment à éviter cet écueil. Ocean 12 reste un thriller élégant mais la mise en place est un peu longue et la suite pas toujours très prenante. Les effets de camera sont un peu appuyés. Le plus notable est certainement cette façon qu’a Soderbergh de jouer avec la distanciation du spectateur : le personnage interprété par Julia Roberts doit se faire passer pour Julia Roberts afin d’accéder à un lieu et rencontre à son hôtel Bruce Willis qui joue… Bruce Willis (et non un personnage). Dans le même ordre d’idée, le personnage joué par Georges Clooney interroge ses comparses sur l’âge qu’ils lui donnent (à noter que George Clooney a alors 44 ans) et d’autre part, Soderbergh joue bien avec le fait que nous savons qu’ils vont réussir (puisque c’est un film) pour les placer dans une situation la plus bloquante qui soit quelques minutes avant la fin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Catherine Zeta-Jones, George Clooney, Julia Roberts, Matt Damon, Vincent Cassel
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19 avril 2014

Les Habitants (1992) de Alex van Warmerdam

Titre original : « De noorderlingen »

Les habitantsNous sommes en 1960. Ce devait être le lotissement du bonheur, ce ne seront au final que quelques maisons plantées le long d’une rue qui ne mène nulle part. Tout autour, ce n’est qu’un vaste terrain vague à l’exception d’une petite forêt taillée au cordeau et très dense… Les Habitants a été écrit et réalisé par le hollandais Alex van Warmerdam, il s’agit de son second long métrage. Assez difficile à définir, Les Habitants est une comédie surréaliste empreinte d’un bel humour légèrement teinté de noir : insolite, baroque, fantaisiste, original, saugrenu,… tous ces adjectifs peuvent s’appliquer au film et, surtout, à ses personnages. Il y a de belles trouvailles, l’écriture est précise et on comprend aisément que la préparation ait nécessité de nombreux mois. Au-delà de l’humour, Alex van Warmerdam porte un regard sur notre faculté à vivre ensemble, il oppose le monde de l’enfance et le monde des adultes, ou plus exactement fait un parallèle entre les deux. Le réalisateur utilise l’excentricité pour mieux faire ressortir certains traits de caractère qui peuvent s’appliquer à tout un chacun. La photographie est assez belle, très épurée et aux couleurs vives. Les Habitants donne vraiment envie de découvrir les autres films de ce cinéaste néerlandais.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jack Wouterse, Annet Malherbe, Rudolf Lucieer, Loes Wouterson
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Remarques :
* Le réalisateur Alex van Warmerdam interprète le facteur.
* Fat Willy (l’homme à la mobylette) est interprété par Theo Van Gogh, arrière petit-fils du frère du peintre, réalisateur polémiste qui a été assassiné en 2004 par un extrémiste musulman.
* Les habitants est sorti en avril 1992 aux Pays-Bas mais seulement en septembre 1995 en France. Le film a bénéficié d’une nouvelle sortie en copie numérique fin 2012.

18 avril 2014

Au-delà des collines (2012) de Cristian Mungiu

Titre original : « Dupa dealuri »

Au-delà des collinesAlina rend visite à sa grande amie Voichita. Elles ont grandi ensemble à l’orphelinat. Alina espère convaincre Voichita de quitter le petit couvent où elle est devenue nonne… L’histoire de Au-delà des collines est tirée d’un fait divers qui a ébranlé la Roumanie en 2005. Cristian Mungiu s’est inspiré de deux livres écrits par Tatiana Niculescu sur les faits et le procès qui a suivi pour élargir le propos et dresser le portrait de son pays qui sort difficilement de plusieurs décennies de communisme. Le résultat est assez remarquable car, malgré une certaine austérité, le film nous captive par la force de ses personnages et cette situation extrême d’amour impossible : les quelque 2h30 semblent passer rapidement. La perfection de la mise en scène et l’interprétation y sont certainement pour beaucoup. Le contexte de fanatisme religieux pèse de tout son poids, jusqu’à certains extrêmes, faisant alors presque basculer le film dans un autre registre et laissant le spectateur assez suffoqué par l’issue (du moins, le spectateur qui, comme moi, a l’avantage de n’avoir rien lu sur le film avant de le regarder).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cosmina Stratan, Cristina Flutur, Valeriu Andriuta
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17 avril 2014

Une vie de chien (1918) de Charles Chaplin

Titre original : « A Dog’s Life »

Une vie de chien(Court métrage, 3 bobines, 33mn) Après avoir dormi dans un terrain vague, Charlot essaie en vain de trouver du travail. Il prend la défense d’un petit chien errant et ils deviennent inséparables… Une vie de chien est le premier film de Chaplin pour la First National. C’est aussi le premier film dans son tout nouveau studio de La Brea. Par rapport aux films de la Mutual, Chaplin franchit un pas. Louis Delluc dira de ce film que c’est « la première oeuvre d’art complète du cinéma ». En effet, Une vie de chien préfigure Le Kid de façon étonnante : Chaplin joue toujours sur le registre burlesque mais il prend, plus que jamais, la défense des laissés pour compte. Son personnage n’est pas à proprement parler un marginal, il désire s’insérer dans la société mais n’y parvient pas. Ce contenu social ne l’empêche pas de placer de très nombreux gags : il faut le voir échapper à un policeman, ingurgiter en catimini les beignets du marchand ambulant, la scène la plus mémorable étant celle où après avoir assommé un voleur, il passe les mains sous ses aisselles pour parler par gestes au complice assis en face. Un petit bijou.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Bud Jamison, Albert Austin, Tom Wilson
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Remarques :
* Fin 1917, Charlie Chaplin a signé à la First National pour 8 films de 2 bobines à réaliser en 16 mois. De plus en plus perfectionniste, allongeant la durée de ses films, il lui faudra plus de 4 années pour venir à bout de son engagement. C’est grâce à ce contrat que Chaplin a pu faire construire son propre studio, sur La Brea Avenue dans un champ de citronniers… (Voir l’emplacement actuel sous Google Maps… aujourd’hui, ce sont les locaux de la Jim Henson Co. et le quartier est passablement plus construit…)

16 avril 2014

Witness (1985) de Peter Weir

Titre français parfois utilisé : « Témoin sous surveillance »

Witness: Témoin sous surveillanceDe passage dans la gare de Philadelphie, un enfant de la communauté Amish est témoin du meurtre d’un homme. Lorsqu’il découvre que des policiers sont impliqués, l’inspecteur John Book (Harrison Ford) doit se réfugier chez les Amish… Pour son premier film américain, on peut dire que l’australien Peter Weir a réussi un coup de maître : tout en adoptant l’enveloppe très hollywoodienne d’un film policier, il a su conserver une approche toute personnelle et son attrait pour les civilisations perdues ou isolées. L’idée de départ toutefois est celle du producteur Edward S. Feldman qui eut bien du mal à imposer son projet (1). L’intrigue policière est rapidement délaissée pour se concentrer sur cette communauté Amish qui vit de manière identique depuis le XVIIIe siècle. L’approche de cette vaste communauté puritaine et austère est très respectueuse, nous montrant une partie de son fonctionnement et la formidable entraide entre ses membres (superbe scène de la construction d’une grange). Leur non violence est tout en contraste avec celle du monde extérieur mais l’approche de Peter Weir n’est aucunement manichéenne : il met en parallèle plus qu’il n’oppose. Witness, c’est aussi l’histoire d’un amour impossible. Harrison Ford est remarquable. L’acteur sortait de plusieurs films à succès (Star Wars, Indiana Jones) qui l’enfermaient dans un certain type de rôles. Witness lui a permis de prouver qu’il pouvait interpréter des rôles d’une certaine profondeur. Sa présence a certainement contribué au succès populaire du film. Face à lui, Kelly McGillis montre beaucoup de sensibilité avec un visage presque angélique. Witness fut un très grand succès. Même s’il n’y a plus aujourd’hui cet aspect de la découverte d’une communauté étonnante, Witness est, trente ans plus tard, toujours aussi enthousiasmant.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Harrison Ford, Kelly McGillis, Lukas Haas, Alexander Godunov, Danny Glover
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Remarques :
* Lukas Haas, âgé de 8 ans au moment du tournage, a maintenant presque 40 ans et plus de 80 films à son actif.
* La communauté Amish n’a pas trop apprécié être propulsée ainsi sur le devant de la scène, estimant que le film donnait d’eux une image fausse. En outre, ils ont du faire face à un afflux de curieux.

(1) Initialement, Edward S. Feldman a proposé le projet à la Fox qui lui a répondu que la Fox ne faisait pas de « rural movies ». Le projet a ensuite plus ou moins fait le tour de tous les studios avant d’être accepté in extremis par la Paramount.

14 avril 2014

La fureur de vivre (1955) de Nicholas Ray

Titre original : « Rebel Without a Cause »

La fureur de vivreLe jeune Jim Stark est arrêté pour ivresse au beau milieu de la nuit. Au policier psychologue pour adolescents qui l’interroge, il se désole du manque d’autorité de son père… Des trois grands films de James Dean, La fureur de vivre est le plus emblématique, celui qui a, plus que les autres, créé le mythe attaché à l’acteur. En ce milieu des florissantes années cinquante, toute une jeunesse en butte à des parents incapables de les comprendre s’est identifiée à ce personnage de « rebelle sans cause ». On peut même dire que cette identification a continué de fonctionner sur plusieurs générations, de façon plus ou moins diffuse. Ce qui étonnant, c’est qu’en réalité Jim Stark ne rejette pas vraiment l’image du père, il la cherche plutôt : il reproche au sien le manque d’autorité, son incapacité à lui dire comment il se doit se comporter pour être « un homme ». La petite bande de durs qui attire ces jeunes en manque de repères a, quant à elle, franchi nettement la ligne de la délinquance. Le propos semble donc plus s’adresser aux parents qu’aux enfants, leur intimant d’être présents et de se comporter comme des parents. Si le film est devenu emblématique d’une génération mal comprise, ce n’est donc pas tant par le fond du propos mais par l’angle de vue adopté par Nicholas Ray : de façon très inhabituelle pour l’époque, il adopte en effet le point de vue des jeunes et les parents sont sur le banc des accusés. Le lyrisme de Nicolas Ray donne une indéniable force au film, même si la théâtralité peut paraître excessive. Le clou est bien entendu la scène ultra célèbre de la course de voitures sur la falaise, face au vide. La photographie est assez belle avec une utilisation de la lumière qui évoque par moments l’expressionnisme et une belle utilisation de la couleur (superbe idée du blouson rouge). Le jeu des trois acteurs principaux est très juste : contrairement à ses autres films, le jeu de James Dean ne paraît excessif à aucun moment. La fureur de vivre continue de bénéficier d’une très forte aura. Ce n’est pas le meilleur film de Nicholas Ray mais c’est en tous cas (et de loin, hélas pour ses autres films) son plus grand succès populaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Dean, Natalie Wood, Sal Mineo
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Remarques :
* Dennis Hopper, âgé alors de 19 ans à peine, tient le rôle de Goon (à noter que William Hopper, qui tient le rôle du père de Natalie Wood, n’a aucun lien de parenté avec lui).
* Sal Mineo, qui interprète Platon, est âgé de 16 ans au moment du tournage, Natalie Wood 17ans alors que James Dean a déjà 24 ans. Le film est sorti un mois après sa mort.
* La scène d’ouverture, pendant le générique, (James Dean au sol jouant avec le petit singe mécanique) n’était pas écrite. Elle a été improvisée par James Dean.
* Le scénario prévoyait une première scène où l’on voyait un père de famille se faire agresser par une bande de mauvais garçons. Pendant l’agression, il laissait tomber ses paquets de Noël dont un petit singe mécanique. Jugée trop violente par les studios, la scène fut coupée.
* Dans le plan final, l’homme qui marche vers l’entrée du planétarium est Nicholas Ray.

13 avril 2014

Charlot soldat (1918) de Charles Chaplin

Titre original : « Shoulder Arms »

Charlot soldat (Muet, 45 mn) Charlot est un soldat qui a du mal à marcher au pas mais qui se porte volontaire pour des missions dangereuses…
Sorti quelques mois avant l’armistice, Charlot soldat était initialement prévu pour être un long métrage (1). Le sujet est très délicat : faire rire avec la guerre est périlleux, d’autant plus que certains détracteurs de Chaplin lui reprochaient son manque de patriotisme. Avec grand art, il parviendra néanmoins à trouver l’équilibre parfait et son film sera l’un de ses plus populaires. Il emploie le thème du héros malgré lui qui, tout en montrant une certaine maladresse, accomplit de vrais exploits. Cela n’empêche pas le film d’être globalement antimilitariste, soulignant l’absurdité de la guerre. Charlot soldat est parsemé de très bons gags, à commencer par cette scène hilarante en début de film où on le voit essayer de marcher au pas sans avoir les pieds écartés… Charlot ne rentrera jamais dans le rang !
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Edna Purviance, Charles Chaplin, Syd Chaplin, Henry Bergman
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Remarque :
En 1918, Chaplin était victime des nombreuses copies pirates de ses films. C’est pour cette raison que l’on peut le voir « signer » son film au tout début : cette signature était censée freiner les ardeurs des exploitants malhonnêtes.

(1) De nombreuses scènes montrant Charlot en famille avant d’être enrôlé ont été tournées mais elles n’ont pas été retenues pour le montage final.

12 avril 2014

La Blonde et le shérif (1958) de Raoul Walsh

Titre original : « The Sheriff of Fractured Jaw »

La blonde et le shérifJonathan Tibbs, digne héritier d’un important magasin d’armes anglais sur le déclin, décide d’aller dans l’Ouest américain pour trouver des acheteurs à ses fusils. Il arrive dans la petite bourgade de Fractured Jaw où deux bandes s’entredéchirent… Dans la vaste filmographie de Raoul Walsh, La blonde et le shérif (The Sheriff of Fractured Jaw) est certainement l’un des films les plus étranges. C’est aussi l’un des westerns les plus curieux. Le registre est clairement celui de l’humour : c’est le décalage entre le flegme britannique et la rustrerie des américains qui en est le moteur principal. Cela donne des situations assez amusantes où le très british Tibbs va déconcerter tout le monde et parviendra ainsi à trouver une issue à des situations inextricables. Raoul Wash tourne en dérision tous les grands poncifs du western, nous avons même droit à l’inévitable partie de poker (qu’il gagne en se faisant conseiller par un chien !) Kenneth More fait un bel abattage, toujours parfaitement dans son personnage. En regardant Jayne Mansfield, on mesure à quel point la Fox désirait alors créer un clone de Marilyn. Hélas, si ses qualités plastiques ne passent pas inaperçues, l’actrice ne parvient pas à aller au-delà, comme Marilyn savait si bien le faire en donnant une profondeur à ses rôles. Au final, La blonde et le shérif est une variante assez farfelue sur le thème du western, franchement surprenante de la part de Raoul Walsh.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenneth More, Jayne Mansfield, Henry Hull, Bruce Cabot
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Remarques :
* The Sheriff of Fractured Jaw a été tourné entièrement en Europe, en Angleterre mais aussi en Espagne.
* Pour ses chansons, Jayne Mansfield est doublée par Connie Francis.

11 avril 2014

Möbius (2013) de Eric Rochant

MöbiusAlice réalise brillamment placements et autres montages financiers pour le compte d’une banque monégasque. Elle est approchée par une petite équipe russe qui désire la recruter pour obtenir des renseignements sur un oligarque russe… Eric Rochant est un cinéaste qui tourne bien trop peu. Vingt ans après Les Patriotes, il revient au film d’espionnage avec ce Möbius de fort belle facture dont il a écrit lui-même le scénario. Le scénario est bien ficelé, complexe juste ce qu’il faut, utilisant bien le climat actuel de luttes intestines dans les sphères du pouvoir russe et la mise à l’écart des oligarques sous Poutine. Son histoire est assez prenante. Evitant ainsi maniérisme et mimétisme, Eric Rochant fait montre ici d’une approche assez personnelle dans un genre très codifié : Möbius n’a pas cet aspect lisse des films calibrés et c’est très bien ainsi. Au chapitre des défauts : la gestion des langues n’est pas optimale, les américains par exemple sont affreusement doublés ce qui décrédibilise franchement certaines scènes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Cécile De France, Tim Roth, Émilie Dequenne
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10 avril 2014

She Wouldn’t Say Yes (1945) de Alexander Hall

She Wouldn't Say YesSusan Lane est une psychologue qui a réussi à s’imposer dans son métier par son expertise dans les rapports humains. En toutes circonstances, elle montre une grande maitrise de ses sentiments et garde le contrôle sur elle-même. Lorsqu’elle fait la connaissance d’un dessinateur de bandes dessinées humoristiques, elle n’a bien entendu aucune intention de céder à ses avances… Produit et coécrit par Virginia Van Upp (1), She Wouldn’t Say Yes est une screwball comedy basée sur un personnage féminin fort. Tout le film repose en effet sur les épaules de Rosalind Russell qui, il est vrai, a l’habitude d’interpréter ce type de rôle de femme très affirmée qui traite d’égal à égal avec les hommes ou qui, comme ici, surpasse nettement les hommes. Elle fait ici une très belle prestation, montrant une belle palette d’expressions et une superbe présence à l’écran. Face à elle, Lee Bowman est bien fade même si cela fait partie de son rôle. Les dialogues sont enlevés avec de bons traits d’humour. L’ensemble est amusant, bien écrit, assez original bien que peu crédible. On peut donc se demander pourquoi She Wouldn’t Say Yes n’a pas eu plus de succès et pourquoi il est, encore aujourd’hui, jugé si sévèrement. Serait-ce parce que tous les personnages masculins sont faibles (voire idiots) et que l’on ne peut s’identifier à aucun d’entre eux ? Cette explication est peut-être un peu simpliste mais elle n’est pas impossible (2). Toujours est-il que le film est injustement très méconnu.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rosalind Russell, Lee Bowman, Adele Jergens, Charles Winninger, Harry Davenport
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(1) Virginia Van Upp a débuté comme scénariste avant de passer à la production. Elle est l’une des rares femmes à avoir été Executive producer à Hollywood. Elle sera l’année suivante la productrice de Gilda.
Nota : Sur le sujet des femmes de cinéma, on peut consulter l’encyclopédie en deux volumes d’Ally Acker : Reel Women (en anglais).

(2) Le propos de She Wouldn’t Say Yes est en effet assez franchement féministe : pour faire rentrer cette femme « dans le rang » (= la forcer à se marier), les hommes devront user d’une supercherie bien peu glorieuse et, pire encore (!), la fin laisse penser que la femme gardera sa suprématie et sa carrière (une fin plus coutumière à Hollywood est de montrer que la femme abandonne sa carrière après son mariage). D’ailleurs, l’image finale est sur ce point significative : dans le train, la femme est seule dans la couchette du dessus, les deux hommes sont entassés au niveau inférieur, le mari est relégué au même niveau que le père (un peu idiot). Le mariage ne va donc pas changer le rapport de forces…!
Si on peut comprendre qu’à l’époque le type de situations où la femme est supérieure à l’homme pouvait déplaire, il est tout de même assez étonnant que cela gêne encore les spectateurs (masculins) aujourd’hui.