19 novembre 2015

La Famille Tenenbaum (2001) de Wes Anderson

Titre original : « The Royal Tenenbaums »

La Famille TenenbaumLes trois enfants Tenenbaum ont été élevés par leur mère, séparée mais non divorcée. Ils sont tous trois très différents : l’ainé a le sens des affaires, la fille cadette a des dons littéraires et le benjamin fait des exploits en tennis. Lorsque le père désire revenir après quinze ans d’indifférence totale, il n’est pas le bienvenu et doit utiliser un subterfuge… La Famille Tenenbaum est le troisième long métrage de Wes Anderson et le réalisateur montre déjà un style assez affirmé : les décors aux couleurs vives, le goût pour les situations loufoques, les costumes décalés et les objets saugrenus, la voix off faussement détachée (c’est celle d’Alec Baldwin). Le scénario qu’il a écrit avec Owen Wilson est finement écrit, évitant toute dramatisation pour nous glisser une analyse de caractères : ses personnages sont tous tournés vers le passé, ils restent bloqués sur une époque (comme en témoignent leurs vêtements qui ne changent pas ou très peu), enfermés dans leurs frustrations, leurs échecs. L’humour est très présent, il se glisse partout, même dans les situations qui se prêteraient si facilement au drame.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gene Hackman, Anjelica Huston, Ben Stiller, Gwyneth Paltrow, Luke Wilson, Owen Wilson, Bill Murray, Danny Glover
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la Famille Tenenbaum
(de gauche à droite) Luke Wilson, Gwyneth Paltrow, Gene Hackman, Ben Stiller (les enfants : Jonah Meyerson et Grant Rosenmeyer), Angelica Houston, Danny Glover et Kumar Pallana dans La Famille Tenenbaum de Wes Anderson

18 novembre 2015

New York, New York (1977) de Martin Scorsese

New York, New York1945. Le jour de la reddition du Japon, un saxophoniste aborde avec insistance une jeune chanteuse qui finit par céder partiellement à ses avances. C’est le début d’une histoire d’amour impossible, marquée par la carrière musicale de chacun des deux… Martin Scorsese renoue avec la grande tradition des comédies musicales des années quarante et cinquante. La reconstitution des clubs du début de l’ère du jazz bebop est assez splendide, tous sont assez différents. Scorsese rend hommage à Vincente Minnelli et fait marcher Liza Minnelli sur les traces de sa mère Judy Garland, tournant dans les mêmes studios, sur les mêmes scènes. Nul doute que cela devait être émouvant pour l’actrice. De son côté, De Niro va très loin pour donner vie à son personnage, l’acteur ayant même appris à jouer du saxophone pour le rôle. Les références sont nombreuses, des plus évidentes (le magnifique ballet final Happy Endings rappelle bien entendu celui de Band Wagon de Minnelli et le ballet lui-même est truffé de références) à celles qui le sont moins (comme cette chanson de Maurice Chevalier qui est une référence à une scène hilarante Monkey Business des Marx Brothers). L’histoire en elle-même n’est hélas pas très passionnante, le personnage joué par De Niro étant assez détestable, et de ce fait, le film paraît un peu long (2h30, mais il durait 4h30 dans le premier montage !) Les morceaux musicaux et les ballets sont heureusement là. La chanson-titre est devenue plus célèbre que le film lui-même.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Liza Minnelli, Robert De Niro, Lionel Stander
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New York New York
Robert De Niro et Liza Minnelli dans New York, New York de Martin Scorsese

New York New York

Remarque :
* Dans la très belle scène (sans musique) des danseurs anonymes du métro (vue de haut par De Niro), la danseuse est Liza Minnelli affublée d’une perruque (à noter que cette scène est certainement un hommage à On the Town de Stanley Donen).

17 novembre 2015

Sahara (1943) de Zoltan Korda

SaharaAfrique du Nord, 1942. Alors que Tobrouk vient de tomber aux mains des allemands, un char américain retardé par une panne se retrouve isolé. Cherchant à rejoindre ses lignes, il recueille un petit groupe d’anglais et un soudanais qui a fait un prisonnier italien… Réalisé par Zoltan Korda (le frère d’Alexander), Sahara s’inscrit dans l’effort de guerre, un film destiné à remontrer le moral des troupes et des civils. Il est inspiré d’un film soviétique de 1937, Trinadtsat de Mikhail Romm, qui serait basé sur une histoire vraie. Cette histoire est replacée dans l’actualité récente de la campagne d’Afrique du Nord, à laquelle quelques chars américains avaient pris part aux côtés des anglais. Même si les personnages sont peu approfondis, les auteurs restant au niveau des clichés, le scénario est efficace et l’histoire place le spectateur en empathie avec cette petite troupe hétéroclite et multi-nationale. L’interprétation est solide, Humphrey Bogart en tête, ici dans un rôle assez inhabituel pour lui, et le film se regarde sans déplaisir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Bruce Bennett, Lloyd Bridges, Rex Ingram
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Sahara
Bruce Benett (au centre) et Humphrey Bogert (à droite) dans Sahara de Zoltan Korda

Sahara
Pas moins de cinq nations dans cette image : (de gauche à droite) un français (Louis Mercier), un américain (Humphrey Bogart), un britannique (Bruce Benett), un soudanais (Rex Ingram), un allemand (Kurt Kreuger).

Remarques :
* Le seul élément féminin du film est le tank nommé Lulubelle.
* Le film a été tourné dans le Désert de Borego en Californie. Non loin de là, la 4e Division de blindés s’entrainait alors pour le débarquement en Normandie et quelques troupes et équipements furent prêtés pour le tournage.

16 novembre 2015

Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi

Titre original : « Pane, amore e….. »

Pain, amour, ainsi soit-ilCe troisième (et dernier italien) volet de la série Pain, amour, … est assez différent des deux premiers : il est en couleurs, réalisé par Dino Risi (ici, au début de sa carrière de réalisateur) et l’action a été déplacée ce qui permet de renouveler tous les acteurs hormis le maréchal des logis et sa gouvernante. Il s’est passé quelque chose de grave avec la nouvelle sage-femme et le maréchal est renvoyé dans sa ville natale de Sorrente. Il y est accueilli par son frère qui lui annonce que la maison familiale a été louée à une jeune marchande de poissons qui ne veut pas libérer les lieux… C’est Sophia Loren qui a été choisie pour remplacer Gina Lollobrigida et, dès le début, son personnage ne sonne pas très juste : elle a bien du mal à être crédible dans son rôle de poissonnière et son exubérance semble artificielle. Heureusement, son charme finit par opérer mais ne parvient pas toutefois à contrebalancer les faiblesses du scénario. Il y a une autre différence, plus fondamentale : ce troisième volet est entièrement sur le registre de la comédie. Tout l’héritage du néoréalisme a été gommé, l’esprit des deux premiers films n’est plus là.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Sophia Loren, Lea Padovani, Antonio Cifariello, Tina Pica
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Sophia Loren et Vittorio De Sica dans Pain, amour, ainsi soit-il de Dino Risi.

Remarque :
Le titre original est étrange : Pain, amour et… Faut-il y voir là une conséquence de la faiblesse du scénario ? Les producteurs n’ont pas su quoi ajouter! Le « ainsi soit-il » du titre français fait sans doute référence au fait que le frère du maréchal des logis est un abbé mais on ne peut pas dire que cela joue vraiment un rôle dans l’histoire. Personnellement, je l’aurais appelé « Pain, amour et poisson frit »… (je ne garantis pas que ce soit très « vendeur » mais ça rime !)

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

13 novembre 2015

Livres : nouvelles parutions au 12 novembre 2015

Livres sur le cinéma – Les sorties de la semaine :


Ma chère Emi, il est cinq heures du matin...TITRE : Ma chère Emi, il est cinq heures du matin…
AUTEUR : Vittorio De Sica
EDITEUR : Robert Laffont
SORTIE : 10 novembre 2015
SUJET : Réalisateur > Vittorio De Sica
15 juin 1964. Une demande m’est arrivée d’Amérique pour publier en un volume l’ensemble des journaux que j’ai tenus. Je ne les ai pas écrits au nom d’une ambition littéraire. Cependant, l’idée que le public connaisse les coulisses d’un film et se rende compte de tout le travail pénible qu’il faut pour en réaliser un m’amuse…..


Dark City : Le monde perdu du film noirTITRE : Dark City
… Le monde perdu du film noir
AUTEUR : Eddie Muller
EDITEUR : Rivages
SORTIE : 11 novembre 2015
SUJET : Genre > Policier
Un livre de référence sur l’âge d’or du film noir hollywoodien et sa mythologie. Une analyse intelligente, et non scolaire, de l’Age d’or du film noir hollywoodien – la recréation de tout un monde aujourd’hui disparu, mais qui survit à travers un certain nombre de films devenus des classiques…


L'actrice française est une femme comme les autres: (enfin presque)TITRE : L’actrice française est une femme comme les autres
… (enfin presque)
AUTEUR : Florence Trédez et Maud Fournier
EDITEUR : Don Quichotte
SORTIE : 05 novembre 2015
SUJET : Pays > France
A l’écran, l’actrice hante les imaginaires et les nuits blanches. A la ville, la même s’épanche à longueur d’interviews (souvent assez peu portées sur le cinéma) sur son style inimitable, sa vie privée, ses partenaires, et distille des conseils et avis, judicieux ou pas, sur la mode, la coiffure, l’éducation des enfants, la diététique, la politique, le couple, la déco et plus si affinités…


Comme si c'était moiTITRE : Comme si c’était moi
AUTEUR : Philippe Torreton
EDITEUR : Seuil
SORTIE : 12 novembre 2015 (poche)
SUJET : Acteur > Philippe Torreton
Un gamin des HLM de Grand-Quevilly, fils d’une institutrice socialiste, devenu pour un temps pensionnaire de la Comédie Française : Philippe Torreton est l’un des acteurs les plus reconnus de sa génération…


Petit illustré des gros clichés d'Hollywood :Le retourTITRE : Petit illustré des gros clichés d’Hollywood
… Le retour
AUTEUR : Allan Barte
EDITEUR : Jungle
SORTIE : 11 novembre 2015
SUJET : Les Films > Humour
Allan Barte, auteur de bandes dessinées, a fait le buzz en créant un site internet recueillant tous les clichés que nous retrouvions au cinéma ou dans les séries TV. Des détails que nous avons tous remarqué un jour sont retranscrits dans des illustrations modernes et percutantes…


Anthologie des méchants et autres salauds du cinéma françaisTITRE : Anthologie des méchants et autres salauds du cinéma français
AUTEUR : Alister
EDITEUR : La tengo
SORTIE : 11 novembre 2015
SUJET : Les Films > Guides et dictionnaires
Etude sur les différents types de méchants observés au cinéma à travers les figures emblématiques des acteurs qui se sont appropriés ces rôles, du patron voyou au politicien véreux en passant par la femme fatale destructrice.


La Trilogie des malfaisantsTITRE : La Trilogie des malfaisants
AUTEUR : Collectif
EDITEUR : Jungle
SORTIE : 11 novembre 2015
SUJET : Personnalité > Michel Audiard
Caricatures de Philippe Chanoinat, Maëster, Borot, Coquelet, Tesse…


Kit de survie du scénariste:le fantôme dans le scénarioTITRE : Kit de survie du scénariste
… le fantôme dans le scénario
AUTEUR : Gildas Jaffrennou
EDITEUR : Lettmotif
SORTIE : 10 novembre 2015
SUJET : Technique > Ecriture
Raconter une histoire est à la portée de n’importe qui. Écrire un scénario, c’est autre chose…


Star Wars Tout ce que vous devez savoirTITRE : Star Wars Tout ce que vous devez savoir
AUTEUR : Hachette Pratique
EDITEUR : Hachette Pratique
SORTIE : 12 novembre 2015
SUJET : Un Film > Star Wars
Quelle créature digère ses victimes pendant 1 000 ans ? Quel est le nom de l’ordre monastique dont les membres conservent leur cerveau dans une jarre ? Pourquoi les soeurs de la nuit doivent-elles passer le test de fureur ? Qui nettoie les couloirs de l’étoile noire ? Tout ce que vous devez savoir sur la saga Star Wars !


James Bond, l'espion qui aimait les montresTITRE : James Bond, l’espion qui aimait les montres
AUTEUR : Frédéric Liévain
EDITEUR : Le Cherche Midi
SORTIE : 10 novembre 2015
SUJET : Un Film > James Bond
Même le plus séducteur des espions peut se révéler fidèle : depuis sa création par Ian Fleming en 1952, James Bond ne s’est presque jamais séparé de… sa montre. Bien plus que de luxueux accessoires, les montres ont véritablement façonné la  » James Bond way of life »…

 

12 novembre 2015

Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini

Titre original : « Pane, amore e gelosia »

Pain, amour et jalousieL’histoire de Pain, amour et jalousie débute le lendemain matin du dernier jour de Pain, amour et fantaisie, dont le succès a poussé les producteurs à proposer une suite. Nous retrouvons ainsi les mêmes personnages, joués par les mêmes acteurs, et l’histoire a été prolongée… Il est déconseillé de voir ce film sans avoir vu le premier, ils sont indissociables. Le scénario est un peu moins riche que dans le premier, les situations paraissent un peu étirées parfois, mais le ton reste le même avec cette finesse dans la caricature et la réjouissante interprétation de Vittorio De Sica et de Gina Lollobrigida. De nouveau, l’actrice rayonne et illumine tout le film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Gina Lollobrigida, Marisa Merlini, Roberto Risso, Virgilio Riento, Tina Pica
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Pain, amour et jalousie
Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica dans Pain, amour et jalousie de Luigi Comencini

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

11 novembre 2015

Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini

Titre original : « Pane, amore e fantasia »

Pain, amour et fantaisieLe maréchal des logis Antonio Carotenuto, natif de Sorrente, est nommé dans un petit village isolé dans les montagnes des Abruzzes. Cinquantenaire mais toujours célibataire, il n’est pas insensible à la beauté simple de Maria, surnommée la Bersagliera, une jeune fille très pauvre qui vit avec sa mère et ses jeunes frères et dont toute la richesse est un âne… Pain, amour et fantaisie peut se décrire comme étant à mi-chemin entre le néo-réalisme et la comédie italienne. Il est le meilleur représentant du « néoréalisme rose », un terme utilisé souvent un peu péjorativement pour désigner un cinéma décrit comme consensuel. Quoiqu’il en soit, le film est une réussite d’équilibre et de finesse dans la caricature. Vittorio De Sica, dont c’est ici le grand retour en tant qu’acteur (1), a t-il pris part à la réalisation aux côtés de Comencini ? On ne le sait avec certitude. Son interprétation est en tous cas toujours juste, il ne charge jamais ses effets comiques. Gina Lollobrigida est absolument époustouflante : elle (qui, rappelons-le n’était pas encore très connue à cette époque) montre une palette étonnante, capable de tout faire avec une spontanéité confondante et un charme érotique naturel. « Le meilleur rôle de toute sa carrière » d’après l’historien Jacques Lourcelles. Les seconds rôles sont soignés avec des personnages typés, mais jamais trop. L’humour est assez constant, léger, particulièrement bien dosé. Pain, amour et fantaisie est un petit régal, une comédie dont l’humour ne cache pas la misère des ces petits villages isolés.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Gina Lollobrigida, Marisa Merlini, Virgilio Riento, Tina Pica, Roberto Risso
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Pain, amour et fantaisie
Memmo Carotenuto, Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica dans Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini

Pain, amour et fantaisie
Gina Lollobrigida dans Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini

Remarques :
L’explication du titre est dans une réplique : lorsque le maréchal des logis demande à un habitant qui mange un gros sandwich « Qu’est ce que tu as mis dans ton pain ? », celui-ci répond « De la fantaisie… » Il ouvre son sandwich et l’on voit qu’il n’y rien dedans.

(1) A la suite de l’échec commercial d’Umberto D. (1952) qui a même engendré des réactions hostiles qui le gêneront pour monter ses nouveaux films, Vittorio De Sica apparaitra par la suite plus souvent devant la caméra que derrière.

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

9 novembre 2015

La Terre tremble (1948) de Luchino Visconti

Titre original : « La terra trema »

La Terre trembleDans un petit village sicilien, tous les hommes partent à la pêche chaque nuit. Avec le prix très bas payé par les mareyeurs, ils peinent à faire vivre leur famille. Chez les Valastro où le père est mort en mer, les plus jeunes ont le sentiment d’être exploités et décident de tenter de se mettre à leur compte… Deuxième long métrage de Visconti (1), La Terre tremble était au départ une commande du Parti communiste italien que Visconti va transformer en une adaptation du roman Les Malavoglia de l’écrivain vériste Giovanni Verga. Son film est à la fois néoréaliste et esthétique : néoréaliste, il l’est par son caractère semi-documentaire et par le fait de faire jouer des acteurs non-professionnels, ce sont les habitants du village, s’exprimant dans leur dialecte. Cela n’empêche pas Visconti de soigner l’esthétisme de son film, par ses cadrages, par la dimension qu’il donne à ses personnages ; cette sophistication formelle n’entame en rien la forte authenticité qui se dégage du film. Sur le fond, il parvient à atténuer le pessimisme du roman et à insuffler un beau lyrisme dans le propos. Malgré un prix à la Nostra de Venise en 1948, le film n’eut pas les faveurs du public, désarçonné par sa longueur (160 minutes) et par l’usage du dialecte sicilien. La Terre tremble est pourtant à classer parmi les grands films néo-réalistes italiens.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Antonio Arcidiacono, Giuseppe Arcidiacono
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La terre tremble
Antonio Arcidiacono dans La Terre tremble de Luchino Visconti

Remarques :
* Dans le local des mareyeurs, on peut voir sur le mur une inscription (mal) recouverte de peinture blanche. Il s’agit d’une citation de Mussolini : « Il faut aller résolument vers le peuple ». Visconti veut ainsi souligner que les exploiteurs d’aujourd’hui sont les tyrans d’hier.

* Les assistants-réalisateurs de La Terre tremble sont les deux futurs réalisateurs Franscesco Rosi et Franco Zeffirelli (Rosi réalisera son premier film en 1952 et Zeffirelli en 1958).

* Devant l’insuccès du film, une version raccourcie à 102 mn et doublée en italien fut montée par Rosi et distribuée… sans plus de succès. C’est cette version qui fut distribuée en France à sa sortie en 1952.

8 novembre 2015

Gravity (2013) d’ Alfonso Cuarón

GravityPour sa première expédition à bord d’une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l’astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu’il s’agit apparemment d’une banale sortie dans l’espace, une catastrophe se produit… Regarder Gravity est une expérience unique, à la fois parce que l’univers qui nous est montré est pour nous hors d’atteinte, mais aussi parce que la simulation est si parfaite que nous y sommes totalement immergé au point de partager les frayeurs de son principal protagoniste. L’extraordinaire beauté des images et le caractère si inhospitalier de cet univers forment un cocktail qui génère en nous d’intenses sensations. On sort de la projection assez secoué. La vision, surtout sur grand écran, est à déconseiller aux personnes claustrophobes !  Le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón a utilisé des solutions sophistiquées et inventives pour parvenir à une telle perfection dans la simulation. Le fait que toute cette technique et ces effets ne soient jamais trop présents est vraiment admirable : on a l’impression qu’ils ont « simplement » été filmer là-haut ! On ne peut qu’être d’accord avec James Cameron pour dire que Gravity est « le meilleur film sur l’espace jamais réalisé ».
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Sandra Bullock, George Clooney
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Gravity
GravitySandra Bullock dans Gravity de Alfonso Cuarón.

Remarque :
La voix de Houston est celle de Ed Harris, clin d’oeil au film Appolo 13 (1995) de Ron Howard, film dans lequel il occupait la même place.

7 novembre 2015

Good Morning, Vietnam (1987) de Barry Levinson

Good Morning, VietnamUn nouveau disc jockey, connu pour son humour, arrive au Vietnam pour animer la radio des forces armées. Son ton irrévérencieux va le rendre instantanément populaire chez les soldats au grand dam de ses supérieurs directs… Les films abordant la guerre du Vietnam sous un angle humoristique ne sont pas légion et Barry Levinson parvient à trouver le juste équilibre grâce à une belle utilisation des talents comiques de Robin Williams. Tout le film repose sur la performance assez spectaculaire de l’acteur où l’improvisation, a-t-on affirmé, tient une place importante : certains trouveront qu’il en fait beaucoup mais c’est justement quand il en fait trop qu’il excelle… Hormis cela, le film a des ressorts assez classiques, le gentil trublion en prise à des chefs bornés et imbéciles, et se charge d’une intrigue sentimentale assez inutile qui relève d’un certain idéalisme. Sur la guerre en elle-même, le propos est finalement assez édulcoré, teinté d’une ironie bienveillante, jamais mordante. Si le film met en évidence la censure des informations diffusées (ce qui est difficilement qualifiable de révélation), il n’atteint vraiment une dimension que lors de la scène emblématique où l’on voit des bombardements de villages alors que Louis Armstrong chante « It’s a wonderful world » : ce spectaculaire télescopage crée une image forte. Pour le reste, Good Morning, Vietnam est un surtout un excellent divertissement, assez unique en son genre toutefois.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robin Williams, Forest Whitaker, Bruno Kirby
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Good morning Vietnam
Robin Williams et Forest Whitaker dans Good Morning, Vietnam de Barry Levinson.