1 juillet 2016

La Planète des singes: L’affrontement (2014) de Matt Reeves

Titre original : « Dawn of the Planet of the Apes »

La Planète des singes: L'affrontementDix ans après qu’un virus foudroyant ait exterminé la race humaine, des singes évolués vivent en Californie juste au nord de l’ancienne San Francisco. Un jour, ils se retrouvent nez à nez avec un petit groupe d’humains et découvrent ainsi l’existence d’une colonie humaine à l’emplacement de l’ancienne ville. Pour la plupart, les singes n’ont pas oublié les sévices subis et les expériences menées par les humains mais ils obéissent à leur libérateur, le sage César… La Planète des singes: L’affrontement fait directement suite à La planète des singes: Les origines (2011). Nous sommes donc toujours bien avant le récit original de La Planète de singes imaginé par Pierre Boulle et porté à l’écran par Franklin J. Schaffner en 1968 (1). Comme le titre français le dévoile sans subtilité, l’histoire se résume à un affrontement entre les singes et les humains. Les personnages sont typés de façon très classique avec dans chaque camp des gentils et des méchants, il y a ceux qui réfléchissent avant d’agir et des têtes-brûlées va-t-en-guerre. Le fond du propos repose sur de grandes valeurs humanistes : la compassion, le respect de l’autre même s’il est différent, la transmission des valeurs nobles. Certes, le scénario n’est guère inventif mais la qualité de la réalisation rend le film assez plaisant avec notamment une belle utilisation de la motion-capture (les singes principaux sont joués par des humains bardés de capteurs qui ont été ensuite « habillés » par ordinateur). La fin laisse ouverte la possibilité d’une suite qui est prévue pour 2017.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell
Voir la fiche du film et la filmographie de Matt Reeves sur le site IMDB.

(1) Le récit se déroule dans un futur proche, 2030 environ. Celui du film original de Schaffner se déroule en 3978 (la fusée était partie de Cap Canaveral en 1972 et ils avaient voyagé 2000 ans à une vitesse proche de la lumière ce qui donnait pour l’équipage 18 mois de temps relatif).

Dawn of the Planet of the apes
Jason Clarke et Andy Serkis (sur le cheval) dans La Planète des singes: L’affrontement de Matt Reeves.

Tous les films :
A) Cinq films de 1968 à 1973 :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (1968) de Franklin J. Schaffner
Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) (1970) de Ted Post
Les Évadés de la planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) (1971) de Don Taylor
La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) (1972) de J. Lee Thompson
La Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) (1973) de J. Lee Thompson.

B) Nouvelle adaptation du roman :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (2001) de Tim Burton.

C) Série « Reboot » :
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) (2011) de Rupert Wyatt
La Planète des singes : L’Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) (2014) de Matt Reeves
La Planète des singes : La Suprématie (War for the Planet of the Apes) (2017) de Matt Reeves.
La Planète des singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of Apes) (2024) de Wes Ball

24 juin 2016

Les Gardiens de la galaxie (2014) de James Gunn

Titre original : « Guardians of the Galaxy »

Les gardiens de la galaxiePour avoir réussi à dénicher un mystérieux globe sur une planète abandonnée, l’aventurier Peter Quill alias Star-Lord se retrouve pourchassé par le puissant Ronan, dont les désirs de destruction menacent l’univers tout entier. Quill parvient à s’allier avec quatre aliens disparates : la belle et énigmatique Gamora, Rocket, un raton laveur malin et fin tireur, Groot, un humanoïde semblable à un arbre et Drax le Destructeur qui ne rêve que de vengeance… Les Gardiens de la galaxie est adapté du Marvel Comics du même nom. Pour une fois, ce n’est pas un super-héros qui est au centre de l’histoire mais une petite équipe de personnages aussi loufoques qu’improbables. Le raton laveur est particulièrement réussi avec son humour permanent et une voix qui imite Joe Pesci dans Les Affranchis (sans les gros mots, bien entendu). L’histoire en elle-même est assez simple mais riche en rebondissements. L’ensemble est enlevé, d’un rythme si soutenu que beaucoup de personnages secondaires sont assez peu exploités, ce qui laisse avec une vague impression de scénario un peu bâclé. Production Walt Disney, Les Gardiens de la galaxie est un film très divertissant, qui exhale la bonne humeur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Bradley Cooper, Lee Pace, Michael Rooker, Glenn Close, Benicio Del Toro
Voir la fiche du film et la filmographie de James Gunn sur le site IMDB.

Voir les livres sur les Gardiens de la galaxie

Remarques :
* Caméo : Stan Lee, créateur des super-héros de Marvel Comics, fait son traditionnel caméo en la personne d’un homme qui parle à une jeune femme bien plus jeune, il est remarqué par Rocket se moque de lui en demandant où est sa femme.
* La suite est prévue pour 2017.

Les Gardiens de la galaxie
L’équipe de choc des Gardiens de la galaxie de James Gunn : Zoe Saldana, raton de synthèse (voix = Bradley Cooper), Chris Pratt, arbre de synthèse (voix = Vin Diesel) et Dave Bautista.

12 juin 2016

Tel père, tel fils (2013) de Hirokazu Koreeda

Titre original : « Soshite chichi ni naru »

Tel père, tel filsRyoata est un architecte qui s’investit beaucoup dans son travail. Avec sa femme et le fils, ils semblent former la famille idéale et aisée mais tout s’écroule lorsque le couple apprend de la maternité que leur fils n’est pas le leur. Il y a eu échange de nourrissons et leur fils biologique a grandi dans une autre famille, plus modeste… Si la base de départ évoque celle de La vie est un long fleuve tranquille, le développement de Tel père, tel fils est totalement différent : ce n’est nullement une comédie mais plutôt une réflexion sur le sens de la filiation et de la transmission. Hirokazu Koreeda a écrit et mis en scène cette histoire de façon très délicate et épurée, évitant tous les clichés et tout pathos inutile. La différence de milieux sociaux ne l’intéresse pas en tant que telle, il se concentre plutôt sur la différence des rapports parents/enfants et sur la place de l’enfant. Hirokazu Koreeda signe là un film attachant et élégant, une belle source de réflexion.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Yôko Maki, Rirî Furankî
Voir la fiche du film et la filmographie de Hirokazu Koreeda sur le site IMDB.

Voir les autres films de Hirokazu Koreeda chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Masaharu Fukuyama est une très grande star au Japon : c’est un chanteur qui a vendu des millions de singles dans les années 90.
* Un remake américain est en cours de production, il serait dirigé par les frères Weitz, les réalisateurs d’American Pie, Pour un garçon, Mon beau-père et nous, … (si !)

Tel père, tel fils
Masaharu Fukuyama et Machiko Ono dans Tel père, tel fils de Hirokazu Koreeda.

Tel père, tel fils
Masaharu Fukuyama dans Tel père, tel fils de Hirokazu Koreeda.

26 mai 2016

Interstellar (2014) de Christopher Nolan

InterstellarDans un futur proche, la Terre connaît une grave crise alimentaire. Cooper, un ancien pilote de la NASA, devenu agriculteur par nécessité, découvre grâce à l’intervention d’une intelligence extérieure inconnue l’existence d’un centre de recherches secret. Leur but est d’envoyer des humains chercher une planète à coloniser pour assurer la survie de l’espèce humaine… Interstellar est un film de science-fiction où la physique tient une place d’importance. C’est une belle extrapolation de différentes théories et spéculations scientifiques sur la nature de l’espace, du temps et de la gravité. Kip Thorne a été consultant sur le projet. Kip Thorne est un physicien théoricien américain connu pour être non seulement un grand vulgarisateur de la relativité générale mais aussi pour ses recherches. Il est par exemple un grand défenseur de la possibilité d’existence des fameux « trous de vers » (wormholes) imaginés par Einstein et bien connus des amateurs de science-fiction. Sans parler du mysticisme sous-jacent, le film n’est pas sans incohérences qui peuvent même paraître des absurdités. La volonté de pimenter le récit en est certainement la cause ; l’insertion du personnage interprété par Matt Damon relève sans doute de la même démarche (on est là proche du grand guignol…) Mais il y a tout de même suffisamment de bases pour que le film soit à classer dans les films de science-fiction les plus proches de la science, noble famille où 2001 trône en maître. Les représentations (d’un trou de ver, d’un trou noir, d’un espace à plus de trois dimensions) et les réflexions/extrapolations sur la gravitation et le temps qu’il nous propose sont plus qu’intéressantes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine, Jessica Chastain, Matt Damon, Ellen Burstyn
Voir la fiche du film et la filmographie de Christopher Nolan sur le site IMDB.

Voir les autres films de Christopher Nolan chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Interstellar

Interstellar
Anne Hathaway et Matthew McConaughey dans Interstellar de Christopher Nolan.

Interstellar
Il peut sembler assez absurde d’envisager aller vivre sur une planète si proche d’un trou noir (à moins d’être grand amateur de barbecue) …

Interstellar
… mais le plus intéressant ici est la représentation du trou noir : Kip Thorne aurait fourni aux animateurs une série d’équations complexes qui ont été introduites dans le logiciel de modélisation. Selon la production, le résultat aurait sidéré le chercheur. Cette représentation d’un trou noir (plus exactement de la déformation de l’espace qui l’entoure) pourrait en effet être la plus réaliste qui soit. Le physicien Jean-Pierre Luminet a toutefois fait remarquer que cette représentation ne tient pas compte de l’effet Doppler : la partie la plus proche de nous s’éloigne rapidement alors que la partie la plus éloignée se rapproche de nous ce qui devrait donner d’importantes différences de luminosité et de couleur.

Interstellar
Pas facile de représenter un cube à quatre dimensions (on appelle cela un tesseract)… Plutôt que d’utiliser uniquement des images de synthèse, Christopher Nolan a opté pour la construction d’un gigantesque décor, ce qui donne une indéniable « consistance » à l’ensemble. Le résultat est très intéressant, et bien entendu très déroutant. (Photo de tournage)

14 mai 2016

Mr. Turner (2014) de Mike Leigh

Mr. TurnerArtiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy depuis de nombreuses années, William Turner vit entouré de son père, qui est aussi son assistant, et de sa dévouée gouvernante. Il voyage beaucoup pour s’imprégner de paysages qui sont les sources d’inspiration de sa peinture…
Pour évoquer le grand peintre britannique Joseph Mallord William Turner (1775-1851), Mike Leigh pris soin d’éviter le cadre formaté du biopic hollywoodien : il fait débuter son récit alors que Turner a près de cinquante ans, ne cherche pas à rendre son personnage sympathique (c’est un ours), adopte un rythme assez lent, casse souvent la continuité narrative dans ses enchaînements. En s’éloignant ainsi de toutes les conventions agaçantes du biopic, Mike Leigh parvient à nous faire pénétrer l’univers du peintre et son processus créatif. Et il parvient à nous faire sentir sa sensibilité à la beauté, tout en contraste avec les aspects bourrus de l’homme. La plupart des éléments sont basés sur des faits réels, certaines scènes sont assez fidèlement recréées, à commencer par sa galerie personnelle ou l’étonnante exposition annuelle de la Royal Academy (l’épisode de la bouée rouge est authentique). La photographie est très belle. Mr Turner est un film très intéressant mais il pourra dérouter beaucoup de spectateurs par ses aspects non-conventionnels.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Timothy Spall, Paul Jesson, Dorothy Atkinson, Marion Bailey
Voir la fiche du film et la filmographie de Mike Leigh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mike Leigh chroniqués sur ce blog…

Mr. Turner
Timothy Spall est Mr. Turner dans le film de Mike Leigh.

13 mai 2016

Diplomatie (2014) de Volker Schlöndorff

DiplomatieLa nuit du 24 au 25 août 1944. Alors que les alliés avancent à grands pas, le sort de Paris est entre les mains du Général Von Choltitz, Gouverneur du Grand Paris, qui se prépare, sur ordre d’Hitler, à faire sauter la capitale. Le consul suédois Nordling parvient à s’introduire auprès de lui pour tenter de le convaincre de ne pas accomplir l’irréparable… Diplomatie est l’adaptation d’une pièce de Cyril Gély qu’André Dussollier et Niels Arestrup ont jouée plus de 200 fois sur les planches. Ils sont donc pleinement dans leurs personnages et savent donner une belle intensité à cette confrontation. La réalisation de Volker Schlöndorff, dont c’est ici le vingt-huitième long métrage, est sobre et juste, elle sait mettre en relief la qualité du texte. L’histoire est une extrapolation de faits réels puisque les deux hommes se sont effectivement rencontrés plusieurs fois mais il s’agissait de négocier un cessez-le-feu et la libération de prisonniers politiques. La réddition de Von Choltitz lors de la Libération de Paris avait déjà été l’objet du roman Paris brûle-t-il ? publié en 1964, adapté au cinéma deux ans plus tard par René Clément.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: André Dussollier, Niels Arestrup
Voir la fiche du film et la filmographie de Volker Schlöndorff sur le site IMDB.

Voir les autres films de Volker Schlöndorff chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Volker Schlöndorff

Remarque :
César de la meilleure adaptation en 2015.

Diplomatie
Niels Arestrup et André Dussollier dans Diplomatie de Volker Schlöndorff.

27 avril 2016

Ugly (2013) de Anurag Kashyap

UglyA Bombay, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. Sa mère s’est remariée avec un commissaire de police qui la maintient cloitrée. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père, elle disparaît. Tout porte à croire qu’elle a été enlevée. Bien qu’ils se détestent au plus haut point, le père et le beau-père se mettent à sa recherche… Ugly est le dixième long métrage d’Anurag Kashyap, chef de file du nouveau cinéma indépendant indien. Nous sommes loin de l’univers féérique de Bollywood : l’univers d’Ugly est assez glauque et souligne les travers de la société indienne contemporaine. Ses personnages sont souvent aveuglés par leur individualisme et leurs querelles, chacun cherchant à profiter de la situation, si tragique soit-elle. Le portrait de la police n’est pas très flatteur : un commissaire aux méthodes particulièrement violentes et des subalternes pas très futés. Le déroulement du scénario tient parfois du puzzle, avec des flash-back qui surviennent sans crier gare ; le montage est rapide. La cohérence d’ensemble est assez remarquable quand on sait que les dialogues furent en grande partie improvisés. Ugly est un beau film très nerveux, assez sombre et sans concession, remarquablement réalisé.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Rahul Bhat, Ronit Roy, Tejaswini Kolhapure
Voir la fiche du film et la filmographie de Anurag Kashyap sur le site IMDB.

Remarque :
* La sortie du film en Inde a été retardée de presque 1 an parce qu’Anurag Kashyap refusait que son film affiche les messages anti-tabac. En effet, la législation indienne est très stricte à ce sujet : les messages d’avertissement sur les dangers du tabac sont obligatoires dès qu’un personnage fume à l’écran (le pays compte 250 millions de fumeurs… ouille). Il n’est pas le seul à s’être insurgé contre cette règle : par exemple, Woody Allen a refusé de sortir Blue Jasmine en Inde pour cette raison.

Ugly
Rahul Bhat, le père de la fillette, dans Ugly de Anurag Kashyap.

Ugly
Ronit Roy (au centre), l’inquiétant commissaire de Ugly de Anurag Kashyap.

13 avril 2016

A Touch of Sin (2013) de Jia Zhang Ke

Titre original : « Tian zhu ding »

A Touch of SinEcrit et réalisé par Jia Zhang Ke, A Touch of Sin nous raconte successivement quatre histoires différentes situées dans la Chine actuelle, inspirées de faits divers réels. Les personnages sont différents, les régions sont différentes, les situations sont différentes mais ces histoires ont en commun de montrer une Chine soumise à un développement économique plutôt néfaste à l’homme, un modernisme qui le rabaisse plus qu’il ne l’élève, qui le déshumanise (Jia Zhang Ke utilise d’ailleurs la métaphore animalière à de nombreuses reprises). Ces histoires ont en commun de se dénouer toujours par la violence, une violence sèche et froide, qui prend quatre formes très différentes (justicière, offensive, défensive, autodestructrice). Sur le plan de la forme, A Touch of Sin frise la perfection, que ce soit dans la mise en scène, les plans et leur enchainement, la photographie. Du grand art.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jiang Wu, Wang Baoqiang, Zhao Tao, Luo Lanshan
Voir la fiche du film et la filmographie de Jia Zhang Ke sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jia Zhang Ke chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Jia Zhang Ke

A Touch of sin
Jiang Wu dans A Touch of Sin de Jia Zhang Ke.

A touch of sin
Wang Baoqiang dans A Touch of Sin de Jia Zhang Ke.

A touch of sin
Zhao Tao dans A Touch of Sin de Jia Zhang Ke.

A touch of sin
Luo Lanshan dans A Touch of Sin de Jia Zhang Ke.

30 mars 2016

Une vie simple (2011) de Ann Hui

Titre original : « Tou ze »

Une vie simpleAh Tao est au service de la famille Lee depuis soixante ans. Comme la majorité de la famille vit actuellement aux Etats-Unis, elle ne s’occupe plus que de Roger, le fils, qu’elle a élevé. Quadragénaire et toujours célibataire, il est producteur de cinéma. Lorsqu’un infarctus oblige Ah Tao à prendre sa retraite pour aller dans une maison de retraite un peu sordide, Roger décide de s’occuper d’elle… Une vie simple est basé sur l’histoire réelle de Roger Lee, producteur du film, et de sa servante Tao Jie. Le film est écrit comme une succession de scènes entre deux individus. Dès le départ, alors que nous ne sommes encore que dans le quotidien, on accroche tout de suite à cette relation si particulière, proche d’une relation filiale, chargée d’une tendresse muette. Cette tendresse est d’autant plus palpable que Deannie Yip est la marraine d’Andy Lau dans la vraie vie. La cinéaste chinoise (devenue hongkongaise) Ann Hui filme cette relation avec beaucoup de délicatesse, sans hésiter à montrer le vieillissement et ses effets. Elle est même allé jusqu’à tourner dans une vraie maison de retraite dont certains pensionnaires font de la figuration dans le film. Aucune lourdeur, aucun excès de compassion, elle a trouvé le ton juste pour raconter cette histoire de dette morale et affective. Une histoire pleine d’humanité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Andy Lau, Deannie Yip
Voir la fiche du film et la filmographie de Ann Hui sur le site IMDB.

Une vie simple
Andy Lau et Deannie Yip dans Une vie simple de Ann Hui.

23 mars 2016

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence (2014) de Roy Andersson

Titre original : « En duva satt på en gren och funderade på tillvaron »

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existenceSi le film du suédois Roy Andersson est si déconcertant, ce n’est pas tant par la forme, qui est plutôt attirante par son originalité : il s’agit d’une succession de saynètes filmées en plans-séquence, en plan large et caméra fixe, de véritables tableaux vivants qui se succèdent sur un rythme contemplatif. Les couleurs sont plutôt froides, sombres, tristes. Les humains qui évoluent dans le cadre ont le teint blafard, paraissent déshumanisés, ils en deviennent parfois abstraits ou de simples objets. Jusque là, ça va… c’est sur le fond que ça se gâte car, hormis quelques scènes assez évidentes, il est très difficile de percevoir la signification de ces tableaux. L’ensemble est pour le moins abscons. Les références historiques sont très suédoises (le roi Charles XII, supposé homosexuel, la bataille de Poltava perdue contre la Russie, la neutralité de la Suède en 1943, etc.) Tout le reste est majoritairement obscur mais l’ensemble semble marqué par un mélange de mal-être et de culpabilisation, par le sentiment de n’être, à l’instar des deux vendeurs de farces-attrapes, qu’un pion aux buts pitoyables : « Le monde est horrible et j’en fais partie », telle semble être cette philosophie sur l’existence promise par le titre.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Holger Andersson, Nils Westblom
Voir la fiche du film et la filmographie de Roy Andersson sur le site IMDB.

Remarques :
* Toutes les scènes ont été tournées en studio, y compris la scène de l’affiche ci-dessus (l’une des rares scènes d’extérieur). Voir une vidéo de la construction du décor  …

* Il s’agit du troisième volet de la Trilogie des vivants :
1 – Chansons du deuxième étage (2000)
2 – Nous, les vivants (2007)
3 – Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence (2014)

Un pigeon perché sur une branche
Le pigeon perché sur une branche est empaillé, autant dire qu’il a tout loisir de  philosopher sur l’existence…

Un pigeon perché sur une branche