27 janvier 2020

Cadavres exquis (1976) de Francesco Rosi

Titre original : « Cadaveri eccellenti »

Cadavres exquis (Cadaveri eccellenti)Dans différentes villes d’Italie, plusieurs magistrats sont assassinés. L’enquête est confiée à l’inspecteur Rogas. Il ne croit guère à la thèse émise par son supérieur qui affirme qu’il s’agit d’un déséquilibré. Il soupçonne d’abord la mafia mais, peu à peu, il va réaliser qu’il y a autre chose derrière tout cela…
Basé sur le roman Le Contexte de Leonardo Sciascia, Cadavres exquis fait partie de ces grands films politiques du cinéma italien, genre qui a vu son apogée dans les années 60 et 70. Contrairement aux films précédents de Francesco Rosi, le récit n’est pas lié à des faits réels ; le cinéaste fait une excursion dans la politique-fiction, ou plutôt, il nous transmet ses angoisses et ses craintes. Vu avec le recul, le film nous plonge dans l’Italie des « années de plomb » et en illustre parfaitement deux éléments caractéristiques : la « stratégie de la tension » (théorie qui explique les attentats comme des actes commis pour créer un climat de violence politique, dans le but de favoriser l’émergence d’un État autoritaire) et le penchant vers le « compromis historique » (alliance des deux rivaux, Démocratie chrétienne et Parti communiste). Rosi ne cherche pas à créer une forte tension dans le déroulement de son récit, il s’attache plus à l’ancrer dans le réel : il s’attarde ainsi pour accompagner ses personnages qui déambulent dans des lieux parfois chargés d’Histoire (comme en témoigne la scène d’ouverture, filmée dans les catacombes des Capucins à Palerme). Le prestigieux casting est international.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lino Ventura, Fernando Rey, Max von Sydow, Charles Vanel, Alain Cuny, Marcel Bozzuffi
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Remarque :
* Dans son Dictionnaire du cinéma italien, Mathias Sabourdin souligne l’influence du film de complot à l’américaine (tout en rappelant que Rosi n’a jamais parlé de cette influence) et fait remarquer que Cadavres exquis présente des similitudes avec A cause d’un assassinat (The Parallax View, 1974) d’Alan Pakula.

Cadavres exquis (Cadaveri eccellenti)Lino Ventura et Fernando Rey dans Cadavres exquis (Cadaveri eccellenti) de Francesco Rosi.

3 janvier 2020

Shampoo (1975) de Hal Ashby

ShampooLos Angeles, 1969. Coiffeur en vogue de Beverly Hills, George a de multiples aventures avec ses clientes. Il ambitionne de monter son propre salon de coiffure mais peine à convaincre les banquiers de lui prêter la somme nécessaire. L’une de ses amantes lui propose d’en parler à son mari, un homme d’affaires fortuné…
Shampoo est un film joué, coécrit et produit par Warren Beatty. Tourné alors que Richard Nixon est menacé de destitution (il démissionnera en août 1974), son action se situe cinq ans en arrière, la veille du jour de son élection en 1969. Mais le propos du film n’est pas politique. Il porte un regard acerbe sur les mœurs sociales et sexuelles de la fin des années 1960 au sein d’un milieu aisé. En filigrane, on peut aussi y trouver une vision sur la difficulté des rapports hommes / femmes qu’une plus grande liberté ne simplifie pas. Même s’il est très marqué par son époque, le propos ne manque pas d’intérêt encore aujourd’hui. Le scénario, signé par Robert Towne (qui s’était déjà illustré avec le scénario de Chinatown) et Warren Beatty, est riche ; les éléments s’imbriquent admirablement les uns dans les autres. La fin accuse toutefois une baisse de rythme. Sous la direction de Paul Simon, la bande sonore laisse une bonne place à la musique de la seconde moitié des années soixante.  Le film connut un très gros succès aux Etats-Unis. En France, il fut boudé par la critique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Warren Beatty, Julie Christie, Goldie Hawn, Lee Grant, Jack Warden, Carrie Fisher
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ShampooGoldie Hawn, Julie Christie, Tony Bill et Warren Beatty dans Shampoo de Hal Ashby.

Remarque :
* C’est le premier long métrage de l’actrice Carrie Fisher (elle joue la fille de Lester Karpf). Son deuxième sera Star Wars

14 décembre 2019

Portrait d’une enfant déchue (1970) de Jerry Schatzberg

Titre original : « Puzzle of a Downfall Child »

Portrait d'une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child)Dans une maison au bord de la mer, une femme très belle mais perturbée vit seule. Ancienne mannequin célèbre, elle raconte sa vie à l’un des ses anciens amis photographe qui voudrait faire un film sur elle…
Portrait d’une enfant déchue est le premier long métrage de Jerry Schatzberg qui était photographe de mode (1). Basé en partie sur des enregistrements faits par le cinéaste d’un top model, le scénario est signé par Carole Eastman (sous le pseudonyme Adrian Joyce) qui a écrit la même année Five Easy Pieces pour Bob Rafelson. Il s’agit d’un portrait de femme qui se trouve prise dans une spirale qui la fait tomber de la célébrité dans la dépression. Son statut de mannequin très demandé amplifie ses difficultés à la sociabilité qui remontent à son adolescence et sa propension à nouer des relations amoureuses bancales. Faye Dunaway fait une interprétation magnifique de ce personnage complexe. L’actrice est alors auréolée du succès de Bonnie and Clyde. La mise en scène est sobre. Jerry Schatzberg a su éviter tous les écueils et signe un film très mesuré, sans aucun excès. Portrait d’une enfant déchue a été dédaigné par la critique américaine à sa sortie et le film n’a été que peu distribué. Il est encore temps de le découvrir aujourd’hui…
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Faye Dunaway, Barry Primus, Viveca Lindfors, Barry Morse, Roy Scheider
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Remarque :
* Le film a été récemment porté sur les planches par Elisabeth Bouchaud sous le titre Puzzle en 2017 au théâtre La Reine blanche à Paris.

(1) Une des photos les plus connues de Jerry Schatzberg est la pochette de l’album Blonde on Blonde de Bob Dylan (1966).

Portrait d'une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child)Faye Dunaway dans Portrait d’une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child) de Jerry Schatzberg.

2 décembre 2019

Le Canardeur (1974) de Michael Cimino

Titre original : « Thunderbolt and Lightfoot »

Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot)(Ne pas se fier au titre français qui n’est qu’une tentative grossière de profiter du succès des Inspecteur Harry … et l’affiche américaine ci-contre ne vaut guère mieux.)
Poursuivi par un tueur, John Thunderbolt (Clint Eastwood) parvient à s’échapper grâce à l’intervention de Lightfoot (Jeff Bridges), un jeune aventurier fonceur, qui lui sauve la vie involontairement. Une amitié naît entre les deux hommes…
Thunderbolt and Lightfoot est le premier film de Michael Cimino. C’est Clint Eastwood, acteur et producteur, ravi de son travail de ré-écriture sur Magnum Force, qui lui a ainsi permis de débuter sa carrière de réalisateur. Point de canardeur à l’horizon, le thème général est plutôt celui de l’amitié. Cimino aime déjà mélanger les genres : le film débute comme un road-movie sur le ton de la comédie et bascule ensuite dans le film policier plus classique. Il montre aussi son attrait pour les grands espaces, utilisant merveilleusement les grandes étendues du Montana. Jeff Bridges fait une superbe prestation, riche et tout en nuances, éclipsant celle de Clint Eastwood, plus fade. L’ensemble manque un peu de force mais la première partie est assez attachante. Le succès du film permit à Cimino d’avoir un gros budget pour Voyage au bout de l’enfer.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clint Eastwood, Jeff Bridges, George Kennedy, Geoffrey Lewis
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Remarque :
* Les noms des deux personnages sont repris d’un film de Douglas Sirk : Captain Lightfoot (Capitaine Mystère en français, 1955) avec Rock Hudson, Barbara Rush et Jeff Morrow.

Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot)Jeff Bridges et Clint Eastwood dans Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot) de Michael Cimino.

Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot)Jeff Bridges et Clint Eastwood dans Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot) de Michael Cimino.

25 octobre 2019

Le Cavalier électrique (1979) de Sydney Pollack

Titre original : « The Electric Horseman »

Le Cavalier électrique (The Electric Horseman)Après avoir été cinq fois champion du monde de rodéo, Sonny Steele s’est retiré de la compétition. Il a accepté d’être la mascotte d’une marque de céréales et se produit dans des shows avec un costume de lumières. Acceptant mal cette déchéance, il sombre dans l’alcool. Un show à Las Vegas va être le gala de trop…
Le Cavalier électrique est un film qui ne doit son existence qu’à un concours de circonstances. Alors que Sydney Pollack est forcé d’abandonner un projet qui lui tient à cœur (1), il doit trouver en catastrophe un nouveau sujet pour éviter de renvoyer toute son équipe. Il s’empare d’un projet qui trainait dans les tiroirs, un roman de Shelly Burton qui intéressait un peu tout le monde sans convaincre vraiment aucun réalisateur. Après une demi-douzaine de tentatives d’écritures, il finit par transformer totalement l’histoire pour en faire une comédie portée par certains de ses thèmes favoris : l’homme en rupture, l’opposition nature/modernité. De plus, il en profite pour porter un regard très critique sur le monde du show-business et de la publicité. Le récit traîne un peu en longueur dans son dernier tiers. Le couple formé par Jane Fonda et Robert Redford fonctionne très bien à l’écran (l’affiche du film ci-contre met en avant le rapprochement de ces deux stars). Robert Redford a fait lui-même les cascades à cheval. Dans les seconds rôles, le chanteur country Willie Nelson fait sa première apparition à l’écran et signe plusieurs morceaux de la bande sonore. Le film connut un franc succès à sa sortie.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Redford, Jane Fonda, Valerie Perrine, Willie Nelson, John Saxon
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(1) Le projet initial de Sydney Pollack était de tourner l’adaptation d’un gros roman de Robert Penn Warren A Place to Come To. Le cinéaste dut finalement renoncer face aux difficultés d’écriture et de préparation du tournage qui s’amoncelèrent. Cette adaptation ne verra jamais le jour.

Le Cavalier électrique (The Electric Horseman)Robert Redford dans Le Cavalier électrique (The Electric Horseman) de Sydney Pollack.

Le Cavalier électrique (The Electric Horseman)Jane Fonda et Robert Redford dans Le Cavalier électrique (The Electric Horseman) de Sydney Pollack.

19 octobre 2019

C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule! (1975) de Jacques Besnard

C'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule!Max et Riton, deux gangsters minables, acceptent de se mettre sous les ordres de Phano pour faire le gros coup du siècle : voler les fonds de la caisse de retraite de la SNCF entreposés dans un coffre-fort sous la gare de l’Est à Paris. Phano a tout prévu : il suffit de pratiquer une ouverture dans le mur mitoyen situé dans les toilettes de la gare…
L’idée originale de cette comédie humoristique du cinéma populaire français, nous la devons à trois membres de la troupe du Splendid, Thierry Lhermitte, Christian Clavier et Gérard Jugnot. Elle est bien entendu loufoque : afin de ne pas éveiller les soupçons de la « dame-pipi », les trois compères doivent en effet agir sous divers déguisements successifs et passablement pittoresques. Sur ce point, l’humour fonctionne bien mais il manque un développement plus poussé de la situation qui aurait porté le film plus haut. Chacun des trois acteurs principaux s’en donnent à cœur joie pour faire son numéro et les dialoguistes ont écrits dans le style de Michel Audiard, certains dialogues étant même calqués (on peut aussi dire « copiés ») sur des répliques célèbres. De bons moments mais l’ensemble est tout de même décevant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bernard Blier, Michel Serrault, Jean Lefebvre, Tsilla Chelton
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C'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule!Michel Serrault, Bernard Blier et Jean Lefebvre dans C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule! de Jacques Besnard.

10 octobre 2019

Le Corps de mon ennemi (1976) de Henri Verneuil

Le Corps de mon ennemiAprès avoir passé sept années derrière les barreaux, François Leclercq revient dans sa ville du nord de la France pour trouver les véritables coupables du crime dont il a été accusé. Il était amoureux de la fille d’un baron du textile…
Le Corps de mon ennemi est l’adaptation d’un roman de Félicien Marceau qui a participé à l’écriture. Le plus original dans le film d’Henri Verneuil est sa construction : le récit fait intervenir de très nombreux flashbacks en fonction des personnages qu’il rencontre au présent. Les morceaux de son histoire se recollent ainsi peu à peu, de façon un peu laborieuse, il faut bien l’avouer. La faiblesse du film est dans l’histoire en elle-même qui n’évolue guère et cette peinture de la bourgeoisie qui se voulait acerbe est finalement bien fade. Certaines scènes sont néanmoins savoureuses, telles celles du repas mondain ou du travesti. Les dialogues de Michel Audiard n’ont rien de remarquable. Malgré un beau plateau d’acteurs et la solide réalisation d’Henri Verneuil, le film peine à se montrer intéressant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Bernard Blier, Marie-France Pisier, Daniel Ivernel, François Perrot, Nicole Garcia
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Remarques :
* Pour éviter le délicat problème de rajeunir Jean-Paul Belmondo dans les flashbacks, Henri Verneuil fait dire à son personnage : « Dans ce bric-à-brac de la mémoire, chaque fois que l’on essaie de se souvenir du jeune homme que l’on était, on se revoit avec la tête de l’homme d’aujourd’hui. » Cette pirouette (un peu grossière) permet à Jean-Paul Belmondo d’être physiquement le même dans toutes les scènes.

Le Corps de mon ennemiMarie-France Pisier et Jean-Paul Belmondo dans Le Corps de mon ennemi de Henri Verneuil.

23 septembre 2019

La Bonne Année (1973) de Claude Lelouch

La Bonne annéeLe gangster Simon prépare avec un complice le hold-up d’une bijouterie à Cannes. Lors des repérages, il remarque Françoise qui tient une boutique d’antiquités. Il va tout faire pour la rencontrer…
Ecrit et réalisé par Claude Lelouch, La Bonne Année introduit une histoire d’amour dans un film de casse. Le cinéaste porte également un regard sur les changements de société qui s’opéraient en ce début des années soixante-dix. Il crée une opposition entre les deux personnages principaux : Françoise est une femme cultivée et indépendante, bien décidée à être maître de son destin alors que Simon est très traditionnel dans ses principes. Comme s’il craignait de prendre parti, Lelouch laisse la fin ouverte. Le plus réussi est la mise en images de cet amour naissant entre deux personnes que tout oppose. La caméra de Claude Lelouch est très mobile et fait preuve de virtuosité lors de longs plans-séquences (tel celui où Françoise doit ranger son appartement à toute vitesse). L’ensemble est léger et plaisant… mais certains pourront lui reprocher des longueurs et une certaine vacuité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs : Lino Ventura, Acteurs: Lino Ventura, Françoise Fabian, Charles Gérard, André Falcon
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La Bonne annéeLino Ventura et Françoise Fabian dans La Bonne Année de Claude Lelouch.

Remarques :
* Assez étrangement, le générique de début s’inscrit sur les images et la musique de la scène finale d’Un homme et une femme (Claude Lelouch, 1966)… avant que l’on découvre qu’il s’agissait en fait d’un film diffusé à des prisonniers.
* Claude Lelouch ne cache pas son aversion pour les intellectuels. Sa mention des mauvaises critiques reçues pour Un homme et une femme est particulièrement évidente lors de la scène très caricaturale du repas.

La Bonne annéeFrançoise Fabian dans La Bonne Année de Claude Lelouch.

18 septembre 2019

On achève bien les chevaux (1969) de Sydney Pollack

Titre original : « They Shoot Horses, Don’t They? »

On achève bien les chevauxAu tout début des années 1930, en pleine Grande Dépression, les candidats se pressent pour participer à un marathon de danse dans l’espoir de gagner la prime accordée aux premiers. Gloria, dont le cavalier est refusé pour cause de santé, se retrouve en tandem avec un certain Robert, arrivé là par hasard…
On achève bien les chevaux est adapté du roman homonyme de Horace McCoy paru en 1935. Dès sa sortie, le film a été très remarqué et il a gardé une grande renommée. Le propos est en effet très puissant car ce récit de laissés-pour-compte qui cherchent à fuir la réalité de la crise prend une dimension universelle : cette compétition cruelle devient une allégorie de la Comédie humaine. Le roman a d’ailleurs souvent été qualifié de roman existentialiste (1). Les personnages y réagissent très différemment, le (la) plus fort(e) ayant la réaction la plus extrême. Par sa mise en scène très réaliste, Sydney Pollack renforce l’impact du propos ; nous avons vraiment l’impression de ressentir la douleur des participants. L’interprétation est parfaite : Gig Young en bonimenteur est le plus remarquable et l’acteur a reçu un Oscar mérité. On achève bien les chevaux mit Sydney Pollack à la lumière, y compris à l’international, sans que le film  connaisse un très grand succès populaire pour autant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jane Fonda, Michael Sarrazin, Susannah York, Gig Young, Red Buttons, Bruce Dern
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On achève bien les chevauxMichael Sarrazin et Jane Fonda dans On achève bien les chevaux de Sydney Pollack.

Remarques :
* Les marathons de danse ont bel et bien existé. Dans les années 20, il s’agissait uniquement de compétitions et c’est pendant la Grande Dépression qu’ils sont devenus de véritables shows avec un afflux de compétiteurs. D’après la page Wikipédia anglais sur les marathons de danse, Horace McCoy, auteur du roman, aurait fait partie du staff de plusieurs de ces marathons.

* Sydney Pollack raconte que la réalisation était une gageure car le sujet exigeait que le rythme ralentisse en cours de film, au risque de lasser le spectateur. Le choix d’une unité de lieu (tout le film se déroule dans sur la piste de danse et les quelques pièces attenantes) rendait ce problème encore plus aigu.

* La popularité du film eut pour (surprenante) conséquence de faire repartir cette mode des marathons de danse, le plus souvent organisés par des universités pour récolter de l’argent dans un but caritatif. Ils sont toutefois bien plus limités dans le temps (un ou deux jours) et donc moins cruels. Le public semble en raffoler si l’on en juge par les sommes récoltées, qui sont très importantes.

* Le présentateur utilise à de nombreuses reprises la surprenante interjection « Yowsah ». Un animateur et leader d’orchestre de jazz des années 20, Ben Bernie, avait comme expression fétiche « yowsah, yowsah, yowsah! ». Le sens et l’origine de ce mot ne sont pas très nets. Cela semble être au départ une déformation de « Yes Sir ! ». Le sens serait proche de « All right ! » et l’usage semble assez peu répandu. Orthographes possibles : yowza, yowsa ou yowsah.

(1) Simone de Beauvoir a décrit le roman d’Horace McCoy comme étant le premier roman existentialiste américain.

On achève bien les chevauxGig Young dans On achève bien les chevaux de Sydney Pollack.

12 septembre 2019

Les pirates du métro (1974) de Joseph Sargent

Titre original : « The Taking of Pelham One Two Three »

Les pirates du métroÀ New York, quatre hommes armés prennent en otage une voiture de métro et demandent une rançon d’un million de dollars pour la libération des passagers. Le Lieutenant Zachary Garber (Walter Matthau) de la police du métro de New York doit gérer cette situation…
Basé sur un roman de John Godey, Les pirates du métro est un film qui se révèle être plus intéressant qu’il n’en a l’air. Il est surtout remarquable par sa montée très progressive en tension tout en n’utilisant que peu de scènes d’action et aucun effet spectaculaire. Il n’y a pas non plus d’intrigue secondaire, pas de développement autour des otages pour remplir les 90 minutes, pas de pathos. Et cela fonctionne : sans s’en rendre compte, on est happé par le récit qui se développe sous nos yeux. Les personnages sont assez simplement définis, des personnages assez ordinaires finalement. On notera les piques sur les politiques (le maire est un véritable abruti) et que tout ce petit monde du T.A. (Transit Authority) n’est pas très poli : ils s’expriment vraiment comme des charretiers. Excellente musique (jazz-funk) de David Shire, notamment lors des deux génériques.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Walter Matthau, Robert Shaw, Martin Balsam, Tony Roberts
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph Sargent sur le site IMDB.

Remarques :
* Dans une interview à TVO (Ontario, Canada), le producteur a indiqué que le film a été un succès à New York, Toronto, Londres et Paris, donc dans les villes avec un métro, alors qu’il n’avait pas bien marché ailleurs.
* Les gangsters parlent entre eux en utilisant des noms de couleur (Mr Blue, Mr Green,…) pour cacher leur identités. Tarantino reprendra ce principe dans Reservoir Dogs.
* Le maire (joué par Lee Wallace) montre une ressemblance physique avec Ed Koch, soulignée par de nombreux critiques. Ce démocrate ne sera toutefois maire de New York que quatre ans plus tard…

Les pirates du métroRobert Shaw et James Broderick (le père de Matthew Broderick) dans Les pirates du métro de Joseph Sargent.

Les pirates du métroWalter Matthau et Dick O’Neill dans Les pirates du métro de Joseph Sargent.

Remake :
L’Attaque du métro 123 (The Taking of Pelham 123) de Tony Scott (2009) avec Denzel Washington et John Travolta