15 décembre 2015

Le Dieu éléphant (1979) de Satyajit Ray

Titre original : « Joi Baba Felunath »

Le Dieu éléphantAlors qu’il est en vacances avec son ami écrivain et son assistant, le détective indépendant Feluda est sollicité pour enquêter sur le vol d’une statuette représentant Ganesh, le Dieu éléphant. Les soupçons se portent rapidement sur un trafiquant qui avait rendu visite peu avant pour tenter d’acheter l’objet… Le Dieu éléphant est le second film avec le détective Feluda alias Mitra (1). Satyajit Ray en a écrit l’histoire qu’il avait publiée en roman. C’est un film destiné à un public large, plutôt jeune, voire très jeune. Les personnages sont très typés et l’humour est omniprésent, venant constamment désamorcer toute tension naissante. L’ensemble est plaisant mais peu intense. Le Dieu éléphant loin d’avoir la profondeur habituelle des films de Satyajit Ray mais il y a une certaine délicatesse dans le traitement. On notera comment l’auteur se moque des fausses religions et on remarquera le petit clin d’oeil à Tintin.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Soumitra Chatterjee, Siddhartha Chatterjee, Santosh Dutta
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Le Dieu éléphant
Siddhartha Chatterjee, Soumitra Chatterjee et Santosh Dutta dans Le Dieu éléphant de Satyajit Ray
.

(1) Le premier film de Satyajit Ray avec le détective Feluda est le peu connu Sonar Kella (1974), film qui semble t-il n’a été que très peu distribué en dehors d’Inde. Titre international = The Golden Fortress (La Forteresse d’Or).

6 décembre 2015

Le Mouton enragé (1974) de Michel Deville

Le Mouton enragéAprès avoir osé aborder une inconnue dans la rue, un modeste employé de banque prend de l’assurance et, suivant à la lettre les conseils d’un ami d’enfance, un écrivain sans éditeur, il quitte sa vie terne pour chercher à « gagner plein d’argent et coucher avec beaucoup de femmes »… Adaptation d’un roman de Roger Blondel, Le mouton enragé est une fable sur l’attrait de la réussite. Si le « mouton docile » va sortir du troupeau, ce n’est que pour tomber sous la coupe d’un arrivisme sans scrupules personnifié ici par cet ami écrivain raté qui vit par procuration. La démonstration est habile mais un peu trop chargée en personnages et en cibles. Tout y passe : machisme, malversations financières, magouilles politiques, presse poubelle, manipulations… Cela finit par faire beaucoup. Trintignant et Cassel sont assez remarquables et, comme toujours, Romy Schneider illumine chacune des scènes où elle figure. De petites notes d’humour viennent ça et là alléger le mordant du propos. Réalisé sous les années Pompidou, Le mouton enragé est une fable assez amère sur l’ambition personnelle et la vanité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Cassel, Romy Schneider, Jane Birkin, Henri Garcin, Georges Wilson, Florinda Bolkan
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Le mouton enragé
Jean-Louis Trintignant et Jean-Pierre Cassel dans Le Mouton enragé de Michel Deville.

Le Mouton enragé
Romy Schneider dans Le Mouton enragé de Michel Deville.

2 décembre 2015

The Wicker Man (1973) de Robin Hardy

The Wicker ManLe sergent Howie arrive dans une île écossaise isolée pour enquêter sur la disparition d’une jeune fille. Personne ne semble la connaitre. En tant que chrétien fervent, le policier est choqué par les moeurs très libres en vigueur sur l’île dirigée par Lord Summerisle. Pire encore, il lui semble entrevoir des scènes de rites païens… The Wicker Man (= l’homme d’osier) est un film vraiment très étrange. Son scénario a été écrit par Anthony Shaffer que l’on connait plus en tant qu’auteur du très beau Sleuth (Le Limier, 1972). Le film est souvent classé parmi les films d’horreur mais il n’y a aucune scène terrifiante. Il a été conçu pour proposer une alternative au gothique anglais de la Hammer. Le scénario est indéniablement le point fort du film : comme le policier que l’on suit dans son enquête, on ne comprend pas vraiment ce qui se passe sur cette île pendant une grande partie du film (plus que jamais, il important de ne pas lire trop de commentaires sur le film avant de le voir). La symbolique tient une certaine place dans ce récit avec des références appuyées à Alice au Pays des Merveilles. L’interprétation est de très bon niveau avec, notamment,  un excellent Christopher Lee. La musique occupe une bonne place et l’ensemble fleure bon les années soixante-dix. The Wicker Man a été longtemps impossible à voir avant de refaire surface il y a une dizaine d’années. C’est un film très particulier mais qui mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Edward Woodward, Christopher Lee, Britt Ekland
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Lire aussi : une analyse du film sur le site DVDClassik (à lire plutôt *après* avoir vu le film car une partie du contenu y est dévoilée).

Remarques :
* Robin Hardy a fait une suite en… 2011 : The Wicker Tree (apparemment très mauvais). A 82 ans, ce fut son troisième film.
* Le film ayant pratiquement disparu de la circulation pendant de nombreuses années, le bruit a couru que Rod Stewart avait racheté toutes les copies pour les détruire du fait des scènes où l’on voit Britt Ekland, sa petite amie, nue. C’est bien évidemment faux (cette affabulation est probablement inspirée de ce qui est arrivé à Extase).
* Britt Ekland est doublée : son accent suédois sur une île isolée d’Ecosse aurait détonné.
* Christopher Lee a accepté de jouer le rôle gratuitement.
* Christopher a déclaré qu’il considérait The Wicker Man comme son meilleur film.
* Remake : The Wicker Man de Neil LaBute (2006) avec Nicolas Cage dans le rôle du policier et Ellen Burstyn, remake généralement jugé très mauvais par ceux qui l’ont vu.

The Wicker Man
Edward Woodward et Christopher Lee dans The Wicker Man de Robin Hardy.

18 novembre 2015

New York, New York (1977) de Martin Scorsese

New York, New York1945. Le jour de la reddition du Japon, un saxophoniste aborde avec insistance une jeune chanteuse qui finit par céder partiellement à ses avances. C’est le début d’une histoire d’amour impossible, marquée par la carrière musicale de chacun des deux… Martin Scorsese renoue avec la grande tradition des comédies musicales des années quarante et cinquante. La reconstitution des clubs du début de l’ère du jazz bebop est assez splendide, tous sont assez différents. Scorsese rend hommage à Vincente Minnelli et fait marcher Liza Minnelli sur les traces de sa mère Judy Garland, tournant dans les mêmes studios, sur les mêmes scènes. Nul doute que cela devait être émouvant pour l’actrice. De son côté, De Niro va très loin pour donner vie à son personnage, l’acteur ayant même appris à jouer du saxophone pour le rôle. Les références sont nombreuses, des plus évidentes (le magnifique ballet final Happy Endings rappelle bien entendu celui de Band Wagon de Minnelli et le ballet lui-même est truffé de références) à celles qui le sont moins (comme cette chanson de Maurice Chevalier qui est une référence à une scène hilarante Monkey Business des Marx Brothers). L’histoire en elle-même n’est hélas pas très passionnante, le personnage joué par De Niro étant assez détestable, et de ce fait, le film paraît un peu long (2h30, mais il durait 4h30 dans le premier montage !) Les morceaux musicaux et les ballets sont heureusement là. La chanson-titre est devenue plus célèbre que le film lui-même.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Liza Minnelli, Robert De Niro, Lionel Stander
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New York New York
Robert De Niro et Liza Minnelli dans New York, New York de Martin Scorsese

New York New York

Remarque :
* Dans la très belle scène (sans musique) des danseurs anonymes du métro (vue de haut par De Niro), la danseuse est Liza Minnelli affublée d’une perruque (à noter que cette scène est certainement un hommage à On the Town de Stanley Donen).

31 octobre 2015

Scènes de la vie conjugale (1973) de Ingmar Bergman

Titre original : « Scener ur ett äktenskap »

Scènes de la vie conjugaleMariés depuis dix ans, Marianne et Johan renvoient l’image d’un couple idéal, une réussite que leur envient leurs amis. Mais, un jour, Johan annonce qu’il va partir vivre avec une jeune femme qu’il a rencontrée… Ingmar Bergman a tourné Scènes de la vie conjugale pour la télévision, six épisodes de 50 minutes qui eurent un succès considérables en Suède (les derniers épisodes furent suivis par trois millions de téléspectateurs, soit la moitié de la population du pays). Bergman en a tiré un long métrage de 2h50 qui conserve le découpage en six tableaux. Bergman a adopté la technique de la télévision, abondance de gros plans et de champs-contre-champs, pour ce long huis clos sentimental qui ausculte ce couple à l’intérieur duquel les rapports vont évoluer considérablement sur la période. Le cas est délibérément banal mais, au delà des apparences, Bergman cherche le vrai. Ses personnages sont des adultes raisonnables (et raisonneurs) mais n’en sont pas moins « analphabètes du sentiment ». Johan, avec sa carapace ironique, peut certainement être vu comme un alter-ego du cinéaste. Liv Ullmann semble s’être pleinement investie dans son personnage (assez universel) de femme à la conquête de son émancipation et de son identité, une quête qui s’inscrit pleinement dans les années soixante-dix. Cette longue réflexion, qui dépasse largement son caractère circonstanciel, se révèle finalement très enrichissante. Il est toutefois compréhensible que le film soit diversement apprécié. Pour tout avouer, il nous avait plutôt ennuyé lorsque nous l’avions vu une première fois, il y a certes assez longtemps de cela…
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Liv Ullmann, Erland Josephson
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Scènes de la vie conjugale
Liv Ullmann et Erland Josephson dans Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman

24 octobre 2015

Rencontres du troisième type (1977) de Steven Spielberg

Titre original : « Close Encounters of the Third Kind »

Rencontres du troisième typeD’étranges phénomènes surviennent à plusieurs endroit du globe : des avions disparus mystérieusement il y a trente ans ressurgissent soudainement au Mexique, un cargo porté disparu est découvert échoué au beau milieu du désert de Gobi et un petit groupe d’américains voient passer de petits vaisseaux spatiaux devant eux… Avec Star Wars sorti quelques mois plus tôt, Rencontres du troisième type a grandement initié le retour de la science-fiction en tant que film à grand spectacle. Le film de Spielberg forme en quelque sorte un diptyque avec E.T. qu’il tournera cinq ans plus tard, reposant sur une vision très idéaliste de contacts avec des extra-terrestres bienveillants. Ce que Spielberg réussit parfaitement à transmettre, c’est l’émerveillement presque enfantin qu’une telle situation peut générer dans nos esprits. Certes, les effets spéciaux de 1977 n’ont plus le pouvoir de nous étonner aujourd’hui mais le film n’en paraît que meilleur car la magie des images et du propos n’en est que plus évidente. On en ressort ébloui… En outre, la musique de John Williams est superbe.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Richard Dreyfuss, François Truffaut, Teri Garr, Melinda Dillon, Bob Balaban
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Rencontres du Troisième type
Rencontres du Troisième Type
François Trffaut dans Rencontres du troisième type de Steven Spielberg.
(à noter que c’est sa seule apparition en tant qu’acteur dans un film dirigé par un autre réalisateur que lui-même).

Remarques :
* Le scénario a été écrit (dès 1973) en grande partie par Paul Schrader (futur réalisateur et auteur du scénario de Taxi Driver) qui a demandé à enlever son nom du générique : la mésentente venait du fait que Spielberg voulait un héros ordinaire alors que Schrader était allergique à tout américain moyen : « Si quelqu’un doit me représenter, moi et la race humaine toute entière, je n’ai pas envie que envie que ce soit un type qui prend ses repas chez McDonalds ! » disait-il. « Mais, c’est justement ce que je veux ! » répondait Spielberg.

* Trois types de rencontres ont été définis par l’ufologue J. Allen Hynek (qui fait une petite apparition dans le film) :
– 1er type : Observation visuelle d’OVNI
– 2e type : Découverte d’une preuve de visite extra-terrestre.
– 3e type : Entrer en contact avec des extra-terrestres.

* Le petit garçon est interprété par Cary Guffey (5 ans). Il était si bon que l’équipe l’avait surnommé « One Take Cary » (= une seule prise). Impressionné par sa prestation, Kubrick voulut l’engager pour jouer le petit garçon de Shining. En fait, Cary Guffey ne tournera ensuite que dans quelques films de moindre importance (Cross Creek de Martin Ritt mis à part toutefois) et ne poursuivra pas au-delà de l’âge de douze ans.

* Le scientifique est français car le personnage est basé sur l’ufologue et astronome Jacques Vallée.

* Ray Bradbury a déclaré qu’il s’agissait du plus grand film de science-fiction jamais réalisé.

* Versions :
1. Version commerciale de 1977 de 135 mn.
2. Special Edition : version remaniée par Spielberg de 132 mn avec notamment l’ajout de la scène dans le désert de Gobi, de la salle de bain et une scène finale où l’on entre avec Richard Dreyfus dans le vaisseau.
3. Director’s Cut ou Collector’s Edition : version de 137 mn où Spielberg a (fort justement) enlevé la scène à l’intérieur du vaisseau, préférant le laisser à l’imagination du spectateur.

5 octobre 2015

Le Mariage de Maria Braun (1979) de R.W. Fassbinder

Titre original : « Die Ehe der Maria Braun »

Le Mariage de Maria BraunMariée à la hâte sous les bombardements, Maria Braun attend le retour de son mari après la fin de la guerre dans un Berlin en ruines où l’on manque de tout. Un ami soldat lui annonce qu’il est mort. Maria doit s’en sortir et trouve un emploi d’entraineuse dans un bar où elle a une liaison avec un soldat américain… Le Mariage de Maria Braun est le premier volet d’une tétralogie consacrée à l’Allemagne nazie et post-nazie au travers de quatre destins de femmes (1). Le Mariage de Maria Braun débute à la fin de guerre et s’achève lors de la victoire de l’Allemagne à la Coupe de football 1954, symbole d’une nation qui tourne la page de la défaite. Splendidement personnifiée par Hanna Schygulla, Maria Braun est une femme à la fois victime et ambitieuse. La dure réalité de l’immédiat Après-guerre l’a métamorphosée en lutteuse hardie qui sait provoquer la chance plutôt que de l’attendre. La mise en scène de Fassbinder est d’une belle précision, parfaitement maitrisée. La prestation d’Hanna Schygulla est vraiment remarquable avec un mélange de distanciation et de sensualité assez unique. Le film connut un succès mérité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hanna Schygulla, Klaus Löwitsch, Ivan Desny
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Le Mariage de Maria Braun
Hanna Schygulla (à droite) dans Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

Remarques :
* Caméo : Fassbinder apparaît en trafiquant au marché noir. Il propose à Maria une robe noire et, en soldes, les oeuvres complètes du poète Kleist… tout un symbole.
* Les producteurs voulaient Romy Schneider dans le rôle principal mais des propos publics peu amènes de Fassbinder à son propos ont rendu la collaboration impossible…

(1) Le Mariage de Maria Braun (1979), Lili Marleen (1981), Lola, une femme allemande (1981) et Le Secret de Veronika Voss (1982). Fassbinder ne les a pas tournés dans l’ordre chronologique, puisque Lili Marleen traite d’une période se situant avant Le Mariage de Maria Braun et l’histoire de Lola se situe après celle de Veronika Voss.

Le Mariage de Maria Braun
Hanna Schygulla dans Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

Le Mariage de Maria Braun
Photo de tournage : Hanna Schygulla, R.W. Fassbinder  et Gottfried John sur le tournage du  Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder.

3 octobre 2015

Phantom of the Paradise (1974) de Brian De Palma

Phantom of the ParadiseLe compositeur Winslow Leach se fait voler sa musique par un grand magnat du disque, Swan, qui cherche une musique pour l’ouverture de son club « Le Paradise ». Swan parvient même à le faire envoyer en prison sous une fausse accusation mais il parvient à s’en évader et revient, bien décidé à détruire son oeuvre… Phantom of the Paradise (quelquefois nommé Le Fantôme du Paradis en français) est une version moderne du Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux, mâtiné d’une bonne dose de Faust. Brian De Palma l’a voulue sous la forme d’un opéra-rock et a eu toutes les peines du monde à monter son projet. C’est finalement Paul Williams qui en a écrit la musique et en interprète le rôle principal. De Palma de son côté puise dans de nombreuses sources ce qui peut donner une impression de fourre-tout à l’ensemble. Sur le fond, le film dénonce le mercantilisme du monde de la musique où signer un contrat équivaut à signer un pacte avec le diable. Le public n’est pas épargné, montré comme une foule décérébrée prête à aduler n’importe quoi dans de véritables hystéries collectives. On trouve déjà certains des thèmes qui deviendront récurrents chez le réalisateur, notamment le voyeurisme, puisque Swan utilise de nombreuses caméras vidéo pour asseoir son pouvoir, mais aussi celui du double, de la victime, du monstre. Même s’il fut remarqué et apprécié pour sa musique, Phantom of the Paradise fut un échec commercial à sa sortie. Ce n’est qu’avec le temps qu’il a bâti sa renommée. Il la mérite car c’est un film à nul autre pareil.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Finley, Paul Williams, Jessica Harper, Gerrit Graham
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Remarques :
* La séquence de la bombe dans le coffre est un hommage à Orson Welles (Touch of Evil, La Soif du mal), celle de la douche est bien évidemment un hommage à Hitchcock (avec une chute très amusante) et le tireur dans la salle de concert également (L’homme qui en savait trop), l’éternelle jeunesse évoque Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde (adapté par Albert Lewin au cinéma), la présentation du nouveau chanteur dans un cercueil fait inévitablement penser au Cabinet du docteur Caligari, le show d’ouverture du Paradise à Frankenstein.

* La maison de disque devait s’appeler Swan Song Records. Pour éviter tout conflit avec la maison de disque de Led Zeppelin (Swan Song), elle fut rebaptisée en Death Records et le logo fut recouvert après tournage (parfois pas très bien).
* On peut penser que le personnage de Swan est vaguement inspiré de Phil Spector.
* Phantom of the Paradise aurait influencé le groupe Daft Punk dans leur décision de se cacher derrière des masques.

Phantom of the Paradise
William Finley et Paul Williams Phantom of the Paradise de Brian De Palma

24 septembre 2015

Camouflage (1977) de Krzysztof Zanussi

Titre original : « Barwy ochronne »

CamouflagePologne, années soixante-dix. Lors d’une université d’été, en marge d’un concours d’exposés de linguistique, un jeune professeur enthousiaste et idéaliste s’oppose à un de ses collègues plus âgés à propos des pressions et compromissions… Plutôt mal connu en France, le réalisateur polonais Krzysztof Zanussi est l’un des grands représentants de la nouvelle vague polonaise (« Nowa fala ») qui a débuté à la toute fin des années soixante. Il a écrit lui-même cette réflexion à la fois psychologique, philosophique et politique. Elle explore de nombreux sujets, notamment le conformisme et la corruption, et de façon plus générale, l’éthique. L’essentiel du film réside dans les discussions vives et acerbes de ces deux professeurs et si le début du film peut laisser craindre une situation plutôt manichéenne, la suite nous emmène dans des réflexions plus profondes : le personnage le plus riche est le professeur plus âgé, d’abord présenté comme arriviste et soumis aux autorités mais qui se montre ensuite bien plus complexe, manipulateur, rusé mais finalement extrêmement désillusionné comme en témoigne sa toute dernière phrase qui vient clore le film de façon assez noire. Les questions soulevées sont intéressantes et, si les sous-entendus politiques sont évidents (nous sommes là en pleine période de la Pologne communiste, trois ans avant la création-même de Solidarność), ces réflexions sur l’éthique de vie sont suffisamment générales pour s’appliquer en dehors de ce contexte si particulier (en remplaçant aujourd’hui le politique par l’économique par exemple). Les deux acteurs sont merveilleux. Camouflage est un film brillant.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Piotr Garlicki, Zbigniew Zapasiewicz
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Camouflage de Zanussi
Zbigniew Zapasiewicz et Piotr Garlicki sont les deux professeurs du film de Krzysztof Zanussi Camouflage.

30 août 2015

Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola

Apocalypse NowPendant la guerre du Vietnam, le capitaine Willard (Martin Sheen), spécialiste des missions secrètes, a reçu l’ordre d’aller tuer un colonel de sa propre armée (Marlon Brando) devenu incontrôlable et accusé d’assassinat. Pour ce faire, Willard doit remonter un fleuve jusqu’au Cambodge où le colonel s’est retranché entouré d’une centaine de personnes qui le vénèrent comme un dieu… Librement adapté du roman de Joseph Conrad Au coeur des ténèbres, Apocalypse Now est incontestablement le film le plus ambitieux de Francis Ford Coppola et son chef d’oeuvre. Son projet était démesuré sans aucun doute et le tournage au plus profond de la jungle philippine fut interminable et ponctué de catastrophes : typhon, crise cardiaque de Martin Sheen, etc. Mais la vraie démesure est dans ce que Coppola nous fait toucher du doigt, la folie engendrée par la guerre, la folie des hommes. L’avancement de Willard est ponctué de scènes emblématiques où la raison semble absente : l’attaque du village au son de La Chevauchée des Walkyries de Wagner, la séquence hallucinée du striptease de bunnies en pleine jungle, le pont illuminé attaqué dans la nuit noire et le monologue final de Brando dont on ne voit que le visage dans une demi-pénombre. Malgré l’ampleur du projet, le déroulement du scénario reste simple : « It’s a trip » a dit Coppola pour présenter son film à Cannes, jouant sur le double sens de trip (voyage et/ou hallucination sous l’emprise de la drogue). Apocalypse Now fait partie de ces films qui restent à jamais gravés dans nos mémoires.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Martin Sheen, Robert Duvall, Frederic Forrest, Laurence Fishburne, Harrison Ford, Dennis Hopper
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Apocalypse Now
Robert Duvall dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (« Tu la vois, la vague ? »).

Apocalypse Now
Dennis Hopper et Martin Sheen dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.

Apocalypse Now
Marlon Brando dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.

Remarques :
* La version commerciale de 1979 dure 2h33. En 2001 est sortie une version plus longue sous le nom Apocalypse Now Redux ; elle dure 3h12. L’ajout le plus important est une longue séquence se déroulant dans une ancienne plantation française (avec Christian Marquand et Aurore Clément).

* Cameo : on ne peut manquer de remarquer Francis Ford Coppola dans la scène où les soldats atterrissent sur la plage. Il joue le rôle d’un cinéaste des armées criant aux soldats de faire comme si la caméra n’était pas là.