30 octobre 2010

The great train robbery (1903) de Edwin S. Porter

Titre français : « Le vol du grand rapide »

Le vol du grand rapideLui :
(Muet 12 minutes) The Great Train Robbery est le premier grand film américain doté d’un scénario (1). En 14 scènes, il montre dans le détail une attaque de train (inspirée de l’attaque du train de la Union Pacific par Butch Cassidy en août 1900) et la poursuite pour capturer les bandits. Le film se termine par une scène-choc qui terrorisa le public : le chef des bandits pointe son arme vers le public et vide son chargeur (cette scène pouvait être placée, au choix de l’exploitant, au début ou à la fin de la séance)(2). The Great Train Robbery montre beaucoup d’inventivité : Le vol du grand rapide deux petits panoramiques, l’utilisation du montage alterné (3) ou encore le remplacement d’un acteur par un mannequin au milieu d’un combat (4). Et surtout il sait créer une tension forte par le déroulement de son scénario. Le succès fut immense, The Great Train Robbery restera longtemps le plus grand succès commercial, détrôné seulement par Naissance d’une Nation, 12 ans plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Justus D. Barnes, Gilbert M. Anderson
Voir la fiche du film et la filmographie de Edwin S. Porter sur le site imdb.com.

Remarques :
* Edwin S. Porter s’est inspiré d’un film anglais, sorti quelques mois plus tôt : Daring Daylight Burglary (1903) de Frank Mottershaw pour la Sheffield Photo Company. Ce film de 5 minutes raconte un cambriolage suivi d’une poursuite. De même Robbery of the Mail Coach (1903) du même Mottershaw aurait inspiré Porter.
Le vol du grand rapide * Il existe une version partiellement colorisée à la main : les fumées des explosions et des tirs, les robes dans la salle de bal, la scène finale (voir des images…)
* Le film est maintenant dans le domaine public. Il est visible sur le site archive.org :
www.archive.org/…robbery1903Film
(c’est la version la plus complète présente sur ce site).

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Le vol du grand rapide(1) Contrairement à ce qui a souvent été écrit, The Great Train Robbery n’est pas le premier film au monde doté d’un scénario. Le Voyage dans la lune que Méliès a réalisé en France un an plus tôt en 1902 avait un scénario aussi élaboré sinon plus. Ce n’est pas non plus le premier film durant plus de 3 minutes puisque, là encore, le film de Méliès durait déjà 14 minutes. Ce n’est pas non plus le premier western : le premier western est très probablement Cripple Creek Bar-room Scene (1898) produit par Thomas Edison, film de moins d’une minute qui avait d’ailleurs un embryon de scénario.

(2) Cette scène a été reprise par Martin Scorsese à la fin de Les Affranchis (1990) et également par Ridley Scott à la fin de American Gangster (2007).

(3) Le montage alterné permet de montrer deux scènes se déroulant au même moment à deux endroits différents : ici, alors que nous venons de voir les bandits prendre la fuite à cheval, la scène suivante nous montre l’employé de la gare revenir à lui. Bien entendu, ce procédé pour montrer deux actions simultanées nous semble très naturel aujourd’hui mais, à cette époque où le cinéma était dans ses premières années, la continuité dans le déroulement de l’action était le cas général.

(4) The great Train Robbery n’est pas tout à fait le premier film utilisant un mannequin dans une scène violente. Méliès l’avait fait avant lui, et de façon mieux intégrée, dans le film Barbe Bleue de 1901. Encore avant lui, Alfred Clark, un collaborateur d’Edison, avait utilisé un mannequin dans The Execution of Mary, Queen of Scots (1895).

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Précision:
Sans les explications qui étaient données aux spectateurs à l’époque, la première scène est un peu délicate à comprendre :
Les bandits forcent l’employé de la gare à actionner un signal pour arrêter le train et à transmettre au machiniste l’ordre de faire le plein d’eau au réservoir proche, là où la bande veut monter dans le train.

Homonyme :
The Great Train Robbery (1979) de Michael Crichton avec Sean Connery.

7 réflexions sur « The great train robbery (1903) de Edwin S. Porter »

  1. Bonjour,
    Pour plus de précision, ce n’est pas du montage parallèle dans ce film, mais alterné (actions simultanées). Le montage parallèle, plus rare, est illustré par l’exemple du plan sur la vache que l’on égorge dans un abattoir, et du plan sur le massacre du peuple par les troupes du Tsar dans « La Grève » d’Eisenstein. Le montage parallèle de ces deux plans a un but bien précis…

  2. Bonjour,

    Les premiers à avoir utilisé un mannequin comme trucage étaient William Heise (Photographie) et Alfred Clark (Réalisateur), 2 collaborateurs d’Edison pour le film intitulé : The Execution of Mary, Queen of Scots, 1895.

  3. Merci de cette précision.

    Effectivement, j’ai vu ce petit film de 30 secondes que je ne connaissais pas (il est visible sur Youtube), c’est saisissant !
    Je modifie mon texte…

  4. Le film est passé très récemment avec d’autres courts-métrages. Je l’ai enregistré, ne connaissant que la photo très célèbre du bandit tirant sur le spectateur en plan rapproché. Le public fut terrorisé comme pour « L’arrivée du train en gare de la Ciotat, qui semblait foncer vers le public. A l’époque, comme dans ce film, tous les plans sont très larges et on ne voit aucun visage. Seul le chef des bandits, vu au tout dernier plan est reconnaissable. Mais QUI est l’acteur ? On cite toujours George Barnes, donné dans la distribution. C’est ce nom que l’on trouve dans toutes les Histoires du Cinéma. Mais ici, on nous donne le nom de Justus D. Barnes, qui tourna aussi dans le film ! On précise qu’il est le bandit qui tire sur l’écran ! Il faudrait être sûr. Il est le premier méchant de l’Histoire du Western, un pré Lee Van Cleef, Jack Elam, Lee Marvin ou Jack Palance !

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