22 septembre 2015

L’Auberge rouge (1951) de Claude Autant-Lara

L'auberge rougeAux alentours de 1830, les tenanciers d’une auberge isolée de montagne assassinent leurs clients pour les voler. Alors que le couple n’a pas encore caché le cadavre de leur précédente victime, les voyageurs d’une diligence font une halte forcée à l’auberge bientôt suivis par un moine bon vivant et son moinillon… L’Auberge rouge est basé sur un fait divers authentique qui avait déjà inspiré Balzac pour son roman L’Auberge des Adrets. Le scénario est signé par Jean Aurenche et Pierre Bost. Si le film oscille entre plusieurs genres, c’est celui de la comédie d’humour noir qui est nettement le plus marqué. La situation devient en effet rapidement croquignole et le jeu de Fernandel apporte un petit côté pagnolesque à l’ensemble. Julien Carette, qui appuie fortement sur les traits de son personnage, est tout aussi remarquable. Le propos est assez irrévérencieux et les milieux catholiques se sont dressés à l’époque contre le film qui se moque, selon eux, de la confession et des sacrements. Cette opposition et les railleries des critiques n’ont pas empêché à L’Auberge rouge de connaitre les faveurs du public.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fernandel, Julien Carette, Françoise Rosay, Marie-Claire Olivia, Jean-Roger Caussimon
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L'auberge rouge
Françoise Rosay, Julien Carette, Marie-Claire Olivia, Fernandel et Lud Germain dans L’auberge rouge de Claude Autant-Lara.

Remake (raté) :
L’auberge rouge (2007) de Gérard Krawczyk en 2007 avec Gérard Jugnot (le moine), Christian Clavier et Josiane Balasko (le couple d’aubergistes).

20 septembre 2015

Salomon et la reine de Saba (1959) de King Vidor

Titre original : « Solomon and Sheba »

Salomon et la reine de SabaFils de David, le pacifique Salomon hérite de la gouvernance de la Terre d’Israël au grand dam de son frère, le guerrier Adonias. Grand ennemi d’Israël, le pharaon d’Egypte accepte la proposition de la reine de Saba : celle-ci se propose d’aller séduire Salomon pour mieux connaitre ses faiblesses et permettre ainsi de l’anéantir… Salomon et la reine de Saba est un grand péplum qui puise son inspiration dans des évènements décrits dans la Bible. Le tournage, effectué en Espagne, fut marqué par le décès prématuré de Tyrone Power (44 ans), acteur principal et coproducteur, qui succomba à la suite d’une crise cardiaque sur le plateau. La production imposa pour le remplacer Yul Brynner qui était alors considéré comme le grand spécialiste des rôles de roi. King Vidor affirme lui-même que Brynner n’a pas compris la complexité du personnage et ses rapports avec l’acteur furent tendus. Le retournage des scènes fut donc difficile. Yul Brynner a effectivement une froideur et rigidité dans son jeu qui ne conviennent pas. Malgré cela, Salomon et la reine de Saba reste un beau spectacle, à classer parmi les grands péplums des années cinquante et soixante. Les scènes d’extérieurs et de batailles sont assez spectaculaires et la grande sensualité de Gina Lollobrigida, dans des robes particulièrement ajustées qui la mettent si bien en valeur, marque le film. On retrouve ici cet érotisme latent si particulier aux péplums. Malgré un mauvais accueil critique, Salomon et la reine de Saba connut un beau succès populaire. Ce sera le dernier long métrage de King Vidor.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yul Brynner, Gina Lollobrigida, George Sanders, Marisa Pavan, David Farrar
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Salomon et la reine de SabaMarisa Pavan (debout), Yul Brynner et Gina Lollobrigida dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaGeorge Sanders et Gina Lollobrigida dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaBelle illustration de l’érotisme latent aux limites de la permissivité de l’époque : Gina Lollobrigida dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaPhoto de la version avec Tyrone Power : Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaLa même scène telle qu’elle figure dans le film, tournée à nouveau avec Yul Brynner : Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Remarque :
* King Vidor explique dans ses mémoires qu’il a voulu refaire la célèbre scène de la barque de son Bardelys Le Magnifique (1926) : la reine et Salomon glissent en barque sous les branches d’un saule pleureur qui tombent jusqu’à toucher l’eau. Il n’a pas tout a fait réussi car la perruque de Gina Lollobrigida et la fausse barbe de Yul Brynner s’accrochaient dans les branches qui durent finalement être coupées ! (King Vidor, La Grande Parade, éditions J.C. Lattès 1981, page 236)
Il est amusant de revoir la scène en sachant cela : alors que dans le film de 1926, les branches venaient caresser langoureusement le visage des deux amants, ici ils passent leur temps à écarter les branches qui arrivent sur eux…

Salomon et la reine de SabaGina Lollobrigida et Yul Brynner dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

16 septembre 2015

L’Homme de l’Ouest (1958) de Anthony Mann

Titre original : « Man of the West »

L'homme de l'OuestRéservé et apparemment un peu gauche, Link Jones (Gary Cooper) prend le train pour la première fois de sa vie. Il doit se rendre dans une grande ville afin d’engager une institutrice pour son village. Un joueur professionnel lui présente une chanteuse de saloon. Le train est attaqué et ils sont tous trois laissés en rase campagne loin de toute civilisation. Link les conduit dans une maison où il a, dit-il, vécu jadis… L’Homme de l’Ouest est le dernier western d’Anthony Mann. Il vient donc après les « cinq grands » qu’il a tournés avec James Stewart. Mais si le film a un petit côté « fin d’époque », c’est surtout dû à son sujet : un Gary Cooper vieillissant confronté à un hors-la-loi vivant dans le passé, qui n’est plus en phase avec les évènements. Une histoire de résurgence du passé qui prend presque la forme d’une rencontre avec des fantômes dans des paysages eux-mêmes fantomatiques (1). C’est un film également très dur avec des poussées de violence brute, assez primitive. Gary Cooper, ici dans l’un de ses derniers films, impose son personnage par une indéfectible placidité. Lee J. Cobb est assez remarquable dans son personnage à la limite de la folie. L’Homme de l’Ouest est un film quelque peu déroutant mais assez intense.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Julie London, Lee J. Cobb, Arthur O’Connell, John Dehner, Royal Dano
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(1) Cette belle formule est de Jacques Lourcelles (qui place le film très haut dans le panthéon des westerns américains).

L'Homme de l'Ouest
Gary Cooper et Julie London dans L’Homme de l’Ouest de Anthony Mann

5 septembre 2015

Ordet (1955) de Carl Theodor Dreyer

Autre titre français : « La Parole »

La ParoleDans le Danemark aux alentours de 1930, le luthérien Morten Borgen exploite une vaste ferme avec ses trois fils ; l’aîné est marié, le second traverse une grave crise mystique qui le pousse à se prendre pour le Christ et le troisième désire épouser la fille du tailleur. Les pères s’opposent à cette union du fait de leurs divergences religieuses… Dès qu’il voit la pièce Ordet de Kaj Munk en 1932, Dreyer souhaite la porter à l’écran. Il n’y parvient pas et se fait « doubler » par le suédois Gustaf Molander en 1943 (1). La version qu’il en donne finalement en 1955 est à la fois plus profonde et plus stylisée avec cette belle austérité qui le caractérise. Sur le fond, le film pose la question de la foi et du rapport des hommes à Dieu (sans toutefois que la réflexion ne soit poussée très avant, la foi étant placée comme un idéal absolu) et, en s’élevant au dessus des querelles théologiques triviales,  s’oppose aux sectarismes. La forme est, une fois de plus, superbe : la mise en scène de Dreyer est rigoureuse, majoritairement en plans moyens, déroulant lentement le récit. Le climat ainsi créé est fort et prégnant. Les rares plans extérieurs sont très beaux avec tous ces joncs qui ondulent au gré des vents, comme une expression du trouble intérieur du fils illuminé.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Henrik Malberg, Birgitte Federspiel, Emil Hass Christensen, Cay Kristiansen, Preben Lerdorff Rye
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Ordet
Emil Hass Christensen, Henrik Malberg et Cay Kristiansen dans Ordet de Carl Theodor Dreyer

(1) La Parole (Ordet) de Gustaf Molander (1943) avec Victor Sjöström dans le rôle principal du patriarche.

22 août 2015

Drôle de frimousse (1957) de Stanley Donen

Titre original : « Funny Face »

Drôle de frimousseUn magazine de mode à la recherche de nouvelles tendances à lancer se rend dans une petite librairie poussiéreuse de Greenwich Village pour une séance photo. Le photographe est tout de suite attiré par la jeune vendeuse au point de vouloir en faire le top-modèle vedette du magazine. Ils vont à Paris pour des photos… Cette comédie musicale de Stanley Donen réunit un couple qui peut paraître inattendu. Le quinquagénaire Fred Astaire n’a plus toute sa souplesse mais a de beaux restes tandis que la jeune Audrey Hepburn est loin d’être une danseuse mais sautille joliment et fait montre de beaucoup de charme. Avec ce couple mal assorti, Stanley Donen parvient tout de même à faire une comédie pleine de fraîcheur. Il manie les couleurs avec une certaine élégance et montre une indéniable créativité comme en témoignent ces arrêts sur images pour symboliser les photos prises, procédé largement copié depuis. Sur le fond, le propos est léger et fait une satire aussi bien des milieux superficiels de la mode que des intellectuels présentés comme des membres d’une secte. Une bonne partie du film se déroule à Paris et la palette d’images d’Epinal sur la France est amusante.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Audrey Hepburn, Fred Astaire, Kay Thompson, Michel Auclair
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Funny Face
Audrey Hepburn dans Drôle de frimousse de Stanley Donen

Remarque :
A noter de belles (et assez rares me semble t-il) vues aériennes de Paris (quand ils arrivent par avion de New York). D’ailleurs, si quelqu’un peut m’expliquer ce que sont les grandes zones de couleur face au parvis de Notre-Dame, je lui en serais reconnaissant…

18 août 2015

Les Contes d’Hoffmann (1951) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Titre original : « The Tales of Hoffmann »

Les contes d'HoffmannDans un cabaret, Hoffman raconte à ses amis ses trois amours malheureuses passées : Olympia la poupée animée par l’artisan Coppelius qui la détruisit par cupidité, la courtisane Guilitta à Venise qui voulut lui ravir son âme et Antonia la chanteuse malade qui mourut d’avoir trop chanté, trois visages de l’Eternel Féminin… Adaptation de l’opéra-comique d’Offenbach, Les Contes d’Hoffmann de Michael Powell est bien plus qu’un opéra filmé. Il s’agit d’une belle tentative de s’affranchir de la scène avec ses limitations autant physiques (espace) et visuelles (elle n’offre au spectateur qu’un angle de vue). Après un premier essai avec une belle et longue scène dans Les Chaussons rouges trois ans plus tôt, Powell désire créer un spectacle total par des décors somptueux qui utilisent largement des trompe-l’oeil du plus bel effet et par ses angles de vue parfois audacieux. Le contenu onirique de l’oeuvre permet toutes les audaces et la mise en scène fourmille d’inventions visuelles. Les contes d’Hoffmann est la première tentative totale de métamorphose de l’opéra par le cinéma. Ayant personnellement beaucoup de mal (et c’est un doux euphémisme) à apprécier la musique d’Offenbach, je m’abstiendrai toutefois de mettre une note au film.
Elle:
Lui :

Acteurs: Moira Shearer, Ludmilla Tchérina, Ann Ayars, Pamela Brown
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Les Contes d'Hoffmann

Les Contes d'Hoffmann

Les Contes d'Hoffmann
Les contes d’Hoffmann de Michael Powell et Emeric Pressburger

 

24 juillet 2015

La Dame sans camélia (1953) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « La signora senza camelie »

La Dame sans caméliaLa jeune actrice Clara attend avec anxiété les réactions à la projection de son nouveau film. Elles sont plutôt positives. Le producteur qui l’a découverte la presse de l’épouser. Elle finit par accepter… La Dame sans camélia est le deuxième des cinq premiers longs métrages d’Antonioni, ceux que l’on appelle parfois « Antonioni avant Antonioni ». Comme pour le précédent, il s’agit d’un portrait de femme qui ne parvient pas à s’affranchir de la tutelle des hommes pour prendre son destin en main. Le milieu est cette fois celui du cinéma où la beauté de Clara, alliée à une certaine fragilité, l’enferme dans un schéma où elle restera sous l’emprise des hommes (destin qui n’est si éloigné de celui de Lucia Bosé, l’actrice qui l’interprète). Par ces aspects romanesques, La Dame sans camélia peut paraître assez conventionnel mais son traitement par Antionioni, sans atteindre la perfection formelle de ses films ultérieurs, lui donne une certaine force. Dans de très nombreuses scènes de tension, Clara est presque muette, ce sont les hommes qui gravitent autour d’elle qui se dévoilent. De plus, comme le souligne Mathias Sabourdin dans un excellent article sur le réalisateur (1), Antonioni montre de l’élégance dans sa mise en scène basée sur de longs plans accompagnant le mouvement des comédiens, où les personnages sont toujours replacés dans leur contexte.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lucia Bosé, Gino Cervi, Andrea Checchi, Ivan Desny, Alain Cuny
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La Dame sans camelia
Ivan Desny et Lucia Bosé dans La Dame sans camélia de Michelangelo Antonioni

(1) Dictionnaire du cinéma italien, ses créateurs de 1943 à nos jours, Editions du Nouveau Monde 2014.

5 juillet 2015

L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Man Who Knew Too Much »

L'homme qui en savait tropEn visite touristique au Maroc, le docteur Ben McKenna, sa femme Jo et son fils Hank font la connaissance fortuite d’un français dans un car. Le lendemain, alors qu’ils visitent les souks en compagnie d’un couple d’anglais, ils assistent à l’assassinat d’un arabe qui vient mourir dans les bras du docteur. Celui-ci reconnait alors le français de la veille qui lui glisse quelques mots à l’oreille à propos d’un attentat… Hitchcock avait déjà porté L’homme qui en savait trop à l’écran dans sa période anglaise en 1934. Beaucoup de détails changent mais le fond de l’histoire reste le même. Cette version américaine est plus policée, « plus professionnelle » dit le réalisateur, plus hollywoodienne c’est certain. Elle est peu convaincante tout d’abord : dans toute la partie marocaine, Hitchcock ne parvient pas à une bonne symbiose entre l’humour et la tension naissante, et les incrustations (transparences) grossières perturbent notre attention. De plus, le propos s’égare dans les relations de ce couple apparemment parfait (où la femme s’est, on le comprend, entièrement sacrifiée pour son mari), digressions qui n’apportent que peu. Hormis, la scène de la mort du français qui est une réussite, l’ensemble n’est pas vraiment prenant. Mais, là où le génie d’Hitchcock est ensuite manifeste, c’est dans l’utilisation de la musique, la chanson Que sera sera et surtout la tension créée lors de la séquence du concert à l’Albert Hall dont la perfection est ici encore bien plus grande que dans la version précédente : 12 minutes sans dialogue (mais avec un cri) et son célèbre coup de cymbales tant attendu. Cette séquence fait partie des plus remarquables de l’histoire du cinéma.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Doris Day, Brenda de Banzie, Bernard Miles, Daniel Gélin
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Remarques :
* Hitchcock cameo : de dos, à gauche de l’écran, lorsque Doris Day et James Stewart regardent les acrobates.

* La chanson Que sera, sera (que l’on peut trouver assez horripilante…) a été écrite par Jay Livingston et Ray Evans peu avant qu’Alfred Hitchcock ne leur demande une chanson pour le film. Elle est chantée par Doris Day elle-même qui s’est laissée convaincre de l’enregistrer ensuite. La chanson est devenue le plus gros succès de l’actrice/chanteuse. Jay Livingston a reconnu avoir lu la phrase Que sera sera dans le film de Mankiewicz La Comtesse aux pieds nus : lorsque Rossano Brazzi montre à Ava Gardner sa maison, celle-ci remarque cette inscription qui est la devise de sa famille.

* Le morceau joué à l’Albert Hall a été composé pour le film est arrangé par Bernard Hermann que l’on voit diriger l’orchestre.

* Dans ses entretiens avec Hitchcock, François Truffaut remarque (à juste titre car c’est indéniable) que le joueur de cymbales ressemble à Hitchcock. Celui-ci répond que c’est involontaire…

L'homme qui en savait trop (1956)
Le joueur de cymbales de L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.
On notera le regard-caméra (ce n’est pas une photo publicitaire, il s’agit d’une image du film) : Hitchcock peut dire ce qu’il veut, il est manifeste qu’il s’est projeté dans ce personnage… « Vous l’attendez, vous allez l’avoir votre coup de cymbales! »

L'homme qui en savait trop (1956)
Doris Day et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.
L’une des fameuses incrustations grossières d’Hitchcock. On remarquera avec amusement que les ombres ne sont même pas cohérentes : Doris Day et James Stewart reçoivent leur « soleil » de face alors que dans la scène en arrière plan, le soleil vient de la gauche
.

L'homme qui en savait trop (1956)
(de g. à d.) Bernard Miles, Christopher Olsen, Brenda de Banzie, Doris Day et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock

L'homme qui en savait trop
Daniel Gélin (au sol) et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.

24 juin 2015

Europe 51 (1952) de Roberto Rossellini

Titre original : « Europa ’51 »

Europe 51Mariée à un industriel romain, Irene est une femme mondaine et superficielle. La mort de son jeune fils, qui par manque d’amour s’est jeté dans l’escalier, va la pousser à s’ouvrir aux autres et à venir en aide à des personnes des quartiers les plus pauvres… Europa ’51 est le deuxième film de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman. Il s’agit en partie d’une parabole sur l’état du monde occidental à l’aube des années cinquante, un monde en proie à des forces contradictoires, incapable d’apporter le bonheur aux plus démunis, mais c’est aussi et surtout le parcours personnel d’une femme pour qui un drame personnel va être le déclencheur d’un éveil de conscience et l’amener vers un état proche de la sainteté. En réaction, la société qui était la sienne va la considérer atteinte de folie. Cette réflexion autour de la sainteté et de la folie rapproche l’héroïne d’Europa ’51 de grandes figures comme Jeanne d’Arc, et la fin va bien dans ce sens. La mise en scène de Rossellini est épurée, un peu austère, empreinte de néoréalisme. L’interprétation est centrée autour d’Ingrid Bergman, visiblement très inspirée par ce personnage. Elle est hélas doublée dans la version originale italienne, ce n’est que dans la version anglaise que l’on peut entendre sa voix.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ingrid Bergman, Alexander Knox, Ettore Giannini, Giulietta Masina
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Remarques :
* Roberto Rossellini s’est inspiré du parcours de la philosophe et humaniste Simone Weil (1909-1943) (ne pas confondre avec la femme politique Simone Veil).
* Dans la filmographie de Rossellini, Europa ’51 vient peu après Les onze fioretti de François d’Assise (1950), film où la sainteté tient également une grande place.
* Rappelons également que Rossellini avait perdu son jeune fils (appendicite aigüe) quelques années auparavant.

Europe 51
Ingrid Bergman (au centre) et Giulietta Masina (juste derrière elle) dans Europe 51 de Roberto Rossellini

 

2 juin 2015

Susana la perverse (1951) de Luis Buñuel

Titre original : « Susana »

Susana la perverseAprès s’être échappée par une nuit d’orage de la maison de correction où elle était enfermée, Susana arrive dans l’hacienda de Don Guadalupe. Recueillie par la maitresse de maison, sa beauté commence à faire tourner la tête des hommes… De la période mexicaine de Luis Buñuel, si Los olvidados, El ou Archibald de la Cruz sont largement connus et commentés, on parle bien plus rarement de Susana la perverse ! Il est pourtant très réussi et n’est pas un film aussi mineur que son titre français nous le fait supposer. Projet commercial conçu par le producteur Sergio Kogan pour mettre en valeur sa jeune épouse Rosita Quintana, il devient sous la direction de Luis Buñuel une attaque en règle contre les valeurs bourgeoises : la tentatrice Susana va secouer jusque dans ses fondements le petit monde parfait de cette hacienda. Le cinéaste y place également beaucoup d’humour. Et on se doute bien que le happy-end de cette histoire n’est pas la fin que Buñuel aurait choisie : il nous le montre d’ailleurs en la rendant particulièrement niaise…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Fernando Soler, Rosita Quintana, Víctor Manuel Mendoza
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Susana de Luis Bunuel
Susana a un bobo au genou… voilà qui est fort facheux !
Fernando Soler et Rosita Quintana dans Susana la perverse de Luis Buñuel

Remarques :
* IMDB le cite comme étant le remake d’un film américain d’Alexandre Korda The Squall (1929) avec Myrna Loy en tentatrice (et aussi Loretta Young et Zasu Pitts), film plutôt rare.
Les sources sont pourtant apparemment différentes : Susana est adapté d’un roman de l’espagnol Manuel Reachi alors que The Squall serait adapté d’une pièce du français Jean Bart (qui est en réalité une femme, soit-dit en passant).

* Buñuel raconte dans ses mémoires l’épisode de l’araignée : ayant peur qu’il passe un temps infini sur un plan selon lui inutile, le producteur lui avait annoncé qu’il n’avait pu trouver l’araignée demandée. Or, un accessoiriste lui montra la boite et l’araignée fit exactement ce que voulait Buñuel à la première prise : elle alla se placer juste au milieu de la croix formée au sol par l’ombre portée des barreaux de la cellule.