17 décembre 2016

Cape et poignard (1946) de Fritz Lang

Titre original : « Cloak and Dagger »

Cape et poignardVers la fin de la Seconde Guerre mondiale, un chercheur en physique nucléaire reçoit pour mission d’aller en Europe pour entrer en contact avec des physiciens que les nazis forcent à travailler pour eux. Le but est d’empêcher l’ennemi de travailler sur la bombe atomique… Cloak and Dagger était le surnom donné à l’Office of Strategic Services (OSS), agence de renseignement américaine créée en 1942 (et qui sera remplacée en 1945 par la CIA). C’est aussi le titre d’un livre-enquête paru en 1946 qui a été source d’inspiration pour le scénario de ce film (qui n’est pas vraiment basé sur des faits réels). On peut le classer parmi les films de propagande, même s’il est sorti après la fin de la guerre ; Hiroshima était alors très récent et il était nécessaire de justifier la bombe et ne pas effrayer les populations. La fin initiale que Fritz Lang avait prévue et tournée (voir ci-dessous) fut d’ailleurs escamotée par la Warner pour placer une fin plus heureuse. Cloak and Dagger apparaît en deçà des autres réalisations de Lang. Ce n’est pas tant le flagrant manque de crédibilité qui joue en sa défaveur mais plutôt son manque de cohésion. Personne ne semble à l’aise dans son rôle, à commencer par Gary Cooper. En fait, ce sont les scènes d’action (ou plus exactement de grande tension) qui sont les plus réussies, comme cette scène de lutte silencieuse dans l’entrée d’un immeuble. Dans ces moments-là, Fritz Lang montre tout son art.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Lilli Palmer, Robert Alda, Vladimir Sokoloff
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Remarques :
* Fritz Lang a raconté à Lotte Eisner que la scène finale du film constituait « un avertissement contre la nouvelle terreur représentée par les capacités destructrices de la bombe » mais qu’elle a été coupée et même détruite.
* Il semble que cette fin se déroulait ainsi :
Le chercheur italien meurt de ses blessures dans l’avion. Juste avant de mourir, il montre une photo prouvant que les nazis ont bien un centre actif de recherches en Bavière. Un commando est envoyé sur place. Jesper (Gary Cooper) les accompagne. Ils découvrent un site abandonné et supposent que le centre de recherches a été démantelé, probablement transféré mais où ? En Espagne ? En Argentine ? Ailleurs ? La scène finale montrait Gary Cooper sortant du site abandonné, observant la nature riante et déclarant : « Nous ne sommes qu’au début de l’ère atomique et que Dieu nous garde si nous pensons garder cela pour nous ou si nous croyons pouvoir mettre un terme aux guerres avec cette arme sans nous détruire nous-mêmes. »

Cloak and Dagger
Gary Cooper et Lili Palmer dans Cape et poignard de Fritz Lang.

12 novembre 2016

Lifeboat (1944) de Alfred Hitchcock

LifeboatUn navire américain sombre après avoir été attaqué par un sous-marin allemand. Une poignée de survivants se retrouvent dans une chaloupe de sauvetage. Ils recueillent un allemand, rescapé du sous-marin responsable de l’attaque… Comme on le sait, Alfred Hitchcock aime les challenges : faire un film entier dans un lieu aussi réduit qu’un canot de sauvetage était son idée. John Steinbeck lui a écrit la base de l’histoire qu’il a fait réécrire ensuite par plusieurs scénaristes. Le tournage, en studio dans un large réservoir, fut extrêmement éprouvant pour les acteurs. Hitchcock est resté très rigoureux : la caméra ne sort jamais du canot et il n’y a pas de musique. Réalisé en pleine Seconde Guerre mondiale, Lifeboat se démarque nettement des films de propagande qui ont généralement un ton triomphaliste. Le film fut très critiqué à sa sortie pour le fait qu’il montrait un allemand supérieur aux autres personnages. En fait, l’intention d’Hitchcock était d’alerter du danger que représentait un pays totalitaire, organisé et pragmatique, face à nos démocraties, divisées et indécises. Le message fut le plus souvent mal compris. Lifeboat fait partie des rares films d’Hitchcock qui perdirent de l’argent. Pourtant, il est bien unique en son genre.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tallulah Bankhead, William Bendix, Walter Slezak, Mary Anderson, John Hodiak, Henry Hull, Heather Angel, Hume Cronyn, Canada Lee
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Lifeboat
(de g. à dr.) Canada Lee, John Hodiak, Henry Hull, Tallulah Bankhead, Hume Cronyn et Mary Anderson dans Lifeboat d’Alfred Hitchcock.

Remarques :
* Liste des scénaristes ayant travaillé sur le scénario (dans l’ordre) : John Steinbeck, Jo Swerling, Alma Reville, MacKinlay Kantor, Patricia Collinge, Albert Mannheimer, Marian Spitzer, Ben Hecht (ce dernier ayant retravaillé la fin).

* Plusieurs acteurs durent être soignés pour pneumonie, Tallulah Bankhead deux fois. Hume Cronyn a failli se noyer pendant une scène de tempête. Dans une autre scène, il eut les côtes fêlées.

* Autant Hitchcock appréciait Tallulah Bankhead, autant il n’aimait guère Mary Anderson. Un jour, alors que l’actrice demandait au réalisateur quel était son meilleur profil, Hitchcock répondit imperturbablement : « Ma chère, vous être assise dessus ! »

* Ne pouvant faire sa classique apparition en tant que passant, Alfred Hitchcock eut une idée brillante pour son cameo : il apparaît sur une feuille de journal trouvé flottant, dans une publicité pour un régime amaigrissant. A noter que le réalisateur était réellement en train de suivre un régime, s’étant fixé comme but de passer de 150 kg à 100 kg. Les photos seraient, dit-on, réelles. Certains spectateurs ont écrit au studio pour demander l’adresse de la société Reduco.

Lifeboat
Alfred Hitchcock apparaît pour son traditionnel cameo, dans Lifeboat (1944). C’est pratiquement devenu son cameo le plus célèbre… William Bendix lit le journal.

Lifeboat
Walter Slezak (le rescapé allemand) et Tallulah Bankhead dans Lifeboat d’Alfred Hitchcock.

Remake :
Lifepod (TV, 1993) de Ron Silver, transposé dans l’espace au 22e siècle.

5 novembre 2016

La Rivière d’argent (1948) de Raoul Walsh

Titre original : « Silver River »

La Rivière d'argentInjustement dégradé de l’armée pendant la Guerre de Sécession, Mike McComb décide de n’obéir désormais qu’à ses propres lois et de ne laisser personne se mettre en travers de son chemin. Et l’homme a de grandes ambitions. Il monte une grande salle de jeux dans une ville minière isolée mais prospère… Silver River est le septième film de Raoul Wash avec Errol Flynn (1). Ce sera le dernier, Raoul Walsh ne supportant plus l’alcoolisme de l’acteur. Le film est souvent considéré comme mineur. Assez injustement. Ce désamour peut s’expliquer par le fait qu’il n’y ait aucun personnage qui attire vraiment la sympathie. Certes, le personnage joué par Errol Flynn inspire, pour le moins, des sentiments mitigés, mais son personnage est joliment complexe : ambitieux, opportuniste, fonceur, cynique, individualiste, séducteur, homme d’affaires avisé, il est tout cela à la fois mais, par son parcours, il colle de très près au rêve américain qui se retrouve ainsi remis en cause. Un certain malaise se distille, alimenté en outre par l’ambiguïté attirance/répulsion. Seul le personnage de l’avocat alcoolique, remarquablement interprété par Thomas Mitchell, vient atténuer l’amertume latente et apporte même une dimension lyrique à l’ensemble. Comme presque tous les films qui remettent un tant soit peu en cause le modèle de société américain, Silver River est donc un film mal-aimé. C’est pourtant un très beau film, complexe sans aucun doute, mais très riche dans son propos.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Ann Sheridan, Thomas Mitchell, Bruce Bennett
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Silver River
Errol Flynn et Ann Sheridan dans La Rivière d’argent de Raoul Walsh.

Silver River
Thomas Mitchell, Tom D’Andrea, Bruce Bennett et Errol Flynn dans La Rivière d’argent de Raoul Walsh.

(1) Les sept films de Raoul Walsh avec Errol Flynn en rôle principal :
1941 : La Charge fantastique (They Died with Their Boots On) (1941) avec Anthony Quinn
1942 : Sabotage à Berlin (Desperate Journey) avec Ronald Reagan et Nancy Coleman
1942 : Gentleman Jim (Gentleman Jim) avec Alexis Smith et Jack Carson
1943 : Du sang sur la neige (Northern Pursuit) avec Julie Bishop et Helmut Dantine
1944 : Saboteur sans gloire (Uncertain Glory) avec Paul Lukas et Lucile Watson
1944 : Aventures en Birmanie (Objective, Burma!) avec Henry Hull
1948 : La Rivière d’argent (Silver River) avec Ann Sheridan
Alors que la décennie des années trente avait été pour Flynn celle de Michael Curtiz (il a joué dans 12 films sous la direction de Curtiz entre 1935 et 1941), celle des années quarante aura été pour lui celle de Raoul Wash.

3 novembre 2016

Aventures en Birmanie (1945) de Raoul Walsh

Titre original : « Objective, Burma! »

Aventures en BirmanieEn 1943, un commando de parachutistes américains est lâché en pleine Birmanie pour aller détruire une station-radar japonaise… Objective, Burma! est sorti à chaud en janvier 1945, c’est-à-dire plusieurs mois avant la capitulation du Japon, alors que les opérations de reprise de la Birmanie aux mains des japonais étaient toujours en cours. Par certains aspects, le film de Raoul Walsh peut être qualifié de film de propagande mais il est bien plus que cela car le réalisateur montre une telle perfection à la fois dans le déroulement du scénario, dans l’acuité de la description psychologique des personnages et dans la mise en scène des images que le film est devenu un modèle du genre. Tout est idéalement dosé pour former un ensemble où la puissance du propos est remarquable : montrer la réalité de la guerre et le comportement des soldats face au danger. L’interprétation est juste et sobre, y compris celle d’Errol Flynn. Toutes ces qualités ont permis à Objective, Burma! d’être souvent qualifié, à juste titre, de film atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Henry Hull, James Brown, William Prince, George Tobias
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Objective Burma
Errol Flynn (à droite) dans Aventures en Birmanie de Raoul Walsh.

Remarques :
* Objective, Burma! a été interdit en Grande Bretagne une semaine après sa sortie. Il lui était reproché de montrer les opérations en Birmanie comme étant uniquement américaines alors qu’elles furent essentiellement britanniques. De nombreux soldats britanniques et indiens y ont laissé leur vie. Cette interdiction durera jusqu’en 1952.
On reconnait-là le travers hollywoodien de toujours attribuer tous les mérites aux Etats Unis. Il faut souligner, à la décharge de Walsh, que le tournage a eu lieu à la mi-1944, alors que l’issue était encore incertaine (les opérations alliées de 1943 ont finalement été un échec).

* Dans le même registre, on pourra être assez étonné que l’attaque de la station radar ne laisse aucun survivant ennemi. Vue la différence de nombre, c’est totalement improbable mais il était bien entendu impensable de montrer des soldats américains forcés d’exécuter les éventuels survivants.

* Le film a connu un grand succès en France quand il est sorti peu après la Libération, en novembre 1945.

* Raoul Walsh utilisera une trame assez similaire dans son film Les aventures du capitaine Wyatt (1951), l’action étant située en 1840 en Floride, l’ennemi étant les indiens Séminoles.

Objective Burma
Errol Flynn dans Aventures en Birmanie de Raoul Walsh. Dans 50 ans de cinéma américain, Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier nous font remarquer que les personnages sont souvent partiellement masqués par des feuilles ou autres éléments de nature, une façon pour Raoul Walsh de renforcer de sentiment d’emprisonnement.

1 novembre 2016

Les Trois Mousquetaires (1948) de George Sidney

Titre original : « The Three Musketeers »
Autre titre français : « D’Artagnan au service de la reine »

Les trois mousquetaires Le jeune D’Artagnan arrive de sa Gascogne natale à Paris pour s’engager dans le régiment des mousquetaires du roi Louis XIII. A peine arrivé, il provoque malgré lui trois mousquetaires en duel : Athos, Porthos et Aramis. Devenus amis, ils vont déjouer les tortueux complots de Richelieu… Souvent décrite comme étant la meilleure adaptation du roman d’Alexandre Dumas, cette version des Trois Mousquetaires n’est toutefois pas sans défaut. Dans leur volonté de privilégier la comédie, les scénaristes ont un peu perdu toute tension dramatique et le choix de garder tous les épisodes du roman pénalise le rythme : l’ensemble paraît un peu décousu. En revanche, cette version restitue à merveille l’exaltation et le panache, par ses décors et ses costumes tout d’abord, magnifiés par le Technicolor, et aussi par une interprétation brillante. Gene Kelly est un D’Artagnan bondissant et joyeux qui rappelle Douglas Fairbanks (dont Kelly était un grand admirateur lorsqu’il était enfant). Son premier duel avec Jussac est une merveille de chorégraphie. L’acteur était ravi d’interpréter ce rôle. Lana Turner incarne la belle et vénéneuse Milady avec classe et Vincent Price est un Richelieu particulièrement intriguant. Il faut aussi souligner la belle performance de Van Heflin dans le personnage complexe d’Athos. Les Trois Mousquetaires fut un très grand succès, l’un des plus grands succès de la décennie pour la M.G.M.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lana Turner, Gene Kelly, June Allyson, Van Heflin, Angela Lansbury, Frank Morgan, Vincent Price, Keenan Wynn, John Sutton, Gig Young, Robert Coote, Reginald Owen
Voir la fiche du film et la filmographie de George Sidney sur le site IMDB.

Voir les autres films de George Sidney chroniqués sur ce blog…

Les Trois Mousquetaires
D’Artagnan (Gene Kelly) succombe aux charmes de Milady de Winter (Lana Turner) dans Les trois mousquetaires de George Sidney.

Les Trois Mousquetaires
Athos (Van Heflin), D’Artagnan (Gene Kelly), Porthos (Gig Young) et Aramis (Robert Coote), unis pour être au service de la reine dans Les trois mousquetaires de George Sidney.

Remarques :
* La musique composée par Herbert Stothart est basée sur des airs de Tchaïkovsky.
* Le premier duel de D’Artagnan contre Jussac était alors le plus long duel à l’écran. Il ne sera détrôné par le long duel de Scaramouche du même George Sidney.
* Une blessure à la cheville de Gene Kelly a retardé le début du tournage et obligé George Sidney à reporter toutes les scènes d’actions en fin de production.
* En faisant une belle prestation, Gene Kelly espérait pouvoir convaincre la M.G.M. de le laisser adapter Cyrano de Bergerac en comédie musicale. A son grand dam, il n’en fut rien.
* Lana Turner a d’abord refusé le rôle car elle n’était pas la star du film. La réponse de la MGM a alors été très ferme : suspension de contrat. Il a fallu des négociations et des aménagements de scénario pour qu’un accord soit trouvé.
* Code de censure oblige, Constance Bonacieux est devenue la fille du logeur de D’Artagnan (et non sa femme)… s’éprendre d’une femme mariée n’est, il est vrai, pas très convenable (on se demande où les écrivains vont chercher tout ça!)
* Tout aussi amusant : sous la pression de la National Catholic Legion of Decency qui demandait que le personnage soit supprimé, le Cardinal Richelieu a été promu Premier Ministre (à noter que, à proprement parler,  la France n’aura pas de Premier Ministre avant 1959).
* Dans Chantons sous la pluie (Singin’ in the Rain, 1952), l’extrait du film muet en noir et blanc (The Royal Rascal) utilise des scènes des Trois Mousquetaires. On peut même entrevoir Lana Turner dans l’embrasure d’une porte, plan enchaîné avec un gros plan sur Jean Hagen.

Les Trois Mousquetaires
Milady de Winter (Lana Turner) complote pour le compte de Richelieu (Vincent Price) dans Les trois mousquetaires de George Sidney. Les costumes sont de Walter Plunkett, surtout connu pour son travail sur Autant en emporte le vent, mais sa filmographie est impressionnante.

Les Trois Mousquetaires
D’Artagnan (Gene Kelly) est prêt à en découdre dans la joie et la bonne humeur dans Les trois mousquetaires de George Sidney (en fait, on peut dire que D’Artagnan se comporte le plus souvent comme un gamin de dix ans…)

Principales adaptations au cinéma :
a) Versions de l’époque du muet :
1903: Les Mousquetaires de la reine (1903) de Georges Méliès (film perdu)
1909: I tre moschettieri de Mario Caserini (Italie, 16 mn)
1911: The Three Musketeers de J. Searle Dawley (USA, 2 x 10mn) (Edison)
1912: When Kings were the Law de D.W. Griffith (USA, 17 mn)
1912: Les trois mousquetaires de André Calmettes et Henri Pouctal (France, durée ?)
1914: The Three Musketeers de Charles V. Henkel (USA, 80 mn env.) avec Earl Talbot (film perdu?)
1916: The Three Musketeers de Charles Swickard (USA, 63 mn) avec Orrin Johnson
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’étroit mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)

b) Versions du parlant :
1932: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 246 mn) avec Aimé Simon-Girard
1935: The Three Musketeers de Rowland V. Lee (USA) avec Walter Abel
1939: The Three Musketeers de Allan Dwan (USA) avec Don Ameche (comédie)
1942: Los tres mosqueteros de Miguel M. Delgado (Mexique) (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1953: Les Trois Mousquetaires de André Hunebelle (France) avec Georges Marchal et Bourvil
1954: I cavalieri della regina de Mauro Bolognini (Italie)
1957: Les Trois Mousquetaires et demi de Gilberto Martínez Solares (Mexique)(parodie)
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France en 2 parties) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot
1973: The Three Musketeers de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch
1974: The Four Musketeers de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch
1974: Les Quatre Charlots mousquetaires de André Hunebelle (France) (parodie)
1993: The Three Musketeers de Stephen Herek (USA) avec Charlie Sheen et Chris O’Donnell
2001: The Musketeer de Peter Hyams (UK) avec Justin Chambers et Catherine Deneuve
2005: Les Trois Mousquetaires de Pierre Aknine (France) avec Vincent Elbaz et Emmanuelle Béart
2011: The Three Musketeers de Paul W.S. Anderson (USA) avec Logan Lerman, Juno Temple, Orlando Bloom et Milla Jovovich
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon avec François Civil
et d’innombrables versions TV…
… et beaucoup d’autres films d’un univers proche (suites, filiations, etc.)

Versions chroniquées sur ce blog :
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’Étroit Mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot (2 films)
1973: Les Trois Mousquetaires de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch (3 films)
1993: Les Trois Mousquetaires de Stephen Herek (USA) avec Chris O’Donnell
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon (France) avec François Civil (2 films)

14 octobre 2016

Les plus belles années de notre vie (1946) de William Wyler

Titre original : « The Best Years of Our Lives »

Les plus belles années de notre vieA la fin de Seconde Guerre mondiale, trois soldats se rencontrent dans l’avion qui les ramène chez eux. Tous trois appréhendent ce retour, pour des raisons diverses, sentant confusément qu’ils ne retrouveront pas leur vie antérieure… Adapté d’un roman de MacKinlay Kantor, The Best Years of Our Lives (Les plus belles années de notre vie) est un film en prise directe avec la réalité ; il a été tourné en 1945 alors que le retour des soldats américains était toujours en cours. Ses trois personnages vont se retrouver dans une situation de crise, qu’elle soit psychologique, sentimentale ou professionnelle quand ce n’est pas physique. Lui-même blessé de guerre, William Wyler s’est efforcé de donner beaucoup d’authenticité à son film que ce soit dans les lieux, les vêtements et les personnages ; le soldat Homer est interprété par un non-professionnel, un véritable soldat, grand blessé de guerre. La réalisation est sobre, sans effet de sur-dramatisation. En fait, le film de 2h45 forme un ensemble riche et complet, très équilibré, et se révèle particulièrement touchant, et chargé en émotions. The Best Years of Our Lives marqua fortement le public de l’époque et connut un très grand succès. Il fut récompensé par 7 Oscars.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Myrna Loy, Fredric March, Dana Andrews, Teresa Wright, Virginia Mayo, Hoagy Carmichael, Harold Russell
Voir la fiche du film et la filmographie de William Wyler sur le site IMDB.

Voir les autres films de William Wyler chroniqués sur ce blog…

The Best Years of our Lives
(De g. à d.) Harold Russell (de dos), Theresa Wright, Dana Andrews, Myrna Loy, Hoagy Carmichael (debout) et Fredric March dans Les plus belles années de notre vie de William Wyler.

8 octobre 2016

Les Amants de Vérone (1949) de André Cayatte

Les amants de VéroneSur le tournage d’une adaptation de Roméo et Juliette où ils font les doublures, Angelo, un jeune souffleur de verre à Murano, rencontre Georgia, la fille d’un ancien magistrat fasciste dont la famille déchue vit recluse dans un palais vénitien. C’est le coup de foudre. Mais Georgia a été promise par sa famille au louche Raffaele qui les soutient financièrement… André Cayatte et Jacques Prévert ont entrepris de moderniser la tragédie de Shakespeare Roméo et Juliette, un exercice assez délicat. C’est incontestablement une réussite. Comme souvent avec Prévert, les amoureux sont des innocents, victimes de la noirceur de ceux qui les entourent. L’intrigue est assez épurée ce qui lui donne de la force. Le film bénéficie d’une belle interprétation, empreinte de sincérité même si Pierre Brasseur est parfois à la limite de sur-jouer, sans jamais franchir la ligne toutefois. Mais l’élément le plus remarquable est probablement la superbe photographie d’Henri Alekan, que ce soit en intérieur ou en extérieur. Les plans sur les visages d’Anouk Aimée et de Serge Reggiani sont d’une indicible douceur. La scène du coup de foudre sur le balcon est d’une grande beauté. Les amants de Vérone a été un peu éreinté par la critique qui, au lendemain de la guerre, aspirait à autre chose que ce grand classicisme.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Serge Reggiani, Anouk Aimée, Pierre Brasseur, Louis Salou, Martine Carol, Marcel Dalio
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Voir les autres films de André Cayatte chroniqués sur ce blog…

Les amants de Vérone
Serge Reggiani et Anouk Aimée dans Les amants de Vérone de André Cayatte.

Les principales adaptations de la pièce de Shakespeare :
Romeo and Juliet de J. Gordon Edwards (1916) avec Theda Bara
Romeo und Julia im Schnee d’Ernst Lubitsch (1920) (parodie)
Roméo et Juliette (Romeo and Juliet) de George Cukor (1936)
… avec Norma Shearer et Leslie Howard
Les Amants de Vérone d’André Cayatte (1949)
… avec Anouk Aimée et Serge Reggiani
Roméo et Juliette (Romeo and Juliet) de Renato Castellani (1954)
… avec Laurence Harvey et Susan Shentall
Roméo et Juliette (Guiletta e Romeo) de Riccardo Freda (1964)
Roméo et Juliette (Romeo and Juliet) de Franco Zeffirelli (1968)
… avec Leonard Whiting et Olivia Hussey
Roméo + Juliette (Romeo + Juliet) de Baz Luhrmann (1996)
… avec Leonardo DiCaprio et Claire Danes
Tromeo and Juliet de Lloyd Kaufman (1996) avec Jane Jensen et Will Keenan
Romeo and Juliet de Carlo Carlei (2013) avec Douglas Booth et Hailee Steinfeld

23 septembre 2016

Le Chevalier mystérieux (1948) de Riccardo Freda

Titre original : « Il cavaliere misterioso »

Le Chevalier mystérieuxBien qu’il y soit hors-la-loi, Giacomo Casanova est de retour à Venise pour aider son frère Antonio, accusé d’avoir volé des documents à la dogaresse (l’épouse du doge). Il découvre que ces papiers ont en fait été dérobés par une société secrète, agissant pour le compte de l’impératrice Catherine II de Russie, laquelle voudrait exercer une emprise sur la ville… Le Chevalier mystérieux est librement inspiré des Mémoires de Casanova. Sous la plume de Riccardo Freda, Mario Monicelli et Steno, l’intriguant séducteur est essentiellement un aventurier-espion aux desseins nobles. Si l’aventure prime, il y a un bon équilibre entre divers genres qui rend le film étonnamment complet. Riccardo Freda fait preuve d’une grande maîtrise dans la mise en scène, y compris dans les scènes d’action qui sont très enlevées. C’est là le premier grand rôle pour le jeune Vittorio Gassman qui montre une belle présence à l’écran (1). Avec Le Chevalier mystérieux, Riccardo Freda signe un film populaire de très bonne facture. Il est, bien entendu, en décalage total avec le mouvement néoréaliste qui enthousiasmait alors les cinéphiles, ce qui lui a valu d’être un peu méprisé. Il mérite mieux que cela.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, María Mercader, Yvonne Sanson, Gianna Maria Canale
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Voir les autres films de Riccardo Freda chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Riccardo Freda

Le Chevalier mystérieux
Vittorio Gassman et María Mercader dans Le Chevalier mystérieux de Riccardo Freda.

(1) L’acteur dira plus tard que c’est le seul film qu’il regrettait de sa carrière… Franchement, on ne voit pas bien pourquoi.

11 septembre 2016

Possédée (1947) de Curtis Bernhardt

Titre original : « Possessed »

PossédéeUne femme erre dans les rues de Los Angeles à la recherche d’un certain David. Emmenée dans un hôpital psychiatrique, elle raconte peu à peu son passé aux docteurs qui la soignent. Tout a commencé par un amour très fort pour un jeune ingénieur… Tourné aux Etats Unis par le réalisateur d’origine allemande Curtis Bernhardt, Possessed s’inscrit pleinement dans la vogue des films psychiatriques de la seconde moitié des années quarante. Joan Crawford s’est longuement préparé pour le rôle, visitant des hôpitaux psychiatriques, observant les pensionnaires et parlant du script avec les docteurs ; le résultat est une interprétation très forte où sa schizophrénie est palpable, elle paraît même presque possédée, ce qui justifie le titre. Submergée par l’intensité de ses sentiments, son personnage en vient à ne plus distinguer le réel de son imaginaire. C’est dans ce type de rôle que l’on se rend compte à quel point Joan Crawford est bien à classer parmi les plus grandes actrices. Le film, lui, est souvent classé dans les films noirs, du fait de son atmosphère et de son apparence. Curtis Bernhardt travaille beaucoup ses éclairages, dans un esprit proche de l’expressionnisme aurait-on envie de dire pour évoquer ses origines allemandes. Le résultat est assez puissant. La mise en scène est maitrisée de bout en bout. Possessed est un film assez remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, Van Heflin, Raymond Massey, Geraldine Brooks, Stanley Ridges
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Voir les autres films de Curtis Bernhardt chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Joan Crawford (déjà oscarisée pour Mildred Pierce en 1946) a manqué de peu de recevoir un second Oscar pour ce rôle.

Homonyme :
Joan Crawford a joué dans deux films ayant pour titre Possessed, le premier étant :
Fascination (Possessed) de Clarence Brown (1931) avec Joan Crawford et Clark Gable, un drame romantique.

Possessed
Joan Crawford dans Possédée de Curtis Bernhardt (à l’arrière-plan : Raymond Massey et Van Heflin).

25 juillet 2016

Le Capitaine Fracasse (1943) de Abel Gance

Le Capitaine FracasseSous Louis XIII, le désargenté baron de Sigognac vit très pauvrement dans son château poussiéreux. Par une nuit d’orage, il héberge une troupe de comédien et tombe amoureux de la belle Isabelle. Au matin, il décide de partir avec eux sans savoir qu’il va rapidement être amené à la protéger de divers dangers… Librement adapté du roman homonyme de Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse est un projet assez ambitieux d’Abel Gance qui fit des essais de pictographe (voir ci-dessous) sur le tournage pour créer des décors de grande taille. Si le soin dans la mise en scène est évident, ce sont hélas les défauts qui monopolisent notre attention, tout particulièrement le jeu outré des comédiens, une certaine lourdeur dans la démonstration et la voix insupportable de Vina Bovy, cantatrice de l’Opéra. La scène la plus marquante est celle d’un duel dans le cimetière de Poitiers avec un dialogue en vers à la manière d’Edmond Rostand. La version initialement montée par Abel Gance durait trois heures, ce sont les producteurs qui la réduisirent de moitié. Malgré le succès public de ce Capitaine Fracasse, Abel Gance ne tournera plus un film avant une dizaine d’années.
Elle:
Lui : 2 étoiles (25/07/2016)3 étoiles (8/2/2024)

Acteurs: Fernand Gravey, Assia Noris, Jean Weber, Roland Toutain, Alice Tissot
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Voir les autres films de Abel Gance chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Abel Gance

Remarques :
* Le pictographe est un procédé mis au point en 1937 par Pierre Angénieux, Abel Gance et Roger Hubert permettant d’obtenir à la fois l’image nette d’un décor situé à distance et celle d’un élément de taille réduite situé très près. C’est un système à lentille fractionnée, les lentilles pouvant être faites sur mesure selon le partage désiré (dérivés ultérieurs : pictoscope, magigraphe, électronigraphe, …) Cela permet par exemple d’utiliser une petite maquette et de l’inclure dans un décor naturel.
* Le jeune Jacques François (22 ans) est ici dans son deuxième rôle à l’écran.

Principales autres versions :
Le Capitaine Fracasse de Alberto Cavalcanti (1929) avec Pierre Blanchar et Charles Boyer
Le Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard-Huit (1961) avec Jean Marais (la plus connue)
Le Voyage du Capitaine Fracasse (Il viaggio di Capitan Fracassa) de Ettore Scola (1990) avec Vincent Perez.

Le Capitaine Fracasse
Fernand Gravey et Assia Noris dans Le Capitaine Fracasse de Abel Gance.

« Excusez-moi, noble châtelain,
si je viens frapper moi-même à la poterne de votre forteresse,
sans me faire précéder d’un page sonnant de l’olifant. »