8 novembre 2021

Pension d’artistes (1937) de Gregory La Cava

Titre original : « Stage Door »

Pension d'artistes (Stage Door)A New York, une quinzaine de jeunes actrices habitent dans une pension un peu miteuse. Toutes attendent de se faire remarquer par un producteur de Broadway. C’est là que décide d’habiter Terry Randall qui souhaite démarrer une carrière d’actrice. La jeune femme a des manières plus sophistiquées que les autres pensionnaires mais se trouve dans la même situation qu’elles…
Pension d’artistes est une comédie américaine réalisée par Gregory La Cava. Il s’agit de l’adaptation d’une pièce à succès homonyme mais des ré-écritures successives ont rendu le film très éloigné de son modèle. Le réalisateur en a fait bien plus qu’une comédie car le récit donne une idée assez précise de la situation des aspirantes-actrices de cette époque. Pour mieux coller à la réalité, La Cava avait envoyé une assistante dans un foyer d’actrices à Hollywood prendre en note leurs conversations (1). Pour ne pas céder au découragement et à l’apitoiement, les jeunes femmes manient avec grande vivacité l’ironie vacharde. Les petites piques et réparties d’humour s’enchaînent à une vitesse phénoménale (à tel point que les sous-titres n’arrivent pas toujours à suivre). C’est vraiment étonnant. La caméra est elle-même très vive pour renforcer l’impression de polyphonie. C’est un film plus complexe qu’il ne paraît car La Cava mêle habilement le mélodrame et le burlesque. En outre, il témoigne des avances que devaient subir les actrices débutantes de la part d’hommes abusant de leur position. Le film fut bien reçu à sa sortie ; assez remarqué, il connut un succès modéré.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Katharine Hepburn, Ginger Rogers, Adolphe Menjou, Gail Patrick, Andrea Leeds, Lucille Ball, Eve Arden, Ann Miller
Voir la fiche du film et la filmographie de Gregory La Cava sur le site IMDB.

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(1) L’assistante se faisait passer pour une actrice désillusionnée qui apprenait la sténo dans le but de se reconvertir. Sous le prétexte d’entrainement, elle pouvait ainsi noter toutes les conversations sans éveiller les soupçons.

Pension d'artistes (Stage Door)Katharine Hepburn et Ginger Rogers dans Pension d’artistes (Stage Door) de Gregory La Cava.

Remarque :
* On remarquera la présence de plusieurs actrices en début de carrière : Eve Arden, Ann Miller, Lucille Ball, …
* Aussi incroyable que cela puisse paraître (ne serait-ce qu’au vu de sa grande taille), Ann Miller n’avait que 14 ans au moment du tournage ; elle avait d’ailleurs menti sur son âge pour obtenir le rôle et fourni un faux certificat de naissance. Lorsqu’elle danse avec Ginger Rodgers, il est impossible de deviner que 12 ans d’âge séparent les deux actrices.

Pension d'artistes (Stage Door)Ann Miller, Ginger Rogers et Lucille Ball dans Pension d’artistes (Stage Door) de Gregory La Cava.

30 octobre 2021

The Beatles: Eight Days a Week (2016) de Ron Howard

Titre original : « The Beatles: Eight Days a Week – The Touring Years »

The Beatles: Eight Days a Week (The Beatles: Eight Days a Week - The Touring Years)Ce documentaire présente les tournées des Beatles de 1962 jusqu’à leur ultime concert à San Francisco en 1966 pour se terminer avec un aperçu du « concert sur le toit » de 1969. Ce ne sont pas des concerts filmés (très peu de morceaux sont montrés en entier) mais plutôt le récit des conditions rocambolesques de ces tournées et de l’impact sur la société de l’époque. Le film raconte aussi les séjours en studio entre ces tournées avec des images tirées des archives personnelles des membres du groupe et d’Apple. Tout l’intérêt de ce documentaire est d’être constitué d’images inédites d’origines multiples patiemment rassemblées par Matthew White, vice président des archives de National Geographic. Malgré la disparité de la qualité des images, l’ensemble est suffisamment homogène visuellement. Le son a été restauré par Giles Martin, le fils de George Martin. Le montage est remarquable. Le film témoigne bien de la ferveur et de la frénésie que le groupe a suscitée, du sentiment de liberté mêlée d’une agréable insouciance qu’il provoquait sur toute une génération. Un petit plaisir pour les amateurs. Le film a connu un succès inattendu à sa sortie en 2016.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Lennon, George Harrison, Paul McCartney, Ringo Starr
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The Beatles: Eight Days a Week (The Beatles: Eight Days a Week - The Touring Years)The Beatles dans The Beatles: Eight Days a Week (The Beatles: Eight Days a Week – The Touring Years) de Ron Howard.

The Beatles: Eight Days a Week (The Beatles: Eight Days a Week - The Touring Years)The Beatles dans The Beatles: Eight Days a Week (The Beatles: Eight Days a Week – The Touring Years) de Ron Howard.
Au premier plan : Brian Epstein.

29 octobre 2021

L’Homme à l’affût (1952) de Edward Dmytryk

Titre original : « The Sniper »

L'homme à l'affût (The Sniper)Eddie Miller est chauffeur-livreur à San Francisco. Malhabile avec les femmes, il vit comme un solitaire. Il est parfois pris de violentes pulsions pendant lesquelles, avec son fusil à lunette, il tue des femmes au hasard. La police est plutôt désemparée face à ses crimes dont elle ne parvient pas à comprendre les mobiles…
The Sniper marque le retour d’Edward Dmytryk à Hollywood après un exil en Angleterre et un séjour en prison, accusé d’avoir été membre du Parti Communiste pendant un an. C’est le producteur Stanley Kramer qui le fait travailler de nouveau. Dans ce film, il dirige Adolphe Menjou, connu pour être l’un des acteurs les plus anti-communistes qui soient, un maccarthyste convaincu ! Le film est (pour l’époque) assez original car il dépeint un tueur en série, non pas comme un incontrôlable psychopathe, mais comme un malade devant être soigné. La police est assistée d’un psychiatre qui nous livre à deux reprises un plaidoyer pour l’internement de ces tueurs en série dès leur premier méfait (mais les politiques font la sourde oreille). Pour bien appuyer le propos, le tueur n’aspire ici qu’à une chose : être interné et soigné (ce qui ne manque pas de paraître quelque peu idéaliste). La réalisation est de bonne tenue pour un film à petit budget. Le suspense fonctionne plutôt bien dans la seconde moitié. La photographie est assez réussie et la topographie de San Francisco bien utilisée (avec ses rues en pente et ses pittoresques bay windows). Arthur Franz tient bien son rôle tandis qu’Adolphe Menjou (sans sa légendaire moustache) est un peu terne. Marie Windsor, l’actrice que l’on a surnommée la « reine des séries B », fait une courte mais assez forte apparition.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Adolphe Menjou, Arthur Franz, Gerald Mohr, Marie Windsor, Frank Faylen, Richard Kiley
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L'homme à l'affût (The Sniper)Arthur Franz dans L’homme à l’affût (The Sniper) de Edward Dmytryk.

L'homme à l'affût (The Sniper)Adolphe Menjou (sans moustache) dans L’homme à l’affût (The Sniper) de Edward Dmytryk.

25 octobre 2021

Livre/DVD : Pandora (1951) de Albert Lewin

Titre original : « Pandora and the Flying Dutchman »

Pandora (Pandora and the Flying Dutchman)A mes yeux, Pandora est l’un des plus beaux films qui soient. Il fait partie des films que j’emporterais sur une île déserte. Filmée par l’esthète Albert Lewin, cette variation de la légende du Hollandais volant a des accents poétiques et surréalistes, la photographie est magnifique et Ava Gardner y apparaît comme une véritable déesse. Le film forme un ensemble sophistiqué, magique et envoutant. « Un rêve étrange et merveilleux » selon Martin Scorsese. C’est tout à fait cela… (Lire notre précédente présentation de Pandora)

Qu’il soit de nouveau disponible dans une version restaurée 4K en coffret est donc une excellente nouvelle. Cette restauration de 2019 rehausse les magnifiques couleurs (y compris et surtout dans les scènes de nuit) et, de manière plus générale, restitue toute la beauté des plans. Les suppléments ne sont pas très nombreux : une  présentation du film et une interview du directeur de la photographie Jack Cardiff, réalisée en 2000 ou 2001.

Le livre de 160 pages qui accompagne le film est signé Patrick Brion (auteur d’une monographie sur Albert Lewin, parue en 2002, aujourd’hui introuvable). Petite biographie et récit des conditions de production sont complétés par des extraits des autobiographies d’Ava Gardner et James Mason. Le panorama des critiques qui clôt l’ouvrage est amusant car le film a en effet été très mal reçu par la critique française de l’époque. Il faut attendre les années 80 pour lire des critiques positives. Le livre comportera 30 (ou 50 ?) photos dont je ne peux commenter l’intérêt (je n’ai eu accès qu’au contenu du livre sans les photos). Parution : 27 octobre 2021.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Voir le coffret sur Livres-cinema.info
Voir les livres sur Albert Lewin
Voir l’autobiographie d’Ava Gardner
Voir l’autobiographie de James Mason… (non traduit)

Pandora (Pandora and the Flying Dutchman)Ava Gardner dans Pandora (Pandora and the Flying Dutchman) de Albert Lewin.

Pandora (Pandora and the Flying Dutchman)James Mason et Ava Gardner dans Pandora (Pandora and the Flying Dutchman) de Albert Lewin.

25 octobre 2021

BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan (2018) de Spike Lee

Titre original : « BlacKkKlansman »

BlacKkKlansman1978. Dans la ville de Colorado Springs, le jeune Ron Stallworth, premier policier afro-américain de la police locale, répond à une annonce de recrutement pour le Ku Klux Klan. Il va réussir a être intégré, conversant beaucoup par téléphone, un autre policier blanc prenant sa place lorsqu’une présence physique est nécessaire…
Aussi incroyable qu’elle puisse paraître, l’histoire de BlacKkKlansman est inspirée d’une histoire vraie. Spike Lee l’a pimentée quelque peu en ajoutant une partie romance (le personnage de la jeune étudiante noire est fictif). Son film est intelligemment équilibré, même s’il semble appuyer un peu trop fort parfois et paraît alors un peu maladroit. Ses suprématistes blancs sont très typés, leur stupidité fait souvent sourire nous faisant osciller entre rire et consternation. Le rire n’est toutefois plus là en fin de film, lorsque le réalisateur relie son récit à l’actualité récente.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John David Washington, Adam Driver, Laura Harrier, Alec Baldwin
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Remarques :
* Dans la réalité, l’opération a duré neuf mois. Elle est ensuite restée secrète. Ron Stallworth ne l’a dévoilée qu’après avoir pris sa retraite en 2005. Il a révélé que l’enquête avait démontré que plusieurs membres du Klan étaient des membres des forces armées américaines en activité, y compris deux membres du NORAD, organisation qui contrôlait le déclenchement des armes nucléaires.
* Dans la réalité, le policier blanc n’a pas eu besoin d’apprendre à calquer sa voix sur celle de Ron Stallworth. Celui-ci raconte en effet que les membres du Klan n’ont jamais remarqué la différence de timbre entre la voix au téléphone et la voix entendue lors des présences physiques de l’alter ego.
* Le film commence par un extrait de Autant en emporte le vent, montrant les ravages de la guerre de Sécession durant le siège d’Atlanta. L’exposé des théories racistes qui suit est sur un fond d’images de Naissance d’une Nation de D.W. Griffith (1915), le même film que regardent plus tard les membres du KKK lors de leur réunion.

BlacKkKlansmanAdam Driver et John David Washington dans BlacKkKlansman de Spike Lee.

14 octobre 2021

Les Ruelles du malheur (1949) de Nicholas Ray

Titre original : « Knock on Any Door »

Les ruelles du malheur (Knock on Any Door)L’avocat Andrew Morton accepte de défendre le jeune Nick Romano accusé d’avoir tué un policier à la suite d’un petit hold-up qui a mal tourné. Il connait le garçon depuis plusieurs années et, comme lui, il vient d’un quartier pauvre. Nick nie avoir tué et il a un alibi…
Adapté du best-seller homonyme de Willard Motley, Knock on Any Door est le deuxième film réalisé par Nicholas Ray. Il est produit par la compagnie de production d’Humphrey Bogart créée pour l’occasion, Santana Productions. Le propos du film est de montrer le poids des origines sociales dans le développement de la délinquance, de dénoncer la brutalité de certaines maisons de correction,  il accuse la société de fabriquer des criminels ; c’est également un plaidoyer contre la peine de mort. Le récit principal est celui du procès mais il est émaillé de nombreux et longs flashbacks. La mise en scène de Nicholas Ray est précise. Le rôle du délinquant, qui devait être tenu par Marlon Brando, a finalement échu au jeune John Derek qui montre une belle présence. Mais le pivot central est bien entendu Humphrey Bogart qui incarne cet avocat humaniste avec brio et son discours final fait partie des plus célèbres séquences de plaidoirie. Du fait son propos engagé et marqué à gauche, le film fut plutôt assez mal reçu par la critique et le public.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, John Derek, George Macready, Barry Kelley
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Remarque :
* Dans la scène du restaurant, le pianiste est interprété par Dooley Wilson (le pianiste de Casablanca).
* On raconte que, lorsqu’il apprit qu’Humphrey Bogart avait créé sa propre société de production, Jack L. Warner, le patron de Warner Bros, est entré dans une colère noire car il craignait que d’autres acteurs-stars l’imitent, réduisant ainsi le pouvoir des grands studios et leurs contrôles sur les productions (c’est exactement ce qui arriva).

Les ruelles du malheur (Knock on Any Door)Humphrey Bogart et John Derek dans Les ruelles du malheur (Knock on Any Door) de Nicholas Ray.

Les ruelles du malheur (Knock on Any Door)George Macready, Humphrey Bogart, Barry Kelley et John Derek et dans Les ruelles du malheur (Knock on Any Door) de Nicholas Ray.

Les ruelles du malheur (Knock on Any Door)Humphrey Bogart et John Derek,
photo publicitaire pour Les ruelles du malheur (Knock on Any Door) de Nicholas Ray.

On peut remarquer les photos de bateaux et de mer qui ornent les murs du bureau de l’avocat. Rappelons que Humphrey Bogart avait un superbe voilier de course de 55 pieds (16m50) nommé… Santana. Le voilier est toujours pimpant, il est aujourd’hui la propriété de Wendy Schmidt, la femme du patron de Google Eric Schmidt. (lire…)

13 octobre 2021

Retour à Zombieland (2019) de Ruben Fleischer

Titre original : « Zombieland: Double Tap »

Retour à Zombieland (Zombieland: Double Tap)Dix ans après les évènements du film précédent, Tallahassee, Columbus, Wichita et Little Rock font toujours équipe dans un monde où la plupart des humains ont été transformés en zombies. Les quatre compères s’installent dans la Maison Blanche désertée. Mais Little Rock, devenue jeune adulte, a des envies d’ailleurs et quitte le groupe en dépit du danger…
Fait inhabituel dans le cinéma hollywoodien, la suite du film à succès Bienvenue à Zombieland a attendu dix ans pour voir le jour. C’est principalement l’écriture du scénario qui a retardé le projet. Pourtant Retour à Zombieland ne montre pas de grandes nouveautés par rapport à son prédécesseur : les même recettes sont utilisées, à savoir placer une comédie dans un univers parodique des films d’horreur. On retrouve également les mêmes acteurs. L’humour fonctionne bien même s’il repose essentiellement sur le personnage de Colombus (Jesse Eisenberg) dont le caractère méthodique et posé est tout en contraste avec celui des autres personnages et avec le danger permanent. Bons dialogues. Les zombies et scènes d’action ne sont finalement pas trop présents et l’ensemble est amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Woody Harrelson, Jesse Eisenberg, Emma Stone, Abigail Breslin, Zoey Deutch, Avan Jogia, Rosario Dawson, Luke Wilson
Voir la fiche du film et la filmographie de Ruben Fleischer sur le site IMDB.
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Jesse Eisenberg et Woody Harrelson dans Retour à Zombieland (Zombieland: Double Tap) de Ruben Fleischer.

20 septembre 2021

Donnie Darko (2001) de Richard Kelly

Donnie DarkoDonald « Donnie » Darko est un adolescent intelligent, bien que perturbé émotionnellement et pris en charge par un psychiatre. Une nuit, le réacteur d’un avion de ligne s’écrase dans sa chambre. Donnie échappe à la mort en obéissant à une voix dans sa tête qui lui avait ordonné de quitter sa chambre peu avant la catastrophe. La voix est celle de Frank, un ami imaginaire qui ressemble à un lapin humanoïde. Il lui prédit que la fin du monde interviendra dans 28 jours, 6 heures, 42 minutes et 12 secondes…
Donnie Darko est un film américain fantastique écrit et réalisé par Richard Kelly. Le réalisateur est alors âgé de 26 ans, il s’agit de son premier long métrage. Le scénario est assez complexe, délicat à appréhender à la première vision. Pour le comprendre pleinement, il faut repenser à tout son déroulement un fois le mot « Fin » apparu et s’aider des explications que le réalisateur a données (1). Celui-ci a indéniablement une façon particulière d’utiliser les paradoxes du voyage dans le temps. Il sait aussi mettre en scène les questionnements de l’adolescent et plus particulièrement le sentiment d’être étranger au monde. Jake Gyllenhaal exprime à merveille tous ces tourments. Richard Kelly a une approche séduisante, l’ensemble est très fluide et surtout très prenant. Une réussite.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jake Gyllenhaal, Holmes Osborne, Maggie Gyllenhaal, Mary McDonnell, Patrick Swayze, Drew Barrymore
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(1) On trouve un bon résumé des explications du réalisateur sur la page Wikipédia sur Donnie Darko

Donnie DarkoJake Gyllenhaal et Jena Malone dans Donnie Darko de Richard Kelly.

19 septembre 2021

Still Alice (2014) de Richard Glatzer et Wash Westmoreland

Still AliceAprès avoir oublié un mot lors d’une conférence et s’être perdue pendant un jogging sur le campus, Alice Howland, professeure de linguistique à l’Université de Columbia, consulte un spécialiste qui lui diagnostique un début de maladie d’Alzheimer congénitale…
Still Alice est l’adaptation du roman homonyme de Lisa Genova, neuroscientifique américaine. Initialement publié à compte d’auteur, le livre est devenu un best-seller traduit en 37 langues. Comme le roman, le récit du film est raconté du seul point de vue d’Alice, les autres personnages (maris et enfants) ne sont qu’esquissés, n’apparaissant que lors d’une interaction avec elle. Le ton est celui de la compassion face à cette vaine lutte pour rester elle-même, mais sans sombrer dans le pathos. On peut même parler de sobriété, Julianne Moore n’étant pas étrangère à ce résultat car elle n’est jamais démonstrative dans son jeu. Elle paraît même très froide, trop sans doute. La prestation des autres acteurs est loin d’être remarquable mais il faut reconnaitre qu’ils n’ont guère de place pour exprimer leur talent. C’est un film dont il est difficile de dire du mal du fait de son sujet mais on imagine aisément que le roman devait être beaucoup plus fort.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Julianne Moore, Kate Bosworth, Alec Baldwin, Kristen Stewart
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Remarques :
* Richard Glatzer, co-réalisateur de Still Alice, est décédé le 12 mars 2015. Il était atteint de SLA (Sclérose latérale amyotrophique). Ne pouvant pas parler, il a ainsi utilisé un Ipad durant le tournage pour communiquer avec les acteurs et l’équipe du film.
* Julianne Moore a reçu l’Oscar 2015 de la meilleure actrice pour ce film. De multiples autres récompenses ont suivi.

 Still AliceAlec Baldwin et Julianne Moore dans Still Alice de Richard Glatzer & Wash Westmoreland.

18 septembre 2021

Le Cid (1961) de Anthony Mann

Titre original : « El Cid »

Le Cid (El Cid)XIe siècle. Menacée d’invasion par les Maures, l’Espagne est en proie à des luttes internes pour le pouvoir. C’est dans ce contexte qu’un homme, Rodrigue Diaz de Bivar, va être considéré comme le grand héros sur terre et surnommé Le Cid Campeador…
Le Cid  est un film italo-américain d’épopée historique réalisé par Anthony Mann et produit par Samuel Bronston, spécialiste de films à grand spectacle généralement tournés en Espagne. Précisons d’emblée qu’il ne s’agit pas d’une adaptation de la pièce homonyme de Corneille. Le scénario a été écrit pour le film en s’inspirant de la vie de ce mercenaire espagnol et de la légende qui s’est développé autour. Le film est impressionnant par l’ampleur de ses scènes d’action : 7 000 figurants, 10 000 costumes, 35 bateaux, 50 machines de guerre. Il est en revanche un peu décevant, surtout de la part d’un réalisateur tel qu’Anthony Mann, que les personnages ne soient pas mieux développés. Côté acteurs, Charlton Heston montre une belle présence mais les scènes avec Sophia Loren ne tiennent pas leurs promesses, elles sont étonnamment froides. Les deux acteurs ne se sont pas bien entendus durant le tournage, Charlton Heston ayant mal supporté que l’actrice soit mieux payée que lui (1). Le Cid est donc avant tout un grand spectacle, il ne faut pas en attendre plus. Sur ce plan, il est impressionnant et mémorable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Sophia Loren, Raf Vallone, Geneviève Page, John Fraser
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Remarque :
* Les scènes de l’attaque de la cité de Valence ont été tournées à Peniscola, ville située environ 50 kilomètres au nord de Valence.

(1) Charton Heston a déclaré plus tard regretter de s’être mal comporté vis-à-vis de Sophia Loren.

Le Cid (El Cid)Le Cid (El Cid) de Anthony Mann.

Le Cid (El Cid)Sophia Loren et Raf Vallone dans Le Cid (El Cid) de Anthony Mann.

Le Cid (El Cid)Charlton Heston dans Le Cid (El Cid) de Anthony Mann.