13 octobre 2018

L’aigle s’est envolé (1976) de John Sturges

Titre original : « The Eagle Has Landed »

L'aigle s'est envoléL’enlèvement de Mussolini de sa prison en 1943 donne l’idée à Adolf Hitler d’enlever Winston Churchill. Il demande qu’une telle opération soit mise sur pied. Un voyage du premier ministre anglais sur la côte est anglaise offre une opportunité…
L’aigle s’est envolé (The Eagle Has Landed) est adapté d’un roman (entièrement fictionnel) de l’anglais Jack Higgins. La production est anglaise mais c’est l’américain John Sturges, grand faiseur de westerns, qui a été choisi pour le diriger. Il n’est pas certain qu’il se soit beaucoup impliqué dans le projet (1). Ce sera son ultime long métrage. Les ingrédients de l’intrigue sont très classiques mais le déroulement est efficace, le montage imprimant un rythme assez soutenu à l’ensemble. On peine toutefois à croire à ce commando plutôt original et quelques aspects restent confus, notamment l’interaction avec l’IRA. En fait, le registre est surtout celui du divertissement. Le film connut un grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Caine, Donald Sutherland, Robert Duvall, Jenny Agutter, Donald Pleasence, Anthony Quayle
Voir la fiche du film et la filmographie de John Sturges sur le site IMDB.

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Remarques :
* L’adaptation est signée Tom Mankiewicz, le fils du réalisateur Joseph L. Mankiewicz.
* The Eagle Has Landed fut la première phrase prononcée depuis la lune en 1969 (donc antérieure au roman, paru en 1975).

(1) Dans son autobiographie, Michael Caine rapporte les paroles du producteur Jack S. Wiener affirmant que  John Sturges n’était pas revenu pour participer au montage, ni à la post-production. De son coté, Tom Mankiewicz a déclaré que Sturges ne s’était pas impliqué et que c’est la monteuse Anne V. Coates qui a sauvé le film.

The Eagle has landed
Michael Caine, Sven-Bertil Taube, Robert Duvall et Donald Sutherland dans L’aigle s’est envolé de John Sturges.

28 septembre 2018

Passage pour Marseille (1944) de Michael Curtiz

Titre original : « Passage to Marseille »
Autre titre (Belgique) : « Cap sur Marseille »

Passage pour MarseillePendant la Seconde Guerre mondiale, le capitaine Freycinet raconte l’histoire de Jean Matrac à un correspondant de guerre venu faire un article sur les bases aériennes françaises en Angleterre. Tout a commencé lorsqu’un bateau faisant route de Panama vers Marseille a recueilli un petit groupe de naufragés…
Après le succès inattendu de Casablanca, la tentation fut grande pour la Warner de chercher à dupliquer cette réussite : même réalisateur, mêmes acteurs principaux, seule Michèle Morgan remplace Ingrid Bergman (1). Une nouvelle fois, il s’agit de mettre en avant la ferveur patriotique de personnes « ordinaires ». La mise en évidence de la volonté des français à résister à l’invasion allemande permettait en outre de préparer l’opinion américaine au Débarquement (le film est sorti au début de l’année 1944). Sur le plan du scénario, Passage to Marseille est l’un des rares films à utiliser trois niveaux de flashbacks (flashback dans un flashback, lui-même dans un flashback) et le faible succès du film est parfois attribué à cette construction jugée trop complexe. Il faut certainement plutôt accuser son scénario, souvent trop faible, reposant sur des clichés et le manque de conviction d’Humphrey Bogart qui traversait alors une période difficile (2). Les séquences les plus réussies sont celles se déroulant en Guyane. Par rapport à Casablanca, La romance, très en retrait, s’intègre moins bien dans l’ensemble, Michèle Morgan n’ayant qu’un rôle vraiment très réduit.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Claude Rains, Michèle Morgan, Sydney Greenstreet, Peter Lorre, Victor Francen
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(1) Michèle Morgan avait toutefois été pressentie pour Casablanca, avant Ingrid Bergman.
(2) Le troisième mariage d’Humphrey Bogart avec l’actrice Mayo Methot se termina en bataille rangée.

Passage to Merseille
Peter Lorre, Helmut Dantine, Humphrey Bogart et George Tobias dans Passage pour Marseille de Michael Curtiz.

Passage to Marseille
Humphrey Bogart et Michèle Morgan dans Passage pour Marseille de Michael Curtiz.

6 juillet 2018

Fièvre sur Anatahan (1953) de Josef von Sternberg

Titre original : « Anatahan »
Titre international : « The Saga of Anatahan »

Fièvre sur AnatahanEn juin 1944, un groupe de soldats japonais se retrouvent sur une île isolée du Pacifique après la destruction de leur navire par un avion ennemi. L’île n’est habitée que par un japonais et une jeune femme qui, eux aussi, y ont trouvé refuge. Coupés du reste du monde, ils vont y rester sept ans, ignorant que la guerre est terminée…
Fièvre sur Anatahan est le dernier film (1) du grand réalisateur Josef von Sternberg basé sur un épisode authentique et resté célèbre de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il l’a réalisé au Japon avec une liberté totale dans un immense hangar où il a reconstitué la jungle de l’île. La forme qu’il a choisie est minimaliste, épurée de tous artifices : une voix off (Josef von Sternberg lui-même) qui raconte les évènements et explique le contenu des dialogues japonais qui restent non traduits. Les interprètes sont tous étrangers au cinéma, certains viennent du kabuki et ce jeu particulier contribue à donner un petit caractère d’étrangeté au film. Comme on peut s’y attendre avec Josef von Sternberg, les lumières sont assez belles mais, là aussi, sans esbroufe. Sur le fond, le réalisateur profite de cette situation si particulière pour sonder la nature profonde de l’homme et explore essentiellement la notion de pouvoir sous ses différentes formes. Le film n’eut hélas que peu de succès, au Japon comme dans le reste du monde.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Akemi Negishi, Tadashi Suganuma, Kisaburo Sawamura, Shôji Nakayama
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Remarques :
* Une version avec une voix-off dite par un acteur japonais sans se superposer aux dialogues a été distribuée dans certains pays, notamment au Japon.
* Une version existe avec une fin alternative où Heiko est devenue cireuse de chaussures à l’aéroport où revient le groupe de soldats.

* L’île d’Anatahan est une île volcanique de 32 km2 qui fait partie de l’archipel des Îles Marianne du Nord, env. 1500 kms à l’ouest des Philippines. Elle a fait partie de l’Empire du Japon jusqu’en 1945 où elle devint américaine. L’île est inhabitée depuis 1990 du fait de risques élevés d’éruption qui survinrent effectivement en 2003 et 2007, cette dernière durant une année.

* Les polémiques autour de ces évènements ont été relancés en 1998 par l’écrivain et universitaire japonais Kaoru Ohno avec son roman Cage on the Sea, et en 2008 par Natsuo Kirino avec une nouvelle « Tôkyô-jima », qui est devenue un film du même nom réalisé par Makoto Shinozaki en 2010 (non distribué en dehors du Japon).

* Lire aussi une remarquable étude sur le film par Sachiko Mizuno et Emmanuel Burdeau :
https://cafedesimages.fr/auteur/sachiko-mizuno/ (il y a 4 volets, le troisième est particulièrement riche en informations sur la production et le tournage du film)

Anathan
Tadashi Suganuma (au centre) dans Fièvre sur Anatahan de Josef von Sternberg.

Anatahan
Akemi Negishi dans Fièvre sur Anatahan de Josef von Sternberg.

(1) A noter que le film Jet Pilot (Les espions s’amusent) avec John Wayne tourné en 1951 par Josef von Sternberg  sous la surveillance étroite d’Howard Hughes ne sortira qu’en 1957, film qui ne ressemble en rien au réalisateur qui a déclaré le détester.

27 mai 2018

Un château en enfer (1969) de Sydney Pollack

Titre original : « Castle Keep »

Un château en enferA l’hiver 1944, dans les Ardennes belges, une petite unité américaine de 8 militaires arrive dans un château proche de Bastogne pour éviter que les allemands ne le reprennent. Dans cette vaste demeure millénaire, un comte et sa jeune épouse vivent entourés d’innombrables œuvres d’art. Le major est prêt à tenir jusqu’au bout alors que son capitaine, grand amateur d’art, voudrait protéger la bâtisse et son contenu…
Adapté d’un roman de William Eastlake par Daniel Taradash (scénariste de Tant qu’il y aura des hommes), Castle Keep est un film très original qui montre un propos ambitieux mais n’est que partiellement convaincant. Il s’agit d’une réflexion philosophique sur la guerre, l’art, la vanité, la destinée, et même d’autres thèmes encore. Cela fait beaucoup. L’atmosphère est très particulière, assez onirique où semblent se mêler plusieurs époques, ce qui donne un caractère assez atemporel à l’ensemble. La bataille finale est presque irréelle et fascinante. Dans l’ensemble, le film fut assez mal perçu et compris. La musique est signée Michel Legrand.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Patrick O’Neal, Jean-Pierre Aumont, Peter Falk, Astrid Heeren, Bruce Dern
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Remarque :
* Le château de Maldorais n’a jamais existé. Le château utilisé pour le tournage a été construit de toutes pièces en ex-Yougoslavie.

Castle Keep
Burt Lancaster et Patrick O’Neal dans Un château en enfer de Sydney Pollack.

17 mars 2018

Patton (1970) de Franklin J. Schaffner

PattonEn 1943, George S. Patton arrive en Tunisie pour prendre le commandement des troupes américaines alors très mal en point face à l’Afrikakorps de Rommel. Il renforce la discipline et restaure la confiance en remportant une victoire contre les chars allemands…
Sur un scénario co-écrit par Francis Ford Coppola, Patton retrace le parcours de ce général hors du commun, féru d’Histoire et, selon lui, né pour se battre. Le récit se concentre ainsi plus sur le personnage que sur ses faits d’armes. Le général Patton était incontestablement un brillant stratège mais il fut souvent tenu à l’écart par l’état-major car impossible à contrôler et enclin à faire des maladresses diplomatiques ou médiatiques. La vérité historique est assez bien respectée et le plus remarquable dans le film est dans la distance prise avec le sujet : ce n’est ni un éloge admiratif ni une condamnation, c’est avant tout le portrait d’un homme qui se sentait investi d’une mission et qui a joué un rôle important dans le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. L’interprétation de George C. Scott est en tous points parfaite, très puissante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George C. Scott, Karl Malden, Stephen Young, Michael Strong
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Remarque :
* George C. Scott fut le premier acteur à refuser son Oscar, s’opposant ainsi à cette grande foire communicationnelle et réfutant le principe-même d’une compétition entre les acteurs.

Patton
George C. Scott dans Patton de Franklin J. Schaffner.

Patton
George C. Scott et Karl Malden dans Patton de Franklin J. Schaffner.

Partton
George C. Scott dans Patton de Franklin J. Schaffner.

10 janvier 2018

Les Maudits (1947) de René Clément

Les mauditsOslo, 1945. Alors que l’issue de la guerre parait inéluctable, un petit groupe hétéroclite de nazis et de sympathisants embarquent dans un sous-marin à destination de l’Amérique du Sud. Passant au large des côtes françaises, ils enlèvent un médecin à Royan pour soigner l’un d’entre eux…
René Clément a tourné peu après la Libération plusieurs films sur la guerre (La Bataille du rail, Le Père tranquille, Jeux interdits,…) nous offrant à chaque fois une vision différente des hommes. Cette fois, il est plus question de vils perdants que de héros. On retrouve dans cet huis clos un aréopage des ennemis de la France : un chef nazi, un général, un industriel italien, une militante nazie, un scientifique contraint, un journaliste collaborationniste. L’inquiétude et l’écroulement des idéaux aidant, la lâcheté et la veulerie de chacun vont peu à peu s’étaler au grand jour. Les caractères sont très typés et l’ensemble est assez manichéen mais le récit fait ressortir certaines composantes de la nature humaine. Tourné dans un décor fermé (reconstitué), le film baigne d’une atmosphère très présente. L’image est signée par le grand Henri Alekan, les éclairages sont superbes. Bien qu’il soit en tête d’affiche, Dalio n’a qu’un rôle épisodique dans l’histoire. L’interprétation est excellente avec des acteurs souvent de la nationalité de leurs personnages. Les Maudits est un film  puissant.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marcel Dalio, Henri Vidal, Florence Marly, Jo Dest, Michel Auclair, Paul Bernard
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Les Maudits
(de g. à d.) Lucien Hector (le savant norvégien), Anne Campion (de dos, sa fille), Florence Marly (nazie convaincue, épouse de l’industriel italien), Jo Dest (chef SS), Michel Auclair (son homme de main, un voyou berlinois), Paul Bernard (au premier plan, journaliste français collaborationniste), Kurt Kronefeld (debout, le général allemand) et Fosco Giachetti (industriel italien) dans Les Maudits de René Clément.

Les Maudits
Henri Vidal (le médecin français enlevé)  dans Les Maudits de René Clément.

Les Maudits
Jean Lozach (radio-opérateur) et Jean Didier (commandant du sous-marin) dans Les Maudits de René Clément. Henri Alekan est directeur de la photographie (et maître des éclairages).

Remarque :
* Basé sur une histoire originale de Victor Alexandrov et Jacques Companéez, le scénario de Les maudits a été écrit par René Clément, Jacques Rémy et Henri Jeanson pour les dialogues.

 

Les Maudits
Kurt Kronefeld et Jo Dest dans Les Maudits de René Clément.

Les Maudits

10 décembre 2017

La Vache et le Prisonnier (1959) d’Henri Verneuil

La Vache et le prisonnierEn 1943, le prisonnier de guerre Charles Bailly décide de s’évader de la ferme où il est employé pour rejoindre la France. Sa ruse, assez folle, consiste à traverser l’Allemagne à pied vêtu de son manteau de prisonnier, avec une vache au bout d’une corde et un seau à la main…
Ecrit par Jacques Antoine en s’inspirant d’une histoire vraie, La Vache et le Prisonnier est l’un des films les plus connus du cinéma français. Près de neuf millions d’entrées et de multiples passages à la télévision, il est difficile de ne pas avoir déjà vu cette histoire aussi extraordinaire que rocambolesque. La guerre est finalement peu évoquée. Henri Verneuil, aidé des dialogues d’Henri Jeanson, a tiré le récit vers la farce parvenant ainsi à un mélange d’humour et de suspense. Les mini-épisodes qui composent le film sont un peu inégaux : certains semblent trainer en longueur mais les plus réussis finissent par emporter notre adhésion. Fernandel, qui manquait de grands rôles marquant en cette seconde moitié des années cinquante, retrouve avec La Vache et Prisonnier un grand succès populaire.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fernandel
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Remarques :
* Le trajet de la Bavière jusqu’à Stuttgart fait plus de 200 kms.
* Les rapports entre Fernandel et Henri Verneuil ont été difficiles. Bertrand Tavernier a raconté que Verneuil s’était plaint que l’acteur refuse d’être filmé de dos et qu’il a dit regretter de ne pas avoir pu avoir Bourvil qui aurait été, selon lui, meilleur. De plus, Fernandel avait sa propre cuisinière marseillaise et invitait souvent le metteur en scène à manger avec lui pour lui donner la note à la fin du repas. Ce sera leur dernier film ensemble.

La vache et le Prisonnier
Fernandel et la vache Marguerite dans La Vache et le Prisonnier d’Henri Verneuil.

La vache et le prisonnier
La scène du pont est l’une des plus savoureuses de La Vache et le Prisonnier d’Henri Verneuil.

La vache et le prisonnier
La Vache et le Prisonnier a le triste record d’avoir été le premier film français à être colorisé en 1990.

5 août 2017

La Grande Pagaille (1960) de Luigi Comencini

Titre original : « Tutti a casa »

La Grande pagaille8 septembre 1943. Un armistice est signé assez précipitamment entre l’armée italienne et les forces alliées. Du jour au lendemain, italiens et allemands se retrouvent ennemis. A la tête d’un petit détachement, le lieutenant Innocenzi (Alberto Sordi) ne peut rejoindre sa caserne prise par les allemands. Livrés à eux-mêmes, sans ordres supérieurs, les soldats n’ont qu’une idée en tête : rentrer à la maison… Tutti a casa était au départ un projet de film documentaire. Le film final, même s’il garde un caractère de témoignage historique, est une œuvre de fiction écrite par Age et Scarpelli, Marcello Fondato et Luigi Comencini. Couvrant la période entre l’Armistice et le soulèvement de Naples fin septembre 1943, il témoigne d’une période trouble qui laissa les officiers désemparés car ils ne savaient que faire (beaucoup n’étaient pas des fascistes convaincus, quiconque avait fait des études pouvait se retrouver officier). Le lieutenant se retrouve ainsi écartelé entre son sens du devoir qui lui dicte de préserver la vie des quelques hommes qu’il lui reste et son instinct de fuite face à une guerre qu’il n’a pas voulu. Comencini fait des ruptures de ton entre le drame et la comédie : certaines des situations douloureuses engendrées par cette confusion étaient également cocasses. Néoréalisme et comédie italienne se rejoignent. Tout l’art de Comencini a été de savoir introduire ces parcelles de comédie sans entamer le caractère dramatique de l’ensemble. Le réalisateur a déclaré qu’il jugeait que Tutti a casa était son meilleur film.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Serge Reggiani, Carla Gravina, Martin Balsam
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Tutti a casa
Serge Reggiani et Alberto Sordi dans La Grande pagaille de Luigi Comencini.

25 juillet 2017

Achtung! Banditi! (1951) de Carlo Lizzani

Achtung! Banditi!En Ligurie (nord de l’Italie), vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, un groupe de partisans doit rejoindre Gênes pour s’emparer d’un stock d’armes destinées aux allemands… Inspiré de faits réels, Achtung! Banditi! est le premier long métrage de Carlo Lizzani, alors âgé de 29 ans. Il y montre déjà l’engagement qui le caractérisera, à la fois en tant qu’intellectuel de gauche et défenseur du néoréalisme. Le financement du film ayant été refusé par le gouvernement de l’époque, l’ex-résistant Giuliani G. De Negri en deviendra le producteur en ayant l’idée de lancer une souscription populaire. Ce système permet à Carlo Lizzani d’avoir une très grande liberté de tournage. Plus que des faits de bravoure, le film décrit l’état d’esprit des partisans, leurs difficultés, leurs questionnements et le déroulé du scénario met l’accent sur la fraternisation avec les ouvriers et une bonne partie des chasseurs alpins. L’interprétation est assez passionnée, avec parfois une maladresse qui renforce le sentiment d’authenticité. Gina Lollobrigida, dont la popularité allait exploser quelques mois plus tard, se retrouve en tête d’affiche bien qu’elle ne tienne qu’un rôle plutôt secondaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gina Lollobrigida, Andrea Checchi, Vittorio Duse, Lamberto Maggiorani
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Remarques :
* Le titre Attention! Bandits! a été utilisé comme titre international de la version anglaise (mais pas en France).
* Le film de Carlo Lizzani n’a absolument aucun lien avec le film Attention bandits! de Claude Lelouch (1986).

Achtung Banditi
Giuliano Montaldo, Gina Lollobrigida et Bruno Berellini dans Achtung! Banditi! de Carlo Lizzani.

Achtung Banditi!
Gina Lollobrigida et Lamberto Maggiorani dans Achtung! Banditi! de Carlo Lizzani.

24 juin 2017

Le Jour le plus long (1962) de Ken Annakin, Andrew Marton et Bernhard Wicki

Titre original : « The Longest Day »

Le Jour le plus longAdapté d’un livre de Cornelius Ryan, Le Jour le plus long retrace les évènements du 6 juin 1944, jour du débarquement des alliés en Normandie. Trois réalisateurs, un nombre incalculable d’acteurs connus, un budget important, le producteur Darryl F. Zanuck a tout fait pour créer le film qui soit la reconstitution ultime d’un évènement majeur de l’Histoire.
Cinématographiquement parlant, le film n’a pas grande valeur : il est mal écrit et mal monté, confus et même parfois ennuyeux. C’est un véritable fourre-tout.
En revanche, du fait de son succès commercial, le film eut un impact considérable. C’est probablement le plus bel exemple du « cinéma qui se substitue à l’Histoire ». Deux exemples : c’est le film Le Jour le plus long qui a vraiment fait entrer dans l’Histoire l’épisode du parachutiste resté accroché au clocher de Sainte-Mère-Église, devenant l’anecdote la plus célèbre du Débarquement ; les historiens restent très partagés sur sa véracité. Le cas des deux Messerschmitt en est un autre : cette séquence un peu grotesque, dont l’humour paraît déplacé, a fait prospérer la croyance que l’aviation allemande était ce jour-là inopérante (alors qu’en réalité, il y eut plus de sept cent sorties d’avions allemands pour attaquer les troupes alliées). En fait, cette séquence a été introduite parce que Zanuck n’avait réussi à mettre la main que sur deux Messerschmitt en état de voler.
Mais pour beaucoup, le film est devenu l’Histoire et le fait qu’aucun autre film ne vienne le détrôner a accentué le phénomène (le plus proche est Il faut sauver le soldat Ryan en 1998). Malgré ses défauts, Le Jour le plus long a tout de même atteint son objectif : rendre hommage à tous ces soldats dont beaucoup laissèrent leur vie ce jour-là sur une plage de Normandie. Ils méritaient bien qu’une telle superproduction leur soit consacrée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, John Wayne, Henry Fonda, Curd Jürgens, Bourvil, Gert Fröbe, Eddie Albert, Arletty, Jean-Louis Barrault, Richard Beymer, Richard Burton, Red Buttons, Pauline Carton, Sean Connery, Irina Demick, Mel Ferrer, Steve Forrest, Leo Genn, John Gregson, Paul Hartmann, Jeffrey Hunter, Karl John, Fernand Ledoux, Alexander Knox, Christian Marquand, Roddy McDowall, Sal Mineo, Kenneth More, Edmond O’Brien, Wolfgang Preiss, Madeleine Renaud, Georges Rivière, Robert Ryan, George Segal, Jean Servais, Rod Steiger, Richard Todd, Peter van Eyck, Robert Wagner, Georges Wilson
Voir la fiche du film sur le site IMDB.

A lire : un récit intéressant sur le tournage du film

le jour le plus long
John Wayne dans Le Jour le plus long de Darryl F. Zanuck.

Remarques :
* L’anglais Ken Annakin a tourné les scènes anglaises, l’américain Andrew Marton a tourné les scènes américaines et l’allemand Bernhard Wicki les scènes allemandes.
* Darryl F. Zanuck était très présent sur le tournage et a même réalisé lui-même certaines séquences.
* Le tournage eut lieu en Normandie mais aussi en Corse et sur l’île de Ré.
* Bon nombre d’acteurs sont beaucoup trop âgés pour leur rôle : par exemple, le lieutenant-colonel Vandervoort interprété par John Wayne avait en réalité 27 ans. Même au moment du tournage 17 ans plus tard, il avait dix ans de moins que John Wayne (54 ans)!
* Le Jour le plus long est l’une des rares superproductions hollywoodiennes où les acteurs s’expriment dans leur langue : les français parlent français, les allemands parlent allemand… Une version tout en anglais fut toutefois réalisée pour le marché américain notamment.
* Le film connut un immense succès commercial, une manne bienvenue pour la Fox qui était alors bien mal en point à cause de Cléopâtre.
* Une version colorisée a été réalisée pour le 50e anniversaire du débarquement en 1994. Elle fut diffusée sur TF1, puis vendue en version VHS.

le jour le plus long
Darryl F. Zanuck sur le tournage (à la Pointe du Hoc) du Jour le plus long.