12 juin 2018

Julieta (2016) de Pedro Almodóvar

JulietaÀ la veille de quitter Madrid pour s’installer au Portugal avec son amant Lorenzo, Julieta rencontre une amie de sa fille dont elle n’a plus de nouvelles. Elle décide de rester et d’écrire à sa fille pour lui raconter comment elle a rencontré son père…
Almodovar a écrit Julieta d’après trois nouvelles de l’écrivaine canadienne Alice Munro. Loin de ses réalisations plus baroques ou loufoques, c’est un film dramatique qui explore les notions de culpabilité et de l’absence. La forme quasi-parfaite du film lui donne une grande force et Almodovar sait lui donner beaucoup de chaleur humaine ; il nous place très près de ses personnages et le récit nous touche d’autant plus profondément. Julieta fait certainement partie de ses films les plus puissants.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Emma Suárez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Inma Cuesta, Darío Grandinetti, Rossy de Palma
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Julieta
Daniel Grao et Emma Suárez dans Julieta de Pedro Almodóvar.

23 mars 2018

Ma saison préférée (1993) de André Téchiné

Ma saison préféréeBerthe a dû se résigner à venir vivre avec sa fille Emilie et son gendre. Émilie invite son frère Antoine, qu’elle voit rarement, pour le réveillon de Noël. Les tensions entre le frère et la sœur sont plus vives que jamais. Berthe décide de retourner vivre chez elle…
Ecrit par Pascal Bonitzer et André Téchiné, Ma saison préférée dépeint les rapports difficiles à l’intérieur d’une famille dans un moment difficile. Téchiné montre une indéniable justesse dans certains éléments, comme la façon dont les souvenirs heureux viennent former un terreau pour une réconciliation, mais n’évite pas les clichés habituels de scénaristes (ah, l’amour fusionnel frère-soeur !) et certaines exagérations. Il est aussi un peu maladroit en insérant dans cette histoire un volet sur le désir, utilisant pour cela la génération des enfants des personnages et une scène de viol bien inutile. L’ensemble montre toutefois beaucoup de sensibilité. Ma saison préférée a connu une belle carrière internationale, notamment aux Etats-Unis, ce qui est toujours remarquable pour un film français. Il est parfois considéré comme étant le meilleur film d’André Téchiné, opinion que nous ne partageons pas : il a fait bien mieux par la suite…
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Daniel Auteuil, Marthe Villalonga, Jean-Pierre Bouvier, Chiara Mastroianni, Carmen Chaplin
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Remarques :
* On pourra aussi objecter que les personnages sont un peu jeunes, 45 ans environ soit à peu près l’âge de Pascal Bonitzer et d’André Téchiné au moment où ils ont écrit cette histoire. C’est habituellement un peu plus tard que l’on affronte ce genre de situation.
* Les dialogues sont inaudibles par moments… défaut hélas assez courant dans le cinéma français de cette époque.
* Ma saison préférée est la première apparition dans un rôle d’importance pour Chiara Mastroianni (20 ans, qui joue donc avec sa mère) et pour Carmen Chaplin (16 ans), petite fille de Charlie Chaplin.

Ma saison préférée
Catherine Deneuve et Daniel Auteuil dans Ma saison préférée de André Téchiné.

24 décembre 2017

Un coin de ciel bleu (1965) de Guy Green

Titre original : « A Patch of Blue »

Un coin de ciel bleuUne jeune fille aveugle, maintenue sans éducation et maltraitée par une mère et un grand-père alcooliques, fait la rencontre d’un homme qui va lui ouvrir de nouveaux horizons. Elle ignore que cet homme est noir…
Adapté d’un roman d’Elizabeth Kata, A Patch of Blue est un film sur lequel il est difficile de porter un jugement en faisant abstraction de son impact social. Ses intentions de combattre les à-priori sur la couleur de peau sont louables et il ne faut pas négliger que ce film est sorti dans le contexte très raciste des années soixante : les évènements sanglants du Bloody Sunday en Alabama et le Voting Rights Act interdisant les discriminations raciales dans le vote datent de la même année 1965. Il est donc difficile de dire du mal de ce film. Toutefois, on peut trouver ses ficelles assez grossières. Les personnages de la mère et du grand-père, qui sont les seuls à être ouvertement racistes, sont absolument abominables. Shelley Winters a avoué avoir été malade de jouer un tel rôle. On la comprend. Le personnage interprété par Sydney Poitier est, quant à lui, parfait sous tous rapports : intelligent, équilibré, attentionné. Malgré ces excès de typage, le film est émouvant, notamment lorsque l’apprentissage de la jeune fille devient un véritable éveil à la vie. Le film connut un grand succès.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sidney Poitier, Shelley Winters, Elizabeth Hartman, Wallace Ford
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A patch of blue
Sidney Poitier et Elizabeth Hartman dans Un coin de ciel bleu de Guy Green.

Remarques :
* Pour le rôle, Elizabeth Hartmann portait des lentilles opaques qui lui ôtaient effectivement la vue.
* Les scènes de baiser furent enlevées des copies destinées aux états du Sud des Etats-Unis où le mariage mixte était encore interdit par la loi.
* A Patch of Blue est le premier film d’Elizabeth Hartmann (21 ans) qui s’est retrouvée nominée aux Oscars pour le rôle. Cette lumineuse actrice n’a hélas pas fait une grande carrière par la suite. Dépressive, elle s’est donné la mort à l’âge de 43 ans.
* Excellent directeur de la photographie, oscarisé pour Les Grandes Espérances de David Lean (1946), l’anglais Guy Green est passé à la réalisation au milieu des années cinquante où sa carrière fut moins remarquable.

20 novembre 2017

Manèges (1950) de Yves Allégret

ManègesAu chevet de sa jeune femme Dora, entre la vie et la mort à la suite d’un accident, Robert est en pleurs, dévasté par la peur de la perdre. Il se remémore les jours heureux… Ecrit par Jacques Sigurd et Yves Allégret, Manèges va encore plus loin dans la noirceur que Dédée d’Anvers et Une si jolie petite plage, les deux films précédents du tandem. Ce n’est pas un « film noir » dans le sens classique du terme mais c’est un des films les plus noirs qui soient. Les personnages sont ici franchement haïssables par leur cruauté, leur égoïsme et leur cupidité. Il n’y a aucun rayon de soleil dans cette histoire qui laisse le spectateur vacillant, ébranlé dans sa foi dans la nature humaine. On peut reprocher à Sigurd et Allégret de ne montrer que le côté noir des choses, oubliant ainsi de donner un peu de profondeur à leurs personnages. On peut toutefois noter une critique du nouvel ordre social qui s’est établi à la Libération et, heureusement, Bertrand Blier et Simone Signoret font une interprétation remarquable d’intensité.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bernard Blier, Simone Signoret, Jane Marken, Jacques Baumer, Frank Villard
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Remarques :
* Devant un tel portrait si sombre de la gent féminine, il paraît difficile de ne pas employer le mot « misogynie ». Yves Allégret a cette réputation, en effet. Mais un autre élément est à prendre en compte : entre Dédée d’Anvers où l’actrice attire notre sympathie et le tournage de Manèges, Simone Signoret, épouse d’Yves Allégret, a rencontré Yves Montand ce qui provoquera un divorce l’année suivante. Manèges serait-il un règlement de comptes entre le metteur en scène et son épouse/interprète ?
* Dans son autobiographie La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, Simone Signoret raconte que les spectateurs l’ont détestée dans ce film et l’arrêtaient dans la rue pour lui dire.

Manèges
Bernard Blier, Jacques Baumer et Simone Signoret dans Manèges d’Yves Allégret.

20 octobre 2016

Lolita (1962) de Stanley Kubrick

LolitaUn professeur cinquantenaire tombe désespérément amoureux de la fille de sa logeuse… La réputation sulfureuse du roman de Nobokov rendait son adaptation délicate. La première difficulté était bien entendu de pouvoir passer la censure et de faire accepter le projet par les ligues de vertu, alors très puissantes. Faire vieillir Lolita de quelques années fut le premier stratagème : au lieu d’avoir 12 ans comme dans le roman, l’actrice Sue Lyon en avait 14 au moment du tournage et en paraissait deux de plus. Il fallut bien aussi mettre en sourdine l’aspect érotique du récit. Mais la difficulté principale était d’avoir suffisamment de talent pour ne pas faire de cette description d’un amour obsessionnel une histoire salace ou sordide. Du talent, Kubrick en a et, tout comme le charme du roman de Nabokov doit beaucoup à la très grande qualité de son écriture, le film Lolita est plus séduisant par le traitement qu’en fait Kubrick. Sa façon de construire ses scènes est assez remarquable. Côté acteurs, il leur a laissé une part d’improvisation et cela augmente d’autant l’authenticité. James Mason a juste ce qu’il faut d’ironie distante et Kubrick accentue le ton sardonique du récit avec le personnage joué par Peter Sellers, dont l’humour peut paraître décalé mais qui participe à l’équilibre global. En quelque sorte, il nous fait prendre du recul. Kubrick est aussi ironique envers l’american way of life avec l’insupportable mère de Lolita, jouée par Shelley Winters. La jeune Sue Lyon est étonnante par son alliance de charme et de complexité, exprimant toute l’ambigüité de son rôle : dès sa première scène, on se demande s’il s’agit d’une ingénue ou d’une manipulatrice. On ne le saura jamais. En revanche, le glissement de James Mason vers la folie est patent et son obsession pour une chose qu’il ne peut posséder finit par nous émouvoir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Mason, Shelley Winters, Sue Lyon, Peter Sellers
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Lolita
Sue Lyon dans Lolita de Stanley Kubrick.

Lolita
James Mason et Sue Lyon dans Lolita de Stanley Kubrick.

Lolita
Marianne Stone et Peter Sellers (au premier plan) écoutent subrepticement James Mason et Sue Lyon (à l’arrière plan) dans Lolita de Stanley Kubrick.

Remarques :
* Kubrick avait demandé à Nabokov d’écrire le scénario et s’en mordit les doigts quand il reçut un manuscrit de 400 pages. Il entreprit alors de le simplifier et de le transformer… Nabokov a estimé que Kubrick n’avait utilisé qu’environ vingt pour cent de son texte tout en s’estimant heureux du résultat.

* Kubrick a beaucoup développé le personnage de Clare Quilty (Peter Sellers) .

* Stanley Kubrick raconte : « L’un des problèmes majeur avec le livre, et avec le film, même dans son adaptation, c’est que le principal intérêt de l’histoire se résume à la question : « Est-ce qu’Humbert va coucher avec Lolita ? » … Pour éviter ce problème dans le film, Nabokov et moi, nous sommes tombés d’accord pour qu’Humbert tue Quilty sans explication dès le début, pour faire en sorte que le public se demande pendant tout le film ce que Quilty avait bien pu faire. » (interview de Joseph Gelmis, 1970)

* A l’origine, Peter Sellers devait se déguiser en femme pour jouer le rôle du psychologue scolaire (il existe une photo de tournage où l’on voit Sellers ainsi déguisé). Mais au dernier moment, Sellers et Kubrick sont tombés d’accord pour dire que ce serait trop exagéré et le personnage du Docteur Zemph fut inventé sur place.

Remake :
Lolita d’Adrian Lyne (1997) avec Jeremy Irons, Dominique Swain, Melanie Griffith

11 octobre 2016

Les Drôles de poissons-chats (2013) de Claudia Sainte-Luce

Titre original : « Los insólitos peces gato »

Les drôles de poissons-chatsClaudia a 22 ans et vit seule dans une grande ville du Mexique. Une nuit, elle atterrit aux urgences pour une crise d’appendicite et se lie d’amitié avec Martha, qui occupe le lit voisin. Martha a 46 ans, 4 enfants, et une inépuisable joie de vivre. A sa sortie de l’hôpital, Martha invite Claudia à habiter chez elle… Les Drôles de poissons-chats est le premier long métrage de la réalisatrice mexicaine Claudia Sainte-Luce, film dans lequel elle raconte sa propre histoire. Le sujet peut rebuter à priori mais le propos n’est pas tant sur les tourments d’une mort annoncée que sur l’étonnante façon dont la jeune femme va s’intégrer à cette famille déséquilibrée par la maladie de la mère. Elle va y trouver ce qu’elle n’a jamais eu. Il n’y a aucune dramatisation, les dialogues sont d’une grande simplicité, très authentiques et l’interprétation est remarquable. A noter que l’affiche est trompeuse : le film n’a rien d’un road-movie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lisa Owen, Ximena Ayala, Sonia Franco
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Les Drôles de poissons-chat
Alejandro Ramírez-Muñoz, Ximena Ayala et Andrea Baeza dans Les drôles de poissons-chats de Claudia Sainte-Luce.

2 août 2016

Un chef de rayon explosif (1963) de Frank Tashlin

Titre original : « Who’s Minding the Store? »

Un chef de rayon explosifLorsque la directrice d’une chaine de grands magasins découvre que sa fille aime en secret un jeune homme pauvre, maladroit et naïf, elle le fait embaucher dans son plus grand magasin où on lui donnera les tâches les plus ingrates qui soient afin de le ridiculiser… Who’s Minding the Store? (Un chef de rayon explosif) fait partie des nombreux films de Jerry Lewis dirigés par Frank Tashlin, qui a en outre co-écrit le scénario. Les gags sont de bonne qualité avec de petites pointes de génie ici et là. La (célèbre) scène où Jerry Lewis mime une personne tapant à la machine en rythme avec la musique est une merveille ; Jerry Lewis n’a pas son pareil pour de telles scènes, ce qu’il arrive à faire avec son visage est stupéfiant. Il faut citer également l’étonnante scène avec l’aspirateur qui dévore tout (1). L’humour se situe globalement dans le style slapstick avec, une fois de plus, cette façon si particulière de jouer avec le décor et les objets qui rapproche Jerry Lewis de Chaplin ou de Tati. Un grand magasin est l’univers idéal pour cela, formé d’une multitude de petits mondes différents. L’ensemble est bien dosé, sans aucune lourdeur. Un délice.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jerry Lewis, Jill St. John, Ray Walston, John McGiver, Agnes Moorehead
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(1) A noter que cette scène est citée par Gilles Deleuze dans L’Image-temps :
« Ce n’est plus la machine qui se dérègle et devient folle, comme la machine à nourrir des Temps modernes, c’est la froide rationalité de l’objet technique autonome qui réagit sur la situation et ravage le décor : non seulement la maison électronique et les tondeuses à gazon dans It’s only money, mais les caddies qui détruisent le libre-service (The disorderly orderly) et l’aspirateur qui dévore tout dans le magasin, marchandises, vêtements, clients, revêtement mural (Who’s Minding the Store?). »

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Jerry Lewis dans Un chef de rayon explosif de Frank Tashlin.

3 juillet 2016

Cría cuervos (1976) de Carlos Saura

Cría cuervosDans une vaste demeure madrilène, une petite fille Ana entend son père décéder dans la pièce voisine. Une femme en sort précipitamment. Bizarrement, la fillette entre dans la pièce, regarde son père et prend un verre de lait qu’elle va laver dans la cuisine… Ecrit et réalisé par Carlos Saura dans la dernière année de dictature franquiste, Cria Cuervos est une admirable réflexion sur le deuil, sur le monde de l’enfance, sur les souvenirs qui ne veulent s’effacer. Le récit débute de façon un peu mystérieuse pour dévoiler ensuite peu à peu l’univers de cette fillette seule avec ses deux soeurs : profondément marquée par la mort (ou plutôt par l’absence), elle parvient à se bâtir un monde à part où le rêve se mêle à la réalité, malgré la totale incompréhension du monde des adultes. Mais, comme on le sait, tous les films de Carlos Saura sont également une métaphore politique de son pays sous la chape de plomb du franquisme. Cette grande demeure coupée de l’extérieur représente ainsi l’Espagne, le père (et les hommes en général) le franquisme finissant, la mère est la république réduite au silence, la grand-mère la vie d’avant la dictature, la tante la bourgeoisie qui s’accommode des militaires. Les trois fillettes symbolisent l’avenir de l’Espagne et, en ce sens, le film de Saura est profondément optimiste. Âgée de neuf ans, Ana Torrent est assez inoubliable avec ses grands yeux noirs. Une fois de plus, Carlos Saura signe un film très fort avec sa façon assez unique de mêler inextricablement rêve, réalité, fantasmes et souvenirs.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Geraldine Chaplin, Ana Torrent, Mónica Randall, Florinda Chico
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Remarques :
* Le titre vient d’un proverbe espagnol « Cría cuervos y te sacarán los ojos » qui signifie « Nourrissez des corbeaux et ils vous arracheront les yeux », maxime volontiers utilisée par les adultes pour se plaindre de l’ingratitude des enfants qui est donc détournée ici pour prendre un sens politique et prophétiser que la jeune génération balaiera le franquisme.

* La chanson Porque te vas (Parce que tu pars) a connu un succès international la même année, notamment en France où ce fut le tube de l’été 1976. Les paroles de cette chanson sont sur le thème de l’absence de l’être aimé et du souvenir qu’il laisse.

* Franco est mort à peine deux mois avant la sortie du film (donc après le tournage).

* Carlos Saura avait découvert la jeune Ana Torrent dans le beau film de Victor Erice L’esprit de la ruche (1973).

Cria Cuervos
Géraldine Chaplin et Ana Torrent dans Cría cuervos de Carlos Saura.

7 janvier 2016

Ida (2013) de Pawel Pawlikowski

IdaDans la Pologne de 1961, une jeune orpheline, élevée dans un couvent catholique, est sur le point de prononcer ses voeux de religieuse. Pour qu’elle soit sûre de son engagement, la Mère Supérieure l’envoie rencontrer sa tante, seul membre connu de sa famille, qui lui parle de ses parents. Ensemble, elles vont chercher à découvrir ce qui leur est arrivé pendant la guerre… Après avoir signé quatre longs métrages en Angleterre, le polonais Pawel Pawlikowski est revenu dans son pays natal pour y réaliser Ida, un très beau film plein de délicatesse. Ces deux femmes sont très différentes, aux antipodes l’une de l’autre, et ce qu’elles vont découvrir sur le passé va avoir des répercussions tout aussi différentes sur elles (mais n’est ce pas les conséquences du même constat, celui de l’impossibilité de vivre ?) Le propos du réalisateur n’est pas de démontrer ou de dévoiler mais plutôt de nous faire pénétrer un univers pour, peut-être, provoquer la réflexion. Pawlikowski a filmé cela avec beaucoup de retenue, évitant tout pathos malgré la force des émotions, et aussi beaucoup d’esthétisme : l’image en noir et blanc est superbe, il n’y a pas ou très peu de mouvements de caméra et les cadrages sont parfaits, très photographiques. Cet esthétisme n’est jamais forcé, à aucun moment il ne paraît artificiel. Ida forme ainsi un très bel ensemble.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Agata Kulesza, Agata Trzebuchowska
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Ida
Agata Kulesza et Agata Trzebuchowska dans Ida de Pawel Pawlikowski

Ida

19 septembre 2015

L’Indésirable (1914) de Michael Curtiz

Titre original : « A tolonc »

L'indésirableDans un petit village des Carpates, une jeune femme a été élevée par son oncle qu’elle prenait pour son père. Sur son lit de mort, celui-ci lui apprend que sa mère n’est pas morte. Se retrouvant seule, elle doit aller à la ville proche se faire engager comme servante dans une maison bourgeoise. Le fils de la famille tombe amoureux d’elle… Le réalisateur Michael Curtiz, bien connu pour ses grands succès hollywoodiens comme Robin des Bois ou Casablanca, n’a émigré aux Etats-Unis qu’en 1926. Avant cela, il a tourné plusieurs dizaines de films à partir de 1912 dans sa Hongrie natale puis en Autriche. Récemment restauré, L’indésirable est le dixième et le seul survivant de sa période hongroise. A ce titre, sa valeur historique est bien entendu immense car il nous permet de voir un bel exemple de la production cinématographique d’Europe centrale à cette époque. L’indésirable est l’adaptation d’une pièce de théâtre célèbre, il est interprété par des comédiens très connus sur les planches. Il s’agit d’un mélodrame que l’on trouvera aujourd’hui très banal et sans grand intérêt, mais ce n’était certainement pas le cas des spectateurs de l’époque. Comme pour tous les films de cette époque, le jeu des acteurs est assez théâtral mais sans excès, aucune grandiloquence ni rigidité ici, et tout est filmé en plans moyens avec de très rares plans rapprochés. Il n’y a rien de franchement notable si ce n’est que l’ensemble est de bonne facture pour un jeune réalisateur de 28 ans, à l’aube d’une longue et prolifique carrière (172 réalisations entre 1912 et 1961).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lili Berky, Victor Varconi
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L'indésirable
Victor Varconi et Lili Berky dans L’indésirable de Michael Curtiz.

L'indésirable
L’un des très rares plans rapprochés, pour mieux montrer aux spectateurs l’action de verser la poudre dans la bouteille  : Lili Berky dans L’indésirable de Michael Curtiz.