Judith, une jeune journaliste désire faire un interview de Salvador Dali. Celui-ci quitte la pièce quand il voit qu’il n’y a pas de caméras. Judith revient à la charge en proposant de faire un film documentaire… Daaaaaalí ! est un film français écrit et réalisé par Quentin Dupieux. Ce n’est pas un biopic mais plutôt un hommage à l’artiste surréaliste qui aurait certainement apprécié le film tant il semble épouser son discours, à défaut de restituer toutes ses facettes. Le cinéaste aime Dali et le voit comme « une utopie qui a disparu (…) Quand je pense à lui, je revois un monde où l’art est au centre. » Pour personnifier l’homme « excentrique et concentrique », Quentin Dupieux utilise quatre acteurs différents, non pas pour exprimer différents aspects de sa personnalité mais pour éviter les performances d’acteurs : ainsi « on ne peut pas se lasser, on est toujours surpris » précise t-il. Le cinéaste cite Buñuel et Les Monty Python comme sources d’inspiration. L’ensemble est très amusant. Le film ne pourra plaire à tous mais, à mes yeux, il est très réussi. Elle: – Lui :
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Gilles Lellouche dans Daaaaaalí! de Quentin Dupieux.Jonathan Cohen et Anaïs Demoustier dans Daaaaaalí! de Quentin Dupieux.Edouard Baer dans Daaaaaalí! de Quentin Dupieux.
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche grâce à un secret de son voisin de cellule, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo… Le Comte de Monte-Cristo est un film français écrit et réalisé par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte (tous deux scénaristes des Trois Mousquetaires en 2023). Le roman d’Alexandre Dumas avait déjà été porté à l’écran, grand et petit, de nombreuses fois, mais la dernière version cinématographique vraiment notable remontait à 70 ans. La richesse du roman oblige à tailler à la serpe pour en faire un film de trois heures et, sur ce plan, le travail des scénaristes-réalisateurs est assez remarquable : ils ont beaucoup enlevé et modifié, certes, mais sans dénaturer l’histoire. Il manque toutefois un certain panache, Pierre Niney manque de présence et ses manœuvres paraissent souvent plus laborieuses que brillantes. De même, certains personnages (telle Haydée) sont bien plus fades que dans le roman mais les seconds rôles sont généralement bien tenus. La réalisation a bénéficié d’un budget conséquent et les réalisateurs ont fait preuve d’une indéniable maitrise pour créer un grand spectacle. En revanche, la musique (style « épique ») est horrible, lourde et ridicule. Gros succès en salles. Elle: – Lui :
Pierre Niney dans Le Comte de Monte-Cristo de Alexandre de La Patellière & Matthieu Delaporte.
Adaptations les plus notables; les plus remarquées étant les deux versions de Robert Vernay de 1943 et 1954 (pour une liste complète voir ici): * 1915-1917 :Le Comte de Monte-Cristo (France) en six parties découpées en 15 épisodes, un « roman-cinéma » réalisé par Henri Pouctal pour Le Film d’Art et sorti en 1918. Le film ressort en 1923 en version raccourcie de trois heures. * 1922 : Monte Cristo (USA) par Emmett J. Flynn avec John Gilbert. * 1929 : Monte-Cristo (France) par Henri Fescourt avec Jean Angelo (3h45 en deux parties). * 1943 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Robert Vernay avec Pierre Richard-Willm (en 2 parties) * 1954 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Robert Vernay avec Jean Marais (en 2 parties). * 1961 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan. * 1968 : Sous le signe de Monte-Cristo (France) par André Hunebelle avec Paul Barge. * 1979 : Le Comte de Monte-Cristo (TV, France), mini-série (4 × 90 min) de Denys de La Patellière avec Jacques Weber * 1998 : Le Comte de Monte-Cristo (TV, France), mini-série (4 × 100 min) de Josée Dayan avec Gérard Depardieu * 2024 : Le Comte de Monte-Cristo (France) par Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière avec Pierre Niney.
1947. Sur une plage de Bretagne, Madeleine, serveuse dans un hôtel-restaurant et mère célibataire d’un petit garçon, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé. Entre eux, c’est comme une évidence. Si l’on sait ce qu’elle veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre avec le temps ce que François tente de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien… Le Temps d’aimer est un film français réalisé par Katell Quillévéré. Il en a coécrit le scénario en s’inspirant de l’histoire de sa grand-mère. Le récit s’étale sur vingt années et explore le thème de la culpabilité. Si l’atmosphère recréée est bien celle des années cinquante, la réalisatrice indique que « le film a été pensé comme un dialogue entre le passé et le présent ». Le scénario est bien écrit, malgré l’impression d’un certain étirement dans la seconde moitié. La sexualité est exposée de façon très crue, notamment dans deux scènes qui paraissent inutilement longues et qui engendrent même une certaine gêne. Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste font tous deux une interprétation remarquable. Elle: Lui :
Une plongée au cœur de l’Anti-Terrorisme pendant les 5 jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015 à Paris pour retrouver les terroristes en fuite… Novembre est un film français réalisé par Cédric Jimenez. Le scénario a été écrit par Olivier Demangel. Malgré notre inévitable connaissance des faits, le réalisateur parvient à créer un récit qui nous tient en haleine pendant plus d’1h30 sans nous laisser une minute de répit. Il respecte les victimes en ne montrant ni les attentats, ni les morts ou les blessés. Son récit se concentre sur la traque policière, une intense course-poursuite après les plus petits indices dans la crainte constante d’une seconde vague d’attentats. Le réalisateur a évité d’introduire tout sentimentalisme qui aurait certainement paru inutile voire déplacé : il nous montre des policiers en action sans chercher à donner de l’épaisseur à ses personnages. Très présent, Jean Dujardin est parfait, Anaïs Demoustier est plutôt convaincante ce qui n’est pas le cas de Sandrine Kiberlain qui n’est guère crédible dans un tel rôle (à noter que le poste de Direction centrale de la Police judiciaire était à l’époque effectivement occupée par une femme). Globalement, Cédric Jimenez a su créer un film de ces évènements tragiques, sans utiliser de sensationnalisme racoleur, sans tomber dans la facilité. Elle: Lui :
La Tabac Force est un groupe de cinq justiciers. Pour renforcer la cohésion du groupe, leur chef les envoie en retraite pendant une semaine au bord d’un lac. Autour du feu ou d’un repas, ils se racontent des histoires qui font peur… Fumer fait tousser est un film français écrit et réalisé par Quentin Dupieux. Une fois de plus, le réalisateur (et musicien) nous livre un film à nul autre pareil, une comédie délirante et décomplexée aux accents horrifiques. Il y a plusieurs histoires dans l’histoire et l’ensemble est un peu inégal : le récit du « casque qui fait penser » est le plus réussi bien qu’il se termine de façon un peu trop gore à mon goût. Les choses les plus improbables et abracadabrantes sont amenées avec sérieux, comme s’il s’agissait de choses très naturelles, à commencer par les cinq personnages principaux dans leur combinaison type Bioman qu’ils ne quittent jamais. Beau plateau d’acteurs. Amusant mais un peu moins réussi que son précédent (Incroyable mais vrai). Elle: – Lui :
Alain et Marie visitent une maison qu’ils désirent acheter. L’agent immobilier finit par les conduire au sous-sol pour leur montrer son « principal avantage ». Il leur montre un conduit et les invitent à le suivre. De là, leur vie va se trouver bouleversée… Incroyable mais vrai est un film français écrit et réalisé par Quentin Dupieux. C’est une comédie assez loufoque et surréaliste. Avec peu de personnages et finalement peu de matière, Quentin Dupieux a réussi à créer un film qui nous amuse beaucoup. Il y a en fait deux histoires parallèles, aussi farfelues l’une que l’autre, ce qui fait rebondir en permanence l’intrigue. L’humour repose sur d’excellents dialogues, sur la façon d’annoncer les choses, en retardant ce que l’on brûle de savoir, et aussi sur le sérieux avec lequel les personnages envisagent des choses aussi « incroyables ». Alain Chabat est comme toujours parfait dans ce rôle de personnage naïf et placide. Tout le monde ne sera sans doute pas sensible à cette forme d’humour mais, personnellement, j’aime beaucoup. Elle: – Lui :
Anaïs, la trentaine, est étudiante en thèse et vit à cent à l’heure entre son ex-petit ami et un homme d’âge mûr, et marié, qu’elle rencontre lors d’une soirée, ses problèmes domestiques et la recherche de petits boulots. Des événements inattendus vont l’obliger à reconsidérer sa façon de concevoir sa vie… Les Amours d’Anaïs est un film français écrit et réalisé par Charline Bourgeois-Tacquet qui signe là son premier long métrage. Le film démarre comme une comédie, avec un personnage tourbillonnant et volubile, mais se révèle être ensuite plus que cela. Le propos montre en effet de plus en plus de complexité et de profondeur à mesure que se déroule l’histoire. La réalisatrice explore le thème du désir et de l’attraction qui « nous fait avancer vent debout, malgré les obstacles ». Le montage est très enlevé. Anaïs Demoustier est pleine de vitalité, Valeria Bruni Tedeschi interprète pour une fois un personnage très posé et cela lui va bien. D’après la réalisatrice, le fait que le personnage principal porte le même prénom que son interprète n’a pas de signification particulière, si ce n’est de brouiller la frontière entre réel et fiction. Elle: Lui :
Lise, 18 ans, porte depuis deux ans un bracelet électronique. Elle est accusée d’avoir poignardé et tué sa meilleure amie, Flora, au lendemain d’une fête donnée par celle-ci dans sa maison. Son procès en cour d’assises débute… La Fille au bracelet est un film français écrit et réalisé par Stéphane Demoustier. Le scénario est librement inspiré du scénario du film argentin Acusada, écrit par Ulises Porra et Gonzalo Tobal, film que le réalisateur dit n’avoir pas vu. Il aborde en effet le sujet sous un angle différent. Si la grande majorité des scènes se déroulent dans le tribunal, il ne s’agit pas vraiment d’une intrigue judiciaire. Le voir ainsi ne pourra apporter que des déceptions car il n’y a que peu d’éléments pour faire avancer l’histoire sur ce plan. Le sujet est plutôt de dresser le portrait d’une adolescente et de mettre en évidence la difficulté à la juger car elle n’a jamais l’attitude que l’on attend d’elle. Le scénario se concentre ainsi sur le désarroi de ses parents qui veulent tout faire pour l’aider mais ont l’impression de ne jamais parvenir à la comprendre. Le film manque toutefois de matière, Stéphane Demoustier se contente de constater cette absence de compréhension sans aller plus loin. Côté interprétation, Anaïs Demoustier (soeur du réalisateur) est peu crédible en avocate générale (mais le réalisateur affirme que, dans la réalité, ce poste est souvent tenue par des débutantes), Roschdy Zem a sa puissance habituelle avec une grande économie de moyens, mais la surprise vient de la jeune Melissa Guers qui montre une belle présence, y compris dans ses mutismes. Le film a été bien reçu par la critique et le public. Elle: – Lui :
Daniel sort de prison où il était incarcéré depuis de longues années et retourne à Marseille. Sylvie, son ex-femme, l’a prévenu qu’il était grand-père : leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie. Daniel découvre une famille recomposée qui lutte par tous les moyens pour rester debout…
Robert Guédiguian a écrit (Sic transit) Gloria Mundi en collaboration avec Serge Valetti, son co-scénariste depuis maintenant trois films. A travers cette famille marseillaise, le réalisateur nous donne sa vision de notre société actuelle, où l’égoïsme a pris le pas sur l’entraide et la solidarité, où les rapports d’oppression sont omniprésents et pleinement acceptés par ceux qui en sont victimes. Une fois de plus, il oppose les générations : les anciens sont moins perméables au discours ambiant et savent garder le cap. C’est un de ses travers. On peut trouver ses personnages trop typés, voire caricaturaux mais c’est après tout un procédé assez courant dans le cinéma. Guédiguian délivre indéniablement un message politique mais il le fait avec subtilité. Tout son art est d’insuffler beaucoup d’humanisme dans son récit. Ainsi, on peut apprécier son film sans nécessairement partager sa vision très pessimiste du monde actuel. Pour Gloria Mundi, il s’est entouré de ses acteurs habituels qui font tous une belle prestation. Le film a été très apprécié par la critique et assez bien reçu par le public. Elle: Lui :
Après 30 ans dans la vie politique, le maire de Lyon Paul Théraneau est un homme fatigué. Il dit n’avoir plus aucune idée, il sent en manque d’inspiration. Son équipe lui adjoint alors une jeune philosophe, Alice Heimann, pour le stimuler intellectuellement… Alice et le maire est un film écrit et réalisé par Nicolas Pariser, son second long métrage après Le Grand Jeu (2015) dont l’histoire se déroulait déjà dans le monde politique. Le réalisateur se défend de s’être inspiré de Gérard Colomb pour son personnage principal mais cite plutôt le roman inachevé de l’écrivain autrichien Robert Musil, L’Homme sans qualités publié en 1930-1932 comme principale source d’inspiration. Certes, le propos met en relief les difficultés actuelles de positionnement de la gauche française mais, plus généralement, il offre une réflexion sur l’opposition entre action et pensée. Il s’agit donc plus d’un film de réflexion que d’un film politique. Alice et le maire est très abordable et plaisant grâce à la fluidité de ses dialogues et le jeu parfait de ses deux acteurs principaux. Elle: Lui :
Remarques :
* Par crainte d’une identification trop forte à la veille d’élections, le maire de Lyon Gérard Colomb a finalement refusé l’accès aux salons de salons de l’Hôtel de Ville de Lyon à l’équipe de tournage. De plus, le réalisateur dit avoir été la cible de plusieurs moyens de pression pour l’inciter à aller tourner son film dans une autre ville.
* Théraneau est une anagramme de Rathenau, l’homme politique allemand du roman de Paul Musil.
Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier dans Alice et le maire de Nicolas Pariser.