Nombre de films présentés : 21
30 avril 2023
Blog cinéma, commentaires de films ... (anciennement films.blog.lemonde.fr)
30 avril 2023
Nombre de films présentés : 21
29 avril 2023
En 1961, un sexagénaire britannique, Kempton Bunton, comparaît devant un tribunal. Il est accusé d’avoir volé à la National Gallery le Portrait du duc de Wellington peint par Francisco Goya. Un flashback nous ramène six mois en arrière : à Newcastle upon Tyne, Kempton écrit des pièces de théâtre qu’il envoie à la BBC ; il veut se battre pour améliorer le sort des petites gens, au grand dam de son épouse Dorothy, qui travaille comme femme de ménage pour une famille aisée…
The Duke est un film britannique réalisé par Roger Michell. Le scénario s’inspire de faits réels. Le récit est légèrement édulcoré pour en faire un « feel-good movie » avec un sympathique personnage de type Robin des Bois. Tout cela est plaisant mais un peu trop beau pour donner l’impression d’être vrai. L’ambiance est très british, l’interprétation est excellente.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Jim Broadbent, Helen Mirren, Fionn Whitehead
Voir la fiche du film et la filmographie de Roger Michell sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.
Jim Broadbent dans The Duke de Roger Michell.
Remarque :
• Dans la réalité, le tableau a été volé en 1961, rendu volontairement dans une consigne en 1964 et Kempton Bunton a reconnu les faits en 1965.
• Extrait de film inclus : James Bond 007 contre Dr. No (1962) de Terence Young qui avait fait un clin d’œil à ce vol de tableau dont tout le monde parlait à l’époque (la police privilégiait alors la piste d’un réseau de malfaiteurs de haut vol).
• Les sentences prononcées à l’issue du procès sont réelles. À la suite de cette affaire, une modification de la loi a été votée en 1968 et sert aujourd’hui encore de socle légal pour la protection des musées.
27 avril 2023
Argentine, 2006. Un groupe de cambrioleurs s’apprête à réaliser un des plus célèbres et des plus ingénieux braquages de l’histoire d’Argentine, celui de la banque Río…
Le Braquage du siècle est un film argentin réalisé par Ariel Winograd. Il s’inspire de faits réels. Le cerveau de ce casse très célèbre en Argentine a même participé à l’écriture du scénario ! Le film est plutôt une comédie : le réalisateur ne cherche pas tant à créer un suspense qu’à louer l’ingéniosité dont ces malfrats amateurs ont fait preuve (le cerveau de l’opération est un artiste-plasticien, prof de judo et gros fumeur de cannabis). Le montage joue avec la préparation et la mise en pratique pour créer l’humour et l’inattendu, une construction qui n’est pas sans rappeler celle d’Ocean’s Eleven de Soderbergh. L’interprétation est parfaite, Guillermo Francella a une présence folle avec son regard très clair ; c’est une star du cinéma argentin. L’ensemble est plaisant et (selon la formule consacrée) joyeusement amoral.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Guillermo Francella, Diego Peretti, Luis Luque, Pablo Rago
Voir la fiche du film et la filmographie de Ariel Winograd sur le site IMDB.
Guillermo Francella et Diego Peretti dans Le Braquage du siècle (El robo del siglo) de Ariel Winograd.
Le Braquage du siècle (El robo del siglo) de Ariel Winograd.
25 avril 2023
Japon, fin des années 1950. Pour répondre à des émeutes de plus en plus violentes, le gouvernement a créé une police paramilitaire composée d’hommes en armure ; lourdement armés et dotés de lunettes spéciales, ils n’ont presque rien d’humain. Une nuit, lors d’une opération dans les égouts, le brigadier Kazuki Fuse, hésite à tuer une jeune fille porteuse d’une bombe qu’elle fait exploser devant lui…
Jin-Roh, la brigade des loups est un film d’animation japonais de science-fiction réalisé par Hiroyuki Okiura, scénarisé par Mamoru Oshii (le réalisateur de Ghost in the Shell). Il s’appuie sur l’univers de son Kerberos Panzer Cop, une série de mangas publiés entre 1988 et 2006 illustrés par plusieurs artistes. Mamoru Oshii l’avait déjà porté à l’écran par deux fois en personnages réels (1). Il s’agit d’un univers uchronique où le Japon vient d’être occupé par une armée dont les uniformes rappellent fortement ceux des soldats de l’Allemagne nazie. L’atmosphère est très noire. L’histoire est plutôt compliquée avec une symbolique un peu lourde, inspirée du Petit Chaperon rouge. Le réalisateur Okiura étant allergique aux ordinateurs, le film a entièrement été fait à la main de façon traditionnelle. L’animation est saccadée et imprécise. Mon avis, plutôt mitigé, n’est pas majoritaire : le film est généralement bien considéré.
Elle: –
Lui :
Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Hiroyuki Okiura sur le site IMDB.
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Voir les livres sur Mamoru Oshii…
(1) The Red Spectacles de Mamoru Oshii (1987) et Stray Dogs de Mamoru Oshii (1991).
Jin-Roh: La Brigade des loups (Jin-Rô) de Hiroyuki Okiura.
Jin-Roh: La Brigade des loups (Jin-Rô) de Hiroyuki Okiura.
24 avril 2023
Allemagne, 1933. Au sein de la puissante famille d’industriels von Essenbeck, l’arrivée au pouvoir du national-socialisme engendre une lutte qui précipitera sa désintégration…
Les Damnés est un film italien réalisé par Luchino Visconti. C’est le premier film d’une trilogie allemande, avant les futurs Mort à Venise (1971) et Ludwig (1972). L’histoire s’inspire de celle de la famille Krupp et de son implication dans le nazisme. Selon ses propres paroles, Visconti a « voulu créer un Macbeth moderne » et s’inspire de Wagner pour hisser ses personnages en demi-dieux païens dominés par l’argent. Il met en relief la perversité de la montée du fascisme et sa façon d’attiser les luttes internes pour mieux détruire. En outre, le réalisateur instille un sentiment de dépravation. Sa reconstitution très brutale de La Nuit des longs couteaux est la scène la plus célèbre du film, une scène qui a suscité des polémiques sur son esthétisation, jugée malsaine. Car si Les Damnés est un puissant drame shakespearien doté d’une grande signification politique, c’est aussi un film d’une grande perfection esthétique dont la mise en scène est totalement orchestrée. L’utilisation de la lumière et des couleurs est remarquable. L’interprétation est parfaite. Le film a révélé l’acteur autrichien Helmut Berger, que Visconti avait pris sous son aile. Les Damnés est un film remarquable, un de ces films qui restent durablement dans nos mémoires.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Dirk Bogarde, Ingrid Thulin, Helmut Griem, Helmut Berger, Umberto Orsini, Reinhard Kolldehoff, Albrecht Schoenhals, Charlotte Rampling
Voir la fiche du film et la filmographie de Luchino Visconti sur le site IMDB.
Voir les autres films de Luchino Visconti chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Luchino Visconti…
Remarque :
• Le titre italien, La caduta degli dei (= La Chute des dieux), fait référence à l’opéra de Richard Wagner Le Crépuscule des dieux ; le sous-titre Götterdämmerung est d’ailleurs utilisé en complément du titre italien original. Les producteurs ont refusé la référence wagnérienne pour les titres à l’international (y compris en Allemagne), tout comme ils ont refusé que Visconti utilise la musique de Wagner.
• Outre Macbeth, Visconti cite Richard III comme influence shakespearienne. Selon Helmut Berger, Visconti avait l’intention de réaliser « une transposition moderne des Buddenbrook » (le livre de Thomas Mann paru en 1901). Par ailleurs, la scène avec la petite fille juive évoque un passage de Les Démons de Dostoïevski.
• Pour un récit plus historique de la Nuit des longs couteaux, lire la page Wikipédia…
Herlmut Berger, Dirk Bogarde et Ingrid Thulin
dans Les damnés (La caduta degli dei -Götterdämmerung-) de Luchino Visconti.
23 avril 2023
Judith a depuis des années une double vie : en Suisse, elle vit avec Abdel avec qui elle élève une petite fille ; en France, elle est la mère de deux garçons avec Melvil. Elle justifie son absence régulière en prétextant des voyages dans d’autres pays européens pour son métier de traductrice…
Madeleine Collins est un film français écrit et réalisé par Antoine Barraud. Il s’agit d’un film assez troublant qui brouille constamment les maigres pistes offertes au spectateur. Le début nous fait penser à L’emploi du temps d’après le roman d’Emmanuel Carrère mais rapidement on se rend compte que la situation est bien différente, même si ces histoires ont pour thème commun le mensonge. Nous restons très longtemps dans l’ignorance face au comportement des personnages mais l’explication arrive doucement dans le dernier tiers du film. Antoine Barraud a su capter puis garder toute notre attention. Il faut bien entendu éviter de lire des commentaires sur le film qui dévoileraient trop de choses. Virginie Effira est parfaite, y compris dans les scènes les plus intenses. L’ensemble est assez brillant et bien écrit.
Elle:
Lui :
Acteurs : Virginie Efira, Quim Gutiérrez, Bruno Salomone, Jacqueline Bisset, Thomas Gioria, Valérie Donzelli
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Quim Gutiérrez et Virginie Efira dans Madeleine Collins de Antoine Barraud.
21 avril 2023
Entre ses deux collègues de bureau, le cœur de Tsuji balance. Jusqu’à cette nuit où il rencontre Ukiyo, en lui sauvant la vie sur un passage à niveau. Malgré les mises en garde de son entourage, il est irrémédiablement attiré par la jeune femme… qui n’a de cesse de disparaître.
Suis-moi, je te fuis est un film japonais réalisé par Kōji Fukada. Il s’agit de l’adaptation d’un manga de Mochiru Hoshisato que le réalisateur a d’abord adapté en une série de dix épisodes de 23 minutes, diffusée au Japon en 2019. Le succès a été tel que la chaîne a demandé à Fukada de remonter la série pour l’exploiter en un long-métrage de près de 4 heures. Il est sorti en France en deux parties : Suis-moi, je te fuis et Fuis-moi, je te suis mais il s’agit bien d’un seul et unique film : il n’est pas envisageable le voir le second sans avoir vu le premier et ne voir que le premier serait dommage car les personnages acquièrent vraiment de l’épaisseur dans la seconde partie. L’histoire n’est pas banale. Les personnages des films de Fukada ont toujours quelque chose d’étrange et c’est encore le cas ici. La première partie nous laisse plutôt insatisfait mais la seconde nous permet de mieux les cerner et de comprendre leur comportement. L’ensemble est beaucoup trop long (il me semble qu’il aurait très possible d’en faire un film de 2 heures) mais les spectateurs les plus motivés ne seront pas déçus : les films de Kōji Fukada sont semblables à nul autre.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Win Morisaki, Kaho Tsuchimura, Shôhei Uno, Kei Ishibashi, Akari Fukunaga
Voir la fiche du film et la filmographie de Kôji Fukada sur le site IMDB.
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Voir les autres films de Kôji Fukada chroniqués sur ce blog…
Remarque :
* La version complète du film, sous le titre The Real Thing, a été sélectionnée en compétition lors du festival de Cannes 2020 (festival annulé).
* Le cinéaste découvrit le manga The Mark of Truth (Honki no Shirushi) de Mochiru Hoshisato lorsqu’il était étudiant de cinéma au début des années 2000.
Kaho Tsuchimura et Win Morisaki dans Suis-moi, je te fuis de Kôji Fukada.
19 avril 2023
Londres en juin 1911. Les personnalités arrivent du monde entier pour le couronnement de George V. Parmi elles, le régent de Carpathie, le Grand-Duc Charles, un beau veuf. Assistant à une représentation d’un spectacle de cabaret, The coconut girl, il se fait présenter la troupe…
Le Prince et la danseuse est un film anglo-américain de l’anglais Laurence Olivier. Le scénario est l’œuvre de Terence Rattigan, d’après sa propre pièce The Sleeping Prince. C’est un film étonnant, basé sur la réunion improbable de Marilyn Monroe et Laurence Olivier. L’actrice, alors au sommet de sa popularité et qui coproduit le film, ne pâlit nullement de sa confrontation avec le grand acteur shakespearien. Elle a un jeu assez riche, sans minauderie, parfaitement mesuré (en réalité, le tournage fut très difficile du fait de son habituelle inconstance et par la présence Paula Starsberg). Laurence Olivier semble avoir plus de mal avec son personnage guindé. En dehors de Marilyn, toute la distribution est anglaise. L’histoire est assez classique mais réserve de savoureux mini-rebondissements ; elle est bien soulignée par une bonne dose d’humour et des dialogues enlevés. Tout cela est plaisant, un peu anodin mais très amusant. Le succès fut modéré aux Etats-Unis, le film étant sans doute trop anglais pour les américains.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Marilyn Monroe, Laurence Olivier, Richard Wattis, Jeremy Spenser, Sybil Thorndike
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurence Olivier sur le site IMDB.
Voir les autres films de Laurence Olivier chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Laurence Olivier…
Remarques :
* Le livre Une semaine avec Marylin de l’écrivain et réalisateur britannique Colin Clark (alors assistant de Laurence Olivier) raconte comment il eut une brève idylle avec Marilyn lorsqu’il fut chargé de faire visiter Londres à l’actrice lors de la production de The Prince and the Showgirl.
Colin Clark avait précédemment signé un journal de tournage, The Prince, the Showgirl and Me: The Colin Clark Diaries (HarperCollins 1996, non traduit).
* Paula Strasberg, épouse du directeur de l’Actor’s Studio Lee Strasberg, suivait Marilyn sur les tournages pour lui donner des conseils, ce qui a créé des tensions avec tous les metteurs en scène et les équipes de tournage.
Laurence Olivier et Marilyn Monroe
dans Le Prince et la danseuse (The Prince and the Showgirl) de Laurence Olivier.
17 avril 2023
Au début des années 1960, l’homme d’affaires britannique Greville Wynne est recruté par le MI6, en lien avec la CIA, du fait de ses voyages réguliers dans le bloc de l’Est. Il lui est demandé de se rendre en URSS pour prendre contact avec Oleg Penkovsky, un colonel du service de renseignement militaire de l’armée soviétique…
Un espion ordinaire est un film d’espionnage britannique coproduit et réalisé par Dominic Cooke. Il s’agit du second long métrage de ce metteur en scène de théâtre anglais (après un peu remarqué Sur la plage de Chesil en 2017). L’histoire est inspirée de faits réels ; elle nous replace en pleine crise des missiles de Cuba. Si les faits sont extraordinaires, le déroulé du récit est hélas assez classique et passe par toutes les phases attendues. Le film est surtout un hommage au courage de Greville Wynne et de Oleg Penkovsky. Il est regrettable qu’il ait tant de mal à nous intéresser. L’interprétation est parfaite mais cela ne suffit pas à rendre le film notable.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Benedict Cumberbatch, Merab Ninidze, Rachel Brosnahan, Jessie Buckley
Voir la fiche du film et la filmographie de Dominic Cooke sur le site IMDB.
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Benedict Cumberbatch, Angus Wright et Rachel Brosnahan
dans Un espion ordinaire (The Courier) de Dominic Cooke.
15 avril 2023
Coupable de meurtre, Brendan O’Malley franchit la frontière mexicaine poursuivi par le shérif Dana Stribling. Il décide de rendre visite à une femme qu’il a aimée il y a seize ans, Belle. Son mari cherche des hommes pour conduire un troupeau jusqu’au Texas. O’Malley accepte…
El Perdido (The Last Sunset) est un western américain réalisé par Robert Aldrich, adapté du roman d’Howard Rigsby, Sundown at Crazy Horse, par Donald Trumbo. Ce dernier était toutefois trop accaparé par l’écriture d’Exodus pour Otto Preminger pour s’investir pleinement dans sa tâche. Pourtant, et malgré les mésententes de Robert Aldrich avec Kirk Douglas qui était également producteur (1), le résultat est remarquable. Cette confrontation entre deux hommes est un subtil mélange d’attraction et de répulsion et leurs rapports avec les deux femmes sont bien plus complexes qu’attendu (sans parler de la surprenante révélation qui mène à un final inattendu). Le film comporte certaines scènes d’action assez éblouissantes.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Rock Hudson, Kirk Douglas, Dorothy Malone, Joseph Cotten, Carol Lynley, Neville Brand, Regis Toomey
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Aldrich sur le site IMDB.
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Voir les livres sur Robert Aldrich…
Remarque :
Les couleurs sont assez étranges, avec une prédominance des bruns et marrons clairs qui sied assez bien à l’histoire. Dans son livre sur Robert Aldrich (publié en 1985), Jean-Pierre Piton précise que seuls des contretypes du film ont circulé en France, donnant des différences de couleurs parfois dans la même scène. Est-ce pour cette raison ? J’en doute car le film a été restauré depuis cette date.
(1) Robert Aldrich a eu cette phrase à propos de Kirk Douglas : « Vous ne pouvez faire travailler un acteur qui est votre patron. » (entretiens Cahiers du Cinéma N°150-151)
Kirk Douglas et Dorothy Malone dans El Perdido (The Last Sunset) de Robert Aldrich.
Kirk Douglas et Rock Hudson dans El Perdido (The Last Sunset) de Robert Aldrich.