Phil, cinquantenaire d’origine belge, vit sur l’île de Lewis, au nord de l’Écosse. Il travaille dans une ferme, au sein d’une austère communauté protestante. Après un AVC, il perd la mémoire. Millie, la fille de son patron, prend soin de lui… L’ombre d’un mensonge est un film belge réalisé par Bouli Lanners et Tim Mielants. Bouli Lanners est allé s’installer en Ecosse, pays qu’il aime de longue date, pour écrire le scénario d’un polar. Finalement, c’est une histoire d’amour entre deux personnages plutôt taiseux dans un environnement rendu austère par des règles d’origines religieuses, tout en étant superbe par ses paysages aux longues lignes épurées. Le film restitue l’atmosphère d’isolement et la difficulté d’exprimer ses sentiments. La photographie est soignée et la musique excellente. L’ensemble est assez délicat avec des personnages touchants. Un beau film. Elle: Lui :
Michelle Fairley et Bouli Lanners dans L’ombre d’un mensonge (Nobody Has to Know) de Tim Mielants & Bouli Lanners.Bouli Lanners et Andrew Still dans L’ombre d’un mensonge (Nobody Has to Know) de Tim Mielants & Bouli Lanners.
Assise sur un banc public parisien, Eloïse se demande ce qu’elle fait là. Elle ne se souvient de rien, elle ne sait plus où elle habite, ni même qui elle est. Petit à petit, elle va devoir reconstruire sa vie pour la redécouvrir sous un angle nouveau… La Page blanche est une comédie française écrite et réalisée par Murielle Magellan, d’après la bande dessinée homonyme de Pénélope Bagieu et Boulet parue en 2012. C’est une comédie délicate, dotée d’une touche de poésie, qui repose un personnage un peu lunaire merveilleusement incarné par Sara Giraudeau. L’actrice présente une subtile symbiose de fragilité et de force de caractère qui rend son personnage attirant et touchant. Perdre la mémoire va donner au personnage le recul nécessaire pour redécouvrir sa vie et l’orienter différemment. Les autres personnages sont typés mais sans excès, apportant souvent une note d’humour. L’ensemble a beaucoup de charme. Elle: – Lui :
Joanna, une jeune femme de 23 ans, se rend à San Francisco pour présenter son futur époux, le docteur John Prentice à ses parents. Sous-directeur de l’Organisation mondiale de la santé, brillant médecin et professeur de médecine âgé de 37 ans, Prentice a tout du gendre idéal à ceci près qu’il est noir… Devine qui vient dîner… est un film américain produit et réalisé par Stanley Kramer. Le scénario est l’œuvre de William Rose. C’est l’un des premiers films à évoquer le thème du mariage interracial aux États-Unis, avec en particulier le premier baiser interracial du cinéma d’Hollywood. Il fait partie de ce petit cercle de films qui ont eu un impact important sur notre société, y compris sur les personnes qui n’ont pas vu le film. Pour le grand public, il est LE film anti-raciste par excellence (les cinéphiles pourront citer des dizaines d’autres films anti-racistes mais le grand public ne les connaitra pas). Le film a les défauts du cinéma hollywoodien : le personnage du gendre est vraiment trop parfait, impossible de lui trouver un seul défaut et, surtout, il y a une lourdeur permanente (qui culmine avec le speech final de Spencer Tracy). Tout se passe dans quelques pièces de la maison parentale, l’ensemble ressemble à une adaptation théâtrale. Stanley Kramer avait déjà abordé le racisme dans La Chaîne (1958) où il avait osé placer Sidney Poitier en tête d’affiche. Dix ans plus tard, il enfonce le clou et choisit intelligemment de ne pas placer l’histoire dans un milieu réactionnaire (l’ensemble aurait été plus anodin) : les parents de Joanna ont en effet des convictions libérales très affirmées, ils ont élevé leur fille dans le refus du racisme et sont donc bien embarrassés de désirer instinctivement empêcher ce mariage. Le succès fut considérable, le plus grand succès de toute l’histoire de la Columbia. De façon inattendue, les critiques les plus sévères vinrent des milieux progressistes, et ce, depuis sa sortie jusqu’à maintenant ; outre les reproches de lourdeur, le film est ainsi accusé, entre autres, d’avoir créé de nouveaux stéréotypes. Et le plus souvent, le film fut seulement méprisé par certains critiques. Elle: – Lui :
Remarque : • Katharine Houghton est la nièce de Katharine Hepburn. • Spencer Tracy est mort 17 jours après la fin du tournage. En raison de la maladie de Spencer Tracy, le travail se faisait toujours dans la matinée. Quand Katharine Hepburn jugeait qu’il était trop fatigué, le tournage cessait. Katharine Hepburn a déclaré n’avoir jamais vu le film au complet, car revoir Spencer Tracy tellement malade aurait été trop douloureux pour elle (rappelons que les deux acteurs ont vécu ensemble pendant des dizaines d’années).
Sidney Poitier et Katharine Houghton dans Devine qui vient dîner… (Guess Who’s Coming to Dinner) de Stanley Kramer.Spencer Tracy et Katharine Hepburn dans Devine qui vient dîner… (Guess Who’s Coming to Dinner) de Stanley Kramer.Spencer Tracy et Sidney Poitier dans Devine qui vient dîner… (Guess Who’s Coming to Dinner) de Stanley Kramer.
Après son divorce, Isabelle, généticienne, tente de reprendre sa vie en main. Elle tombe amoureuse et décide de relancer sa carrière. Mais son ex-mari, James a du mal à l’accepter et lui rend la vie dure dans la bataille qu’il mène pour obtenir la garde de leur fille Zoé. Une tragédie les frappe et la famille s’en trouve brisée. Isabelle décide alors de prendre le destin en main… My Zoé est un film franco-germano-britannique écrit et réalisé par Julie Delpy qui tient également le rôle principal. Le film a été tourné en anglais. Le récit débute sur la bataille à propos de la garde d’un enfant après un divorce, pour évoluer ensuite en drame douloureux, avant de finir avec une prospective dans le domaine de la génétique. Ce dernier tiers, à la limite du film de science-fiction, donne à l’ensemble une ampleur inattendue, explorant, à travers la détermination de cette femme, les dérives possibles de l’évolution de la génétique. Julie Delpy a su insuffler une belle intensité à son récit. Elle: Lui :
Trentenaire, Jo revient dans la maison de Rhode Island de sa mère adoptive sur le point de mourir et qui ne l’a jamais aimée. Après avoir vainement tenté de refermer de vieilles blessures, la rencontre avec la voisine va la précipiter dans un autre drame familial… Vengeance is Mine est un film américain écrit et réalisé par Michael Roemer, son ultime réalisation. Le film a été fait pour la télévision et diffusé sur PBS sous le titre Haunted. Il est sorti dans les salles en 2022 sous le titre Vengeance is Mine, un titre aussi inapproprié (ou plus exactement « trompeur ») que le premier. Oui, cette femme est bien « hantée » par son enfance et l’un de ses gestes peut être vu comme une « vengeance », mais l’essentiel n’est pas là. Il s’agit en effet d’un portrait de femme assez subtil et délicat, une jeune trentenaire empêtrée dans un divorce compliqué, et des blessures de l’enfance non refermées. Elle va se reconnaitre dans la fillette de la maison d’à côté. Celle-ci assiste impuissante au naufrage du couple de ses parents, sa mère présentant des troubles psychologiques. Le scénario est très bien écrit et assez fort dans son déroulement. Bien que son personnage soit assez taciturne, Brooke Adams montre une belle présence à l’écran, avec beaucoup de retenue dans son jeu, Trish Van Devere est en revanche parfois excessive. Sur le plan formel, c’est le film le plus abouti des trois films de Michael Roemer que l’on peut enfin voir. Ils méritent vraiment tous trois d’être découverts. Elle: – Lui :
Duff Anderson travaille dans à la construction de voies de chemin de fer en Alabama, gagnant un bon salaire et menant une vie itinérante avec ses collègues noirs. Il fait la connaissance de Josie, jolie et distinguée institutrice, fille du prédicateur local. Elle est attirée par Duff en grande partie parce qu’il se montre prêt à résister et à défier les conventions sociales qui oppriment les Noirs, plutôt que de simplement accepter le statu quo afin de s’entendre avec les Blancs, comme son père l’a fait… Nothing But a Man est un film américain co-écrit et réalisé par Michael Roemer. Ce cinéaste peu connu est d’origine juive allemande et ce sont les persécutions subies par sa famille dans l’Allemagne nazie qui l’ont poussé à réaliser son premier long métrage sur la condition des noirs américains. Nothing But a Man est d’une qualité étonnante car il décrit de l’intérieur la vie d’un noir et les discriminations. Il n’y a pas de grandes scènes spectaculaires, le ton paraît juste, l’approche du réalisateur est presque documentaire pour nous faire partager la vie de son personnage principal. Il n’y a aucun angélisme, le propos n’est pas manichéen, son héros n’est pas parfait mais c’est avant tout un homme, comme tant d’autres effectivement. Le film fut remarqué à la Mostra de Venise où il remporta un prix mais est tombé dans l’oubli par la suite. Elle: Lui :
Après un bref séjour en prison, l’escroc juif Harry Plotnick retrouve une situation qui a bien changé. Son petit, mais juteux, racket dans l’univers du jeu est menacé de toutes parts et il est surveillé de près par son officier de probation. Il tente de renouer avec sa famille qui ne le voit pas d’un bon œil… Harry Plotnick seul contre tous est une comédie américaine écrite et réalisée par Michael Roemer, son deuxième long métrage. Le film n’a pas connu de sortie commerciale en 1970 (une semaine dans un cinéma de quartier tout au plus) car personne ne le trouvait drôle. Vingt ans plus tard, le réalisateur désirait de mettre tous ses films sur bande à l’intention de ses enfants. Constatant que le technicien riait beaucoup en effectuant le transfert, Michael Roemer décide de faire deux copies en 35 mm et de les soumettre aux festivals du film de New York et de Toronto. Les deux festivals acceptent le film, qui est ensuite distribué dans le commerce, en 1989, avec succès. Cette « jewish comedy » est affectivement assez amusante par la nonchalance de son personnage principal qui engrange les déconvenues. Il est débordé, avec toujours un téléphone qui sonne même dans les endroits les plus incongrus. Sa famille, juive et très pratiquante, est haute en couleur, les fêtes juives sont pittoresques. La galerie de personnages donne au film tout son sel. Les acteurs sont des non professionnels. Le film mérite bien d’être découvert. Elle: – Lui :
Sam, un jeune homme apathique et oisif, fait la connaissance de sa nouvelle voisine, Sarah. Il en tombe aussitôt sous le charme. Lorsque celle-ci disparaît subitement dès le lendemain, Sam décide de partir à sa recherche et entreprend une enquête des plus surréalistes aux abords de la ville de Los Angeles… Under the Silver Lake est un film américain écrit et réalisé par David Robert Mitchell. Le récit exploite les croyances du type « il y a des messages cachés et codés que seuls certains initiés peuvent voir ». Le réalisateur semble vouloir marcher sur les traces de David Lynch et tente de créer une atmosphère à la Mulholland Drive. Hélas, il s’attache plus à nous montrer le plus grand échantillon possible d’illuminés et de complotistes qu’à mettre en place des pistes éventuelles pour l’avancée de « l’enquête ». On se lasse assez rapidement de cet étalage. La forme est plaisante mais le film est truffé de références à des films, cela peut raviver notre intérêt, mais là aussi il y en a trop. L’ensemble est nébuleux à souhait et pas très intéressant. La critique (française du moins) a montré un enthousiasme étonnant, que le public ne semble pas avoir partagé. Elle: – Lui :
Les voisins d’une communauté tranquille de la banlieue américaine voient débarquer de nouveaux arrivants particulièrement mystérieux. Les résidents du quartier assouvissent leur curiosité en espionnant leurs nouveaux voisins qui sont rapidement perçus comme de dangereux individus… Les banlieusards (The ‘Burbs, abréviation de « suburbs ») est un film américain réalisé par Joe Dante, d’après un scénario écrit par Dana Olsen. Il s’agit d’une comédie, légèrement teinté de fantastique, qui dresse un portrait gentiment acide des banlieues pavillonnaires. Malgré une bonne mise en place, des personnages loufoques et quelques bonnes trouvailles de gag, l’ensemble déçoit légèrement : on attend en vain le décollage qui aurait donné une excellente comédie. Le film se montre assez divertissant mais n’est pas vraiment remarquable. Le film n’est pas sorti en salles en France. Elle: – Lui :
Incarcéré sous le régime nazi pour homosexualité, Hans Hoffman est ensuite directement envoyé dans une prison d’Allemagne de l’ouest en 1945 pour finir de purger sa peine… Great Freedom est un film austro-allemand coécrit et réalisé par l’autrichien Sebastian Meise. Le paragraphe 175 du Code Pénal allemand, en vigueur de 1871 jusqu’en 1994, criminalisait les relations sexuelles entre hommes. Les peines de prison ont été alourdies sous le régime nazi et la loi n’a été adoucie sous le régime d’Allemagne de l’ouest qu’en 1969. Great Freedom nous montre le destin d’un homme qui passa ainsi la majeure partie de sa vie en prison. Il se concentre sur sa vie derrière les barreaux sur une période de trente années et sur sa relation avec un co-détenu, d’abord hostile. On peut reprocher au récit de ne pas toujours être très clair, on ne comprend pas bien qu’il quitte un camp nazi pour aller en prison, qu’il est régulièrement relâché pour être repris assez rapidement. Le réalisateur a visiblement voulu nous faire perdre la notion du temps (seules deux dates sont mentionnées : 1945 et 1969). L’ensemble paraît un peu long mais il est difficile d’être trop sévère avec un tel film qui témoigne des persécutions subies. Prix du jury de la section « Un certain regard » au Festival de Cannes 2021. Elle: Lui :