9 novembre 2012

Les bien-aimés (2011) de Christophe Honoré

Les bien-aimésLes vies sentimentales d’une mère et de sa fille, toutes deux en résonnance avec celle de la mère, quarante ans auparavant au début des années soixante… Avec Les bien-aimés, Christophe Honoré renoue avec le film musical qu’il avait exploré avec bonheur dans Les chansons d’amour. Alex Beaupain a ainsi composé douze chansons qui sont souvent des monologues intérieurs ou des dialogues. La façon d’intégrer ces chansons dans le récit est très réussie, elles arrivent naturellement et apportent un joli souffle de lyrisme. Christophe Honoré a soigné sa reconstitution des années soixante (bien qu’elle soit plutôt années cinquante que soixante), joliment colorée, servie par une très belle photographie. Il filme les jambes et plus particulièrement les chaussures avec un fétichisme amusant (difficile de ne penser à Truffaut). Un autre point remarquable chez Christophe Honoré est le soin qu’il met à apporter de la vie par ses arrière-plans : il y a toujours beaucoup de figurants, pas de ceux qui semblent n’être là que pour meubler mais plutôt de ceux qui sont là pour vivre leur vie. Côté acteurs, Chiara Mastroianni est parfaite, apportant beaucoup de profondeur à son personnage. On se demande pourquoi, avec tant de qualités, on s’ennuie plutôt… C’est finalement l’histoire qui est probablement le point faible. Cette variation sur la vulnérabilité peine à nous toucher. Peut-être, le film aurait du être plus court, peut-être aurait-il fallu supprimer ces années soixante qui, placées en début de film, apporte un peu de superficialité. L’ensemble est un peu trop parfait, d’un mélancolisme de bon ton. Les bien-aimés est un film élégant mais plutôt ennuyeux.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Ludivine Sagnier, Louis Garrel, Paul Schneider, Radivoje Bukvic
Voir la fiche du film et la filmographie de Christophe Honoré sur le site IMDB.

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5 novembre 2012

Never Let Me Go (2010) de Mark Romanek

Titre français (vidéo) : « Auprès de moi toujours »

Never Let Me GoDans une réalité alternative, la médecine a vaincu cancer et maladies incurables dès 1952. C’est dans ce monde que Kathy, Ruth et Tommy sont les pensionnaires inséparables d’une école élitiste et coupée du monde… Adapté du roman très primé de Kazuo Ishiguro « Auprès de moi toujours » (1), Never Let Me Go est un film de science-fiction très différent des standards actuels du genre. C’est un film plein de sensibilité, émouvant, qui interroge sur la définition de l’humanité, l’essence de l’être humain. Certes, c’est un questionnement que l’on retrouve souvent dans la littérature de science-fiction mais Ishiguro l’a joliment développé et Mark Romanek fait preuve de beaucoup de délicatesse pour le mettre en images, en insistant juste un peu plus sur l’histoire d’amour. Sous-jacente, il y a aussi une certaine réflexion sur la notion de résignation que l’auteur nous invite à creuser. L’interprétation est irréprochable, même celle des enfants. Carey Mulligan fait preuve de beaucoup de sensibilité pour interpréter son personnage dont toute la réflexion se situe à l’intérieur. Son jeu est riche et délicat. Never Let Me Go n’est sans doute pas à conseiller aux amateurs de films actuels de science fiction. C’est un film assez bouleversant, plein de délicatesse et assez enthousiasmant.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Carey Mulligan, Keira Knightley, Andrew Garfield, Charlotte Rampling, Sally Hawkins, Nathalie Richard
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Remarque :
Comme toujours, mais ici plus que jamais, il faut éviter de lire les critiques qui racontent le film ou qui en exposent le thème, car on découvre peu à peu la réalité avec étonnement et stupéfaction et cette découverte amplifie l’emprise du film.

(1) Le roman a été sélectionné en 2005 au Booker Prize, au Arthur C. Clarke Award et au National Book Critics Circle Award. Le Time Magazine l’a désigné comme le meilleur roman de la décennie et l’a placé dans les 100 meilleurs romans modernes jamais écrits.

26 octobre 2012

Mon pire cauchemar (2011) de Anne Fontaine

Mon pire cauchemarAgathe est une bourgeoise froide et odieuse qui dirige une fondation d’art contemporain (1). Patrick vit de petits boulots, aime l’alcool et les femmes bien en chair. Ils ont tout pour se détester mais leurs enfants sont inséparables… Il fallait oser mettre face à face deux acteurs aussi différents qu’Isabelle Huppert et Benoît Poelvoorde. Dans Mon pire cauchemar, Anne Fontaine exploite bien l’abime qui les sépare sans trop tomber dans les clichés ni forcer le trait. L’humour est omniprésent par les dialogues, très incisifs, avec de nombreuses excellentes réparties. Le film s’essouffle un peu dans sa seconde partie mais le bilan global reste très positif. On rit beaucoup. En terme de divertissement, Mon pire cauchemar est une réussite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Benoît Poelvoorde, André Dussollier, Virginie Efira, Aurélien Recoing
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Remarques :
Mon pire cauchemar est rempli d’œuvres d’art contemporain, l’appartement d’Agathe en est truffé (elles sont listées au générique, il y en a une trentaine), sans compter les deux expositions. Le clou en la matière est la présence d’Hiroshi Sugimoto en personne qui joue son propre rôle. A noter que le générique final précise que c’est Sugimoto lui-même qui a taggué sa photographie… (Ouf !)

Hiroshi Sugimoto est un photographe majeur de la photo contemporaine. Sa série la plus célèbre (débutée en 1975) est celle des cinémas : il a photographié l’intérieur de salles (pleines) de cinéma, pendant la projection d’un film, en poses très longues (45 minutes et plus, avec une chambre grand format). Résultat : l’écran saturé d’images devient tout blanc, nappé d’une lueur blanche qui éclaire l’intérieur de la salle, les spectateurs disparaissent ainsi que toutes les parties mouvantes. La salle est vide. « Trop d’information conduit au néant ». Voir des exemples sur son site. Il a beaucoup d’autres séries très intéressantes (mer, portraits de cire, architecture, Bouddhas, etc.)
Voir le site internet d’Hiroshi Sugimoto

(1) C’est la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 bd Raspail à Paris.

9 octobre 2012

Un amour de jeunesse (2011) de Mia Hansen-Løve

Un amour de jeunesseCamille, 15 ans, vit intensément son premier amour avec Sullivan, un peu plus âgé qu’elle. Lorsque ce dernier décide de partir un an en Amérique du Sud, Camille est totalement désemparée, elle sent sa vie se vider… Ecrit et réalisé par Mia Hansen-Løve, Un amour de jeunesse est un film sentimental qui parvient à retranscrire l’émoi et l’émotion sans chercher la dramatisation. Traitant à la fois de l’amour adolescent, de la fragilité engendrée par l’absence puis de l’émancipation, la réalisatrice se place très près de son personnage, interprété avec beaucoup de sensibilité par la jeune Lola Créton. On ne peut hélas en dire autant de Sebastian Urzendowsky dont le jeu maladroit peut sans doute être considéré comme étant en phase avec son personnage mais qui ne parvient pas à faire passer quelque chose. C’est dommage car le regard de Mia Hansen-Løve est à la fois délicat et très juste.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lola Créton, Sebastian Urzendowsky, Magne-Håvard Brekke, Valérie Bonneton
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2 octobre 2012

L’aigle de la neuvième légion (2011) de Kevin Macdonald

Titre original : « The Eagle »

L'aigle de la neuvième légionEn 140 après Jésus-Christ, un jeune centurion désire restaurer l’honneur de son père qui a disparu mystérieusement en Ecosse avec la Neuvième Légion vingt ans auparavant. Il se fait nommer en Bretagne (actuelle Angleterre) qui est alors séparée de l’actuelle Ecosse par le Mur d’Hadrien… Adaptation d’un roman publié dans les années cinquante de Rosemary Sutcliff, L’aigle de la neuvième légion de l’écossais Kevin Macdonald est un film d’action, variante péplum. Le film a été comparé à un western par certains observateurs et il est vrai qu’il en reprend largement les codes : longues chevauchées et traque solitaire, des écossais qui rappellent étrangement les indiens par leur village et leurs rites. Le scénario est étonnamment peu développé, les scènes de batailles sont confuses. Ancien mannequin, Channing Tatum a certes un physique avenant mais un jeu plutôt inexpressif. Une partie du film ayant été tournée dans les Highlands, il nous reste à profiter de quelques très beaux plans larges.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Channing Tatum, Jamie Bell, Donald Sutherland, Mark Strong, Tahar Rahim
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Remarques :
* Les historiens perdent effectivement la trace de la Neuvième Légion romaine en 120 après J.-C. mais aucun élément ne permet de corroborer l’hypothèse qu’elle se soit fait massacrer en Ecosse. Elle peut-être été simplement dissoute ou déplacée dans une autre région de l’empire.
* Le Mur d’Hadrien est une fortification en pierre et en tourbe construite à partir de 122 ap.  J.-C. par les Romains sur toute la largeur de l’actuelle Grande-Bretagne. ce mur était destiné à protéger le sud de l’île des attaques des tribus calédoniennes du nord. Il s’étendait sur 117 kms au niveau du sud de l’Ecosse actuelle. Vers l’an 140, il fut doublé plus au nord par le Mur d’Antonin (le fils adoptif d’Hadrien) long de 60 kms légèrement au nord de l’actuelle Glasgow.

14 septembre 2012

La ballade de l’impossible (2010) de Tran Anh Hung

Titre original : « Noruwei no mori »

La ballade de l'impossibleA Tokyo, à la fin des années soixante, le meilleur ami de Watanabe se suicide. Quelques mois plus tard, il retrouve Naoko, la petite amie de son ami disparu. Elle est fragile et repliée sur elle-même mais accepte de voir Watanabe… Noruwei no mori (1) est un roman d’Haruki Murakami qui a été vendu à plus de dix millions d’exemplaires rien qu’au Japon. C’est le réalisateur français d’origine vietnamienne Tran Anh Hung qui le porte à l’écran, tournant le film en japonais bien que ce ne soit pas sa langue. C’est une histoire très délicate et mélancolique sur la naissance de l’amour, la perte, le remord, le passage à l’âge adulte. Le film paraît assez inégal car il a des moments très intenses mais aussi de longues scènes où le réalisateur tente d’exprimer ce sentiment de langueur de ses personnages par un lyrisme trop appliqué. Il sait toutefois rendre ses personnages attachants. Très belle musique de Jonny Greenwood.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ken’ichi Matsuyama, Rinko Kikuchi, Kiko Mizuhara, Reika Kirishima
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(1) Noruwei no mori est la traduction en japonais de Norwegian Wood, titre d’une chanson des Beatles, écrite par John Lennon en 1965 et qui figure sur l’album Rubber Soul. « I once had a girl / Or should I say she once had me / She showed me her room / Isn’t it good Norwegian wood? » Le pin norvégien en question est celui des meubles du chalet où Lennon (en vacances en Suisse) rencontre son amie, tout comme les meubles du chalet de Naoko dans le film, dont c’est la chanson préférée. A noter que la chanson parle aussi d’un amour qui ne peut aboutir (en réalité, Lennon ne voulait être trop explicite puisqu’il était marié quand il l’a écrite).

6 septembre 2012

Une séparation (2011) de Asghar Farhadi

Titre original : « Jodaeiye Nader az Simin »

Une séparationEn instance de divorce, Simin quitte son mari Nader qui doit embaucher une personne pour veiller son père malade… Telle est la situation de départ de ce brillant film de l’iranien Asghar Farhadi, Une séparation, qui voit ensuite se développer une intrigue forte où la tension reste à son niveau maximal jusqu’à la fin. C’est un conflit entre deux couples de niveau social différent, complexifié par les tensions internes à chacun des couples. La situation est assez universelle, il n’y a que peu de spécificités à la société iranienne si ce n’est l’importance de la religion. Ce qui est remarquable dans l’approche d’Asghar Farhadi, c’est la façon avec laquelle il évite de prendre parti. Il sème l’incertitude et nous laisse la liberté de jugement et d’interprétation. La mise en scène est parfaitement maitrisée, de nombreuses scènes ont pourtant été tournées sur les lieux réels. L’interprétation est elle aussi remarquable. Une séparation est un drame humain intense.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peyman Moadi, Leila Hatami, Sareh Bayat, Shahab Hosseini, Sarina Farhadi
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4 septembre 2012

Rabbit Hole (2010) de John Cameron Mitchell

Rabbit HoleHuit mois après la disparition accidentelle de leur fils unique, Becca et Howie tentent de retrouver un sens à donner à leur vie… Rabbit Hole est l’adaptation d’une pièce de David Lindsay-Abaire récompensé par un prix Pulitzer. John Cameron Mitchell sait éviter tout pathos trop appuyé ; il réalise un film assez sobre mais qui manque un peu de force. S’écartant franchement des rôles glamour où elle est trop souvent cantonnée, Nicole Kidman adopte ici un jeu très retenu, empreint de naturel et tout en nuances. Elle seule parvient à créer l’émotion. Elle ne parvient pas en revanche à créer la proximité et l’ensemble reste top lointain. Le point intéressant de Rabbit Hole est de montrer comment ce couple semble ne plus pouvoir fonctionner, ils ne peuvent plus communiquer tout en restant très liés.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Aaron Eckhart, Dianne Wiest, Sandra Oh
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Remarques :
Rabbit Hole est produit par Nicole Kidman.

29 août 2012

Detective Dee: Le mystère de la flamme fantôme (2010) de Hark Tsui

Titre original : « Di Renjie zhi tongtian diguo »

Detective Dee: Le mystère de la flamme fantômeEn l’an 690, époque de la dynastie Tang, le couronnement imminent la première impératrice réveille les guerres de clans. Le juge Dee va enquêter sur une série de morts bien mystérieuses… Detective Dee: Le mystère de la flamme fantôme est un subtil mélange de film d’aventures à l’ancienne et de film d’arts martiaux. Tsui Hark fait preuve d’une belle maitrise et d’un certain perfectionnisme que ce soit dans la photographie et les couleurs ou dans la chorégraphie des combats. C’est un spectacle somptueux et divertissant mais on peut ressentir une certaine lassitude après un certain moment du fait de la répétition des combats. Certains critiques y ont vu une fable politique mais cela ne saute pas vraiment aux yeux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Andy Lau, Tony Leung Ka Fai, Chao Deng, Carina Lau, Bingbing Li
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24 août 2012

Another Year (2010) de Mike Leigh

Another YearProches de la soixantaine, Tom et Gerri forment un couple qui a trouvé un bon équilibre entre leurs métiers, leurs amis et leurs passions communes. Ce n’est pas le cas des personnes autour d’eux que nous découvrons lors de leurs visites dans leur maison de la banlieue londonienne… Rythmé par les quatre saisons, Another Year nous dresse le portrait de plusieurs personnages très différents qui ont en commun une recherche d’équilibre. Les deux personnages les plus marquants sont certainement Mary, la quinquagénaire exubérante, et le silencieux Ronnie, le frère de Tom (leur confrontation en fin de film est une scène étonnante). Avec Another Year, Mike Leigh nous livre un film plein de délicatesse et d’humanité, un film où tout semble parfaitement dosé. Son film n’est ni triste, ni larmoyant, il est même parsemé de petites notes d’humour et plutôt optimiste.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jim Broadbent, Ruth Sheen, Lesley Manville, Oliver Maltman, Peter Wight, David Bradley
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