22 décembre 2015

Le Bigame (1956) de Luciano Emmer

Titre original : « Il bigamo »

Le BigameUn représentant de commerce, marié avec un enfant en bas âge, est accusé de bigamie par une femme qui affirme l’avoir épousé cinq ans auparavant. Elle ajoute qu’il serait parti peu après, sortant acheter des cigarettes pour ne jamais revenir… Le réalisateur Luciano Emmer, très remarqué avec son premier long métrage Dimanche d’août (1950), s’est essayé ensuite à plusieurs genres au cours des années cinquante avec plus ou moins de bonheur, souvent plutôt moins que plus. Ici, c’est la comédie. Malgré la présence de scénaristes de talent (Age et Scarpelli, Sergio Amidei, Francesco Rosi), l’histoire est aussi peu originale que sans queue ni tête. Marcello Mastroianni, alors une star montante qu’Emmer a fortement contribué à faire découvrir avec le film précité, est ici fade et sans saveur. Heureusement, Vittorio De Sica fait un beau numéro en avocat mégalomaniaque et amnésique. On peut certes trouver qu’il en fait beaucoup mais il nous sauve de l’ennui.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Franca Valeri, Giovanna Ralli, Marisa Merlini, Vittorio De Sica
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Le bigame
Marcello Mastroianni et Vittorio De Sica dans Le Bigame de Luciano Emmer

17 décembre 2015

Les Yeux noirs (1987) de Nikita Mikhalkov

Titre original : « Oci ciornie »

Les yeux noirsAu tout début du XXe siècle, dans le restaurant d’un paquebot, un italien désabusé raconte à un passager russe comment, alors qu’il était mariée à une femme très riche, il a connu une jeune femme russe qu’il a aimée et qu’il n’a jamais oubliée… Les Yeux noirs est adapté d’une nouvelle de Tchékhov. Tourné en Italie, le film du soviétique Mikhalkov en restitue parfaitement l’esprit, ces rencontres aussi délicates qu’éphémères qui n’auront pas de suite par simple lâcheté, laissant un de ces regrets dont on ne se console jamais. Le traitement est pourtant étonnant, par son rythme assez époustouflant mais aussi par son humour constant, laissant pointer ici et là une certaine exubérance. Fellini n’est pas loin ! Cela n’empêche pas Mikhalkov de montrer une grande sensibilité et une délicatesse dans le récit. Les Yeux noirs est ainsi beaucoup de choses à la fois ce qui relève d’un équilibre subtil. Du grand art.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Marthe Keller, Elena Safonova, Vsevolod Larionov, Silvana Mangano
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Les yeux Noirs
Le sourire énigmatique final d’Anna :  Elena Safonova dans Les Yeux noirs de Nikita Mikhalkov

Les Yeux Noirs
Marcello Mastroianni dans Les Yeux noirs de Nikita Mikhalkov.

12 décembre 2015

Dommage que tu sois une canaille (1954) d’Alessandro Blasetti

Dommage que tu sois une canailleVittorio est un jeune chauffeur de taxi qui travaille dur pour payer son crédit. Son chemin va croiser celui de Lina, jeune femme dégourdie et pleine de verve, fille d’un gentleman voleur. Elle va bousculer sa vie… Adapté d’une nouvelle de Moravia, Dommage que tu sois une canaille est une comédie brillante et haute en couleur. C’est le film qui a formé le couple le plus célèbre du cinéma italien : Sophia Loren et Marcello Mastroianni. L’histoire est brillamment écrite et se déroule à un rythme assez trépidant avec des situations qui se renouvellent sans cesse malgré leurs similitudes. Sophia Loren est alors âgée de 20 ans et le film la met particulièrement en valeur. On comprend aisément qu’elle soit devenue à la fois un sex-symbol et le symbole de la femme italienne : elle a une phénoménale présence charnelle couplée ici à une verve brillante. Son personnage a une répartie à tout et montre un talent inouï pour embobiner ses interlocuteurs avec des raisonnements qui se tiennent! Face à elle, Marcello Mastroianni est à la hauteur : il a, lui aussi, une belle présence alors que son personnage n’a jamais vraiment le dessus. L’acteur a ici pour la première fois un rôle de premier plan. Vittorio De Sica (qui occupe la première place sur l’affiche car il était alors le plus connu des trois) est parfait dans son rôle d’élégant patriarche qui cherche une certaine noblesse dans son « art ». L’ensemble est très bien équilibré. L’exubérance, l’humour, la vivacité font de Dommage que tu sois une canaille l’un des fleurons de la comédie italienne qui montre ici une certaine filiation avec les comédies américaines screwball, notamment par le rythme soutenu, les dialogues brillants et l’exploitation des rapports homme/femme. On note toutefois ici un surcroît de naturel. Un délice.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Sophia Loren, Marcello Mastroianni
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Dommage que tu sois une canaille
Sophia Loren et Marcello Mastroianni dans Dommage que tu sois une canaille de Alessandro Blasetti

Remarques :
* Parmi les trois scénaristes qui ont travaillé sur cette adaptation de Moravia, on remarque la présence d’Ennio Flaiano, bien connu pour avoir travaillé sur presque tous les films de Fellini, et surtout de Suso Cecchi D’Amico, qui est l’un (ou plutôt « l’une » car c’est une femme) des plus grands scénaristes du cinéma italien, toutes périodes confondues.

* Suite au grand succès du film, Blasetti réunira à nouveau le couple Loren/Mastroianni dans La chance d’être femme (1955), avec beaucoup moins de bonheur, hélas.

 

Dommage que tu sois une canaille
Sophia Loren, Giacomo Furia, une figurante, Marcello Mastroianni et Vittorio De Sica (assis) dans Dommage que tu sois une canaille d’Alessandro Blasetti

Dommage que tu sois une canaille
Marcello Mastroianni (centre), Sophia Loren et Manlio Busoni (de dos) dans Dommage que tu sois une canaille d’Alessandro Blasetti.
« – Mais, je travaille moi, Madame. Je suis employé à la Mutuelle du Midi. »
« – Eh bien, il est midi passé, vous devriez être au bureau ! »

Dommage que tu sois une canaille
Marcello Mastroianni et Sophia Loren dans Dommage que tu sois une canaille d’Alessandro Blasetti

Les films réunissant Sophia Loren et Marcello Mastroianni :
Dommage que tu sois une canaille (1954) d’Alessandro Blasetti
La bella mugnaia (1955) de Mario Camerini
La chance d’être femme (1955) d’Alessandro Blasetti
Hier, aujourd’hui et demain (1963) de Vittorio de Sica
Mariage à l’italienne (1964) de Vittorio de Sica
Les fleurs du soleil (1970) de Vittorio de Sica
La femme du prêtre (1971) de Dino Risi
La pépée du gangster (1975) de Giorgio Capitani
Une journée particulière (1977) d’Ettore Scola
D’amour et de sang (1978) de Lina Wertmüller
Prêt-à-porter (1994) de Robert Altman

11 décembre 2015

À cheval sur le tigre (1961) de Luigi Comencini

Titre original : « A cavallo della tigre »

À cheval sur le tigreGiacinto est un brave type pas très malin qui tente de simuler une agression pour voler son patron. En prison, alors qu’il a presque purgé sa peine, il tombe sous la coupe de trois criminels plus endurcis et se retrouve forcé de s’évader avec eux… À cheval sur le tigre fait partie des quelques films de Comencini coécrits avec Age et Scarpelli, auxquels il faut ajouter ici Monicelli. Leur ambition était de trouver un juste équilibre entre la comédie et la critique sociale. Cet équilibre subtil que Monicelli avait trouvé dans Le Pigeon ou que Comencini trouvera si magnifiquement dans L’argent de la vieille est ici absent. Bien-sûr, son héros est un éternel exploité, inoffensif et sans défense mais le film est surtout une comédie policière tiraillée entre plusieurs genres. Le début comporte les meilleurs moments car l’enchaînement des évènements paraît ensuite un peu trop alambiqué et même les meilleurs gags (comme la petite fille en otage) paraissent plaqués, ils ne sont pas vraiment intégrés à l’histoire. Belle interprétation toutefois de Nino Manfredi.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi, Mario Adorf, Gian Maria Volontè, Raymond Bussières
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Remarques :
Le titre vient d’une expression chinoise : être « à cheval sur le tigre » signifie être dans une position dangereuse dont on ne peut s’extraire. Descendre du tigre serait en effet encore plus dangereux car on serait alors dévoré par le tigre.

A cheval sur le tigre
Gian Maria Volontè, Mario Adorf et Nino Manfredi dans À cheval sur le tigre de Luigi Comencini

16 novembre 2015

Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi

Titre original : « Pane, amore e….. »

Pain, amour, ainsi soit-ilCe troisième (et dernier italien) volet de la série Pain, amour, … est assez différent des deux premiers : il est en couleurs, réalisé par Dino Risi (ici, au début de sa carrière de réalisateur) et l’action a été déplacée ce qui permet de renouveler tous les acteurs hormis le maréchal des logis et sa gouvernante. Il s’est passé quelque chose de grave avec la nouvelle sage-femme et le maréchal est renvoyé dans sa ville natale de Sorrente. Il y est accueilli par son frère qui lui annonce que la maison familiale a été louée à une jeune marchande de poissons qui ne veut pas libérer les lieux… C’est Sophia Loren qui a été choisie pour remplacer Gina Lollobrigida et, dès le début, son personnage ne sonne pas très juste : elle a bien du mal à être crédible dans son rôle de poissonnière et son exubérance semble artificielle. Heureusement, son charme finit par opérer mais ne parvient pas toutefois à contrebalancer les faiblesses du scénario. Il y a une autre différence, plus fondamentale : ce troisième volet est entièrement sur le registre de la comédie. Tout l’héritage du néoréalisme a été gommé, l’esprit des deux premiers films n’est plus là.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Sophia Loren, Lea Padovani, Antonio Cifariello, Tina Pica
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Sophia Loren et Vittorio De Sica dans Pain, amour, ainsi soit-il de Dino Risi.

Remarque :
Le titre original est étrange : Pain, amour et… Faut-il y voir là une conséquence de la faiblesse du scénario ? Les producteurs n’ont pas su quoi ajouter! Le « ainsi soit-il » du titre français fait sans doute référence au fait que le frère du maréchal des logis est un abbé mais on ne peut pas dire que cela joue vraiment un rôle dans l’histoire. Personnellement, je l’aurais appelé « Pain, amour et poisson frit »… (je ne garantis pas que ce soit très « vendeur » mais ça rime !)

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

12 novembre 2015

Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini

Titre original : « Pane, amore e gelosia »

Pain, amour et jalousieL’histoire de Pain, amour et jalousie débute le lendemain matin du dernier jour de Pain, amour et fantaisie, dont le succès a poussé les producteurs à proposer une suite. Nous retrouvons ainsi les mêmes personnages, joués par les mêmes acteurs, et l’histoire a été prolongée… Il est déconseillé de voir ce film sans avoir vu le premier, ils sont indissociables. Le scénario est un peu moins riche que dans le premier, les situations paraissent un peu étirées parfois, mais le ton reste le même avec cette finesse dans la caricature et la réjouissante interprétation de Vittorio De Sica et de Gina Lollobrigida. De nouveau, l’actrice rayonne et illumine tout le film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Gina Lollobrigida, Marisa Merlini, Roberto Risso, Virgilio Riento, Tina Pica
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Pain, amour et jalousie
Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica dans Pain, amour et jalousie de Luigi Comencini

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

11 novembre 2015

Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini

Titre original : « Pane, amore e fantasia »

Pain, amour et fantaisieLe maréchal des logis Antonio Carotenuto, natif de Sorrente, est nommé dans un petit village isolé dans les montagnes des Abruzzes. Cinquantenaire mais toujours célibataire, il n’est pas insensible à la beauté simple de Maria, surnommée la Bersagliera, une jeune fille très pauvre qui vit avec sa mère et ses jeunes frères et dont toute la richesse est un âne… Pain, amour et fantaisie peut se décrire comme étant à mi-chemin entre le néo-réalisme et la comédie italienne. Il est le meilleur représentant du « néoréalisme rose », un terme utilisé souvent un peu péjorativement pour désigner un cinéma décrit comme consensuel. Quoiqu’il en soit, le film est une réussite d’équilibre et de finesse dans la caricature. Vittorio De Sica, dont c’est ici le grand retour en tant qu’acteur (1), a t-il pris part à la réalisation aux côtés de Comencini ? On ne le sait avec certitude. Son interprétation est en tous cas toujours juste, il ne charge jamais ses effets comiques. Gina Lollobrigida est absolument époustouflante : elle (qui, rappelons-le n’était pas encore très connue à cette époque) montre une palette étonnante, capable de tout faire avec une spontanéité confondante et un charme érotique naturel. « Le meilleur rôle de toute sa carrière » d’après l’historien Jacques Lourcelles. Les seconds rôles sont soignés avec des personnages typés, mais jamais trop. L’humour est assez constant, léger, particulièrement bien dosé. Pain, amour et fantaisie est un petit régal, une comédie dont l’humour ne cache pas la misère des ces petits villages isolés.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Gina Lollobrigida, Marisa Merlini, Virgilio Riento, Tina Pica, Roberto Risso
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Pain, amour et fantaisie
Memmo Carotenuto, Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica dans Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini

Pain, amour et fantaisie
Gina Lollobrigida dans Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini

Remarques :
L’explication du titre est dans une réplique : lorsque le maréchal des logis demande à un habitant qui mange un gros sandwich « Qu’est ce que tu as mis dans ton pain ? », celui-ci répond « De la fantaisie… » Il ouvre son sandwich et l’on voit qu’il n’y rien dedans.

(1) A la suite de l’échec commercial d’Umberto D. (1952) qui a même engendré des réactions hostiles qui le gêneront pour monter ses nouveaux films, Vittorio De Sica apparaitra par la suite plus souvent devant la caméra que derrière.

Cycle complet :
Pain, amour et fantaisie (1953) de Luigi Comencini
Pain, amour et jalousie (1954) de Luigi Comencini
Pain, amour, ainsi soit-il (1955) de Dino Risi
Pain, amour et Andalousie (1958) de Javier Setó (Espagne)

9 novembre 2015

La Terre tremble (1948) de Luchino Visconti

Titre original : « La terra trema »

La Terre trembleDans un petit village sicilien, tous les hommes partent à la pêche chaque nuit. Avec le prix très bas payé par les mareyeurs, ils peinent à faire vivre leur famille. Chez les Valastro où le père est mort en mer, les plus jeunes ont le sentiment d’être exploités et décident de tenter de se mettre à leur compte… Deuxième long métrage de Visconti (1), La Terre tremble était au départ une commande du Parti communiste italien que Visconti va transformer en une adaptation du roman Les Malavoglia de l’écrivain vériste Giovanni Verga. Son film est à la fois néoréaliste et esthétique : néoréaliste, il l’est par son caractère semi-documentaire et par le fait de faire jouer des acteurs non-professionnels, ce sont les habitants du village, s’exprimant dans leur dialecte. Cela n’empêche pas Visconti de soigner l’esthétisme de son film, par ses cadrages, par la dimension qu’il donne à ses personnages ; cette sophistication formelle n’entame en rien la forte authenticité qui se dégage du film. Sur le fond, il parvient à atténuer le pessimisme du roman et à insuffler un beau lyrisme dans le propos. Malgré un prix à la Nostra de Venise en 1948, le film n’eut pas les faveurs du public, désarçonné par sa longueur (160 minutes) et par l’usage du dialecte sicilien. La Terre tremble est pourtant à classer parmi les grands films néo-réalistes italiens.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Antonio Arcidiacono, Giuseppe Arcidiacono
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La terre tremble
Antonio Arcidiacono dans La Terre tremble de Luchino Visconti

Remarques :
* Dans le local des mareyeurs, on peut voir sur le mur une inscription (mal) recouverte de peinture blanche. Il s’agit d’une citation de Mussolini : « Il faut aller résolument vers le peuple ». Visconti veut ainsi souligner que les exploiteurs d’aujourd’hui sont les tyrans d’hier.

* Les assistants-réalisateurs de La Terre tremble sont les deux futurs réalisateurs Franscesco Rosi et Franco Zeffirelli (Rosi réalisera son premier film en 1952 et Zeffirelli en 1958).

* Devant l’insuccès du film, une version raccourcie à 102 mn et doublée en italien fut montée par Rosi et distribuée… sans plus de succès. C’est cette version qui fut distribuée en France à sa sortie en 1952.

26 octobre 2015

Les infidèles (1953) de Mario Monicelli et Steno

Titre original : « Le infedeli »

Les infidèlesUn industriel de haute société romaine demande à une agence de détectives de faire suivre sa femme qu’il soupçonne d’être infidèle. Mis sur l’affaire, le jeune Osvaldo rencontre Liliana, son ancienne fiancée, aujourd’hui mariée à un industriel anglais… Les infidèles est un film assez peu connu de Mario Monicelli, co-réalisé avec Steno. Précisons tout de suite que Gina Lollobrigida n’a vraiment qu’un très petit rôle mais le succès de Plus fort que le diable de John Huston quelques mois plus tard l’a propulsée tout en haut de l’affiche! La réelle vedette du film est la débutante May Britt, une jeune beauté suédoise âgée de 20 ans (teinte en brune et bien évidemment doublée) qui a une fort belle présence à l’écran, dans le genre beauté froide (1). C’est le français, tout aussi peu connu, Pierre Cressoy qui lui fait face. Le scénario est très bien fait : alors que les premières minutes laissent présager d’une histoire assez conventionnelle, la suite montre qu’il n’en est rien, assez riche avec de nombreuses interactions des personnages entre eux. Cela devient rapidement une peinture sociale de la haute bourgeoisie qui monte en puissance pour aboutir sur un final assez fort. Les infidèles est un film qui mérite largement d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gina Lollobrigida, May Britt, Pierre Cressoy, Irene Papas, Marina Vlady, Anna Maria Ferrero
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Les Infidèles
Pierre Cressoy et May Britt dans Les infidèles de Mario Monicelli et Steno.

Remarques :
* Au début de sa carrière, Mario Monicelli a co-réalisé tous ses films avec Steno. Son film suivant, Proibito (Du sang dans le soleil, 1954), sera le premier qu’il réalisera seul.

* On remarquera également la présence de Marina Vlady (orthographiée Marina Wlady au générique) dans un tout petit rôle.

Les Infidèles
Marina Vlady dans Les infidèles de Mario Monicelli et Steno.

Les Infidèles
May Britt et Pierre Cressoy dans Les infidèles de Mario Monicelli et Steno.

(1) Après ce premier film, May Britt ne fera pas une grande carrière d’actrice : un peu plus d’une douzaine de films de second plan où elle personnifiera souvent des femmes fatales. Elle abandonnera sa carrière en 1960 après avoir épousé Sammy Davis, Jr.

6 octobre 2015

Et vogue le navire… (1983) de Federico Fellini

Titre original : « E la nave va »

Et vogue le navire...A l’aube de la Première Guerre mondiale, un navire est affrété pour accomplir les dernières volontés d’une grande diva : aller disperser ses cendres au large de la petite île lointaine où elle est née. A bord du navire embarque un groupe hétéroclite composé de personnalités du monde de l’art lyrique et quelques personnes qui l’ont connue… Fellini nous décrit la fin d’un monde, avec des personnages excentriques et légèrement décadents qui accomplissent les rituels désuets et vains d’une vie mondaine de luxe. La scène est irréelle, surannée avec (on n’en attend pas moins de Fellini) une bonne dose d’insolite : un rhinocéros étrangement présent dans la cale prend ainsi une valeur symbolique (1). Seul point d’attache avec la réalité : la présence d’un journaliste (alter ego de Fellini, le cinéaste a d’ailleurs choisi un acteur qui lui ressemble), qui nous commente en direct les évènements avec un détachement assez comique. Fellini nous gratifie d’un début amusant qui joue avec la forme (et l’histoire du cinéma) : le film débute silencieusement en noir et blanc pour passer habilement au son et à la couleur. Même s’il a ses détracteurs, Et vogue le navire… est un film très fellinien, porté par le style et la vision d’un grand auteur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Freddie Jones, Barbara Jefford, Victor Poletti, Peter Cellier, Elisa Mainardi, Norma West, Paolo Paoloni
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(1) Fellini précise : Le rhinocéros est « un des animaux les plus fascinants de l’univers, une des premières formes de vie, créature insolite, occulte, mystérieusement antique ». Sa présence est d’autant plus symbolique qu’il sera l’un des très rares survivants.

Et vogue le navire... de Fellini
Et vogue le navire… de Federico Fellini